Occupe-toi du bébé - Théâtre du Passage

publicité
26 · 27 avril 2012
© Élisabeth Carecchio
jeudi · vendredi | 20h15
Occupe-toi du bébé
de Dennis
Kelly mise en scène
Olivier Werner
Saison 2011-2012 | Dossier de presse
Benoît Frachebourg · chargé de communication | [email protected] | +41 (0) 32 717 82 05
Théâtre du Passage | 4, passage Maximilien-de-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel | www.theatredupassage.ch
de Dennis Kelly | © L’Arche Éditeur
traduction Philippe Le Moine , Pauline Sales
mise en scène Olivier Werner | assisté de
Marie Lounici | avec Aurélie Edeline, Marie
Lounici, Olivia Willaumez, Jean-Pierre Becker,
Vincent Garanger, Anthony Poupard, Olivier
Werner
scénographie Jean-Pierre Gallet, Olivier Werner | vidéo Marina
Masquelier | son Fred Bühl | lumières Kevin Briard | costumes
Dominique Fournier | régie Mickaël Pruneau | construction décor
les ateliers du Préau | avec l’aimable participation de Cédric et
Lise Baudu, Robert Hickish, Gérald et Roseline Leverrier, Chris
Sanders, Marie-Françoise Sida | production le Préau CDR de
Basse-Normandie - Vire / La Colline – théâtre national (Paris)
Une enquête
théâtrale
vertigineuse
autour d’un
fait divers
Occupe-toi du bébé part d’un fait divers,
un double infanticide, pour explorer
les mécanismes de la fiction-réalité.
Sur scène défilent les protagonistes.
Certains témoins se souviennent en
public, d’autres ont écrit ou accepté
d’être filmés. Chacun parle à la lueur
de sa propre perception et de ses
intérêts. Témoignages réels ou fiction ?
Peu importe la vérité, car l’aptitude de
chacun à présenter les faits à sa manière
prime sur une objectivité impossible.
Alors que la représentation de soi-même
n’a jamais autant fait recette, comment
discerner la vérité ?
Dennis Kelly est né en 1970 à Londres, où
il habite. Il a suivi des études théâtrales
au Goldsmiths College. Ses œuvres ont
été créées en Grande-Bretagne, dans
de nombreux pays d’Europe et jusqu’au
Japon, en Australie et aux États-Unis.
De manière générale, mentir ne marche pas vraiment. Quand on y réfléchit bien. Qu’on se
mente à soi-même ou qu’on mente à un autre être humain, on connaît toujours plus ou moins
la vérité. | extrait de Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly.
Quelle est la vérité de ce fait divers horrible qui s’est passé en Angleterre il y a quelques années
où une mère a été acquittée du meurtre de ses deux enfants en bas âge ? Dennis Kelly se
penche sur cette histoire, interroge tous les protagonistes et retranscrit chacun des témoignages
recueillis dans la plus pure tradition du théâtre documentaire, un genre extrêmement apprécié
et populaire en Grande-Bretagne. Du moins c’est bien ce que nous croyons au départ avant
de nous rendre compte que nous sommes manipulés par les personnages de Kelly qui lui font
bien croire ce qu’ils veulent puis par Kelly lui-même qui avoue inventer une pure fiction.
Dans Occupe-toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à
présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Dennis Kelly explore les
mécanismes de la fiction-réalité. Au-delà de toute représentation, dans la vie même, quels
sont les enjeux du témoignage public ? Alors que la représentation de soi n’a jamais autant
fait recette, quand l’attrait de la rédemption médiatique est si fort, comment ne pas céder aux
sirènes de cette représentation ? | Olivier Werner
Dennis Kelly, célèbre en Angleterre, est encore méconnu en France. Nous sommes heureux
de faire entendre pour la première fois en France cette pièce importante créée à La Colline
avant de venir à Vire. Olivier Werner, dont la vision est forte et précise, en assure la mise en
scène.
Occupe-toi du bébé est une pièce étrange. En Angleterre, le théâtre
documentaire était très répandu à l’époque où j’ai écrit la pièce. Bien
sûr, le théâtre documentaire est construit à partir d’interviews. Et je
voulais écrire une pièce de ce genre, mais en inventant tout. J’ai donc
écrit une «pièce verbatim». Et je n’ai cessé de le revendiquer, sauf que
les personnages n’existent pas et que j’ai tout inventé. Mais je voulais
surtout écrire sur la vérité...
J’avais le sentiment que la vérité, dans notre vie publique, se trouvait
compromise. Que les choses ne soient pas vraies n’avait aucune
importance, puisque si les médias pouvaient prouver la véracité
d’une information, alors elle était vraie. Une fois que j’avais établi ça,
j’ai voulu aller encore un peu plus loin. Et j’ai pensé que le meilleur
moyen d’écrire sur la vérité était de mentir. J’ai donc écrit une pièce
verbatim qui n’était pas vraie... Le plus étrange est que si les gens
savaient que ce n’était pas réel, ils trouvaient la pièce très drôle. Mais
s’ils l’ignoraient, s’ils pensaient que tout était réel, un froid glacial
s’installait dans la salle. C’était une expérience bizarre. Je crois que
les critiques dans l’ensemble ont compris que rien n’était réel, bien
que l’un d’entre eux ait parlé du fameux cas «Donna McAuliffe».
Mon intention n’était pas de mentir aux gens. Je voulais qu’au
départ ils croient qu’il s’agissait d’une pièce verbatim et qu’ils se
rendent compte, au milieu de la pièce, que ce n’était pas vrai. En
fait, beaucoup de gens quittaient le théâtre en pensant que tout était
réel, c’est peut-être une faiblesse de la pièce. Mais je pense qu’il faut
savoir prendre ce genre de risques.
Dennis Kelly | «Narrative in Contemporary Drama»,
entretien avec Aleks Sierz, 6 juin 2010
Entretien
avec
Olivier
Werner
réalisé à La Colline le 4 novembre 2010 (extrait)
On pourrait imaginer faire un vrai/faux
documentaire télévisé avec cette pièce. Tout
s’y prête dans le collage que propose Kelly.
Un documentaire en cours de création dont
la construction ne serait pas encore achevée.
Certains entretiens étant déjà montés et d’autres
pas encore dérushés et sciemment montrés en
l’état. Mais c’est dans l’économie théâtrale que
ce «documentaire» trouve son épanouissement.
C’est toute la singularité de ce projet, et son
paradoxe. Comment, au théâtre, répondre à
cette écriture qui évoque tant l’audiovisuel,
en procède – ou du moins le fait croire ? La
dramaturgie du spectacle à venir s’articulera
donc autour de cet aller-retour entre théâtre
et audiovisuel.
Les images des acteurs/personnages tournées
au plateau seront retransmises en direct, en
alternance avec d’autres images enregistrées
préalablement. La mise en scène de la parole,
au-delà de son contenu, est ce qui m’intéresse.
Que percevons-nous chez quelqu’un qui se
confie lors d’un entretien ? Si sa crédibilité
dépend de la force de ses arguments, elle
passe aussi par ses troubles, sa maladresse et
ses silences. La personne passe sous nos yeux
d’un état à un autre, laissant deviner dans sa
gestuelle, dans la fuite de ses regards, tout
un vécu qui ne trouve pas la voix des mots
mais qui participe tout autant à l’idée que
nous nous faisons d’elle. La caméra sera là
pour approcher au plus près le visage de la
personne, le micro de sa voix, à l’affût de ce
qui pourrait lui échapper. S’exprimer sous le
contrôle d’une telle amplification, c’est jouir
d’un masque total. Être capté de très près crée
en soi du discours, suscite une empathie et
offre au public un espace de projection des
plus rassurants. Mais au théâtre, j’imagine que
l’image s’épuise au bout d’un moment. Elle
doit être relayée par le plateau. Que se passe-til alors quand celui qui parle doit continuer de
s’exprimer sans l’artifice de sa retransmission ?
Quelle modification s’opère dans la perception
du spectateur ? Dans la pièce, une des rares
didascalies de l’auteur est de mettre subitement
en pleine lumière tel ou tel personnage.
Le voilà maintenant contraint de répondre
aux questions d’une voix sans corps.
Indubitablement celle de Kelly, même si elle
ne dit pas son nom et n’apparaît pas sur la
page de distribution. Cette voix interroge,
et les protagonistes doivent maintenant
répondre en public sans le secours gratifiant
de la technique.
C’est là, au moment où le théâtre reprend
ses droits, que l’authenticité de la personne
nous apparaît. Ce que nous avions fini par
admettre comme une représentation du
réel avec l’image et le son, se révèle après
coup dans son artifice, maintenant que
la personne se trouve en pleine lumière,
réduite à sa véritable échelle. La voilà obligée
d’improviser son propre rôle en répondant
ou en éludant les questions de l’auteur.
Dans sa quête de la vérité, Kelly pose des
questions dont il connaît parfois les réponses
pour mieux déstabiliser ceux qu’il interroge.
Il cherche à les prendre en flagrant délit
d’humanité. Eux se trouvent pris au piège
de leurs propres contradictions et suscitent
désormais une empathie à perdre ainsi leur
statut devant tout le monde. L’auteur les
construit peu à peu en les faisant vaciller,
ils butent, se reprennent, ne savent plus
répondre, et sont livrés à leurs propres affects.
On a la sensation qu’ils ne sont plus seulement
en train de tenir leur rôle mais qu’ils sont
présents malgré eux. Leur parole tourne en
roue libre, l’élaboration de leur pensée se
fait dans le discours lui-même et s’alimente
dans l’instant, car ils doivent prouver que
la place qu’ils occupent n’est pas usurpée,
quitte à mentir où se dédire ouvertement.
De personnes supposées réelles, ils doivent
rapidement devenir de bons personnages,
prendre la mesure du plateau et convaincre
par l’émotion qu’ils sauront dégager. Celleci deviendra l’arme privilégiée avec laquelle
ils pourront faire mouche et toucher le
public. Occupe-toi du bébé, en devenant
progressivement une oeuvre de théâtre,
donne à son tour des impressions de réel. En
assumant ouvertement sa position d’auteur
de fiction, Kelly dessine les contours de la
vérité.
...
Extrait
Occupe-toi du bébé | Dennis Kelly
Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de
correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés
même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés.
Donna
Alors me voilà, hum, debout là, debout là face à cette fille, cette fille allongée
sur le lit du haut et elle ne dit rien - elle perdait ses cheveux d’un côté,
une alopécie, je crois me souvenir - elle ne dit pas un mot, elle fixe juste le
plafond. J’avais vraiment peur de faire le moindre geste alors je restais là,
debout là, je veux dire, et la porte, hum, s’est refermée, s’est refermée comme
ça derrière moi et je me retrouve, hum, vous voyez, dans cette cellule avec
cette fille qui ne - vous voulez vraiment que je raconte tout ça ?
Un temps.
Et la fille ne regarde pas, elle ne me regarde pas.
Alors j’ai juste posé mes affaires sur la, euh, euh, sur le lit du bas, j’aurais pu
les mettre, hum, dans les euh, tiroirs, j’aurais pu les mettre dans les tiroirs
mais je ne savais pas lesquels étaient les siens et je ne voulais pas, je ne
voulais pas les ouvrir quoi.
Ah oui, et il y avait des gens dans, hum, dans le couloir, des femmes, je
veux dire, et elles sifflaient ou des fois elles me lançaient, vous savez, des
trucs... vous savez, sale meurtrière, tueuse d’enfant, euh, salope... espèce
de meurtrière, espèce de salope, sale meurtrière, on va te tuer salope de
meurtrière... connasse, ce genre de choses. Et je m’allonge, et je suis
allongée là sur le lit du bas avec mes affaires tout autour de moi parce que
j’avais eu trop peur de, je n’avais même pas enlevé mes chaussures, j’avais
gardé mes chaussures et je suis restée comme ça pendant une bonne demiheure et puis la fille, la fille au-dessus de moi, euh, elle s’est mise à parler
tout à coup et elle avait comme un, elle devait être de, du Pays de Galles ou
de Cornouailles, parce que son accent était comme un, comme un mélange
de, ou bien, je savais pas trop, et elle a dit, euh, elle a dit «ne me parle pas»
elle a dit, euh, «j’essaie de ne pas te faire de mal alors ne me parle pas. Il
me reste six mois à faire alors je ne veux pas te faire de mal, si tu m’obliges
à te faire du mal, putain, je vais vraiment mais vraiment te faire du mal.»
Un temps.
Et c’était vrai en plus. Elle faisait vraiment de gros efforts pour ne pas me
faire de mal. C’était pas pour moi, je veux dire, mais pour elle.
Silence.
Et puis, hum, elle, hum, elle n’arrêtait pas de raconter ce qu’elle allait
me faire si je l’obligeais à me faire du mal et c’était du genre, du genre
me crever les yeux et m’exploser le ventre et le visage, mettre de l’eau de
javel dans mes yeux après les avoir crevés, euh, découpés, euh, après avoir
coupé, euh, ouvert le globe oculaire et des trucs comme ça, ça tournait
beaucoup autour des yeux, en fait, elle se concentrait beaucoup sur, autour
et dans les yeux et ça a duré comme ça deux heures.
Un temps.
Ma première nuit en prison.
l’équipe
artistique
Dennis Kelly | auteur
Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), il intègre vers l’âge de 20 ans une jeune compagnie
théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des études universitaires au Goldsmiths
College de Londres. S’il dit n’y avoir guère appris en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix
de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony
Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Conjuguant le caractère provocateur du théâtre in-yer-face et
l’expérimentation de styles dramatiques diversifiés, ses textes abordent des questions contemporaines
aiguës. Après Debris en 2003 (créée au Theatre 503 à Londres), il écrit Osama the Hero (Young Vic
Theatre, Londres, 2004), After the end (Bush Theatre/ Compagnie Paines Plough, Londres, 2005,
tournée à Saint-Pétersbourg, Moscou et New York), Love and Money (Royal Exchange, Manchester/
Young Vic, 2006), Taking Care of Baby (Birmingham Rep/ Hampstead Theatre, Londres, 2007, qui
reçoit le John Whiting Award), DeoxyriboNucleic Acid/D.N.A. (National Theatre Connections Festival,
Londres, 2007), Orphans (Traverse Theatre, Édimbourg/ Birmingham Rep/Soho Theatre, Londres,
2009), The Gods Weep (Hampstead Theatre/Royal Shakespeare Company, Londres, 2010). Pour le
théâtre, il adapte également La Quatrième Porte de Péter Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart Hauptmann,
plus récemment Le Prince de Hombourg de Kleist (Donmar Warehouse, Londres, 2010). Pour la
radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 Shares (BBC Radio 4, 2005), pour la télévision,
co-signe (avec Sharon Horgan) le scénario de la série Pulling (Silver River/BBC 3, 2006-2009).
Dernièrement, il a signé le livret de Matilda, A Musical d’après Roald Dahl (Royal Shakespeare
Company, 2010) et achevé un premier scénario cinématographique : Blackout (Big Talk/Film 4).
Son œuvre est régulièrement traduite et créée en Allemagne (il est élu Meilleur auteur dramatique
2009 par la revue Theater Heute). En France, Débris (trad. P. Le Moine et P. Sales, Théâtrales/Traits
d’union, 2008) a été lue à plusieurs reprises (notamment au Festival d’Avignon 2008 par P. Pineau,
créée par W. Steyaert à la Comédie de Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. P. Le Moine, inédite en
français) a fait l’objet de lectures dirigées par G. Vincent (Festival actOral 7, La Colline, 2008) ou S.
Delétang (Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009). Mon prof est un troll (coll. Théâtre Jeunesse) et Occupetoi du bébé (les deux pièces traduites par P. Le Moine et P. Sales) sont publiés à L’Arche Éditeur.
Philippe Le Moine | traducteur
Depuis 1986, il s’est frotté à peu près à toutes les disciplines du théâtre
des deux côtés de la Manche : producteur, dramaturge, metteur en scène
(notamment à Londres, Powder Keg [Bure Barut] de Dejan Dukovski, au
Gate Theatre, en 1999 ou Don’t Let Me Be Misunderstood [Creo que no
me habéis entendido bien] de Rodrigo Garcia, au Battersea Arts Centre, en
2005), mais aussi programmateur et traducteur.
Il a notamment traduit Ousama le Héros (avec Patrick Lerch) et Acide
Désoxyribo Nucléïque, Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly, Débris.
Pauline Sales | traductrice
Née en 1969, elle est comédienne et auteure. Ses pièces sont éditées aux
Solitaires Intempestifs et à l’Arche. Elles ont été mises en scène par Richard
Brunel, Marie-Pierre Bésanger, Philippe Delaigue, Laurent Laffargue,
Jean-Claude Berutti. D’octobre 2002 à mai 2007, elle a été auteure associée
à la Comédie de Valence (Centre Dramatique National Drôme Ardèche).
Plusieurs de ses pièces sont traduites en anglais et en allemand et ont
été représentées à l’étranger. Elle collabore avec Silvia Berutti-Ronelt et
Philippe Le Moine à la traduction de pièces du répertoire contemporain
de langue allemande et anglaise traduites vers le français. Elle a fait partie
des intervenants du département écriture de l’Ensatt dirigé par Enzo
Cormann. Elle fait partie de la coopérative d’écriture, un collectif d’auteurs
réunissant Fabrice Melquiot, Marion Aubert, Enzo Cormann, Rémi Devos,
Samuel Gallet, David Lescot... Depuis janvier 2009, elle codirige avec
Vincent Garanger le Préau, Centre Dramatique Régional de Vire.
Olivier Werner | metteur en scène
Olivier Wener a été formé à l’ENSATT (88/90) et au TNS (91/92).
En 1990, il joue La célestine de F. de Rojas mis en scène par Gérard
Vernay. Puis il est reçu au Conservatoire National (CNSAD /1991),
décide de ne pas y entrer pour accepter la proposition de jouer
Hippolyte dans Phèdre. Suivront plusieurs spectacles de répertoire
sous la direction de Jean-Marie Villégier. Par la suite, il joue sous la
direction de Lluis Pasqual, Christian Rist, Marc Zammit. En 1996,
il fonde L’Anneau, sa première compagnie théatrâle et monte son
premier spectacle : Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck.
Suivront plusieurs mises en scène et interventions en temps que
formateur (stages pour des CDN) qu’il mènera de front avec sa
carrière de comédien. Il monte Les Revenants (Ibsen), Les Perses
(Eschyle), Les hommes dégringolés (Christophe Huysman, création
collective), Béatrice et Bénedict (Opéra – concert / Hector Berlioz).
Parallèlement, il continue de jouer sous la direction de Claudia
Morin, Adel Hakim, Ursula Mikos, Simon Eine, Richard Brunel.
La Comédie de Valence lui commande la mise en scène de Rien
d’humain de Marie N’diaye. Il continue de jouer sous la direction
de Christophe Perton, René Loyon, Jorge Lavelli, Daniel Janneteau.
En 2007, Christophe Perton lui fait la proposition de rejoindre la
troupe de la Comédie de Valence en temps qu’acteur et metteur
en scène associé. Il y montera Par les villages (Peter Handke),
Saint Elvis (Serge Valletti) et une nouvelle mise en scène de Rien
d’humain (Marie Ndiaye). Dans le cadre de sa permanence, il jouera
sous la direction de Yann-Joel Colin, Christophe Perton et aussi
dans ses propres mises en scènes.
Aurélie Edeline | comédienne
Aurélie Edeline est issue du Conservatoire National de Région de Rouen et de l’Académie Théâtrale de l’Union à Limoges.
Au théâtre, elle a assisté Christophe Perton dans la mise en scène de L’Enfant froid de Mayenburg et dans Hop là, nous
vivons ! de Ernst Toller. Elle a joué dans Le Baiseur Fou et The Shagaround de Maggie Nevill, mises en scène Caroline
Lavoine ; dans Alta Villa de Lancelot Hamelin, mise en espace Anthony Poupard ; dans Les Serviteurs de Jean-Luc
Lagarce, mise en scène Fabrice Lebert ; dans Des paillettes sur ma robe d’après Jean-Luc Lagarce, mise en scène
Thomas Gornet ; dans L’homme en faillite de David Lescot, mise en espace Scali Delpeyrat ; dans Porte pas peine de
Philippe Ponty, mise en scène Marie-Pierre Bésanger ; dans Hop là, nous vivons ! mise en scène Christophe Perton ; dans
Himmelweg de Mayorca, mise en espace Cécile Marmouget. Elle a participé au festival Temps de Parole(s) à Valence pour
la mise en lecture de Terre sainte de Mohamed Kacimi et en tant que comédienne dans L’Indicible de et par Jean-Marie
Piemme et dans Les Arrangements de Pauline Sales, mise en lecture Christophe Perton.
Elle a été assistante à la mise en scène auprès de Christophe Perton, Michel Raskine et Bertrand Bossard.
Au cinéma, elle a joué dans Tempus Fugit d’Yves Piat, dans Selon Mathieu de Xavier Beauvois et dans Le fil des coups de
Benoit Tetelin.
Elle est artiste associée du Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie depuis janvier 2009.
Elle joué dans Les orphelines de Marion Aubert sous la direction de Johanny Bert, dans J’ai la femme dans le sang d’après
les farces conjugales de Georges Feydeau sous la direction de Richard Brunel.
Marie Lounici | assistante à la mise en scène et comédienne
Après une Licence des Arts de la Scène (Paris 8), Marie Lounici a suivi une formation d’acteurs à l’Ecole du Passage
dirigée par Niels Arestrup. Elle a joué sous la direction de Gil Galliot dans Enfers d’après Italo Calvino, de Jerzy Klesyk
dans Va-Nu-Pieds d’après Gombrowicz et Judith ou le corps séparé de Howard Barker, de Didier Guyon dans Les Bébés
d’Adel Hakim dans La Toison d’Or d’après Sénèque et A.de Rhodes, de Elisabeth Chailloux dans Sallinger de BernardMarie Koltès...
En 2009, elle a créé avec Olivier Werner, Mon conte Kabyle, itinéraire d’un combattant invisible, à la Comédie de Valence.
Elle a été assistante à la mise en scène d’Olivier Werner en 2008, pour Saint-Elvis de Serge Valletti.
Olivia Willaumez | comédienne
Formée initialement en Angleterre pendant trois ans, elle revient ensuite à Paris, est élève de Raymond Acquaviva, puis
intègre l’ENSATT (Rue Blanche) où elle est formée notamment par Aurélien Recoing. Elle participera à un atelier de
recherche initié par Grégoire Ingold et Valérie Dréville sur la «Méthode des actions physiques simples» de Stanislavski,
qui se poursuivra à Moscou et Paris avec Anatoli Vassiliev autour de Tchekhov, Dostoievski et Platon. Elle continuera de
se former auprès de Lisa Würmser, Philippe Adrien et Dominique Boissel.
Au théâtre, elle travaille entre autres avec Gérard Lauzier, Grégoire Ingold dans Je rêve, mais peut-être que non, Sergueï
Afanassiev dans Les trois Sœurs, Olivier Werner dans Les Perses, Jacques Kraemer dans Dom Juan, Pierre Vial dans Le
Soulier de satin, Agnès Bourgeois dans Mariages, Concert à la carte de Franz Xaver Kroetz, et Ismène de Ritsos.
Elle enseigne en Hypokhâgne au lycée Molière, des options théâtre au lycée pour le Théâtre de Chartres, et aussi des
classes en ZEP et des SEGPA dans la région de l’Oise. Elle y travaille sur des textes de Beckett, Tchekhov, Sophocle.
En s’appuyant sur des exercices propres au verset Claudélien et à la pédagogie anglo-saxonne, elle fait un travail sur le
réapprentissage de la lecture au collège.
Au cinéma, elle tourne avec Laurent Achard Dimanche ou les Fantômes, et Une Odeur de Géranium, Christophe Blanc
Faute de Soleil, Kirsten Johnson Foreign Body, Renaud Cohen Quand on sera grand et Claire Simon ça brûle. Elle est
membre du jury et lectrice pour le concours d’aide à la création de courts-métrages pour le Conseil Général du Puy de
Dôme. À la télévision, elle travaille avec Bertrand Arthuys Tous ensemble. À la radio, elle travaille avec Michel Sidoroff
pour France Culture.
Jean-Pierre Becker | comédien
Après des études au Conservatoire National de Paris, il travaille d’abord essentiellement au théâtre où il joue une
cinquantaine de spectacles sous les directions notamment d’André Engel, Jean-Pierre Miquel, Alain Olivier, Daniel
Mesguich, Jean-Claude Fall, Pierre Vial, Jean-Luc Lagarce, Gabor Tompa, Thierry de Peretti, Philippe Adrien…
Puis il commence à faire plus d’images, à la télévision, avec entre autres Patrick Grandperret, Denys Granier-Deferre,
Félix Olivier, Dominique Ladoge… Et au cinéma, dans une vingtaine de films réalisés notamment par Jean-Pierre Jeunet,
Régis Wargnier, Jean-Jacques Beineix, Bertrand Blier, Nicole Garcia, Jacques Rivette… Il a enregistré également de
nombreuses «fictions», généralement pour France-Culture.
Vincent Garanger | comédien
Vincent Garanger a suivi les formations du Conservatoire Municipal d’Angers,
de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT)
et du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris avec comme
professeurs Michel Bouquet, Gérard Desarthe, Michel Bernardy de Mario
Gonzalès.
Au théâtre, il a joué sous la direction : de Jean-Claude Drouot dans Hippolyte ou
le Grand Prix de Paris de Joseph Delteil, Kean de Jean-Paul Sartre, Cyrano de
Bergerac d’Edmond Rostand, de Marguerite Duras pour la création de Agatha,
de Louis Calaferte pour Un riche, trois pauvres ; de Roger Planchon dans George
Dandin de Molière, Vieil Hiver et Fragile Forêt de Roger Planchon ; d’Alain Françon
dans Pièces de Guerre et Café d’Edward Bond, Les Huissiers de Michel Vinaver ;
de Jacques Lassalle dans Le Mariage des Morts de Jean-Pierre Sarrazac et L’Ecole
des Femmes de Molière ; de Christophe Perton dans Lear d’Edward Bond, Notes
de cuisine de Rodrigo Garcia, Monsieur Kolpert de David Gieselmann, Woyzeck de
Georg Büchner, Le Belvédère d’Ödön von Horváth ; de Philippe Delaigue dans La
Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Badebec-Bacbuc d’après Rabelais, Si vous êtes des
hommes ! de Serge Valletti, Juste la fin du Monde de Jean-Luc Lagarce, Saga des
Habitants du Val de Moldavie de Marion Aubert, Désertion de Pauline Sales ; dans
Le Soldat Tanaka de Georg Kaiser, mise en scène de Guillaume Lévêque. Depuis
janvier 2009, il est codirecteur avec Pauline Sales du Préau, Centre Dramatique
Régional de Basse-Normandie. Il joue dans les productions du CDR : à l’ombre de
Pauline Sales mise en scène Philippe Delaigue, J’ai la femme dans le sang d’après
les farces conjugales de Georges Feydeau mise en scène Richard Brunel.
