26 · 27 avril 2012 © Élisabeth Carecchio jeudi · vendredi | 20h15 Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène Olivier Werner Saison 2011-2012 | Dossier de presse Benoît Frachebourg · chargé de communication | [email protected] | +41 (0) 32 717 82 05 Théâtre du Passage | 4, passage Maximilien-de-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel | www.theatredupassage.ch de Dennis Kelly | © L’Arche Éditeur traduction Philippe Le Moine , Pauline Sales mise en scène Olivier Werner | assisté de Marie Lounici | avec Aurélie Edeline, Marie Lounici, Olivia Willaumez, Jean-Pierre Becker, Vincent Garanger, Anthony Poupard, Olivier Werner scénographie Jean-Pierre Gallet, Olivier Werner | vidéo Marina Masquelier | son Fred Bühl | lumières Kevin Briard | costumes Dominique Fournier | régie Mickaël Pruneau | construction décor les ateliers du Préau | avec l’aimable participation de Cédric et Lise Baudu, Robert Hickish, Gérald et Roseline Leverrier, Chris Sanders, Marie-Françoise Sida | production le Préau CDR de Basse-Normandie - Vire / La Colline – théâtre national (Paris) Une enquête théâtrale vertigineuse autour d’un fait divers Occupe-toi du bébé part d’un fait divers, un double infanticide, pour explorer les mécanismes de la fiction-réalité. Sur scène défilent les protagonistes. Certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts. Témoignages réels ou fiction ? Peu importe la vérité, car l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Alors que la représentation de soi-même n’a jamais autant fait recette, comment discerner la vérité ? Dennis Kelly est né en 1970 à Londres, où il habite. Il a suivi des études théâtrales au Goldsmiths College. Ses œuvres ont été créées en Grande-Bretagne, dans de nombreux pays d’Europe et jusqu’au Japon, en Australie et aux États-Unis. De manière générale, mentir ne marche pas vraiment. Quand on y réfléchit bien. Qu’on se mente à soi-même ou qu’on mente à un autre être humain, on connaît toujours plus ou moins la vérité. | extrait de Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly. Quelle est la vérité de ce fait divers horrible qui s’est passé en Angleterre il y a quelques années où une mère a été acquittée du meurtre de ses deux enfants en bas âge ? Dennis Kelly se penche sur cette histoire, interroge tous les protagonistes et retranscrit chacun des témoignages recueillis dans la plus pure tradition du théâtre documentaire, un genre extrêmement apprécié et populaire en Grande-Bretagne. Du moins c’est bien ce que nous croyons au départ avant de nous rendre compte que nous sommes manipulés par les personnages de Kelly qui lui font bien croire ce qu’ils veulent puis par Kelly lui-même qui avoue inventer une pure fiction. Dans Occupe-toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Dennis Kelly explore les mécanismes de la fiction-réalité. Au-delà de toute représentation, dans la vie même, quels sont les enjeux du témoignage public ? Alors que la représentation de soi n’a jamais autant fait recette, quand l’attrait de la rédemption médiatique est si fort, comment ne pas céder aux sirènes de cette représentation ? | Olivier Werner Dennis Kelly, célèbre en Angleterre, est encore méconnu en France. Nous sommes heureux de faire entendre pour la première fois en France cette pièce importante créée à La Colline avant de venir à Vire. Olivier Werner, dont la vision est forte et précise, en assure la mise en scène. Occupe-toi du bébé est une pièce étrange. En Angleterre, le théâtre documentaire était très répandu à l’époque où j’ai écrit la pièce. Bien sûr, le théâtre documentaire est construit à partir d’interviews. Et je voulais écrire une pièce de ce genre, mais en inventant tout. J’ai donc écrit une «pièce verbatim». Et je n’ai cessé de le revendiquer, sauf que les personnages n’existent pas et que j’ai tout inventé. Mais je voulais surtout écrire sur la vérité... J’avais le sentiment que la vérité, dans notre vie publique, se trouvait compromise. Que les choses ne soient pas vraies n’avait aucune importance, puisque si les médias pouvaient prouver la véracité d’une information, alors elle était vraie. Une fois que j’avais établi ça, j’ai voulu aller encore un peu plus loin. Et j’ai pensé que le meilleur moyen d’écrire sur la vérité était de mentir. J’ai donc écrit une pièce verbatim qui n’était pas vraie... Le plus étrange est que si les gens savaient que ce n’était pas réel, ils trouvaient la pièce très drôle. Mais s’ils l’ignoraient, s’ils pensaient que tout était réel, un froid glacial s’installait dans la salle. C’était une expérience bizarre. Je crois que les critiques dans l’ensemble ont compris que rien n’était réel, bien que l’un d’entre eux ait parlé du fameux cas «Donna McAuliffe». Mon intention n’était pas de mentir aux gens. Je voulais qu’au départ ils croient qu’il s’agissait d’une pièce verbatim et qu’ils se rendent compte, au milieu de la pièce, que ce n’était pas vrai. En fait, beaucoup de gens quittaient le théâtre en pensant que tout était réel, c’est peut-être une faiblesse de la pièce. Mais je pense qu’il faut savoir prendre ce genre de risques. Dennis Kelly | «Narrative in Contemporary Drama», entretien avec Aleks Sierz, 6 juin 2010 Entretien avec Olivier Werner réalisé à La Colline le 4 novembre 2010 (extrait) On pourrait imaginer faire un vrai/faux documentaire télévisé avec cette pièce. Tout s’y prête dans le collage que propose Kelly. Un documentaire en cours de création dont la construction ne serait pas encore achevée. Certains entretiens étant déjà montés et d’autres pas encore dérushés et sciemment montrés en l’état. Mais c’est dans l’économie théâtrale que ce «documentaire» trouve son épanouissement. C’est toute la singularité de ce projet, et son paradoxe. Comment, au théâtre, répondre à cette écriture qui évoque tant l’audiovisuel, en procède – ou du moins le fait croire ? La dramaturgie du spectacle à venir s’articulera donc autour de cet aller-retour entre théâtre et audiovisuel. Les images des acteurs/personnages tournées au plateau seront retransmises en direct, en alternance avec d’autres images enregistrées préalablement. La mise en scène de la parole, au-delà de son contenu, est ce qui m’intéresse. Que percevons-nous chez quelqu’un qui se confie lors d’un entretien ? Si sa crédibilité dépend de la force de ses arguments, elle passe aussi par ses troubles, sa maladresse et ses silences. La personne passe sous nos yeux d’un état à un autre, laissant deviner dans sa gestuelle, dans la fuite de ses regards, tout un vécu qui ne trouve pas la voix des mots mais qui participe tout autant à l’idée que nous nous faisons d’elle. La caméra sera là pour approcher au plus près le visage de la personne, le micro de sa voix, à l’affût de ce qui pourrait lui échapper. S’exprimer sous le contrôle d’une telle amplification, c’est jouir d’un masque total. Être capté de très près crée en soi du discours, suscite une empathie et offre au public un espace de projection des plus rassurants. Mais au théâtre, j’imagine que l’image s’épuise au bout d’un moment. Elle doit être relayée par le plateau. Que se passe-til alors quand celui qui parle doit continuer de s’exprimer sans l’artifice de sa retransmission ? Quelle modification s’opère dans la perception du spectateur ? Dans la pièce, une des rares didascalies de l’auteur est de mettre subitement en pleine lumière tel ou tel personnage. Le voilà maintenant contraint de répondre aux questions d’une voix sans corps. Indubitablement celle de Kelly, même si elle ne dit pas son nom et n’apparaît pas sur la page de distribution. Cette voix interroge, et les protagonistes doivent maintenant répondre en public sans le secours gratifiant de la technique. C’est là, au moment où le théâtre reprend ses droits, que l’authenticité de la personne nous apparaît. Ce que nous avions fini par admettre comme une représentation du réel avec l’image et le son, se révèle après coup dans son artifice, maintenant que la personne se trouve en pleine lumière, réduite à sa véritable échelle. La voilà obligée d’improviser son propre rôle en répondant ou en éludant les questions de l’auteur. Dans sa quête de la vérité, Kelly pose des questions dont il connaît parfois les réponses pour mieux déstabiliser ceux qu’il interroge. Il cherche à les prendre en flagrant délit d’humanité. Eux se trouvent pris au piège de leurs propres contradictions et suscitent désormais une empathie à perdre ainsi leur statut devant tout le monde. L’auteur les construit peu à peu en les faisant vaciller, ils butent, se reprennent, ne savent plus répondre, et sont livrés à leurs propres affects. On a la sensation qu’ils ne sont plus seulement en train de tenir leur rôle mais qu’ils sont présents malgré eux. Leur parole tourne en roue libre, l’élaboration de leur pensée se fait dans le discours lui-même et s’alimente dans l’instant, car ils doivent prouver que la place qu’ils occupent n’est pas usurpée, quitte à mentir où se dédire ouvertement. De personnes supposées réelles, ils doivent rapidement devenir de bons personnages, prendre la mesure du plateau et convaincre par l’émotion qu’ils sauront dégager. Celleci deviendra l’arme privilégiée avec laquelle ils pourront faire mouche et toucher le public. Occupe-toi du bébé, en devenant progressivement une oeuvre de théâtre, donne à son tour des impressions de réel. En assumant ouvertement sa position d’auteur de fiction, Kelly dessine les contours de la vérité. ... Extrait Occupe-toi du bébé | Dennis Kelly Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés. Donna Alors me voilà, hum, debout là, debout là face à cette fille, cette fille allongée sur le lit du haut et elle ne dit rien - elle perdait ses cheveux d’un côté, une alopécie, je crois me souvenir - elle ne dit pas un mot, elle fixe juste le plafond. J’avais vraiment peur de faire le moindre geste alors je restais là, debout là, je veux dire, et la porte, hum, s’est refermée, s’est refermée comme ça derrière moi et je me retrouve, hum, vous voyez, dans cette cellule avec cette fille qui ne - vous voulez vraiment que je raconte tout ça ? Un temps. Et la fille ne regarde pas, elle ne me regarde pas. Alors j’ai juste posé mes affaires sur la, euh, euh, sur le lit du bas, j’aurais pu les mettre, hum, dans les euh, tiroirs, j’aurais pu les mettre dans les tiroirs mais je ne savais pas lesquels étaient les siens et je ne voulais pas, je ne voulais pas les ouvrir quoi. Ah oui, et il y avait des gens dans, hum, dans le couloir, des femmes, je veux dire, et elles sifflaient ou des fois elles me lançaient, vous savez, des trucs... vous savez, sale meurtrière, tueuse d’enfant, euh, salope... espèce de meurtrière, espèce de salope, sale meurtrière, on va te tuer salope de meurtrière... connasse, ce genre de choses. Et je m’allonge, et je suis allongée là sur le lit du bas avec mes affaires tout autour de moi parce que j’avais eu trop peur de, je n’avais même pas enlevé mes chaussures, j’avais gardé mes chaussures et je suis restée comme ça pendant une bonne demiheure et puis la fille, la fille au-dessus de moi, euh, elle s’est mise à parler tout à coup et elle avait comme un, elle devait être de, du Pays de Galles ou de Cornouailles, parce que son accent était comme un, comme un mélange de, ou bien, je savais pas trop, et elle a dit, euh, elle a dit «ne me parle pas» elle a dit, euh, «j’essaie de ne pas te faire de mal alors ne me parle pas. Il me reste six mois à faire alors je ne veux pas te faire de mal, si tu m’obliges à te faire du mal, putain, je vais vraiment mais vraiment te faire du mal.» Un temps. Et c’était vrai en plus. Elle faisait vraiment de gros efforts pour ne pas me faire de mal. C’était pas pour moi, je veux dire, mais pour elle. Silence. Et puis, hum, elle, hum, elle n’arrêtait pas de raconter ce qu’elle allait me faire si je l’obligeais à me faire du mal et c’était du genre, du genre me crever les yeux et m’exploser le ventre et le visage, mettre de l’eau de javel dans mes yeux après les avoir crevés, euh, découpés, euh, après avoir coupé, euh, ouvert le globe oculaire et des trucs comme ça, ça tournait beaucoup autour des yeux, en fait, elle se concentrait beaucoup sur, autour et dans les yeux et ça a duré comme ça deux heures. Un temps. Ma première nuit en prison. l’équipe artistique Dennis Kelly | auteur Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), il intègre vers l’âge de 20 ans une jeune compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des études universitaires au Goldsmiths College de Londres. S’il dit n’y avoir guère appris en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Conjuguant le caractère provocateur du théâtre in-yer-face et l’expérimentation de styles dramatiques diversifiés, ses textes abordent des questions contemporaines aiguës. Après Debris en 2003 (créée au Theatre 503 à Londres), il écrit Osama the Hero (Young Vic Theatre, Londres, 2004), After the end (Bush Theatre/ Compagnie Paines Plough, Londres, 2005, tournée à Saint-Pétersbourg, Moscou et New York), Love and Money (Royal Exchange, Manchester/ Young Vic, 2006), Taking Care of Baby (Birmingham Rep/ Hampstead Theatre, Londres, 2007, qui reçoit le John Whiting Award), DeoxyriboNucleic Acid/D.N.A. (National Theatre Connections Festival, Londres, 2007), Orphans (Traverse Theatre, Édimbourg/ Birmingham Rep/Soho Theatre, Londres, 2009), The Gods Weep (Hampstead Theatre/Royal Shakespeare Company, Londres, 2010). Pour le théâtre, il adapte également La Quatrième Porte de Péter Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart Hauptmann, plus récemment Le Prince de Hombourg de Kleist (Donmar Warehouse, Londres, 2010). Pour la radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 Shares (BBC Radio 4, 2005), pour la télévision, co-signe (avec Sharon Horgan) le scénario de la série Pulling (Silver River/BBC 3, 2006-2009). Dernièrement, il a signé le livret de Matilda, A Musical d’après Roald Dahl (Royal Shakespeare Company, 2010) et achevé un premier scénario cinématographique : Blackout (Big Talk/Film 4). Son œuvre est régulièrement traduite et créée en Allemagne (il est élu Meilleur auteur dramatique 2009 par la revue Theater Heute). En France, Débris (trad. P. Le Moine et P. Sales, Théâtrales/Traits d’union, 2008) a été lue à plusieurs reprises (notamment au Festival d’Avignon 2008 par P. Pineau, créée par W. Steyaert à la Comédie de Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. P. Le Moine, inédite en français) a fait l’objet de lectures dirigées par G. Vincent (Festival actOral 7, La Colline, 2008) ou S. Delétang (Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009). Mon prof est un troll (coll. Théâtre Jeunesse) et Occupetoi du bébé (les deux pièces traduites par P. Le Moine et P. Sales) sont publiés à L’Arche Éditeur. Philippe Le Moine | traducteur Depuis 1986, il s’est frotté à peu près à toutes les disciplines du théâtre des deux côtés de la Manche : producteur, dramaturge, metteur en scène (notamment à Londres, Powder Keg [Bure Barut] de Dejan Dukovski, au Gate Theatre, en 1999 ou Don’t Let Me Be Misunderstood [Creo que no me habéis entendido bien] de Rodrigo Garcia, au Battersea Arts Centre, en 2005), mais aussi programmateur et traducteur. Il a notamment traduit Ousama le Héros (avec Patrick Lerch) et Acide Désoxyribo Nucléïque, Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly, Débris. Pauline Sales | traductrice Née en 1969, elle est comédienne et auteure. Ses pièces sont éditées aux Solitaires Intempestifs et à l’Arche. Elles ont été mises en scène par Richard Brunel, Marie-Pierre Bésanger, Philippe Delaigue, Laurent Laffargue, Jean-Claude Berutti. D’octobre 2002 à mai 2007, elle a été auteure associée à la Comédie de Valence (Centre Dramatique National Drôme Ardèche). Plusieurs de ses pièces sont traduites en anglais et en allemand et ont été représentées à l’étranger. Elle collabore avec Silvia Berutti-Ronelt et Philippe Le Moine à la traduction de pièces du répertoire contemporain de langue allemande et anglaise traduites vers le français. Elle a fait partie des intervenants du département écriture de l’Ensatt dirigé par Enzo Cormann. Elle fait partie de la coopérative d’écriture, un collectif d’auteurs réunissant Fabrice Melquiot, Marion Aubert, Enzo Cormann, Rémi Devos, Samuel Gallet, David Lescot... Depuis janvier 2009, elle codirige avec Vincent Garanger le Préau, Centre Dramatique Régional de Vire. Olivier Werner | metteur en scène Olivier Wener a été formé à l’ENSATT (88/90) et au TNS (91/92). En 1990, il joue La célestine de F. de Rojas mis en scène par Gérard Vernay. Puis il est reçu au Conservatoire National (CNSAD /1991), décide de ne pas y entrer pour accepter la proposition de jouer Hippolyte dans Phèdre. Suivront plusieurs spectacles de répertoire sous la direction de Jean-Marie Villégier. Par la suite, il joue sous la direction de Lluis Pasqual, Christian Rist, Marc Zammit. En 1996, il fonde L’Anneau, sa première compagnie théatrâle et monte son premier spectacle : Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck. Suivront plusieurs mises en scène et interventions en temps que formateur (stages pour des CDN) qu’il mènera de front avec sa carrière de comédien. Il monte Les Revenants (Ibsen), Les Perses (Eschyle), Les hommes dégringolés (Christophe Huysman, création collective), Béatrice et Bénedict (Opéra – concert / Hector Berlioz). Parallèlement, il continue de jouer sous la direction de Claudia Morin, Adel Hakim, Ursula Mikos, Simon Eine, Richard Brunel. La Comédie de Valence lui commande la mise en scène de Rien d’humain de Marie N’diaye. Il continue de jouer sous la direction de Christophe Perton, René Loyon, Jorge Lavelli, Daniel Janneteau. En 2007, Christophe Perton lui fait la proposition de rejoindre la troupe de la Comédie de Valence en temps qu’acteur et metteur en scène associé. Il y montera Par les villages (Peter Handke), Saint Elvis (Serge Valletti) et une nouvelle mise en scène de Rien d’humain (Marie Ndiaye). Dans le cadre de sa permanence, il jouera sous la direction de Yann-Joel Colin, Christophe Perton et aussi dans ses propres mises en scènes. Aurélie Edeline | comédienne Aurélie Edeline est issue du Conservatoire National de Région de Rouen et de l’Académie Théâtrale de l’Union à Limoges. Au théâtre, elle a assisté Christophe Perton dans la mise en scène de L’Enfant froid de Mayenburg et dans Hop là, nous vivons ! de Ernst Toller. Elle a joué dans Le Baiseur Fou et The Shagaround de Maggie Nevill, mises en scène Caroline Lavoine ; dans Alta Villa de Lancelot Hamelin, mise en espace Anthony Poupard ; dans Les Serviteurs de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Fabrice Lebert ; dans Des paillettes sur ma robe d’après Jean-Luc Lagarce, mise en scène Thomas Gornet ; dans L’homme en faillite de David Lescot, mise en espace Scali Delpeyrat ; dans Porte pas peine de Philippe Ponty, mise en scène Marie-Pierre Bésanger ; dans Hop là, nous vivons ! mise en scène Christophe Perton ; dans Himmelweg de Mayorca, mise en espace Cécile Marmouget. Elle a participé au festival Temps de Parole(s) à Valence pour la mise en lecture de Terre sainte de Mohamed Kacimi et en tant que comédienne dans L’Indicible de et par Jean-Marie Piemme et dans Les Arrangements de Pauline Sales, mise en lecture Christophe Perton. Elle a été assistante à la mise en scène auprès de Christophe Perton, Michel Raskine et Bertrand Bossard. Au cinéma, elle a joué dans Tempus Fugit d’Yves Piat, dans Selon Mathieu de Xavier Beauvois et dans Le fil des coups de Benoit Tetelin. Elle est artiste associée du Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie depuis janvier 2009. Elle joué dans Les orphelines de Marion Aubert sous la direction de Johanny Bert, dans J’ai la femme dans le sang d’après les farces conjugales de Georges Feydeau sous la direction de Richard Brunel. Marie Lounici | assistante à la mise en scène et comédienne Après une Licence des Arts de la Scène (Paris 8), Marie Lounici a suivi une formation d’acteurs à l’Ecole du Passage dirigée par Niels Arestrup. Elle a joué sous la direction de Gil Galliot dans Enfers d’après Italo Calvino, de Jerzy Klesyk dans Va-Nu-Pieds d’après Gombrowicz et Judith ou le corps séparé de Howard Barker, de Didier Guyon dans Les Bébés d’Adel Hakim dans La Toison d’Or d’après Sénèque et A.de Rhodes, de Elisabeth Chailloux dans Sallinger de BernardMarie Koltès... En 2009, elle a créé avec Olivier Werner, Mon conte Kabyle, itinéraire d’un combattant invisible, à la Comédie de Valence. Elle a été assistante à la mise en scène d’Olivier Werner en 2008, pour Saint-Elvis de Serge Valletti. Olivia Willaumez | comédienne Formée initialement en Angleterre pendant trois ans, elle revient ensuite à Paris, est élève de Raymond Acquaviva, puis intègre l’ENSATT (Rue Blanche) où elle est formée notamment par Aurélien Recoing. Elle participera à un atelier de recherche initié par Grégoire Ingold et Valérie Dréville sur la «Méthode des actions physiques simples» de Stanislavski, qui se poursuivra à Moscou et Paris avec Anatoli Vassiliev autour de Tchekhov, Dostoievski et Platon. Elle continuera de se former auprès de Lisa Würmser, Philippe Adrien et Dominique Boissel. Au théâtre, elle travaille entre autres avec Gérard Lauzier, Grégoire Ingold dans Je rêve, mais peut-être que non, Sergueï Afanassiev dans Les trois Sœurs, Olivier Werner dans Les Perses, Jacques Kraemer dans Dom Juan, Pierre Vial dans Le Soulier de satin, Agnès Bourgeois dans Mariages, Concert à la carte de Franz Xaver Kroetz, et Ismène de Ritsos. Elle enseigne en Hypokhâgne au lycée Molière, des options théâtre au lycée pour le Théâtre de Chartres, et aussi des classes en ZEP et des SEGPA dans la région de l’Oise. Elle y travaille sur des textes de Beckett, Tchekhov, Sophocle. En s’appuyant sur des exercices propres au verset Claudélien et à la pédagogie anglo-saxonne, elle fait un travail sur le réapprentissage de la lecture au collège. Au cinéma, elle tourne avec Laurent Achard Dimanche ou les Fantômes, et Une Odeur de Géranium, Christophe Blanc Faute de Soleil, Kirsten Johnson Foreign Body, Renaud Cohen Quand on sera grand et Claire Simon ça brûle. Elle est membre du jury et lectrice pour le concours d’aide à la création de courts-métrages pour le Conseil Général du Puy de Dôme. À la télévision, elle travaille avec Bertrand Arthuys Tous ensemble. À la radio, elle travaille avec Michel Sidoroff pour France Culture. Jean-Pierre Becker | comédien Après des études au Conservatoire National de Paris, il travaille d’abord essentiellement au théâtre où il joue une cinquantaine de spectacles sous les directions notamment d’André Engel, Jean-Pierre Miquel, Alain Olivier, Daniel Mesguich, Jean-Claude Fall, Pierre Vial, Jean-Luc Lagarce, Gabor Tompa, Thierry de Peretti, Philippe Adrien… Puis il commence à faire plus d’images, à la télévision, avec entre autres Patrick Grandperret, Denys Granier-Deferre, Félix Olivier, Dominique Ladoge… Et au cinéma, dans une vingtaine de films réalisés notamment par Jean-Pierre Jeunet, Régis Wargnier, Jean-Jacques Beineix, Bertrand Blier, Nicole Garcia, Jacques Rivette… Il a enregistré également de nombreuses «fictions», généralement pour France-Culture. Vincent Garanger | comédien Vincent Garanger a suivi les formations du Conservatoire Municipal d’Angers, de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) et du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris avec comme professeurs Michel Bouquet, Gérard Desarthe, Michel Bernardy de Mario Gonzalès. Au théâtre, il a joué sous la direction : de Jean-Claude Drouot dans Hippolyte ou le Grand Prix de Paris de Joseph Delteil, Kean de Jean-Paul Sartre, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, de Marguerite Duras pour la création de Agatha, de Louis Calaferte pour Un riche, trois pauvres ; de Roger Planchon dans George Dandin de Molière, Vieil Hiver et Fragile Forêt de Roger Planchon ; d’Alain Françon dans Pièces de Guerre et Café d’Edward Bond, Les Huissiers de Michel Vinaver ; de Jacques Lassalle dans Le Mariage des Morts de Jean-Pierre Sarrazac et L’Ecole des Femmes de Molière ; de Christophe Perton dans Lear d’Edward Bond, Notes de cuisine de Rodrigo Garcia, Monsieur Kolpert de David Gieselmann, Woyzeck de Georg Büchner, Le Belvédère d’Ödön von Horváth ; de Philippe Delaigue dans La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Badebec-Bacbuc d’après Rabelais, Si vous êtes des hommes ! de Serge Valletti, Juste la fin du Monde de Jean-Luc Lagarce, Saga des Habitants du Val de Moldavie de Marion Aubert, Désertion de Pauline Sales ; dans Le Soldat Tanaka de Georg Kaiser, mise en scène de Guillaume Lévêque. Depuis janvier 2009, il est codirecteur avec Pauline Sales du Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie. Il joue dans les productions du CDR : à l’ombre de Pauline Sales mise en scène Philippe Delaigue, J’ai la femme dans le sang d’après les farces conjugales de Georges Feydeau mise en scène Richard Brunel. Il mettra en scène Bluff de Enzo Cormann, avec Caroline Gonce et Guy Pierre Couleau. Anthony Poupard | comédien Anthony Poupard a suivi les cours du Conservatoire National de Région de Rouen et de l’ENSATT. Au Théâtre, il a travaillé sous la direction de Christine Lacombe dans Courteline ou les années folles d’après Courteline, d’Elsa Rooke dans Comédie sur le pont de Martinù et de Juliette Delfau dans La Fleur à la bouche de Pirandello. Au cinéma, il a participé au long-métrage de Christian Zarifian, Le Misanthrope d’après Molière. Anthony Poupard a rejoint la troupe permanente de la Comédie de Valence lors de sa création en 2002 et a joué sous la direction de : Christophe Perton dans Monsieur Kolpert de David Gieselmann, Woyzeck de Georg Büchner, Douleur au membre fantôme d’Annie Zadek et L’Enfant froid de Marius von Mayenbur, Philippe Delaigue dans Andromaque et Bérénice de Jean Racine, Saga des habitants du val de Moldavie de Marion Aubert (Cartel 2 : courtes pièces de jeunes auteurs de la première promotion «écriture» de l’ENSATT), Michel Raskine dans Tant que le ciel est vide création collective, Laurent Hatat dans Monsieur M de Sibylle Berg, Richard Brunel dans L’infusion de Pauline Sales, Jean-Louis Hourdin dans La comédie des passions sur des textes de Dario Fo, Shakespeare et Garcia Lorca, Vincent Garanger dans Quelque chose dans l’air de Richard Dresser, Michel Raskine dans Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ? de Marie Dilasser, Yann-Joël Collin dans Dom Juan de Molière, Marc Lainé dans La nuit électrique de Mike Kenny. Il est artiste associé du Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie depuis janvier 2009. Il a joué dans : Les orphelines de Marion Aubert sous la direction de Johanny Bert, J’ai la femme dans le sang d’après les farces conjugales de Georges Feydeau sous la direction de Richard Brunel et il a été l’assistant de Fabrice Melquiot pour la mise en scène de Hart-Emily de Fabrice Melquiot. Cette saison, il joue également dans Le sous-locataire de Marie Dilasser, mise en scène Michel Raskine et dans Bluff de Enzo Cormann mise en scène Caroline Gonce, Guy Pierre Couleau, Vincent Garanger. Marina Masquelier | vidéaste À l’origine, juste un regard puis une conception et c’est devenu un cadre de vie. En pratiquant l’art pictural Marina Masquelier elle s’est amusée à assembler les couleurs et les matières selon un ordre précis. Quelque chose d’instinctif. Puis elle a découvert l’expression du cadre avec un objectif et la dramaturgie que l’on peut apporter à une image par des flous ou des expositions différents. Naturellement, le temps l’a amenée vers le mouvement de l’image, comme une danse qui donne un rythme à la communication. L’apprentissage de la vidéo lui a permis de voyager en Belgique et au Québec et de découvrir des pratiques, des codes et des expressions différents. Elle reste dans la matière, dans l’outil, la fabrication et l’émerveillement. Aujourd’hui c’est une technicienne, elle fabrique, crée de l’image et continue son apprentissage au jour le jour. Elle touche à tout : de la captation de spectacle vivant à la réalisation de courts métrages, de conception designs graphiques à la projection en salle. « Travailler pour le spectacle vivant, pour cette pièce est un défi excitant. C’est une réalisation collective extraordinaire. » Jean-Pierre Gallet | scénographe Formé à l’école des Beaux-Arts de Caen puis de Saint-Etienne, il a fait ses premières armes à la Comédie de Caen sous la direction de Jo Tréhard. Il a rejoint ensuite Yves Graffey au Théâtre du Gros Caillou, CDNEJ de Caen comme directeur technique et scénographe. Il a poursuivi son activité de directeur technique et scénographe au Préau, sous la direction d’Éric de Dadelsen, depuis 1992 et sous la direction de Pauline Sales et de Vincent Garanger depuis janvier 2009. Il a réalisé les scénographies suivantes : Une lune entre deux maisons Lebeau/Graffey, La cabane à histoires Graffey, Galifourche Lebigre/Graffey, George Dandin Molière/Cinq, Dissident il va sans dire Vinaver/Graffey, Journée d’une infirmière Gatti/Graffey, Les chapons Darien/ Graffey, Dérapage Madani, Le nain de Santorin Garnier/Graffey, L’arbre des tropiques Mishima/ Pareja, La marche à l’envers Yent/Graffey, Le journal d’Anne Franck Haket/Graffey, Barbe bleue Granderie, Akénaton Chedid/Louviot, Kikeritiste Maar/Graffey, Le vase d’or Hoffmann/ Klein/Dadelsen, La Foi, l’Espérance et la Charité Horváth/Dadelsen, Cabaret K. Valentin et B. Lapointe Dadelsen, Feu la mère de madame Feydeau/Lipszyc, Robinson des villes Dorin/ Fawzy/Dadelsen, Le carnaval des animaux Saint-Saëns/Blanche/Dadelsen, L’île des esclaves Marivaux/Dadelsen, Parcours Isson, Visa Isson, Pomme d’amour Dadelsen, Le pays blanc Asbjørnsen/Moe/Dadelsen, La comédie du siècle Feydeau/Brecht/Grumberg/Dadelsen, La sorcière du placard aux balais Landowski/Dadelsen, Pour de bon, pour de rire Vinter/Dadelsen, Les sueurs froides Poe/Dadelsen, Tu me fais sourire le ventre Isson, L’Oresteïa Xenakis/Dadelsen, Ogrrre ! Dorin/Labrume/Klein, Les Demeurées Benameur/Dadelsen, Acrobates Horovitz/ Dadelsen, La famille Toulemonde Dadelsen, Fahrenheit 451 Bradbury/Dadelsen, La maison sur la place Minyana/Dadelsen, Le voyage de Pierre l’Heureux Strindberg/Dadelsen, Bouli Miro Melquiot/Jacquemont/Peinado, La dispute / Scenes of love Marivaux/Shakespeare/Dadelsen, Les orphelines Aubert/Bert. Mentir pour dire le vrai Occupe-toi du bébé création Occupe-toi du bébé est une pièce étrange. En Angleterre, le théâtre documentaire était très répandu à l’époque où j’ai écrit la pièce. Bien sûr, le théâtre documentaire est construit à partir d’interviews. Et je voulais écrire une pièce de ce genre, mais en inventant tout. J’ai donc écrit une “pièce verbatim”. Et je n’ai cessé de le revendiquer, sauf que les personnages n’existent pas et que j’ai tout inventé. Mais je voulais surtout écrire sur la vérité... J’avais le sentiment que la vérité, dans notre vie publique, se trouvait compromise. Que les choses ne soient pas vraies n’avait aucune importance, dans la mesure où les médias pouvaient prouver la véracité d’une information, alors elle était vraie. Une fois que j’avais établi ça, j’ai voulu aller encore un peu plus loin. Et j’ai pensé que le meilleur moyen d’écrire sur la vérité était de mentir. J’ai donc écrit une pièce verbatim qui n’était pas vraie... Le plus étrange est que si les gens savaient que ce n’était pas réel, ils trouvaient la pièce très drôle. Mais s’ils l’ignoraient, s’ils pensaient que tout était réel, un froid glacial s’installait dans la salle. C’était une expérience bizarre. Je crois que les critiques dans l’ensemble ont compris que rien n’était réel, bien que l’un d’entre eux ait parlé du fameux cas “Donna McAuliffe”. Mon intention n’était pas de mentir aux gens. Je voulais qu’au départ ils croient qu’il s’agissait d’une pièce verbatim et qu’ils se rendent compte, au milieu de la pièce, que ce n’était pas vrai. En fait, beaucoup de gens quittaient le théâtre en pensant que tout était réel, c’est peut-être une faiblesse de la pièce. Mais je pense qu’il faut savoir prendre