Gazette des urgences n°4

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La
GAZETTE
Des
Urgences
LA LETTRE DU RÉSEAU BRETAGNE URGENCES
n°4 – Avril 2015
LES 40 HEURES ?
L’EXPÉRIENCE
DE SAINT-MALO
ENQUÊTE DE LA DREES : L’ORGANISATION DES SAU
LE PROGRAMME DU CMUB 2015
1
Gazette n°4 d’avril 2015
au sommaire
agenda
page 4 : Les 40 heures ? L’expérience de
Congrès du CMUB
Saint-Malo
28 avril 2015
Rennes
page 7 : 6 491 AVC aux urgences étudiés
page 10 : ARM un métier méconnu, 2
ème
Congrès de la SFMU
partie
10-11-12 juin 2015
Paris
page 12 : CMUB 2015, le programme
page 14 : Enquête de la DREES, la suite
Réseau Bretagne Urgences
Centre Hospitalier de Saint-Brieuc
02.96.01.77.95
10, rue Marcel Proust
06.46.49.09.23
[email protected]
22000 Saint-Brieuc
Directeur de la publication : Richard ROUXEL
Conception et réalisation: Pierre KERGARAVAT
Comité de rédaction : Françoise CELLIER, Emmanuelle LE PAPE, ainsi que les docteurs Laurent VERLLEY
et Christian BRICE (que nous remercions chaleureusement).
Cette gazette est avant tout la vôtre. Elle est diffusée à plus de 700 professionnels des urgences de
Bretagne.
Une idée d’article ? Une expérience à faire partager ? Aidez-nous à faire vivre la gazette des urgences !
2
Édito
par
L
Françoise CELLIER
’assemblée générale du réseau qui s’est tenue le 5 mars à Pontivy nous a doté d’un nouvel administrateur après un an de vacance du poste à la suite du départ de Monsieur Christophe BALTUS en la personne de Monsieur Richard ROUXEL, directeur délégué et directeur des affaires
médicales du centre hospitalier de Saint-Malo ainsi que d’un administrateur adjoint-Monsieur
Rudy LANCHAIS, directeur des affaires financières du centre hospitalier de Lannion et d’un comité restreint renouvelé. Youpi, alléluia et toute cette sorte de chose!
Elle a été également l’occasion de dresser un bilan de l’année écoulée et de tracer des axes pour l’avenir.
Le point fort de 2014, c’est l’avancée de l’ORU dans la remontée des RPU et le début de retour vers les établissements du GCS concrétisé par le premier bulletin envoyé à chaque établissement ainsi qu’en ce début d’année
les bulletins émis lors de la période de tension hospitalière en rapport avec l’épidémie grippale. Dans ce numéro,
Pierre KERGARAVAT poursuit sa démarche en questionnant la pertinence des RPU et comment l’améliorer dans
l’étude de pathologies cibles. Le travail de l’ORU sera présenté lors de la prochaine journée du CMUB le 28 avril à
RENNES. Par ailleurs le bilan de l’épisode de tension hospitalière récent et les difficultés ressenties par chacun peuvent être l’occasion d’initier une réflexion sur les indicateurs utiles pour détecter ces tensions et les mesures préventives à envisager de façon individuelle et collective pour les établissements comme cela se fait déjà dans
d’autres régions.
Le réseau, par ailleurs, réintègre les travaux de territoire concernant la thématique de l’urgence (début en
mai avec le groupe de travail sur la gradation des soins dans le territoire 7) et des groupes de travail spécifiques de
filières (en particulier neurovasculaire).
Un mot du déploiement du projet S.I.SAMU : Rennes a basculé, le dernier, la nuit du 17 mars, sans difficulté.
Chacun œuvre maintenant à une stabilisation rapide de la solution pour continuer à avancer dans le projet régional.
Merci à Laurent VERLEY de nous avoir présenté l’organisation du temps de travail aux urgences du centre
hospitalier de Saint-Malo (précurseur qui a fait bien des envieux !) que nous pouvons espérer voir se généraliser
prochainement.
Bonne lecture !
3
Les 40 heures ? L’expérience de Saint-Malo
Interview du docteur Laurent VERLEY, chef de
service des Urgences du CH de Saint-Malo
RBU : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre
service et votre équipe ?