Il mettra en scène Bluff de Enzo Cormann, avec Caroline Gonce et Guy Pierre
Couleau.
Anthony Poupard | comédien
Anthony Poupard a suivi les cours du Conservatoire National de Région de Rouen et de
l’ENSATT.
Au Théâtre, il a travaillé sous la direction de Christine Lacombe dans Courteline ou les années
folles d’après Courteline, d’Elsa Rooke dans Comédie sur le pont de Martinù et de Juliette
Delfau dans La Fleur à la bouche de Pirandello.
Au cinéma, il a participé au long-métrage de Christian Zarifian, Le Misanthrope d’après Molière.
Anthony Poupard a rejoint la troupe permanente de la Comédie de Valence lors de sa création
en 2002 et a joué sous la direction de : Christophe Perton dans Monsieur Kolpert de David
Gieselmann, Woyzeck de Georg Büchner, Douleur au membre fantôme d’Annie Zadek et
L’Enfant froid de Marius von Mayenbur, Philippe Delaigue dans Andromaque et Bérénice de
Jean Racine, Saga des habitants du val de Moldavie de Marion Aubert (Cartel 2 : courtes pièces
de jeunes auteurs de la première promotion «écriture» de l’ENSATT), Michel Raskine dans Tant
que le ciel est vide création collective, Laurent Hatat dans Monsieur M de Sibylle Berg, Richard
Brunel dans L’infusion de Pauline Sales, Jean-Louis Hourdin dans La comédie des passions sur
des textes de Dario Fo, Shakespeare et Garcia Lorca, Vincent Garanger dans Quelque chose
dans l’air de Richard Dresser, Michel Raskine dans Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être
maintenant ? de Marie Dilasser, Yann-Joël Collin dans Dom Juan de Molière, Marc Lainé dans
La nuit électrique de Mike Kenny.
Il est artiste associé du Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie depuis janvier
2009. Il a joué dans : Les orphelines de Marion Aubert sous la direction de Johanny Bert, J’ai
la femme dans le sang d’après les farces conjugales de Georges Feydeau sous la direction de
Richard Brunel et il a été l’assistant de Fabrice Melquiot pour la mise en scène de Hart-Emily
de Fabrice Melquiot. Cette saison, il joue également dans Le sous-locataire de Marie Dilasser,
mise en scène Michel Raskine et dans Bluff de Enzo Cormann mise en scène Caroline Gonce,
Guy Pierre Couleau, Vincent Garanger.
Marina Masquelier | vidéaste
À l’origine, juste un regard puis une conception et c’est devenu un cadre de vie. En pratiquant
l’art pictural Marina Masquelier elle s’est amusée à assembler les couleurs et les matières selon
un ordre précis. Quelque chose d’instinctif. Puis elle a découvert l’expression du cadre avec un
objectif et la dramaturgie que l’on peut apporter à une image par des flous ou des expositions
différents. Naturellement, le temps l’a amenée vers le mouvement de l’image, comme une danse
qui donne un rythme à la communication. L’apprentissage de la vidéo lui a permis de voyager
en Belgique et au Québec et de découvrir des pratiques, des codes et des expressions différents.
Elle reste dans la matière, dans l’outil, la fabrication et l’émerveillement. Aujourd’hui c’est
une technicienne, elle fabrique, crée de l’image et continue son apprentissage au jour le jour.
Elle touche à tout : de la captation de spectacle vivant à la réalisation de courts métrages, de
conception designs graphiques à la projection en salle. « Travailler pour le spectacle vivant, pour
cette pièce est un défi excitant. C’est une réalisation collective extraordinaire. »
Jean-Pierre Gallet | scénographe
Formé à l’école des Beaux-Arts de Caen puis de Saint-Etienne, il a fait ses premières armes à la
Comédie de Caen sous la direction de Jo Tréhard. Il a rejoint ensuite Yves Graffey au Théâtre
du Gros Caillou, CDNEJ de Caen comme directeur technique et scénographe. Il a poursuivi son
activité de directeur technique et scénographe au Préau, sous la direction d’Éric de Dadelsen,
depuis 1992 et sous la direction de Pauline Sales et de Vincent Garanger depuis janvier 2009.
Il a réalisé les scénographies suivantes : Une lune entre deux maisons Lebeau/Graffey, La
cabane à histoires Graffey, Galifourche Lebigre/Graffey, George Dandin Molière/Cinq, Dissident
il va sans dire Vinaver/Graffey, Journée d’une infirmière Gatti/Graffey, Les chapons Darien/
Graffey, Dérapage Madani, Le nain de Santorin Garnier/Graffey, L’arbre des tropiques Mishima/
Pareja, La marche à l’envers Yent/Graffey, Le journal d’Anne Franck Haket/Graffey, Barbe
bleue Granderie, Akénaton Chedid/Louviot, Kikeritiste Maar/Graffey, Le vase d’or Hoffmann/
Klein/Dadelsen, La Foi, l’Espérance et la Charité Horváth/Dadelsen, Cabaret K. Valentin et
B. Lapointe Dadelsen, Feu la mère de madame Feydeau/Lipszyc, Robinson des villes Dorin/
Fawzy/Dadelsen, Le carnaval des animaux Saint-Saëns/Blanche/Dadelsen, L’île des esclaves
Marivaux/Dadelsen, Parcours Isson, Visa Isson, Pomme d’amour Dadelsen, Le pays blanc
Asbjørnsen/Moe/Dadelsen, La comédie du siècle Feydeau/Brecht/Grumberg/Dadelsen, La
sorcière du placard aux balais Landowski/Dadelsen, Pour de bon, pour de rire Vinter/Dadelsen,
Les sueurs froides Poe/Dadelsen, Tu me fais sourire le ventre Isson, L’Oresteïa Xenakis/Dadelsen,
Ogrrre ! Dorin/Labrume/Klein, Les Demeurées Benameur/Dadelsen, Acrobates Horovitz/
Dadelsen, La famille Toulemonde Dadelsen, Fahrenheit 451 Bradbury/Dadelsen, La maison sur
la place Minyana/Dadelsen, Le voyage de Pierre l’Heureux Strindberg/Dadelsen, Bouli Miro
Melquiot/Jacquemont/Peinado, La dispute / Scenes of love Marivaux/Shakespeare/Dadelsen,
Les orphelines Aubert/Bert.
Mentir pour dire le vrai
Occupe-toi du bébé
création
Occupe-toi du bébé est une pièce étrange. En Angleterre,
le théâtre documentaire était très répandu à l’époque où
j’ai écrit la pièce. Bien sûr, le théâtre documentaire est
construit à partir d’interviews. Et je voulais écrire une pièce
de ce genre, mais en inventant tout. J’ai donc écrit une
“pièce verbatim”. Et je n’ai cessé de le revendiquer, sauf que
les personnages n’existent pas et que j’ai tout inventé.
Mais je voulais surtout écrire sur la vérité...
J’avais le sentiment que la vérité, dans notre vie publique,
se trouvait compromise. Que les choses ne soient pas vraies
n’avait aucune importance, dans la mesure où les médias
pouvaient prouver la véracité d’une information, alors elle
était vraie. Une fois que j’avais établi ça, j’ai voulu aller
encore un peu plus loin. Et j’ai pensé que le meilleur moyen
d’écrire sur la vérité était de mentir. J’ai donc écrit une pièce
verbatim qui n’était pas vraie...
Le plus étrange est que si les gens savaient que ce n’était pas
réel, ils trouvaient la pièce très drôle. Mais s’ils l’ignoraient,
s’ils pensaient que tout était réel, un froid glacial s’installait
dans la salle. C’était une expérience bizarre. Je crois que
les critiques dans l’ensemble ont compris que rien n’était réel,
bien que l’un d’entre eux ait parlé du fameux cas “Donna
McAuliffe”. Mon intention n’était pas de mentir aux gens. Je
voulais qu’au départ ils croient qu’il s’agissait d’une pièce
verbatim et qu’ils se rendent compte, au milieu de la pièce,
que ce n’était pas vrai. En fait, beaucoup de gens quittaient
le théâtre en pensant que tout était réel, c’est peut-être
une faiblesse de la pièce. Mais je pense qu’il faut savoir
prendre ce genre de risques.
de
Dennis Kelly
traduction de l’anglais Philippe Le Moine et Pauline Sales
mise en scène
Olivier Werner
scénographie Olivier Werner et Jean-Pierre Gallet
création et régie vidéo Marina Masquelier
création son Fred Bühl
création lumière Kévin Briard
costumes Dominique Fournier
assistante à la mise en scène Marie Lounici
avec
Jean-Pierre Becker Jim
Aurélie Edeline Donna McAuliffe
Vincent Garanger Dr Millard
Marie Lounici Mrs Millard
Anthony Poupard Martin McAuliffe/Brian
Olivier Werner Dennis Kelly
Olivia Willaumez Lynn Barrie
production Le Préau, Centre dramatique régional de Basse-Normandie-Vire,
La Colline – théâtre national
Le texte a paru à L’Arche Éditeur qui en est le représentant théâtral.
avec l’aimable participation de Marie-Françoise Sida, Robert Hickish, Chris Sanders,
Cédric et Lise Baudu, Gérald et Roseline Leverrier
régie Bruno Arnould régie son Sylvère Caton régie vidéo Marina Masquellier
régie lumière Thierry Le Duff machiniste Christian Felipe
habilleuse Sonia Constantin
construction du décor les ateliers du Préau
durée du spectacle : 2h
du 8 janvier au 5 février 2011
Petit Théâtre
Dennis Kelly
“Narrative in Contemporary Drama”, entretien avec Aleks Sierz, 6 juin 2010
le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 16h
et au Préau CDR de Basse-Normandie-Vire du 9 au 11 février 2011
diffusion Fadhila Mas - [email protected]
3
Au bénéfice du doute
Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers.
Donna, jugée irresponsable d’un double infanticide, a été
relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct :
certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit
Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot
à partir d’entretiens et de correspondances.
ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre
perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se
présente aux élections locales ; le Dr Millard qui espère voir
Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont
reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et
ceux employés même si certaines coupes ont pu
observé chez Donna ; Martin, mari de Donna, qui refuse de parler
être faites. Les noms n’ont pas été changés.
et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît
ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public.
Dennis Kelly
Témoignages réels ou fiction ? Dans Occupe-toi du bébé, la
Première didascalie d’Occupe-toi du bébé
vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à
présenter les faits à sa manière prime sur une objectivité
impossible.
Si effectivement les acteurs d’un vrai fait divers venaient à
Rien de ceci n’est vrai. Ce sont simplement des
témoigner publiquement sur une scène de théâtre, ils seraient
gens qui disent des choses. C’est entièrement
avant tout acteurs de leurs souvenirs et de leur destin en
marche. Comme on peut le voir dans la presse ou les médias
subjectif.
audiovisuels, l’attrait de la rédemption publique est trop
Il y a la vérité et ce que les gens croient être
grand pour ne pas céder aux sirènes de la représentation, et
la vérité, tout est question de point de vue.
jamais la représentation de soi-même, si obscène soit-elle,
Dennis Kelly
horrible, ne fait-elle pas toujours le profit de celui qui joue
n’aura autant fait recette. Après tout, la confession, même
Quatrième de couverture de l’édition anglaise de Taking Care of Baby
la carte de sa propre émotion et de sa “sincérité” ?
(Oberon Books/Modern Plays)
Olivier Werner
4
5
Fiction / Réalité
Le théâtre verbatim est un théâtre qui, depuis les années
1990, s’est développé de manière exponentielle, principalement
en Angleterre. [...] Présenté comme “théâtre citation”, une
de ses caractéristiques est d’affirmer que tout ce qu’il
rapporte est authentique : [...] montage de propos extraits de
Je sais trois histoires, dit un vieil officier au cours
rapports de commissions d’enquête parlementaires, d’émissions
d’une soirée, auxquelles à vrai dire j’accorde
télévisées ou d’interviews réalisées par l’auteur ou par les
personnellement une croyance absolue, même si
acteurs. [...] [Il] cultive les paradoxes : celui de faire tomber des
je cours le risque, au cas où je déciderais de
masques alors que le théâtre est créateur de masques, celui
d’être authentique alors que le théâtre est le lieu de l’illusion,
les raconter, de passer pour un bonimenteur. Car
enfin celui d’être objectif alors qu’il est un art, et que tout art
la première condition que les gens exigent de
est subjectif. C’est pourquoi il oscille entre théâtre
la vérité, c’est qu’elle soit vraisemblable.
d’information et théâtre politique, entre objectivité et
Or, l’expérience nous l’enseigne, la vraisemblance
subjectivité, sans qu’un type de figuration ne l’emporte jamais
réellement sur l’autre.
n’est pas toujours du côté de la vérité.
Heinrich von Kleist
Jérémy Mahut
“Figuration du pouvoir politique dans le théâtre verbatim”, 18 mai 2010
Anecdotes et petits écrits
(http://www.raison-publique.fr/article271.html)
Le théâtre verbatim est un mélange séduisant de faits
Quand on y réfléchit bien. Qu’on se mente à
journalistiques et d’immédiateté théâtrale : comme tout art des
soi-même ou qu’on mente à un autre être humain,
plus respectables, il propose de distraire tout en instruisant.
on connaît toujours plus ou moins la vérité.
Et il prétend dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
Mais ne vous y trompez pas. La réalité, bien sûr, est plus
Dennis Kelly
complexe. Comme tout autre théâtre, le théâtre verbatim est
Occupe-toi du bébé
le résultat d’une mise au point et d’une sélection rigoureuses.
Plus il se vante de sa nature factuelle, plus vous devriez être
sceptiques.
Aleks Sierz
“Verbatim theatre in Britain today”, 2004
6
7
Mensonge de la vérité
philosophie, dans une circulation intellectuelle du sens. De la
même façon, le délire paranoïaque intègre sa perception du réel
... dès que l’exigence d’une vérité-une entre dans l’histoire,
à sa manie persécutoire en ajoutant constamment à ce qu’il
comme une tâche de civilisation, elle est aussitôt affectée
voit, à ce qu’il entend, une valeur, un sens, qui accordent la
d’un indice de violence ; car c’est toujours trop tôt qu’on veut
réalité à l’antenne qu’il en a. En apparence (fait observé)
boucler la boucle. L’unité réalisée du vrai est précisément le
mon voisin de palier descend innocemment, à 10 heures moins
mensonge initial. Or cette culpabilité attachée à l’unité de la
12 précises, comme s’il allait acheter le journal ; en réalité
vérité — ce mensonge de la vérité — apparaît quand la tâche
(valeur ajoutée), cette course est rien moins qu’innocente,
d’unifier coïncide avec le phénomène sociologique de l’autorité.
et je ne suis pas dupe : il est évident qu’il descend l’escalier
[...] L’autorité n’est pas coupable en soi. Mais elle est l’occasion
surtout pour me montrer qu’il se moque de moi. Il s’agit ici,
des passions du pouvoir. C’est à travers les passions du pouvoir
naturellement, de projection paranoïaque et délirante : une
que certains hommes exercent une fonction unifiante. C’est
signification imaginaire se superpose à la chose perçue sans
ainsi que la violence simule la plus haute tâche de la raison et
même que l’observateur éprouve le besoin d’établir un lien
la plus ferme attente du sentiment.
causal quelconque entre la chose qu’il voit et la signification
qu’il en déduit. Mais, mutatis mutandis, l’attribution d’une
Paul Ricoeur
signification au réel, de la part de l’homme dit normal, procède
Histoire et Vérité, Seuil, 1964, p. 177
d’un mécanisme exactement analogue. Dans tous les cas
– hormis celui d’une perception de toute réalité comme
La signification dont on affuble le réel n’est pas une vérité
rigoureusement insignifiante [...] –, il y a valeur ajoutée au
démontrable, un fait observable, une réalité tangible qu’il
réel par projection de signification imaginaire.
suffirait d’exhiber pour convaincre les incrédules. Mais plutôt
un ton, un parfum, un air, bref une “valeur”, dans tous les
Clément Rosset
sens du terme : valeur d’un rouge dans un tableau, d’un mot
Le Réel. Traité de l’idiotie, Minuit, 1997, 2004, p. 35-39
dans un poème, d’une capacité à être acheté dans le cas de
la valeur marchande. [...] L’expression de “valeur ajoutée” est
assez suggestive ; son sens économique est douteux, mais son
sens philosophique est indubitable. Ajoutons, dit l’économiste,
de la valeur aux choses, par simple décret de plume : l’État
percevra ainsi 17% du produit de la vente. Ajoutons, dit le
philosophe, de la valeur aux choses : nous les rendrons ainsi
signifiantes. Toute réalité est ainsi susceptible de s’enrichir
d’une valeur ajoutée qui, sans rien changer à la chose, la rend
néanmoins autre, disponible, capable de s’intégrer aussi bien
dans un circuit de consommation quelconque que dans une
8
9
Entretien avec Olivier Werner
prétend devenir spectateur d’une fiction qui s’écrirait
sans lui. Il rend le public complice de la manipulation médiatique
La pièce de Dennis Kelly se présente comme une suite
qu’il met en place. Une obscénité s’en dégage, née de la
d’interviews enregistrées. Elle s’ouvre avec ces mots : “Ce qui
complaisance et du narcissisme des protagonistes à accepter
suit a été retranscrit mot pour mot...” Le texte a pour
d’être ainsi exposés directement au public, mais également
origine un fait divers : une femme – Donna McAuliffe – accusée
du public, voyeur malgré lui, dans la mesure ou l’auteur lui-même
d’infanticide, jugée, condamnée en première instance,
se refuse à tenir son rôle et se cache dans ses rangs.
incarcérée puis relaxée en appel après quatorze mois de
Dennis Kelly dit qu’au départ, il ne pensait pas forcément
prison.
nécessaire d’apparaître lui-même comme personnage de la pièce,
Olivier Werner : Au moment où Kelly écrit, plusieurs cas de mères
mais qu’il y a été amené surtout pour pouvoir introduire le
infanticides défraient la chronique en Angleterre. Des tabloïds
violent refus de témoigner de Martin, mari de Donna.
s’en font l’écho ainsi que la presse nationale et la télévision.
En dépit des décisions de justice, l’opinion publique anglaise
O. W. : Là encore Kelly joue avec l’effet de “réalité” de sa
est divisée sous l’effet de la médiatisation de ces affaires.
fiction. En faisant cette réponse, il nous fait implicitement
Dans Taking Care of Baby (Occupe-toi du bébé), Kelly décide
accepter l’idée que Martin n’est pas un personnage né de son
de convoquer sur scène les protagonistes fictionnels d’un
imaginaire mais une personne réelle qui aurait refusé d’être
fait divers analogue. Il les enregistre, puis retranscrit leurs
interviewée par lui. Dans la première partie, Kelly donne pourtant
paroles. Il tente – par un effet de montage de ces entretiens
à entendre les lettres d’insultes qu’il a reçues de Martin. Et
– de s’approcher au plus près de la vérité, là où la justice
quand celui-ci se décide à intervenir sur scène, sa présence
n’a pu que prononcer la relaxe au bénéfice du doute. Mais très
est créditée de son refus initial et donne à sa parole un
vite, “la confession” à laquelle se livrent ceux qui répondent
surcroît de réalité dont use Kelly pour mieux abuser le public.
à son invitation prend le pas sur le fait divers lui-même. La
Mais au théâtre, on ne peut pas – a priori pas – entrer sur
confession comme posture médiatique. L’intimité du huis-clos
scène autrement qu’en étant un personnage de fiction.
et l’écoute de Dennis Kelly créent un champ compassionnel, et
La fiction est même le postulat de départ, le contrat tacite
la sincérité avec laquelle ils semblent se confier les place au
passé entre la salle et le plateau sans lequel le théâtre
premier plan comme sujets mêmes de l’entretien. Le fait divers,
n’aurait pas lieu. C’est pourtant ce contrat que tente de
lui, devient le prétexte qui les met en valeur. Ont-ils déjà
détruire Kelly au début de la pièce en nous faisant croire que
conscience qu’à travers l’enregistrement dont ils font l’objet,
les personnages sont des personnes réelles qu’il ne contrôle
ils ont le moyen de livrer d’eux un profil avantageux ? Dans
pas. Mais il y a une chose à laquelle ces personnes ne peuvent
la première partie du texte, Kelly n’intervient pas. À en croire
échapper : c’est leur médiatisation. Une personne, même
les protagonistes, c’est bien à lui qu’ils s’adressent mais
réelle, ne peut éviter de prendre la pose si elle décide de
lui se contente de “retranscrire” ce qu’ils disent. En exposant
s’exposer publiquement. En se confessant de son plein gré,
ainsi les parleurs sur scène sans y être lui-même, Kelly
elle exprime son désir d’être écoutée par d’autres, d’être
10
11
reconnue et désirée pour ce qu’elle dit où ce qu’elle montre
d’elle. Elle sait qu’elle doit combler chez le public un désir,
celui d’entendre ou de voir chez celui qui s’exprime quelque
chose d’insolite qui légitimerait sa présence. Il y a donc
toujours un jeu de séduction, une acceptation d’être en partie
créé par le public. “Désirez-moi tel que je suis, et j’accepte
d’être un peu ce que vous désirez que je sois.” L’illusion
théâtrale est toujours là, mais déplacée, chacun se masquant
en fonction de la séduction qu’il pense opérer.
C’est un procédé dont use fréquemment la télévision...
O. W. : Oui. On pourrait imaginer faire un vrai/faux documentaire
télévisé avec cette pièce. Tout s’y prête dans le collage que
propose Kelly. Un documentaire en cours de création dont la
construction ne serait pas encore achevée. Certains entretiens
étant déjà montés et d’autres pas encore dérushés et
sciemment montrés en l’état. Mais c’est dans l’économie
théâtrale que ce “documentaire” trouve son épanouissement.
C’est toute la singularité de ce projet, et son paradoxe.
Comment, au théâtre, répondre à cette écriture qui évoque
tant l’audiovisuel, en procède – ou du moins le fait croire ? La
dramaturgie du spectacle à venir s’articulera donc autour de
cet aller-retour entre théâtre et audiovisuel. Les images des
acteurs/personnages tournées au plateau seront retransmises
en direct, en alternance avec d’autres images enregistrées
préalablement. La mise en scène de la parole, au-delà de son
contenu, est ce qui m’intéresse. Que percevons-nous chez
quelqu’un qui se confie lors d’un entretien ? Si sa crédibilité
dépend de la force de ses arguments, elle passe aussi par ses
troubles, sa maladresse et ses silences. La personne passe
sous nos yeux d’un état à un autre, laissant deviner dans sa
gestuelle, dans la fuite de ses regards, tout un vécu qui ne
trouve pas la voix des mots mais qui participe tout autant à
12
Olivia Willaumez, Aurélie Edeline
Jean-Pierre Becker
Anthony Poupard
Aurélie Edeline
Olivia Willaumez
Marie Lounici
Vincent Garanger
Aurélie Edeline
Olivia Willaumez, Olivier Werner
l’idée que nous nous faisons d’elle. La caméra sera là pour
approcher au plus près le visage de la personne, le micro de
sa voix, à l’affût de ce qui pourrait lui échapper. S’exprimer
sous le contrôle d’une telle amplification, c’est jouir d’un
masque total. Être capté de très près crée en soi du discours,
suscite une empathie et offre au public un espace de
projection des plus rassurants. Mais au théâtre, j’imagine que
l’image s’épuise au bout d’un moment. Elle doit être relayée
par le plateau. Que se passe-t-il alors quand celui qui parle doit
continuer de s’exprimer sans l’artifice de sa retransmission ?
Quelle modification s’opère dans la perception du spectateur ?
Dans la pièce, une des rares didascalies de l’auteur est de
mettre subitement en pleine lumière tel ou tel personnage.
Le voilà maintenant contraint de répondre aux questions
d’une voix sans corps. Indubitablement celle de Kelly, même si
elle ne dit pas son nom et n’apparaît pas sur la page de
distribution. Cette voix interroge depuis la salle, et les protagonistes doivent maintenant lui répondre sans le secours
gratifiant de la technique. C’est là, au moment où le théâtre
reprend ses droits, que l’authenticité de la personne nous
apparaît. Ce que nous avions fini par admettre comme une
représentation du réel avec l’image et le son, se révèle
après coup dans
son artifice, maintenant que la personne se trouve en pleine
lumière, réduite à sa véritable échelle. La voilà obligée
d’improviser son propre rôle en répondant ou en éludant les
questions de l’auteur. Dans sa quête de la vérité, Kelly pose
des questions dont il connaît parfois les réponses pour mieux
déstabiliser ceux qu’il interroge. Il cherche à les prendre
en flagrant délit d’humanité. Eux se trouvent pris au piège
de leurs propres contradictions et suscitent désormais une
empathie à perdre ainsi leur statut devant tout le monde.
L’auteur les construit peu à peu en les faisant vaciller, ils
butent, se reprennent, ne savent plus répondre, et sont livrés
Aurélie Edeline
21
à leurs propres affects. On a la sensation qu’ils ne sont plus
Quand il interroge théâtralement ses personnages, il met à
seulement en train de tenir leur rôle mais qu’ils sont présents
jour leurs mensonges et leurs contradictions et nous nous
malgré eux. Leur parole tourne en roue libre, l’élaboration de
sentons trahis. Mais l’émotion qu’ils dégagent, une fois
leur pensée se fait dans le discours lui-même et s’alimente dans
démasqués, nous donne à nouveau envie de prendre parti
l’instant, car ils doivent prouver que la place qu’ils occupent
pour eux. Dans cette mise en abîme des formes de représen-
n’est pas usurpée, quitte à mentir où se dédire ouvertement.
tation, Kelly invite le public à se construire lui-même une
De personnes supposées réelles, ils doivent rapidement
écoute et un regard, où seule l’ironie de la perception peut
devenir de bons personnages, prendre la mesure du plateau
nous préserver de la manipulation médiatique.
et convaincre par l’émotion qu’ils sauront dégager. Celle-ci
deviendra l’arme privilégiée avec laquelle ils pourront faire
Entretien réalisé à La Colline le 4 novembre 2010.
mouche et toucher le public. Occupe-toi du bébé, en devenant
progressivement une oeuvre de théâtre, donne à son tour des
impressions de réel. En assumant ouvertement sa position
d’auteur de fiction, Kelly dessine les contours de la vérité.