ce genre de risques. de Dennis Kelly traduction de l’anglais Philippe Le Moine et Pauline Sales mise en scène Olivier Werner scénographie Olivier Werner et Jean-Pierre Gallet création et régie vidéo Marina Masquelier création son Fred Bühl création lumière Kévin Briard costumes Dominique Fournier assistante à la mise en scène Marie Lounici avec Jean-Pierre Becker Jim Aurélie Edeline Donna McAuliffe Vincent Garanger Dr Millard Marie Lounici Mrs Millard Anthony Poupard Martin McAuliffe/Brian Olivier Werner Dennis Kelly Olivia Willaumez Lynn Barrie production Le Préau, Centre dramatique régional de Basse-Normandie-Vire, La Colline – théâtre national Le texte a paru à L’Arche Éditeur qui en est le représentant théâtral. avec l’aimable participation de Marie-Françoise Sida, Robert Hickish, Chris Sanders, Cédric et Lise Baudu, Gérald et Roseline Leverrier régie Bruno Arnould régie son Sylvère Caton régie vidéo Marina Masquellier régie lumière Thierry Le Duff machiniste Christian Felipe habilleuse Sonia Constantin construction du décor les ateliers du Préau durée du spectacle : 2h du 8 janvier au 5 février 2011 Petit Théâtre Dennis Kelly “Narrative in Contemporary Drama”, entretien avec Aleks Sierz, 6 juin 2010 le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 16h et au Préau CDR de Basse-Normandie-Vire du 9 au 11 février 2011 diffusion Fadhila Mas - [email protected] 3 Au bénéfice du doute Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable d’un double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct : certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se présente aux élections locales ; le Dr Millard qui espère voir Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et ceux employés même si certaines coupes ont pu observé chez Donna ; Martin, mari de Donna, qui refuse de parler être faites. Les noms n’ont pas été changés. et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public. Dennis Kelly Témoignages réels ou fiction ? Dans Occupe-toi du bébé, la Première didascalie d’Occupe-toi du bébé vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Si effectivement les acteurs d’un vrai fait divers venaient à Rien de ceci n’est vrai. Ce sont simplement des témoigner publiquement sur une scène de théâtre, ils seraient gens qui disent des choses. C’est entièrement avant tout acteurs de leurs souvenirs et de leur destin en marche. Comme on peut le voir dans la presse ou les médias subjectif. audiovisuels, l’attrait de la rédemption publique est trop Il y a la vérité et ce que les gens croient être grand pour ne pas céder aux sirènes de la représentation, et la vérité, tout est question de point de vue. jamais la représentation de soi-même, si obscène soit-elle, Dennis Kelly horrible, ne fait-elle pas toujours le profit de celui qui joue n’aura autant fait recette. Après tout, la confession, même Quatrième de couverture de l’édition anglaise de Taking Care of Baby la carte de sa propre émotion et de sa “sincérité” ? (Oberon Books/Modern Plays) Olivier Werner 4 5 Fiction / Réalité Le théâtre verbatim est un théâtre qui, depuis les années 1990, s’est développé de manière exponentielle, principalement en Angleterre. [...] Présenté comme “théâtre citation”, une de ses caractéristiques est d’affirmer que tout ce qu’il rapporte est authentique : [...] montage de propos extraits de Je sais trois histoires, dit un vieil officier au cours rapports de commissions d’enquête parlementaires, d’émissions d’une soirée, auxquelles à vrai dire j’accorde télévisées ou d’interviews réalisées par l’auteur ou par les personnellement une croyance absolue, même si acteurs. [...] [Il] cultive les paradoxes : celui de faire tomber des je cours le risque, au cas où je déciderais de masques alors que le théâtre est créateur de masques, celui d’être authentique alors que le théâtre est le lieu de l’illusion, les raconter, de passer pour un bonimenteur. Car enfin celui d’être objectif alors qu’il est un art, et que tout art la première condition que les gens exigent de est subjectif. C’est pourquoi il oscille entre théâtre la vérité, c’est qu’elle soit vraisemblable. d’information et théâtre politique, entre objectivité et Or, l’expérience nous l’enseigne, la vraisemblance subjectivité, sans qu’un type de figuration ne l’emporte jamais réellement sur l’autre. n’est pas toujours du côté de la vérité. Heinrich von Kleist Jérémy Mahut “Figuration du pouvoir politique dans le théâtre verbatim”, 18 mai 2010 Anecdotes et petits écrits (http://www.raison-publique.fr/article271.html) Le théâtre verbatim est un mélange séduisant de faits Quand on y réfléchit bien. Qu’on se mente à journalistiques et d’immédiateté théâtrale : comme tout art des soi-même ou qu’on mente à un autre être humain, plus respectables, il propose de distraire tout en instruisant. on connaît toujours plus ou moins la vérité. Et il prétend dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Mais ne vous y trompez pas. La réalité, bien sûr, est plus Dennis Kelly complexe. Comme tout autre théâtre, le théâtre verbatim est Occupe-toi du bébé le résultat d’une mise au point et d’une sélection rigoureuses. Plus il se vante de sa nature factuelle, plus vous devriez être sceptiques. Aleks Sierz “Verbatim theatre in Britain today”, 2004 6 7 Mensonge de la vérité philosophie, dans une circulation intellectuelle du sens. De la même façon, le délire paranoïaque intègre sa perception du réel ... dès que l’exigence d’une vérité-une entre dans l’histoire, à sa manie persécutoire en ajoutant constamment à ce qu’il comme une tâche de civilisation, elle est aussitôt affectée voit, à ce qu’il entend, une valeur, un sens, qui accordent la d’un indice de violence ; car c’est toujours trop tôt qu’on veut réalité à l’antenne qu’il en a. En apparence (fait observé) boucler la boucle. L’unité réalisée du vrai est précisément le mon voisin de palier descend innocemment, à 10 heures moins mensonge initial. Or cette culpabilité attachée à l’unité de la 12 précises, comme s’il allait acheter le journal ; en réalité vérité — ce mensonge de la vérité — apparaît quand la tâche (valeur ajoutée), cette course est rien moins qu’innocente, d’unifier coïncide avec le phénomène sociologique de l’autorité. et je ne suis pas dupe : il est évident qu’il descend l’escalier [...] L’autorité n’est pas coupable en soi. Mais elle est l’occasion surtout pour me montrer qu’il se moque de moi. Il s’agit ici, des passions du pouvoir. C’est à travers les passions du pouvoir naturellement, de projection paranoïaque et délirante : une que certains hommes exercent une fonction unifiante. C’est signification imaginaire se superpose à la chose perçue sans ainsi que la violence simule la plus haute tâche de la raison et même que l’observateur éprouve le besoin d’établir un lien la plus ferme attente du sentiment. causal quelconque entre la chose qu’il voit et la signification qu’il en déduit. Mais, mutatis mutandis, l’attribution d’une Paul Ricoeur signification au réel, de la part de l’homme dit normal, procède Histoire et Vérité, Seuil, 1964, p. 177 d’un mécanisme exactement analogue. Dans tous les cas – hormis celui d’une perception de toute réalité comme La signification dont on affuble le réel n’est pas une vérité rigoureusement insignifiante [...] –, il y a valeur ajoutée au démontrable, un fait observable, une réalité tangible qu’il réel par projection de signification imaginaire. suffirait d’exhiber pour convaincre les incrédules. Mais plutôt un ton, un parfum, un air, bref une “valeur”, dans tous les Clément Rosset sens du terme : valeur d’un rouge dans un tableau, d’un mot Le Réel. Traité de l’idiotie, Minuit, 1997, 2004, p. 35-39 dans un poème, d’une capacité à être acheté dans le cas de la valeur marchande. [...] L’expression de “valeur ajoutée” est assez suggestive ; son sens économique est douteux, mais son sens philosophique est indubitable. Ajoutons, dit l’économiste, de la valeur aux choses, par simple décret de plume : l’État percevra ainsi 17% du produit de la vente. Ajoutons, dit le philosophe, de la valeur aux choses : nous les rendrons ainsi signifiantes. Toute réalité est ainsi susceptible de s’enrichir d’une valeur ajoutée qui, sans rien changer à la chose, la rend néanmoins autre, disponible, capable de s’intégrer aussi bien dans un circuit de consommation quelconque que dans une 8 9 Entretien avec Olivier Werner prétend devenir spectateur d’une fiction qui s’écrirait sans lui. Il rend le public complice de la manipulation médiatique La pièce de Dennis Kelly se présente comme une suite qu’il met en place. Une obscénité s’en dégage, née de la d’interviews enregistrées. Elle s’ouvre avec ces mots : “Ce qui complaisance et du narcissisme des protagonistes à accepter suit a été retranscrit mot pour mot...” Le texte a pour d’être ainsi exposés directement au public, mais également origine un fait divers : une femme – Donna McAuliffe – accusée du public, voyeur malgré lui, dans la mesure ou l’auteur lui-même d’infanticide, jugée, condamnée en première instance, se refuse à tenir son rôle et se cache dans ses rangs. incarcérée puis relaxée en appel après quatorze mois de Dennis Kelly dit qu’au départ, il ne pensait pas forcément prison. nécessaire d’apparaître lui-même comme personnage de la pièce, Olivier Werner : Au moment où Kelly écrit, plusieurs cas de mères mais qu’il y a été amené surtout pour pouvoir introduire le infanticides défraient la chronique en Angleterre. Des tabloïds violent refus de témoigner de Martin, mari de Donna. s’en font l’écho ainsi que la presse nationale et la télévision. En dépit des décisions de justice, l’opinion publique anglaise O. W. : Là encore Kelly joue avec l’effet de “réalité” de sa est divisée sous l’effet de la médiatisation de ces affaires. fiction. En faisant cette réponse, il nous fait implicitement Dans Taking Care of Baby (Occupe-toi du bébé), Kelly décide accepter l’idée que Martin n’est pas un personnage né de son de convoquer sur scène les protagonistes fictionnels d’un imaginaire mais une personne réelle qui aurait refusé d’être fait divers analogue. Il les enregistre, puis retranscrit leurs interviewée par lui. Dans la première partie, Kelly donne pourtant paroles. Il tente – par un effet de montage de ces entretiens à entendre les lettres d’insultes qu’il a reçues de Martin. Et – de s’approcher au plus près de la vérité, là où la justice quand celui-ci se décide à intervenir sur scène, sa présence n’a pu que prononcer la relaxe au bénéfice du doute. Mais très est créditée de son refus initial et donne à sa parole un vite, “la confession” à laquelle se livrent ceux qui répondent surcroît de réalité dont use Kelly pour mieux abuser le public. à son invitation prend le pas sur le fait divers lui-même. La Mais au théâtre, on ne peut pas – a priori pas – entrer sur confession comme posture médiatique. L’intimité du huis-clos scène autrement qu’en étant un personnage de fiction. et l’écoute de Dennis Kelly créent un champ compassionnel, et La fiction est même le postulat de départ, le contrat tacite la sincérité avec laquelle ils semblent se confier les place au passé entre la salle et le plateau sans lequel le théâtre premier plan comme sujets mêmes de l’entretien. Le fait divers, n’aurait pas lieu. C’est pourtant ce contrat que tente de lui, devient le prétexte qui les met en valeur. Ont-ils déjà détruire Kelly au début de la pièce en nous faisant croire que conscience qu’à travers l’enregistrement dont ils font l’objet, les personnages sont des personnes réelles qu’il ne contrôle ils ont le moyen de livrer d’eux un profil avantageux ? Dans pas. Mais il y a une chose à laquelle ces personnes ne peuvent la première partie du texte, Kelly n’intervient pas. À en croire échapper : c’est leur médiatisation. Une personne, même les protagonistes, c’est bien à lui qu’ils s’adressent mais réelle, ne peut éviter de prendre la pose si elle décide de lui se contente de “retranscrire” ce qu’ils disent. En exposant s’exposer publiquement. En se confessant de son plein gré, ainsi les parleurs sur scène sans y être lui-même, Kelly elle exprime son désir d’être écoutée par d’autres, d’être 10 11 reconnue et désirée pour ce qu’elle dit où ce qu’elle montre d’elle. Elle sait qu’elle doit combler chez le public un désir, celui d’entendre ou de voir chez celui qui s’exprime quelque chose d’insolite qui légitimerait sa présence. Il y a donc toujours un jeu de séduction, une acceptation d’être en partie créé par le public. “Désirez-moi tel que je suis, et j’accepte d’être un peu ce que vous désirez que je sois.” L’illusion théâtrale est toujours là, mais déplacée, chacun se masquant en fonction de la séduction qu’il pense opérer. C’est un procédé dont use fréquemment la télévision... O. W. : Oui. On pourrait imaginer faire un vrai/faux documentaire télévisé avec cette pièce. Tout s’y prête dans le collage que propose Kelly. Un documentaire en cours de création dont la construction ne serait pas encore achevée. Certains entretiens étant déjà montés et d’autres pas encore dérushés et sciemment montrés en l’état. Mais c’est dans l’économie théâtrale que ce “documentaire” trouve son épanouissement. C’est toute la singularité de ce projet, et son paradoxe. Comment, au théâtre, répondre à cette écriture qui évoque tant l’audiovisuel, en procède – ou du moins le fait croire ? La dramaturgie du spectacle à venir s’articulera donc autour de cet aller-retour entre théâtre et audiovisuel. Les images des acteurs/personnages tournées au plateau seront retransmises en direct, en alternance avec d’autres images enregistrées préalablement. La mise en scène de la parole, au-delà de son contenu, est ce qui m’intéresse. Que percevons-nous chez quelqu’un qui se confie lors d’un entretien ? Si sa crédibilité dépend de la force de ses arguments, elle passe aussi par ses troubles, sa maladresse et ses silences. La personne passe sous nos yeux d’un état à un autre, laissant deviner dans sa gestuelle, dans la fuite de ses regards, tout un vécu qui ne trouve pas la voix des mots mais qui participe tout autant à 12 Olivia Willaumez, Aurélie Edeline Jean-Pierre Becker Anthony Poupard Aurélie Edeline Olivia Willaumez Marie Lounici Vincent Garanger Aurélie Edeline Olivia Willaumez, Olivier Werner l’idée que nous nous faisons d’elle. La caméra sera là pour approcher au plus près le visage de la personne, le micro de sa voix, à l’affût de ce qui pourrait lui échapper. S’exprimer sous le contrôle d’une telle amplification, c’est jouir d’un masque total. Être capté de très près crée en soi du discours, suscite une empathie et offre au public un espace de projection des plus rassurants. Mais au théâtre, j’imagine que l’image s’épuise au bout d’un moment. Elle doit être relayée par le plateau. Que se passe-t-il alors quand celui qui parle doit continuer de s’exprimer sans l’artifice de sa retransmission ? Quelle modification s’opère dans la perception du spectateur ? Dans la pièce, une des rares didascalies de l’auteur est de mettre subitement en pleine lumière tel ou tel personnage. Le voilà maintenant contraint de répondre aux questions d’une voix sans corps. Indubitablement celle de Kelly, même si elle ne dit pas son nom et n’apparaît pas sur la page de distribution. Cette voix interroge depuis la salle, et les protagonistes doivent maintenant lui répondre sans le secours gratifiant de la technique. C’est là, au moment où le théâtre reprend ses droits, que l’authenticité de la personne nous apparaît. Ce que nous avions fini par admettre comme une représentation du réel avec l’image et le son, se révèle après coup dans son artifice, maintenant que la personne se trouve en pleine lumière, réduite à sa véritable échelle. La voilà obligée d’improviser son propre rôle en répondant ou en éludant les questions de l’auteur. Dans sa quête de la vérité, Kelly pose des questions dont il connaît parfois les réponses pour mieux déstabiliser ceux qu’il interroge. Il cherche à les prendre en flagrant délit d’humanité. Eux se trouvent pris au piège de leurs propres contradictions et suscitent désormais une empathie à perdre ainsi leur statut devant tout le monde. L’auteur les construit peu à peu en les faisant vaciller, ils butent, se reprennent, ne savent plus répondre, et sont livrés Aurélie Edeline 21 à leurs propres affects. On a la sensation qu’ils ne sont plus Quand il interroge théâtralement ses personnages, il met à seulement en train de tenir leur rôle mais qu’ils sont présents jour leurs mensonges et leurs contradictions et nous nous malgré eux. Leur parole tourne en roue libre, l’élaboration de sentons trahis. Mais l’émotion qu’ils dégagent, une fois leur pensée se fait dans le discours lui-même et s’alimente dans démasqués, nous donne à nouveau envie de prendre parti l’instant, car ils doivent prouver que la place qu’ils occupent pour eux. Dans cette mise en abîme des formes de représen- n’est pas usurpée, quitte à mentir où se dédire ouvertement. tation, Kelly invite le public à se construire lui-même une De personnes supposées réelles, ils doivent rapidement écoute et un regard, où seule l’ironie de la perception peut devenir de bons personnages, prendre la mesure du plateau nous préserver de la manipulation médiatique. et convaincre par l’émotion qu’ils sauront dégager. Celle-ci deviendra l’arme privilégiée avec laquelle ils pourront faire Entretien réalisé à La Colline le 4 novembre 2010. mouche et toucher le public. Occupe-toi du bébé, en devenant progressivement une oeuvre de théâtre, donne à son tour des impressions de réel. En assumant ouvertement sa position d’auteur de fiction, Kelly dessine les contours de la vérité. Au théâtre, la poursuite de la vérité passerait donc par la fiction du réel ? O. W. : Le réel est multiforme, impossible à cerner. Le théâtre est le filtre qui rend possible l’illusion de sa capture et la vérité que poursuit Kelly n’est pas démontrable. Quand aucune preuve tangible ne peut prouver la culpabilité ou l’innocence de quelqu’un, la télévision, par le biais des documentaires / fictions, sollicite notre tendance à juger en fonction de nos émotions. C’est l’adhésion que chacun est en mesure de susciter qui doit construire notre opinion. Bien sûr, ces documentaires enterrent notre capacité de réflexion en conditionnant nos réflexes émotionnels. “Ce psychologue est convaincant, il me touche : il a raison. Cette femme politique assume tout ce qu’elle dit, parle sans langue de bois : je vote pour elle. Cette mère a sûrement tué ses enfants, mais elle parait tellement inoffensive qu’elle me touche : je l’innocente...” Kelly, dans sa pièce, utilise des formes d’entretiens éprouvées à la télévision, mais il change régulièrement de procédé en cours de route. 22 23 Être et paraître Tout sujet plongé dans l’univers d’un studio, pourrait-on dire, provoque une réaction du même genre : la caméra transforme Le 2 février 1969 (à 22h45), on pouvait voir une émission de la tout interviewé en acteur de lui-même, en sorte que la série Vocations 1, qui se livrait à l’expérience suivante : dans frontière entre le témoignage et la représentation de soi un premier temps, Sivadon, un professeur de psychologie devient indiscernable. fort connu l’époque, discute avec Pierre Dumayet du thème de l’interview qui va suivre. Le psychologue livre alors un souvenir d’enfance selon lui déterminant dans sa vocation. François Jost La Télévision du quotidien, De Boeck / INA, 2e éd., 2003, p. 71-72 Ensuite le journaliste prévient que, à présent, leur entretien va être enregistré. Sivadon reprend son récit, non sans avoir La limite entre vivre et jouer sa vie (au sens de l’interpréter) reboutonné sa veste. Bien que, sur le fond, l’anecdote reste est devenue floue à l’ère des médias audiovisuels. Le fait la même, toute son énonciation s’est profondément modifiée : qu’aujourd’hui, plus de trente ans après les travaux du sociologue il transpose sa narration au passé simple, l’orne de digressions Erving Goffman sur les interactions – il considérait la vie et de détails pittoresques, et accompagne l’ensemble d’une sociale comme un théâtre où chacun jouait un rôle –, le mot gestuelle à la fois emphatique et professorale. Fin de la “acteurs” soit employé à tout bout de champ pour parler séquence. Dumayet reprend la parole et dévoile au professeur des “partenaires” sociaux dans leurs diverses activités, est le piège qu’il lui a tendu : la première phase – la préparation très symptomatique de cette coupure qui s’est introduite de l’entretien – a été enregistrée à son insu. Chacun a pu noter entre le naturel et l’artificiel ou, pour reprendre la vieille la modification radicale de son comportement dès qu’il a opposition rousseauiste, entre l’être et le paraître. pensé qu’il était filmé : l’interlocuteur cordial a laissé la place à un orateur pontifiant. Sivadon rit de bonne grâce à François Jost observer les conséquences de cette image de soi qu’il a voulu Télé-réalité, Le Cavalier bleu, 2009, p. 80-81 médiatiser... Si la télévision aujourd’hui revient en certaines circonstances sur des émissions diffusées (cf. Arrêt sur image), cette émission a l’avantage d’être auto-réflexive : elle réfléchit sur le dispositif et, en l’occurrence, caractérise ce qu’on l’on pourrait appeler le principe d’Heisenberg de l’interview télévisée. On sait que le physicien a mis en évidence un principe d’incertitude de la mesure : pour mesurer la vitesse des électrons, il faut les éclairer, mais quand on les éclaire, la vitesse augmente... 1 Treize émissions diffusées du 19 janvier au 19 septembre 1969. 24 25 Le contrat de croyance fictionnel Jeu de la réalité, réalité du jeu Un spectacle est un médium de sens, le petit écran reste Quelle que soit la voie d’approche pour parler du théâtre, un médium d’existence. Il en faut, mais point trop. Sans quoi elle passe par le jeu. Le jeu est la bonne clé – elle a du jeu – l’adhésion se perd. Nos tranches de vie voient diminuer pour ouvrir l’accès au jeu de la vie que le théâtre voudrait inexorablement leur crédibilité. Car le flux télévisuel se donne bien représenter. Le théâtre n’est qu’une pratique millénaire pour la vie elle-même et non pour une représentation de la pour éclairer le mystère du jouable ; mystère que l’on côtoie vie ; pour un prélèvement opéré en direct sur le monde et non quand on joue à être un autre ou à être soi-même, semblable à comme une transposition, un discours sur le monde. À trop ce qu’on croit. Les plus naïfs étant non pas ceux qui ne vouloir nous donner du crédible, avec ses docu-drames, ses savent pas jouer (ceux-là souffrent de buter sur eux-mêmes scoops en live, ses reality-shows, le soupçon s’installe en sans pouvoir passer), mais ceux qui ne savent pas qu’ils autodéfense. André Breton l’avait prévu dès 1924, première jouent, qui ne sont pas prêts à changer de jeu, qui traquent phrase du Manifeste surréaliste : “Tant va la croyance à la vie, le jeu des autres comme une preuve d’insincérité, de semblant à ce que la vie a de plus précaire, la vie réelle s’entend, qu’à la cachant la “vérité” ; comme si la vérité n’empruntait pas pour fin cette croyance se perd.” Le contrat de croyance fictionnel se montrer les voies du jeu et du semblant, du songe et du – cette déréalisation du monde convenue et temporaire – mensonge. [...] pourrait bien recharger les batteries du symbolique, que le plain-pied “indiciel” met tôt ou tard à plat. Un jeu est une lucarne par laquelle on communique avec le jeu du monde, qui est partout, et qui n’est cerné dans un jeu que Régis Debray sous forme d’image ; image bornée du grand jeu. “Pourquoi le spectacle”, Cahiers de médiologie, n°1 : “La querelle du spectacle”, 1996 Peu importe l’illusion qu’a le joueur d’être l’acteur ou le joueur de son jeu ; elle a sa valeur d’illusion. On ne peut la dissiper qu’au prix d’une autre. Du reste, les acteurs sentent bien qu’ils sont aussi les objets de leur jeu, qu’ils sont portés par lui et que, par lui, ils prennent contact avec des jeux beaucoup plus vastes dont ils espèrent quelques retours. Ces retours n’auront lieu qu’au prix de l’illusion – notamment celle où un sujet croit qu’il est devant son jeu et qu’il le joue. Daniel Sibony Le Jeu et la Passe, Seuil, 1997, p. 11 et p. 30-31 26 27 Dennis Kelly Olivier Werner Né en 1970 à New Barnet (nord de Pour le théâtre, il adapte également Il étudie à l’ENSATT de 1987 à 1989. Revenants d’Ibsen, Les Perses Londres), il intègre vers l’âge de La Quatrième Porte de Péter En 1989, il est admis à l’École d’Eschyle, Les Hommes dégringolés, 20 ans une jeune compagnie théâtrale Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart supérieure d’art dramatique du création collective avec Vincent et commence à écrire. À la fin des Hauptmann, plus récemment Le Prince Théâtre national de Strasbourg Dissez et Christophe Huysman. années 90, il entame des études de Hombourg de Kleist (Donmar et au Conservatoire national Il dirige de nombreux ateliers de universitaires au Goldsmiths College Warehouse, Londres, 2010). Pour la supérieur d’art dramatique. Mais formation pour comédiens, de Londres. S’il dit n’y avoir guère radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, Jean-Marie Villégier lui propose le notamment au Théâtre de Lorient, appris en matière d’écriture 2004) et 12 Shares (BBC Radio 4, rôle d’Hippolyte dans Phèdre. Puis à la Comédie de Reims et au Théâtre théâtrale, il y affirme le choix de 2005), pour la télévision, co-signe il participe à deux créations du de la Cité. formes en rupture avec le théâtre (avec Sharon Horgan) le scénario de Théâtre national de Strasbourg En 2007, Christophe Perton lui social réaliste anglais, à l’image la série Pulling (Silver River / BBC 3, pendant la saison 1992-1993 : Les propose de rejoindre la troupe de de celles développées par Antony 2006-2009). Dernièrement, il a signé Innocents coupables de Brosse la Comédie de Valence en tant Neilson, Sarah Kane ou Caryl le livret de Matilda, A Musical d’après et La Magie sans magie de Lambert. qu’acteur et metteur en scène Churchill. Conjuguant le caractère Roald Dahl (Royal Shakespeare Ces propositions l’amènent à associé. Il y joue sous la direction provocateur du théâtre in-yer-face Company, 2010) et achevé un premier renoncer aux deux écoles. de Christophe Perton et Yann-Joël et l’expérimentation de styles scénario cinématographique : Il joue notamment sous la direction Collin et dans ses propres mises dramatiques diversifiés, ses Blackout (Big Talk/Film 4). Son de Lluis Pasqual, Les Estivants de en scène : Par les villages de Peter textes abordent des questions oeuvre est régulièrement traduite Maxime Gorki ; Christian Rist, Handke, Saint Elvis de Serge Valletti contemporaines aiguës. Après Debris et créée en Allemagne (il est élu Bérénice de Racine ; Marc Zammit, et Rien d’humain de Marie NDiaye. en 2003 (créée au Theatre 503 à Meilleur auteur dramatique 2009 Le Triomphe de l’amour de Marivaux ; Londres), il écrit Osama the Hero par la revue Theater Heute). En Jean-Marie Villégier, Cosroès de (Young Vic Theatre, Londres, 2004), France, Débris (trad. P. Le Moine Rotrou, Bradamante, Antigone, Les After the end (Bush Theatre / et P. Sales, Théâtrales / Traits Juives de Garnier ; Gérard Vernay, Compagnie Paines Plough, Londres, d’union, 2008) a été lue à plusieurs La Célestine de F. de Rojas, Oedipe 2005, tournée à Saint-Pétersbourg, reprises (notamment au Festival Roi de Joseph Reis ; Claudia Morin, Moscou et New York), Love and d’Avignon 2008 par P. Pineau, créée Électre de Giraudoux ; Adel Hakim, Money (Royal Exchange, Manchester / par W. Steyaert à la Comédie de Quoi l’amour de Roland Fichet, La Young Vic, 2006), Taking Care of Baby Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. Toison d’or ; Philippe Poulain, L’album (Birmingham Rep /Hampstead Theatre, P. Le Moine, inédite en français) a de l’oiseau qui parlait ; Richard Brunel, La Tragédie du vengeur de Londres, 2007, qui reçoit le John fait l’objet de lectures dirigées Whiting Award), DeoxyriboNucleic par G. Vincent (Festival actOral 7, Cyril Tourneur, Gaspard de P. Acid/D.N.A. (National Theatre La Colline, 2008) ou S. Delétang Handke. Il travaille également Connections Festival, Londres, 2007), (Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009). avec Daniel Jeanneteau, Jorge Orphans (Traverse Theatre, Mon prof est un troll (coll. Théâtre Lavelli, René Loyon, Christophe Édimbourg / Birmingham Rep/Soho Jeunesse) et Occupe-toi du bébé Perton. Theatre, Londres, 2009), The Gods (les deux pièces traduites par Parallèlement, il crée sa compagnie Weep (Hampstead Theatre / Royal P. Le Moine et P. Sales) ont en 1994 et met en scène Pelléas et Shakespeare Company, Londres, 2010). dernièrement paru à L’Arche Éditeur. Mélisande de Maeterlinck, Les 28 29 Dossier pédagogique Résumé de la pièce 2 Les personnages 2 Extraits de la pièce 3 Projet de mise en scène d’Olivier Werner Entretien avec Olivier Werner 8 Biographie Olivier Werner 11 Médias et vérité : mise en scène du quotidien et témoignage La presse, Alain Rémond 12 Vérité télévisuelle, François Jost 12 Reality shows, Maurizio Lazzarato 14 Télé-réalité : être ou paraître, François Jost 15 Qu’est-ce qu’un témoin ?, Monique Sicard 16 Dennis Kelly et le “fake verbatim” Définition 17 Entretien avec Dennis Kelly, Aleks Sierz 18 Entretien avec Dennis Kelly, Patricia Benecke 19 Identity crisis, Dennis Kelly 21 Biographie Dennis Kelly 23 Annexe Article de presse : “Cot deaths and justice”, The Observer, 15 juin 2003 1 24 “Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés.” “The following has been taken word for word from interviews and correspondence. Nothing has been added and everything is in the subjects’ own words, though some editing has taken place. Names have not been changed.” Occupe-toi du bébé, Dennis Kelly, première didascalie, L’Arche, 2010. “Rien de ceci n’est vrai. Ce sont simplement des gens qui disent des choses. C’est entièrement subjectif. Il y a la vérité et ce que les gens croient être la vérité, tout est question de point de vue...” “None of this is the truth. It’s just people saying things. It’s all subjective. There’s the truth, and there’s what people think is the truth, and it all depends on how you slant it...” Taking care of baby, Dennis Kelly, 4e de couverture, Oberon Books London, 2007. 2 Résumé de la pièce Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable d’un double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct : certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public. Témoignages réels ou fiction ? Dans Occupe-toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Les personnages Donna McAuliffe, la trentaine Lynn Barrie, la cinquantaine Dr. Millard, la cinquantaine Martin McAuliffe, 35 ans Jim, la cinquantaine Mme Millard, la quarantaine Un Reporter, la quarantaine Brian, la trentaine Une Femme, un Homme âgé, un Homme, Jane (sa femme) et une Serveuse. 