Laurent VERLEY : Bonjour.
Le SAU malouin est un service d'urgences polyvalentes
constitué en fait de 4 UF que sont le SAU proprement
dit, l'UHCD, l'UPA et le SMUR.
Nous assurons donc des PEC polyvalentes médicochirurgicales adultes, pédiatriques (médicales et traumatiques) et psychiatriques, car le CHSM gère deux secteurs psy.
Quelques statistiques:
- SAU : plus de 37 000 passages en 2014 - 36% de taux
d'hospitalisations (dû à la forte proportion de per-
CH de DINAN qui est en difficultés de RH médicales et
sonnes âgées),
que nous renforçons déjà depuis 2 ans. Je rappelle au
- UHCD : 11 lits environ 3200 passages par an,
passage que les CH ST-MALO, DINAN et CANCALE forme
- UPA pour unité post accueil (médecine polyvalente
une CHT nommée CHT Rance-Emeraude. À ce titre nous
post urgence) : 1250 passages par an en 2014,
allons passer dès le printemps 2015 en équipe territoriale
- SMUR : 850 primaires en 2014,
et poursuivre le renfort du SAU DINAN qui souffre de dif-
- 7200 enfants vus en 2014 dont 50% de traumatologie
ficultés de ressources humaines médicales chroniques.
environ,
- 3200 patients psy- addicto.
Pouvez-vous nous rappeler de quand date votre
Ce SAU et ses 4 UF sont intégrés dans le Pôle des activi-
passage à 40 heures par semaine et les conditions à
tés non programmées qui comprend aussi REA-USC-
l'époque qui vous avaient amené à les proposer ?
Unité médico-psy - dépôt de sang- addictologie- coordi-
En 2008-2009 nous étions nous aussi en grande précari-
nation hospitalière.
té de RH médicales avec 8,5 ETP au SAU et une 2ème
Nous serons 17,85 au 1er juin 2015 pour assurer le fonc-
ligne de garde assurée par obligation et à reculons par
tionnement 24-24h des 4 UF du SAU ainsi que la PDS
des PH non urgentistes… Après de nombreuses discus-
des 995 lits de notre établissement.
sions en CME et avec l'aide de notre direction de
Par ailleurs nous signons dans les jours qui viennent une
l'époque (Mr Alain TANGUY et Mme Dominique RADU-
fédération médicale inter-hospitalière avec le SAU du
REAU), la communauté médicale décida d'autonomiser
4
le SAU en terme de masse salariale et que nous assu-
cela c'est la loi… par ailleurs le temps entre 39 et 48h
rions donc la gestion de la garde de SAU complète et la
n'est pas du temps additionnel mais doit-il être au mini-
PDS de tout le CH, et tout le monde s'en porte très bien!
mum récupéré (puisque non payé). Nous sommes donc
allés rencontrer notre direction qui finalement a conve-
Votre administration n'a-t-elle pas "toussé" et le
nu de façon logique que ce temps devait être récupéré !
recrutement a-t-il suivi ?
Bref nous décidâmes en équipe et avec notre direction
De façon corollaire et afin d'être attractif en terme de
(qui ne toussa pas) que pour être attractif et avoir une
recrutements, deux débats sont arrivés progressivement,
vie de service et personnelle épanouie et in fine un SAU
à savoir quel effectif cible pour fonctionner correcte-
performant, que :
ment et assurer nos missions et d'autre part quelle quo-
- nous voulions travailler en 40h par semaine pas plus si
tité de travail hebdomadaire il fallait appliquer… Mon
possible,
adjointe au planning (Dr Sabine GERBER) et moi-même
- prendre l'intégralité de nos CA et RTT (soit 25 CA et 19
avons donc regardé les textes et nous sommes partis du
RTT par an),
postulat finalement très simple : le temps de travail
- ne pas émarger au temps additionnel,
LEGAL (en temps continu) est de 39H par semaine, et
- ne pas épargner au CET (prendre tous nos congés),
5
- ne pas avoir recours à de l'intérim (cher et sans qualité).
longtemps… Et donc il m’a juste conforté dans mes
C'est ainsi que depuis 2010 nous avons pu étoffer
choix et mes combats de manager.
l'équipe avec des praticiens de grandes valeurs, motivés
Comment se passe l'organisation du temps non-
et stabiliser l'équipe.
clinique ?