Au théâtre, la poursuite de la vérité passerait donc par la
fiction du réel ?
O. W. : Le réel est multiforme, impossible à cerner. Le théâtre
est le filtre qui rend possible l’illusion de sa capture et la
vérité que poursuit Kelly n’est pas démontrable. Quand aucune
preuve tangible ne peut prouver la culpabilité ou l’innocence
de quelqu’un, la télévision, par le biais des documentaires /
fictions, sollicite notre tendance à juger en fonction de nos
émotions. C’est l’adhésion que chacun est en mesure de susciter
qui doit construire notre opinion. Bien sûr, ces documentaires
enterrent notre capacité de réflexion en conditionnant nos
réflexes émotionnels. “Ce psychologue est convaincant, il
me touche : il a raison. Cette femme politique assume tout ce
qu’elle dit, parle sans langue de bois : je vote pour elle. Cette
mère a sûrement tué ses enfants, mais elle parait tellement
inoffensive qu’elle me touche : je l’innocente...” Kelly, dans sa
pièce, utilise des formes d’entretiens éprouvées à la télévision,
mais il change régulièrement de procédé en cours de route.
22
23
Être et paraître
Tout sujet plongé dans l’univers d’un studio, pourrait-on dire,
provoque une réaction du même genre : la caméra transforme
Le 2 février 1969 (à 22h45), on pouvait voir une émission de la
tout interviewé en acteur de lui-même, en sorte que la
série Vocations 1, qui se livrait à l’expérience suivante : dans
frontière entre le témoignage et la représentation de soi
un premier temps, Sivadon, un professeur de psychologie
devient indiscernable.
fort connu l’époque, discute avec Pierre Dumayet du thème
de l’interview qui va suivre. Le psychologue livre alors un
souvenir d’enfance selon lui déterminant dans sa vocation.
François Jost
La Télévision du quotidien, De Boeck / INA, 2e éd., 2003, p. 71-72
Ensuite le journaliste prévient que, à présent, leur entretien
va être enregistré. Sivadon reprend son récit, non sans avoir
La limite entre vivre et jouer sa vie (au sens de l’interpréter)
reboutonné sa veste. Bien que, sur le fond, l’anecdote reste
est devenue floue à l’ère des médias audiovisuels. Le fait
la même, toute son énonciation s’est profondément modifiée :
qu’aujourd’hui, plus de trente ans après les travaux du sociologue
il transpose sa narration au passé simple, l’orne de digressions
Erving Goffman sur les interactions – il considérait la vie
et de détails pittoresques, et accompagne l’ensemble d’une
sociale comme un théâtre où chacun jouait un rôle –, le mot
gestuelle à la fois emphatique et professorale. Fin de la
“acteurs” soit employé à tout bout de champ pour parler
séquence. Dumayet reprend la parole et dévoile au professeur
des “partenaires” sociaux dans leurs diverses activités, est
le piège qu’il lui a tendu : la première phase – la préparation
très symptomatique de cette coupure qui s’est introduite
de l’entretien – a été enregistrée à son insu. Chacun a pu noter
entre le naturel et l’artificiel ou, pour reprendre la vieille
la modification radicale de son comportement dès qu’il a
opposition rousseauiste, entre l’être et le paraître.
pensé qu’il était filmé : l’interlocuteur cordial a laissé la place
à un orateur pontifiant. Sivadon rit de bonne grâce à
François Jost
observer les conséquences de cette image de soi qu’il a voulu
Télé-réalité, Le Cavalier bleu, 2009, p. 80-81
médiatiser...
Si la télévision aujourd’hui revient en certaines circonstances
sur des émissions diffusées (cf. Arrêt sur image), cette
émission a l’avantage d’être auto-réflexive : elle réfléchit sur
le dispositif et, en l’occurrence, caractérise ce qu’on l’on
pourrait appeler le principe d’Heisenberg de l’interview
télévisée. On sait que le physicien a mis en évidence un principe
d’incertitude de la mesure : pour mesurer la vitesse des
électrons, il faut les éclairer, mais quand on les éclaire, la
vitesse augmente...
1
Treize émissions diffusées du 19 janvier au 19 septembre 1969.
24
25
Le contrat de croyance fictionnel
Jeu de la réalité, réalité du jeu
Un spectacle est un médium de sens, le petit écran reste
Quelle que soit la voie d’approche pour parler du théâtre,
un médium d’existence. Il en faut, mais point trop. Sans quoi
elle passe par le jeu. Le jeu est la bonne clé – elle a du jeu –
l’adhésion se perd. Nos tranches de vie voient diminuer
pour ouvrir l’accès au jeu de la vie que le théâtre voudrait
inexorablement leur crédibilité. Car le flux télévisuel se donne
bien représenter. Le théâtre n’est qu’une pratique millénaire
pour la vie elle-même et non pour une représentation de la
pour éclairer le mystère du jouable ; mystère que l’on côtoie
vie ; pour un prélèvement opéré en direct sur le monde et non
quand on joue à être un autre ou à être soi-même, semblable à
comme une transposition, un discours sur le monde. À trop
ce qu’on croit. Les plus naïfs étant non pas ceux qui ne
vouloir nous donner du crédible, avec ses docu-drames, ses
savent pas jouer (ceux-là souffrent de buter sur eux-mêmes
scoops en live, ses reality-shows, le soupçon s’installe en
sans pouvoir passer), mais ceux qui ne savent pas qu’ils
autodéfense. André Breton l’avait prévu dès 1924, première
jouent, qui ne sont pas prêts à changer de jeu, qui traquent
phrase du Manifeste surréaliste : “Tant va la croyance à la vie,
le jeu des autres comme une preuve d’insincérité, de semblant
à ce que la vie a de plus précaire, la vie réelle s’entend, qu’à la
cachant la “vérité” ; comme si la vérité n’empruntait pas pour
fin cette croyance se perd.” Le contrat de croyance fictionnel
se montrer les voies du jeu et du semblant, du songe et du
– cette déréalisation du monde convenue et temporaire –
mensonge. [...]
pourrait bien recharger les batteries du symbolique, que le
plain-pied “indiciel” met tôt ou tard à plat.
Un jeu est une lucarne par laquelle on communique avec le jeu
du monde, qui est partout, et qui n’est cerné dans un jeu que
Régis Debray
sous forme d’image ; image bornée du grand jeu.
“Pourquoi le spectacle”, Cahiers de médiologie, n°1 : “La querelle du spectacle”, 1996
Peu importe l’illusion qu’a le joueur d’être l’acteur ou le joueur
de son jeu ; elle a sa valeur d’illusion. On ne peut la dissiper
qu’au prix d’une autre. Du reste, les acteurs sentent bien qu’ils
sont aussi les objets de leur jeu, qu’ils sont portés par lui
et que, par lui, ils prennent contact avec des jeux beaucoup
plus vastes dont ils espèrent quelques retours. Ces retours
n’auront lieu qu’au prix de l’illusion – notamment celle où un
sujet croit qu’il est devant son jeu et qu’il le joue.
Daniel Sibony
Le Jeu et la Passe, Seuil, 1997, p. 11 et p. 30-31
26
27
Dennis Kelly
Olivier Werner
Né en 1970 à New Barnet (nord de
Pour le théâtre, il adapte également
Il étudie à l’ENSATT de 1987 à 1989.
Revenants d’Ibsen, Les Perses
Londres), il intègre vers l’âge de
La Quatrième Porte de Péter
En 1989, il est admis à l’École
d’Eschyle, Les Hommes dégringolés,
20 ans une jeune compagnie théâtrale
Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart
supérieure d’art dramatique du
création collective avec Vincent
et commence à écrire. À la fin des
Hauptmann, plus récemment Le Prince
Théâtre national de Strasbourg
Dissez et Christophe Huysman.
années 90, il entame des études
de Hombourg de Kleist (Donmar
et au Conservatoire national
Il dirige de nombreux ateliers de
universitaires au Goldsmiths College
Warehouse, Londres, 2010). Pour la
supérieur d’art dramatique. Mais
formation pour comédiens,
de Londres. S’il dit n’y avoir guère
radio, il écrit Colony (BBC Radio 3,
Jean-Marie Villégier lui propose le
notamment au Théâtre de Lorient,
appris en matière d’écriture
2004) et 12 Shares (BBC Radio 4,
rôle d’Hippolyte dans Phèdre. Puis
à la Comédie de Reims et au Théâtre
théâtrale, il y affirme le choix de
2005), pour la télévision, co-signe
il participe à deux créations du
de la Cité.
formes en rupture avec le théâtre
(avec Sharon Horgan) le scénario de
Théâtre national de Strasbourg
En 2007, Christophe Perton lui
social réaliste anglais, à l’image
la série Pulling (Silver River / BBC 3,
pendant la saison 1992-1993 : Les
propose de rejoindre la troupe de
de celles développées par Antony
2006-2009). Dernièrement, il a signé
Innocents coupables de Brosse
la Comédie de Valence en tant
Neilson, Sarah Kane ou Caryl
le livret de Matilda, A Musical d’après
et La Magie sans magie de Lambert.
qu’acteur et metteur en scène
Churchill. Conjuguant le caractère
Roald Dahl (Royal Shakespeare
Ces propositions l’amènent à
associé. Il y joue sous la direction
provocateur du théâtre in-yer-face
Company, 2010) et achevé un premier
renoncer aux deux écoles.
de Christophe Perton et Yann-Joël
et l’expérimentation de styles
scénario cinématographique :
Il joue notamment sous la direction
Collin et dans ses propres mises
dramatiques diversifiés, ses
Blackout (Big Talk/Film 4). Son
de Lluis Pasqual, Les Estivants de
en scène : Par les villages de Peter
textes abordent des questions
oeuvre est régulièrement traduite
Maxime Gorki ; Christian Rist,
Handke, Saint Elvis de Serge Valletti
contemporaines aiguës. Après Debris
et créée en Allemagne (il est élu
Bérénice de Racine ; Marc Zammit,
et Rien d’humain de Marie NDiaye.
en 2003 (créée au Theatre 503 à
Meilleur auteur dramatique 2009
Le Triomphe de l’amour de Marivaux ;
Londres), il écrit Osama the Hero
par la revue Theater Heute). En
Jean-Marie Villégier, Cosroès de
(Young Vic Theatre, Londres, 2004),
France, Débris (trad. P. Le Moine
Rotrou, Bradamante, Antigone, Les
After the end (Bush Theatre /
et P. Sales, Théâtrales / Traits
Juives de Garnier ; Gérard Vernay,
Compagnie Paines Plough, Londres,
d’union, 2008) a été lue à plusieurs
La Célestine de F. de Rojas, Oedipe
2005, tournée à Saint-Pétersbourg,
reprises (notamment au Festival
Roi de Joseph Reis ; Claudia Morin,
Moscou et New York), Love and
d’Avignon 2008 par P. Pineau, créée
Électre de Giraudoux ; Adel Hakim,
Money (Royal Exchange, Manchester /
par W. Steyaert à la Comédie de
Quoi l’amour de Roland Fichet, La
Young Vic, 2006), Taking Care of Baby
Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad.
Toison d’or ; Philippe Poulain, L’album
(Birmingham Rep /Hampstead Theatre,
P. Le Moine, inédite en français) a
de l’oiseau qui parlait ; Richard
Brunel, La Tragédie du vengeur de
Londres, 2007, qui reçoit le John
fait l’objet de lectures dirigées
Whiting Award), DeoxyriboNucleic
par G. Vincent (Festival actOral 7,
Cyril Tourneur, Gaspard de P.
Acid/D.N.A. (National Theatre
La Colline, 2008) ou S. Delétang
Handke. Il travaille également
Connections Festival, Londres, 2007),
(Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009).
avec Daniel Jeanneteau, Jorge
Orphans (Traverse Theatre,
Mon prof est un troll (coll. Théâtre
Lavelli, René Loyon, Christophe
Édimbourg / Birmingham Rep/Soho
Jeunesse) et Occupe-toi du bébé
Perton.
Theatre, Londres, 2009), The Gods
(les deux pièces traduites par
Parallèlement, il crée sa compagnie
Weep (Hampstead Theatre / Royal
P. Le Moine et P. Sales) ont
en 1994 et met en scène Pelléas et
Shakespeare Company, Londres, 2010).
dernièrement paru à L’Arche Éditeur.
Mélisande de Maeterlinck, Les
28
29
Dossier pédagogique
Résumé de la pièce
2
Les personnages
2
Extraits de la pièce
3
Projet de mise en scène d’Olivier Werner
Entretien avec Olivier Werner
8
Biographie Olivier Werner
11
Médias et vérité : mise en scène du quotidien et témoignage
La presse, Alain Rémond
12
Vérité télévisuelle, François Jost
12
Reality shows, Maurizio Lazzarato
14
Télé-réalité : être ou paraître, François Jost
15
Qu’est-ce qu’un témoin ?, Monique Sicard
16
Dennis Kelly et le “fake verbatim”
Définition
17
Entretien avec Dennis Kelly, Aleks Sierz
18
Entretien avec Dennis Kelly, Patricia Benecke
19
Identity crisis, Dennis Kelly
21
Biographie Dennis Kelly
23
Annexe
Article de presse : “Cot deaths and justice”, The Observer, 15 juin 2003
1
24
“Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens
et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés
sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites.
Les noms n’ont pas été changés.”
“The following has been taken word for word from interviews and correspondence.
Nothing has been added and everything is in the subjects’ own words, though some
editing has taken place. Names have not been changed.”
Occupe-toi du bébé, Dennis Kelly, première didascalie, L’Arche, 2010.
“Rien de ceci n’est vrai. Ce sont simplement des gens qui disent
des choses. C’est entièrement subjectif. Il y a la vérité et ce que
les gens croient être la vérité, tout est question de point de vue...”
“None of this is the truth. It’s just people saying things. It’s all subjective. There’s
the truth, and there’s what people think is the truth, and it all depends on how you
slant it...”
Taking care of baby, Dennis Kelly, 4e de couverture, Oberon Books London, 2007.
2
Résumé de la pièce
Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable
d’un double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge
en direct : certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté
d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts :
la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir
reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et observé chez Donna, Martin,
mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule
Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public.
Témoignages réels ou fiction ? Dans Occupe-toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment
d’importance : l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une
objectivité impossible.
Les personnages
Donna McAuliffe, la trentaine
Lynn Barrie, la cinquantaine
Dr. Millard, la cinquantaine
Martin McAuliffe, 35 ans
Jim, la cinquantaine
Mme Millard, la quarantaine
Un Reporter, la quarantaine
Brian, la trentaine
Une Femme, un Homme âgé, un Homme, Jane (sa femme) et une Serveuse.
3
Extrait 1
MARTIN. Cher Monsieur Kelly,
Non, je ne souhaite pas être interviewé dans le cadre de votre projet. Je pensais que
ma dernière lettre exposait clairement ma position. Et votre argument qui serait de
faire entendre de cette manière mon point de vue ne me convainc pas. Si vous n’aviez
pas vous-même soulevé le débat, il n’y aurait besoin d’aucun point de vue. Vous déclarez
que vous n’êtes pas journaliste et que le sensationnalisme ne vous intéresse pas, je
suis désolé mais en ce qui me concerne je ne vois pas trop la différence. J’envisage
sérieusement de faire appel à mon avocat car je considère votre démarche comme une
atteinte grave à ma vie privée.
Merci de ne plus essayer de me contacter.
Salutations,
Martin McAuliffe
Dr. MILLARD. Le syndrome de Leeman-Keatley ou SLK est un désordre psychiatrique
rare qui affecte principalement de jeunes mères d’enfants en bas âge : une mère
aimante tout à fait normale est amenée à faire subir des actes de cruauté à son
propre enfant, allant jusqu’à entraîner, dans les cas les plus extrêmes, la mort du
bébé. De nombreuses jeunes mamans sont dans un état de sensibilité exacerbé au
monde qui les entoure, ce qui les amène à être affectées plus profondément que la
moyenne par des événements locaux ou internationaux. Mais chez le patient souffrant
de Leeman-Keatley cette tendance naturelle n’est plus contrôlée et cette sensibilité
prend alors une dimension pathologique. Le monde se disloque ; le réchauffement
climatique, le terrorisme, les tsunamis, les ouragans, le néo-impérialisme, le
fondamentalisme islamique, le fondamentalisme chrétien, chaque page de chaque journal
contient des milliers de raisons souvent contradictoires de ne pas mettre au monde
un enfant. Et pourtant voilà la mère avec une précieuse petite boule de vie dans les
bras.
Et c’est là que les choses se compliquent, parce que ce n’est pas juste la faute de
toutes ces horreurs, des horreurs il y en a toujours eues, mais ce niveau supérieur
de conscience surexpose à cette atmosphère générale de duplicité dans laquelle
nous vivons tous aujourd’hui, tant au niveau personnel que dans la société. Vous
savez... l’hypocrisie de ces journaux qui exposent des filles nues en fustigeant les
délinquants sexuels, ces chaînes de supermarché qui disent vouloir notre bien et qui
détruisent les commerces de proximité. Ces hommes politiques qui font des discours
en sachant très bien que plus personne n’y croit, mais c’est grave, et qui continuent
de les faire, personne ne fait plus confiance aux journalistes, les publicitaires passent
généralement pour des menteurs, les avocats sont des gens qu’on paye pour s’indigner de faits dont ils se contrefichent, et je ne vous parlerais même pas des agents
immobiliers.
Il rit. Il s’arrête.
Alors vous voyez ?
Occupe-toi du bébé, Dennis Kelly, L’Arche, 2010, p. 26-27.
4
Extrait 2
REPORTER. “Premier enfant également victime de la mort subite du nourrisson.”
“Le Mercure révèle en exclusivité que le premier enfant de Donna McAuliffe est mort
étouffé il y a deux ans. Donna McAuliffe, actuellement entendue par la police au sujet
de la mort la semaine dernière de son bébé Jake, avait une fille Megan McAuliffe,
décédée il y a deux ans. Son mari, Martin McAuliffe avait retrouvé la petite Megan,
neuf mois, sans vie, enroulée dans sa couverture. Malgré ses efforts pour la ranimer,
elle était déclarée morte à son arrivée à l’hôpital St Luke dans le Kent. Après enquête,
le procureur avait conclu à un “étouffement accidentel”.
Les services sociaux de Lewisham ont déclaré hier que leurs soupçons ont été éveillés
par les circonstances de la mort de Jake mais se refusent à tout commentaire. La
famille de Donna McAuliffe n’a fait aucune déclaration, le porte-parole de la police
“a indiqué que Donna McAuliffe collaborait pleinement à l’enquête.”
Voilà. C’est à partir de là que j’ai réussi à attirer l’attention des tabloïds. Pas facile
au début mais une fois que je les ai accrochés ils sont tous venus à moi parce que
j’étais sur le terrain depuis le début, j’avais parlé avec Donna, j’avais parlé avec
Lynn, ils m’ont adoré. J’ai simplement dû trouver le bon style.
Il sort un autre journal.
“Une mère tue ses enfants par amour.”
Vous voyez ?
Vous voyez ?
DONNA. Quoi ? Oui, non, ça va. Pourquoi ? Je veux dire... ouais. Ouais, ça... va.
Un temps.
Vous voyez toujours cet homme ?
DONNA. Quoi ?
Cet homme que vous fréquentiez. Êtes-vous toujours -
DONNA. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous voulez savoir ça ?
Je veux me faire une idée de -
DONNA. Je... je ne crois pas que je veuille parler de ça...
D’accord.
DONNA. Désolée, je ne veux pas.
Je croyais que vous vouliez juste que je vous raconte
ce qui s’était passé ?
C’est ça.
DONNA. Vous savez, je pensais que vous vouliez que je
vous raconte...
On peut faire ça de la manière qui vous convient.
Pause.
DONNA. Ça va c’est simplement que 5
Je veux dire on ne se fréquente pas vraiment, comme ça juste...
Je ne suis probablement pas la meilleure personne en ce moment et je ne veux pas,
lui faire du mal ou, il y a tous ces doutes auxquels on se, bon ce n’est pas vraiment
le sujet mais...
Un temps.
C’est bien. Il est très bien. Gentil.
Pause.
Parfois je me sens bien, et puis tout à coup c’est comme quand vous baissez les yeux
et que vous réalisez que vous êtes à deux milles mètres dans les airs et votre estomac
remonte et vous vous sentez mal et vous voulez Vous avez besoin de tout ça ?
Oui.
DONNA. Je veux dire est-ce que c’est... ?
Oui.
Ça donne du contexte.
DONNA. Bon.
Parce que je pensais que vous vouliez juste que je vous raconte ce qui s’est passé
quand Jake est mort.
OK.
Qu’est-ce qui s’est passé quand Jake est mort ?
Un temps.
DONNA. Quoi, vous voulez juste que je raconte...
Oui.
Pause.
Donna ?
Pause.
Ça va ?
DONNA. Oui. Non, oui, je, je suis juste un peu...
On n’est pas obligés de faire ça maintenant.
DONNA. Si, je veux le faire maintenant.
Pause.
Je pourrais aller chercher Lynn.
DONNA. Pourquoi donc ?
Juste pour être DONNA. Je ne veux pas qu’elle -
Juste pour qu’elle soit là.
6
DONNA. Je ne veux pas qu’elle soit là.
Un temps.
Je veux dire, je suis très bien toute seule. Ne la... dérangez pas.
Demandez-moi quelque chose.
Un temps.
Quoi par exemple ?
DONNA. Je ne sais pas. Posez-moi une question.
Un temps.
Ce serait mieux si on y arrivait par un angle différent ?
DONNA. C’est ça votre question ou vous me demandez mon avis ?
Non, je vous demande votre avis.
DONNA. Bon.
Vous avez déjà fait ça avant ?
Pause.
Non.
Un temps.
DONNA. Demandez-moi des choses sur, comme, vous savez...
Pause.
Parlez-moi de votre fille.
DONNA. Quoi ?
Parlez-moi de votre fille.
Occupe-toi du bébé, Dennis Kelly, L’Arche, 2010, p. 43-47.
7
Projet de mise en scène d’Olivier Werner
Entretien avec Olivier Werner
Réalisé à La Colline le 4 novembre 2010
La pièce de Dennis Kelly se présente comme une suite d’interviews enregistrées. Elle
s’ouvre avec ces mots : “Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens
et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés
même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés.”
Le texte a pour origine un fait divers : une femme – Donna McAuliffe – accusée
d’infanticide, jugée, condamnée en première instance, incarcérée puis relaxée en
appel après quatorze mois de prison.
Olivier Werner : Au moment où Kelly écrit, plusieurs cas de mères infanticides défraient
la chronique en Angleterre. Des tabloïds s’en font l’écho ainsi que la presse nationale
et la télévision. En dépit des décisions de justice, l’opinion publique anglaise est
divisée sous l’effet de la médiatisation de ces affaires. Dans Taking care of baby
(Occupe-toi du bébé), Kelly décide de convoquer sur scène les protagonistes fictionnels
d’un fait divers analogue. Il les enregistre, puis retranscrit leurs paroles. Il tente –
par un effet de montage de ces entretiens – de s’approcher au plus près de la vérité,
là où la justice n’a pu que prononcer la relaxe au bénéfice du doute. Mais très vite,
“la confession” à laquelle se livrent ceux qui répondent à son invitation prend le pas
sur le fait divers lui-même. La confession comme posture médiatique. L’intimité du huis
clos et l’écoute de Dennis Kelly créent un champ compassionnel, et la sincérité avec
laquelle ils semblent se confier les place au premier plan comme sujets mêmes de
l’entretien. Le fait divers, lui, devient le prétexte qui les met en valeur. Ont-ils déjà
conscience qu’à travers l’enregistrement dont ils font l’objet, ils ont le moyen de
livrer d’eux un profil avantageux ? Dans la première partie du texte, Kelly n’intervient
pas. À en croire les protagonistes, c’est bien à lui qu’ils s’adressent mais lui se contente
de “retranscrire” ce qu’ils disent. En exposant ainsi les parleurs sur scène sans y être
lui-même, Kelly prétend devenir spectateur d’une fiction qui s’écrirait sans lui. Il rend
le public complice de la manipulation médiatique qu’il met en place. Une obscénité s’en
dégage, née de la complaisance et du narcissisme des protagonistes à accepter d’être
ainsi exposés directement au public, mais également du public, voyeur malgré lui, dans
la mesure où l’auteur lui-même se refuse à tenir son rôle et se cache dans ses rangs.
Dennis Kelly dit qu’au départ, il ne pensait pas forcément nécessaire d’apparaître
lui-même comme personnage de la pièce, mais qu’il y a été amené surtout pour pouvoir
introduire le violent refus de témoigner de Martin, mari de Donna.
O. W. : Là encore Kelly joue avec l’effet de “réalité” de sa fiction. En faisant cette
réponse, il nous fait implicitement accepter l’idée que Martin n’est pas un personnage
né de son imaginaire mais une personne réelle qui aurait refusé d’être interviewée par
lui. Dans la première partie, Kelly donne pourtant à entendre les lettres d’insultes
qu’il a reçues de Martin. Et quand celui-ci se décide à intervenir sur scène, sa présence
est créditée de son refus initial et donne à sa parole un surcroît de réalité dont use
Kelly pour mieux abuser le public. Mais au théâtre, on ne peut pas – a priori pas –
entrer sur scène autrement qu’en étant un personnage de fiction. La fiction est même
le postulat de départ, le contrat tacite passé entre la salle et le plateau sans lequel
le théâtre n’aurait pas lieu. C’est pourtant ce contrat que tente de détruire Kelly
au début de la pièce en nous faisant croire que les personnages sont des personnes
8
réelles qu’il ne contrôle pas. Mais il y a une chose à laquelle ces personnes ne peuvent
échapper : c’est leur médiatisation. Une personne, même réelle, ne peut éviter de
prendre la pose si elle décide de s’exposer publiquement. En se confessant de son
plein gré, elle exprime son désir d’être écoutée par d’autres, d’être reconnue et
désirée pour ce qu’elle dit ou ce qu’elle montre d’elle. Elle sait qu’elle doit combler chez
le public un désir, celui d’entendre ou de voir chez celui qui s’exprime quelque chose
d’insolite qui légitimerait sa présence. Il y a donc toujours un jeu de séduction,
une acceptation d’être en partie créé par le public. “Désirez-moi tel que je suis,
et j’accepte d’être un peu ce que vous désirez que je sois.” L’illusion théâtrale est
toujours là, mais déplacée, chacun se masquant en fonction de la séduction qu’il pense
opérer.
C’est un procédé dont use fréquemment la télévision.