3 Extrait 1 MARTIN. Cher Monsieur Kelly, Non, je ne souhaite pas être interviewé dans le cadre de votre projet. Je pensais que ma dernière lettre exposait clairement ma position. Et votre argument qui serait de faire entendre de cette manière mon point de vue ne me convainc pas. Si vous n’aviez pas vous-même soulevé le débat, il n’y aurait besoin d’aucun point de vue. Vous déclarez que vous n’êtes pas journaliste et que le sensationnalisme ne vous intéresse pas, je suis désolé mais en ce qui me concerne je ne vois pas trop la différence. J’envisage sérieusement de faire appel à mon avocat car je considère votre démarche comme une atteinte grave à ma vie privée. Merci de ne plus essayer de me contacter. Salutations, Martin McAuliffe Dr. MILLARD. Le syndrome de Leeman-Keatley ou SLK est un désordre psychiatrique rare qui affecte principalement de jeunes mères d’enfants en bas âge : une mère aimante tout à fait normale est amenée à faire subir des actes de cruauté à son propre enfant, allant jusqu’à entraîner, dans les cas les plus extrêmes, la mort du bébé. De nombreuses jeunes mamans sont dans un état de sensibilité exacerbé au monde qui les entoure, ce qui les amène à être affectées plus profondément que la moyenne par des événements locaux ou internationaux. Mais chez le patient souffrant de Leeman-Keatley cette tendance naturelle n’est plus contrôlée et cette sensibilité prend alors une dimension pathologique. Le monde se disloque ; le réchauffement climatique, le terrorisme, les tsunamis, les ouragans, le néo-impérialisme, le fondamentalisme islamique, le fondamentalisme chrétien, chaque page de chaque journal contient des milliers de raisons souvent contradictoires de ne pas mettre au monde un enfant. Et pourtant voilà la mère avec une précieuse petite boule de vie dans les bras. Et c’est là que les choses se compliquent, parce que ce n’est pas juste la faute de toutes ces horreurs, des horreurs il y en a toujours eues, mais ce niveau supérieur de conscience surexpose à cette atmosphère générale de duplicité dans laquelle nous vivons tous aujourd’hui, tant au niveau personnel que dans la société. Vous savez... l’hypocrisie de ces journaux qui exposent des filles nues en fustigeant les délinquants sexuels, ces chaînes de supermarché qui disent vouloir notre bien et qui détruisent les commerces de proximité. Ces hommes politiques qui font des discours en sachant très bien que plus personne n’y croit, mais c’est grave, et qui continuent de les faire, personne ne fait plus confiance aux journalistes, les publicitaires passent généralement pour des menteurs, les avocats sont des gens qu’on paye pour s’indigner de faits dont ils se contrefichent, et je ne vous parlerais même pas des agents immobiliers. Il rit. Il s’arrête. Alors vous voyez ? Occupe-toi du bébé, Dennis Kelly, L’Arche, 2010, p. 26-27. 4 Extrait 2 REPORTER. “Premier enfant également victime de la mort subite du nourrisson.” “Le Mercure révèle en exclusivité que le premier enfant de Donna McAuliffe est mort étouffé il y a deux ans. Donna McAuliffe, actuellement entendue par la police au sujet de la mort la semaine dernière de son bébé Jake, avait une fille Megan McAuliffe, décédée il y a deux ans. Son mari, Martin McAuliffe avait retrouvé la petite Megan, neuf mois, sans vie, enroulée dans sa couverture. Malgré ses efforts pour la ranimer, elle était déclarée morte à son arrivée à l’hôpital St Luke dans le Kent. Après enquête, le procureur avait conclu à un “étouffement accidentel”. Les services sociaux de Lewisham ont déclaré hier que leurs soupçons ont été éveillés par les circonstances de la mort de Jake mais se refusent à tout commentaire. La famille de Donna McAuliffe n’a fait aucune déclaration, le porte-parole de la police “a indiqué que Donna McAuliffe collaborait pleinement à l’enquête.” Voilà. C’est à partir de là que j’ai réussi à attirer l’attention des tabloïds. Pas facile au début mais une fois que je les ai accrochés ils sont tous venus à moi parce que j’étais sur le terrain depuis le début, j’avais parlé avec Donna, j’avais parlé avec Lynn, ils m’ont adoré. J’ai simplement dû trouver le bon style. Il sort un autre journal. “Une mère tue ses enfants par amour.” Vous voyez ? Vous voyez ? DONNA. Quoi ? Oui, non, ça va. Pourquoi ? Je veux dire... ouais. Ouais, ça... va. Un temps. Vous voyez toujours cet homme ? DONNA. Quoi ? Cet homme que vous fréquentiez. Êtes-vous toujours - DONNA. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous voulez savoir ça ? Je veux me faire une idée de - DONNA. Je... je ne crois pas que je veuille parler de ça... D’accord. DONNA. Désolée, je ne veux pas. Je croyais que vous vouliez juste que je vous raconte ce qui s’était passé ? C’est ça. DONNA. Vous savez, je pensais que vous vouliez que je vous raconte... On peut faire ça de la manière qui vous convient. Pause. DONNA. Ça va c’est simplement que 5 Je veux dire on ne se fréquente pas vraiment, comme ça juste... Je ne suis probablement pas la meilleure personne en ce moment et je ne veux pas, lui faire du mal ou, il y a tous ces doutes auxquels on se, bon ce n’est pas vraiment le sujet mais... Un temps. C’est bien. Il est très bien. Gentil. Pause. Parfois je me sens bien, et puis tout à coup c’est comme quand vous baissez les yeux et que vous réalisez que vous êtes à deux milles mètres dans les airs et votre estomac remonte et vous vous sentez mal et vous voulez Vous avez besoin de tout ça ? Oui. DONNA. Je veux dire est-ce que c’est... ? Oui. Ça donne du contexte. DONNA. Bon. Parce que je pensais que vous vouliez juste que je vous raconte ce qui s’est passé quand Jake est mort. OK. Qu’est-ce qui s’est passé quand Jake est mort ? Un temps. DONNA. Quoi, vous voulez juste que je raconte... Oui. Pause. Donna ? Pause. Ça va ? DONNA. Oui. Non, oui, je, je suis juste un peu... On n’est pas obligés de faire ça maintenant. DONNA. Si, je veux le faire maintenant. Pause. Je pourrais aller chercher Lynn. DONNA. Pourquoi donc ? Juste pour être DONNA. Je ne veux pas qu’elle - Juste pour qu’elle soit là. 6 DONNA. Je ne veux pas qu’elle soit là. Un temps. Je veux dire, je suis très bien toute seule. Ne la... dérangez pas. Demandez-moi quelque chose. Un temps. Quoi par exemple ? DONNA. Je ne sais pas. Posez-moi une question. Un temps. Ce serait mieux si on y arrivait par un angle différent ? DONNA. C’est ça votre question ou vous me demandez mon avis ? Non, je vous demande votre avis. DONNA. Bon. Vous avez déjà fait ça avant ? Pause. Non. Un temps. DONNA. Demandez-moi des choses sur, comme, vous savez... Pause. Parlez-moi de votre fille. DONNA. Quoi ? Parlez-moi de votre fille. Occupe-toi du bébé, Dennis Kelly, L’Arche, 2010, p. 43-47. 7 Projet de mise en scène d’Olivier Werner Entretien avec Olivier Werner Réalisé à La Colline le 4 novembre 2010 La pièce de Dennis Kelly se présente comme une suite d’interviews enregistrées. Elle s’ouvre avec ces mots : “Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés.” Le texte a pour origine un fait divers : une femme – Donna McAuliffe – accusée d’infanticide, jugée, condamnée en première instance, incarcérée puis relaxée en appel après quatorze mois de prison. Olivier Werner : Au moment où Kelly écrit, plusieurs cas de mères infanticides défraient la chronique en Angleterre. Des tabloïds s’en font l’écho ainsi que la presse nationale et la télévision. En dépit des décisions de justice, l’opinion publique anglaise est divisée sous l’effet de la médiatisation de ces affaires. Dans Taking care of baby (Occupe-toi du bébé), Kelly décide de convoquer sur scène les protagonistes fictionnels d’un fait divers analogue. Il les enregistre, puis retranscrit leurs paroles. Il tente – par un effet de montage de ces entretiens – de s’approcher au plus près de la vérité, là où la justice n’a pu que prononcer la relaxe au bénéfice du doute. Mais très vite, “la confession” à laquelle se livrent ceux qui répondent à son invitation prend le pas sur le fait divers lui-même. La confession comme posture médiatique. L’intimité du huis clos et l’écoute de Dennis Kelly créent un champ compassionnel, et la sincérité avec laquelle ils semblent se confier les place au premier plan comme sujets mêmes de l’entretien. Le fait divers, lui, devient le prétexte qui les met en valeur. Ont-ils déjà conscience qu’à travers l’enregistrement dont ils font l’objet, ils ont le moyen de livrer d’eux un profil avantageux ? Dans la première partie du texte, Kelly n’intervient pas. À en croire les protagonistes, c’est bien à lui qu’ils s’adressent mais lui se contente de “retranscrire” ce qu’ils disent. En exposant ainsi les parleurs sur scène sans y être lui-même, Kelly prétend devenir spectateur d’une fiction qui s’écrirait sans lui. Il rend le public complice de la manipulation médiatique qu’il met en place. Une obscénité s’en dégage, née de la complaisance et du narcissisme des protagonistes à accepter d’être ainsi exposés directement au public, mais également du public, voyeur malgré lui, dans la mesure où l’auteur lui-même se refuse à tenir son rôle et se cache dans ses rangs. Dennis Kelly dit qu’au départ, il ne pensait pas forcément nécessaire d’apparaître lui-même comme personnage de la pièce, mais qu’il y a été amené surtout pour pouvoir introduire le violent refus de témoigner de Martin, mari de Donna. O. W. : Là encore Kelly joue avec l’effet de “réalité” de sa fiction. En faisant cette réponse, il nous fait implicitement accepter l’idée que Martin n’est pas un personnage né de son imaginaire mais une personne réelle qui aurait refusé d’être interviewée par lui. Dans la première partie, Kelly donne pourtant à entendre les lettres d’insultes qu’il a reçues de Martin. Et quand celui-ci se décide à intervenir sur scène, sa présence est créditée de son refus initial et donne à sa parole un surcroît de réalité dont use Kelly pour mieux abuser le public. Mais au théâtre, on ne peut pas – a priori pas – entrer sur scène autrement qu’en étant un personnage de fiction. La fiction est même le postulat de départ, le contrat tacite passé entre la salle et le plateau sans lequel le théâtre n’aurait pas lieu. C’est pourtant ce contrat que tente de détruire Kelly au début de la pièce en nous faisant croire que les personnages sont des personnes 8 réelles qu’il ne contrôle pas. Mais il y a une chose à laquelle ces personnes ne peuvent échapper : c’est leur médiatisation. Une personne, même réelle, ne peut éviter de prendre la pose si elle décide de s’exposer publiquement. En se confessant de son plein gré, elle exprime son désir d’être écoutée par d’autres, d’être reconnue et désirée pour ce qu’elle dit ou ce qu’elle montre d’elle. Elle sait qu’elle doit combler chez le public un désir, celui d’entendre ou de voir chez celui qui s’exprime quelque chose d’insolite qui légitimerait sa présence. Il y a donc toujours un jeu de séduction, une acceptation d’être en partie créé par le public. “Désirez-moi tel que je suis, et j’accepte d’être un peu ce que vous désirez que je sois.” L’illusion théâtrale est toujours là, mais déplacée, chacun se masquant en fonction de la séduction qu’il pense opérer. C’est un procédé dont use fréquemment la télévision. O. W. : Oui. On pourrait imaginer faire un vrai/faux documentaire télévisé avec cette pièce. Tout s’y prête dans le collage que propose Kelly. Un documentaire en cours de création dont la construction ne serait pas encore achevée. Certains entretiens étant déjà montés et d’autres pas encore dérushés et sciemment montrés en l’état. Mais c’est dans l’économie théâtrale que ce “documentaire” trouve son épanouissement. C’est toute la singularité de ce projet, et son paradoxe. Comment, au théâtre, répondre à cette écriture qui évoque tant l’audiovisuel, en procède – ou du moins le fait croire ? La dramaturgie du spectacle à venir s’articulera donc autour de cet aller-retour entre théâtre et audiovisuel. Les images des acteurs/personnages tournées au plateau seront retransmises en direct, en alternance avec d’autres images enregistrées préalablement. La mise en scène de la parole, au-delà de son contenu, est ce qui m’intéresse. Que percevons-nous chez quelqu’un qui se confie lors d’un entretien ? Si sa crédibilité dépend de la force de ses arguments, elle passe aussi par ses troubles, sa maladresse et ses silences. La personne passe sous nos yeux d’un état à un autre, laissant deviner dans sa gestuelle, dans la fuite de ses regards, tout un vécu qui ne trouve pas la voix des mots mais qui participe tout autant à l’idée que nous nous faisons d’elle. La caméra sera là pour approcher au plus près le visage de la personne, le micro de sa voix, à l’affût de ce qui pourrait lui échapper. S’exprimer sous le contrôle d’une telle amplification, c’est jouir d’un masque total. Être capté de très près crée en soi du discours, suscite une empathie et offre au public un espace de projection des plus rassurants. Mais au théâtre, j’imagine que l’image s’épuise au bout d’un moment. Elle doit être relayée par le plateau. Que se passe-t-il alors quand celui qui parle doit continuer de s’exprimer sans l’artifice de sa retransmission ? Quelle modification s’opère dans la perception du spectateur ? Dans la pièce, une des rares didascalies de l’auteur est de mettre subitement en pleine lumière tel ou tel personnage. Le voilà maintenant contraint de répondre aux questions d’une voix sans corps. Indubitablement celle de Kelly, même si elle ne dit pas son nom et n’apparaît pas sur la page de distribution. Cette voix interroge, et les protagonistes doivent maintenant répondre en public sans le secours gratifiant de la technique. C’est là, au moment où le théâtre reprend ses droits, que l’authenticité de la personne nous apparaît. Ce que nous avions fini par admettre comme une représentation du réel avec l’image et le son, se révèle après coup dans son artifice, maintenant que la personne se trouve en pleine lumière, réduite à sa véritable échelle. La voilà obligée d’improviser son propre rôle en répondant ou en éludant les questions de l’auteur. Dans sa quête de la vérité, Kelly pose des questions dont il connaît parfois les réponses pour mieux déstabiliser ceux qu’il interroge. Il cherche à les prendre en flagrant délit d’humanité. Eux se trouvent pris au piège de leurs propres contradictions et suscitent désormais une empathie à perdre ainsi leur statut devant tout le monde. L’auteur les construit peu à peu en les faisant vaciller, ils butent, se reprennent, ne savent plus répondre, et sont livrés à leurs propres affects. 9 On a la sensation qu’ils ne sont plus seulement en train de tenir leur rôle mais qu’ils sont présents malgré eux. Leur parole tourne en roue libre, l’élaboration de leur pensée se fait dans le discours lui-même et s’alimente dans l’instant, car ils doivent prouver que la place qu’ils occupent n’est pas usurpée, quitte à mentir ou se dédire ouvertement. De personnes supposées réelles, ils doivent rapidement devenir de bons personnages, prendre la mesure du plateau et convaincre par l’émotion qu’ils sauront dégager. Celle-ci deviendra l’arme privilégiée avec laquelle ils pourront faire mouche et toucher le public. Taking care of baby, en devenant progressivement une oeuvre de théâtre, donne à son tour des impressions de réel. En assumant ouvertement sa position d’auteur de fiction, Kelly dessine les contours de la vérité. Au théâtre, la poursuite de la vérité passerait donc par la fiction du réel ? O. W. : Le réel est multiforme, impossible à cerner. Le théâtre est le filtre qui rend possible l’illusion de sa capture et la vérité que poursuit Kelly n’est pas démontrable. Quand aucune preuve tangible ne peut prouver la culpabilité ou l’innocence de quelqu’un, la télévision, par le biais des documentaires/fictions, sollicite notre tendance à juger en fonction de nos émotions. C’est l’adhésion que chacun est en mesure de susciter qui doit construire notre opinion. Bien sûr, ces documentaires enterrent notre capacité de réflexion en conditionnant nos réflexes émotionnels. “Ce psychologue est convaincant, il me touche : il a raison. Cette femme politique assume tout ce qu’elle dit, parle sans langue de bois : je vote pour elle. Cette mère a sûrement tué ses enfants, mais elle parait tellement inoffensive qu’elle me touche : je l’innocente...” Kelly, dans sa pièce, utilise des formes d’entretiens éprouvées à la télévision, mais il change régulièrement de procédé en cours de route. Quand il interroge théâtralement ses personnages, il met à jour leurs mensonges et leurs contradictions et nous nous sentons trahis. Mais l’émotion qu’ils dégagent, une fois démasqués, nous donne à nouveau envie de prendre parti. Dans cette mise en abîme des formes de représentation, Kelly invite le public à se construire lui-même une écoute et un regard, où seule l’ironie de la perception peut nous préserver de la manipulation médiatique. 10 Biographie Olivier Werner Il étudie à l’ENSATT de 1987 à 1989. En 1989, il est admis à l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg et au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Mais Jean-Marie Villégier lui propose le rôle d’Hippolyte dans Phèdre. Puis il participe à deux créations du Théâtre national de Strasbourg pendant la saison 1992-1993 : Les Innocents coupables de Brosse et La Magie sans magie de Lambert. Ces propositions l’amènent à renoncer aux deux écoles. Il joue notamment sous la direction de Lluis Pasqual, Les Estivants de Maxime Gorki ; Christian Rist, Bérénice de Racine ; Marc Zammit, Le Triomphe de l’amour de Marivaux ; Jean-Marie Villégier, Cosroès de Rotrou, Bradamante, Antigone, Les Juives de Garnier ; Gérard Vernay, Oedipe Roi de Joseph Reis d’après Sophocle ; Claudia Morin, Électre de Giraudoux ; Adel Hakim, Quoi l’Amour de Roland Fichet ; Philippe Poulain, L’Album de l’oiseau qui parlait ; Adel Hakim Médée d’après Sénèque, Euripide et Apollonius de Rhodes ; Richard Brunel, La Tragédie du vengeur de Cyril Tourneur. Il travaille également avec Jorge Lavelli, René Loyon, Christophe Perton. Parallèlement, Olivier Werner crée la Compagnie de la Plaine Lune en 1987 et met en scène trois spectacles de 1987 à 1990. Le dernier de ces spectacles d’après Cami a été repris au Cirque d’Hiver pour les “48 heures du théâtre”. Il crée la Compagnie l’Anneau en 1994. Il met en scène Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck, Les Revenants d’Ibsen, Les Perses d’Eschyle, Les Hommes dégringolés, création collective avec Vincent Dissez et Christophe Huysman. Il dirige de nombreux ateliers de formation pour comédiens, notamment au Théâtre de Lorient, à La Comédie de Reims et au Théâtre de La Cité de Toulouse. En 2007, Christophe Perton lui propose de rejoindre la troupe de La Comédie de Valence en tant qu’acteur et metteur en scène associé. Il y joue sous la direction de Christophe Perton et Yann Joël Collin et dans ses propres mises en scène : Par les villages de Peter Handke, Saint Elvis de Serge Valetti, Rien d’humain de Marie NDiaye. 11 Médias et vérité : mise en scène du quotidien et témoignage La presse La réalité du journaliste, c’est qu’il est celui qui passe, et puis s’en va. Après avoir pris à ceux qui restent le pollen dont il fera son miel. Il n’est pas seulement un voyeur. Il est aussi un voleur. Et il ne peut pas faire autrement : il est là pour ramener l’information. Donc pour la prendre. Il faut bien alimenter la machine. Il est, aussi, truqueur. Pour les besoins de l’histoire, du plaisir des lecteurs à la lire, et du sien propre à l’écrire. La vérité (avec tous les guillemets correctifs qui s‘imposent) passe par ses mots. Ce qu’il a entendu, il le recompose, il le réinterprète. Forcément, quelque chose se perd en route. Du réel. Remplacé par le style, la mise en scène. Coups de pouce indispensables de la fiction à la réalité. [...] Le monde désormais, n’existe plus que mangé, digéré, recraché par la presse. Et si nous n’étions plus que les protagonistes d’une gigantesque fiction, les ombres d’un théâtre de papier, oubliant, peu à peu, ce réel que nous croyons étreindre ? Alain Rémond Télérama, 1er juin 1983. Vérité télévisuelle En matière d’invention, le vrai et le faux ne prennent sens que dans les limites du monde imaginaire, la diégèse. [...] quand on utilise les termes “vérité” ou “vrai” (“la vérité de la fiction”, “jouer vrai”, “la vérité du témoignage”, etc.), on a en tête des acceptions diverses. Vrai signifie avéré pour les genres où les faits sont vérifiables ; la vérité de la fiction relève du vraisemblable, jugé essentiellement à l’aune du respect des règles ; celle du témoin découle de l’authenticité dont nous créditons le vécu. Ici s’ouvre le vaste champ de la feintise, où la justesse de la représentation s’évalue en fonction de la sincérité des acteurs. Formulé en ces termes, le déplacement de la vérité télévisuelle de l’avéré vers le sincère nous aide à comprendre le sens de l’évolution récente des représentations du quotidien et à imaginer leur avenir proche : si les formules d’émission, comme on l’a vu, sont des avatars industriels [...], il n’en reste pas moins que s’observe dans leur succession une accentuation progressive du pôle “réel” : de jeux de société aux docu-soap, en passant par les reality shows, jusqu’aux webcams en tout genre et aux multiples formes Big Brother sur l’Internet. Si le public est avide de fiction, il ne l’est pas moins de ces programmes en tout genre produits au nom du réel. Et les stratégies d’authentification envahissent à présent les récits imaginaires [...]. Alors, pourquoi cette attirance pour la monstration du banal ? Pour donner un début de réponse, il est amusant d’observer que, en 1974, un film de Chantal Akerman, intitulé Jeanne Dielman, avait suscité l’ennui chez beaucoup de spectateurs, parce qu’il montrait notamment une femme épluchant des pommes de terre pendant de longues minutes, alors que, aujourd’hui, les spectateurs du Gran Hermano11 émission de télé-réalité espagnole et l’utilisateur d’Internet se jettent sur les retransmissions de telles scènes en temps réel. [...] Si, en l’occurrence, le spectateur préfère la promesse de réel au fictif, n’est-ce pas que, dans cet écran qui est le prolongement de sa main, il trouve une sorte d’ancrage “terrien” ? Pour comprendre cette attirance pour une réalité réduite au quotidien, il faut la mettre en regard du plaisir procuré par la fiction. Si celle-ci est une promesse de temporalité iconique, une temporalité arrangée intentionnellement par un être 12 humain pour séduire, intéresser ou distraire ses semblables, le temps réel serait lavé de toute intentionnalité, mettant acteur et spectateur face à face sans l’entremise d’un médiateur manipulateur. Est-ce que, finalement cette dissolution de l’intervention humaine dans le lieu de convergence de la technologie complexe du numérique et du “vieux” direct télévisuel, n’est pas un remède aux doutes qu’a engendrés récemment le scepticisme face à des images trop vite assimilées au mensonge et au désir de tromper ? [...] François Jost La Télévision du quotidien, De Boeck/INA, 2e éd., 2003. 13 Reality shows Les reality shows (dont les premières importations de l’Amérique remontent à quelques années) se sont providentiellement imposés au moment où les journalistes et les médias se trouvaient frappés d’une suspicion muette mais profonde [...]. De la mise en scène de l’information et de l’opinion publique, dont la guerre du Golfe a dévoilé sans honte les procédés de “fabrication”, on a rapidement glissé à la mise en scène de la “vie quotidienne”. Les reality shows, à ce titre, sont un indicateur très significatif de l’évolution de la télé et des médias en général. [...] La télé se voudrait le lieu (culturel !) où vécus individuel et collectif s’échangent et se transmettent, cadre de conduite d’une expérience collective/individuelle de la mort, du sexe, de l’amour, de soi et de l’autre. Le reality show montre de façon caricaturale et “résout” de façon très dangereuse un vrai problème : comment faire et transmettre une expérience dans nos sociétés post-industrielles [...]. L’expérience est réduite à la sensation, au scoop, au voyeurisme, elle a perdu toute son aura, mais elle rencontre un “vrai” public, qui veut faire des expériences, qui sait qu’il ne pourra plus les faire comme jadis ses aînés. La télé, une machinerie de constitution du sujet collectif (monstrueux dans ces conditions) de la société post-industrielle ? La télé, un espace symbolique collectif et non seulement un espace public (politique) ? La télé, une passion ? Inutile d’opposer une indignation morale à l’effondrement des vieilles formes d’expérience et aux lieux/langages collectifs qui les rendaient possibles. Le plus célèbre des reality shows commence toujours par un “récit” : “Le 12 février madame X rentrait chez elle...”. Ce récit est invariablement le même car la technique et la forme de la mise en scène sont toujours identiques : la production en série du reportage et son “esthétique” standardisée. Notre conscience n’a plus besoin de se défendre du choc car il est stérilisé, aseptisé et accepté par la mise en scène de l’esthétique télé. La télé le fait pour nous, comme elle fait pour nous l’expérience de l’autre. La personne qui a vécu l’événement est exhibée telle la “preuve vivante” de la réalité de la mise en scène. Le son, si jamais quelque chose s’échappait des images, rend encore plus redondant le “message”. Pour nous guider dans nos émotions les présentateurs ne cessent de nous les suggérer “C’est touchant ! C’est magnifique ! Quel courage !” Il serait intéressant de voir un reality show après l’avoir libéré de tout commentaire. Quelle émotion persiste sans les applaudissements (faux aussi) ? Quelle sensation ? À quoi dès lors est réduite l’expérience de notre héros ? En réalité il ne s’agit pas de la “télé des gens”, de la “télé vérité”, d’une “télé de proximité” - selon les producteurs du reality show elle s’opposerait à la “télé du pouvoir” -, mais d’une télé présentant les expériences de communication de téléspectateur à téléspectateur. En unifiant les scénarios et en uniformisant la mise en scène il n’y a plus de la multiplicité mais un seul sujet : le “téléspectateur”. Maurizio Lazzarato Reality shows : le sujet et l’expérience. Variations sur quelques thèmes benjaminiens, Futur antérieur 11, 1992/3, Multitudes Web, mise en ligne mars 1992. 14 Télé-réalité : être ou paraître Le reproche fait aux hommes politiques de ne pas être sincères rejoint celui adressé aux médias de manipuler l’information. Il se formule en une demande commune : celle de la transparence. Les hommes politiques sont soupçonnés de cacher des choses et les chaînes de télévision de ne pas montrer les “événements comme ils se sont passés” (selon la formulation du baromètre La Croix-Télérama). Où commence et où finit la transparence ? [...] Abolition des frontières privé-public, contact avec la réalité... pour que cette transparence soit parfaite et vienne contrecarrer le modèle critiquable des médias et des politiques, il manquait encore quelque chose : que les participants de cette télé-réalité s’engagent à être eux-mêmes transparents. L’injonction “Soyez vousmêmes !” vint compléter le tableau. Injonction contradictoire, bien entendu, car en même temps que l’on donnait cet ordre aux candidats, on les mettait dans une situation où, parce qu’ils passaient à la télévision, ils devaient constamment soigner leur apparence, se contempler de longues heures dans les miroirs et surtout parce que, pour se maintenir le plus longtemps possible dans le programme, ils devaient plaire à la fois à leurs colocataires et au public. Toutes choses qui définissent le paraître : “Pour l’homme du paraître, il n’y a plus que des moyens et lui-même se trouve réduit à n’être que moyen. Aucun de ses désirs ne peut être assouvi immédiatement : il doit passer par l’imaginaire et le factice ; l’opinion des autres, le travail des autres, lui sont indispensables1.” Le “Soyez vous-mêmes” est aussi le symptôme d’une construction de la réalité à l’image de la fiction. Les anonymes représentant soi-disant les “vraies gens” ont cédé la place à des types définis par des castings, lesquels visent avant tout à construire des personnages qui n’ont rien à envier au roman balzacien : des êtres monolithiques, dont le caractère bien identifiable explique tous les comportements. Née d’une demande de transparence, comme la philosophie de Rousseau, la télé-réalité y répond donc de façon paradoxale. D’un côté, l’émission met en branle toute une machinerie technique (25 caméras, 50 micros) pour assurer la transparence ; de l’autre, elle demande à ses candidats d’être, quand ils ne sont jugés que sur le paraître. François Jost Télé-réalité, Le Cavalier bleu, 2009, p. 45-48. 1. Starobinski, La Transparence et l’Obstacle, Gallimard/Tel, [1971], 2006, p. 43. 15 Qu’est-ce qu’un témoin ? Aujourd’hui, la télévision et ses images instaurent un système de vérité original. Jamais – et les hommes politiques le savent bien – on n’avait tant jugé celui qui parle à l’aune de sa sincérité. Or, la vérité de l’apparence, la preuve par l’authenticité [...] relèvent spécifiquement de l’image animée. Le régime de la preuve acquiert une dimension paradoxale. Alors qu’en justice pénale ne peuvent être reçues sous la foi du serment les dépositions des parents proches de l’accusé, ni celles des enfants trop jeunes, le régime télévisuel accorde précisément à ces catégories de témoins une place déterminante. Ceux qui parlent à l’image seraient d’autant plus crédibles que la souffrance les atteint : un visage en larmes ne saurait mentir. Le témoignage d’un enfant de dix ans ne saurait être faux. Et l’on convie à témoigner les ascendants directs et les plus jeunes dont, précisément, notre justice récuserait les témoignages. Pour elle, au contraire, ce sont la neutralité des propos, la maîtrise de soi, qui fondent la crédibilité des témoins. Le régime de “preuve” télévisuel apparaît en réalité “régressif” par bien des aspects. Ainsi, la lecture des visages suffirait à prouver la profondeur des sentiments, la véracité des témoignages et des jugements... Or ces visages nous meuvent et nous émeuvent par des mécanismes bien éloignés de ceux d’un jugement rationnel. Nous ne savons pas, nous, téléspectateurs, nous projeter à la place d’un juge qui doit trancher et dénoncer le coupable. [...] [...] L’émotion transmise devient l’une des voies obligatoires de l’adresse au citoyen. Elle n’est pas seule. La qualité du cadrage et du montage de l’image, celle de la bande son, ont pour effet de nous transporter dans un monde logique qui n’est plus le nôtre, mais celui de la fiction. Les dramatiques cohortes de réfugiés marchant dans la neige, parfaitement filmées, nous ont profondément émus. Mais quand le journal télévisé devient du cinéma, il ne nous informe plus : il nous fait pleurer. [...] Le témoignage parfait n’existe pas. Et son imperfection même est partie intégrante de sa définition. Témoigner, c’est prendre des risques : celui de l’erreur n’est pas le moindre. Pourtant, témoigner reste une obligation. En matière pénale, nous avons le devoir de témoigner lorsque le témoignage joue en faveur de l’innocence de l’accusé. L’omission est lourdement sanctionnée. Plus lourdement encore, le refus de témoigner après en avoir été requis. [...] Monique Sicard “Qu’est-ce qu’un témoin”, in Croyances en guerre : l’effet Kosovo, Cahiers de médiologie n° 8, Paris, Gallimard, 1999. 16 Dennis Kelly et le “fake verbatim” Dr Millard [...] “So do you really think that it’s possible for one human being to lie to another? Generally not. Generally we know. Generally a lie is me and you both pretending to believe in something that’s untrue, and then agreeing not to talk about it.” Taking care of baby, p. 26, Oberon Books London, 2007. Dr Millard [...] “Alors vous croyez vraiment que c’est possible pour un être humain de mentir à un autre être humain ? En règle générale, non. En règle générale on le sait. En règle générale un mensonge c’est simplement vous et moi qui faisons mine de croire en quelque chose qui n’est pas vrai, et qui nous mettons d’accord pour ne pas en parler.” Occupe-toi du bébé, L’Arche, Paris, p. 22. Définition Le théâtre Verbatim est un théâtre qui, depuis les années 1990, s’est développé de manière exponentielle, principalement en Angleterre. On compte parmi ses auteurs les plus emblématiques les Anglais Richard Norton-Taylor, auteur de Half the Picture et Bloody Sunday, Robin Soans, auteur de A State Affair et Across the Divide, et David Hare, auteur de Stuff Happens. Mais il attire aussi des auteurs d’autres nationalités tels que l’Allemand Klaus Pohl, auteur de Waiting Room Germany, ou le Français Michel Vinaver, auteur de 11 Septembre 2001. Présenté comme “théâtre citation” [Verbatim], une de ses caractéristiques est d’affirmer que tout ce qu’il rapporte est authentique : les pièces sont un montage de propos extraits de rapports de commissions d’enquête parlementaires, d’émissions télévisées ou d’interviews réalisées par l’auteur ou par les acteurs. [...] Jérémy Mahut, in “Figuration du pouvoir politique dans le théâtre Verbatim”, mardi 18 mai 2010, www.raison-publique.fr. Le théâtre verbatim est un mélange séduisant (alléchant) de faits journalistiques et d’immédiateté théâtrale : comme tout art des plus respectables, il propose de distraire tout en instruisant. Et il prétend dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Mais ne vous y trompez pas. La réalité, bien sûr, est plus complexe. Comme tout autre théâtre, le théâtre verbatim est le résultat d’une mise au point et d’une sélection soigneuses. Plus il se vante de sa nature factuelle, plus vous devriez être sceptique. Aleks Sierz1 Verbatim theatre in Britain today, 2004. 