Arrivez-vous à vous tenir à 40 heures
Enfin et concernant le temps non clinique, il est géré
par se-
dans les 40H autant que faire se peut et selon les mis-
maine ?
sions que je délègue à mes confrères.
Les 40H sont TENUES dans notre service et nous en
sommes ravis grâce à une gestion des tableaux de ser-
Avec le recul, quel retour ?
vice stricte et informatisée.
Le SAU de ST-MALO, sa direction et la CME furent finale-
Par ailleurs ces conditions de travail m'ont permis de
ment pionniers et nous avons fait quelque peu jurispru-
mettre en place une vie de service de qualité où tous les
dence, notamment quand je proposais la semaine à 40h
praticiens sont impliqués (EPP, RMM, CREX, participation
lors du passage d'annonces de recrutements.
à la recherche clinique, organisation de congrès, DPC
Ce dispositif à 40 heures s'applique également à l'anes-
tenus, etc.).
thésie depuis peu à ST-MALO.
Ce n'est qu'à ce prix que des services durs comme le
Que pensez-vous de l'accord signé en décembre
SAU, l'anesthésie et la réa pourront à terme recruter des
2014 relatif au temps de travail des urgentistes ?
praticiens de qualité, motivés et sédentaires…
Concernant le décret de décembre 2014, ce n'est à mon
Voilà mon avis et je le partage!
sens que l'application de la législation sur le temps de
travail que nous aurions tous dû appliquer depuis bien
Merci !
6
Nos RPU nous permettent-ils d’étudier
la prise en charge des AVC dans les services
d’urgences bretons ? Pierre KERGARAVAT
par
Entre le 10 mars 2014 et le 9 mars 2015, ont été extraits de la base de données 601 790 RPU (résumé de passage
aux urgences) dont 72, 4 % ont un DP (diagnostic principal) renseigné et exploitable . Pour les AVC (accidents vasculaires cérébraux) ce sont 6491 RPU exploitables. Les statistiques avec tableaux ci-dessous démontrent que la
population des AVC est plus âgée, que le délai avant prise en charge par le médecin est plus long , sauf pour ceux
qui iront en soins intensifs, que leur temps de passage est également supérieur à la moyenne (délai d’imagerie).
Les RPU soulignent le fait que le temps de passage augmente avec l’âge du patient toute pathologies confondues.
Des éléments de réflexion et donc des pistes d’amélioration ressortent des tableaux sur l’orientation et le type
d’AVC (ischémique ou hémorragique). Des collaborations inter spécialités doivent être mises en place pour interpréter et améliorer les filières.
Bien choisir la population étudiée
Le souhait qui est le nôtre de voir les RPU bretons utilisés à des fins scientifiques se heurte encore à plusieurs
écueils. C’est ce que nous allons tenter de montrer à
partir d’un objectif initial simple et intéressant, l’étude
de la prise en charge des AVC dans nos services d’urgences.
Pour ce faire, j’ai extrait de la base de données 1 an de
données soit 601 790 RPU créés entre le 10 mars
2014 et le 9 mars 2015.
Pourcéntagé dés passagés transmis a la basé dé production
Première problématique, à l’heure actuelle nous ne
recevons pas l’intégralité des RPU attendus. Malgré la
montée en charge du dispositif en 2014 et malgré
l’effort des urgentistes et des informaticiens, nous ne
recevons encore qu’un peu plus de 80% des données
attendues. De plus, en nombre brut, le nombre d’AVC
croit dans l’année étudiée compte tenu de l’arrivée
d’établissements dans la base de production. L’étude
en proportion de passages est réalisable mais rend
hasardeuse une analyse plus fine d’éventuelles variations dans l’année.
Ensuite, le taux de remplissage des diagnostics principaux (DP) reste variable selon les établissements. Les
causes sont multiples mais la principale reste l’absence
d’aide à codification par les logiciels utilisés. Ainsi, ce
sont 72,4% des passages qui ont un DP renseigné et
exploitable.