O. W. : Oui. On pourrait imaginer faire un vrai/faux documentaire télévisé avec cette
pièce. Tout s’y prête dans le collage que propose Kelly. Un documentaire en cours de
création dont la construction ne serait pas encore achevée. Certains entretiens
étant déjà montés et d’autres pas encore dérushés et sciemment montrés en l’état.
Mais c’est dans l’économie théâtrale que ce “documentaire” trouve son épanouissement.
C’est toute la singularité de ce projet, et son paradoxe. Comment, au théâtre,
répondre à cette écriture qui évoque tant l’audiovisuel, en procède – ou du moins
le fait croire ? La dramaturgie du spectacle à venir s’articulera donc autour de cet
aller-retour entre théâtre et audiovisuel. Les images des acteurs/personnages tournées
au plateau seront retransmises en direct, en alternance avec d’autres images
enregistrées préalablement. La mise en scène de la parole, au-delà de son contenu,
est ce qui m’intéresse. Que percevons-nous chez quelqu’un qui se confie lors d’un
entretien ? Si sa crédibilité dépend de la force de ses arguments, elle passe aussi par
ses troubles, sa maladresse et ses silences. La personne passe sous nos yeux d’un
état à un autre, laissant deviner dans sa gestuelle, dans la fuite de ses regards, tout
un vécu qui ne trouve pas la voix des mots mais qui participe tout autant à l’idée
que nous nous faisons d’elle. La caméra sera là pour approcher au plus près le visage
de la personne, le micro de sa voix, à l’affût de ce qui pourrait lui échapper.
S’exprimer sous le contrôle d’une telle amplification, c’est jouir d’un masque total.
Être capté de très près crée en soi du discours, suscite une empathie et offre
au public un espace de projection des plus rassurants. Mais au théâtre, j’imagine que
l’image s’épuise au bout d’un moment. Elle doit être relayée par le plateau. Que se
passe-t-il alors quand celui qui parle doit continuer de s’exprimer sans l’artifice de
sa retransmission ? Quelle modification s’opère dans la perception du spectateur ?
Dans la pièce, une des rares didascalies de l’auteur est de mettre subitement en
pleine lumière tel ou tel personnage. Le voilà maintenant contraint de répondre aux
questions d’une voix sans corps. Indubitablement celle de Kelly, même si elle ne dit pas
son nom et n’apparaît pas sur la page de distribution. Cette voix interroge, et les
protagonistes doivent maintenant répondre en public sans le secours gratifiant de la
technique. C’est là, au moment où le théâtre reprend ses droits, que l’authenticité
de la personne nous apparaît. Ce que nous avions fini par admettre comme une
représentation du réel avec l’image et le son, se révèle après coup dans son artifice,
maintenant que la personne se trouve en pleine lumière, réduite à sa véritable
échelle. La voilà obligée d’improviser son propre rôle en répondant ou en éludant les
questions de l’auteur. Dans sa quête de la vérité, Kelly pose des questions dont il
connaît parfois les réponses pour mieux déstabiliser ceux qu’il interroge. Il cherche
à les prendre en flagrant délit d’humanité. Eux se trouvent pris au piège de leurs
propres contradictions et suscitent désormais une empathie à perdre ainsi leur statut
devant tout le monde. L’auteur les construit peu à peu en les faisant vaciller, ils
butent, se reprennent, ne savent plus répondre, et sont livrés à leurs propres affects.
9
On a la sensation qu’ils ne sont plus seulement en train de tenir leur rôle mais qu’ils
sont présents malgré eux. Leur parole tourne en roue libre, l’élaboration de leur
pensée se fait dans le discours lui-même et s’alimente dans l’instant, car ils doivent
prouver que la place qu’ils occupent n’est pas usurpée, quitte à mentir ou se dédire
ouvertement. De personnes supposées réelles, ils doivent rapidement devenir de
bons personnages, prendre la mesure du plateau et convaincre par l’émotion qu’ils
sauront dégager. Celle-ci deviendra l’arme privilégiée avec laquelle ils pourront faire
mouche et toucher le public. Taking care of baby, en devenant progressivement une
oeuvre de théâtre, donne à son tour des impressions de réel. En assumant ouvertement
sa position d’auteur de fiction, Kelly dessine les contours de la vérité.
Au théâtre, la poursuite de la vérité passerait donc par la fiction du réel ?
O. W. : Le réel est multiforme, impossible à cerner. Le théâtre est le filtre qui rend
possible l’illusion de sa capture et la vérité que poursuit Kelly n’est pas démontrable.
Quand aucune preuve tangible ne peut prouver la culpabilité ou l’innocence de quelqu’un,
la télévision, par le biais des documentaires/fictions, sollicite notre tendance à juger
en fonction de nos émotions. C’est l’adhésion que chacun est en mesure de susciter
qui doit construire notre opinion. Bien sûr, ces documentaires enterrent notre
capacité de réflexion en conditionnant nos réflexes émotionnels. “Ce psychologue
est convaincant, il me touche : il a raison. Cette femme politique assume tout ce qu’elle
dit, parle sans langue de bois : je vote pour elle. Cette mère a sûrement tué ses
enfants, mais elle parait tellement inoffensive qu’elle me touche : je l’innocente...”
Kelly, dans sa pièce, utilise des formes d’entretiens éprouvées à la télévision, mais il
change régulièrement de procédé en cours de route. Quand il interroge théâtralement
ses personnages, il met à jour leurs mensonges et leurs contradictions et nous nous
sentons trahis. Mais l’émotion qu’ils dégagent, une fois démasqués, nous donne à
nouveau envie de prendre parti. Dans cette mise en abîme des formes de représentation,
Kelly invite le public à se construire lui-même une écoute et un regard, où seule l’ironie
de la perception peut nous préserver de la manipulation médiatique.
10
Biographie Olivier Werner
Il étudie à l’ENSATT de 1987 à 1989. En 1989, il est admis à l’École supérieure d’art
dramatique du Théâtre national de Strasbourg et au Conservatoire national supérieur
d’art dramatique. Mais Jean-Marie Villégier lui propose le rôle d’Hippolyte dans Phèdre.
Puis il participe à deux créations du Théâtre national de Strasbourg pendant la saison
1992-1993 : Les Innocents coupables de Brosse et La Magie sans magie de Lambert.
Ces propositions l’amènent à renoncer aux deux écoles.
Il joue notamment sous la direction de Lluis Pasqual, Les Estivants de Maxime Gorki ;
Christian Rist, Bérénice de Racine ; Marc Zammit, Le Triomphe de l’amour de Marivaux ;
Jean-Marie Villégier, Cosroès de Rotrou, Bradamante, Antigone, Les Juives de Garnier ;
Gérard Vernay, Oedipe Roi de Joseph Reis d’après Sophocle ; Claudia Morin, Électre de
Giraudoux ; Adel Hakim, Quoi l’Amour de Roland Fichet ; Philippe Poulain, L’Album de l’oiseau
qui parlait ; Adel Hakim Médée d’après Sénèque, Euripide et Apollonius de Rhodes ;
Richard Brunel, La Tragédie du vengeur de Cyril Tourneur. Il travaille également avec
Jorge Lavelli, René Loyon, Christophe Perton.
Parallèlement, Olivier Werner crée la Compagnie de la Plaine Lune en 1987 et met en
scène trois spectacles de 1987 à 1990. Le dernier de ces spectacles d’après Cami
a été repris au Cirque d’Hiver pour les “48 heures du théâtre”. Il crée la Compagnie
l’Anneau en 1994. Il met en scène Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck,
Les Revenants d’Ibsen, Les Perses d’Eschyle, Les Hommes dégringolés, création
collective avec Vincent Dissez et Christophe Huysman.
Il dirige de nombreux ateliers de formation pour comédiens, notamment au Théâtre
de Lorient, à La Comédie de Reims et au Théâtre de La Cité de Toulouse.
En 2007, Christophe Perton lui propose de rejoindre la troupe de La Comédie de
Valence en tant qu’acteur et metteur en scène associé. Il y joue sous la direction
de Christophe Perton et Yann Joël Collin et dans ses propres mises en scène : Par les
villages de Peter Handke, Saint Elvis de Serge Valetti, Rien d’humain de Marie NDiaye.
11
Médias et vérité :
mise en scène du quotidien et témoignage
La presse
La réalité du journaliste, c’est qu’il est celui qui passe, et puis s’en va. Après avoir
pris à ceux qui restent le pollen dont il fera son miel. Il n’est pas seulement un voyeur.
Il est aussi un voleur. Et il ne peut pas faire autrement : il est là pour ramener
l’information. Donc pour la prendre. Il faut bien alimenter la machine.
Il est, aussi, truqueur. Pour les besoins de l’histoire, du plaisir des lecteurs à la lire,
et du sien propre à l’écrire. La vérité (avec tous les guillemets correctifs qui
s‘imposent) passe par ses mots. Ce qu’il a entendu, il le recompose, il le réinterprète.
Forcément, quelque chose se perd en route. Du réel. Remplacé par le style, la mise
en scène. Coups de pouce indispensables de la fiction à la réalité. [...]
Le monde désormais, n’existe plus que mangé, digéré, recraché par la presse. Et si
nous n’étions plus que les protagonistes d’une gigantesque fiction, les ombres d’un
théâtre de papier, oubliant, peu à peu, ce réel que nous croyons étreindre ?
Alain Rémond
Télérama, 1er juin 1983.
Vérité télévisuelle
En matière d’invention, le vrai et le faux ne prennent sens que dans les limites du
monde imaginaire, la diégèse. [...] quand on utilise les termes “vérité” ou “vrai” (“la
vérité de la fiction”, “jouer vrai”, “la vérité du témoignage”, etc.), on a en tête des
acceptions diverses. Vrai signifie avéré pour les genres où les faits sont vérifiables ;
la vérité de la fiction relève du vraisemblable, jugé essentiellement à l’aune du respect
des règles ; celle du témoin découle de l’authenticité dont nous créditons le vécu.
Ici s’ouvre le vaste champ de la feintise, où la justesse de la représentation s’évalue
en fonction de la sincérité des acteurs. Formulé en ces termes, le déplacement de
la vérité télévisuelle de l’avéré vers le sincère nous aide à comprendre le sens de
l’évolution récente des représentations du quotidien et à imaginer leur avenir proche :
si les formules d’émission, comme on l’a vu, sont des avatars industriels [...], il n’en
reste pas moins que s’observe dans leur succession une accentuation progressive du
pôle “réel” : de jeux de société aux docu-soap, en passant par les reality shows,
jusqu’aux webcams en tout genre et aux multiples formes Big Brother sur l’Internet.
Si le public est avide de fiction, il ne l’est pas moins de ces programmes en tout
genre produits au nom du réel. Et les stratégies d’authentification envahissent
à présent les récits imaginaires [...]. Alors, pourquoi cette attirance pour la monstration
du banal ? Pour donner un début de réponse, il est amusant d’observer que, en 1974,
un film de Chantal Akerman, intitulé Jeanne Dielman, avait suscité l’ennui chez beaucoup
de spectateurs, parce qu’il montrait notamment une femme épluchant des pommes de
terre pendant de longues minutes, alors que, aujourd’hui, les spectateurs du Gran
Hermano11 émission de télé-réalité espagnole et l’utilisateur d’Internet se jettent
sur les retransmissions de telles scènes en temps réel. [...]
Si, en l’occurrence, le spectateur préfère la promesse de réel au fictif, n’est-ce pas
que, dans cet écran qui est le prolongement de sa main, il trouve une sorte d’ancrage
“terrien” ? Pour comprendre cette attirance pour une réalité réduite au quotidien,
il faut la mettre en regard du plaisir procuré par la fiction. Si celle-ci est une promesse
de temporalité iconique, une temporalité arrangée intentionnellement par un être
12
humain pour séduire, intéresser ou distraire ses semblables, le temps réel serait lavé
de toute intentionnalité, mettant acteur et spectateur face à face sans l’entremise
d’un médiateur manipulateur. Est-ce que, finalement cette dissolution de l’intervention
humaine dans le lieu de convergence de la technologie complexe du numérique et du
“vieux” direct télévisuel, n’est pas un remède aux doutes qu’a engendrés récemment
le scepticisme face à des images trop vite assimilées au mensonge et au désir de
tromper ? [...]
François Jost
La Télévision du quotidien, De Boeck/INA, 2e éd., 2003.
13
Reality shows
Les reality shows (dont les premières importations de l’Amérique remontent à quelques
années) se sont providentiellement imposés au moment où les journalistes et les médias
se trouvaient frappés d’une suspicion muette mais profonde [...].
De la mise en scène de l’information et de l’opinion publique, dont la guerre du Golfe
a dévoilé sans honte les procédés de “fabrication”, on a rapidement glissé à la mise
en scène de la “vie quotidienne”. Les reality shows, à ce titre, sont un indicateur
très significatif de l’évolution de la télé et des médias en général. [...]
La télé se voudrait le lieu (culturel !) où vécus individuel et collectif s’échangent et
se transmettent, cadre de conduite d’une expérience collective/individuelle de la
mort, du sexe, de l’amour, de soi et de l’autre. Le reality show montre de façon
caricaturale et “résout” de façon très dangereuse un vrai problème : comment faire
et transmettre une expérience dans nos sociétés post-industrielles [...]. L’expérience
est réduite à la sensation, au scoop, au voyeurisme, elle a perdu toute son aura,
mais elle rencontre un “vrai” public, qui veut faire des expériences, qui sait qu’il ne
pourra plus les faire comme jadis ses aînés. La télé, une machinerie de constitution
du sujet collectif (monstrueux dans ces conditions) de la société post-industrielle ?
La télé, un espace symbolique collectif et non seulement un espace public (politique) ?
La télé, une passion ? Inutile d’opposer une indignation morale à l’effondrement des
vieilles formes d’expérience et aux lieux/langages collectifs qui les rendaient possibles.
Le plus célèbre des reality shows commence toujours par un “récit” : “Le 12 février
madame X rentrait chez elle...”. Ce récit est invariablement le même car la technique
et la forme de la mise en scène sont toujours identiques : la production en série du
reportage et son “esthétique” standardisée. Notre conscience n’a plus besoin de se
défendre du choc car il est stérilisé, aseptisé et accepté par la mise en scène de
l’esthétique télé. La télé le fait pour nous, comme elle fait pour nous l’expérience de
l’autre. La personne qui a vécu l’événement est exhibée telle la “preuve vivante” de
la réalité de la mise en scène. Le son, si jamais quelque chose s’échappait des images,
rend encore plus redondant le “message”. Pour nous guider dans nos émotions les
présentateurs ne cessent de nous les suggérer “C’est touchant ! C’est magnifique !
Quel courage !” Il serait intéressant de voir un reality show après l’avoir libéré de
tout commentaire. Quelle émotion persiste sans les applaudissements (faux aussi) ?
Quelle sensation ? À quoi dès lors est réduite l’expérience de notre héros ?
En réalité il ne s’agit pas de la “télé des gens”, de la “télé vérité”, d’une “télé de
proximité” - selon les producteurs du reality show elle s’opposerait à la “télé du
pouvoir” -, mais d’une télé présentant les expériences de communication de
téléspectateur à téléspectateur. En unifiant les scénarios et en uniformisant la mise
en scène il n’y a plus de la multiplicité mais un seul sujet : le “téléspectateur”.
Maurizio Lazzarato
Reality shows : le sujet et l’expérience. Variations sur quelques thèmes benjaminiens, Futur antérieur 11,
1992/3, Multitudes Web, mise en ligne mars 1992.
14
Télé-réalité : être ou paraître
Le reproche fait aux hommes politiques de ne pas être sincères rejoint celui adressé
aux médias de manipuler l’information. Il se formule en une demande commune : celle
de la transparence. Les hommes politiques sont soupçonnés de cacher des choses et
les chaînes de télévision de ne pas montrer les “événements comme ils se sont passés”
(selon la formulation du baromètre La Croix-Télérama). Où commence et où finit la
transparence ? [...]
Abolition des frontières privé-public, contact avec la réalité... pour que cette
transparence soit parfaite et vienne contrecarrer le modèle critiquable des médias
et des politiques, il manquait encore quelque chose : que les participants de cette
télé-réalité s’engagent à être eux-mêmes transparents. L’injonction “Soyez vousmêmes !” vint compléter le tableau. Injonction contradictoire, bien entendu, car en
même temps que l’on donnait cet ordre aux candidats, on les mettait dans une
situation où, parce qu’ils passaient à la télévision, ils devaient constamment soigner
leur apparence, se contempler de longues heures dans les miroirs et surtout parce
que, pour se maintenir le plus longtemps possible dans le programme, ils devaient
plaire à la fois à leurs colocataires et au public. Toutes choses qui définissent le
paraître : “Pour l’homme du paraître, il n’y a plus que des moyens et lui-même se trouve
réduit à n’être que moyen. Aucun de ses désirs ne peut être assouvi immédiatement :
il doit passer par l’imaginaire et le factice ; l’opinion des autres, le travail des autres,
lui sont indispensables1.”
Le “Soyez vous-mêmes” est aussi le symptôme d’une construction de la réalité à
l’image de la fiction. Les anonymes représentant soi-disant les “vraies gens” ont cédé
la place à des types définis par des castings, lesquels visent avant tout à construire
des personnages qui n’ont rien à envier au roman balzacien : des êtres monolithiques,
dont le caractère bien identifiable explique tous les comportements.
Née d’une demande de transparence, comme la philosophie de Rousseau, la télé-réalité
y répond donc de façon paradoxale. D’un côté, l’émission met en branle toute une
machinerie technique (25 caméras, 50 micros) pour assurer la transparence ; de l’autre,
elle demande à ses candidats d’être, quand ils ne sont jugés que sur le paraître.
François Jost
Télé-réalité, Le Cavalier bleu, 2009, p. 45-48.
1.
Starobinski, La Transparence et l’Obstacle, Gallimard/Tel, [1971], 2006, p. 43.
15
Qu’est-ce qu’un témoin ?
Aujourd’hui, la télévision et ses images instaurent un système de vérité original.
Jamais – et les hommes politiques le savent bien – on n’avait tant jugé celui qui parle
à l’aune de sa sincérité. Or, la vérité de l’apparence, la preuve par l’authenticité [...]
relèvent spécifiquement de l’image animée. Le régime de la preuve acquiert une
dimension paradoxale. Alors qu’en justice pénale ne peuvent être reçues sous la foi du
serment les dépositions des parents proches de l’accusé, ni celles des enfants trop
jeunes, le régime télévisuel accorde précisément à ces catégories de témoins une
place déterminante. Ceux qui parlent à l’image seraient d’autant plus crédibles que la
souffrance les atteint : un visage en larmes ne saurait mentir. Le témoignage d’un
enfant de dix ans ne saurait être faux. Et l’on convie à témoigner les ascendants directs
et les plus jeunes dont, précisément, notre justice récuserait les témoignages. Pour
elle, au contraire, ce sont la neutralité des propos, la maîtrise de soi, qui fondent
la crédibilité des témoins. Le régime de “preuve” télévisuel apparaît en réalité
“régressif” par bien des aspects. Ainsi, la lecture des visages suffirait à prouver la
profondeur des sentiments, la véracité des témoignages et des jugements... Or ces
visages nous meuvent et nous émeuvent par des mécanismes bien éloignés de ceux
d’un jugement rationnel. Nous ne savons pas, nous, téléspectateurs, nous projeter à
la place d’un juge qui doit trancher et dénoncer le coupable. [...]
[...] L’émotion transmise devient l’une des voies obligatoires de l’adresse au citoyen.
Elle n’est pas seule. La qualité du cadrage et du montage de l’image, celle de la bande
son, ont pour effet de nous transporter dans un monde logique qui n’est plus le
nôtre, mais celui de la fiction. Les dramatiques cohortes de réfugiés marchant dans
la neige, parfaitement filmées, nous ont profondément émus. Mais quand le journal
télévisé devient du cinéma, il ne nous informe plus : il nous fait pleurer. [...]
Le témoignage parfait n’existe pas. Et son imperfection même est partie intégrante
de sa définition. Témoigner, c’est prendre des risques : celui de l’erreur n’est pas le
moindre. Pourtant, témoigner reste une obligation. En matière pénale, nous avons le
devoir de témoigner lorsque le témoignage joue en faveur de l’innocence de l’accusé.
L’omission est lourdement sanctionnée. Plus lourdement encore, le refus de témoigner
après en avoir été requis. [...]
Monique Sicard
“Qu’est-ce qu’un témoin”, in Croyances en guerre : l’effet Kosovo, Cahiers de médiologie n° 8, Paris, Gallimard,
1999.
16
Dennis Kelly et le “fake verbatim”
Dr Millard [...] “So do you really think that it’s possible for one human being to lie to
another?
Generally not. Generally we know. Generally a lie is me and you both pretending to
believe in something that’s untrue, and then agreeing not to talk about it.”
Taking care of baby, p. 26, Oberon Books London, 2007.
Dr Millard [...] “Alors vous croyez vraiment que c’est possible pour un être humain de
mentir à un autre être humain ? En règle générale, non. En règle générale on le sait. En
règle
générale un mensonge c’est simplement vous et moi qui faisons mine de croire en
quelque chose qui n’est pas vrai, et qui nous mettons d’accord pour ne pas en parler.”
Occupe-toi du bébé, L’Arche, Paris, p. 22.
Définition
Le théâtre Verbatim est un théâtre qui, depuis les années 1990, s’est développé de
manière exponentielle, principalement en Angleterre. On compte parmi ses auteurs les
plus emblématiques les Anglais Richard Norton-Taylor, auteur de Half the Picture et
Bloody Sunday, Robin Soans, auteur de A State Affair et Across the Divide, et David
Hare, auteur de Stuff Happens. Mais il attire aussi des auteurs d’autres nationalités
tels que l’Allemand Klaus Pohl, auteur de Waiting Room Germany, ou le Français Michel
Vinaver, auteur de 11 Septembre 2001. Présenté comme “théâtre citation” [Verbatim],
une de ses caractéristiques est d’affirmer que tout ce qu’il rapporte est authentique :
les pièces sont un montage de propos extraits de rapports de commissions d’enquête
parlementaires, d’émissions télévisées ou d’interviews réalisées par l’auteur ou par
les acteurs. [...]
Jérémy Mahut, in “Figuration du pouvoir politique dans le théâtre Verbatim”, mardi 18 mai 2010,
www.raison-publique.fr.
Le théâtre verbatim est un mélange séduisant (alléchant) de faits journalistiques et
d’immédiateté théâtrale : comme tout art des plus respectables, il propose de
distraire tout en instruisant. Et il prétend dire la vérité, toute la vérité et rien que
la vérité. Mais ne vous y trompez pas. La réalité, bien sûr, est plus complexe. Comme
tout autre théâtre, le théâtre verbatim est le résultat d’une mise au point et d’une
sélection soigneuses. Plus il se vante de sa nature factuelle, plus vous devriez être
sceptique.
Aleks Sierz1
Verbatim theatre in Britain today, 2004.
1
Aleks Sierz : auteur (In-Yer-Face Theatre: British Drama Today (Faber, 2001), The Theatre of Martin Crimp
(Methuen, 2006), professeur à l’Université de Boston.
17
Entretien avec Dennis Kelly / Aleks Sierz
[...] Derek Paget1 : pourquoi avez-vous choisi d’écrire la pièce “fiction” Occupe-toi du
bébé dans une forme de pièce de théâtre verbatim, et que pensez-vous avoir accompli
en choisissant ce parti pris ?
Dennis Kelly : Occupe-toi du bébé est une pièce étrange. En Angleterre, le théâtre
documentaire était très répandu à l’époque où j’ai écrit la pièce. Bien sûr, le théâtre
documentaire est un théâtre construit à partir d’interviews. Je voulais écrire une
pièce de ce genre, mais je voulais tout inventer. J’ai donc écrit une “pièce verbatim”.
En fait, j’ai affirmé qu’il s’agissait d’une pièce verbatim, sauf que les personnages
n’existent pas et que j’ai tout inventé. Mais je voulais écrire sur la vérité. [...]
J’avais le sentiment que la vérité était d’une certaine manière menacée dans notre
vie publique. Que les choses soient fausses, cela n’avait aucune importance. Si les
médias pouvaient prouver la véracité d’une information, alors elle devenait vraie. Une
fois que j’avais fait l’expérience de cela, je voulais aller encore plus loin. J’ai pensé
que le meilleur moyen d’écrire sur la vérité serait de mentir. J’ai donc écrit une pièce
verbatim qui n’était pas vraie.
En Angleterre, nous avons eu le cas de six femmes qui ont été emprisonnées pour avoir
assassiné leurs enfants, alors qu’il s’agissait en réalité de morts subites du nourrisson,
de cause naturelle. L’une d’entre elles s’appelait Sally Clark. J’ai donc utilisé cette
histoire. Mais quand j’ai commencé la pièce, j’ai fait des recherches et j’ai dû tout
arrêter car je me suis dit que si je voulais mentir, alors il fallait que je mente sur toute
la ligne. J’ai également pensé que je n’avais pas le droit de faire des recherches : il
s’agissait de personnes réelles et de vies vécues. Je n’avais pas le droit d’induire
qu’aucune d’entre elles n’étaient coupables ou innocentes.[...]
Le plus étrange est que si le public savait que l’histoire n’était pas vraie, alors les
gens trouvaient cela très drôle. Mais quand ils l’ignoraient, s’ils pensaient que tout
était réel, il y avait un froid glacial dans la salle. C’était une expérience étrange,
c’était bizarre. Je crois que les critiques dans l’ensemble ont compris que rien n’était
réel, bien que l’un d’entre eux ait parlé du fameux cas “Donna McAuliffe”. Mon
intention n’était pas de mentir aux gens. Je voulais qu’au départ ils pensent qu’il
s’agissait d’une pièce verbatim et qu’ils se rendent compte au milieu de la pièce que
ce n’était pas le cas. Mais en fait, beaucoup de gens quittaient le théâtre en pensant
que tout était vrai, ce qui peut-être est dû à une faiblesse de la pièce. Mais je
pense qu’il faut pouvoir prendre ce genre de risques.
Extrait de “Narrative in Contemporary Drama, Dennis Kelly in conversation with Aleks Sierz”, 19e Conférence
Annuelle de la Société Allemande pour le Théâtre Contemporain Anglophone, Paderborn, juin 2010.
1
Derek Paget : auteur (True Stories ?: Documentary Drama on Radio, Screen and Stage (1990) et No Other
Way To Tell It : Dramadoc/docudrama on Television (1998), professeur à l’Université de Reading.
Plusieurs spécialistes questionnent Kelly lors de cet entretien.