1 Aleks Sierz : auteur (In-Yer-Face Theatre: British Drama Today (Faber, 2001), The Theatre of Martin Crimp (Methuen, 2006), professeur à l’Université de Boston. 17 Entretien avec Dennis Kelly / Aleks Sierz [...] Derek Paget1 : pourquoi avez-vous choisi d’écrire la pièce “fiction” Occupe-toi du bébé dans une forme de pièce de théâtre verbatim, et que pensez-vous avoir accompli en choisissant ce parti pris ? Dennis Kelly : Occupe-toi du bébé est une pièce étrange. En Angleterre, le théâtre documentaire était très répandu à l’époque où j’ai écrit la pièce. Bien sûr, le théâtre documentaire est un théâtre construit à partir d’interviews. Je voulais écrire une pièce de ce genre, mais je voulais tout inventer. J’ai donc écrit une “pièce verbatim”. En fait, j’ai affirmé qu’il s’agissait d’une pièce verbatim, sauf que les personnages n’existent pas et que j’ai tout inventé. Mais je voulais écrire sur la vérité. [...] J’avais le sentiment que la vérité était d’une certaine manière menacée dans notre vie publique. Que les choses soient fausses, cela n’avait aucune importance. Si les médias pouvaient prouver la véracité d’une information, alors elle devenait vraie. Une fois que j’avais fait l’expérience de cela, je voulais aller encore plus loin. J’ai pensé que le meilleur moyen d’écrire sur la vérité serait de mentir. J’ai donc écrit une pièce verbatim qui n’était pas vraie. En Angleterre, nous avons eu le cas de six femmes qui ont été emprisonnées pour avoir assassiné leurs enfants, alors qu’il s’agissait en réalité de morts subites du nourrisson, de cause naturelle. L’une d’entre elles s’appelait Sally Clark. J’ai donc utilisé cette histoire. Mais quand j’ai commencé la pièce, j’ai fait des recherches et j’ai dû tout arrêter car je me suis dit que si je voulais mentir, alors il fallait que je mente sur toute la ligne. J’ai également pensé que je n’avais pas le droit de faire des recherches : il s’agissait de personnes réelles et de vies vécues. Je n’avais pas le droit d’induire qu’aucune d’entre elles n’étaient coupables ou innocentes.[...] Le plus étrange est que si le public savait que l’histoire n’était pas vraie, alors les gens trouvaient cela très drôle. Mais quand ils l’ignoraient, s’ils pensaient que tout était réel, il y avait un froid glacial dans la salle. C’était une expérience étrange, c’était bizarre. Je crois que les critiques dans l’ensemble ont compris que rien n’était réel, bien que l’un d’entre eux ait parlé du fameux cas “Donna McAuliffe”. Mon intention n’était pas de mentir aux gens. Je voulais qu’au départ ils pensent qu’il s’agissait d’une pièce verbatim et qu’ils se rendent compte au milieu de la pièce que ce n’était pas le cas. Mais en fait, beaucoup de gens quittaient le théâtre en pensant que tout était vrai, ce qui peut-être est dû à une faiblesse de la pièce. Mais je pense qu’il faut pouvoir prendre ce genre de risques. Extrait de “Narrative in Contemporary Drama, Dennis Kelly in conversation with Aleks Sierz”, 19e Conférence Annuelle de la Société Allemande pour le Théâtre Contemporain Anglophone, Paderborn, juin 2010. 1 Derek Paget : auteur (True Stories ?: Documentary Drama on Radio, Screen and Stage (1990) et No Other Way To Tell It : Dramadoc/docudrama on Television (1998), professeur à l’Université de Reading. Plusieurs spécialistes questionnent Kelly lors de cet entretien. 18 Entretien avec Dennis Kelly / Patricia Benecke 1 Un entretien avec l’auteur étranger de l’année, Dennis Kelly, sur l’Angleterre avant et après la crise financière, la désillusion de sa génération et sur les vertus de ne pas comprendre entièrement sa propre pièce. [...] Patricia Benecke : Y a-t-il des expériences de Occupe-toi du bébé que vous avez intégrées dans Orphelins, votre nouvelle pièce ? Dennis Kelly : Une des expériences positives de Occupe-toi du bébé a été de ne pas avoir en fait complètement compris la pièce (il rit)... Le metteur en scène anglais m’a demandé : “Tu veux dire qu’il n’y a pas de vérité empirique ? – Je ne crois pas que je veuille dire cela. – Alors tu veux dire qu’il y a une vérité empirique ? – Je crois que je ne veux pas dire ça non plus.” À la fin, j’ai tout simplement dit que je ne savais pas ce que je voulais dire, mais que je savais que je voulais le dire (il rit). L’énoncé de toutes mes pièces antérieures me semblait très direct, clair, mais aussi limité. Occupe-toi du bébé a dépassé l’horizon de ma propre pensée. Je crois que j’y suis parvenu aussi dans Orphelins ; il y a des choses qui sont présentes mais que je n’arrive pas à formuler avec des mots, mais elles restent palpables comme émotions ou sentiments, et les gens y réagissent. Mes pièces antérieures étaient plutôt optimistes. J’étais un peu inquiet car j’avais l’impression de me cacher derrière ces moments d’optimisme – pour ceux qui espèrent, comme moi, que la femme dans Occupe-toi du bébé n’a pas tué l’enfant, sa grossesse devient un Happy End. Dans Amour et argent, il y a un monologue final sur l’amour ; même si on sait que cette fille va se suicider, c’est une pointe d’espoir. Je ne voulais pas de cela dans Orphelins. Cela donne l’impression d’une pièce noire et sinistre (il rit), mais elle ne l’est pas. La première aura lieu au Festival d’Édimbourg, puis elle sera représentée à Londres. [...] P. B. : Comment, selon vous, les dramaturges anglais ont-ils accompagnés les événements politiques de la dernière décennie ? D. K. : Je crois qu’au début du siècle, le théâtre britannique a eu des ratés. L’un des plus gros problèmes est, qu’à quelques exceptions près, les pièces des années 90 ont été écrites d’un point de vue politique avec un petit “p” [...] Quand j’ai fait mes études dans les années 2000, personne n’avait d’idéologie, la fin des années 90 a été en quelque sorte très apolitique. Et cela se reflète dans de nombreuses pièces de l’époque [...] Mais, lorsqu’en 2001, les idiots de la Maison-Blanche ont réagi aux attentats des tours jumelles, et qu’ici [en Angleterre] les hommes politiques se sont stupidement ralliés à leurs positions, notre théâtre n’a pas réagi comme il fallait, et là, je me suis fâché. P. B. : On a continué à regarder son évier de cuisine ? D. K. : Face à ces grands changements et défis politiques, le théâtre a continué à exhiber sur scène la vie dans les HLM et des lieux communs du genre “le racisme est mauvais” ou “c’est difficile d’être jeune et au chômage”, etc. Il est évident qu’il faut écrire là-dessus, mais les incroyables bouleversements actuels sont restés sans commentaires de la part des auteurs. J’avais l’impression qu’on clapotait dans la pataugeoire, alors que Rome était en train de brûler ! Cela a changé en 2005-2006 : tout d’un coup, il y a eu en Angleterre beaucoup de pièces politiques sur le 11 septembre, l’Irak, l’islam, etc. 1 . Metteur en scène allemande travaillant en Angleterre (elle a notamment présenté Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran d’Éric-Emmanuel Schmitt au Bush Theatre en 2006 et Journée de noces chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad en 2008 au Soho Theatre à Londres). 19 J’ai commencé à écrire Occupe-toi du bébé en 2005, et, au début, mes recherches ont porté sur les attentats à la bombe de Londres, parce que le mot-clé “vérité” m’intéressait dans ce contexte. Mais j’ai réalisé assez vite que j’avais déjà tout exprimé de ma colère dans l’écriture [cf. Osama the Hero]. Quand on écrit sans motivation intérieure sur un sujet qui occupe tous les autres auteurs, on est face au danger de ne parler des choses que pour donner plus de poids à sa pièce, et cela peut sonner faux. Écrire sur les relations entre les êtres est aussi important que d’écrire sur le 11 septembre, je crois (il rit). Or quand des théâtres annoncent : “Nous voulons des pièces politiques sur tel ou tel sujet”, les auteurs se sentent obligés d’y aller et, souvent, ils écrivent des choses pour lesquelles ils ne brûlent pas. La mise en scène de Stephan Kimmig de la pièce Amour et Argent a été invitée au Theatertreffen 2010. Article extrait du Jahrbuch 2009/2010 de la revue Theater Heute. Traduit de l’allemand par Christine Seghezzi. 20 Identity Crisis Dennis Kelly écrit des textes comiques pour la télévision. Il écrit également des pièces “sérieuses” pour le National Theater. Pourquoi continue-t-on de considérer ces deux activités comme incompatibles ? “Il y a quelques années, quand j’ai commencé ma carrière d’auteur de théâtre, j’ai rencontré un metteur en scène pour parler d’une pièce que je venais d’écrire, Fifty- Three Million Miles. L’action se déroulait en partie dans des logements sociaux, dans une salle d’entretien de la Nasa, et dans une capsule spatiale posée sur Mars. “Tu fais très bien le logement social”, m’a dit le metteur en scène. “Tu devrais t’en tenir au logement social.” J’ai été un peu surpris, mais j’ai respiré un bon coup et je lui ai répondu que bien qu’ayant grandi dans un HLM, cela ne voulait pas dire que mon monde se réduisait nécessairement à cela, et qu’il y avait beaucoup d’autres choses dont j’avais envie de parler. “Les pièces HLM sont bonnes non ?”, m’a-t-il dit. “Fais du HLM, Dennis”. Ce fût ma dernière pièce située dans des logements sociaux. Et maintenant, en parallèle de mon activité d’auteur de théâtre, j’écris aussi pour la télévision, une sitcom qui s’appelle Pulling. Pour certaines personnes, qu’un auteur de théâtre écrive pour une série télé est une chose très bizarre. Mes pièces ne sont pas des comédies, et Pulling n’est pas théâtrale du tout. Ce n’est pas non plus un petit boulot pour payer le loyer – j’ai inventé les personnages avec mon co-auteur Sharon Horgan. Nous écrivons ensemble, nous co-produisons ensemble : c’est notre série. Et pourtant, j’évite maintenant de dire aux gens qui travaillent dans le milieu de la télé que j’ai aussi une vie dans le monde du théâtre. Les gens de théâtre finissent par penser que Pulling doit être une fiction dramatique, et sont déterminés à m’ignorer quand j’essaye de leur dire le contraire. Et récemment, quand un directeur de programme m’a posé des questions sur l’intrigue de ma pièce DNA, il me l’a demandé avec un grand sourire entendu. Quand j’ai eu fini de lui expliquer – il s’agit d’un groupe d’ados qui commettent une action très grave, et qui étouffent l’affaire – le sourire était toujours là, mais ses yeux disaient – je ne comprends pas, qu’est-ce qu’il y a de drôle là-dedans ?” Est-ce incompatible d’écrire pour la télévision et pour le théâtre ? Doit-on s’attendre à ce que les auteurs de théâtre écrivent toujours la même chose ? J’ai démarré plus tard que la plupart des écrivains. (J’ai commencé ma première pièce Débris à 30 ans, ce qui fait officiellement de moi un vieux schnoque en tant qu’auteur de théâtre.) Et j’ai certainement aussi démarré plus têtu que les autres : très vite est née de mon entêtement la décision de ne pas écrire des pièces qui se ressemblent. Débris avait pour thème une famille dysfonctionnelle, mais quand je me suis mis à écrire Osama le héros, la guerre en Irak venait d’avoir lieu ; il me semblait inconcevable de continuer à écrire sur la famille. Quand j’ai commencé à écrire Occupe-toi du bébé, pièce ayant pour thème une mère injustement emprisonnée pour le meurtre de ses enfants, je voulais écrire sur la vérité, et c’est donc devenu une pièce verbatim, basée sur des témoignages apparemment réels. (En réalité, j’avais tout inventé ; mentir semblait la meilleure solution pour parler de la vérité.) La forme et la structure de chacune de ces pièces se sont avérées différentes du fait que leurs sujets nécessitaient une manière différente de raconter l’histoire. En tant qu’écrivain, il existe une peur que cette flexibilité soit la cause d’une perte d’identité. Mais l’un de mes auteurs préférés est Caryl Churchill, quelqu’un qui se 21 réinvente à chaque nouvelle pièce : Far Away et A Number auraient pu avoir été écrites par deux écrivains différents, et en même temps n’auraient pu être écrites que par Churchill. [...] Une bonne part de notre identité, en tant qu’individus et en tant qu’écrivains, est faite de vieilles petites choses auxquelles nous nous accrochons. Nous ne sommes peut-être pas intimement convaincus de leur importance, mais nous sommes effrayés de ce qui pourrait se produire si nous les laissions tomber. Au théâtre, il est temps de laisser les nouveaux écrivains être qui ils veulent être, sans les forcer à prendre des décisions artificielles sur qui ils sont ou sur ce qu’ils sont censés écrire. Si, en tant qu’écrivains, nous n’avons pas le courage de dire “mais ce n’est pas moi”, alors peut-être que nous méritons notre sort – et même si cela signifie toute une vie passée à écrire “des pièces HLM”. [...] Dennis Kelly The Guardian, 28 Février 2008. 22 Dennis Kelly Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), il intègre vers l’âge de 20 ans une jeune compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des études universitaires au Goldsmiths College de Londres. S’il dit n’y avoir guère appris en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Ses textes, conjuguant le caractère provocateur du théâtre in-yer-face1 et l’expérimentation des styles dramatiques les plus divers pour approcher les problématiques contemporaines aiguës, le font rapidement connaître. Après Débris en 2003 (créée au Theatre 503 à Londres), il écrit Osama the Hero (Young Vic Theatre, Londres, 2004), After the end (Bush Theatre/Compagnie Paines Plough, Londres, 2005, tournée à Saint-Pétersbourg, Moscou et New York), Love and Money (Royal Exchange, Manchester/Young Vic, Londres, 2006), Taking care of Baby (Birmingham Rep/Hampstead Theatre, Londres, 2007, qui reçoit le John Whiting Award), DeoxyriboNucleic Acid/D.N.A. (National Theatre Connections Festival, Londres, 2007), Orphans (Traverse Theatre, Édimbourg/Birmingham Rep/Soho Theatre, Londres, 2009), The Gods Weep (Hampstead Theatre/Royal Shakespeare Company, Londres, 2010). Pour le théâtre, il adapte également La Quatrième Porte de Péter Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart Hauptmann, plus récemment Le Prince de Hombourg de Kleist (Donmar Warehouse, Londres, 2010). Pour la radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 Shares (BBC Radio 4, 2005), pour la télévision, co-signe (avec Sharon Horgan) le scénario de la série Pulling (Silver River/BBC 3, 2006-2009). Dernièrement, il a signé le livret de Matilda, A Musical d’après Roald Dahl (Royal Shakespeare Company, 2010) et achevé son premier scénario cinématographique : Blackout (Big Talk/Film 4). Son oeuvre est régulièrement traduite et créée en Allemagne, où il est élu meilleur auteur dramatique 2009 par la revue Theater Heute. En France, Débris (trad. Philippe Le Moine et Pauline Sales, Théâtrales/Traits d’union, 2008) a été lue à plusieurs reprises (notamment au Festival d’Avignon 2008 par Patrick Pineau, créée par Wladimir Steyaert à la Comédie de Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. Philippe Le Moine, inédite en français) a fait l’objet de lectures dirigées par Guillaume Vincent (Festival actOral 7, La Colline, 2008) ou Simon Delétang (Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009). Mon prof est un troll (trad. Philippe Le Moine et Pauline Sales) a dernièrement paru à L’Arche éditeur (coll. Théâtre Jeunesse, 2010). 1 . Du mouvement théâtral britannique in yer face, “dans ta gueule”, (théâtre dit d’affrontement, ne ménageant jamais son public, ayant souvent recours à un langage et à des images crus et parlant de la vie contemporaine. Ses représentants sont, entre autres, Martin Crimp, Sarah Kane, David Harrower, Mark Ravenhill...). Source : www.theatre-contemporain.net 23 Annexe Cot deaths and justice Crown prosecutors use Sir Roy Meadow as their expert witness in infant fatalities. They shouldn’t. John Sweeney The Observer, Sunday, 15 June 2003 ‘Did you kill your babies?’ A whisper came from the crumpled figure in the dock: ‘No.’ The whisper grew louder: ‘No, no.’ It was as if we were witnessing torture in Reading Crown Court. It is hard to imagine a crueller inquisition than that which faced Trupti Patel: a mother loses three babies in cot death and then goes through the hell of being accused of murdering them. On the day the Reading jury threw out the case - signalling their contempt by deliberating for just 90 minutes - the Crown Prosecution Service told reporters it had a duty to prosecute and, later, that its star witness, Professor Sir Roy Meadow, is still considered to be an expert in his field. The Patel prosecution, and that of seven other British women tortured like Mrs Patel - Angela Cannings, Donna Anthony, Margaret Smith, Julie Ferris, Maxine Robinson, and two I cannot name - rested on an edifice constructed by one man, Meadow, whose law is: ‘Unless proven otherwise, one cot death is a tragedy and two is suspicious and three is murder.’ This is barbarity, and it’s a grave charge to make against a professor, a knight and the first president of the Royal College of Paediatrics and Child Health, but it needs to be set out if we are to end the agony Sir Roy has put far too many innocent mothers through. Some mothers do murder their babies. Meadow has said of these women: ‘Sometimes, it makes me physically sick when I get involved with a case, I’m just not eating. I vomit.’ Meadow believes up to 20 per cent of cot deaths are, in fact, murders. (Fellow hawk, Professor Michael Green, believes that figure is up to 40 per cent.) The biggest study of cot death found that murder was the most likely explanation in just 2 per cent. But there is no doubting Meadow is the best prosecution witness. It’s his air of resigned detachment when he deems the cot deaths are ‘not natural’ that does for mothers. ‘Sudden, unexpected death does not run in families,’ Meadow told the Trupti Patel jury. In other words, sudden, unexpected deaths - cot deaths - are not caused by any genetic factors. This is just plain wrong. When a baby is born, it is protected by the mother’s immune system. As the baby grows, Mum’s immune system fades away and the baby’s switches in. But if the gene is faulty, then the immune system doesn’t kick in - and the baby is prey to any infection going. Dr David Drucker and his team at Manchester University have been looking for the fault in the gene. In 2001, they found one - or part of it: if a mother has a particular form of the IL-10 gene, then the child is several times more likely to suffer a cot death. Drucker’s faulty gene and what Meadow told the Patel jury don’t square. One has to be wrong. Drucker told BBC 5Live Report in 2001 that Meadow’s Law is ‘scientifically illiterate’. Intellectually, you can test the theory of genetic inheritance right now. Do certain looks, features, run in your family? If you inherit your looks, is it possible that you could also inherit genetic defects? Of course it is. What Meadow says - no genetic explanation for cot death - confounds common sense. So what is his backing? He told the Sally Clark jury - the most infamous case where he 24 put a cot death mother on the rack - that he had written a paper on 81 cases of murder originally found to be cot deaths. The Sally Clark defence wanted to look at his 81 cases. They got a strange reply from the CPS: ‘It now seems that most of the raw material on which Sir Roy’s paper was based has been destroyed.’ Meadows explained: ‘I retired from my academic and clinical post in Leeds last September, at which time all confidential research material which might allow identification of individuals was shredded.’ We are not talking about one miscarriage of justice averted in the case of Mrs Patel. What has happened is a whole category of miscarriages. His theory reverses the simple test of justice - that someone is innocent until proven guilty - and is based on nothing anyone else can check. It’s a witch-hunt that has gone around the world. Catherine Folbigg has just been jailed in Australia for killing her four babies. One baby had epilepsy, one a heart condition, one an airway problem ... but her husband disowned her. The fact of two or three dead babies is proof enough: ‘She must have done it.’ The newspapers used to be relied upon to stick the boot in. Don’t forget the Daily Mail‘s headline after Sally Clark was convicted: ‘Driven by drink and despair, the solicitor who killed her babies.’ But what happens if she didn’t? If there’s no evidence of abuse, no marks, no history of violence to the baby or, in fact, any other person - like Angela Cannings, condemned by Meadow as a child murderer and currently rotting her life away in prison while her surviving child grows up without her mother? After Angela’s third baby died in 1999, her husband, Terry, told me: ‘Matthew was pronounced dead and the doctor - a good friend that’s dealt with all my children quietly whispered in my ear. He just said: “Terry this is the third. Expect crap now.” ‘[The police] arrived at the door and detective sergeant Rob Finley just sort of knelt on his knee, held Angela’s hand and he said “I’m sorry but I’ve got to arrest you on the suspicion of three deaths: Gemma, Jason and Matthew.” And Angela... it was like she was shot... shot in the kneecaps.’ Sally Clark’s second baby to die, Harry, was killed because of an overwhelming staphylococcal aureus infection. Doctors found Staph A on two of Angela Cannings’ dead babies but samples for the third baby have been lost. Michael Patton, professor of genetics at St George’s Hospital, Tooting, identified nine cot deaths or near cot deaths in Angela’s family tree - and still the jury convicted. Was the Cannings jury influenced by Meadow’s killer stat, that the chances of two babies dying naturally for a posh mum like her were 73 million to one? For the benefit of the CPS who say they will continue to use Meadow, let us unpick ‘73 million to one’. Meadow took the risk of one baby dying in a middle-class, non-smoking home and multiplied - 8,500 to one - and multiplied it by itself to get to 73 million to one. You can’t do that unless the two risks aren’t linked. Same mother, risks are linked, the stat’s a joke. ‘ Just plain wrong,’ said Peter Donnelly, professor of Statistical Science at Oxford University; ‘Atrocious,’ said Brian Lowry, professor of Genetics at Calgary University. Meadow has done it before. Donna Anthony was a working class smoker when her two babies died. He told Donna Anthony’s jury that the chances of her babies dying naturally were one million to one. There were no marks on the babies. She’s still in prison, serving life. Donna’s lawyer, George Hawkes, said: ‘She was convicted of murder on the basis of a statistic and that is frightening.’ Jean Golding - professor of Epidemiology at Bristol University - is one of a tiny number of academics who have the courage to condemn Meadow outright. For BBC R4’s File on Four, nine months before the Patel case, she told me that Meadow’s method was ‘like stamp-collecting’. Should he give evidence in criminal trials? ‘I’d rather he didn’t.’ 25 But he did and, had the Reading jury not been so magnificent, Mrs Patel could be in jail. The CPS has no duty to bring cases on the evidence of Professor Sir Roy Meadow. He is a rogue witness. It is a form of child abuse for the state to jail a child’s mother for no good reason, as happened to Sally Clark and is happening right now to Angela Cannings’ daughter. And that child abuse makes other people - not just Meadow vomit too. 26 www.theatre-contemporain.net Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène Olivier Werner Avec : Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable d’un double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct: certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts: la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public. Témoignages réels ou fiction? Dans Occupe- toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment d’importance: l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. © Élisabeth Carecchio Coproduction Théâtre National de la Colline, Le Préau Kevin Briard (Lumières) , Frédéric Bühl (Création son) , Jean-Pierre Gallet (Scénographe) , Marie Lounici (Assistant(e) à la mise en scène) , Marina Masquelier (Vidéo) , Olivier Werner (Scénographe) Le Théâtre Verbatim Le théâtre verbatim est un mélange séduisant de faits journalistiques et d’immédiateté théâtrale: comme tout art des plus respectables, il propose de distraire tout en instruisant. Et il prétend dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Mais ne vous y trompez pas. La réalité, bien sûr, est plus complexe. Comme tout autre théâtre, le théâtre verbatim est le résultat d’une mise au point et d’une sélection soigneuses. Plus il se vante de sa nature factuelle, plus vous devriez être sceptique. Aleks Sierz “Verbatim theatre in Britain today”, 2004 Le théâtre verbatim est un théâtre qui, depuis les années 1990, s’est développé de manière exponentielle, principalement en Angleterre. (...) Présenté comme “théâtre citation” (verbatim), une de ses caractéristiques est d’affirmer que tout ce qu’il rapporte est authentique: les pièces sont un montage de propos extraits de rapports de commissions d’enquête parlementaires, d’émissions télévisées ou d’interviews réalisées par l’auteur ou par les acteurs. (...) Le théâtre verbatim cultive les paradoxes: celui de faire tomber des masques alors que le théâtre est créateur de masques, celui d’être authentique alors que le théâtre est le lieu de l’illusion, enfin celui d’être objectif alors qu’il est un art, et que tout art est subjectif. C’est pourquoi il oscille entre théâtre d’information et théâtre politique, entre objectivité et subjectivité, sans qu’un type de figuration ne l’emporte jamais réellement sur l’autre. Jérémy Mahut “Figuration du pouvoir politique dans le théâtre verbatim”, mardi 18 mai 2010 Photos du spectacle © Élisabeth Carecchio EVENE.FR Occupe-toi du bébé [Théâtre - Contemporain] Lieu : Théâtre de la Colline - Paris Dates : du 15 Janvier 2011 au 5 Février 2011 Présentation Un dramaturge invite sur scène les acteurs d'un fait divers. Donna, jugée irresponsable d'un double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct : certains témoins se souviennent en public, d'autres ont écrit ou accepté d'être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu'il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public. De Dennis Kelly. Mise en scène d'Olivier Werner. Avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez. La critique par Patrick Sourd Auteure d’un double infanticide, Donna retrouve sa pleine liberté à l’issue d’un procès où la justice désigne la jeune mère irresponsable. De ce fait divers retentissant, l’auteur anglais Dennis Kelly réunit dans ‘Occupe –toi du bébé’, comme autant de pièces à conviction, les témoignages écrits et filmés des protagonistes de l’affaire. On connaissait le « théâtre documentaire » qui fait intervenir les « vrais gens » sur le plateau. Voici le « théâtre verbatim », nouveau concept auquel se réfère Kelly pour faire interpréter sur scène par des comédiens les mots du réel. C’est dans un studio, équipé d’une caméra vidéo et d’un grand écran de projection que le metteur en scène et acteur Olivier Werner et sa troupe nous donnent rendez-vous. Bienvenue dans ventre de la machine audiovisuelle. Un dispositif apte à questionner l’authenticité du monde des images et la valeur du montage des interviews. La pièce se déroule comme une enquête policière et chaque confession (de Donna, de sa mère, de son mari et d’un médecin qui s’est penché sur son cas) s’avère une nouvelle pièce d’un puzzle qui interroge les liens troubles entre la fiction et le réel. Un bel exercice de style qui transforme en théâtre les faux-semblants d’un jeu de la vérité où chaque point de vue recèle jusqu’au bout une irréductible part d’ombre. DEC 10 Mensuel OJD : 28884 4 RUE DU TEXEL 75014 PARIS - 01 40 47 44 00 Surface approx. (cm²) : 95 N° de page : 22 Page 1/1 théâtre PARIS 120'} Du 8 Janvier au 5 février 2011 L'impudeur rédemptrice Angleterre, années2000 Donna a été acquittée du meurtre de sesdeux enfants en bas âge Sujette à un syndrome psychologique, elle n'a pas été reconnue responsable Maîs un dramaturge continue à enquêter ll invite sur le plateau les protagonistes du fait divers Donna, sa mère, son man, son médecin Certains ont écrit, d autres ont accepté d'être filmés Ou sommesnous9 Que voyons-nous9 Du théâtre documentaire9 La représentation d une emission deteleréalité9 Que deviennent la vérité, la véracité, le mensonge, le temoignage la sincérité, la fiction9 Toutes ces catégories traversent I histoire de la conscience occidentale aujourd'hui, I exposition médiatique, à l'infini des flux et des réseaux, bouscule-t-elle leurs essences, leurs frontieres, leurs réceptions9 Occupe-toi du bébé a été créé en 200yaLondres OlivierWerner met en scène cette pièce de Dennis Kelly Iphoto), 40 ans célèbre en Grande-Bretagne maîs relativement peu connu en France ll se demande si les personnes qui exposent leur vie privée viennent chercher une rédemption Que peuventils gagner9 Qu est-il possible d assumer et de transmettre7 Dennis Kelly pose des mots sur de nombreux silences «En règle générale, un mensonge, e est simplement vous et moi qui faisons mine de croire en quelque chose qui n est pas vrai et qui nous mettons d'accord pour ne pas en parler » Christophe Bident Avoir > Occupe-toi du bébé, de Dennis Kelly, mise en scene d Olivier Warner, Theâtre de la Colline (petit theâtre), 15, rue Malte Brun Paris 20, du 8 janvier au 5 fevrier iVbinimtationspage 21 ] COLLINE 1444426200504/GTG/AVH/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 29 DEC/04 JAN 11 Hebdomadaire Paris Surface approx. (cm²) : 139 N° de page : 22 6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF 75212 PARIS CEDEX 13 - 01 56 79 36 82 Page 1/1 Invitations Les invitations sont accessibles sur Internet uniquement : www.telerama.fr/mvitations ûanse ID Entidades, Suite Funk Soirée Telerama Sortir le 7 jan., 21 h, et matinée le 9 jan, 17h, Théâtre Jean-Vilar, 92 Suresnes Location • 01-46-97-98-10 Dans le cadre du festival Suresnes Cites Danse, la compa gnie brésilienne de bip hop Urbana de Dança sous la hou lette de la chorégraphe Sonia Destn, présente une soirée haute en energie avec trois pieces électriques comme le sont les jeunes interprètes masculins de cette troupe carioca R.B. Théâtre Ândromaque Soirées Telerama Sortir les 8 et 13 jan., 20h30, Comédie-Française Location 0825-10-16-80 (0,15 €/mm). Muriel Mayette éclaire la grande tragédie politique et intime de Racine et fait entendre avec une rigueur et une précision remarquables les vers du poète La scénographie a de la dou ceur et de l'élégance Les comédiens, au plus près du souffle du texte et parmi eux Enc Ruf (Pyrrhus), Clément Hervieu-Leger (Oreste) et Aurelien Recoing sont excellents S.B.-G. Occupe-toi du bébé Matinée Telerama Sortir le 16 jan , 16h, et soirée le 19 jan., 21 h, Théâtre de la Colline, 19'. Location • 01-44-62-52-52 Du théâtre documentaire tel qu il s en ecnt souvent en Angle terre montage d'extraits de commissions d'enquête d'émissions de télévision ou de journaux. Dennis Kelly enquête, le jugement officiel une fois rendu, sur un fait divers Donna est accusée d'un double infanticide Mise a nu publique ' Témoignages réels ou fiction ? "ttyala vente et ce, que les gens croient être la vente, tout est question de point de vue', écrit le dramaturge anglais Entre vente et fiction, quelle place pour le metteur en scène •" S B.