L’écueil lié aux diagnostics est plus complexe : Comment retrouver les AVC dans les DP renseignés ? Pour
répondre à cette question, je me suis basé sur le thé-
saurus SFMU dé 2013 et sur l’aide au codage en
ligne de l’OMS. Il existe des DP simples et clairs (G45 =
Comparaison éntré lé nombré d'AVC "brut" ét lé pourcéntagé selon le nombre d’entrees
7
AIT, I61 = AVC hémorragique, I63 = AVC ischémique,
I64 = AVC non précisé comme étant hémorragique ou
par infarctus) et toute une série de descriptions cliniques compatibles avec un AVC (G51 = PF, souvent
côté en G51.9 = affection du nerf facial, sans précision ; G81 = hémiplégie ; H53 = diplopie ; R20 = dysesthésies ; R47 = Aphasie), en nombre important et dont
il est difficile d’établir s’il s’agit d’un AVC ou d’une pathologie autre (PF périphérique, diplopie monoculaire,
En terme d’âge, et afin de mieux étudier les différences, nous avons comparé dans le graphique cidessous les âges de notre population « AVC », ceux de
la population des patients présentant un AVC et soignés en unité de soins intensifs de neurovasculaire
(USINV), ceux soignés en secteur « froid » et ceux de
la population des patients « médicaux » pris en charge
(excluant donc la traumatologie). Il existe 7 USINV en
Bretagne : dans les CHU de Rennes et Brest, dans les
CH de Saint-Malo, Lorient, Vannes, Saint-Brieuc et
Quimper.
SEP…).
Si nous ne tenons compte que des diagnostics
« certains », nous trouvons 6491 RPU sur 1 an. Extrapolons à des chiffres sur l’ensemble des passages
aux urgences (DP non remplis = 27,6 % et RPU non
envoyés = 17%) : nous pouvons essayer d’approximer
un chiffre de 10800 accidents vasculaires pris en
charge aux urgences sur 1 an. Que disent les chiffres
des neurologues bretons ? Les derniers chiffres colligeant les AVC en Bretagne via le PMSI et datant de
2013 décrivent 10 411 AVC. Compte tenu de l’évolution ces dernières années du nombre d’AVC hospitalisés en Bretagne ( + 5,9% entre 2011 et 2012 et + 2,7%
entre 2012 et 2013), nous pouvons penser que notre
population est représentative.
Autre problème : que faire des données qui semblent
incohérentes ? Une durée de passage peut elle être de
0 minute (hors patient non pris en charge) avec DP
renseigné ? Une durée de passage peut-elle aller audelà de 1 jour ? De 2 jours ? Il nous revient donc de
poser des limites, par définition arbitraires et sujettes
bien sûr à discussion mais nécessaires. Ainsi, pour le
temps moyen de passage, nous avons choisi d’exclure
les temps >23h59 et <00h01 soit 3,10% des RPU et
pour les temps moyens avant la prise en charge par un
médecin, nous avons exclus les durées >23h59 et
<00h00 soit 11% des RPU en incluant les données non
remplies.
Nous constatons que la population « AVC » est plus
âgée que la population habituelle de nos secteurs de
médecine et que les personnes en USINV sont discrètement plus jeunes que la population « AVC » globale .
En ce qui concerne la durée de prise en charge, nous
constatons que la population « AVC » reste plus longtemps aux urgences. Est-ce dans l’attente de l’imagerie ? Par contre, les patients admis en USINV restent
moins longtemps aux urgences que ceux de la population « AVC ». La présence en USINV des patients fibrinolysés favorise probablement ces résultats.
Qui sont nos patients présentant un AVC
et quelle est la prise en charge ?
Une fois ces problématiques posées, nous pouvons
commencer à étudier notre population représentant
les accidents vasculaires pris en charge aux urgences
bretonnes du 10 mars 2014 et le 9 mars 2015.
Nous y retrouvons rigoureusement autant d’hommes
que de femmes.
8
En ce qui concerne le délai avant la prise en charge médicale du patient, nous constatons le même phénomène. Les patients présentant un AVC ne sont pas pris
en charge plus vite que les autres, exception faite pour
ceux dont elle est faite en USINV.