18
Entretien avec Dennis Kelly / Patricia Benecke
1
Un entretien avec l’auteur étranger de l’année, Dennis Kelly, sur l’Angleterre avant et
après la crise financière, la désillusion de sa génération et sur les vertus de ne pas
comprendre entièrement sa propre pièce.
[...] Patricia Benecke : Y a-t-il des expériences de Occupe-toi du bébé que vous avez
intégrées dans Orphelins, votre nouvelle pièce ?
Dennis Kelly : Une des expériences positives de Occupe-toi du bébé a été de ne pas
avoir en fait complètement compris la pièce (il rit)... Le metteur en scène anglais m’a
demandé : “Tu veux dire qu’il n’y a pas de vérité empirique ? – Je ne crois pas que je
veuille dire cela. – Alors tu veux dire qu’il y a une vérité empirique ? – Je crois que je
ne veux pas dire ça non plus.” À la fin, j’ai tout simplement dit que je ne savais pas
ce que je voulais dire, mais que je savais que je voulais le dire (il rit). L’énoncé de toutes
mes pièces antérieures me semblait très direct, clair, mais aussi limité. Occupe-toi du
bébé a dépassé l’horizon de ma propre pensée. Je crois que j’y suis parvenu aussi
dans Orphelins ; il y a des choses qui sont présentes mais que je n’arrive pas à formuler
avec des mots, mais elles restent palpables comme émotions ou sentiments, et les
gens y réagissent. Mes pièces antérieures étaient plutôt optimistes. J’étais un peu
inquiet car j’avais l’impression de me cacher derrière ces moments d’optimisme – pour
ceux qui espèrent, comme moi, que la femme dans Occupe-toi du bébé n’a pas tué
l’enfant, sa grossesse devient un Happy End. Dans Amour et argent, il y a un monologue
final sur l’amour ; même si on sait que cette fille va se suicider, c’est une pointe
d’espoir. Je ne voulais pas de cela dans Orphelins. Cela donne l’impression d’une pièce
noire et sinistre (il rit), mais elle ne l’est pas. La première aura lieu au Festival
d’Édimbourg, puis elle sera représentée à Londres.
[...] P. B. : Comment, selon vous, les dramaturges anglais ont-ils accompagnés les
événements politiques de la dernière décennie ?
D. K. : Je crois qu’au début du siècle, le théâtre britannique a eu des ratés. L’un des
plus gros problèmes est, qu’à quelques exceptions près, les pièces des années 90
ont été écrites d’un point de vue politique avec un petit “p” [...] Quand j’ai fait mes
études dans les années 2000, personne n’avait d’idéologie, la fin des années 90 a été
en quelque sorte très apolitique. Et cela se reflète dans de nombreuses pièces de
l’époque [...]
Mais, lorsqu’en 2001, les idiots de la Maison-Blanche ont réagi aux attentats des tours
jumelles, et qu’ici [en Angleterre] les hommes politiques se sont stupidement ralliés à
leurs positions, notre théâtre n’a pas réagi comme il fallait, et là, je me suis fâché.
P. B. : On a continué à regarder son évier de cuisine ?
D. K. : Face à ces grands changements et défis politiques, le théâtre a continué à
exhiber sur scène la vie dans les HLM et des lieux communs du genre “le racisme est
mauvais” ou “c’est difficile d’être jeune et au chômage”, etc. Il est évident qu’il faut
écrire là-dessus, mais les incroyables bouleversements actuels sont restés sans
commentaires de la part des auteurs. J’avais l’impression qu’on clapotait dans la
pataugeoire, alors que Rome était en train de brûler ! Cela a changé en 2005-2006 :
tout d’un coup, il y a eu en Angleterre beaucoup de pièces politiques sur le 11 septembre,
l’Irak, l’islam, etc.
1
. Metteur en scène allemande travaillant en Angleterre (elle a notamment présenté Monsieur Ibrahim et
les Fleurs du Coran d’Éric-Emmanuel Schmitt au Bush Theatre en 2006 et Journée de noces chez les Cromagnons
de Wajdi Mouawad en 2008 au Soho Theatre à Londres).
19
J’ai commencé à écrire Occupe-toi du bébé en 2005, et, au début, mes recherches
ont porté sur les attentats à la bombe de Londres, parce que le mot-clé “vérité”
m’intéressait dans ce contexte. Mais j’ai réalisé assez vite que j’avais déjà tout
exprimé de ma colère dans l’écriture [cf. Osama the Hero]. Quand on écrit sans
motivation intérieure sur un sujet qui occupe tous les autres auteurs, on est face
au danger de ne parler des choses que pour donner plus de poids à sa pièce, et cela
peut sonner faux. Écrire sur les relations entre les êtres est aussi important que
d’écrire sur le 11 septembre, je crois (il rit). Or quand des théâtres annoncent :
“Nous voulons des pièces politiques sur tel ou tel sujet”, les auteurs se sentent
obligés d’y aller et, souvent, ils écrivent des choses pour lesquelles ils ne brûlent pas.
La mise en scène de Stephan Kimmig de la pièce Amour et Argent a été invitée au Theatertreffen 2010.
Article extrait du Jahrbuch 2009/2010 de la revue Theater Heute.
Traduit de l’allemand par Christine Seghezzi.
20
Identity Crisis
Dennis Kelly écrit des textes comiques pour la télévision. Il écrit également des pièces
“sérieuses” pour le National Theater. Pourquoi continue-t-on de considérer ces deux
activités comme incompatibles ?
“Il y a quelques années, quand j’ai commencé ma carrière d’auteur de théâtre, j’ai
rencontré un metteur en scène pour parler d’une pièce que je venais d’écrire, Fifty-
Three Million Miles. L’action se déroulait en partie dans des logements sociaux, dans
une salle d’entretien de la Nasa, et dans une capsule spatiale posée sur Mars. “Tu fais
très bien le logement social”, m’a dit le metteur en scène. “Tu devrais t’en tenir au
logement social.”
J’ai été un peu surpris, mais j’ai respiré un bon coup et je lui ai répondu que bien
qu’ayant grandi dans un HLM, cela ne voulait pas dire que mon monde se réduisait
nécessairement à cela, et qu’il y avait beaucoup d’autres choses dont j’avais envie
de parler. “Les pièces HLM sont bonnes non ?”, m’a-t-il dit. “Fais du HLM, Dennis”.
Ce fût ma dernière pièce située dans des logements sociaux. Et maintenant, en parallèle de mon activité d’auteur de théâtre, j’écris aussi pour la télévision, une sitcom qui s’appelle Pulling. Pour certaines personnes, qu’un auteur de théâtre écrive
pour une série télé est une chose très bizarre. Mes pièces ne sont pas des comédies,
et Pulling n’est pas théâtrale du tout. Ce n’est pas non plus un petit boulot pour
payer le loyer – j’ai inventé les personnages avec mon co-auteur Sharon Horgan. Nous
écrivons ensemble, nous co-produisons ensemble : c’est notre série. Et pourtant,
j’évite maintenant de dire aux gens qui travaillent dans le milieu de la télé que j’ai
aussi une vie dans le monde du théâtre. Les gens de théâtre finissent par penser que
Pulling doit être une fiction dramatique, et sont déterminés à m’ignorer quand j’essaye
de leur dire le contraire. Et récemment, quand un directeur de programme m’a posé
des questions sur l’intrigue de ma pièce DNA, il me l’a demandé avec un grand sourire
entendu. Quand j’ai eu fini de lui expliquer – il s’agit d’un groupe d’ados qui commettent
une action très grave, et qui étouffent l’affaire – le sourire était toujours là, mais
ses yeux disaient – je ne comprends pas, qu’est-ce qu’il y a de drôle là-dedans ?”
Est-ce incompatible d’écrire pour la télévision et pour le théâtre ? Doit-on s’attendre
à ce que les auteurs de théâtre écrivent toujours la même chose ? J’ai démarré plus
tard que la plupart des écrivains. (J’ai commencé ma première pièce Débris à 30 ans,
ce qui fait officiellement de moi un vieux schnoque en tant qu’auteur de théâtre.) Et
j’ai certainement aussi démarré plus têtu que les autres : très vite est née de mon
entêtement la décision de ne pas écrire des pièces qui se ressemblent. Débris avait
pour thème une famille dysfonctionnelle, mais quand je me suis mis à écrire Osama le
héros, la guerre en Irak venait d’avoir lieu ; il me semblait inconcevable de continuer à
écrire sur la famille. Quand j’ai commencé à écrire Occupe-toi du bébé, pièce ayant
pour thème une mère injustement emprisonnée pour le meurtre de ses enfants, je
voulais écrire sur la vérité, et c’est donc devenu une pièce verbatim, basée sur des
témoignages apparemment réels. (En réalité, j’avais tout inventé ; mentir semblait la
meilleure solution pour parler de la vérité.)
La forme et la structure de chacune de ces pièces se sont avérées différentes du
fait que leurs sujets nécessitaient une manière différente de raconter l’histoire. En
tant qu’écrivain, il existe une peur que cette flexibilité soit la cause d’une perte
d’identité. Mais l’un de mes auteurs préférés est Caryl Churchill, quelqu’un qui se
21
réinvente à chaque nouvelle pièce : Far Away et A Number auraient pu avoir été écrites
par deux écrivains différents, et en même temps n’auraient pu être écrites que par
Churchill.
[...]
Une bonne part de notre identité, en tant qu’individus et en tant qu’écrivains, est
faite de vieilles petites choses auxquelles nous nous accrochons. Nous ne sommes
peut-être pas intimement convaincus de leur importance, mais nous sommes effrayés
de ce qui pourrait se produire si nous les laissions tomber. Au théâtre, il est temps
de laisser les nouveaux écrivains être qui ils veulent être, sans les forcer à prendre
des décisions artificielles sur qui ils sont ou sur ce qu’ils sont censés écrire. Si, en
tant qu’écrivains, nous n’avons pas le courage de dire “mais ce n’est pas moi”, alors
peut-être que nous méritons notre sort – et même si cela signifie toute une vie
passée à écrire “des pièces HLM”. [...]
Dennis Kelly
The Guardian, 28 Février 2008.
22
Dennis Kelly
Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), il intègre vers l’âge de 20 ans une jeune
compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des
études universitaires au Goldsmiths College de Londres. S’il dit n’y avoir guère appris
en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix de formes en rupture avec le
théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson,
Sarah Kane ou Caryl Churchill. Ses textes, conjuguant le caractère provocateur du
théâtre in-yer-face1 et l’expérimentation des styles dramatiques les plus divers pour
approcher les problématiques contemporaines aiguës, le font rapidement connaître.
Après Débris en 2003 (créée au Theatre 503 à Londres), il écrit Osama the Hero (Young
Vic Theatre, Londres, 2004), After the end (Bush Theatre/Compagnie Paines Plough,
Londres, 2005, tournée à Saint-Pétersbourg, Moscou et New York), Love and Money
(Royal Exchange, Manchester/Young Vic, Londres, 2006), Taking care of Baby (Birmingham
Rep/Hampstead Theatre, Londres, 2007, qui reçoit le John Whiting Award),
DeoxyriboNucleic Acid/D.N.A. (National Theatre Connections Festival, Londres, 2007),
Orphans (Traverse Theatre, Édimbourg/Birmingham Rep/Soho Theatre, Londres, 2009),
The Gods Weep (Hampstead Theatre/Royal Shakespeare Company, Londres, 2010). Pour
le théâtre, il adapte également La Quatrième Porte de Péter Kárpáti, Rose Bernd de
Gerhart Hauptmann, plus récemment Le Prince de Hombourg de Kleist (Donmar Warehouse,
Londres, 2010). Pour la radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 Shares (BBC
Radio 4, 2005), pour la télévision, co-signe (avec Sharon Horgan) le scénario de la
série Pulling (Silver River/BBC 3, 2006-2009). Dernièrement, il a signé le livret de Matilda,
A Musical d’après Roald Dahl (Royal Shakespeare Company, 2010) et achevé son premier
scénario cinématographique : Blackout (Big Talk/Film 4). Son oeuvre est régulièrement
traduite et créée en Allemagne, où il est élu meilleur auteur dramatique 2009 par la
revue Theater Heute. En France, Débris (trad. Philippe Le Moine et Pauline Sales,
Théâtrales/Traits d’union, 2008) a été lue à plusieurs reprises (notamment au Festival
d’Avignon 2008 par Patrick Pineau, créée par Wladimir Steyaert à la Comédie de
Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. Philippe Le Moine, inédite en français) a fait
l’objet de lectures dirigées par Guillaume Vincent (Festival actOral 7, La Colline, 2008)
ou Simon Delétang (Théâtre des Ateliers, Lyon, 2009). Mon prof est un troll (trad.
Philippe Le Moine et Pauline Sales) a dernièrement paru à L’Arche éditeur (coll. Théâtre
Jeunesse, 2010).
1
. Du mouvement théâtral britannique in yer face, “dans ta gueule”, (théâtre dit d’affrontement, ne
ménageant jamais son public, ayant souvent recours à un langage et à des images crus et parlant de la vie
contemporaine. Ses représentants sont, entre autres, Martin Crimp, Sarah Kane, David Harrower, Mark
Ravenhill...). Source : www.theatre-contemporain.net
23
Annexe
Cot deaths and justice
Crown prosecutors use Sir Roy Meadow as their expert witness in
infant fatalities. They shouldn’t.
John Sweeney
The Observer, Sunday, 15 June 2003
‘Did you kill your babies?’ A whisper came from the crumpled figure in the dock: ‘No.’
The whisper grew louder: ‘No, no.’ It was as if we were witnessing torture in Reading
Crown Court. It is hard to imagine a crueller inquisition than that which faced Trupti
Patel: a mother loses three babies in cot death and then goes through the hell of
being accused of murdering them.
On the day the Reading jury threw out the case - signalling their contempt by
deliberating for just 90 minutes - the Crown Prosecution Service told reporters it
had a duty to prosecute and, later, that its star witness, Professor Sir Roy Meadow,
is still considered to be an expert in his field.
The Patel prosecution, and that of seven other British women tortured like Mrs Patel
- Angela Cannings, Donna Anthony, Margaret Smith, Julie Ferris, Maxine Robinson, and
two I cannot name - rested on an edifice constructed by one man, Meadow, whose law
is: ‘Unless proven otherwise, one cot death is a tragedy and two is suspicious and
three is murder.’ This is barbarity, and it’s a grave charge to make against a professor,
a knight and the first president of the Royal College of Paediatrics and Child Health,
but it needs to be set out if we are to end the agony Sir Roy has put far too many
innocent mothers through.
Some mothers do murder their babies. Meadow has said of these women: ‘Sometimes,
it makes me physically sick when I get involved with a case, I’m just not eating. I
vomit.’ Meadow believes up to 20 per cent of cot deaths are, in fact, murders. (Fellow
hawk, Professor Michael Green, believes that figure is up to 40 per cent.) The biggest
study of cot death found that murder was the most likely explanation in just 2 per
cent. But there is no doubting Meadow is the best prosecution witness. It’s his air
of resigned detachment when he deems the cot deaths are ‘not natural’ that does
for mothers. ‘Sudden, unexpected death does not run in families,’ Meadow told the
Trupti Patel jury. In other words, sudden, unexpected deaths - cot deaths - are not
caused by any genetic factors. This is just plain wrong.
When a baby is born, it is protected by the mother’s immune system. As the baby grows,
Mum’s immune system fades away and the baby’s switches in. But if the gene is faulty,
then the immune system doesn’t kick in - and the baby is prey to any infection going.
Dr David Drucker and his team at Manchester University have been looking for the
fault in the gene. In 2001, they found one - or part of it: if a mother has a particular
form of the IL-10 gene, then the child is several times more likely to suffer a cot
death. Drucker’s faulty gene and what Meadow told the Patel jury don’t square. One
has to be wrong. Drucker told BBC 5Live Report in 2001 that Meadow’s Law is
‘scientifically illiterate’.
Intellectually, you can test the theory of genetic inheritance right now. Do certain
looks, features, run in your family? If you inherit your looks, is it possible that you
could also inherit genetic defects? Of course it is.
What Meadow says - no genetic explanation for cot death - confounds common sense.
So what is his backing? He told the Sally Clark jury - the most infamous case where he
24
put a cot death mother on the rack - that he had written a paper on 81 cases of
murder originally found to be cot deaths. The Sally Clark defence wanted to look at
his 81 cases. They got a strange reply from the CPS: ‘It now seems that most of the
raw material on which Sir Roy’s paper was based has been destroyed.’ Meadows explained:
‘I retired from my academic and clinical post in Leeds last September, at which time
all confidential research material which might allow identification of individuals was
shredded.’
We are not talking about one miscarriage of justice averted in the case of Mrs Patel.
What has happened is a whole category of miscarriages. His theory reverses the simple
test of justice - that someone is innocent until proven guilty - and is based on nothing
anyone else can check. It’s a witch-hunt that has gone around the world. Catherine
Folbigg has just been jailed in Australia for killing her four babies. One baby had
epilepsy, one a heart condition, one an airway problem ... but her husband disowned
her.
The fact of two or three dead babies is proof enough: ‘She must have done it.’ The
newspapers used to be relied upon to stick the boot in. Don’t forget the Daily Mail‘s
headline after Sally Clark was convicted: ‘Driven by drink and despair, the solicitor
who killed her babies.’
But what happens if she didn’t? If there’s no evidence of abuse, no marks, no history
of violence to the baby or, in fact, any other person - like Angela Cannings,
condemned by Meadow as a child murderer and currently rotting her life away in prison
while her surviving child grows up without her mother?
After Angela’s third baby died in 1999, her husband, Terry, told me: ‘Matthew was
pronounced dead and the doctor - a good friend that’s dealt with all my children quietly whispered in my ear. He just said: “Terry this is the third. Expect crap now.”
‘[The police] arrived at the door and detective sergeant Rob Finley just sort of
knelt on his knee, held Angela’s hand and he said “I’m sorry but I’ve got to arrest
you on the suspicion of three deaths: Gemma, Jason and Matthew.” And Angela... it was
like she was shot... shot in the kneecaps.’
Sally Clark’s second baby to die, Harry, was killed because of an overwhelming
staphylococcal aureus infection. Doctors found Staph A on two of Angela Cannings’
dead babies but samples for the third baby have been lost. Michael Patton, professor
of genetics at St George’s Hospital, Tooting, identified nine cot deaths or near cot
deaths in Angela’s family tree - and still the jury convicted.
Was the Cannings jury influenced by Meadow’s killer stat, that the chances of two
babies dying naturally for a posh mum like her were 73 million to one? For the benefit
of the CPS who say they will continue to use Meadow, let us unpick ‘73 million to one’.
Meadow took the risk of one baby dying in a middle-class, non-smoking home and
multiplied - 8,500 to one - and multiplied it by itself to get to 73 million to one. You
can’t do that unless the two risks aren’t linked. Same mother, risks are linked, the
stat’s a joke. ‘ Just plain wrong,’ said Peter Donnelly, professor of Statistical Science
at Oxford University; ‘Atrocious,’ said Brian Lowry, professor of Genetics at Calgary
University.
Meadow has done it before. Donna Anthony was a working class smoker when her two
babies died. He told Donna Anthony’s jury that the chances of her babies dying
naturally were one million to one. There were no marks on the babies. She’s still in prison,
serving life.
Donna’s lawyer, George Hawkes, said: ‘She was convicted of murder on the basis of a
statistic and that is frightening.’
Jean Golding - professor of Epidemiology at Bristol University - is one of a tiny
number of academics who have the courage to condemn Meadow outright. For BBC R4’s
File on Four, nine months before the Patel case, she told me that Meadow’s method
was ‘like stamp-collecting’. Should he give evidence in criminal trials? ‘I’d rather he
didn’t.’
25
But he did and, had the Reading jury not been so magnificent, Mrs Patel could be in
jail. The CPS has no duty to bring cases on the evidence of Professor Sir Roy Meadow.
He is a rogue witness. It is a form of child abuse for the state to jail a child’s mother
for no good reason, as happened to Sally Clark and is happening right now to Angela
Cannings’ daughter. And that child abuse makes other people - not just Meadow vomit too.
26
www.theatre-contemporain.net
Occupe-toi du bébé
de Dennis Kelly
mise en scène Olivier Werner
Avec : Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony
Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez
Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable d’un
double infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct:
certains témoins se souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté d’être filmés.
Chacun parle à la lueur de sa propre perception et de ses intérêts: la mère de Donna qui se
présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère voir reconnu le syndrome de
Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna, qui refuse
de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna paraît ne pas avoir
conscience des enjeux de sa mise à nue en public.
Témoignages réels ou fiction? Dans Occupe- toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment
d’importance: l’aptitude de chacun à présenter les faits à sa manière prime sur une
objectivité impossible.
© Élisabeth Carecchio
Coproduction Théâtre National de la Colline, Le Préau
Kevin Briard (Lumières) , Frédéric Bühl (Création son) , Jean-Pierre Gallet (Scénographe) , Marie Lounici
(Assistant(e) à la mise en scène) , Marina Masquelier (Vidéo) , Olivier Werner (Scénographe)
Le Théâtre Verbatim
Le théâtre verbatim est un mélange séduisant de faits journalistiques et d’immédiateté
théâtrale: comme tout art des plus respectables, il propose de distraire tout en instruisant. Et
il prétend dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Mais ne vous y trompez pas. La
réalité, bien sûr, est plus complexe. Comme tout autre théâtre, le théâtre verbatim est le
résultat d’une mise au point et d’une sélection soigneuses. Plus il se vante de sa nature
factuelle, plus vous devriez être sceptique.
Aleks Sierz
“Verbatim theatre in Britain today”, 2004
Le théâtre verbatim est un théâtre qui, depuis les années 1990, s’est développé de manière
exponentielle, principalement en Angleterre.
(...) Présenté comme “théâtre citation” (verbatim), une de ses caractéristiques est d’affirmer
que tout ce qu’il rapporte est authentique: les pièces sont un montage de propos extraits de
rapports de commissions d’enquête parlementaires, d’émissions télévisées ou d’interviews
réalisées par l’auteur ou par les acteurs.
(...)
Le théâtre verbatim cultive les paradoxes: celui de faire tomber des masques alors que le
théâtre est créateur de masques, celui d’être authentique alors que le théâtre est le lieu de
l’illusion, enfin celui d’être objectif alors qu’il est un art, et que tout art est subjectif. C’est
pourquoi il oscille entre théâtre d’information et théâtre politique, entre objectivité et
subjectivité, sans qu’un type de figuration ne l’emporte jamais réellement sur l’autre.
Jérémy Mahut
“Figuration du pouvoir politique dans le théâtre verbatim”, mardi 18 mai 2010
Photos du spectacle
© Élisabeth Carecchio
EVENE.FR
Occupe-toi du bébé
[Théâtre - Contemporain]
Lieu : Théâtre de la Colline - Paris
Dates : du 15 Janvier 2011 au 5 Février 2011
Présentation
Un dramaturge invite sur scène les acteurs d'un fait divers. Donna, jugée irresponsable d'un double
infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct : certains témoins se
souviennent en public, d'autres ont écrit ou accepté d'être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre
perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard
qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu'il a mis à jour et observé chez Donna,
Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna
paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public.
De Dennis Kelly.
Mise en scène d'Olivier Werner.
Avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier
Werner, Olivia Willaumez.
La critique
par Patrick Sourd
Auteure d’un double infanticide, Donna retrouve sa pleine liberté à l’issue d’un procès où la justice
désigne la jeune mère irresponsable. De ce fait divers retentissant, l’auteur anglais Dennis Kelly réunit
dans ‘Occupe –toi du bébé’, comme autant de pièces à conviction, les témoignages écrits et filmés
des protagonistes de l’affaire.
On connaissait le « théâtre documentaire » qui fait intervenir les « vrais gens » sur le plateau. Voici le
« théâtre verbatim », nouveau concept auquel se réfère Kelly pour faire interpréter sur scène par des
comédiens les mots du réel.
C’est dans un studio, équipé d’une caméra vidéo et d’un grand écran de projection que le metteur en
scène et acteur Olivier Werner et sa troupe nous donnent rendez-vous. Bienvenue dans ventre de la
machine audiovisuelle. Un dispositif apte à questionner l’authenticité du monde des images et la
valeur du montage des interviews.
La pièce se déroule comme une enquête policière et chaque confession (de Donna, de sa mère, de
son mari et d’un médecin qui s’est penché sur son cas) s’avère une nouvelle pièce d’un puzzle qui
interroge les liens troubles entre la fiction et le réel. Un bel exercice de style qui transforme en théâtre
les faux-semblants d’un jeu de la vérité où chaque point de vue recèle jusqu’au bout une irréductible
part d’ombre.
DEC 10
Mensuel
OJD : 28884
4 RUE DU TEXEL
75014 PARIS - 01 40 47 44 00
Surface approx. (cm²) : 95
N° de page : 22
Page 1/1
théâtre
PARIS 120'}
Du 8 Janvier au 5 février 2011
L'impudeur
rédemptrice
Angleterre, années2000 Donna
a été acquittée du meurtre de
sesdeux enfants en bas âge
Sujette à un syndrome
psychologique, elle n'a pas été
reconnue responsable Maîs
un dramaturge continue à
enquêter ll invite sur le plateau
les protagonistes du fait divers
Donna, sa mère, son man,
son médecin Certains ont
écrit, d autres ont accepté
d'être filmés Ou sommesnous9 Que voyons-nous9
Du théâtre documentaire9
La représentation d une
emission deteleréalité9 Que
deviennent la vérité, la véracité,
le mensonge, le temoignage
la sincérité, la fiction9 Toutes ces
catégories traversent I histoire
de la conscience occidentale
aujourd'hui, I exposition
médiatique, à l'infini des flux et
des réseaux, bouscule-t-elle
leurs essences, leurs frontieres,
leurs réceptions9
Occupe-toi du bébé a été créé en
200yaLondres OlivierWerner
met en scène cette pièce de
Dennis Kelly Iphoto), 40 ans
célèbre en Grande-Bretagne
maîs relativement peu connu
en France ll se demande si les
personnes qui exposent leur
vie privée viennent chercher
une rédemption Que peuventils gagner9 Qu est-il possible
d assumer et de transmettre7
Dennis Kelly pose des mots
sur de nombreux silences «En
règle générale, un mensonge,
e est simplement vous et moi
qui faisons mine de croire en
quelque chose qui n est pas vrai
et qui nous mettons d'accord
pour ne pas en parler »
Christophe Bident
Avoir
> Occupe-toi du bébé, de Dennis
Kelly, mise en scene d Olivier Warner,
Theâtre de la Colline (petit theâtre),
15, rue Malte Brun Paris 20, du 8 janvier
au 5 fevrier iVbinimtationspage 21 ]
COLLINE
1444426200504/GTG/AVH/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
29 DEC/04 JAN 11
Hebdomadaire Paris
Surface approx. (cm²) : 139
N° de page : 22
6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF
75212 PARIS CEDEX 13 - 01 56 79 36 82
Page 1/1
Invitations
Les invitations sont accessibles sur Internet
uniquement : www.telerama.fr/mvitations
ûanse
ID Entidades, Suite Funk
Soirée Telerama Sortir le 7 jan., 21 h, et matinée le 9 jan, 17h,
Théâtre Jean-Vilar, 92 Suresnes Location • 01-46-97-98-10
Dans le cadre du festival Suresnes Cites Danse, la compa
gnie brésilienne de bip hop Urbana de Dança sous la hou
lette de la chorégraphe Sonia Destn, présente une soirée
haute en energie avec trois pieces électriques comme le sont
les jeunes interprètes masculins de cette troupe carioca R.B.