-6. Têtes rondes et têtes pointues Soirées Telerama Sortir les 20 et 21 jan., 19h30, Théâtre Gerard-Philipe, 93 Saint-Denis Location • 01-48-13-70-00. Pour tenir a distance un soulèvement populaire au pays du Yahoo, I Etat divise le pays en deux peuples ennemis dont l'un sera désigne comme responsable de tous les maux. Brecht fait de sa piece une parabole grotesque et fantaisiste II deconstruit la manipulation politique La mise en scène de Christophe Rauck tient I Histoire et l'actualité a distance et fait de cette piece un ' conte d'horreur ' construit comme un livre d images articule et rythme par de nombreuses chansons S.B.-G. Enfants La Belle au bois Soirées Telerama Sortir les 11 et 15 jan , 20h30, et matinée le 12 jan., 14H30, Scène Watteau, 94 Nogent-sur-Marne. Location • 01-48-72-94-94. Le collectif Quatre Ailes met en scène le conte détourne de Jules Supervielle ou les personnages célèbres des contes de Charles Perrault se rencontrent la Belle, Barbe Bleue, le Chat botte Pendant la représentation, les personnalités évoluent et se libèrent de leur destin Une scénographie ludique et des images video créent une feene étonnante F.S -M. EŒi Bravo EU BienQ Pas mal COLLINE 7614066200507/GAD/OTO/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline JAN 11 Mensuel OJD : 79345 Surface approx. (cm²) : 334 4 AVENUE DE CORBERA 75012 PARIS - 01 53 02 06 60 Page 1/1 enrreiien / OLIVIER WERNER LA CONFESSION COMME POSTURE MÉDIATIQUE OLIVIER WERNER MET EN SCÈNE ET INTERPRÈTE OCCUPE-TOI DU BÉBÉ, DU DRAMATURGE BRITANNIQUE DENNIS KELLY. UNE « PIÈCE DOCUMENTAIRE » FICTIONNELLE QUI PASSE PAR L'ILLUSION POUR TENTER D'ATTEINDRE LA VÉRITÉ. Quel est le thème d'Occupe-toi du bébé? Olivier Werner : Dennis Kelly a construit Occupetoi du bébé autour d'un fart divers, plus précisément autour de l'enquête qu'il effectue lui même à propos d'un fait divers le double infanticide commis par Donna II situe le début de la pièce après que cette mère a été acquittée à l'issue d'un procès en appel au cours duquel les preuves de sa culpabilité son jugées insuffisantes Suite à ce jugement, l'auteur interroge, en direct, les protagonistes de cette affaire... O. W. : Oui On voit défiler devant nous - tout d'abord à travers des monologues filmés qui ne prennent pas en compte le public, puis à travers des confessions qui, cette fois-ci, sont adressées à Pintervieweur situé parmi les spectateurs - les personnages de la piece la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le docteur Millard, qui tente de prouver que Donna est atteinte d'un syndrome psychologique, syndrome qu'il a découvert et qu'il souhaite voir reconnu par la société scientifique, Martin, l'époux de Donna, qui refuse de parler et menace Dennis Kelly de poursuites judiciaires Chacun s'exprime selon sa propre perception et ses propres intérêts Seule Donna semble ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public A traverse cette pièce, Dennis Kelly place donc face à face la quête de la vérité et le jeu de la médiatisation... O. W. : C'est ça En se saisissant d'un fait divers qui n'est pas le sujet de la pièce, l'auteur aurait pu choisir n'importe quel autre crime - Dennis Kelly nous montre comment les médias mstrumentalisent les histoires les plus sordides pour faire de l'audience, comment les gens réels y trouvent leur compte lorsqu'ils acceptent de jouer le jeu II est très difficile d'échapper aux sirènes de la médiatisation II est très difficile, devant une caméra, de ne pas devenir un personnage qui cherche avant tout à répondre aux attentes du public, un personnage attrayant, séducteur, qui tient son auditoire en haleine, qui a pour principal ambition de lui donner des émotions Quelle position Dennis Kelly occupe-t-il au sein de sa pièce, devient-il un personnage? O. W. : Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Dennis Kelly refuse de prendre cette position de personnage II s'agit vraiment d'une pièce très singulière, complexe et passionnante, qui ne veut privilégier aucun fil dramaturgique, qui se dérobe à nous en permanence Dennis Kelly joue sans cesse avec ce qu il écrit II ment II dit qu il n'a pas pris la plume C'est évidemment faux La manière dont il construit sa pièce nous amené à penser que peu à peu, ses personnages se retournent contre lui, qu'ils sont placés dans la position de fabriquer eux-mêmes leur propre fiction, car lui refuse de le faire Les personnages s'inventent une raison d'être sur le plateau, leurs discours donnent I impression d'être crées en direct, au moment même ou ils sont prononcés Tous ces trous d'air dans les pnses de parole engendrent de gros effets de réel Je trouve ce procédé d'écnture très intéressant Quel axe particulier votre mise en scène vise-t-elle à éclairer? COLLINE 5752076200505/GCP/MMC/2 « II est très difficile, devant une caméra, de ne pas devenir un personnage qui cherche avant tout à répondre aux attentes . » OIMtrWerner O. W. : Je croîs que par rapport à une telle piece, l'enjeu est de parvenir a se situer dans un entre deux qui nous fasse passer de la plus profonde compassion au sentiment de tromperie Ôar les personnages après nous avoir ouvert leur intimité, après avoir suscité notre empathie, apparaissent comme les plus grands des menteurs C est cet aller-retour permanent entre mensonge et vérité illusion et réalité, que je voudrais parvenir à mettre en évidence Entretien réalisé par Manuel Ptolat Soleymat Occupe-toi au MM de Dennis Kelly (texte français de Philippe Le Moine et Pauline Sales, publié à L'Arche Editeur) , mise en scène d'Olivier Werner Du 8 janvier au 5 février 201 1 Le mardi à 1 9h, du mercredi au samedi a 21 h, le dimanche à I6ti. Théâtre national de la Colline, 15, rue Malte-Brun, 75020 Paris Tel 01 44 62 52 52 En tournée au Préau-Centre dramatique régional de Basse-Normandie du 9 au 11 février 2011. Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline JAN 11 Mensuel Surface approx. (cm²) : 222 223 RUE LAFAYETTE 75010 PARIS - 01 46 07 95 19 Page 1/2 PARIS 2Oèr THEATRE NATIONAL DE LA COLLINE 15, rue Malte-Brun Du 8 janvier au 5 février 2011 Le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21 h, le dimanche à 16h Occupe-toi du bébé de Dennis KELLY Traduction de l'anglais Philippe Le MOINE et Pauline SALES Mise en scène Olivier WERNER Scénographie Olivier WERNER et JeanPierre GALLET Création et régie MASQUELIER vidéo Marina Avec Jean-Pierre BECKER, Aurélie EDELINE, Vincent GARANGER, Marie LOUNICI, Anthony POUPARD, Olivier WERNER, Olivia WILLAUMEZ "C'est incroyable ce qu'on est capable de ne pas voir quand on veut". Un dramaturge invite sur scène les acteurs d'un fait divers Donna, jugée irresponsable d'un double infanticide, a été relaxée Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct certains témoins se souviennent en public, d'autres ont écrit ou accepté d'être filmés Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu'il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de COLLINE 9476117200502/GYP/MMG/2 poursuites judiciaires Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nu en public Témoignages réels ou fiction ? Dans Occupe-toi du bébé, la vente n'a pas vraiment d'importance l'aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible Dennis Kelly explore les mécanismes de la fictionréalité Olivier Werner, metteur en scène et acteur, interroge au-delà de toute représentation, mais dans la vie même, quels sont les enjeux du témoignage public ? Alors que la représentation de soimême n'a jamais autant fait recette, quand l'attrait de la rédemption médiatique est si fort, comment ne pas céder aux sirènes de la représentation ? Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline JAN 11 Mensuel Surface approx. (cm²) : 222 223 RUE LAFAYETTE 75010 PARIS - 01 46 07 95 19 Page 2/2 affaires, du temps, des poules, rarement d'eux-mêmes, Manuel et Amalthéa s'y croisent pour la première fois, jeunes gens marques au dos par la foudre et qui semBULBUS blent saisis d'un amour gémellaire Pour de Anja HILLING eux, a Bulbus il fait froid, très froid Comme Traduction de l'allemand Henri CHRISpris dans la glace, le temps paraît figé TOPHE Village fantôme d'un passe qui ne peut Mise en scène et scénographie ou ne veut pas passer, Bulbus incarne Daniel JEANNETEAU le symptôme d'une pathologie oublieuse, Collaboration artistique et lumières Mariemise en scène sous la forme d'un conte Christine SOMA mêlant la trivialité du réel au mystère Musique Alexandre MEYER Pour Daniel Jeanneteau et Marie-ChrisCostumes Olga KARPINSKY tine Soma, ce conte a la grâce inquiéAvec Ève-Chems de BROUWER, Dotante des paysages nordiques, mats aussi minique FROT, Johan LEYSEN, Serge MAGGIANI, Julien POLET, Marlène la noirceur d'une trame policière Dans un monde d'apparence simple, il laisse SALDANA affleurer le poids de la mémoire gelée, "Au-dessus autour de nous la glace. qui empêche une génération de succéÀ côté de moi la femme que j'aime. der à l'autre, et la piège dans son désir Je ne sais pas qui elle est, mais elle d'oubli Bulbus somnole, mais laisse percer est nue et moi de même." sous la glace une pulsation de vie Anja À Bulbus, au pied de la montagne, la Hillmg écrit comme on parle, son théâvie suit son cours Ici il y a l'hiver, mais tre, narratif autant que suggestif, est doue la maladie est un mot inconnu et le méd'une vive invention , théâtre d'épiderdecin un être de légende Les gens de Bulbus paraissent simples , le soir, sur mes écorchés et d'émotions brutes, il la piste de curling, ils parlent de leurs est aussi d'une profonde poésie : Du 19 janvier au 12 février 2011 Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15H30 - 0,1,44,6^2,52» COLLINE 9476117200502/GYP/MMG/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 13 JAN 11 Quotidien Paris OJD : 288049 Surface approx. (cm²) : 517 N° de page : 41 80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI 75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00 Page 1/2 Dennis Kelly, révélation d'un dramaturge anglais « Occupe-toi du bébé » met en scène l'insoluble quête de la vérité menée par un reporter autour d'un infanticide La pièce repose sur des interviews menées par un reporter qui enquête en faisant parler les protagonistes Théâtre ne femme est accusée d'avoir tué son enfant Elle est condamnée à la prison à perpétuité, puis innocentée pour manque de preuves irréfutables, à l'issue de son procès en appel Après quatorze mois de détention, elle sort libre du tnbunal Où est la venté ? Qui la détient ? Ces ques lions sont au cœur d'un spectacle exceptionnel, Occupe toi du bébe, présente au Théâtre national de la Colline jusqu'au 5 février, dans une mise en scène d'Olivier Werner Occupe-toi du bébé (Takmg Care of Baby) est une pièce de Dennis Kelly, un Anglais quasiment incon nu en France, maîs très connu en son pays Né en 1970 à Londres, où il vit, il a écrit une petite dizaine de pièces, dont la plus récente, The Gods Weep, a été créée au printemps 2010 par Jeremy Irons Depuis 2005, son théâtre est beaucoup joué en Europe, surtout en Allemagne Olivier Werner l'a découvert grâce a ses amis Pauline Sales et Vincent Garanger, les codirecteurs du Préau, le centre dramatique régional de Vire (Calvados), qui lui ont demande de créer Decu pe toi du bébé Si tous deux sont acteurs, Pauline Sales est aussi auteure et traductrice de Dennis Kelly avec Phibppe Le Moine Jusqu'alors, Olivier Werner avait plutôt rôdé sur les terres de Maeterlinck, Ibsen ou Handke Souvent avec bonheur, et toujours avec un goût pour la parole qui s'exprime sans filtre De ce point de vue, il était servi par la pièce de Kelly, qui n'est pas un grand texte littéraire et n'y prétend d'ailleurs pas C'est ce que les Britanniques appellent du « théâtre Verbatim », soit une forme de théâtre-documentaire Pour l'écrire, Kelly s'est s'inspire de faits divers qui ont U COLLINE 5904776200501/GFS/MPR/1 marque la Grande-Bretagne en zoo? plusieurs cas de mères infanticides Maîs il a tout invente, et construit Occupe-toi du bébé comme un scénario La pièce repose sur des interviews menées par un reporter qui enquête en faisant parler les protagonistes Voici les principaux Donna, la jeune femme dont la mort de son fils lake, à 5 mois, paraît d'autant plus suspecte qu'elle arrive après celle de la petite Megane, trois ans plus tôt, à 9 mois Lynn, la mère de Donna, une femme politique connue, en pleine campagne électorale au moment des faits Le Docteur Millard, un psychologue qui a expertise Donna et conclu qu'elle souffrait d'un syndrome, le SLK, qui pousse des gens, surtout des femmes, à tuer par empathie Tous les trois acceptent de jouer le jeu de l'interview, ce qui n'est pas le cas de Martin Mcauhffe, le man de Donna II résiste jusqu'au dernier moment et finit par accepter de parler, à condition de ne répondre que par « oui » ou par « non » II trouve obscène de s'emparer de la vie des gens, ce qui est aussi le point de vue de Kelly Occupe-toi du bébé dénonce la soif de sang et de larmes, particulièrement exploitée dans les tabloïds bntan niques Maîs ce n'est qu'un des angles de la pièce, et le plus attendu Olivier Wemer a d'ailleurs coupé certaines scènes qui accen tuent, de façon trop appuyée dans le contexte français, la turpitude du journaliste Sinon, le metteur en scène est resté fidèle à l'esprit et à la lettre de la pièce, qu'il situe dans un studio où le reporter visionnerait ses rushes II y a donc, sur le plateau, un grand écran où l'on voit les protagonistes filmés, et le décor du studio, avec des chaises, des canapés et une table avec des rafraîchissements Toutes les scènes ne sont pas filmées, sinon on ne serait plus au théâtre L'intérêt du spectacle repose sur une alternance très maîtrisée de ce double jeu, remarquablement pris en charge par les comédiens, en particulier les trois principaux, Aurélie Edeline en Donna, Vincent Garanger en Doc- teur Millard et Olivia Willaumez enLynn C'est Donna qui commence Elle raconte sa première nuit en prison, les femmes qui l'insultent et menacent de la tuer Souvent, elle se racle la gorge Elle ne dit rien qu'on n'ait déjà entendu, et pourtant, l'oreille est alertée L'histoire semble naître du récit que la jeune femme en fait, comme si elle y était en partie étrangère et cher chait à retrouver un chemin dans les souvenirs, une accroche dans un blanc de sa vie Sa mère, qui parle ensuite, est beaucoup plus directe et lucide quand elle relate la façon dont le Parti travailliste lui a fait savoir qu'il la lâchait, à cause du procès Pourtant, chez elle aussi quelque chose achoppe Les choses sont dites, maîs elles n'expliquent pas tout Deux enfants sont morts De quoi? Comment? Qu'a fait (ou pas) leur mère ? Occupe-toi du bébé avance en spirale autour de cette recherche d'une réponse, qui tient en haleine le spectateur d'une manière aussi irrépressible et troublante que The Staircase (Soupçons, 2005), l'extraordinaire documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, tourne aux Etats-Unis pendant le procès de Michael Peterson Maîs, de réponse, il n'y en a pas, sinon celle de la très personnelle intime conviction La pièce de Dennis Kelly et le spectacle de La Colline montrent bien comment chacun tient son rôle et possède sa venté Maîs ils montrent mieux encore comment la venté, quand elle touche à l'impensable, ne peut vivre sans le mensonge » Brigitte Salino Occupe-toi du bébé, de Dennis Kelly Mise en scène Olivier Werner Avec Jean Pierre Becker Aurélie Edeline Vincent Garanger Marie Loumci Anthony Poupard Olivier Werner Olivia Willaumez Theâtre national de la Colline 15 rue Malte Brun Paris 20' M" Gambetta Tél OI 44 62 52-52 Mardi a 19 heu res mercredi à samedi a 21 heures, dimanche a 16 heures Del3€à27€ Duree I h 45 Jusquau 5 fevrier Tour nee Le Préau centre dramatique régional Vire (Calvados) du 9 au llfévner Le texte est édité à L Arche, 109 p, 12 euros Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 13 JAN 11 Quotidien Paris OJD : 288049 Surface approx. (cm²) : 517 N° de page : 41 80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI 75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00 Page 2/2 Le mensonge vu par le Docteur Millard, un des personnages centraux de la pièce « Les gens se plaisent à penser que nous avons fait évoluer notre intelligence afin de fabriquer des choses, des outils, la roue, la domestication des animaux, mais c'est faux. La seule raison pour laquelle vous avez toute cette intelligence, c'est pour pouvoir deviner ce que les autres cons peuvent bien penser. Alors vous croyez vraiment que c'est possible pour un être humain de mentir à un autre être humain? En règle générale, non. En règle genérale, on le sait. En règle générale, un mensonge c'est simplement vous et moi qui faisons mine de croire en quelque chose qui n'est pas vrai, et qui nous mettons d'accord pour ne pas en parler. » L'acteur Vincent Garanger (Docteur Millard) sur la scène du Théâtre national de la Colline. ELISABETH CARFCCHIO COLLINE 5904776200501/GFS/MPR/1 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline Infanticide, le leurre du théâtre documentaire par Jean-Pierre Thibaudat, le 13 janvier 2011 Face aux faits, que peut le simulacre du théâtre ? Tout. Et d'abord mentir, c'est le garant de sa vérité. La question est vieille comme le jeu de l'acteur. « Le théâtre n'est qu'une pratique millénaire pour éclairer le mystère du jouable », écrit Daniel Sibony [2] (« Le Jeu et la passe », Seuil), cité dans le programme de « Occupe-toi du bébé », une pièce de Dennis Kelly traitant d'un cas supposé de double infanticide – sujet bien connu au théâtre, depuis les Grecs, sous le nom de code « Médée » [3]. Avant d'en venir au spectacle passionnant – réalisé par Olivier Werner [4] à partir de cette pièce –, évoquons l'intéressant naufrage d'un autre spectacle, « Sale août » (…) Le double infanticide anglais Pas le moindre salon d'époque au Théâtre de la colline, mais un studio d'enregistrement vidéo, un écran, le tout sur une scène de théâtre. En écrivant « Occupe-toi du bébé » (difficile de ne pas penser au titre d'une autre pièce de Feydeau, « Occupe-toi d'Amélie » mais cela n'a rien à voir), l'auteur anglais Dennis Kelly [10] (né en 70) a voulu tordre le coup au « verbatim » ou « théâtre documentaire » qui sévit en Angleterre depuis les années 90. Cette maladie contagieuse s'est répandue dans le monde à la manière d'une grippe aviaire, les « english doctors » du Royal Court Theatre [11] la propageant à coups de stages. On n'invente plus, le théâtre doit rendre compte du réel à travers du brut de décoffrage. Entretiens, extraits de rapports, documents d'enquêtes à l'appui. Et pas question de faire un pas de côté. On ne rigole pas au pays du verbatim. “Occupe-toi du bébé”, du théâtre docu ? Non, Kelly a tout inventé Condamnée pour le meurtre de ses deux bébés, Donna va en prison. Lynn, sa mère, ambitieuse politicienne, se saisit de l'affaire, crée un site internet, entend prouver que sa fille est innocente (et du coup faire parler d'elle) en s'appuyant sur un médecin. Elle a gain de cause, sa fille sort de prison après quatorze mois. Un reporter qui doute vient interroger et filmer les protagonistes. Parallèlement Lynn, sur sa lancée, s'est portée candidate aux élections et finira par être élue. Le reporter l'interroge également plusieurs fois ainsi que d'autres personnes (le médecin, le mari de Donna qui lui ne veut pas parler, etc.). La pièce se construit à partir de ces interviews. Comme dans le théâtre verbatim ou documentaire. Sauf que Kelly a tout inventé. « J'avais le sentiment que dans notre vie publique la vérité se trouvait compromise. Que les choses ne soient pas vraies n'avait aucune importance, puisque si les médias pouvaient prouver la véracité d'une information, alors elle était vraie. […] Alors j'ai pensé que le meilleur moyen d'écrire sur la vérité était de mentir. J'ai donc écrit une pièce verbatim qui n'était pas vraie. » La confession face caméra, une posture médiatique Le metteur en scène Olivier Werner approfondit la pièce. Il gomme les confessions du reporter assez niaises que l'on peut lire dans la version publiée. Il transforme la campagne électorale assez artificielle dans la pièce en (faux-vrais) reportages filmés hilarants. Il met en scène l'enregistrement des personnages. On voit à la fois : · à gauche sur un grand écran, Donna et les autres parlant au reporter (peu visible du côté de la salle) devant la caméra ; · à droite, ce que la caméra enregistre : Donna et les autres se confessant en gros plan. Se confessant ? C'est là toute la subtilité de la pièce et plus encore de la mise en scène qui montre comment la confession devant une caméra est forcément, peu ou prou, une posture médiatique. Un jeu (de séduction). Seule Donna semble échapper à ce jeu. Quand le reporter reprend contact, quelques mois après l'avoir plusieurs fois interrogée, elle accepte de le revoir. Pourquoi ? « Parce que vous me l'avez demandé. » Ou bien y a-t-elle pris goût ? La tentative de suicide qu'elle raconte, c'est pour la caméra ou pas ? On ne saura jamais. Le doute, l'ambiguïté font partie du dispositif dramaturgique mis en place par Kelly. Donna, un beau rôle pour une belle actrice Encore plus passionnant est le dispositif scénique vidéo mis en branle par Werner. En tournant apparemment le dos au théâtre, il en renforce les pouvoirs puisqu'il met l'accent sur l'artifice : rien de moins naturel qu'un être passé à la question devant une caméra. Tout est alors question de métier, de paraître, mais aussi d'aveux, de confessions sincères ou faussement sincères. C'est évident avec Lynn, femme publique et politicienne donc rompue aux calculs et aux mensonges programmés, et l'actrice Olivia Willaumez s'en donne à cœur joie. Mais bien plus troublant avec Donna évoquant la mort de ses enfants, la prison, etc. Même si elle avait été calquée sur une personne bien réelle, au théâtre, Donna serait devenue un personnage. Et c'est de lui dont s'empare l'actrice. Et quelle actrice ! Ce que fait Aurélie Edeline est tout à fait saisissant… et « saisissant de vérité » comme on dit. Le spectacle est produit par le Centre Dramatique Régional de Basse-NormandieVire que codirigent Pauline Sales (qui a traduit la pièce avec Philippe Le Moine) et Vincent Garanger qui interprète le retors docteur de la pièce. Sales, Garanger et Werner ont longtemps travaillé ensemble à la Comédie de Valence où Werner s'est surtout illustré comme acteur. Il arrive qu'un bon acteur devienne un bon metteur en scène. www.sceneweb.fr 13 Janvier 2011 Le théâtre documentaire de Dennis Kelly Olivier Werner et Vincent Garanger - photo Elisabeth Carecchio « Occupe-toi du bébé » est un documentaire théâtral, une succession d’interviews, une écriture très originale de l’auteur anglais Dennis Kelly et parfaitement maitrisée par une mise en scène imaginative d’Olivier Werner. Un dramaturge (Dennis Kelly interprété par Olivier Werner) mène une enquête journalistique autour d’un double infanticide. Donna (Aurélie Edeline) a été accusée d’avoir tué ses deux enfants, mais la justice l’a innocenté. Les personnages sont inventés mais les faits auraient bien pu se dérouler. Dennis Kelly a d’ailleurs écrit la pièce alors que de nombreuses affaires de mères infanticides faisaient la Une des tabloïds en Angleterre. Aurélie Edeline Photo Elisabeth Carecchio On pénètre dans l’intimité de cette famille anglaise. La mère de Dona (Olivia Willaumez) est une politicarde, candidate aux élections locales. On croise un médecin (peut-être un peu véreux) qui croit avoir décelé chez Dona le SLK (Syndrome de Landau-Kleffner – sorte d’autisme). Puis l’ancien mari de Dona (Anthony Poupard) qui refuse dans un premier temps de se soumettre aux entretiens. On suit ces parcours comme on suit un talk show télévisé. La première partie du spectacle est composée de témoignages des protagonistes. Ils se succèdent devant une caméra et les images sont projetées sur grand écran. Est on au théâtre ou devant son petit écran ? Et puis la caméra change d’axe, un personnage (le docteur) se tient dos au public, la caméra filme alors une partie de la salle en arrière plan. Pris au piège, le public participe voyeur à cette télé réalité. Il est otage du système comme le sont les personnages de la pièce, contraints d’accepter leur médiatisation, et de livrer leur vérité. « Occupe-toi du bébé » est une belle surprise. Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), Dennis Kelly intègre vers l’âge de 20 ans une jeune compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des études universitaires au Goldsmiths College de Londres. S’il dit n’y avoir guère appris en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Ses textes, conjuguant le caractère provocateur du théâtre in-yer-face et l’expérimentation des styles dramatiques les plus divers pour approcher les problématiques contemporaines aiguës, le font rapidement connaître. Après Débris en 2003 (créée au Theatre 503 à Londres), il écrit Osama the Hero (Young Vic Theatre, Londres, 2004), After the end (Bush Theatre/Compagnie Paines Plough, Londres, 2005, tournée à Saint- Pétersbourg, Moscou et New York), Love and Money (Royal Exchange, Manchester/ Young Vic, Londres, 2006), Taking Care of Baby (Birmingham Rep/Hampstead Theatre, Londres, 2007, qui reçoit le John Whiting Award), DeoxyriboNucleic Acid/D.N.A. (National Theatre Connections Festival, Londres, 2007), Orphans (Traverse Theatre, Édimbourg/Birmingham Rep/Soho Theatre, Londres, 2009), The Gods Weep (Hampstead Theatre/Royal Shakespeare Company, Londres, 2010). Pour le théâtre, il adapte également La Quatrième Porte de Péter Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart Hauptmann, plus récemment Le Prince de Hombourg de Kleist (Donmar Warehouse, Londres, 2010). Pour la radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 Shares (BBC Radio 4, 2005), pour la télévision, co-signe (avec Sharon Horgan) le scénario de la série Pulling (Silver River/BBC 3, 2006-2009). Dernièrement, il a signé le livret de Matilda, A Musical d’après Roald Dahl (Royal Shakespeare Company, 2010) et achevé son premier scénario cinématographique: Blackout (Big Talk/Film 4). Son œuvre est régulièrement traduite et créée en Allemagne, où il est élu meilleur auteur dramatique 2009 par la revue Theater Heute. En France, Débris (trad. Philippe Le Moine et Pauline Sales, Théâtrales/Traits d’union, 2008) a été lue à plusieurs reprises (notamment au Festival d’Avignon 2008 par Patrick Pineau, créée par Wladimir Steyaert à la Comédie de Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. Philippe Le Moine, inédite en français) a fait l’objet de lectures dirigées par Guillaume Vincent (Festival actOral 7, La Colline, 2008) ou Simon Delétang (Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009). Mon prof est un troll (trad. Philippe Le Moine et Pauline Sales) a dernièrement paru à L’Arche éditeur (coll. Théâtre Jeunesse, 2010). Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly traduction de l’anglais Philippe Le Moine et Pauline Sales mise en scène - Olivier Werner scénographie - Olivier Werner et Jean-Pierre Gallet création et régie vidéo - Marina Masquelier création et régie son - Fred Bühl création et régie lumière - Kévin Briard assistante à la mise en scène - Marie Lounici avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez production : Le Préau, Centre dramatique régional de Basse-Normandie – Vire, La Colline – théâtre national Le texte a paru à L’Arche Éditeur. du 8 janvier au 5 février 2011 – La Colline – Petit Théâtre – le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 16h Le Préau CDR de Basse-Normandie - Vire – du 9 au 11 février 2011 toutelaculture.com Date : 13/01/11 Occupe-toi du bébé à la Colline, quand la docu-fiction s’invite au théâtre Informations Pratiques A partir du 08 janvier 2011 jusqu'au 05 février 2011 Lieu: Théâtre de la Colline , Petit théâtre , 15 rue Malte Brun , 75020 Paris; 27 €; - de 30 ans : 13 € Horaire: du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16hContact: 01 44 62 52 52 Rencontre: "Nouvelles écritures théâtrales : perpectives franco-brtitaniques". En présence de Dennis Kelly, auteur, Philippe Le Moine, traducteur, Pauline Sales, auteur et traductrice, Olivier Werner, metteur en scène, le mardi 1er février 2011, à l'issue de la représentation . Évaluation du site La boîte à sorties est un agenda en ligne des sorties (expositions, théâtre, concerts, etc.). Le site publie également des articles concernant l'actualité médiatique et culturelle. Cible Grand Public COLLINE / 6077404 Dynamisme* : 21 * pages nouvelles en moyenne sur une semaine copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés Olivier Werner met en scène le texte de Dennis Kelly « occupe-toi du bébé » au petit théâtre de la Colline . Dans ce faux docu-fiction transposé au théâtre , la question de la vérité et de la parole donnée prend des chemins étranges. Faire de la scène un lieu de documentaire n’est pas une nouveauté, Stefan Kaegi avait poussé l’idée à l’extrême en 2009 à Avignon, avec Radio Muezzin en mettant sur scène des muezzins Cairotes. Fabrice Murgia, toujours à Avignon, en 2010 cette fois, avait lui, utilisé des comédiens pour parler d’un vrai fait divers, la captivité de Natasha Kampusch. Olivier Werner va plus loin en inventant un évènement et en le mettant en scène dans un trouble certain. Difficile de savoir si ce qui est montré est vrai ou faux. Le metteur en scène raconte qu’il s’est amusé parfois à ne pas dire qu’il s’agissait d’une fiction. Un grand écran nous plonge dans la fiction façon série policière américaine : « Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d'entretiens et de correspondances. Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n'ont pas été changés… ». Donna, jugée irresponsable d'un double infanticide, a été relaxée. Une fois Donna libre, Kelly se met à enquêter et interroge les protagonistes de l’affaire. Certains acceptent. Donna , Lynn, sa mère, qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère faire reconnaitre le syndrome de Leeman-Ketley innocentant Donna. Seul Martin , l’ex-mari de Donna, refuse, un temps , de passer face caméra. La pièce prend la tournure d’une télé réalité dans la maison de Lynn, découvrant tour à tour les petits arrangements politiques avant une élection et la folie de Donna. Les comédiens sont interviewés sur scène et leur image est projetée sur grand écran. La parole diffusée résonne différemment face à la caméra, face à un micro, en famille , en meeting. La question revient comme un boomerang tout au long de la pièce « tu l'as jamais dit » demande Donna à sa mère cherchant à trouver en elle un soutien et une confiance en son innocence. « Pourquoi poser-vous cette question » demandent les interviewés, « pour l'exercice » répond l'intervieweur. Vérité et Mensonge sont imbriqués sans cesse. Donna sait-elle si elle a vraiment tué ses enfants ? La militante cèdera t-elle aux accords avec les partis qu'elle dénigre ? Pour tendre à la vérité, les sources et les personnes sont confrontées à Kelly. Comme le rappelle le texte » Il y a la vérité et ce que les gens croient être la vérité, tout est question de point de vue ». Les petits arrangements avec la conscience sont nombreux, que ce soit dans le cas pathologique de Donna ou dans la technique politique de Lynn. En ce sens, Occupe toi du COLLINE / 6077404 copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés bébé offre aux spectateurs une thématique tant passionnante qu’agressive dans un procédé scénographique plutôt orignal. Néanmoins, la pièce souffre de longueurs évidentes liées au manque d’interaction entre les comédiens pendant la première partie du spectacle COLLINE / 6077404 copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés 15 JANV 11 Quotidien Paris Surface approx. (cm²) : 410 11/15 PLACE DE LA BOURSE 75061 PARIS CEDEX 02 - 01 40 41 46 46 Page 1/1 15/01/2011 08:14:00 Courrier du théâtre: retour d'Ulysse, vrai-faux documentaire, deuil PARIS, 15 jan 2011 (AFP) - Ulysse sur scène au Théâtre des Amandiers de Nanterre - Un Ulysse tantôt fatigué, tantôt plein de fougue est sur scène au Théâtre des Amandiers de Nanterre jusqu'au 12 février dans "Ithaque", une version scénique des Chants du retour de l'"0dyssée" de Jean-Louis Martinelli, sur un texte de l'écrivain allemand Botho Strauss. Pendant 3H20, la scène, occupée par un escalier monumental où trône le lit de Pénélope, devient un espace onirique où se mêlent l'épique et le contemporain. La pièce suit assez fidèlement le poème d'Homère, dans un langage actuel qui raconte comment le héros fatigué, incarné par Charles Berling, rentre à Ithaque après une errance de dix ans pour chasser de son palais, dans une orgie de sang, les prétendants qui convoitent sa femme et ses biens. Mais Botho Strauss opère un glissement du monde d'Homère à aujourd'hui. Selon Jean-Louis Martinelli, "les comportements archaïques de l'homme dans le seul but d'assurer sa survie ou sa réussite sont (...) mis en jeu dans ce texte". Ce qui nous rappelle, selon lui, "que le vivre ensemble suppose la mise en place de règles, d'institutions, bref d'un Etat de droit". "Occupe-toi du bébé" ou l'insoluble quête de la vérité au Théâtre de la Colline à Paris - Un dramaturge invite sur scène les protagonistes d'un double infanticide et enquête sur ce fait divers. La mère, Donna, jugée irresponsable, a été relaxée. La mère de Donna, Lynn, est candidate aux élections locales. Il y a aussi l'ex-mari de Donna et le docteur Millard qui pense avoir observé un syndrome spécifique chez Donna qui pousse à tuer par empathie. Tiré de l'ouvrage de l'écrivain anglais Dennis Kelly, la pièce est mise en scène par Olivier Werner jusqu'au 5 février à Paris, puis en région. Grand écran sur la droite du plateau où sont vus en gros plan les protagonistes et des documents, ainsi que caméras et projecteurs reconstituent un studio. Dans la pure tradition du théâtre documentaire très prisé en Grande-Bretagne, chacun témoigne devant la caméra, devant le public dans une quête de vérité de ce fait divers, survenu en Angleterre il y a quelques années. Mais l'oeuvre est une pure fiction qui démontre que la totale objectivité est un leurre, et s'interroge sur les enjeux du témoignage public. Robert Plankett au Théâtre de la cité internationale - "Robert Plankett", mis en scène par Jeanne Candel est joué par la compagnie théâtrale "La vie brève" jusqu'au 29 janvier au Théâtre de la Cité internationale à Paris, puis à Vanves et Toulouse. Robert Plankett, le héros de la pièce, est mort prématurément d'une rupture d'anévrisme. Ses proches se retrouvent chez lui pour vider la maison et régler divers problèmes. L'observation minutieuse du deuil est le coeur vivant de la pièce, un travail collectif. ds/fa/cgd COLLINE 6990186200506/GSD/OTO/4 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 17 JANV 11 Quotidien Paris OJD : 47801 164 RUE AMBROISE CROIZAT 93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29 Surface approx. (cm²) : 500 N° de page : 15 Page 1/2 Undocu-fictionthéâtral ou l'art du mentirvrai Olivier Werner présente au Théâtre de la Colline Occupe-toi du bébé, de l'Anglais Dennis Kelly, où il est question d'infanticide et de politique. Passionnant. Sur scène, un décor froid, mlnlmaliste, quelques chaises, une table transparentes et un écran vidéo où sont retransmises les confessions. F ace caméra, Donna Elle raconte la prison des femmes, le quartier d'iijolement, la peur de se faire arracher les yeux par ses codétenues Elle est accusée du meurtre de ses deux enfants Face caméra Lynn Barne, la mère de Donna Elle raconte son engagement politique che? les travaillistes Conseillère municipale d'une bourgade anglaise de deux mille âmes, elle se présente à la députation, contre son propre parti qui voit d un très mauvais œil une candidature entachée par un fait divers aussi sordide Pour compléter le casting, interviennent le docteur Millard sa femme. Jim (l'assistant de Lynn Bame) ainsi que Martin McAuMfe, le père des enfants morts COLLINE 3395186200502/XNR/MMG/1 Tous ont accepté de parler à la caméra, de raconter, de leur point de vue, le drame Derrière la caméra, l'animateur qui pose des questions dont on sait qu'elles seront effacées au montage Sur scène, un décor froid, mimmalistc, quelques chaises et une table transparentes, un écran vidéo où sont retransmises les confessions télévisuelles des uns et des autres De temps en temps, sur l'écran, on nous précise que « ce qui suit j été retranscnt mot à mot à partir d'entretiens ( ) Les noms n 'ont pas été changés » Cette précaution d'usage dont l'effet est volontairement des plus réalistes se délite au fur et à mesure de la pièce jusqu'à n'être que des bribes de mots incompréhensibles. titre ienx bribes de vérité s'échappent. À l'heure où l'on convoque sur les plateaux le réel à grands frais de mises en scène parfois scabreuses, Dennis Kelly écnt une « pièce Verbatim » mais purement fictive Et c'est ce parti pris qui est intéressant puisqu il démystifie l'idée même, colportée à tout bout de champ, du réel Le réel n'existe pas II n'est qu'une attaire de point de vue Et ici, cela va même plus loin puisqu'il trompe volontairement le spectateur Et avec quel culot' Quant au metteur en scène Olivier Werner il ne s'embarrasse pas d'effets de manches Sa mise en scène est d'autant plus austère qu'elle vise à donner du crédit à un propos mystificateur, à faire séncux quand nen n'est vrai Et on est pns dans cet engrenage de ventés et de mensonges où les protagonistes se mettent en scène convaincus de dire LA vérité quand elle n'existe pas Entre deux mensonges, des bribes de venté s'échappent et elles se croisent à des endroits improbables, alimentant la mécanique du mensonge celui des politiciens qui finalement se reprennent en voyant dans cette confession l'opportunité de gagner les élections (la compassion. I a\eu sont des outils remarquables pour manipuler l'opinion) Celui du psychanal>ste qui invente un syndrome qui n'existe pas mais qui dupe tout le monde Celui Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 17 JANV 11 Quotidien Paris OJD : 47801 164 RUE AMBROISE CROIZAT 93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29 Surface approx. (cm²) : 500 N° de page : 15 Page 2/2 de la justice qui balance selon les moments Celui du docufiction (qu'il soit théâtral ou télévisuel) dont la machine à scénanser devient une machine à broyer la pensée Au milieu de ce déballage de l'intime. Donna seule semble dépassée par les événements, par la tournure des événements MISE À NU D'UNE . MECANIQUE BIEN HUILEE L'artifice de la représentation par le truchement de la caméra vient ici ébranler l'édifice du théâtre documentaire II ne suffit pas de faire vrai pour être dans le vrai Le plan serré retransmis sur l'écran fausse toute distanciation, créé une empathie qui brouille la compréhension, la réflexion Irrémédiablement, le regard du spectateur est aimanté par l'écran plutôt que par l'acteur en chair et en os Et c'est troublant. Et c'est passionnant que cette mise à nu d'une mécanique superbement huilée et qui emporte tout esprit critique Quant à la distribution, disons qu'elle est au poil Auréhe Edeline, Olivia Willaumez, Jean-Pierre Becker, Antony Poupard et même Marie Lounici qui n'intervient que quelques minutes mais suffisamment pour s'imposer aux côtés de ses compagnons de"jeu, tous jouent sur l'ambiguïté de leur personnage avec une grande maîtnse Cela va de la façon de porter leurs costumes jusqu'au phrasé, tantôt hésitant, tantôt assuré, aux mimiques, aux regards éteints ou illuminés, une gestuelle qui donne corps à l'illusion des personnages MARIE-JOSE SIRACH Jusqu'au 5 février au Théâtre national de la Colline Renseignements1 0144 62 52 52 Le texte Occupe-toi du bébé est édité chez l'Arche DISPARITION JACQUES DEMARNY Le parolier Jacques Demamy est décède mercredi à l'âge de quatre-vmgtcmq ans. Indissociable d'Ertnco Mactas, il lui avait écrit 500 chansons dont Enfants de tous pays et tes Gens du Nord. Résistant dès l'âge de dix-neuf ans, il s'était lance dans la chanson en 1947 et ava'rt présidé le conseil d'administration de la Sacem a deux repnses. COLLINE 3395186200502/XNR/MMG/1 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline www.telerama.fr 17 Janvier 2011 Télérama Radio Critique Théâtre Critique Théâtre : “Occupe-toi du bébé”, de Dennis Kelly LE FIL ARTS ET SCÈNES - Encore méconnu en France, Dennis Kelly fait un tabac dans son pays en mêlant réalité et fiction, regard aigu et formes stylisées. Du théâtre dit "documentaire", dont la pièce "Occupe toi du bébé", mise en scène par Olivier Werner à la Colline (Paris), jusqu’au 6 février, offre est une étonnante démonstration. Un double infanticide, des manipulations dignes d'un thriller… Fabienne Pascaud en tremble encore. http://www.telerama.fr/scenes/critique-theatre-occupe-toi-du-bebe-de-dennis-kelly,64570.php LES 3 COUPS 17 Janvier 2011 « Occupe-toi du bébé », de Dennis Kelly (critique de Nicolas Arribat), Théâtre national de la Colline à Paris Dennis Kelly s’occupe de notre perception du monde Occupe-toi du bébé. Ou plutôt, non, ne t’en occupe plus, car le bébé est mort ! Occupe-toi donc de la carrière politique de ta maman, ou de la carrière professionnelle de ton psychiatre. Ou plutôt, non, ne t’occupe de rien : on le fait pour toi ! Regarde seulement, tu n’en croiras pas tes yeux. La pièce a tout, en apparence, pour être ennuyeuse. Un sujet pesant : l’infanticide. Une forme théâtrale périlleuse et « sérieuse » : celle du témoignage. Un objectif didactique : une réflexion sur la vérité, sur le réel, sur les médias, sur notre perception enfin. Or, loin d’être barbante, cette pièce est à la fois captivante, très intéressante et très efficace. Occupons-nous-en donc un peu, elle le mérite ! Deux femmes, puis deux hommes viennent s’asseoir sous les projecteurs, devant la caméra d’un réalisateur. Où sont-ils ? Dans un studio ? En tout cas, devant une caméra. Et, puisque la caméra filme et puisque l’image est retransmise en direct sur un écran géant, ils sont sur cet écran. Ils nous apparaissent donc médiatisés, dans un rapport de représentation que nous connaissons bien, celui de la télévision. Ils sont là pour témoigner, pour parler d’eux et de ce qui leur est arrivé. Pour se représenter, donc. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Que disent-ils, au juste ? Qui sont-ils ? La fille et la mère. Le psychologue et le mari de la fille (entres autres). La mère, Lynn Barrie (Olivia Willaumez), est politicienne. Mais elle est, peut-être avant tout, une mère brisée : elle a perdu son fils et ses deux petits enfants, et sa fille a fait de la prison. Mais elle est, aussi, une politicienne qui se révolte contre la langue de bois. Mais elle est, aussi, une mère qui gère difficilement son rôle de mère. Mais elle est, aussi, une politicienne qui veut gagner les élections coûte que coûte pour échapper à son malheur, quitte à utiliser son image de mère brisée. Mais, mais… qui est-elle au juste ? Est-elle plus mère que politicienne ? Plutôt sincère ou plutôt pragmatique ? Nous croyons le savoir, l’image qu’elle nous donne nous convainc. Et puis elle nous apparaît sous un autre visage, et nous sommes déroutés… La fille, Donna (Aurélie Édeline), est d’une part une fille en quête d’une personnalité : elle a grandi à l’ombre d’une femme forte, sa mère. Cette Donna est d’autre part profondément blessée : elle a été accusée du meurtre de ses enfants. Elle a fait de la prison pour cela, mais a été relâchée, faute de preuves. Elle reste une femme traumatisée : ses deux enfants sont morts… L’échec du langage, la victoire de la représentation Ce qui fait l’intérêt de cette pièce, c’est que Dennis Kelly, l’auteur, joue avec nous. Avec notre empathie. Avec notre tendance à croire ce que l’on voit, à prendre la médiatisation du monde pour le monde lui-même. Le personnage à qui nous accordions dix minutes auparavant notre crédit nous paraît soudainement hypocrite et manipulateur. Et pourtant rien n’a changé dans son discours, nous avons seulement été séduits par un autre personnage. Ou plutôt par l’image que ce dernier nous a donnée de lui. Nous sommes victimes, malgré nous, de la représentation des choses et des gens. Et Dennis Kelly nous le fait comprendre habilement. Comment s’y prend-il ? En confrontant les témoignages. Mais pas seulement. Il place chacun des personnages à la fois en représentation (devant la caméra) et hors représentation (interrogatoire intimiste sans caméra, ou scènes de la vie de tous les jours). En faisant cela, c’est d’une part la contradiction des personnages qui jaillit en pleine lumière. Ou plutôt la complexité de leurs intérêts. D’autre part, et essentiellement, c’est l’échec du langage comme médium social qui transparaît : tous les personnages se mentent d’une certaine manière, et acceptent les mensonges des autres. Par intérêt, par empathie, par habitude, par maladresse, par prudence ? Leurs raisons sont multiples, mais importent peu : la démonstration de Dennis Kelly est probante. Parce qu’elle est éloquente. Parce qu’elle nous prend à témoin. Parce qu’elle nous met face à nos propres erreurs d’interprétation, à nos propres « jeux » de dissimulation. Et, surtout, parce qu’elle nous prend en flagrant délit de « sémantisation » de ce que nous voyons. Une interprétation de grande qualité, une mise en scène efficace Tout cela n’aurait pas été perceptible sans une justesse absolue du jeu des comédiens. Ceux-ci se devaient d’être convaincants à deux niveaux : d’une part, celui de la représentation (lorsque les personnages sont devant la caméra et qu’ils « témoignent ») ; d’autre part, celui de la non-représentation (en hors champ). Car, nous l’avons dit, c’est entre ces deux modes d’apparition que s’opère la démonstration de Dennis Kelly. L’exercice était périlleux pour les comédiens, mais ils l’ont accompli avec brio. Quant à la mise en scène d’Olivier Werner, elle est sans accrocs. Entièrement au service du propos, elle s’est fait oublier. Sauf peut-être occasionnellement, lorsque nous entendions des morceaux de Schubert remixés. Mais ceci n’est qu’un détail qui ne saurait remettre en question son efficacité. Le propos de Dennis Kelly est donc restitué dans toute son ampleur. Alors se produit quelque chose d’étrange et de fort : la pièce se transforme en expérience théâtrale. C’est notre perception, non pas seulement de spectateur mais d’homme, qui se trouve remise en question. Notre perception du monde. Et ce n’est pas rien ! ¶ Nicolas Arribat | Les Trois Coups | www.lestroiscoups.com 19 JAN 11 Hebdomadaire Paris 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00 Surface approx. (cm²) : 136 N° de page : 51 Page 1/1 4-CAFE DE LA GARE 41 me du Temple (4=) M Hôtel de Ville Rambuteau Loc 0142785251 Le Tour du monde en 80 jours De Jules Verne m en se de Sebastien Azzopardi Avec Romain Canard Christophe de Mareuil Eric Gueho Alexandre Guilbaud (en alternance avec Frédéric Imberty) Anais Harte Rejane Lefoul Yan Mer coeur Stéphane Roux Rodolphe Sand Nicolas Tarrm Loc Fnac Ticketac (a partir de 18 €) Carrefour 20H DU MER 19 AU VEN 21,17H SAM 22, 20H SAM 22 PI 24€ :«• Jules Verne au théâtre Une réussite cocasse J -L J 5-CARTOUCHERIE-THEATRE DE LA TEMPETE rte du Champ de Manoeuvre (12e) M Château de Vincennes C 0143283636 0 Le Cerceau De Victor Slavkine Texte français de Simone Sentz Michel Mise en scène de Laurent Gutmann 20H DU MER 19 AU SAM 22,16H DIM 23, 20H MAR 25 PI 18€ TR 9 a 14€ 6-LA COLLINE 15 rue du Malte Brun (20e) M Gambetta Loc 0144625252 H Occupe-toi du bébé De Dennis Kelly m en se d Olivier Werner Avec Jean Pierre Becker Aure lie Edeline Vincent Garanger Marie Lounici An thony Poupard Olivier Werner Olivia Willaumez Loc Du lun au sam de 11h a 18h30 et le dim de 13h30 a 16h30 Sur le site Internet du théâtre Auprès des agences et revendeurs (Fnac Crous Starterplus) 21H DU MER 19 AU SAM 22,16H DIM 23,19H MAR 25 PI 27€ TR 13 a 22€ > Découverte d un auteur britannique remarquablement interprète A H OCCUPE-TOI DU BÉBÉ M¥*LACOLUNE 15, rue Malte-Brun (XX*0 TEL : 0144 62 52 52 HORAIRES : mar 19 h, mer au sam 21 h dim 16 h JUSQU'AU 5 février DURÉE : 2 h PLACES : de 13 a 27 € 4 Un auteur que l'on ne connaissait pas et dont on devine, par delà la bonne traduction (L'Ai die Ed. ), a quel point il est original L'An glais Dennis Kelly, petite quarantaine, nous propose une fausse en quête avec un homme qui pose des questions (l'auteur '}, incarne par le metteur en scène, Olivier Werner On croît a la recherche de la vente après un di âme atroce Mais il s'agit de théâtre, porte par d'ex cellents interprètes (Vincent Garranger, entre autres, sur notre photo), relayes par un usage intelligent de la video Un spectacle attachant, insolite, et qui doit beaucoup a la qualité d'une écriture et des sept comédiens qui se jouent du réel et de la fiction avec finesse • A. H COLLINE 5040586200505/GAD/MPR/1 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 20/26 JAN 11 Hebdomadaire Paris OJD : 194780 Surface approx. (cm²) : 768 6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF 75013 PARIS - 01 46 46 16 00 Page 1/1 Le guide Europunk à Rome La Villa Médias accueille jusqu'au 20 mars la contre-culture punk des années 1970 Un demi-millier de vêtements, fanzmes affiches collages pochettes de disques et films sont exposes pour faire revivre I époque du 'no future ' (villamedici it) Le dernier Saramago Le vacarme qu a I engendre la sortie de Gain [au Portugal en 20O9] en a précède la lecture et semble même I en dispenser" > s indigne I hebdomadaire lisboete Expresso Or I ouvrage du romancier portugais est un roman et doit être lu comme tel Récrivant certains passages de I Ancien Testament, Saramago recourt a un jeu narratif qui n est pas très éloigne de la tradition picaresque ou la pensée va de pair avec I humour [ ] Nousy trouvons quelques-unes des plus belles pages qu il ait jamais écrites sans fausse profondeur sansjamais être sentencieux en laissant la pensée suivre le fil narratif sans se figer dans des processus démonstratif s llnya pas de matière plus lourde que celle dont est fait ce livre Etpourtant I auteur parvient a évoluer dans cette matière avec I agilité que le genre requiert Le18jum2010 le Prix Nobel de littérature 1998 s éteignait dans sa résidence de Lanzarote (îles Canaries) II s agit donc de son ultime roman Cain José Saramago ed du Seuil 169 pages 19 euros L'histoire de Shanghai est parmi nous "Le travail de Cincty Sherman est une brillante bouillie d'idées", s'amuse The Guardian L'exposition que la galerie londonienne Spruth Magers consacre à la photographejusqu'au 19 février est exceptionnelle La prochaine fois, en 2012, ce sera au MoMa de New York Le palais Farnèse retrouvé * Docu-f iction | théâtral % La piece de Dennis Kelly s interesse I a Donna coupable d un double g infanticide mais relaxée parce que g jugée irresponsable Le dramaturge p britannique refait I enquête E en interrogeant les témoins sur scène I Vrais témoignages ' Rien n est moins § sur Le théâtre documentaire i s est développe en Grande Bretagne g au milieu des années 1990 porte § par une génération qui avait comme 3 référence politique Margaret Thatcher g comme plaisir I héroïne et comme pharaon sexuel le sida Aujourdhui, 5 tes auteurs se reapproprient la fiction g et la confrontent a ce théâtre du réel" : explique The Guardian I Effectivement Dennis Kelly brouille les g pistes entre réalité et fiction en laissant I le public dans la confusion "J ai pense I que le meilleur moyen d écrire 6 sur la vente était de mentir confie-t il u Occupe tôt du bébé g Théâtre de la Collinejusqu au 5 février I Puis en tournée a Vire S au CDN de Basse Normandie g (colline fr) COLLINE 6892686200508/GRT/OTO/2 C est I un des plus beaux palais Renaissance de la capitale italienne et c est aussi le siège de I ambassade de France depuis 1875 Le palais Farnèse a I initiative de I ancien ambassadeur Jean-Marc de La Sablière a décide non seulement d ouvrir plus largement ses portes pour faire découvrir ses fabuleuses collections mais aussi de recréer en partie la splendeur passée des Farnèse en replaçant dans leur ecrin d origine 150 pieces (tableaux sculptures meubles) aujourd hui dispersées entre la France et I Italie Du cabinet de travail du musée d Ecouen aux précieuses tapisseries prêtées par la présidence de la République italienne cette exposition est une occasion unique Palais Farnèse De la Renaissance a I ambassade de France jusquau27avnl sur réservation uniquement (mostrapalazzofarnese it) Derrière l'horizon du rock allemand C est en hommage a Udo Lindenberg superstar allemande du rock dont on dit que la musique a réuni les deux Allemagnes avant I heure que s est bâtie Hinterm Horizont (Derrière I horizon) la comédie musicale dont tout le monde parle C est une histoire d amour drôle mais sérieuse - il s agit d un couple sépare par le mur de Berlin - présentée sous forme dun mélange de théâtre de rock n mil ( et de comédie musicale résume le quotidien Oie Welt A 64 ans I auteur de Madchen aus Ost Berlin (La jeune fille de Berlin Est) qui comme le rappelle le magazine Focus devint "I hymne et I espoir d une grande partie de lajeunesse est allemande" en 1973-était présent pour assister a la mise en scène de sa vie et de son œuvre Udo Lindenberg est incarne sur scène par Serkan Kaya et lajeune Jessy parJosephm Busch Hinterm Horizont Theater am Potsdamer Platz Berlin apartirdu12janvier pour tout 2011 (stage entertamment de) Si le dernier film de Jia Zhangke s intitule IwishlknewfJ aurais aime savoir) cest pour rappeler tout ce qui n a pas été drt aux Chinois Jia recueille les témoignages de 18 personnes liées a Shanghai et a son histoire recueillis sur place mais aussi a Hong Kong ou a Taiwan Rivalités guerres campagnes politiques migrations exils tragédies familiales et personnelles la métropole est dépeinte en un kaléidoscope forme de leurs visions respectives enrichi d extraits de films qui ont nourri I imagerie shanghaienne Au fil de I eau au rythme des scènes de dancing et de cafés dans une métropole mondialisée avant I heure ce film est un concert de points de vue détonants mais aussi poétiques une sorte de plaidoyer contre I uniformité de la pensée / wish I knew histoires de Shanghai de Jia Zhangke (advitamdistnbution com) U2S123I La famille, c'est de la Bal! Cinq artistes étrangers pour cinq étranges portraits defamille Avec entre autres la photographe argentine Alessandra Sanguinetti qui met en scène deuxjeunes cousines en pleine campagne a 300 km de Buenos Aires Lavideaste américaine Sadie Benning, elle évoque I angoisse autobiographique de la preadolescence dans une famille du Midwest a laide d une forme extraordmairement originale et touchante explique The New York Times a I occasion de la première présentation de la video en 1998 Toutaulongdufilm Sadie Benning fait porter a ses acteurs des masques comme pour tenter de les faire échapper aux identités conventionnelles Je me demandais constamment comment survivre comment m échapper et ou aller " Du14janvierau17avnl Le Bal Pans XVIII' (le balfr) Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline www.lejdd.fr Date : 25/01/11 Du théâtre documentaire haletant L'auteur anglais Dennis Kelly joue de la réalité et de la fiction. Voilà un auteur malin qui brouille les pistes d'entrée de jeu. Dennis Kelly, pour conter une terrible histoire d'infanticide, dit s'appuyer sur des faits et témoignages réels avant d'introduire peu à peu des soupçons quant à cette soi-disant véracité des faits. Occupe-toi du bébé, au théâtre de la Colline . (Elizabeth Carecchio) Donna est accusée d'avoir tué son fils, Jake. Or deux ans auparavant, elle avait perdu son premier bébé, une petite fille, victime de la mort subite du nourrisson. La mère de Donna, elle, est une femme politique qui mène campagne. Donna est emprisonnée, puis libérée faute de preuves. La pièce de Dennis Kelly (1) procède par interviews pour traquer la réalité des faits. Est-ce possible de la découvrir? Car, comme chez Pirandello, à chacun sa vérité. Au fur et à mesure des interrogatoires, l'imbrication des témoignages crée une opacité. Où est la vérité? L'auteur, doublé du metteur en scène, maintient un suspense permanent et une intensité grandissante. Au final, l'intérêt réside moins dans la connaissance de la réalité objective que dans l'interpénétration entre les subjectivités de chacun. C'est parfois rude, remuant, caustique quant à la vision de la politique, de bout en bout passionnant. La mise en scène (Olivier Werner) ne lâche jamais prise, entre plateau et écran où l'on peut voir les témoignages de Évaluation du site Le site du Journal du Dimanche diffuse l'actualité des articles concernant l'actualité générale française et internationale. Cible Grand Public COLLINE / 6161459 Dynamisme* : 246 * pages nouvelles en moyenne sur une semaine copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés chacun en gros plan. L'interprétation est exemplaire (Aurélie Edeline, Olivia Willaumez, Vincent Garanger…) et l'exercice remarquable. Occupe-toi du bébé *** Théâtre de la Colline , 15 rue Malte Brun , Paris 20e. Tél. 01 44 62 52 52. www.colline.fr Jusqu'au 5 février. (1) Texte publié à L'Arche. COLLINE / 6161459 copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés 27 JANV 11 Quotidien Paris OJD : 111584 Surface approx. (cm²) : 186 N° de page : 25 11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 Page 1/1 THÉÂTRE «Occupe-toi du bébé», le procès d'une infanticide à la Colline. Faites entrer l'acquittée OCCUPE-TOI DU BEBE de DENNIS KELLY m.s. Olivier Werner, au théâtre de la Colline, 75020 Jusqu'au 5 février Rens wwwcollinefr e dispositif scénique impose d'emblée un impossible choix. Sur la scène de la petite salle de la Colline, quatre acteurs s'installent dans les fauteuils inconfortables d'un salon au milieu duquel trône une caméra vidéo sur pied. L'opérateur braque son objectif à tour de rôle sur les deux femmes, tandis qu'un gros plan de leur visage éclate scms la lumière cruelle des projecteurs, sur le grand écran. Au bout de quelques minutes de va-et-vient, l'œil du spectateur se fixe définitivement sur le visage du personnage, pour en saisir les nuances et tourments. L COLLINE 7079496200501/XBF/MPR/1 Or, ce dont il est question ne se passe pas uniquement sur l'écran, où siège le mensonge de l'image, mais aussi à quelques mètres, là où s'agite la vérité des corps. A condition de s'arracher à la contemplation hypnotique du grand écran. Car l'histoire qui est racontée relève tout autant du mensonge que de la vérité. Névrose. L'auteur tente de cerner ce qui s'est vraiment passé dans l'affaire Donna McAuliffe. Cette jeune femme (Aurélie Edeline, impressionnante de violence contenue) a été accusée d'avoir tué ses deux enfants en bas âge à quelques mois d'intervalle. Procès, condamnation à perpète, puis scandale et sortie de prison lorsqu'un psychanalyste présomptueux diagnostique un SLK. Le syndrome de Leeman-Ketley, forme pa thologique d'empathie pour les malheurs du monde si profonde que le sujet va jusqu'à s'en prendre à ce qu'il aime le plus au monde, ses propres enfants. En scène, donc, Donna la supposée meurtrière ou la prétendue malade, selon. Mais aussi sa mère, petite notabilité locale dévorée d'ambition, manifestement source principale de la névrose. Et puis le docteur Millard, dont on ne sait si c'est un charlatan ou un visionnaire. Chaque intervention des personnages est précédée d'un carton sur l'écran: «Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d'entretiens et de correspondances. Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés, même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n'ont pas été chan- gés.» Une pièce Verbatim, comme la définit son auteur, Dennis Kelly. Et, avec le caractère comminatoire toujours un peu désagréable que revêt la formule «ceci est une histoire vraie», la pièce décline l'ambiguïté et le doute sur tous les tons. Qui peut-on croire? Personne évidemment, et surtout pas les images. La recherche de la vérité, source implicite de ce théâtre documentaire, est une mascarade, une astuce sensationnaliste. Imaginaire. Dennis Kelly et son metteur en scène Olivier Werner en font une démonstration remarquable quand le spectateur comprend que la vérité n'est pas celle qu'il croyait. Y a-t-il seulement jamais eu une affaire Donna McAuliffe ailleurs que sur la scène d'un théâtre ? BRUNO ICHER Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 27 JANV 11 Quotidien Prov. avec dim. OJD : 762213 Surface approx. (cm²) : 105 10 RUE DU BREIL 35051 RENNES CEDEX 09 - 02 99 32 60 00 Page 1/1 Vire Falaise - Une création du Préau sur scène à Paris Le deuxième rendez-vous de la saison a débuté, le 8 janvier,au théâtre de la Colline, avec Occupe-toi du bébé. Sur les planches parisiennes Le théâtre virois Le Préau est sur les planches parisiennes avec sa création Occupe-toi du bébé Cette piece de l'auteur anglais Dennis Kelly, traduite par Pauline Sales, co-directnce du Préau, et par Philippe Le Moine, est mise en scène par Olivier Werner Elle est a l'affiche du théâtre de la Colline jusqu'au 5 février « J'ai eu un coup de foudre pour la pièce, mais nous avons le plus petit budget des cinq centres dramatiques régionaux, d'où la nécessité d'une co-production avec un théâtre. Vincent Garanger, co-directeur du Préau, connaît le théâtre de la Colline pour y avoir travaillé», explique Pauline Sales Le choix du metteur en scène s'est impose rapidement: « J'admire Olivier Werner pour sa rigueur et son aptitude à écouter un texte. » De bonnes critiques La presse nationale est unanime pour saluer la qualité du spectacle qui sera repns au théâtre du Préau les 9, 10 et 11 février prochains C'est une formidable caisse de résonance pour le théâtre et pour la ville, « mais c'est quitte ou double, l'inverse aurait pu également se produire, rien n'est jamais joué d'avance », conclut Pauline Sales Des articles sont parus dans Le Mondeou Telerama Vraie ou fausse ventemediatisee L'intrigue repose sur la culpabilité ou l'innocence d'une mère accusée d'un double infanticide Le metteur en scène a fait le choix d'un plateau épure, tout en ayant recours a un dispositif video qui n'altère pas le jeu des acteurs mais le renforce Le sens du rythme est très présent dans les enchaînements, tenant les espnts en suspens entre les nres et les larmes jusqu'à la dernière séquence Jusqu'au samedi 5 février, théâtre national de la Colline, 15, rue MalteBrun, Pans XXe, tel 01 44 62 52 52 Du 9 au 11 février, a 20 h 30, théâtre du Préau Tant" normal 15 Tel 02 31 66 16 00 8F77E5315700A602E26149540E02155E0772597F91D51B5D1CB9EE4 COLLINE 5702596200509/GFP/FJT/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline enjoythetheatre.wordpress.com 27 Janvier 2011 Occupe-toi du bébé – Théâtre de la Colline Photo : Elisabeth Carecchio Tout commence avec cynisme. S’occuper du bébé ? A quoi bon, puisque le bébé, les bébés sont morts. Ne restent que leurs parents, leur grand-mère, et tous ceux qui tentent de comprendre les ressorts du drame. La mère, Donna, a passé quatorze mois en prison pour le double infanticide de ses enfants. Relaxée faute de preuves, elle est la première à se confier devant l’oeil inquisiteur de la caméra, à la demande de l’auteur, Dennis Kelly, interprété par le metteur en scène, Olivier Werner. Ainsi commence la spirale infernale de la dissection d’un fait divers particulièrement macabre. Occupe-toi du bébé est conçue selon les codes du théâtre verbatim, apparu au RoyaumeUni dans les années 1990. Il a pour caractéristique de négliger la fiction, pour ne rapporter que des faits authentiques. Et c’est ce que semble faire Dennis Kelly : « ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés…« , est-il écrit sur l’écran qui surplombe le plateau au début de la pièce. Et réapparaît une deuxième fois. Puis une troisième. Et à chaque nouvelle apparition, les lettres se déplacent subrepticement, transformant l’affirmation de vérité en véritable charabia. Car ce prétendu documentaire n’est en fait que fiction, inspirée de faits réels, certes, mais tout droit sortie de l’imagination de Kelly. Rien de tout cela n’est vrai. Mais alors, qu’en est-il du degré de vérité de ce que disent les personnages ? Donna a-t-elle tué ses enfants ? Son mari pense que oui. Sa mère, qui refuse de se prononcer sur la question, pense que oui. Donna dément avec rage. En retrait derrière sa caméra ou dans les gradins, l’auteur, intelligemment interprété par le metteur en scène ne prend pas parti, et le public le suit. Car au fond, ce qui importe, ce n’est pas de connaître la vérité, mais de décortiquer le comportement de chaque protagoniste, selon qu’il se croit en représentation ou loin des caméras. Ainsi se met en place un jeu subtil entre les différents espaces de la représentation : le plateau, dédoublé par la présence d’une caméra qui filme les acteurs en gros plan et les projette en temps réel sur un grand écran. Chaque expression du visage est ainsi magnifiée, et les comédiens transmettent à leur personnage un écrasant sentiment d’auto-contrôle. La présence de la caméra disparaît progressivement, les questions sont posées par l’auteur sans intermédiaire. Les personnages se dévoilent peu à peu, perdent cette maîtrise d’euxmêmes pour révéler les doutes qui les animent. Donna laisse la folie l’envahir, sa mère se met à douter d’elle-même. Au contraire, le mari de Donna, Martin, accepte alors de répondre aux question de l’auteur. Même le psychiatre, figure d’autorité et de savoir, montre ses failles – la théorie scientifique qui lui a permis d’identifier le mal dont, selon lui, souffre Donna, s’effondre comme un château de cartes. Photo : Elisabeth Carecchio A cet espace scénique répond un espace hors plateau : des scènes tournées a priori, en dehors de la représentation théâtrale, sont projetées sur l’écran. On y voit Lynn Barrie, la mère de Donna, femme politique, partir en campagne dans sa circonscription, du porte à porte à l’investiture. Si ces scènes permettent de porter un regard critique sur les pratiques politiciennes et l’utilisation de la vie privée à des fins électorales, elles semblent former le point faible de la pièce : l’attitude de Lynn est si caricaturale que l’analyse en devient grossière, loin de la finesse des relations entre les personnages au plateau. Une pièce complexe, dérangeante, et dont on ressort ébranlé, la tête pleine de questions auxquelles l’auteur, fort heureusement, n’offre pas de réponses. Servi par une mise en scène sobre et efficace, par de remarquables comédiens et une excellente traduction, le texte de Dennis Kelly mérite que l’on s’y attarde. Renseignements pratiques Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène d’Olivier Werner avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez du 8 janvier au 5 février 2011 tarifs : de 13 à 27€ réservations : au 01 44 62 52 52 ou sur www.colline.fr Puis en tournée au Préau CDR de Basse Normandie – Vire du 9 au 11 février 2011 marsupilamima.blogspot.com 28 Janvier 2011 Théâtre: occupe toi du bébé à la Colline Le ton est donné dès l'entrée, on lit " Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés." Une femme parle, son visage en gros plan est filmé et apparaît sur un écran vidéo en fond de scène. Puis, une autre femme parle, filmée elle aussi. Elles parlent chacune leur tout à un interlocuteur invisible, pas entre elles. Il faudra un certain temps pour comprendre qu'il s'agit de la mère, Lynn Barrie et de la fille, Donna. D'autres personnes interviennent aussi, toujours face à la caméra. Un médecin, en p,articulier. Et un autre homme qui lui refuse, longtemps. Le puzzle se met en place, la première femme, accusée d'infanticide sur ses deux enfants, vient de sortir de prison. L'autre est sa mère, une femme qui s'est lancée dans la politique et qui voit sa carrière compromise. Celui qui ne veut pas parler est le père des enfants. Mais, ce n'est pas du théâtre documentaire. C'est une pièce de théâtre. L'anecdote n'a pas eu lieu, c'est une intrigue et une intrigue qui va bien au-delà des récits des uns et des autres, car ce qui en question au fond, c'est le principe de base: pourquoi filmer ces gens? Pourquoi acceptent-ils de se confier à un inconnu muni d'une caméra? Comment peut-on ainsi se vautrer en public? Est-ce obscène? Nécessaire? Absurde? Négligeable? Il ne s'agit pas non plus d'entamer une réflexion sur les reality shows, sur les docus ( fiction ou pas). Il s'agit tout simplement de théâtre La pièce de Dennis Kelly est construite au fur et à mesure d'une progression dans le temps, dans les confessions, et de ce qui tourne autour: la carrière politique de la mère, la carrière professionnelle du médecin qui s'est occupé de la jeune femme. La seule qui n'évolue pas, c'est elle, Donna. Si le documentariste est totalement absent au début, il va intervenir de plus en plus, par ses questions, impassible mais avec tous les tics que l'on apprend dans les écoles: faire répéter la question par la personne que l'on questionne (puisque les questions seront coupées au montage), lui demander de resituer ses réponses dans le contexte quitte à se redire etc. Des techniques d'entretien qui peuvent aussi déstabiliser les discours les mieux préparés... Et comment mettre en scène quelque chose qui ressort de l'audiovisuel, qui y renvoie en permanence? Olivier Werner joue avec les deux en permanence, l'écran n'est jamais vide même s'il ne reflète pas toujours ce qui est dit sur scène. L'écran permet ces gros plans sur les visages que l'on ne peut que deviner au théâtre, la fatigue, l’énervement, la joie, l'angoisse, éclatent. Parfois, l'écran ne fait qu'illustrer un moment, autre chose, une contradiction, un malaise.Les deux comédiennes surtout sont admirables. C'est extrêmement intéressant pour le spectateur qui se trouve aussi privé de ses émotions habituelles, empathie ou non avec les personnages, révolte, inquiétude, envie de porter un jugement. Même si tout se déroule avec le calme nécessaire au travail du supposé documentaire, on avance trop vite, on se prend trop de portes ouvertes ou refermées , pour se faire une idée ferme et définitive sur ce qui est dit, montré etc. Mais en ce qui concerne le spectacle, on en ressort assez fasciné. Photos E. Carecchio. www.britishcouncil.org 28 Janvier 2011 Crédit photo : Élisabeth Carecchio « Occupe-toi du bébé » de Dennis Kelly Au Théâtre de la Colline à Paris Une femme est sous enquête. Ses deux enfants sont morts. Mais comment ? Un reporter invite la mère à témoigner devant la caméra pour mettre les choses au clair. Nous sommes sur un plateau de télévision, dans le décor du studio, et sur le grand écran on voit apparaître l’image de l’accusée. Elle commence à parler, à raconter son histoire en déroulant les fils de sa mémoire. Dennis Kelly est l’un des auteurs les plus représentatifs du « new writing » britannique et du « théâtre verbatim », cette forme dramatique qui se rapproche du documentaire en exploitant des extraits de rapports de police, d’émissions télévisées ou d’enquêtes parlementaires. Le théâtre verbatim emprunte son langage à celui des formalités administratives, même si sa nature factuelle ne nous permet pas forcément d’entrevoir la vérité, puisque la réalité est toujours beaucoup plus complexe qu’elle n’y paraît. Dennis Kelly poursuit un travail d’écriture dans la même veine que le théâtre social réaliste de Sarah Kane, Caryl Churchill ou Mark Ravenhill, reconnu pour son caractère parfois provocateur et son désir d’aborder des sujets brûlants d’actualité. Ce que la pièce dévoile, c’est l’intérêt parfois excessif que nous témoignons envers ces faits divers qui hantent la télévision et les journaux. Nous souhaitons connaître toute la vérité, mais à quel prix ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour découvrir ce qui se dissimule derrière le mensonge ? C’est tout l’art du théâtre de Dennis Kelly : parler du vrai et du faux en interrogeant la réalité, tout en laissant en suspens des questions qui resteront toujours sans réponse. Dans le cadre de cet événement, le British Council, en partenariat avec la SACD et le Théâtre de la Colline, organise une rencontre intitulée Nouvelles écritures théâtrales : perspectives franco-britanniques en présence de l’auteur, Dennis Kelly, des traducteurs de la pièce, Philippe Le Moine et Pauline Sales, également auteur, ainsi que du metteur en scène, Olivier Werner. Le débat aura lieu au Théâtre de la Colline à l’issue de la représentation du mardi 1er février 2011. « Occupe-toi du bébé » de Dennis Kelly est présenté au Théâtre de la Colline dans une mise en scène d’Olivier Werner, avec Aurélie Edeline, Vincent Garanger et Olivia Willaumez. Pour plus d’informations, rendez-vous sur colline.fr. Pour en savoir plus au sujet de la pièce La critique du journal Le Monde : Dennis Kelly, révélation d’un dramaturge anglais La critique de Rue89 : Pogrom ou infanticide, le leurre du théâtre documentaire sites.radiofrance.fr 28 Janvier 2011 Laure Adler Vendredi 28 janvier 2011 Invités : Olivier Werner, Aurélie Edeline, Rayhana et Jean-Louis Martinelli Aurélie Edeline et Olivier Werner pour le spectacle Occupe-toi du bébé au Théâtre National de la Colline jusqu'au 5 février, puis au Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie (à Vire) du 9 au 11 février. Texte de Denis Kelly / traduction Philippe Le Moine et Pauline Sales Mise en scène; Olivier Werner Avec: Jean-Perre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner et Olivia Willaumez Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable d’un double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct : certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public. Témoignages réels ou fiction ? Dans Occupe-toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Dennis Kelly explore les mécanismes de la fiction-réalité. Olivier Werner, metteur en scène et acteur, interroge : au-delà de toute représentation, mais dans la vie même, quels sont les enjeux du témoignage public? Alors que la représentation de soi-même n’a jamais autant fait recette, quand l’attrait de la rédemption médiatique est si fort, comment ne pas céder aux sirènes de la représentation? Photo : © Elisabeth Carecchio Théâtre National de la Colline Rayhana pour le spectacle A mon âge, je me cache encore pour fumer, à la Maison des Métallos jusqu'au 29 janvier et en tournée (voir ci-dessous). Et le livre Le prix de la liberté paru début janvier aux éditions Flammarion. Texte de Rayhana Mise en scène Fabian Chapuis Avec: Marie Augereau, Géraldine Azouélos, Paula Brunet Sancho, Linda Chaïb, Rébecca Finet, Catherine Giron, Maria Laborit, Taïdir Ouazine et Rayhana Une tragi-comédie qui rassemble neuf femmes d’âges et de conditions différentes dans un hammam à Alger, à la fin des années noires (années 90). Les regards et les points de vue s’y croisent, dans le dévoilement violent, ironique, drôle et grave des silences refoulés des femmes. Peu à peu se révèlent leurs destins particuliers, dévoilant la violence politique, sociale et sexuelle d’une Algérie en proie à la corruption et à la misère. Neuf femmes, neuf destins entre rébellion, rêve ou soumission, réunis au cœur de la matrice, le hammam, où le combat se panse entre secrets et exaltation, pleurs et fous rires. Maison des Métallos Jean-Louis Martinelli pour Ithaque jusqu'au 12 février au Théâtre Nanterre-Amandiers (du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30) Texte:Botho Strauss. Traduction: Pascal Paul-Harang Mise en scène:Jean-Louis Martinelli Avec: Charles Berling, Ronit Elkabetz, Clément Clavel, Jean-Marie Winling, Grétel Delattre, Sylvie Milhaud, Xavier Boiffier, Dimitris Daskas, Pierre Lucat, Nicolas Pirson, Pierre-Marie Poirier, Alessandro Sampaoli, Guillaume Séverac-Schmitz, Nicolas Yalelis, Joachim Fosset, Ninon Fachard, Caroline Breton, Adrienne Winling, Anne Rebeschini, Céline Balestra, Victoria Camargo, Aurélie Nuzillard, Marine Reiland, Basile Boisseau Après vingt ans d’absence, Ulysse est de retour dans sa patrie. Les Phéaciens ont déposé l’homme loqueteux sur les rivages d’Ithaque. Fatigué de ses errances et en mal du pays, il se plaint de son sort. Pallas Athéna en personne lui ouvre les yeux sur le lieu où il se trouve, sur la côte d’Ithaque, et elle l’éclaire sur la situation dans laquelle se trouve son royaume. D’innombrables prétendants se sont installés dans le palais chez sa femme Pénélope et demandent sa main, un amas confus de parasites qui dévorent le trésor d’État et corrompent les mœurs. Pour eux, il est clair que le roi est mort depuis longtemps ; et ce n’est qu’une question de temps avant que Pénélope se décide pour l’un d’eux. Outre l’intérêt de redonner au public l’approche d’un des grands textes fondateurs de la littérature, à partir d’un des plus grands dramaturges contemporains, cette pièce offre un réseau de questionnements particulièrement riche : comment sortir d’un conflit ? Quelle est la place de la responsabilité individuelle ? Qu’est-ce qu’un héros ? La survie est-elle toujours liée à la trahison ? La vengeance serait-elle légitime ? Jusqu’où être fidèle et la fidélité est-elle un frein à l’action ? L’existence des pères menace-t-elle celle des fils ? Théâtre Nanterre-Amandiers Agenda Occupe-toi du bébé du 08 janvier au 05 février infos pratiques : Théâtre National de la Colline le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21h et le dimanche à 16h Occupe-toi du bébé du 09 février au 11 février Le Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, à Vire http://www.lepreaucdr.fr/index.php Programmation musicale • • • > Hubert Felix Thiéfaine : La Ruelle des Morts > The Temptations : I'm too proud to beg > Boubacar Traoré : Minuit Le générique de l'émission "Rebellion" par Arcade Fire Label : Pias www.ruedutheatre.eu 28 Janvier 2011 Théâtre - Paris Occupe toi du bébé Le jeu du "Je" Pourquoi la jeune maman Donna a laissé mourir ses deux très jeunes enfants ? Le metteur en scène Olivier Werner ouvre la boîte du théâtre d'enquête, de reportage. Un jeu de la vérité qui joue au cache-cache et au trompe l'œil. Passionnant. Selon le dictionnaire Le Petit Robert, « reproduire un discours verbatim » revient à faire entendre ou lire ce discours « selon les termes exacts ». Autrement dit, un verbatim est la transcription écrite, mot à mot, d'un discours ou d'un échange oral. Ce préliminaire n'a pour autre ambition que de prévenir le spectateur de la pièce du Britannique Dennis Kelly, « Occupe-toi de bébé », mise en scène par Olivier Werner actuellement à l'affiche au théâtre de La Colline. Car nos voisins d'outre-Manche sont particulièrement friands, dit-on, de ce qu'ils appellent le « théâtre verbatim », un théâtre donc porté par des mots authentiquement échangés. On devine le piège derrière ces « jeux de la vérité » qui cherchent à s'éloigner du théâtre documentaire où l'on raconte une histoire (on pense à Robert Hossein). Le théâtre n'est-il pas avant tout le lieu des artifices, de l'illusion ? Quoiqu'il en soit, il y a trompe-l'œil (et oreille), et le « Je » du théâtre verbatim est un ou une autre. Cela dit, le succès de ce théâtre ne fait que refléter nos sociétés surmédiatisées qui se gargarisent de reconstitutions d'événements par le truchement d'effets technologiques divers, des images télé aux décors artificiels. Voilà donc un enquêteur, Dennis Kelly, que l'on entend mais ne voit pas pendant une grande partie de la pièce. Il veut tout comprendre d'un fait divers terrible à savoir un double infanticide dont la jeune mère -Donna- a été jugée irresponsable par la justice. Donna a une mère, Lynn Barrie, une 'vraie' politicienne en pleine campagne électorale du côté travailliste (au début). Donna a un mari, Martin McAuliffe. D'autres personnages sont impliqués dans cette histoire, comme le Docteur Millard découvreur auto-proclamé du syndrome de LeemanKetley qui expliquerait le comportement de Donna, etc... Toute cette enquête (pas loin d'être policière) se déroule sur scène à coup d'interrogatoires devant caméra avec images projetées sur grand écran en direct, ou de reportages enregistrés sur la campagne politique de la mère que l'on peut suivre aussi sur écran télé. Il y a clairement un désir de creuser l'intimité des personnages, de les pousser dans l'aveu ... ou le mensonge. C'est passionnant. Le désir de faire « évènement » (notamment l'interrogatoire étonnant de Donna au milieu de quelques chaises, bancs, tables basses dans un espace sombre, métallique, façon commissariat) est évident. On peut reprocher le côté « vous êtes les témoins de... » d'être parfois un peu trop appuyé. Mais la qualité des comédiens emporte le morceau. Ils sont vraiment convaincants dans des rôles assez casse-pipes. On devrait tous les citer mais coup de chapeau particulier à Aurélie Adeline (Donna) et Olivia Willaumez (Lynn Barrie) et à Maria Masquelier pour la création vidéo. Jean-Pierre BOURCIER, Paris Paris Du 08/01/2010 au 05/02/2010 à mardi 19h, mercredi au samedi 21h, dimanche 16h Théâtre National de La Colline 15 rue malte-Brun, 75020 Paris. Téléphone : 01 44 62 52 52. Site du théâtre Plein tarif 27€, moins de 30 ans et demandeurs d'emploi 13€, plus de 60 ans 22€, le mardi 19€ Tournée : Préau CDR de Basse-Normandie/Vire du 9 au 11 février 2011 Occupe toi du bébé de Dennis Kelly Mise en scène : Olivier Werner Avec : Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez Scénographie : Olivier Werner, Jean-Pierre Gallet Création et régie vidéo : Marina Masquelier Son : Fred Bühl Lumière : Kévin Briard Costumes : Dominique Fournier Assistante mise en scène : Marie Lounici Traduction de l'anglais : Philippe Le Moine et Pauline Sales Construction du décor : Les ateliers du Préau Durée : 2h Photo : © E. Carecchio Texte paru à L'Arche Editeur www.artistikrezo.com Date : 28/01/11 Occupe-toi du bébé - Théâtre de la Colline Audrey Chaix Théâtre - Théâtre contemporain Jusqu'au 5 février 2011 Théâtre National de la Colline Crédit photos : Elisabeth Carecchio Tout commence avec cynisme. S'occuper du bébé ? A quoi bon, puisque le bébé, les bébés sont morts. Ne restent que leurs parents, leur grand-mère, et tous ceux qui tentent de comprendre les ressorts du drame. La mère, Donna, a passé quatorze mois en prison pour le double infanticide de ses enfants. Relaxée faute de preuves, elle est la première à se confier devant l'oeil inquisiteur de la caméra, à la demande de l'auteur, Dennis Kelly, interprété par le metteur en scène, Olivier Werner. Ainsi commence la spirale infernale de la dissection d'un fait divers particulièrement macabre. Évaluation du site Ce webzine diffuse une actualité culturelle large (cinéma, musique, théâtre...). Le site diffuse en outre des chroniques et des annonces des événements à venir. Cible Grand Public COLLINE / 6179363 Dynamisme* : 8 * pages nouvelles en moyenne sur une semaine copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés Occupe-toi du bébé est conçue selon les codes du théâtre verbatim, apparu au Royaume-Uni dans les années 1990. Il a pour caractéristique de négliger la fiction, pour ne rapporter que des faits authentiques. Et c'est ce que semble faire Dennis Kelly : "ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d'entretiens et de correspondances. Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n'ont pas été changés…", est-il écrit sur l'écran qui surplombe le plateau au début de la pièce. Et réapparaît une deuxième fois. Puis une troisième. Et à chaque nouvelle apparition, les lettres se déplacent subrepticement, transformant l'affirmation de vérité en véritable charabia. Car ce prétendu documentaire n'est en fait que fiction, inspirée de faits réels, certes, mais tout droit sortie de l'imagination de Kelly. Rien de tout cela n'est vrai. Mais alors, qu'en est-il du degré de vérité de ce que disent les personnages ? Donna a-t-elle tué ses enfants ? Son mari pense que oui. Sa mère, qui refuse de se prononcer sur la question, pense que oui. Donna dément avec rage. En retrait derrière sa caméra ou dans les gradins, l'auteur, intelligemment interprété par le metteur en scène ne prend pas parti, et le public le suit. Car au fond, ce qui importe, ce n'est pas de connaître la vérité, mais de décortiquer le comportement de chaque protagoniste, selon qu'il se croit en représentation ou loin des caméras. Ainsi se met en place un jeu subtil entre les différents espaces de la représentation : le plateau, dédoublé par la présence d'une caméra qui filme les acteurs en gros plan et les projette en temps réel sur un grand écran. Chaque expression du visage est ainsi magnifiée, et les comédiens transmettent à leur personnage un écrasant sentiment d'auto-contrôle. La présence de la caméra disparaît progressivement, les questions sont posées par l'auteur sans intermédiaire. Les personnages se dévoilent peu à peu, perdent cette maîtrise d'eux-mêmes pour révéler les doutes qui les animent. Donna laisse la folie l'envahir, sa mère se met à douter d'elle-même. Au contraire, le mari de Donna, Martin, accepte alors de répondre aux question de l'auteur. Même le psychiatre, figure COLLINE / 6179363 copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés d'autorité et de savoir, montre ses failles - la théorie scientifique qui lui a permis d'identifier le mal dont, selon lui, souffre Donna, s'effondre comme un château de cartes. A cet espace scénique répond un espace hors plateau : des scènes tournées a priori, en dehors de la représentation théâtrale, sont projetées sur l'écran. On y voit Lynn Barrie, la mère de Donna, femme politique, partir en campagne dans sa circonscription, du porte à porte à l'investiture. Si ces scènes permettent de porter un regard critique sur les pratiques politiciennes et l'utilisation de la vie privée à des fins électorales, elles semblent former le point faible de la pièce : l'attitude de Lynn est si caricaturale que l'analyse en devient grossière, loin de la finesse des relations entre les personnages au plateau. Une pièce complexe, dérangeante, et dont on ressort ébranlé, la tête pleine de questions auxquelles l'auteur, fort heureusement, n'offre pas de réponses. Servi par une mise en scène sobre et efficace, par de remarquables comédiens et une excellente traduction, le texte de Dennis Kelly mérite que l'on s'y attarde. Audrey Chaix enjoy the theatre Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène d'Olivier Werner avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez du 8 janvier au 5 février 2011 tarifs : de 13 à 27€réservations : au 01 44 62 52 52 ou sur le site du théâtre puis en tournée au Préau CDR de Basse Normandie - Vire du 9 au 11 février 2011 Théâtre National de la Colline 15 rue Malte - Brun 75020 ParisMétro Gambetta www.colline.fr COLLINE / 6179363 copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés 29 JAN/04 FEV 11 Hebdomadaire Paris OJD : 633559 Surface approx. (cm²) : 263 N° de page : 71 6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF 75212 PARIS CEDEX 13 - 01 55 30 55 30 Page 1/1 La chronique de Fabienne Pascaud Le théâtre dégoupillé La belle semaine de théâtre, riche de spectacles qui décapent la pensée... Il fallait une certaine audace pour fusiller avec tant d'humour mauvais les entreprises culturelles françaises subventionnées au sein même d'une entreprise culturelle française subventionnée ! Et que les nonspécialistes ne s'affolent pas : la jubilatoire Conférence de Christophe Pellet dépasse le système théâtral qu'elle décortique avec rage. C'est à l'esprit français lui-même et à ses «quatre principes, principes inhérents à la société française : vexations, dénonciations, collaborations et dissimulations» que s'en prend en effet le dramaturge, avec une fureur digne d'un Thomas Bernhard en croisade contre l'Autriche. Selon Pellet, cet esprit-là, fier de lui-même, imbu de nationalisme, a mortellement contaminé l'Europe dès Louis XIV, y provoquant jusqu'au XXe siècle les horreurs que l'on sait. Et la société théâtrale financée par le ministère de la Culture en est le désastreux reflet avec ses lâchetés, son conformisme bien-pensant, son respect de la hiérarchie, son mode geignard et ses agitations stériles, que symbolise si bien son président. D'une modeste conférence sur l'art dramatique national, Pellet fait un drôlissime constat de l'Etat français. L'exercice est brillant et d'une écriture hypnotique. D'autant qu'il y a du Artaud halluciné dans la diction rapide, sonore et incantatoire, qu'adopté le metteur en scène et interprète Stanislas Nordey, quasi suicidé ici de la chose scénique française. Règle-t-il des comptes avec sa propre expérience du circuit subventionné ? Mince silhouette noire au regard incendiaire, il est magnifique en imprécateur visionnaire de nos turpitudes culturelles étatiques. Jamais réactionnaire - trop douloureux, trop sincère pour ça -, le spectacle pose juste cette terrible question : comment en est-on arrivé là ? Aller voir des artistes anglais redonne espoir. La manière dont Dennis Kelly, 40 ans, pratique ce théâtre «documentaire» si prisé dans son pays donne par exemple un extraordinaire coup de fouet. A partir d'un fait divers (un double infanticide), l'auteur met en scène sa propre enquête auprès des COLLINE 2476396200504/GBM/OTO/2 DANS "LA CONFÉRENCE", STANISLAS NORDEY FUSILLE LA SCÈNE SUBVENTIONNÉE. PROVOC ? protagonistes, imagine de les filmer en gros plan pour mieux traquer leur vérité. Mais tout devient mensonge dans cette prétendue leçon de réel, où chacun avoue et se cache, se livre et trompe. Parce qu'on ne sait pas soi-même où est le vrai, et parce que le vrai lui-même sans doute n'existe pas. De la réalité, Kelly fait un labyrinthe angoissant, où le doute reste plus fort que tout, et la trahison de soi, permanente. Sobrement mis en scène par Olivier Werner, interprété avec une force saisissante par une distribution aiguë, Occupe-toi du bébé est un spectacle à la violence intérieure explosive. Les points de vue s'y mêlent jusqu'au vertige; comment donc appréhender objectivement le monde? Par la farce. Comme y invite Dan Jemmett dans l'irrésistible Comédie des erreurs, de Shakespeare, qu'il monte avec un esprit potache dévastateur. Si cette œuvre de jeunesse repose sur des quiproquos et imbroglios faciles, le metteur en scène en fait une fête de théâtre iconoclaste sur fond de baraques-cabinets, de disco, de bière, d'hystérie déjantée. Alors cette folie-là, pas geignarde, pas complaisante, à l'opposé de ces spectacles français ordinaires que fustige La Conférence, rend vif, corrosif, réveille. Donne envie d'affronter et de narguer le monde. *** La Conférence de Christophe Pellet mise en scène Stanislas Nordey, jusqu'au 30 janvier au Théâtre du Rond-Point, Pans 8e Tel 01-44-95-98-21 *** Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène Olivier Werner, jusqu au 5 février au Théâtre national de la Colline, Pans 20" Tel 01 44-62-52-52 *** La Comédie des erreurs, de William Shakespeare, mise en scène Dan Jemmett, jusqu au 12 février au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris 10e Tel 01-46-07-34-50 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline www.telerama.fr 30 Janvier 2011 Un metteur en scène, une pièce Lever de rideau (10) Lever de rideau (10) : Olivier Werner monte “Occupe-toi du bébé” LE FIL ARTS ET SCÈNES - Un double infanticide a eu lieu. En scène, les acteurs du drame. “Occupe-toi du bébé”, du britannique Dennis Kelly interroge le traitement des faits divers par les médias. Du théâtre documentaire, un genre nouveau, très prisé en Grande-Bretagne explique Olivier Werner, qui la met en scène actuellement au théâtre de la Colline. Dispositif singulier dans la petite salle du Théâtre de la Colline : un dramaturge enquête sur un fait divers tragique, un double infanticide. Il recueille la parole des acteurs du drame : l'accusée, le médecin très médiatique qui a diagnostiqué le trouble mental, etc. Olivier Werner met en scène - et co-interprète - Occupe-toi du bébé, pièce glaçante d'un auteur anglais de 40 ans, Dennis Kelly, pure fiction l'infanticide en question n'a pas existé - pour s'interroger sur les faits divers et leur traitement par les médias. Explications. Pourquoi ce texte ? Parce que c'est une commande ! En l'occurrence du Centre Dramatique Régional de Vire, de Pauline Sales et Vincent Garanger, avec qui j'avais déjà travaillé. Ils ont découvert cette pièce il y a un peu plus d'un an, ils cherchaient un metteur en scène, ils ont pensé à moi. Je ne connaissais pas Dennis Kelly, je l'ai rencontré à Londres. Sa pièce appartient à un genre prisé là-bas, le « théâtre documentaire », ou le « théâtre-verbatim », comme on l'appelle aussi. C'est un genre qui interroge l'écriture contemporaine et le théâtre a besoin de ces courants, voire de ces modes, pour se renouveler. J'étais intéressé par la réflexion qu'offre la pièce sur la médiatisation des faits divers, comment les médias nous font entrer en empathie avec des gens aux heures les plus noires de leur vie, et aussi notre propre voyeurisme. Et cela passe par une langue très travaillée, hyper-réaliste, ou chaque mot, chaque grattement de gorge est précisément indiqué. J'ai déjà travaillé sur des monologues. Ici, on n'est pas dans un théâtre didactique ou idéologique, où chaque personnage a un projet, un objectif à défendre. Ce sont plutôt des gens qui sont pris par la parole, celle-ci ayant une dimension cathartique. La parole fabrique la personne, et pas l'inverse. Pourquoi ces comédiens ? Certains sont des permanents de la troupe du Centre de Vire ; et puis d'autres avec qui j'avais envie de travailler. Je tenais, par exemple, à Olivia Willaumez, dont je savais qu'elle est bilingue. Il y a ainsi dans le spectacle, via la vidéo, une trace de la version originale. Il y a deux types de jeu : les parties filmées et le parler théâtral en direct. Dans le premier cas, le jeu est plus retenu, l'acteur doit vivre intensément la scène et se laisser voler des moments d'intimité ; dans le second, c'est une langue très expansive, comme une tache sur un buvard : on prend la parole, et la tache s'étend, on ne sait pas où elle va s'arrêter. Rien de ce qui est dit n'est le fruit d'une pensée organisée. Il s'agit pour les personnages, la plupart du temps, d'évoquer des souvenirs, et la douleur du souvenir peut être tellement présente que la manière de la raconter sera aléatoire, hachée. C'est une langue du déchet. Un principe de mise en scène ? J'en ai eu un auquel j'ai dû renoncer. Je voulais mettre le public devant un écran. Les acteurs joueraient en direct, dans différents décors, mais on ne les verrait que par la vidéo. Parce que je pense que cette pièce est un faux docu-fiction. Et puis je me suis heurté à une sorte d'impasse juridique : c'est du théâtre vivant, donc il faut qu'on voie le corps des acteurs... J'ai donc choisi un espace générique qui laisse imaginer qu'on est dans un studio d'enregistrement où l'auteur, Dennis Kelly, recueille de la parole. Tout est censé se passer en huis clos : il ne faut pas que les acteurs soient mis en présence les uns des autres, pour ne pas créer une psychologie de plateau, avec des réactions à ce qui est dit... Un maître, une référence, dans votre parcours de metteur en scène ? Non, je suis acteur et metteur en scène en même temps, j'ai été amené à travailler avec des gens extrêmement différents, et mes références vont de Francis Perrin à Claude Régy ! Je n'appartiens à aucun courant, je serai bien incapable de dire qui sont mes pères de théâtre. A quoi sert le théâtre ? A gagner sa vie, c'est un métier comme un autre. Je le dis sans ostentation, et en plus, je ne suis pas loin de le penser. Occupe-toi du bébé, de Dennis Kelly, mise en scène d'Olivier Werner. Jusqu'au 5 février au Théâtre de la Colline, 01 44 62 52 52 ; du 9 au 11 février au Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, à Vire, Calvados, 02 31 66 16 00 Aurélien Ferenczi FEV 11 Mensuel OJD : 79345 Surface approx. (cm²) : 258 4 AVENUE DE CORBERA 75012 PARIS - 01 53 02 06 60 Page 1/1 crfriQue u OCCUPE-TOI DU BÉBÉ L'AUTEUR BRITANNIQUE DENNIS KELLY DÉTOURNE LES CODES DU THÉÂTRE DOCUMENTAIRE POUR RÉVÉLER LES JEUX TROUBLES ENTRE FICTION ET RÉALITÉ, CONFESSION ET VÉRITÉ. UNE RÉFLEXION SUR LA REPRÉSENTATION REMARQUABLEMENT SERVIE PAR LA MISE EN SCÈNE D'OLIVIER WERNER ET LES ACTEURS. « Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à par- tant de tabloïds En confrontant le témoignage au tir d'entretiens et de correspondances Rien n'a théâtre espace de la fiction, Dennis Kelly trouble la été ajoute et les mots utilisés sont ceux employés crédibilité de la parole et le pacte de croyance qui même si certaines coupes ont pu être fe/fes •> avertrt lie la scène et la salle II révèle l'ambiguïté de cha- la première didasoalie « Rien de ceci n est vrai » que protagoniste qui use aussi de la confession affirme pourtant la quatrième de couverture de l'édi- et de la compassion comme posture médiatique et tion anglaise de Occupe-toi du bébé Que croire' représentation de soi Justice, science politique C'est précisément la question que creuse la pièce médias, famille, individu, théâtre de Dennis Kelly Lauteur britannique a fabrique de cours se fendillent dans ce jeu de la venté ou finit toute imagination un théâtre documentaire, une par poindre la duplicité des intérêts -II y a la vérité tous les dis- Le metteur en scène Olivier Werner met en abyme le dispositif de confession télévisuel. * piece Verbatim » pour reprendre l'expression en ef ce que les gens croient être la vente, tout est vogue outre manche en s'inspirant de plusieurs question de point de vue » Dans le rôle de Dennis cas d'infanticides qui secouèrent la Grande-Bre- Kelly le metteur en scène Olivier Werner dirige les tagne en 2007 Maniant les techniques journalis- interviews et dévoile avec subtilité les revers du tiques, il mené l'enquête et interroge les acteurs de cette histoire sous prétexte de trouver la venté comportement et de la sincérité des uns comme des autres par un dispositif scénique qui reprend Face a la caméra qui renvoie l'image en direct sur grand écran, se succèdent Donna, accusée de les codes télévisuels tout en montrant le horschamp Telle démarche supposait des comédiens meurtres après la mort de ses enfants en bas-âge d'une parfaite justesse Tous se glissent dans les mais finalement relaxée faute de preuve, Lynn sa mère, habile politicienne, écartée du Parti travailliste mailles de leur rôle avec un naturel déroutant, prouvant le pouvoir du théâtre de faire advenir la par cette sale affaire, qui se lance seule dans la complexité du réel par l'illusion campagne électorale et entend faire triompher la Gwénola David luste cause, le Docteur Millard, psychiatre qui a identifié un syndrome « Leeman-Ketley » poussant des femmes à tuer par trop forte empathie JEU DE LA RÉALITÉ Seul Martin, mari de Donna, se refuse à repondre et dénonce l'obscénité de cette curiosité qui prend la souffrance d autrui comme sujet à l'instar de COLLINE 6476407200505/GOA/ACR/2 Occupe-toi du MM de Dennis Kelly, mise en scène d'Olivier Wemer. Jusqu'au 5 février 2011, sauf mardi à 19h à 21h, dimanche à 16h, relâcha lundi Théâtre national de la CoHIne, 15 me Malte-Brun, 75020 Paris. Rens. 01 44 62 52 52 et www colUne.fr Durée 2h. Le texte a paru è L'Arche Éditeur Puis du 9 MI 11 février 2011, U Préau COR de Basse-Normandie, vire. Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline FEV/MARS 11 THEATRAL Bimestriel 4 RUE ARMAND MOISANT 75015 PARIS - 09 50 27 41 60 Surface approx. (cm²) : 667 Page 1/2 rtraitsI Le Vrai Sang à l'Odéon i/rv é/o/1/v o/ V nv CL ty as & v n Etre un instant hors de l'idéologie humaine, voir concrètement comme Dieu et les bêtes, voir d'un trait" Voilà pour la vision profonde Maîs le poète, qui a fait de Louis de Funès le modèle moderne de l'acteur, secoue de rires son étrange univers qui ressemble à une gratte préhistorique où l'être humain se mettrait à inventer le parole et le dialogue Novarina aime le cirque, le cabaret, les clowns, les gugusses Et il y a beaucoup de pitreries - burlesque des mots et burlesque du jeu - dans sa nouvelle piece Le Vrai Sang dont la création constitue l'événement central du cycle qui lui est consacré une série de personnages étranges vont et viennent tels des alere Novarina farceurs qui seraient aussi des philosophes Certaines Poète, penseur et pitre dique le droit à la satire : "il y a des scènes où je me moque scènes prennent directement pour cibles l'actualité et les hommes politiques Frédéric Mitterrand y est même cité comme roi de la formule creuse ("Ne faisons plus de l'art pour tous maîs de l'art pour chacun"} Novarina revendu langage des médias Encore ' Je continue C'est un peu priori traduisible, il est traduit dans quinze comme les médecins chez Molière Tel qu'il est utilisé, le lan- langues. Valère Novarina est le phénomène du gage est dangereux On me reprochera peut-être de me théâtre français : ce qu'il fait ne ressemble à aucun répéter, maîs les télés sont toujours là " autre théâtre. Il y un univers, un langage, une étran- Le Vrai Sang, écrit et mis en scène par Valère Novarina, avec Gilles Costaz geté Novarina. L'Odéon-Théâtre de l'Europe l'a choisi Agnès Sourdillon, Nk 5 Struve, Manuel Le Lièvre, Olivier comme auteur européen de l'année. Une série d'événements ont eu lieu à l'intérieur d'un cycle qui s'achève par la création d'une nouvelle pièce mise en scène par l'auteur, Le Vrai Sang. Né à Genève maîs de nationalité française, Valère Novarina est un enfant de la Haute-Savoie C'est là qu'il part souvent pour écrire dans un chalet sans électricité, non lom des animaux avec lesquels il a sans cesse un dialogue très secret. L'animalité de l'homme, de l'acteur, du langage, c'est l'une de ses obsessions N'a-t-il pas écrit un Discours aux animaux qui s'adresse en réalité à l'humanité 7 Dans la vie quotidienne, l'homme est, au contraire de l'image fruste qu'on se formerait hâtivement, doux, courtois, raffiné, songeur. Il pèse chacun de ses mots, pour nejamais être banal et inexact "J'aipeutêtre eu, très tôt, quelque chose comme la volonté d'enlever le théâtre au roman et le rendre à la poésie, de l'arracher aux ballets, aux arguments et le rendre à la danse, d'en finir avec /es récits, les pantomimes — et peut-être de parvenir à la vivacité du ballet sans argument, au drame pur de l'espace, dit-il. La vraie catastrophe est grammaticale Se tenir au plus proche de la tragédie, de la comédie respirée Un "théâtre sans représentation " qui nous permettrait de voir un instant autrement qu'avec nos yeux d'hommes. COLLINE 0537207200501/GJD/OTO/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline FEV/MARS 11 THEATRAL Bimestriel 4 RUE ARMAND MOISANT 75015 PARIS - 09 50 27 41 60 Surface approx. (cm²) : 667 Page 2/2 I I avait déjà joué François Mitterrand dans le téléfilm de Serge Moati, Mitterrand à Vichy, en 2007. Dans Hitch Hitch au Lu ce rn a i re de Alain Riou et Stéphane Boulan mis en scène par Sébastien Grall au Lucernaire, Mathieu Bisson interprète encore un personnage qui a existe, François Truffaut. La pièce retrace la rencontre du jeune cinéaste française face au maître du suspense Hitchcock. C'est le rôle de Mitterrand qui lui permet de décrocher celui de Truffaut "C'est un des auteurs, Stéphane Boulan, qui m'ayant vu dans Mitterrand, m'a proposé le rôle" L'autre personnage, c'est Hitchcock et autant dire que l'acteur, Joe Sheridan, colle physiquement à la réalité "La ressemblance est très impressionnante" Beaucoup moins frappante pour Mathieu "ll y a plusieurs écoles ll y a celle de Mathieu Bisson Marion Cotillard (Edith Piaf) ou Eric Elmosnmo (Gainsbourg) qui colle aux personnages et une autre qui s'en fout Moi je Dans la peau de Truffaut n'ai pas l'ambition d'être complètement dans le mimétisme Je dirais que je suis un peu au milieu Et puis, je joue Truffaut cam" Pour mieux cerner son personnage, il voit beaucoup à jo ans, un peu mtello, un peu agité Et je croîs qu'on n'a pas de films de lui, lit la biographie d'Antoine de Baecque et une image hyper précise de lui à cet âge-là Tandis qu'on en a Serge Toubiana, s'imprègne d'interviews qu'il a données une d'Hitchcock ' " "Pour mieux l'oublier après Maîs on ne peut pas arriver sur La pièce retrace la rencontre historique de Truffaut avec scène n'importe comment C'est une personne assez timide, Hitchcock Pour approcher son maître, lejeune cinéaste a nerveuse et intense Ça m'oblige à m'oublier Au lieu de me l'idée de réaliser une longue interview de lui en 500 ques- demander ce que je ressens, je me demande ce que lui ressen- tions sur son cinéma, rendue publique en 1966 dans l'ou- tirait" vrage Le Cinéma selon Alfred Hitchcock chez Robert Si le rôle est venu à lui, Mathieu Bisson dit qu'il apprend à Laffont "On a des lettres qu'ils se sont envoyées pour fixer ce aimer les rôles qu'on lui propose Le théâtre est trop impor- rendez-vous, et après leur rencontre C'est à partir de ces tant pour lui, qui rêve de jouer Le Misanthrope et du échanges que les auteurs ont imaginé comment la rencontre Tchékhov avait eu lieu" Cinq à six années passent entre la première Chapiteau "J'essaie défaire naître quelque chose" demande de rendez-vous et la sortie du livre "Truffaut était Hitch. Lucernaire, 53 rue Notre Dame des Champs 75006 Paris, ll a aussi adapté une pièce américaine, HC aussi très attiré par les Etats-Unis et par le marche améri- , vee Occupe toi du bébé, qu'il met en scène à la est séduit par le texte. Avant d'en mesurer la difficulté. "Ce Colline, Olivier Werner explore l'obscénité des qui intéresse l'auteur, c'est la manière dont les faits divers médias qui exploitent le voyeurisme du public. La pièce sont traités dans les médias. Il interroge le public de théâtre prend l'exemple d'une émission où des gens sont invités qui est en général un public assez peu propice à regarder des à déballer leurs problèmes. L'une des affaires montre émissions à la télévision où les gens déballent leur intimité. Il une femme accusée d'avoir tué ses enfants. est question d'une femme qui a tué ses deux enfants. Ce n'est pas tellement important de savoir si elle a tué ou non ses Olivier Werner est comédien. Et metteur en scène occa- enfants. Hyo quelque chose de trës obscène dans le fait de sionnel. Il a fait partie du collectif de la Comédie de Valence laisser ces personnages livrés à eux-mêmes et de venir les titil- lorsque Christophe Perton était directeur. "À Valence, j'ai ler aux endroits les plus douloureux et de les manipuler un travaillé en tant qu'acteur sur La nuit est mère du jour, de petit peu. Et il y a une complicité du public qui continue à Lars Norén, Don Juan mis en scène par Yann-Joël Collin, écouter des gens qui racontent leur vie. Ça met le doigt sur Roberto Zucco, et j'ai monté Rien d'humain de Marie nos obscénités de regard et de parole". La pièce se présente NDiaye, Saint-Elvis de Serge Vatletti dans lequel j'ai joué comme un collage de plusieurs interviews. "Jejoue l'auteur. aussi. On a fait neuf spectacles en trois ans". L'année der- Dans la premiére partie, les gens sont f limes et projetés sur un nière, il a joué dans Lafolie d'Héraclès, pièce que Christophe écran. Dans la deuxième, on a créé une sorte de confession- Perton a mis en scène au Vieux Colombier et qui n'a pas nal où les personnes sont aveuglées et ne voient pas leur convaincu. "J'adore faire des choses très différentes. Il y a interlocuteur qui est dans leur salle et leur pose des gués- quèlques années, j'ai travaillé à l'Institut nomade de la mise en scène avec Claude Régy et deux mois après avec Francis Perrin pour jouer Amphitryon", Occupé toi du bébé. Colline, 15 rue Malts-Brun 75020 Paris .orsqu'on lui propose Occupe toi du bébé, Olivier Werner COLLINE 0537207200501/GJD/OTO/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline FEV/MARS 11 THEATRAL Bimestriel 4 RUE ARMAND MOISANT 75015 PARIS - 09 50 27 41 60 Surface approx. (cm²) : 314 Page 1/1 scène I t 1/CL V m m Occupe-toi du bébé m Le Jeu de l'amour [ Pièce 'Verbatim" ] et du hasard m Robin des bois, la légende... ou presque ! Texte de Dennis Kelly, mise en scène [ Trop long ] d'Olivier Werner Texte de Marivaux, mise en scène de [ Le conte est bon ! ] Colline, 15 Rue Malte-Brun 75020 Paris, Michel Raskine, avec Stéphane Bernard, Texte de et mis en scène par Fred Colas jusqu'au 5/02,0144 62 52 52 Christine Brotons, Jean-Louis Delorme, et Guillaume Beaujolais Singulier objet théâtral que celui-là Où Christian Drillaud, Marief Guittier, Guy Théâtre le Temple, 18 rue du Fbg du l'auteur, Denis Kelly, explique tour à tour Naigeon, Michel Raskine Temple 75011 Pans, 08 92 35 oo 15 "Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à Ateliers Berthier, i rue André Suarès 75017 De Robin des bois, nous avons tous gardé partir d'entretiens et de correspondances Pans, jusqu'au 6/02, 0144 85 40 40 quelques images que les productions hol- Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont Marivaux a écrit sa piece pour des jeunes lywoodiennes ou le dessin animé de Walt ceux employés" Puis "Rien de ceci n'est gens Silvia et Dorante ont à peine vingt Disney nous ont laissées Rien à voir avec vrai Ce sont simplement des gens qui ans et destinés l'un à l'autre par leurs cette légende revisitée par deux jeunes disent des choses C'est entièrement subjec- pères, ils n'acceptent ce mariage qu'à la auteurs et metteurs en scène, Fred Colas tif La représentation de la tragédie d'au- condition de se plaire Et pour ne pas se et Guillaume Beaujolais, qui tout en entre- trui pour divertir d'autres personnes est- faire abuser par l'autre, chacun décide de tenant le mythe, vous surprendra elle condamnable ' Quels sont les enjeux se mettre en retrait et de mettre à sa place gosse un peu macho, engoncé dans une combinaison de latex, Robin - Cnstos Beau de la mise à nu de l'individu ' Matière véri- son valet On connaît la suite l'amourfait table ou interprétation, théâtre 'Verba- bien les choses, les maîtres déguisés en Mitropoulos - chante et danse au milieu tim" ou fiction, peu importe en fait Le valets vont tomber amoureux et leurs d'une excellente distribution sujet de cette pièce fournit une matière valets déguisés en maîtres aussi Cette décors très cartoon avec des interprètes théâtrale passionnante, où les protago- version respecte l'histoire, mais cette fois, costumés et lookés flashys, nul doute nistes sont les acteurs d'un fait divers Silvia et Dorante sont vieux et esseulés Ils qu'on ait ici creuse le sillon de la dérision Donna, condamnée puis relaxée pour le arrivent à un âge où ils ont encore une des comédies musicales Les chorégra- double meurtre de ses enfants, son mari, chance de faire leurs vies, avant d'entrer phies particulièrement réussies, les chan- sa mère, Lynn, femme politique de tête et dans l'interminable vieillesse qui attend sons aux mélodies entêtantes et les facé- candidate aux élections, encore le Dr les hommes du XXIe siècle Et puis la ties des comédiens achèvent de vous déri- Millard, psy verbeux qui pense avoir sagesse de Silvia et Dorante correspond der Comme chez Pixar, grands et petits reconnu chez l'accusée un syndrome par- bien à deux célibataires irréductibles qui trouvent ici leur compte dans le conte qui ticulier Dans une construction habile, on gardent la tête froide même quand ils par- a invité une fée carabosse meneuse de passe de scènes jouées à des projections lent d'amour L'avantage de ce castmg revue plutôt chaude ' Les parties parlées, sur grand écran ou des témoignages, sous surprenant c'est que le texte nous parle quoi qu'un peu bavardes, font plonger en Dans des l'angle de la confession Doute, manipula- comme jamais L'inconvénient, c'est la ihqo de spectacle dans un univers à la Tex tion, perversité, représentation de soi, différence d'âge entre Silvia et Dorante, Avery où Robin devient une sorte de super douleur la mécanique humaine dans ce Dorante étant beaucoup plus jeune que héro qui adore "positiver" selon le refrain qu'elle a de plus complexe et de plus trou- Silvia, on n'y croît pas Quant à la mise en gimmick du show ' Cette troupe a l'éner- blant Nous voilà observateurs et voyeurs, scène, elle bat les records de n'importe gie débordante ne ménage ni sa peine ni fascines Emmenés par Olivier Werner, quoi Pourquoi mettre le bazar dans une sa voix pour perpétrer la légende du les acteurs, emportent le morceau partition aussi parfaite ~> Le final n'en finit grand Robin des bois Nedjma Van Egmond COLLINE 7637207200501/GJD/AYM/2 pas Pitié pour le public ' HC François Varlin Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 02 FEV 11 Hebdomadaire Paris 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00 Surface approx. (cm²) : 1119 N° de page : 51-53 Page 1/3 NOTRE SELECTION NOUVEAUTÉS DERNIERS JOURS LES PIECES Absinthe 22 Alter chercher (ternal 27 Appelez-moi Tennessee 31 L'Asticot de Shakespeare 44 AudardparAudiard 33 Audrey Lamy Dernieres avant Vegas 15 Bonté dvine 11 Bulbus 6 La Cagnotte 34 Cafigula 1 La Comedie des erreurs 30 Le Crépuscule du Che 18 La CrlUaue dè l'Ecole des femmes 20 Des souris et des hommes 19 Les Deux Timides 34 Le Dîner de COTIS 47 Diplomatie 14 Don Juan 26 Du Mariage au divorce 42 Les Fleurs gelées 21 Francesco 40 Le Gal Mariage 32 HcVTtionid cxtestîs 51 HarperRegan 36 HenrilV.leWen-aime 31 Heritages 13 Hitch 33 Lïlumlne 28 Ithaque 50 Jacques et Mylene: 26 DOO couverts 12 Jamel Debbouze: Tout sur Jamel 5 «ortec (La fa) L'amour, la mort, les fringues 25 42 Macbeth Horror Suite 30 La Maladie dè la f amie M 38 Méchant Motere 17 U Methode Gronholm 46 Mission Ftorimont 37 Moi, Caravane 33 Monlsmenle 34 Les Monstrueuses Actuattés ete Christophe AJevèque 36 Le Neveu de Rameau 41 Nicomede 29 Le Nombril 7 LaNurcJusteavanttesforêts 23 Occupe-toi du bebé 6 Pluie d'enfer 16 Le Rédt cle la servante Zerlne 49 Le Recours aux forèts 52 Refuge pour temps d'orage 17 Le Repas des fauves 43 LeRoiCymbetne 4 Sériai plaideur 14 Sceur Emmanuelle, le temps du plus grande amour 10 Stephane GuiUon:LJbertesurve8lee 27 Surena 29 LeTedmiden 35 La Tempête 48 Le Tour complet du coeur 24 Le Tour du monde en SO jours 3 Toutou 39 Les Trois Soeurs 8 UnHalapatte 8 Un tramway nomme désir 8 Une banale histoire 23 Une journee ordraire 2 La Verite 45 Volpone 9 COLLINE 3400207200505/GDF/OTO/1 PARIS 1-ATHÉNÉE THÉATRE LOUIS JOUVET sq de lopera Louis-Jouvet 7, rue Boudreau (9e) M' Opera, Havre - Caumartin RER Auber Loc 0153051919 S Catigula De Camus Mise en scene de Stëphane Olivie Bisson Avec Bruno Putzulu, Gauthier fallot Claire Helene Cahen, Clément Carabedian, Pascal Castelletta, Patrick D Assumçao Jean de Coninck Maxime Mikolajczak Cecile Paoli 20H DU MER 2 AU VEN 4.15H SAM 5, 20H SAM 5. Pl 30€ TR 65C > A voir essentiellement pour Bruno Pirtzulu.N.S B ¥¥¥ Henri IV le bien-aimé Les Mathurms ¥¥¥ Occupe-toi du bébé La Colline ¥¥¥ La Vie parisienne Theatre Antoine 2-LES BOUFFES PARISIENS 4, rue Monsigny (2«) MTJuatre-Septembre Loc 0142969242 Une journee ordinaire D Eric Assous rn en se de Jean-Luc Moreau Avec Alain et Anoudika Delon, Elisa Servier Christophe de Choisy Loc Sur le site Intérnet du theatre Fnac, Ticketac (a partir de 29,500 20H30 DU MER 2 AU VEN 4,17H SAM 5, 20H30 SAM 5, 20H30 MAR 8 Pl 12 a 70£ X Une tres bonne surprise, le duo père-fille fonctionne bien et les fans de Delon lui reservent une 'standing ovation N.S ¥¥ La Nuit juste avant les forêts 3-CAFÉ DE LA GARE 41 rue du Temple (4e) M'Hôtel de Ville Rambuteau Loc 0142785251 Le Tour du monde en 80 jours De Jules Verne, rn en se de Sebastien Azzopardi Avec Romain Canard Christophe de Mareuil, Eric Gueho, Alexandre Guilbaud (en alternance avec Frederic Imbertyj, Anais Harte Rejane Lefoul Van Mercoeur, Stephane Roux, Rodolphe Sand, Nicolas Tarrm Loc Fnac, Ticketac (a partir de 18 f), Carrefour 20H DU MER 2 AU VEN 4,17H SAM 5, 20H SAM 5 Pl 24C ï Jules Verne au theâtre Une réussite cocasse I -LJ 4-CARTOUCHERIE THÉATRE DU SOLEIL rte Champ de manoeuvre cartoucherie (12e) M'Chateau de Vincennes ( 0143748763 Loc 0143742408 Le Roi Cymbdine De William Shakespeare Mise en scene de Helene Cmque Par la Compagnie d Helene Cinque 20H DU MER 2 AU VEN 4,14H SAM 5, 20H SAM 5,14H DIM 6, 20H MAR 8. Pl 20£ TR 10 a 12£ 5-CASINO DE PARIS 16. rue de Clichy (9*) M" Liege I 0892698925 H Jamel Debbouze : Tout sur Jamel 20H DU MER 2 AU SAM 5,17H DIM 6,20H MAR 8. Pl 29 à 48€ 6-LA COLLINE 15, rue du Malte Brun (20*) M Gambetta Loc 0144625252 B Bulbus DAnja Hillmg, rn en se de Daniel Jeanneteau Avec Eve-Chems de Brouwer, Johan Ley sen, André Marcon Loc Du lun au sam de tih à 18h30 et le dim de 13h30 a 16h30 Sur le site Internet du theatre Auprès des agences et revendeurs (Fnac Crous Starterplus) 20H30DUMER2 AU SAM 5,15H30 DIM 6,19H30 MAR 8 Pl 27£ TR 13a22£ Occupe-toi du bebe Oe Dennis Kelly, rn en se d Oliver Werner Avec Jean-Pierre Becker Auré lie Edehne, Vincent Garanger, Marie Lounlci, An thony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez Loc Du lun au sam de Tih a 18h30 et le dim de 13h30 a 16h30 Sur le site Internet du théatre Auprès des agences et revendeurs (Fnac, Crous Starterplus) Ï1H DU MER 2 AU SAM 5. Pl 27£ TR 13 a 22C > Decouverte d un auteur britannique remarquablement Interprète. A.H 7-COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES 15, av Montaigne (8«) M Alma Marceau Loc 0153239919 H Le Nombril De Jean Anouilh, rn en se de Michel Fagadau Avec France Perrin, Francine Berge Eric Laugenas Davy Sardou Jean Paul Bordes Alexandra Ansidei Julie Cavanna, Patrice Costa Perrme Tourneux Loc Du lun au sain de 11h a 19h et le dim de Tih a 15h30 Sur le site Internet du théatre Resatheatre Ticketac (à partir de 27,506) 20H45 DU MER 2 AU VEN 4,15H SAM 5, MH45 SAM 5,16H30DIM 6,20H45MAR8.PI 20 a 55£ TR 10€ S-COMÊDIE FRANÇAISE - SALLE RICHELIEU 2 rue de Richelieu Place Colette (1e) M Pyramides e 0825101680 H Les Trois Soeurs D Anton Tchékhov, rn en se d Alain Francon Avec Michel Robin. Eric Ruf Bruno Raffaelli Florence Viala, Coraly Zahonero, Laurent Stocker, Guillaume Gallienne Loc Du lun au dim de 11h a 18h Sur pl sur le site Internet de la Comedie Ticketac (a partir de 12 €) 20H30 MER 2. Pl 12 à 39£ X Une mise en scene sobre et sensible, une Interprétation Idéale A H. Un fl a la patte De Georges Feydeau, rn en se de Jerome Deschamps Loc Du fun au dim de 11h a 18h Sur pl sur le site Internet de la Comedie 20H30 JEU 3, UH DM 6 Pl 12 a 39£ > Jerome Deschamps a reuni une distribution merveilleuse et ajoute son grain de burlesque noir a la folle de Feydeau. Eblouissant i AH Comedia L'Atelier W Sériai Plaideur La Madeleine W Amor, amer à Buenos Aires ¥¥ Ithaque Nanterre-Amandiers Un tramway nomme désir De Tennessee Williams rn en se de Lee Breuer Avec Anne Kessler Eric Ruf Christian Gonon Leonie Simaga, Bakary Sangare, Gregory Gadebois, Stephane Varupenne, Francoise Gillard Loc Du lun au dim de 11h a 18h Sur pl sur le site Internet de la Comedie 20H30 DU SAM 5 AU LUN 7. Pl 12 a 39€ 9-COMEDIE ITALIENNE 17-19 rue de la Gaité (14=) M Gate, Edgar Oumet e 0143212222 Volpone O apres Ben Jensen Adaptation et rn en se de Attilio Maggiulli Avec Helene Lestrade, David Clair, Jean Jacques Pivert Candide Temperim Manon Barthelemy, Georges Cotillard Loc Fnac 20H30 DU MER 2 AU SAM 5,15H30 DIM S, 20H30 MAR 8. Pl 25£ TR 15 a 20£ J»- Une relecture de Volpone a la moulines comedie Italenne. Ca passe ou ca casse, selon. J -LJ. 10-CRYPTE SAINT-SULPICE 33, rue Samt-Sulpice (6=) M Mabillon, Odeon, RER Luxembourg Senat Loc 0679223859 Soeur Emmanuelle, le temps du plus grande amour De et avec Françoise Thunes Mise en scene pai Michael Lonsdale 20H30 DU MER I AU SAM 5, IBM DIM 6, 20H30 MAR 8 Pl 15€ TR w 11-GAITÉ-MONTPARNASSE 26 rue de la fiat e (14') M Gaite Edgar Qumet Loc 0143221618 B Bonté divine De Frederic Lenoir et Louis-Michel Colla, rn en se de Christophe Lidon Avec Bernard Malaka Jean-Loup Horvitz, Sid Ahmed Agoumi Benoit NGuyen Tat Loc Sur le site Internet du theatre Fnac Ticketac (a partir de 12 €) Resatheatre 19H DU VEN 4 AU SAM 5,15H DIM 6. Pl 18 à 35£ 12-LE GRAND PARQUET 20bis rue du Departement (18') M'La Chapelle e 0140050150 Jacques et Mylene : 26 DOO couverts De Gabor Rassov Mise en scene de Benoit Lambert Avec Ingrid Strelkoff et Philippe Nicole 20H DU JEU 3 AUSAM5,15NOIMe.PI 13€ TR 3â9£ «-INTERNATIONAL VISUAL THEATRE 7, cite Chaptal (9') M' Saint-Georges Liège Blanche Loc 0153161818 Heritages De Bertrand Leclair Mise en scene d Emmanuelle Laborit Avec Simon Attia, Noemie Churlet, Thomas Leveque, Anne Marie Bisaro, Marc Berman et Serpentine Teyssier 20H30 MER 2,19H JEU 3,20H30 DU VEN 4 AU SAM 5,16H DIM 6 Pl 22£ TR 9 à 15£ M 14-LA MADELEINE 19 rue de Surene (8=! Vl Madeleine Loc 0142650709 B Diplomatie De Cyril Gely Mise en scëne de Stephan Meldegg Avec André Dussollier et Miels Arestrup Loc Tl) de tih à 19h, le dim de Hb a 18H, Fnac, Carrefour Printemps, Bon Marché Sur le site Internet du theatre 21H DU MER 2 AU VEN 4, 18H SAM 5,21H SAM 5,15H DIM 6,21H MAR 8. Pl 15 a SOC TR 10€ > La piece avait reçu le prix Lucien-Barrière. Le jeu remarquable d Arestrup et Dussolller confirme sa force. N.S Sériai plaideur De Jacques Verges rn en se de Louis-Charles Sirjack Loc Tlj de Tih a 19h, le dim de lili a 18h, Fnac Carrefour, Printemps, Bon Marche Sur le site Internet du theatre 1SH DIM 6, 21H LUN 7 Pl 14 a 30€ 15-PALAIS DES GLACES 37, rue Faubourg du Temple (100 M Republique Loc 0142022717 B Audrey Lamy - Dernieres avant Vegas De et avec Audrey Lamy, rn en se de Alex Lutz Loc Du mar au sam de tih a 18h30 Sur le site Internet du theatre Fnac 21H30 DU MER 2 AU SAM 5, 21H30 MAR 8. Pl 25 a 29* TR 18 à 22€ > Un spectacle joyeux donne par une fan de Tarentliw N S 16-LA PÉPINIÈRE THEATRE 7. rue Louis Le Grand (2=) M'Opera, RER Auber f 0142614253 Loc 0142614416 Pluie d'enfer De Keith Huff, rn en se de Benoit Lavigne Avec Olivier Marchal et Bruno Wolkowitch Loc Du lun au sam de Tih à 19h Fnac, Ticketac (a partir de 15 C 21H MAR 8. Pl 32C TR 10€ 17-PETIT HÉBERTOT 78bis bd des Batignolles (17«) M" Villiers, Rome Loc 0142931304 Èl Méchant Molière De et rn en se de Xavier Jarlard Avec Anna Barbmi Marion Margyl Elise Fournier Tchavdar Pentchev, Xavier Jarlard Christian Suarez Guler Onet, Jean-Pierre Delaune et Xavier Latarie 20H30 DU MER 2 All SAM 5, 16H30DIM6.20H30MAR8.pl 38 5€ Refuge pour temps d orage De Patrick de Carolis m en se de Berengere Dautun Avec Bérengere Dautun et Jean Pierre Michael Loc Du mar au sam à partir de 17h sur pl et toute la semaine de TOM à 20h par tel Fnac KH30 SAM 5,19H30 DU DIM 6 AU LUN 7 Pl 25£ TR 20€ Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 03 FEV 11 Hebdomadaire Province OJD : 7064 13 RUE DU BREIL 35051 RENNES CEDEX - 02 99 26 45 45 Surface approx. (cm²) : 71 Page 1/1 LOISIRS Théâtre - Du 9 au 11 février Occupe-toi du bébé, la pièce qui fait parler les menteurs II y a quelque années, une femme, en Angleterre, avait été acquittée après avoir tue ses deux enfants en bas-âge Un fait d'une grande cruauté, sur lequel a choisi de rebondir Denms Kelly, célèbre auteur de théâtre britannique Son but ? Amener les spectateurs a s'interroger sur ce qu'est le mensonge et l'image que l'on souhaite donner aux autres En effet, jusqu'où peut-on aller pour faire bonne impression ? Pourquoi ment-on ? Dans Occupe-toi du bébé, Denms Kelly distille des réponses Sous forme de témoignages, dans plus la pure tradition britannique du théâtre documentaire « Ce sont les mécanismes de la fiction-réalité qui y sont explores » indique Olivier Werner, metteur en scène de la piece « La vente n 'a que peu d'importance, c'est plutôt l'aptitude de chacun a présenter les faits a sa manière qui prime » Créée au Théâtre National de la Colline en 2011, la piece vient a Vire, au théâtre du Préau, les 9, 10 et 11 février prochains, dans le cadre de l'enquête artistique de « C'est vrai ce mensonge ? » Sur le plateau, Vincent Garanger, Aurelie Edeline, Anthony Poupard, et de nombreux autres acteurs donneront vie a l'intrigue, traduite de l'anglais par Pauline Sales et Philippe Lemome, de Denms Kelly VIRE085 poste 3F7C15DA57E0640FC2924C34E706F53800D38F34110916E45B26864 COLLINE 8955407200503/GNK/FJT/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 05 FEV 11 Hebdomadaire Province OJD : 74147 Surface approx. (cm²) : 83 RUE DE COUTANCES 50950 SAINT LO CEDEX 9 - 02 33 05 10 00 Page 1/1 SORTIES Crimes et boniments... Un sordide fait divers, un décor mimmaliste et plusieurs personnages venus témoigner devant la caméra Apres plusieurs représentations au théâtre national de la Colline a Pans, l'équipe artistique du Préau présente cette semaine a Vire sa toute dernière création "Occupetoi du bébé" Une mise en scène originale signée Olivier Werner, adaptée d'un texte de Denms Kelly, un auteur britannique très connu outreManche Théâtre documentaire Qui de Donna, un temps soupçonnée d'infanticide, de Lynn, sa mère, une femme politique d'influence, ou du docteur Millard, psychologue, raconte la vente a propos de la mort de deux enfants en bas-âge? C'est ce que cherche a savoir un reporter, qui interroge tour a tour chacun des protagonistes, dont le visage et les paroles sont traques sur grand écran Qui manipule qui ? Dans cette piece, construite dans la tradition du théâtre documentaire - un genre dramatique très pnse en Grande-Bretagne -, le spectateur est promené d'un personnage et d'une vente a l'autre, pour ne plus savoir a qui se fier pas même a l'auteur qui mené tout son monde en bateau Dans "Occupe-toi du bébé", qui inspira le thème du mensonge sur lequel se décline la saison culturelle viroise, Aurelie Edeline, Anthony Poupard, Vincent Garanger et toute l'équipe du Préau poursuivent l'enquête Pratique. "Occupe-toi du bébé", les 9, 10 et 11 février a 20 h 30 au Préau, Vire De 5 a 15 € Tel 02 31 66 16 00 EF7D157054304809028A4D34240B550D0AA3463DE13214D7682DB2E COLLINE 4841307200504/GJD/FJT/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 05 FEV 11 Hebdomadaire Province OJD : 74147 Surface approx. (cm²) : 83 RUE DE COUTANCES 50950 SAINT LO CEDEX 9 - 02 33 05 10 00 Page 1/1 VIRE Sorties Spectacles "Occupe-toi de bébé" recréé à Vire après Paris Produite par Le Préau, créée au Théâtre de la Colline de Pans le 8 janvier et jouée jusqu'au 5 février, la piece "Occupe-toi du bébé", d'après un texte de Denms Kelly (L'Arche Editeur) traduit par Philippe Le Moine et Pauline Sales, est mise en scène par Olivier Werner assiste de Mane Loumci et jouée par Aurelie Edeline, Mane Loumci, Olivia Willaumez, Jean-Pierre Becker, Vincent Garanger, Anthony Poupard et Olivier Werner Elle sera repnse au théâtre de Vire ou elle sera jouée mercredi soir 9 fevner a 20 h 30, puis jeudi 10 et vendredi 11 a la même heure Fabienne Pascaud, pour Telerama, a juge que " Denms Kelly porte un regard aigu sur son temps, son pays, avec le goût des formes stylisées et le refus de la représentation ordinaire Finement mis en scène, "Occupetoi du bébé" est un exemple parfaitement réussi et troublant de ce théâtre vente qui ne dit la vente que par delà le mensonge, a l'image des protagonistes de cet homble fait divers, un double infanticide, qu'une caméra traque sur le plateau, tandis qu'ils s'expliquent comme ils peuvent De la mère meurtrière a la mère candidate aux élections municipales, du père des bébés au psychologue On ne saura jamais vraiment qui a raison ou tort, qui ment ou pas Sur le plateau nu, le spectacle est bouleversant A cause du sujet et des acteurs prodigieux de smcente, qu'on croirait sortis d'un film de Ken Loach ou Mike Leigh " 777785905E007D00D2A94EF4BD0EF53A01E39737912C19A3CFC41A1 COLLINE 5941307200524/GJD/FJT/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline 12 FEV 11 Hebdomadaire Province OJD : 74147 Surface approx. (cm²) : 42 RUE DE COUTANCES 50950 SAINT LO CEDEX 9 - 02 33 05 10 00 Page 1/1 VIRE De retour de Paris, le Préau reprend "Occupe-toi du bébé" à Vire ce mercredi. "Occupe-toi du bebe", spectacle produit "a IOU %"par le Theâtre du Préau de Vire, sur un texte traduit de l'anglais par Pauline Sales de Vire et joue par sept acteurs dont Vincent Garanger, Anthony Poupard et Aurelie Edeline tous de Vire, vient de faire un tnomphe ("un succes" corrige modestement Vincent Garanger) a Pans ou la piece a ete ]ouee du 8 janvier au 5 fevrier Et pas n'importe ou puisque c'était au Theâtre de la Colline, l'un des cinq theâtres nationaux français avec la Comédie-Française, l'Odeon et Chaillot a Pans ainsi qu'avec le theâtre de Strasbourg 8E7335D05C708009729449E40305857C0C94AD0071AD1CE50CDB29F COLLINE 3210217200507/GAW/OTO/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du Théâtre de la Colline