Enfin, en terme d’orientation, nous retrouvons
qu’1 AVC sur 4 est pris en charge en USINV au décours
de sa prise en charge aux urgences. Pour autant, il est
probable que ce chiffre soit inexact. En effet, dans certains établissements qui comportent pourtant une unité intensive de neuro vasculaire, on ne retrouve pas ou
très peu de transfert dans cette unité. Il s’agit là probablement d’un effet « codage » majoré par le fait que la
décision de séjour initial en USINV ou en secteur
« froid » est du ressort du neurologue, que l’urgentiste
ne connaît pas toujours la destination de son patient et
que c’est lui qui code pourtant parfois cet item.
Il conviendrait que le logiciel utilisé récupère ces informations via le logiciel de gestion administrative.
L’étude des moyennes des temps d’attente et de passage selon l’âge du patient montre que, quelle que soit
la pathologie, plus le patient est âgé, plus le temps de
passage et de prise en charge est élevé. Cela met également en évidence un temps de passage plus long
pour les AVC que pour les autres pathologies médicales, sans nette différence de temps d’attente avant la
prise en charge médicale. Là encore, la réalisation
d’une imagerie dans la prise en charge est une des explications probable à cette observation.
L’analyse de ces données montrent des pistes d’amélioration de notre prise ne charge des AVC aux urgences : Travail avec la radiologie pour diminuer les délais d’imagerie,
amélioration et discussion en RMM sur les délais de prise
en charge du patient âgé, cotation par le neurologue de
l’orientation en USINV.
L’amélioration de nos données, sera pour nous une
voie permettant de travailler de façon plus scientifique,
d’améliorer les relations inter-spécialités, et de discuter des moyens nécessaires à une meilleure pratique
clinique avec les instances.
Le type d’AVC n’est pas précisé à chaque fois. Ainsi
dans plus d’1 AVC sur 5, l’état hémorragique, ischémique ou transitoire n’est pas précisé.
À noter que l’orientation du patient ne modifie pas le
pourcentage d’AVC « sans précisions ».
La comparaison avec les données du PMSI 2013 met en
évidence des chiffres un peu différents, probablement
en lien avec ces absences de précisions.
9
ARM un métier méconnu, 2Ème partie
par
Françoise CELLIER
Après avoir détaillé dans la précédente gazette les différentes facettes de leur activité, penchons nous sur leur parcours professionnel : Qui sont-ils, d’où viennent-ils et comment sont
-ils formés, ce qui nous éclairera également sur un dernier aspect non encore évoqué et pourtant très important
de leur rôle, l’accompagnement des nouveaux arrivés.
1 - Qui sont-ils : leur statut
Anciennement, les P.A.R.M. (permanencier auxiliaire de régulation médicale) étaient des personnels de catégorie C et ce jusqu’en 2011. Le décret 2011-660 du 14 juin 2011 modifie ce statut : il déclare le corps de PARM « en
voie d’extinction » tandis qu’il permet à ceux qui le désirent d’intégrer le corps des A.M.A. (assistant médicoadministratif) de catégorie B aux côtés des secrétaires médicales, et ce par plusieurs voies, la plus fréquente étant
la voie de concours (avec des modalités un peu différentes pour les concours organisés à partir du 1er septembre
2013).
Cette nouvelle disposition leur permet d’envisager leur carrière hospitalière différemment puisqu’elle leur ouvre
la voie à d’autres évolutions dans le corps administratif hospitalier qui leur étaient jusqu’alors fermées.
2 - D’où viennent-ils : le parcours qui les amène à ce métier
Dans un grand nombre de cas, on arrive au métier d’ARM après d’autres expériences professionnelles ; c’est un
métier « jeune », peu connu, d’une part parce qu’il y a peu d’ARM au total (selon l’annuaire 2013 des SAMU, un
peu plus de 2000), d’autre part, on va le voir plus tard, parce qu’il n’y a pas de formation scolaire ou universitaire
validée par un diplôme d‘état et enfin, comme il a été décrit dans la première partie, on peut penser qu’il faut une
certaine maturité pour exercer bien ce délicat exercice.