Théâtre
Ândromaque
Soirées Telerama Sortir les 8 et 13 jan., 20h30,
Comédie-Française Location 0825-10-16-80 (0,15 €/mm).
Muriel Mayette éclaire la grande tragédie politique et intime de
Racine et fait entendre avec une rigueur et une précision
remarquables les vers du poète La scénographie a de la dou
ceur et de l'élégance Les comédiens, au plus près du souffle du
texte et parmi eux Enc Ruf (Pyrrhus), Clément Hervieu-Leger
(Oreste) et Aurelien Recoing sont excellents
S.B.-G.
Occupe-toi du bébé
Matinée Telerama Sortir le 16 jan , 16h, et soirée le 19 jan., 21 h,
Théâtre de la Colline, 19'. Location • 01-44-62-52-52
Du théâtre documentaire tel qu il s en ecnt souvent en Angle
terre montage d'extraits de commissions d'enquête d'émissions de télévision ou de journaux. Dennis Kelly enquête, le
jugement officiel une fois rendu, sur un fait divers Donna est
accusée d'un double infanticide Mise a nu publique ' Témoignages réels ou fiction ? "ttyala vente et ce, que les gens croient
être la vente, tout est question de point de vue', écrit le dramaturge
anglais Entre vente et fiction, quelle place pour le metteur
en scène •"
S B.-6.
Têtes rondes et têtes pointues
Soirées Telerama Sortir les 20 et 21 jan., 19h30,
Théâtre Gerard-Philipe, 93 Saint-Denis Location • 01-48-13-70-00.
Pour tenir a distance un soulèvement populaire au pays du
Yahoo, I Etat divise le pays en deux peuples ennemis dont l'un
sera désigne comme responsable de tous les maux. Brecht fait
de sa piece une parabole grotesque et fantaisiste II deconstruit
la manipulation politique La mise en scène de Christophe
Rauck tient I Histoire et l'actualité a distance et fait de cette
piece un ' conte d'horreur ' construit comme un livre d images
articule et rythme par de nombreuses chansons
S.B.-G.
Enfants
La Belle au bois
Soirées Telerama Sortir les 11 et 15 jan , 20h30, et matinée
le 12 jan., 14H30, Scène Watteau, 94 Nogent-sur-Marne.
Location • 01-48-72-94-94.
Le collectif Quatre Ailes met en scène le conte détourne de
Jules Supervielle ou les personnages célèbres des contes de
Charles Perrault se rencontrent la Belle, Barbe Bleue, le Chat
botte Pendant la représentation, les personnalités évoluent
et se libèrent de leur destin Une scénographie ludique et des
images video créent une feene étonnante
F.S -M.
EŒi Bravo EU BienQ Pas mal
COLLINE
7614066200507/GAD/OTO/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
JAN 11
Mensuel
OJD : 79345
Surface approx. (cm²) : 334
4 AVENUE DE CORBERA
75012 PARIS - 01 53 02 06 60
Page 1/1
enrreiien / OLIVIER WERNER
LA CONFESSION COMME
POSTURE MÉDIATIQUE
OLIVIER WERNER MET EN SCÈNE ET INTERPRÈTE OCCUPE-TOI DU BÉBÉ, DU
DRAMATURGE BRITANNIQUE DENNIS KELLY. UNE « PIÈCE DOCUMENTAIRE »
FICTIONNELLE QUI PASSE PAR L'ILLUSION POUR TENTER D'ATTEINDRE LA
VÉRITÉ.
Quel est le thème d'Occupe-toi du bébé?
Olivier Werner : Dennis Kelly a construit Occupetoi du bébé autour d'un fart divers, plus précisément autour de l'enquête qu'il effectue lui même
à propos d'un fait divers le double infanticide
commis par Donna II situe le début de la pièce
après que cette mère a été acquittée à l'issue
d'un procès en appel au cours duquel les preuves
de sa culpabilité son jugées insuffisantes
Suite à ce jugement, l'auteur interroge, en
direct, les protagonistes de cette affaire...
O. W. : Oui On voit défiler devant nous - tout
d'abord à travers des monologues filmés qui ne
prennent pas en compte le public, puis à travers
des confessions qui, cette fois-ci, sont adressées
à Pintervieweur situé parmi les spectateurs - les
personnages de la piece la mère de Donna qui se
présente aux élections locales, le docteur Millard,
qui tente de prouver que Donna est atteinte d'un
syndrome psychologique, syndrome qu'il a découvert et qu'il souhaite voir reconnu par la société
scientifique, Martin, l'époux de Donna, qui refuse
de parler et menace Dennis Kelly de poursuites
judiciaires Chacun s'exprime selon sa propre
perception et ses propres intérêts Seule Donna
semble ne pas avoir conscience des enjeux de sa
mise à nue en public
A traverse cette pièce, Dennis Kelly place
donc face à face la quête de la vérité et le
jeu de la médiatisation...
O. W. : C'est ça En se saisissant d'un fait divers qui n'est pas le sujet de la pièce, l'auteur aurait pu
choisir n'importe quel autre crime - Dennis Kelly
nous montre comment les médias mstrumentalisent les histoires les plus sordides pour faire de
l'audience, comment les gens réels y trouvent leur
compte lorsqu'ils acceptent de jouer le jeu II est
très difficile d'échapper aux sirènes de la médiatisation II est très difficile, devant une caméra, de
ne pas devenir un personnage qui cherche avant
tout à répondre aux attentes du public, un personnage attrayant, séducteur, qui tient son auditoire
en haleine, qui a pour principal ambition de lui
donner des émotions
Quelle position Dennis Kelly occupe-t-il au
sein de sa pièce, devient-il un personnage?
O. W. : Aussi paradoxal que cela puisse paraître,
Dennis Kelly refuse de prendre cette position de
personnage II s'agit vraiment d'une pièce très
singulière, complexe et passionnante, qui ne veut
privilégier aucun fil dramaturgique, qui se dérobe à
nous en permanence Dennis Kelly joue sans cesse
avec ce qu il écrit II ment II dit qu il n'a pas pris la
plume C'est évidemment faux La manière dont il
construit sa pièce nous amené à penser que peu
à peu, ses personnages se retournent contre lui,
qu'ils sont placés dans la position de fabriquer
eux-mêmes leur propre fiction, car lui refuse de le
faire Les personnages s'inventent une raison d'être
sur le plateau, leurs discours donnent I impression
d'être crées en direct, au moment même ou ils sont
prononcés Tous ces trous d'air dans les pnses de
parole engendrent de gros effets de réel Je trouve
ce procédé d'écnture très intéressant
Quel axe particulier votre mise en scène
vise-t-elle à éclairer?
COLLINE
5752076200505/GCP/MMC/2
« II est très difficile,
devant une caméra,
de ne pas devenir un
personnage qui cherche
avant tout à répondre
aux attentes
.
»
OIMtrWerner
O. W. : Je croîs que par rapport à une telle piece,
l'enjeu est de parvenir a se situer dans un entre
deux qui nous fasse passer de la plus profonde
compassion au sentiment de tromperie Ôar les
personnages après nous avoir ouvert leur intimité,
après avoir suscité notre empathie, apparaissent
comme les plus grands des menteurs C est cet
aller-retour permanent entre mensonge et vérité
illusion et réalité, que je voudrais parvenir à mettre
en évidence
Entretien réalisé par Manuel Ptolat Soleymat
Occupe-toi au MM de Dennis Kelly (texte français
de Philippe Le Moine et Pauline Sales, publié à
L'Arche Editeur) , mise en scène d'Olivier Werner
Du 8 janvier au 5 février 201 1 Le mardi à 1 9h,
du mercredi au samedi a 21 h, le dimanche à I6ti.
Théâtre national de la Colline, 15, rue Malte-Brun,
75020 Paris Tel 01 44 62 52 52
En tournée au Préau-Centre dramatique régional
de Basse-Normandie du 9 au 11 février 2011.
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
JAN 11
Mensuel
Surface approx. (cm²) : 222
223 RUE LAFAYETTE
75010 PARIS - 01 46 07 95 19
Page 1/2
PARIS 2Oèr
THEATRE
NATIONAL DE
LA COLLINE
15, rue Malte-Brun
Du 8 janvier au 5 février 2011
Le mardi à 19h, du mercredi au
samedi à 21 h, le dimanche à 16h
Occupe-toi du bébé
de Dennis KELLY
Traduction de l'anglais
Philippe Le
MOINE et Pauline SALES
Mise en scène Olivier WERNER
Scénographie Olivier WERNER et JeanPierre GALLET
Création et régie
MASQUELIER
vidéo
Marina
Avec Jean-Pierre BECKER, Aurélie
EDELINE, Vincent GARANGER, Marie
LOUNICI, Anthony POUPARD, Olivier
WERNER, Olivia WILLAUMEZ
"C'est incroyable ce qu'on est capable de ne pas voir quand on veut".
Un dramaturge invite sur scène les acteurs d'un fait divers Donna, jugée irresponsable d'un double infanticide, a été
relaxée Le jugement rendu, Kelly enquête,
interroge en direct certains témoins se
souviennent en public, d'autres ont écrit
ou accepté d'être filmés Chacun parle
à la lueur de sa propre perception et de
ses intérêts la mère de Donna qui se
présente aux élections locales, le Dr Millard
qui espère voir reconnu le syndrome de
Leeman-Ketley qu'il a mis à jour et observé chez Donna, Martin, mari de Donna,
qui refuse de parler et menace Kelly de
COLLINE
9476117200502/GYP/MMG/2
poursuites judiciaires Seule Donna paraît ne pas avoir conscience des enjeux
de sa mise à nu en public
Témoignages réels ou fiction ? Dans
Occupe-toi du bébé, la vente n'a pas
vraiment d'importance l'aptitude de chacun
à présenter les faits à sa manière prime
sur une objectivité impossible Dennis Kelly
explore les mécanismes de la fictionréalité Olivier Werner, metteur en scène
et acteur, interroge au-delà de toute
représentation, mais dans la vie même,
quels sont les enjeux du témoignage public ? Alors que la représentation de soimême n'a jamais autant fait recette, quand
l'attrait de la rédemption médiatique est
si fort, comment ne pas céder aux sirènes de la représentation ?
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
JAN 11
Mensuel
Surface approx. (cm²) : 222
223 RUE LAFAYETTE
75010 PARIS - 01 46 07 95 19
Page 2/2
affaires, du temps, des poules, rarement
d'eux-mêmes, Manuel et Amalthéa s'y
croisent pour la première fois, jeunes gens
marques au dos par la foudre et qui semBULBUS
blent saisis d'un amour gémellaire Pour
de Anja HILLING
eux, a Bulbus il fait froid, très froid Comme
Traduction de l'allemand Henri CHRISpris dans la glace, le temps paraît figé
TOPHE
Village fantôme d'un passe qui ne peut
Mise en scène et scénographie
ou ne veut pas passer, Bulbus incarne
Daniel JEANNETEAU
le symptôme d'une pathologie oublieuse,
Collaboration artistique et lumières Mariemise en scène sous la forme d'un conte
Christine SOMA
mêlant la trivialité du réel au mystère
Musique Alexandre MEYER
Pour Daniel Jeanneteau et Marie-ChrisCostumes Olga KARPINSKY
tine Soma, ce conte a la grâce inquiéAvec Ève-Chems de BROUWER, Dotante des paysages nordiques, mats aussi
minique FROT, Johan LEYSEN, Serge
MAGGIANI, Julien POLET, Marlène la noirceur d'une trame policière Dans
un monde d'apparence simple, il laisse
SALDANA
affleurer
le poids de la mémoire gelée,
"Au-dessus autour de nous la glace.
qui
empêche
une génération de succéÀ côté de moi la femme que j'aime.
der
à
l'autre,
et
la piège dans son désir
Je ne sais pas qui elle est, mais elle
d'oubli
Bulbus
somnole,
mais laisse percer
est nue et moi de même."
sous
la
glace
une
pulsation
de vie Anja
À Bulbus, au pied de la montagne, la
Hillmg
écrit
comme
on
parle,
son théâvie suit son cours Ici il y a l'hiver, mais
tre,
narratif
autant
que
suggestif,
est doue
la maladie est un mot inconnu et le méd'une
vive
invention
,
théâtre
d'épiderdecin un être de légende Les gens de
Bulbus paraissent simples , le soir, sur mes écorchés et d'émotions brutes, il
la piste de curling, ils parlent de leurs est aussi d'une profonde poésie
:
Du 19 janvier au 12 février 2011
Du mercredi au samedi à 20h30, le
mardi à 19h30 et le dimanche à 15H30
- 0,1,44,6^2,52»
COLLINE
9476117200502/GYP/MMG/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
13 JAN 11
Quotidien Paris
OJD : 288049
Surface approx. (cm²) : 517
N° de page : 41
80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI
75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00
Page 1/2
Dennis Kelly, révélation d'un dramaturge anglais
« Occupe-toi du bébé » met en scène l'insoluble quête
de la vérité menée par un reporter autour d'un infanticide
La pièce repose
sur des interviews
menées par un
reporter qui enquête
en faisant parler
les protagonistes
Théâtre
ne femme est accusée
d'avoir tué son enfant Elle
est condamnée à la prison à
perpétuité, puis innocentée pour
manque de preuves irréfutables, à
l'issue de son procès en appel
Après quatorze mois de détention,
elle sort libre du tnbunal Où est la
venté ? Qui la détient ? Ces ques
lions sont au cœur d'un spectacle
exceptionnel, Occupe toi du bébe,
présente au Théâtre national de la
Colline jusqu'au 5 février, dans une
mise en scène d'Olivier Werner
Occupe-toi du bébé (Takmg Care
of Baby) est une pièce de Dennis
Kelly, un Anglais quasiment incon
nu en France, maîs très connu en
son pays Né en 1970 à Londres, où
il vit, il a écrit une petite dizaine de
pièces, dont la plus récente, The
Gods Weep, a été créée au printemps 2010 par Jeremy Irons
Depuis 2005, son théâtre est beaucoup joué en Europe, surtout en
Allemagne Olivier Werner l'a
découvert grâce a ses amis Pauline
Sales et Vincent Garanger, les codirecteurs du Préau, le centre dramatique régional de Vire (Calvados),
qui lui ont demande de créer Decu
pe toi du bébé Si tous deux sont
acteurs, Pauline Sales est aussi
auteure et traductrice de Dennis
Kelly avec Phibppe Le Moine
Jusqu'alors, Olivier Werner
avait plutôt rôdé sur les terres de
Maeterlinck, Ibsen ou Handke Souvent avec bonheur, et toujours
avec un goût pour la parole qui
s'exprime sans filtre De ce point
de vue, il était servi par la pièce de
Kelly, qui n'est pas un grand texte
littéraire et n'y prétend d'ailleurs
pas C'est ce que les Britanniques
appellent du « théâtre Verbatim »,
soit une forme de théâtre-documentaire Pour l'écrire, Kelly s'est
s'inspire de faits divers qui ont
U
COLLINE
5904776200501/GFS/MPR/1
marque la Grande-Bretagne en
zoo? plusieurs cas de mères infanticides Maîs il a tout invente, et
construit Occupe-toi du bébé comme un scénario
La pièce repose sur des interviews menées par un reporter qui
enquête en faisant parler les protagonistes Voici les principaux
Donna, la jeune femme dont la
mort de son fils lake, à 5 mois,
paraît d'autant plus suspecte qu'elle arrive après celle de la petite
Megane, trois ans plus tôt, à
9 mois Lynn, la mère de Donna,
une femme politique connue, en
pleine campagne électorale au
moment des faits Le Docteur
Millard, un psychologue qui a
expertise Donna et conclu qu'elle
souffrait d'un syndrome, le SLK,
qui pousse des gens, surtout des
femmes, à tuer par empathie Tous
les trois acceptent de jouer le jeu
de l'interview, ce qui n'est pas le
cas de Martin Mcauhffe, le man de
Donna II résiste jusqu'au dernier
moment et finit par accepter de
parler, à condition de ne répondre
que par « oui » ou par « non » II
trouve obscène de s'emparer de la
vie des gens, ce qui est aussi le
point de vue de Kelly Occupe-toi
du bébé dénonce la soif de sang et
de larmes, particulièrement
exploitée dans les tabloïds bntan
niques Maîs ce n'est qu'un des
angles de la pièce, et le plus attendu Olivier Wemer a d'ailleurs coupé certaines scènes qui accen
tuent, de façon trop appuyée dans
le contexte français, la turpitude
du journaliste
Sinon, le metteur en scène est
resté fidèle à l'esprit et à la lettre de
la pièce, qu'il situe dans un studio
où le reporter visionnerait ses
rushes II y a donc, sur le plateau,
un grand écran où l'on voit les protagonistes filmés, et le décor du studio, avec des chaises, des canapés
et une table avec des rafraîchissements Toutes les scènes ne sont
pas filmées, sinon on ne serait plus
au théâtre L'intérêt du spectacle
repose sur une alternance très maîtrisée de ce double jeu, remarquablement pris en charge par les
comédiens, en particulier les trois
principaux, Aurélie Edeline en
Donna, Vincent Garanger en Doc-
teur Millard et Olivia Willaumez
enLynn
C'est Donna qui commence Elle
raconte sa première nuit en prison, les femmes qui l'insultent et
menacent de la tuer Souvent, elle
se racle la gorge Elle ne dit rien
qu'on n'ait déjà entendu, et pourtant, l'oreille est alertée L'histoire
semble naître du récit que la jeune
femme en fait, comme si elle y
était en partie étrangère et cher
chait à retrouver un chemin dans
les souvenirs, une accroche dans
un blanc de sa vie Sa mère, qui
parle ensuite, est beaucoup plus
directe et lucide quand elle relate
la façon dont le Parti travailliste lui
a fait savoir qu'il la lâchait, à cause
du procès Pourtant, chez elle aussi
quelque chose achoppe Les choses
sont dites, maîs elles n'expliquent
pas tout
Deux enfants sont morts De
quoi? Comment? Qu'a fait (ou
pas) leur mère ? Occupe-toi du bébé
avance en spirale autour de cette
recherche d'une réponse, qui tient
en haleine le spectateur d'une
manière aussi irrépressible et troublante que The Staircase (Soupçons, 2005), l'extraordinaire documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, tourne aux Etats-Unis pendant
le procès de Michael Peterson
Maîs, de réponse, il n'y en a pas,
sinon celle de la très personnelle
intime conviction La pièce de Dennis Kelly et le spectacle de La Colline montrent bien comment chacun tient son rôle et possède sa
venté Maîs ils montrent mieux
encore comment la venté, quand
elle touche à l'impensable, ne peut
vivre sans le mensonge »
Brigitte Salino
Occupe-toi du bébé, de Dennis Kelly
Mise en scène Olivier Werner Avec
Jean Pierre Becker Aurélie Edeline Vincent Garanger Marie Loumci Anthony
Poupard Olivier Werner Olivia Willaumez Theâtre national de la Colline 15
rue Malte Brun Paris 20' M" Gambetta
Tél OI 44 62 52-52 Mardi a 19 heu
res mercredi à samedi a 21 heures,
dimanche a 16 heures Del3€à27€
Duree I h 45 Jusquau 5 fevrier Tour
nee Le Préau centre dramatique régional Vire (Calvados) du 9 au llfévner
Le texte est édité à L Arche, 109 p,
12 euros
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
13 JAN 11
Quotidien Paris
OJD : 288049
Surface approx. (cm²) : 517
N° de page : 41
80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI
75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00
Page 2/2
Le mensonge vu par
le Docteur Millard, un
des personnages centraux
de la pièce
« Les gens se plaisent à penser
que nous avons fait évoluer
notre intelligence afin de fabriquer des choses, des outils, la
roue, la domestication des animaux, mais c'est faux. La seule
raison pour laquelle vous avez
toute cette intelligence, c'est
pour pouvoir deviner ce que les
autres cons peuvent bien penser. Alors vous croyez vraiment
que c'est possible pour un être
humain de mentir à un autre être
humain? En règle générale, non.
En règle genérale, on le sait. En
règle générale, un mensonge
c'est simplement vous et moi
qui faisons mine de croire en
quelque chose qui n'est pas vrai,
et qui nous mettons d'accord
pour ne pas en parler. »
L'acteur Vincent Garanger (Docteur Millard) sur la scène du Théâtre national de la Colline. ELISABETH CARFCCHIO
COLLINE
5904776200501/GFS/MPR/1
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
Infanticide, le leurre du théâtre
documentaire
par Jean-Pierre Thibaudat, le 13 janvier 2011
Face aux faits, que peut le simulacre du théâtre ? Tout. Et d'abord mentir, c'est le
garant de sa vérité.
La question est vieille comme le jeu de l'acteur. « Le théâtre n'est qu'une pratique
millénaire pour éclairer le mystère du jouable », écrit Daniel Sibony [2] (« Le Jeu et la
passe », Seuil), cité dans le programme de « Occupe-toi du bébé », une pièce de
Dennis Kelly traitant d'un cas supposé de double infanticide – sujet bien connu au
théâtre, depuis les Grecs, sous le nom de code « Médée » [3].
Avant d'en venir au spectacle passionnant – réalisé par Olivier Werner [4] à partir de
cette pièce –, évoquons l'intéressant naufrage d'un autre spectacle, « Sale août »
(…)
Le double infanticide anglais
Pas le moindre salon d'époque au Théâtre de la colline, mais un studio
d'enregistrement vidéo, un écran, le tout sur une scène de théâtre.
En écrivant « Occupe-toi du bébé » (difficile de ne pas penser au titre d'une autre
pièce de Feydeau, « Occupe-toi d'Amélie » mais cela n'a rien à voir), l'auteur anglais
Dennis Kelly [10] (né en 70) a voulu tordre le coup au « verbatim » ou « théâtre
documentaire » qui sévit en Angleterre depuis les années 90.
Cette maladie contagieuse s'est répandue dans le monde à la manière d'une grippe
aviaire, les « english doctors » du Royal Court Theatre [11] la propageant à coups de
stages. On n'invente plus, le théâtre doit rendre compte du réel à travers du brut de
décoffrage.
Entretiens, extraits de rapports, documents d'enquêtes à l'appui. Et pas question de
faire un pas de côté. On ne rigole pas au pays du verbatim.
“Occupe-toi du bébé”, du théâtre docu ?
Non, Kelly a tout inventé
Condamnée pour le meurtre de ses deux bébés, Donna va en prison. Lynn, sa mère,
ambitieuse politicienne, se saisit de l'affaire, crée un site internet, entend prouver que
sa fille est innocente (et du coup faire parler d'elle) en s'appuyant sur un médecin.
Elle a gain de cause, sa fille sort de prison après quatorze mois. Un reporter qui
doute vient interroger et filmer les protagonistes. Parallèlement Lynn, sur sa lancée,
s'est portée candidate aux élections et finira par être élue. Le reporter l'interroge
également plusieurs fois ainsi que d'autres personnes (le médecin, le mari de Donna
qui lui ne veut pas parler, etc.).
La pièce se construit à partir de ces interviews. Comme dans le théâtre verbatim ou
documentaire. Sauf que Kelly a tout inventé.
« J'avais le sentiment que dans notre vie publique la vérité se trouvait compromise.
Que les choses ne soient pas vraies n'avait aucune importance, puisque si les
médias pouvaient prouver la véracité d'une information, alors elle était vraie. […]
Alors j'ai pensé que le meilleur moyen d'écrire sur la vérité était de mentir. J'ai donc
écrit une pièce verbatim qui n'était pas vraie. »
La confession face caméra, une posture médiatique
Le metteur en scène Olivier Werner approfondit la pièce. Il gomme les confessions
du reporter assez niaises que l'on peut lire dans la version publiée. Il transforme la
campagne électorale assez artificielle dans la pièce en (faux-vrais) reportages filmés
hilarants. Il met en scène l'enregistrement des personnages. On voit à la fois :
· à gauche sur un grand écran, Donna et les autres parlant au reporter (peu
visible du côté de la salle) devant la caméra ;
· à droite, ce que la caméra enregistre : Donna et les autres se confessant en
gros plan.
Se confessant ? C'est là toute la subtilité de la pièce et plus encore de la mise en
scène qui montre comment la confession devant une caméra est forcément, peu ou
prou, une posture médiatique. Un jeu (de séduction).
Seule Donna semble échapper à ce jeu. Quand le reporter reprend contact, quelques
mois après l'avoir plusieurs fois interrogée, elle accepte de le revoir. Pourquoi ?
« Parce que vous me l'avez demandé. » Ou bien y a-t-elle pris goût ? La tentative de
suicide qu'elle raconte, c'est pour la caméra ou pas ? On ne saura jamais.
Le doute, l'ambiguïté font partie du dispositif dramaturgique mis en place par Kelly.
Donna, un beau rôle pour une belle actrice
Encore plus passionnant est le dispositif scénique vidéo mis en branle par Werner.
En tournant apparemment le dos au théâtre, il en renforce les pouvoirs puisqu'il met
l'accent sur l'artifice : rien de moins naturel qu'un être passé à la question devant une
caméra. Tout est alors question de métier, de paraître, mais aussi d'aveux, de
confessions sincères ou faussement sincères.
C'est évident avec Lynn, femme publique et politicienne donc rompue aux calculs et
aux mensonges programmés, et l'actrice Olivia Willaumez s'en donne à cœur joie.
Mais bien plus troublant avec Donna évoquant la mort de ses enfants, la prison, etc.
Même si elle avait été calquée sur une personne bien réelle, au théâtre, Donna serait
devenue un personnage. Et c'est de lui dont s'empare l'actrice. Et quelle actrice ! Ce
que fait Aurélie Edeline est tout à fait saisissant… et « saisissant de vérité » comme
on dit.