Souvent donc, on arrive au métier d’ARM plus à la suite d’une « rencontre » dans un parcours professionnel que
par choix initial délibéré et cette « rencontre » éventuelle concerne deux catégories professionnelles, les administratifs (secrétaires en particulier médicales…) et les soignants et professionnels proches du soins (aide-soignant,
ambulancier…) puisque ce métier a les 2 aspects.
3 - La formation : comment apprendre ce métier de terrain ?
• La formation initiale : Comme déjà dit, il n’y a donc pas de formation « initiale » validée par un diplôme
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d’état.
- Il existe cependant 2 établissements proposant une formation théorique complétée par des stages
pratiques (à Lille et à Paris), formation d’environ 6 mois.
- La très grande majorité des ARM est formée au sein de son propre SAMU. Actuellement, il n’existe
aucune réglementation sur le temps, le contenu et les modalités de la formation, amenant à une hétérogénéité de
celle-ci, moins flagrante cependant qu’il y a quelques années. L’augmentation de la charge d’appels reçus par les
SAMU depuis le début des années 2000 et la diversité de ceux-ci, l’intrusion de plus en plus prégnante du médicolégal dans l’activité de régulation ; tout concourt à la mise en relief du rôle primordial de l’ARM, et la nécessité d’une
formation initiale de qualité pour la sécurité des patients, du service et de l’ARM.
- Quelques grands principes se dégagent des réflexions partagées des SAMU pour former au mieux leurs
ARM :
→ l’apprentissage est grandement facilité quand l’arrivant maîtrise les outils informatiques et bureautiques (ce qui
lui permettra de concentrer son attention sur l’appel),
→ à son arrivée, il est important qu’il observe en salle de régulation auprès d’ARM confirmés, la réalité du travail
qui l’attend,
→ puis il va avoir à acquérir selon un programme préétabli, des compétences multiples (connaissance et utilisation
du logiciel, utilisation des outils de communication, connaissance de la terminologie médicale, des partenaires, de
la réglementation…) souvent en dehors de la salle de régulation au départ auprès de formateurs ARM et médecins
en alternance avec des passages en salle de régulation où il est en double écoute,
→ secondairement, ces compétences sont mises à contribution en salle de régulation lors de prise d’appels sous
contrôle d’un ARM expérimenté (à son tour en double écoute à son côté),
→ la progression et l’acquisition des compétences sont attestées par des évaluations itératives prévues dans le cursus qui permettent d’établir à quel moment le candidat peut prendre seul les appels, évaluations généralement
poursuivies plusieurs mois ensuite.
- On voit dans cet apprentissage le rôle essentiel du compagnonnage et l’intérêt d’ARM formateurs et
tuteurs. On voit aussi qu’il y a encore beaucoup à faire et à réfléchir pour améliorer la prise en charge des nouveaux
arrivants.
• La formation continue : le premier texte précisant les modalités d’une Formation d’Adaptation à l’Emploi
spécifique date de 2005 dans les suites du plan urgence, F.A.E. modifiée depuis par l’arrêté du 4 juin 2013 (paru au
JO du 20 juin 2013) prévoyant une formation en alternance de 259 heures et un programme de 8 modules détaillés.
En Bretagne il existe une F.A.E. régionale depuis 2006 (pendant longtemps il n’y a eu que 2 sites en France proposant cette FAE) organisée par les 4 CESUS pour dix à douze ARM dont certains viennent de SAMU d’autres régions.
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12
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Enquête de la DREES, la suite
par
Emmanuelle LE PAPE & Pierre KERGARAVAT
Cette étude distingue quatre types d’établissement : les centres hospitaliers régionaux universitaires
(CHRU), les centres hospitaliers publics (CH), les établissements de santé privés à but non lucratif et les
établissements de santé privés à but lucratif).
La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a publié en mars 2015
une seconde analyse sur les urgences hospitalières. Cette fois, elle s’est intéressée à l’organisation des points d’accueil des urgences.
Les urgences, c’est où ?
Elle constate que les services d’accueil des urgences (SAU) sont essentiellement présents dans des structures
publiques à hauteur de 78 %, et dans une moindre mesure dans le secteur privé lucratif (16%) et non lucratif (6%).
Les services d’urgences pédiatriques ne représentent que 14% des services d’urgences en France. Dans la
grande majorité, les enfants sont accueillis au même endroit que les adultes. À noter que 21% des patients accueillis au sein des SAU généraux (peu importe la prise en charge pédiatrique) ont moins de 16 ans.
L’organisation des services d’accueil des urgences
La DREES s’est également intéressée à l’organisation interne des SAU et notamment à la mise en place de
postes d’accueil et d‘orientation. Ainsi elle observe la présence d’un poste d’accueil et d’orientation dans 3 points
d’accueil sur 4. Il s’agit généralement d’un poste d’infirmier. Un médecin accompagne cet IAO dans 12% des points
d’accueil. Au sein des services d’urgences pédiatriques, ce type d’organisation est mis en place dans 67% des points
d’accueil.
La DREES va plus loin et fait le parallèle avec le type d’établissement. Cette organisation est ainsi très fréquente dans les CHRU (96%) avec une présence 24 h/24 dans 81% des établissements. A contrario, seuls 71% des
autres établissements de santé ont recours à un poste d’accueil et d’orientation, où la présence 24 h/24 est très
largement inférieure (34%) aux chiffres des CHRU.
Le personnel des urgences
Une distinction s’opère entre les établissements publics et les établissements privés. Ces derniers concentrent moins d’ETP dans les services d’urgences à nombre de passages équivalents. La DREES indique cependant que
la population accueillie diffère de celle des établissements publics et nécessite moins d’encadrement (moins de
personnes très âgées et de patients présentant des troubles mentaux). Elle fait également remarquer que le recensement relativement complexe des vacations des médecins généralistes a pu sous-estimer les chiffres obtenus.
Concernant le personnel médical, la DREES constate que les services d’urgences sont essentiellement composés de médecins urgentistes. « En revanche, les trois quarts des services des urgences pédiatriques fonctionnent
sans ETP de médecins urgentistes ».
Les internes, quant à eux, sont peu présents dans les cliniques privées. En se basant sur tous les établissements de santé interrogés, « la moitié des points d’accueil ayant 40 passages par jour ou plus disposent au moins
d’un ETP d’interne ».
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Chiffres étonnants : la DREES indique qu’un gériatre n’est présent que dans 3% des points d’accueil
des urgences générales. Elle ne précise pas si ces chiffres correspondent bien aux équipes des unités mobiles de gériatrie (UMOG).
La présence de psychiatres reste également faible surtout dans les centres hospitaliers publics
(25%), et les cliniques privées (2%). Cette proportion est plus élevée dans les CHRU (50%). Les services d’urgences pédiatriques bénéficient, quant à eux, d’un psychiatre dans 15% des cas. En terme de couverture
horaire, leur présence est plus importante dans les CHRU (avec une présence la journée, la nuit et les weekends dans 7 cas sur 10) que dans les autres établissements (37% assurent une présence la nuit et 48% le
week-end).
Suite à la publication de cette étude, nous avons contacté la DREES afin d’obtenir des informations
complémentaires. Ainsi elle nous a précisé que par le terme de « présence », elle vise une présence physique au sein du SAU « (et non le fait de joindre ces personnels par téléphone) », et ceci « sans tenir compte
du service de rattachement ».
La sécurité au sein des urgences
Thématique de plus en plus prégnante au sein des services d’urgences, la DREES précise que la présence d’une assistante sociale mais aussi d’un vigile ou d’un officier de sécurité est plus fréquente « dans les
communes dont le revenu médian de la population est le plus faible ».
L’équipement des services d’urgences
La présence d’un scanner est très courante (92% des points d’accueil), par contre l’accès à une IRM
est moins aisé puisque seuls 68% en sont équipés et 29% dispose d’un accès 24h/24. A contrario, la DREES
nous précise que les services d’urgences pédiatriques sont bien mieux équipés en IRM (9 cas sur 10). Cette
dernière remarque tombe sous le sens puisque les services d’urgences pédiatriques sont, dans la grande
majorité des cas, présents dans des centres hospitaliers de taille importante, équipés d’IRM.
Graphique 1 (DREES) : Activité, gestion des lits et mise en place de personnel spécifique selon les établissements
Focus sur la gestion des lits
au sein des services d’urgences étudiés par la DREES
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