Le spectacle est produit par le Centre Dramatique Régional de Basse-NormandieVire que codirigent Pauline Sales (qui a traduit la pièce avec Philippe Le Moine) et
Vincent Garanger qui interprète le retors docteur de la pièce.
Sales, Garanger et Werner ont longtemps travaillé ensemble à la Comédie de
Valence où Werner s'est surtout illustré comme acteur. Il arrive qu'un bon acteur
devienne un bon metteur en scène.
www.sceneweb.fr
13 Janvier 2011
Le théâtre documentaire de Dennis Kelly
Olivier Werner et Vincent Garanger - photo Elisabeth Carecchio
« Occupe-toi du bébé » est un documentaire théâtral, une succession d’interviews,
une écriture très originale de l’auteur anglais Dennis Kelly et parfaitement maitrisée
par une mise en scène imaginative d’Olivier Werner. Un dramaturge (Dennis Kelly
interprété par Olivier Werner) mène une enquête journalistique autour d’un double
infanticide. Donna (Aurélie Edeline) a été accusée d’avoir tué ses deux enfants, mais
la justice l’a innocenté. Les personnages sont inventés mais les faits auraient bien pu
se dérouler. Dennis Kelly a d’ailleurs écrit la pièce alors que de nombreuses affaires
de mères infanticides faisaient la Une des tabloïds en Angleterre.
Aurélie Edeline Photo Elisabeth Carecchio
On pénètre dans l’intimité de cette famille anglaise. La mère de Dona (Olivia
Willaumez) est une politicarde, candidate aux élections locales. On croise un
médecin (peut-être un peu véreux) qui croit avoir décelé chez Dona le SLK
(Syndrome de Landau-Kleffner – sorte d’autisme). Puis l’ancien mari de Dona
(Anthony Poupard) qui refuse dans un premier temps de se soumettre aux
entretiens. On suit ces parcours comme on suit un talk show télévisé. La première
partie du spectacle est composée de témoignages des protagonistes. Ils se
succèdent devant une caméra et les images sont projetées sur grand écran. Est on
au théâtre ou devant son petit écran ? Et puis la caméra change d’axe, un
personnage (le docteur) se tient dos au public, la caméra filme alors une partie de la
salle en arrière plan. Pris au piège, le public participe voyeur à cette télé réalité. Il est
otage du système comme le sont les personnages de la pièce, contraints d’accepter
leur médiatisation, et de livrer leur vérité. « Occupe-toi du bébé » est une belle
surprise.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), Dennis Kelly intègre vers l’âge de 20
ans une jeune compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il
entame des études universitaires au Goldsmiths College de Londres. S’il dit n’y avoir
guère appris en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix de formes en rupture
avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony
Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Ses textes, conjuguant le caractère
provocateur du théâtre in-yer-face et l’expérimentation des styles dramatiques les
plus divers pour approcher les problématiques contemporaines aiguës, le font
rapidement connaître. Après Débris en 2003 (créée au Theatre 503 à Londres), il
écrit Osama the Hero (Young Vic Theatre, Londres, 2004), After the end (Bush
Theatre/Compagnie Paines Plough, Londres, 2005, tournée à Saint- Pétersbourg,
Moscou et New York), Love and Money (Royal Exchange, Manchester/ Young Vic,
Londres, 2006), Taking Care of Baby (Birmingham Rep/Hampstead Theatre,
Londres, 2007, qui reçoit le John Whiting Award), DeoxyriboNucleic Acid/D.N.A.
(National Theatre Connections Festival, Londres, 2007), Orphans (Traverse Theatre,
Édimbourg/Birmingham Rep/Soho Theatre, Londres, 2009), The Gods Weep
(Hampstead Theatre/Royal Shakespeare Company, Londres, 2010). Pour le théâtre,
il adapte également La Quatrième Porte de Péter Kárpáti, Rose Bernd de Gerhart
Hauptmann, plus récemment Le Prince de Hombourg de Kleist (Donmar Warehouse,
Londres, 2010). Pour la radio, il écrit Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 Shares (BBC
Radio 4, 2005), pour la télévision, co-signe (avec Sharon Horgan) le scénario de la
série Pulling (Silver River/BBC 3, 2006-2009). Dernièrement, il a signé le livret de
Matilda, A Musical d’après Roald Dahl (Royal Shakespeare Company, 2010) et
achevé son premier scénario cinématographique: Blackout (Big Talk/Film 4). Son
œuvre est régulièrement traduite et créée en Allemagne, où il est élu meilleur auteur
dramatique 2009 par la revue Theater Heute. En France, Débris (trad. Philippe Le
Moine et Pauline Sales, Théâtrales/Traits d’union, 2008) a été lue à plusieurs
reprises (notamment au Festival d’Avignon 2008 par Patrick Pineau, créée par
Wladimir Steyaert à la Comédie de Saint-Étienne en 2010). A.D.N. (trad. Philippe Le
Moine, inédite en français) a fait l’objet de lectures dirigées par Guillaume Vincent
(Festival actOral 7, La Colline, 2008) ou Simon Delétang (Théâtre des Ateliers, Lyon,
2009). Mon prof est un troll (trad. Philippe Le Moine et Pauline Sales) a dernièrement
paru à L’Arche éditeur (coll. Théâtre Jeunesse, 2010).
Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly
traduction de l’anglais Philippe Le Moine et Pauline Sales
mise en scène - Olivier Werner
scénographie - Olivier Werner et Jean-Pierre Gallet
création et régie vidéo - Marina Masquelier
création et régie son - Fred Bühl
création et régie lumière - Kévin Briard
assistante à la mise en scène - Marie Lounici
avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard,
Olivier Werner, Olivia Willaumez
production : Le Préau, Centre dramatique régional de Basse-Normandie – Vire, La Colline –
théâtre national
Le texte a paru à L’Arche Éditeur.
du 8 janvier au 5 février 2011 – La Colline – Petit Théâtre – le mardi à 19h, du mercredi au samedi à
21h, le dimanche à 16h
Le Préau CDR de Basse-Normandie - Vire – du 9 au 11 février 2011
toutelaculture.com
Date : 13/01/11
Occupe-toi du bébé à la Colline, quand la docu-fiction s’invite au
théâtre
Informations Pratiques
A partir du 08 janvier 2011 jusqu'au 05 février 2011
Lieu: Théâtre de la Colline , Petit théâtre , 15 rue Malte Brun , 75020 Paris; 27 €; - de 30
ans : 13 €
Horaire: du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16hContact: 01 44 62 52
52
Rencontre: "Nouvelles écritures théâtrales : perpectives franco-brtitaniques". En présence de
Dennis Kelly, auteur, Philippe Le Moine, traducteur, Pauline Sales, auteur et traductrice, Olivier
Werner, metteur en scène, le mardi 1er février 2011, à l'issue de la représentation .
Évaluation du site
La boîte à sorties est un agenda en ligne des sorties (expositions, théâtre, concerts, etc.). Le site
publie également des articles concernant l'actualité médiatique et culturelle.
Cible
Grand Public
COLLINE / 6077404
Dynamisme* : 21
* pages nouvelles en moyenne sur une semaine
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
Olivier Werner met en scène le texte de Dennis Kelly « occupe-toi du bébé » au petit théâtre
de la Colline . Dans ce faux docu-fiction transposé au théâtre , la question de la vérité et de la
parole donnée prend des chemins étranges.
Faire de la scène un lieu de documentaire n’est pas une nouveauté, Stefan Kaegi avait poussé
l’idée à l’extrême en 2009 à Avignon, avec Radio Muezzin en mettant sur scène des muezzins
Cairotes.
Fabrice Murgia, toujours à Avignon, en 2010 cette fois, avait lui, utilisé des comédiens pour
parler d’un vrai fait divers, la captivité de Natasha Kampusch. Olivier Werner va plus loin en
inventant un évènement et en le mettant en scène dans un trouble certain. Difficile de savoir si
ce qui est montré est vrai ou faux. Le metteur en scène raconte qu’il s’est amusé parfois à ne
pas dire qu’il s’agissait d’une fiction.
Un grand écran nous plonge dans la fiction façon série policière américaine : « Ce qui suit a été
retranscrit mot pour mot à partir d'entretiens et de correspondances.
Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu
être faites. Les noms n'ont pas été changés… ».
Donna, jugée irresponsable d'un double infanticide, a été relaxée. Une fois Donna libre, Kelly
se met à enquêter et interroge les protagonistes de l’affaire. Certains acceptent. Donna , Lynn,
sa mère, qui se présente aux élections locales, le Dr Millard qui espère faire reconnaitre le
syndrome de Leeman-Ketley innocentant Donna. Seul Martin , l’ex-mari de Donna, refuse, un
temps , de passer face caméra.
La pièce prend la tournure d’une télé réalité dans la maison de Lynn, découvrant tour à tour les
petits arrangements politiques avant une élection et la folie de Donna.
Les comédiens sont interviewés sur scène et leur image est projetée sur grand écran. La parole
diffusée résonne différemment face à la caméra, face à un micro, en famille , en meeting.
La question revient comme un boomerang tout au long de la pièce « tu l'as jamais dit »
demande Donna à sa mère cherchant à trouver en elle un soutien et une confiance en son
innocence. « Pourquoi poser-vous cette question » demandent les interviewés, « pour l'exercice
» répond l'intervieweur. Vérité et Mensonge sont imbriqués sans cesse.
Donna sait-elle si elle a vraiment tué ses enfants ? La militante cèdera t-elle aux accords avec
les partis qu'elle dénigre ?
Pour tendre à la vérité, les sources et les personnes sont confrontées à Kelly. Comme le
rappelle le texte » Il y a la vérité et ce que les gens croient être la vérité, tout est question de
point de vue ».
Les petits arrangements avec la conscience sont nombreux, que ce soit dans le cas
pathologique de Donna ou dans la technique politique de Lynn. En ce sens, Occupe toi du
COLLINE / 6077404
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
bébé offre aux spectateurs une thématique tant passionnante qu’agressive dans un procédé
scénographique plutôt orignal.
Néanmoins, la pièce souffre de longueurs évidentes liées au manque d’interaction entre les
comédiens pendant la première partie du spectacle
COLLINE / 6077404
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
15 JANV 11
Quotidien Paris
Surface approx. (cm²) : 410
11/15 PLACE DE LA BOURSE
75061 PARIS CEDEX 02 - 01 40 41 46 46
Page 1/1
15/01/2011 08:14:00
Courrier du théâtre: retour d'Ulysse, vrai-faux
documentaire, deuil
PARIS, 15 jan 2011 (AFP) - Ulysse sur scène au Théâtre des Amandiers de
Nanterre - Un Ulysse tantôt fatigué, tantôt plein de fougue est sur scène au Théâtre des
Amandiers de Nanterre jusqu'au 12 février dans "Ithaque", une version scénique des Chants
du retour de l'"0dyssée" de Jean-Louis Martinelli, sur un texte de l'écrivain allemand Botho
Strauss.
Pendant 3H20, la scène, occupée par un escalier monumental où trône le lit de
Pénélope, devient un espace onirique où se mêlent l'épique et le contemporain.
La pièce suit assez fidèlement le poème d'Homère, dans un langage actuel qui
raconte comment le héros fatigué, incarné par Charles Berling, rentre à Ithaque après une
errance de dix ans pour chasser de son palais, dans une orgie de sang, les prétendants qui
convoitent sa femme et ses biens.
Mais Botho Strauss opère un glissement du monde d'Homère à aujourd'hui. Selon
Jean-Louis Martinelli, "les comportements archaïques de l'homme dans le seul but d'assurer
sa survie ou sa réussite sont (...) mis en jeu dans ce texte". Ce qui nous rappelle, selon lui,
"que le vivre ensemble suppose la mise en place de règles, d'institutions, bref d'un Etat de
droit".
"Occupe-toi du bébé" ou l'insoluble quête de la vérité au Théâtre de la Colline à
Paris - Un dramaturge invite sur scène les protagonistes d'un double infanticide et enquête
sur ce fait divers. La mère, Donna, jugée irresponsable, a été relaxée. La mère de Donna,
Lynn, est candidate aux élections locales. Il y a aussi l'ex-mari de Donna et le docteur
Millard qui pense avoir observé un syndrome spécifique chez Donna qui pousse à tuer par
empathie.
Tiré de l'ouvrage de l'écrivain anglais Dennis Kelly, la pièce est mise en scène par
Olivier Werner jusqu'au 5 février à Paris, puis en région. Grand écran sur la droite du
plateau où sont vus en gros plan les protagonistes et des documents, ainsi que caméras et
projecteurs reconstituent un studio.
Dans la pure tradition du théâtre documentaire très prisé en Grande-Bretagne,
chacun témoigne devant la caméra, devant le public dans une quête de vérité de ce fait
divers, survenu en Angleterre il y a quelques années. Mais l'oeuvre est une pure fiction qui
démontre que la totale objectivité est un leurre, et s'interroge sur les enjeux du témoignage
public.
Robert Plankett au Théâtre de la cité internationale - "Robert Plankett", mis en
scène par Jeanne Candel est joué par la compagnie théâtrale "La vie brève" jusqu'au 29
janvier au Théâtre de la Cité internationale à Paris, puis à Vanves et Toulouse.
Robert Plankett, le héros de la pièce, est mort prématurément d'une rupture
d'anévrisme. Ses proches se retrouvent chez lui pour vider la maison et régler divers
problèmes. L'observation minutieuse du deuil est le coeur vivant de la pièce, un travail
collectif.
ds/fa/cgd
COLLINE
6990186200506/GSD/OTO/4
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
17 JANV 11
Quotidien Paris
OJD : 47801
164 RUE AMBROISE CROIZAT
93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29
Surface approx. (cm²) : 500
N° de page : 15
Page 1/2
Undocu-fictionthéâtral
ou l'art du mentirvrai
Olivier Werner présente au Théâtre de la Colline Occupe-toi du bébé, de
l'Anglais Dennis Kelly, où il est question d'infanticide et de politique. Passionnant.
Sur scène, un décor froid, mlnlmaliste, quelques chaises, une table transparentes et un écran vidéo où sont retransmises les confessions.
F
ace caméra, Donna
Elle raconte la prison des femmes,
le quartier d'iijolement, la peur de se
faire arracher les yeux par ses
codétenues Elle est accusée du
meurtre de ses deux enfants
Face caméra Lynn Barne, la
mère de Donna Elle raconte
son engagement politique che?
les travaillistes Conseillère municipale d'une bourgade anglaise de deux mille âmes, elle se
présente à la députation, contre
son propre parti qui voit d un
très mauvais œil une candidature entachée par un fait divers
aussi sordide Pour compléter le
casting, interviennent le docteur
Millard sa femme. Jim (l'assistant de Lynn Bame) ainsi que
Martin McAuMfe, le père des
enfants morts
COLLINE
3395186200502/XNR/MMG/1
Tous ont accepté de parler
à la caméra, de raconter, de
leur point de vue, le drame
Derrière la caméra, l'animateur qui pose des questions
dont on sait qu'elles seront effacées au montage Sur scène,
un décor froid, mimmalistc,
quelques chaises et une table
transparentes, un écran vidéo où sont retransmises les
confessions télévisuelles des
uns et des autres De temps
en temps, sur l'écran, on
nous précise que « ce qui suit
j été retranscnt mot à mot à
partir d'entretiens ( ) Les
noms n 'ont pas été changés »
Cette précaution d'usage dont
l'effet est volontairement des
plus réalistes se délite au fur et
à mesure de la pièce jusqu'à
n'être que des bribes de mots
incompréhensibles.
titre ienx
bribes de vérité
s'échappent.
À l'heure où l'on convoque
sur les plateaux le réel à grands
frais de mises en scène parfois
scabreuses, Dennis Kelly écnt
une « pièce Verbatim » mais purement fictive Et c'est ce parti
pris qui est intéressant puisqu il
démystifie l'idée même, colportée à tout bout de champ, du
réel Le réel n'existe pas II n'est
qu'une attaire de point de vue
Et ici, cela va même plus loin
puisqu'il trompe volontairement le spectateur Et avec
quel culot' Quant au metteur
en scène Olivier Werner il ne
s'embarrasse pas d'effets de
manches Sa mise en scène est
d'autant plus austère qu'elle
vise à donner du crédit à un
propos mystificateur, à faire
séncux quand nen n'est vrai Et
on est pns dans cet engrenage
de ventés et de mensonges où
les protagonistes se mettent en
scène convaincus de dire LA
vérité quand elle n'existe pas
Entre deux mensonges, des
bribes de venté s'échappent et
elles se croisent à des endroits
improbables, alimentant la
mécanique du mensonge celui
des politiciens qui finalement
se reprennent en voyant dans
cette confession l'opportunité de gagner les élections
(la compassion. I a\eu sont
des outils remarquables pour
manipuler l'opinion) Celui du
psychanal>ste qui invente un
syndrome qui n'existe pas mais
qui dupe tout le monde Celui
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
17 JANV 11
Quotidien Paris
OJD : 47801
164 RUE AMBROISE CROIZAT
93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29
Surface approx. (cm²) : 500
N° de page : 15
Page 2/2
de la justice qui balance selon
les moments Celui du docufiction (qu'il soit théâtral ou
télévisuel) dont la machine à
scénanser devient une machine
à broyer la pensée Au milieu de
ce déballage de l'intime. Donna
seule semble dépassée par les
événements, par la tournure des
événements
MISE À NU D'UNE .
MECANIQUE BIEN HUILEE
L'artifice de la représentation par le truchement de
la caméra vient ici ébranler
l'édifice du théâtre documentaire II ne suffit pas de faire
vrai pour être dans le vrai
Le plan serré retransmis sur
l'écran fausse toute distanciation, créé une empathie qui
brouille la compréhension, la
réflexion Irrémédiablement,
le regard du spectateur est aimanté par l'écran plutôt que
par l'acteur en chair et en os
Et c'est troublant. Et c'est
passionnant que cette mise à
nu d'une mécanique superbement huilée et qui emporte
tout esprit critique Quant à
la distribution, disons qu'elle
est au poil Auréhe Edeline,
Olivia Willaumez, Jean-Pierre
Becker, Antony Poupard et
même Marie Lounici qui
n'intervient que quelques
minutes mais suffisamment
pour s'imposer aux côtés de
ses compagnons de"jeu, tous
jouent sur l'ambiguïté de leur
personnage avec une grande
maîtnse Cela va de la façon de
porter leurs costumes jusqu'au
phrasé, tantôt hésitant, tantôt assuré, aux mimiques, aux
regards éteints ou illuminés,
une gestuelle qui donne corps
à l'illusion des personnages
MARIE-JOSE SIRACH
Jusqu'au 5 février au Théâtre national
de la Colline Renseignements1
0144 62 52 52 Le texte Occupe-toi
du bébé est édité chez l'Arche
DISPARITION
JACQUES DEMARNY
Le parolier Jacques Demamy est
décède mercredi à l'âge de quatre-vmgtcmq ans. Indissociable d'Ertnco Mactas, il
lui avait écrit 500 chansons dont Enfants
de tous pays et tes Gens du Nord.
Résistant dès l'âge de dix-neuf ans, il
s'était lance dans la chanson en 1947 et
ava'rt présidé le conseil d'administration
de la Sacem a deux repnses.
COLLINE
3395186200502/XNR/MMG/1
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
www.telerama.fr
17 Janvier 2011
Télérama Radio
Critique Théâtre
Critique Théâtre : “Occupe-toi du bébé”,
de Dennis Kelly
LE FIL ARTS ET SCÈNES - Encore méconnu en France, Dennis Kelly
fait un tabac dans son pays en mêlant réalité et fiction, regard aigu et
formes stylisées. Du théâtre dit "documentaire", dont la pièce "Occupe
toi du bébé", mise en scène par Olivier Werner à la Colline (Paris),
jusqu’au 6 février, offre est une étonnante démonstration. Un double
infanticide, des manipulations dignes d'un thriller… Fabienne Pascaud
en tremble encore.
http://www.telerama.fr/scenes/critique-theatre-occupe-toi-du-bebe-de-dennis-kelly,64570.php
LES 3 COUPS
17 Janvier 2011
« Occupe-toi du bébé », de Dennis Kelly (critique de Nicolas Arribat), Théâtre national de la Colline à Paris
Dennis Kelly s’occupe de notre
perception du monde
Occupe-toi du bébé. Ou plutôt, non, ne t’en occupe plus, car le bébé est mort !
Occupe-toi donc de la carrière politique de ta maman, ou de la carrière
professionnelle de ton psychiatre. Ou plutôt, non, ne t’occupe de rien : on le
fait pour toi ! Regarde seulement, tu n’en croiras pas tes yeux.
La pièce a tout, en apparence, pour être ennuyeuse. Un sujet pesant : l’infanticide.
Une forme théâtrale périlleuse et « sérieuse » : celle du témoignage. Un objectif
didactique : une réflexion sur la vérité, sur le réel, sur les médias, sur notre
perception enfin. Or, loin d’être barbante, cette pièce est à la fois captivante, très
intéressante et très efficace. Occupons-nous-en donc un peu, elle le mérite !
Deux femmes, puis deux hommes viennent s’asseoir sous les projecteurs, devant la
caméra d’un réalisateur. Où sont-ils ? Dans un studio ? En tout cas, devant une
caméra. Et, puisque la caméra filme et puisque l’image est retransmise en direct sur
un écran géant, ils sont sur cet écran. Ils nous apparaissent donc médiatisés, dans
un rapport de représentation que nous connaissons bien, celui de la télévision. Ils
sont là pour témoigner, pour parler d’eux et de ce qui leur est arrivé. Pour se
représenter, donc.
Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Que disent-ils, au juste ?
Qui sont-ils ? La fille et la mère. Le psychologue et le mari de la fille (entres autres).
La mère, Lynn Barrie (Olivia Willaumez), est politicienne. Mais elle est, peut-être
avant tout, une mère brisée : elle a perdu son fils et ses deux petits enfants, et sa fille
a fait de la prison. Mais elle est, aussi, une politicienne qui se révolte contre la langue
de bois. Mais elle est, aussi, une mère qui gère difficilement son rôle de mère. Mais
elle est, aussi, une politicienne qui veut gagner les élections coûte que coûte pour
échapper à son malheur, quitte à utiliser son image de mère brisée. Mais, mais… qui
est-elle au juste ? Est-elle plus mère que politicienne ? Plutôt sincère ou plutôt
pragmatique ? Nous croyons le savoir, l’image qu’elle nous donne nous convainc. Et
puis elle nous apparaît sous un autre visage, et nous sommes déroutés…
La fille, Donna (Aurélie Édeline), est d’une part une fille en quête d’une personnalité :
elle a grandi à l’ombre d’une femme forte, sa mère. Cette Donna est d’autre part
profondément blessée : elle a été accusée du meurtre de ses enfants. Elle a fait de
la prison pour cela, mais a été relâchée, faute de preuves. Elle reste une femme
traumatisée : ses deux enfants sont morts…
L’échec du langage, la victoire de la représentation
Ce qui fait l’intérêt de cette pièce, c’est que Dennis Kelly, l’auteur, joue avec nous.
Avec notre empathie. Avec notre tendance à croire ce que l’on voit, à prendre la
médiatisation du monde pour le monde lui-même. Le personnage à qui nous
accordions dix minutes auparavant notre crédit nous paraît soudainement hypocrite
et manipulateur. Et pourtant rien n’a changé dans son discours, nous avons
seulement été séduits par un autre personnage. Ou plutôt par l’image que ce dernier
nous a donnée de lui. Nous sommes victimes, malgré nous, de la représentation des
choses et des gens. Et Dennis Kelly nous le fait comprendre habilement. Comment
s’y prend-il ?
En confrontant les témoignages. Mais pas seulement. Il place chacun des
personnages à la fois en représentation (devant la caméra) et hors représentation
(interrogatoire intimiste sans caméra, ou scènes de la vie de tous les jours). En
faisant cela, c’est d’une part la contradiction des personnages qui jaillit en pleine
lumière. Ou plutôt la complexité de leurs intérêts. D’autre part, et essentiellement,
c’est l’échec du langage comme médium social qui transparaît : tous les
personnages se mentent d’une certaine manière, et acceptent les mensonges des
autres. Par intérêt, par empathie, par habitude, par maladresse, par prudence ?
Leurs raisons sont multiples, mais importent peu : la démonstration de Dennis Kelly
est probante. Parce qu’elle est éloquente. Parce qu’elle nous prend à témoin. Parce
qu’elle nous met face à nos propres erreurs d’interprétation, à nos propres « jeux »
de dissimulation. Et, surtout, parce qu’elle nous prend en flagrant délit de
« sémantisation » de ce que nous voyons.
Une interprétation de grande qualité, une mise en scène efficace
Tout cela n’aurait pas été perceptible sans une justesse absolue du jeu des
comédiens. Ceux-ci se devaient d’être convaincants à deux niveaux : d’une part,
celui de la représentation (lorsque les personnages sont devant la caméra et qu’ils
« témoignent ») ; d’autre part, celui de la non-représentation (en hors champ). Car,
nous l’avons dit, c’est entre ces deux modes d’apparition que s’opère la
démonstration de Dennis Kelly. L’exercice était périlleux pour les comédiens, mais ils
l’ont accompli avec brio.
Quant à la mise en scène d’Olivier Werner, elle est sans accrocs. Entièrement au
service du propos, elle s’est fait oublier. Sauf peut-être occasionnellement, lorsque
nous entendions des morceaux de Schubert remixés. Mais ceci n’est qu’un détail qui
ne saurait remettre en question son efficacité.
Le propos de Dennis Kelly est donc restitué dans toute son ampleur. Alors se produit
quelque chose d’étrange et de fort : la pièce se transforme en expérience théâtrale.
C’est notre perception, non pas seulement de spectateur mais d’homme, qui se
trouve remise en question. Notre perception du monde. Et ce n’est pas rien ! ¶
Nicolas Arribat | Les Trois Coups | www.lestroiscoups.com
19 JAN 11
Hebdomadaire Paris
14 BOULEVARD HAUSSMANN
75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00
Surface approx. (cm²) : 136
N° de page : 51
Page 1/1
4-CAFE DE LA GARE 41 me du Temple (4=)
M Hôtel de Ville Rambuteau Loc 0142785251
Le Tour du monde en 80 jours De Jules Verne
m en se de Sebastien Azzopardi Avec Romain
Canard Christophe de Mareuil Eric Gueho
Alexandre Guilbaud (en alternance avec Frédéric
Imberty) Anais Harte Rejane Lefoul Yan Mer
coeur Stéphane Roux Rodolphe Sand Nicolas
Tarrm Loc Fnac Ticketac (a partir de 18 €) Carrefour 20H DU MER 19 AU VEN 21,17H SAM 22,
20H SAM 22 PI 24€ :«• Jules Verne au théâtre
Une réussite cocasse J -L J
5-CARTOUCHERIE-THEATRE DE
LA TEMPETE
rte du Champ de Manoeuvre (12e) M Château de
Vincennes C 0143283636 0
Le Cerceau De Victor Slavkine Texte français de
Simone Sentz Michel Mise en scène de Laurent
Gutmann 20H DU MER 19 AU SAM 22,16H DIM 23,
20H MAR 25 PI 18€ TR 9 a 14€
6-LA COLLINE 15 rue du Malte Brun (20e)
M Gambetta Loc 0144625252 H
Occupe-toi du bébé De Dennis Kelly m en se
d Olivier Werner Avec Jean Pierre Becker Aure
lie Edeline Vincent Garanger Marie Lounici An
thony Poupard Olivier Werner Olivia Willaumez
Loc Du lun au sam de 11h a 18h30 et le dim de
13h30 a 16h30 Sur le site Internet du théâtre
Auprès des agences et revendeurs (Fnac Crous
Starterplus) 21H DU MER 19 AU SAM 22,16H DIM
23,19H MAR 25 PI 27€ TR 13 a 22€ > Découverte d un auteur britannique remarquablement
interprète A H
OCCUPE-TOI DU BÉBÉ
M¥*LACOLUNE 15, rue Malte-Brun (XX*0
TEL : 0144 62 52 52 HORAIRES : mar 19 h, mer au sam 21 h dim 16 h
JUSQU'AU 5 février DURÉE : 2 h PLACES : de 13 a 27 €
4 Un auteur que l'on ne connaissait pas et dont on devine, par delà
la bonne traduction (L'Ai die Ed. ), a quel point il est original L'An
glais Dennis Kelly, petite quarantaine, nous propose une fausse en
quête avec un homme qui pose des questions (l'auteur '}, incarne par
le metteur en scène, Olivier Werner On croît a la recherche de la vente après un di âme atroce Mais il s'agit de théâtre, porte par d'ex
cellents interprètes (Vincent Garranger, entre autres, sur notre photo), relayes par un usage intelligent de la video Un spectacle
attachant, insolite, et qui doit beaucoup a la qualité d'une écriture et
des sept comédiens qui se jouent du réel et de la fiction avec finesse •
A. H
COLLINE
5040586200505/GAD/MPR/1
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
20/26 JAN 11
Hebdomadaire Paris
OJD : 194780
Surface approx. (cm²) : 768
6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF
75013 PARIS - 01 46 46 16 00
Page 1/1
Le guide
Europunk à Rome La Villa Médias accueille
jusqu'au 20 mars la contre-culture punk des années 1970
Un demi-millier de vêtements, fanzmes affiches collages
pochettes de disques et films sont exposes pour faire revivre
I époque du 'no future ' (villamedici it)
Le dernier
Saramago
Le vacarme qu a
I engendre la sortie
de Gain [au
Portugal en 20O9]
en a précède
la lecture
et semble même
I en dispenser"
> s indigne
I hebdomadaire lisboete Expresso
Or I ouvrage du romancier portugais
est un roman et doit être lu comme tel
Récrivant certains passages de I Ancien
Testament, Saramago recourt a un jeu
narratif qui n est pas très éloigne de la
tradition picaresque ou la pensée va de
pair avec I humour [ ] Nousy trouvons
quelques-unes des plus belles pages
qu il ait jamais écrites sans fausse
profondeur sansjamais être
sentencieux en laissant la pensée
suivre le fil narratif sans se figer dans
des processus démonstratif s llnya
pas de matière plus lourde que celle
dont est fait ce livre Etpourtant
I auteur parvient a évoluer dans cette
matière avec I agilité que le genre
requiert Le18jum2010 le Prix Nobel
de littérature 1998 s éteignait dans sa
résidence de Lanzarote (îles Canaries)
II s agit donc de son ultime roman
Cain José Saramago
ed du Seuil 169 pages 19 euros
L'histoire
de Shanghai
est parmi nous
"Le travail de Cincty Sherman est une brillante bouillie
d'idées", s'amuse The Guardian L'exposition que
la galerie londonienne Spruth Magers consacre à la
photographejusqu'au 19 février est exceptionnelle La
prochaine fois, en 2012, ce sera au MoMa de New York
Le palais Farnèse
retrouvé
* Docu-f iction
| théâtral
% La piece de Dennis Kelly s interesse
I a Donna coupable d un double
g infanticide mais relaxée parce que
g jugée irresponsable Le dramaturge
p britannique refait I enquête
E en interrogeant les témoins sur scène
I Vrais témoignages ' Rien n est moins
§ sur Le théâtre documentaire
i s est développe en Grande Bretagne
g au milieu des années 1990 porte
§ par une génération qui avait comme
3 référence politique Margaret Thatcher
g comme plaisir I héroïne et comme
pharaon sexuel le sida Aujourdhui,
5 tes auteurs se reapproprient la fiction
g et la confrontent a ce théâtre du réel"
: explique The Guardian
I Effectivement Dennis Kelly brouille les
g pistes entre réalité et fiction en laissant
I le public dans la confusion "J ai pense
I que le meilleur moyen d écrire
6 sur la vente était de mentir confie-t il
u Occupe tôt du bébé
g Théâtre de la Collinejusqu au 5 février
I Puis en tournée a Vire
S au CDN de Basse Normandie
g (colline fr)
COLLINE
6892686200508/GRT/OTO/2
C est I un des plus beaux palais
Renaissance de la capitale italienne
et c est aussi le siège de I ambassade de
France depuis 1875 Le palais Farnèse
a I initiative de I ancien ambassadeur
Jean-Marc de La Sablière a décide
non seulement d ouvrir plus largement
ses portes pour faire découvrir ses
fabuleuses collections mais aussi de
recréer en partie la splendeur passée
des Farnèse en replaçant dans leur
ecrin d origine 150 pieces (tableaux
sculptures meubles) aujourd hui
dispersées entre la France et I Italie Du
cabinet de travail du musée d Ecouen
aux précieuses tapisseries prêtées
par la présidence de la République
italienne cette exposition
est une occasion unique
Palais Farnèse De la Renaissance
a I ambassade de France
jusquau27avnl
sur réservation uniquement
(mostrapalazzofarnese it)
Derrière l'horizon
du rock allemand
C est en hommage a Udo Lindenberg
superstar allemande du rock dont
on dit que la musique a réuni les deux
Allemagnes avant I heure que s est bâtie
Hinterm Horizont (Derrière I horizon) la
comédie musicale dont tout le monde
parle C est une histoire d amour drôle
mais sérieuse - il s agit d un couple
sépare par le mur de Berlin - présentée
sous forme dun mélange
de théâtre de rock n mil (
et de comédie
musicale résume
le quotidien Oie
Welt A 64 ans I auteur
de Madchen aus
Ost Berlin (La jeune
fille de Berlin Est)
qui comme
le rappelle
le magazine
Focus devint
"I hymne
et I espoir d une
grande partie
de lajeunesse
est allemande"
en 1973-était
présent pour assister
a la mise en scène de sa
vie et de son œuvre Udo
Lindenberg est incarne
sur scène par Serkan Kaya
et lajeune Jessy
parJosephm Busch
Hinterm Horizont Theater
am Potsdamer Platz Berlin
apartirdu12janvier
pour tout 2011
(stage entertamment de)
Si le dernier film de Jia Zhangke s intitule
IwishlknewfJ aurais aime savoir) cest
pour rappeler tout ce qui n a pas été drt
aux Chinois Jia recueille les témoignages
de 18 personnes liées a Shanghai et a son
histoire recueillis sur place mais aussi a
Hong Kong ou a Taiwan Rivalités guerres
campagnes politiques migrations
exils tragédies familiales et personnelles
la métropole est dépeinte en un
kaléidoscope forme de leurs visions
respectives enrichi d extraits de films
qui ont nourri I imagerie shanghaienne
Au fil de I eau au rythme des scènes de
dancing et de cafés dans une métropole
mondialisée avant I heure ce film est
un concert de points de vue détonants
mais aussi poétiques une sorte
de plaidoyer contre I uniformité
de la pensée
/ wish I knew histoires de Shanghai
de Jia Zhangke
(advitamdistnbution com)
U2S123I
La famille,
c'est de la Bal!
Cinq artistes étrangers pour cinq
étranges portraits defamille Avec
entre autres la photographe
argentine Alessandra
Sanguinetti qui met en scène
deuxjeunes cousines en
pleine campagne a 300 km
de Buenos Aires Lavideaste
américaine Sadie Benning,
elle évoque I angoisse
autobiographique de la
preadolescence dans une
famille du Midwest a laide
d une forme extraordmairement
originale et touchante explique
The New York Times a I occasion
de la première présentation de la video
en 1998 Toutaulongdufilm Sadie
Benning fait porter a ses acteurs
des masques comme pour tenter
de les faire échapper aux identités
conventionnelles Je me demandais
constamment comment survivre
comment m échapper et ou aller "
Du14janvierau17avnl Le Bal
Pans XVIII' (le balfr)
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
www.lejdd.fr
Date : 25/01/11
Du théâtre documentaire haletant
L'auteur anglais Dennis Kelly joue de la réalité et de la fiction. Voilà un auteur malin qui brouille
les pistes d'entrée de jeu. Dennis Kelly, pour conter une terrible histoire d'infanticide, dit
s'appuyer sur des faits et témoignages réels avant d'introduire peu à peu des soupçons quant à
cette soi-disant véracité des faits.
Occupe-toi du bébé, au théâtre de la Colline . (Elizabeth Carecchio)
Donna est accusée d'avoir tué son fils, Jake. Or deux ans auparavant, elle avait perdu son
premier bébé, une petite fille, victime de la mort subite du nourrisson. La mère de Donna, elle,
est une femme politique qui mène campagne. Donna est emprisonnée, puis libérée faute de
preuves. La pièce de Dennis Kelly (1) procède par interviews pour traquer la réalité des faits.
Est-ce possible de la découvrir? Car, comme chez Pirandello, à chacun sa vérité. Au fur et à
mesure des interrogatoires, l'imbrication des témoignages crée une opacité. Où est la vérité?
L'auteur, doublé du metteur en scène, maintient un suspense permanent et une intensité
grandissante. Au final, l'intérêt réside moins dans la connaissance de la réalité objective que
dans l'interpénétration entre les subjectivités de chacun. C'est parfois rude, remuant, caustique
quant à la vision de la politique, de bout en bout passionnant. La mise en scène (Olivier
Werner) ne lâche jamais prise, entre plateau et écran où l'on peut voir les témoignages de
Évaluation du site
Le site du Journal du Dimanche diffuse l'actualité des articles concernant l'actualité générale
française et internationale.
Cible
Grand Public
COLLINE / 6161459
Dynamisme* : 246
* pages nouvelles en moyenne sur une semaine
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
chacun en gros plan. L'interprétation est exemplaire (Aurélie Edeline, Olivia Willaumez, Vincent
Garanger…) et l'exercice remarquable.
Occupe-toi du bébé *** Théâtre de la Colline , 15 rue Malte Brun , Paris 20e. Tél. 01 44 62
52 52. www.colline.fr Jusqu'au 5 février.
(1) Texte publié à L'Arche.
COLLINE / 6161459
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
27 JANV 11
Quotidien Paris
OJD : 111584
Surface approx. (cm²) : 186
N° de page : 25
11 RUE BERANGER
75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89
Page 1/1
THÉÂTRE «Occupe-toi du bébé», le procès d'une infanticide à la Colline.
Faites entrer l'acquittée
OCCUPE-TOI DU BEBE
de DENNIS KELLY
m.s. Olivier Werner, au théâtre
de la Colline, 75020 Jusqu'au
5 février Rens wwwcollinefr
e dispositif scénique
impose d'emblée un
impossible choix. Sur
la scène de la petite salle de
la Colline, quatre acteurs
s'installent dans les fauteuils
inconfortables d'un salon au
milieu duquel trône une caméra vidéo sur pied. L'opérateur braque son objectif à
tour de rôle sur les deux
femmes, tandis qu'un gros
plan de leur visage éclate
scms la lumière cruelle des
projecteurs, sur le grand
écran. Au bout de quelques
minutes de va-et-vient, l'œil
du spectateur se fixe définitivement sur le visage du
personnage, pour en saisir
les nuances et tourments.
L
COLLINE
7079496200501/XBF/MPR/1
Or, ce dont il est question ne
se passe pas uniquement sur
l'écran, où siège le mensonge
de l'image, mais aussi à
quelques mètres, là où s'agite
la vérité des corps. A condition de s'arracher à la contemplation hypnotique du
grand écran. Car l'histoire
qui est racontée relève tout
autant du mensonge que de
la vérité.
Névrose. L'auteur tente de
cerner ce qui s'est vraiment
passé dans l'affaire Donna
McAuliffe. Cette jeune
femme (Aurélie Edeline, impressionnante de violence
contenue) a été accusée
d'avoir tué ses deux enfants
en bas âge à quelques mois
d'intervalle. Procès, condamnation à perpète, puis
scandale et sortie de prison
lorsqu'un psychanalyste
présomptueux diagnostique
un SLK. Le syndrome de
Leeman-Ketley, forme pa
thologique d'empathie pour
les malheurs du monde si
profonde que le sujet va jusqu'à s'en prendre à ce qu'il
aime le plus au monde, ses
propres enfants.
En scène, donc, Donna la
supposée meurtrière ou la
prétendue malade, selon.
Mais aussi sa mère, petite notabilité locale dévorée d'ambition, manifestement source
principale de la névrose. Et
puis le docteur Millard, dont
on ne sait si c'est un charlatan ou un visionnaire. Chaque intervention des personnages est précédée d'un
carton sur l'écran: «Ce qui
suit a été retranscrit mot pour
mot à partir d'entretiens et de
correspondances. Rien n'a été
ajouté et les mots utilisés sont
ceux employés, même si certaines coupes ont pu être faites.
Les noms n'ont pas été chan-
gés.» Une pièce Verbatim,
comme la définit son auteur,
Dennis Kelly. Et, avec le caractère comminatoire toujours un peu désagréable que
revêt la formule «ceci est une
histoire vraie», la pièce décline l'ambiguïté et le doute
sur tous les tons. Qui peut-on
croire? Personne évidemment, et surtout pas les images. La recherche de la vérité,
source implicite de ce théâtre
documentaire, est une mascarade, une astuce sensationnaliste.
Imaginaire. Dennis Kelly et
son metteur en scène Olivier
Werner en font une démonstration remarquable quand le
spectateur comprend que la
vérité n'est pas celle qu'il
croyait. Y a-t-il seulement
jamais eu une affaire Donna
McAuliffe ailleurs que sur la
scène d'un théâtre ?
BRUNO ICHER
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
27 JANV 11
Quotidien Prov. avec dim.
OJD : 762213
Surface approx. (cm²) : 105
10 RUE DU BREIL
35051 RENNES CEDEX 09 - 02 99 32 60 00
Page 1/1
Vire Falaise -
Une création du Préau sur scène à Paris
Le deuxième rendez-vous de la saison a
débuté, le 8 janvier,au théâtre de la
Colline, avec Occupe-toi du bébé.
Sur les planches parisiennes Le théâtre virois
Le Préau est sur les planches parisiennes
avec sa création Occupe-toi du bébé Cette
piece de l'auteur anglais Dennis Kelly,
traduite par Pauline Sales, co-directnce du
Préau, et par Philippe Le Moine, est mise en
scène par Olivier Werner Elle est a l'affiche
du théâtre de la Colline jusqu'au 5 février «
J'ai eu un coup de foudre pour la pièce,
mais nous avons le plus petit budget des
cinq centres dramatiques régionaux, d'où
la nécessité d'une co-production avec un
théâtre. Vincent Garanger, co-directeur du
Préau, connaît le théâtre de la Colline
pour y avoir travaillé», explique Pauline
Sales Le choix du metteur en scène s'est
impose rapidement: « J'admire Olivier
Werner pour sa rigueur et son aptitude à
écouter un texte. » De bonnes critiques La
presse nationale est unanime pour saluer la
qualité du spectacle qui sera repns au théâtre
du Préau les 9, 10 et 11 février prochains
C'est une formidable caisse de résonance
pour le théâtre et pour la ville, « mais c'est
quitte ou double, l'inverse aurait pu
également se produire, rien n'est jamais
joué d'avance », conclut Pauline Sales Des
articles sont parus dans Le Mondeou
Telerama Vraie ou fausse ventemediatisee
L'intrigue repose sur la culpabilité ou
l'innocence d'une mère accusée d'un double
infanticide Le metteur en scène a fait le
choix d'un plateau épure, tout en ayant
recours a un dispositif video qui n'altère pas
le jeu des acteurs mais le renforce Le sens
du rythme est très présent dans les
enchaînements, tenant les espnts en suspens
entre les nres et les larmes jusqu'à la
dernière séquence Jusqu'au samedi 5 février,
théâtre national de la Colline, 15, rue MalteBrun, Pans XXe, tel 01 44 62 52 52 Du 9
au 11 février, a 20 h 30, théâtre du Préau
Tant" normal 15 Tel 02 31 66 16 00
8F77E5315700A602E26149540E02155E0772597F91D51B5D1CB9EE4
COLLINE
5702596200509/GFP/FJT/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
enjoythetheatre.wordpress.com
27 Janvier 2011
Occupe-toi du bébé – Théâtre de la Colline
Photo : Elisabeth Carecchio
Tout commence avec cynisme. S’occuper du bébé ? A quoi bon, puisque le bébé, les bébés
sont morts. Ne restent que leurs parents, leur grand-mère, et tous ceux qui tentent de
comprendre les ressorts du drame. La mère, Donna, a passé quatorze mois en prison pour
le double infanticide de ses enfants. Relaxée faute de preuves, elle est la première à se
confier devant l’oeil inquisiteur de la caméra, à la demande de l’auteur, Dennis Kelly,
interprété par le metteur en scène, Olivier Werner. Ainsi commence la spirale infernale de la
dissection d’un fait divers particulièrement macabre.
Occupe-toi du bébé est conçue selon les codes du théâtre verbatim, apparu au RoyaumeUni dans les années 1990. Il a pour caractéristique de négliger la fiction, pour ne rapporter
que des faits authentiques. Et c’est ce que semble faire Dennis Kelly : « ce qui suit a été
retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et
les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms
n’ont pas été changés…« , est-il écrit sur l’écran qui surplombe le plateau au début de la
pièce. Et réapparaît une deuxième fois. Puis une troisième. Et à chaque nouvelle apparition,
les lettres se déplacent subrepticement, transformant l’affirmation de vérité en véritable
charabia.
Car ce prétendu documentaire n’est en fait que fiction, inspirée de faits réels, certes, mais
tout droit sortie de l’imagination de Kelly. Rien de tout cela n’est vrai. Mais alors, qu’en est-il
du degré de vérité de ce que disent les personnages ? Donna a-t-elle tué ses enfants ? Son
mari pense que oui. Sa mère, qui refuse de se prononcer sur la question, pense que oui.
Donna dément avec rage. En retrait derrière sa caméra ou dans les gradins, l’auteur,
intelligemment interprété par le metteur en scène ne prend pas parti, et le public le suit. Car
au fond, ce qui importe, ce n’est pas de connaître la vérité, mais de décortiquer le
comportement de chaque protagoniste, selon qu’il se croit en représentation ou loin des
caméras.
Ainsi se met en place un jeu subtil entre les différents espaces de la représentation : le
plateau, dédoublé par la présence d’une caméra qui filme les acteurs en gros plan et les
projette en temps réel sur un grand écran. Chaque expression du visage est ainsi magnifiée,
et les comédiens transmettent à leur personnage un écrasant sentiment d’auto-contrôle. La
présence de la caméra disparaît progressivement, les questions sont posées par l’auteur
sans intermédiaire. Les personnages se dévoilent peu à peu, perdent cette maîtrise d’euxmêmes pour révéler les doutes qui les animent. Donna laisse la folie l’envahir, sa mère se
met à douter d’elle-même. Au contraire, le mari de Donna, Martin, accepte alors de répondre
aux question de l’auteur. Même le psychiatre, figure d’autorité et de savoir, montre ses failles
– la théorie scientifique qui lui a permis d’identifier le mal dont, selon lui, souffre Donna,
s’effondre comme un château de cartes.
Photo : Elisabeth Carecchio
A cet espace scénique répond un espace hors plateau : des scènes tournées a priori, en
dehors de la représentation théâtrale, sont projetées sur l’écran. On y voit Lynn Barrie, la
mère de Donna, femme politique, partir en campagne dans sa circonscription, du porte à
porte à l’investiture. Si ces scènes permettent de porter un regard critique sur les pratiques
politiciennes et l’utilisation de la vie privée à des fins électorales, elles semblent former le
point faible de la pièce : l’attitude de Lynn est si caricaturale que l’analyse en devient
grossière, loin de la finesse des relations entre les personnages au plateau.
Une pièce complexe, dérangeante, et dont on ressort ébranlé, la tête pleine de questions
auxquelles l’auteur, fort heureusement, n’offre pas de réponses. Servi par une mise en
scène sobre et efficace, par de remarquables comédiens et une excellente traduction, le
texte de Dennis Kelly mérite que l’on s’y attarde.
Renseignements pratiques
Occupe-toi du bébé
de Dennis Kelly
mise en scène d’Olivier Werner avec Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie
Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez
du 8 janvier au 5 février 2011
tarifs : de 13 à 27€
réservations : au 01 44 62 52 52 ou sur www.colline.fr
Puis en tournée au Préau CDR de Basse Normandie – Vire du 9 au 11 février 2011
marsupilamima.blogspot.com
28 Janvier 2011
Théâtre: occupe toi du bébé à la Colline
Le ton est donné dès l'entrée, on lit " Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et
de correspondances. Rien n’a été
ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les
noms n’ont pas été changés."
Une femme parle, son visage en gros plan est filmé et apparaît sur un écran vidéo en fond de scène.
Puis, une autre femme parle, filmée elle aussi. Elles parlent chacune leur tout à
un interlocuteur invisible, pas entre elles.
Il faudra un certain temps pour comprendre qu'il s'agit de la mère, Lynn Barrie et de la fille, Donna.
D'autres personnes interviennent aussi, toujours face à la caméra. Un médecin, en p,articulier. Et un
autre homme qui lui refuse, longtemps. Le puzzle se met en place, la première femme, accusée
d'infanticide sur ses deux enfants, vient de sortir de prison. L'autre est sa mère, une femme qui s'est
lancée dans la politique et qui voit sa carrière compromise. Celui qui ne veut pas parler est le père des
enfants.
Mais, ce n'est pas du théâtre documentaire. C'est une pièce de théâtre. L'anecdote n'a pas eu lieu,
c'est une intrigue et une intrigue qui va bien au-delà des récits des uns et des autres, car ce qui en
question au fond, c'est le principe de base: pourquoi filmer ces gens? Pourquoi acceptent-ils de se
confier à un inconnu muni d'une caméra? Comment peut-on ainsi se vautrer en public? Est-ce
obscène? Nécessaire? Absurde? Négligeable?
Il ne s'agit pas non plus d'entamer une réflexion sur les reality shows, sur les docus ( fiction ou pas). Il
s'agit tout simplement de théâtre La pièce de Dennis Kelly est construite au fur et à mesure d'une
progression dans le temps, dans les confessions, et de ce qui tourne autour: la carrière politique de la
mère, la carrière professionnelle du médecin qui s'est occupé de la jeune femme. La seule qui
n'évolue pas, c'est elle, Donna. Si le documentariste est totalement absent au début, il va intervenir de
plus en plus, par ses questions, impassible mais avec tous les tics que l'on apprend dans les écoles:
faire répéter la question par la personne que l'on questionne (puisque les questions seront coupées
au montage), lui demander de resituer ses réponses dans le contexte quitte à se redire etc. Des
techniques d'entretien qui peuvent aussi déstabiliser les discours les mieux préparés...
Et comment mettre en scène quelque chose qui ressort de l'audiovisuel, qui y renvoie en
permanence? Olivier Werner joue avec les deux en permanence, l'écran n'est jamais vide même s'il
ne reflète pas toujours ce qui est dit sur scène. L'écran permet ces gros plans sur les visages que l'on
ne peut que deviner au théâtre, la fatigue, l’énervement, la joie, l'angoisse, éclatent. Parfois, l'écran ne
fait qu'illustrer un moment, autre chose, une contradiction, un malaise.Les deux comédiennes surtout
sont admirables.
C'est extrêmement intéressant pour le spectateur qui se trouve aussi privé de ses émotions
habituelles, empathie ou non avec les personnages, révolte, inquiétude, envie de porter un jugement.
Même si tout se déroule avec le calme nécessaire au travail du supposé documentaire, on avance
trop vite, on se prend trop de portes ouvertes ou refermées , pour se faire une idée ferme et définitive
sur ce qui est dit, montré etc. Mais en ce qui concerne le spectacle, on en ressort assez fasciné.
Photos E. Carecchio.
www.britishcouncil.org
28 Janvier 2011
Crédit photo : Élisabeth Carecchio
« Occupe-toi du bébé » de Dennis Kelly
Au Théâtre de la Colline à Paris
Une femme est sous enquête. Ses deux enfants sont morts. Mais comment ? Un reporter
invite la mère à témoigner devant la caméra pour mettre les choses au clair. Nous sommes
sur un plateau de télévision, dans le décor du studio, et sur le grand écran on voit apparaître
l’image de l’accusée. Elle commence à parler, à raconter son histoire en déroulant les fils de
sa mémoire.
Dennis Kelly est l’un des auteurs les plus représentatifs du « new writing » britannique et du
« théâtre verbatim », cette forme dramatique qui se rapproche du documentaire en exploitant
des extraits de rapports de police, d’émissions télévisées ou d’enquêtes parlementaires. Le
théâtre verbatim emprunte son langage à celui des formalités administratives, même si sa
nature factuelle ne nous permet pas forcément d’entrevoir la vérité, puisque la réalité est
toujours beaucoup plus complexe qu’elle n’y paraît. Dennis Kelly poursuit un travail d’écriture
dans la même veine que le théâtre social réaliste de Sarah Kane, Caryl Churchill ou Mark
Ravenhill, reconnu pour son caractère parfois provocateur et son désir d’aborder des sujets
brûlants d’actualité.
Ce que la pièce dévoile, c’est l’intérêt parfois excessif que nous témoignons envers ces faits
divers qui hantent la télévision et les journaux. Nous souhaitons connaître toute la vérité,
mais à quel prix ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour découvrir ce qui se dissimule
derrière le mensonge ? C’est tout l’art du théâtre de Dennis Kelly : parler du vrai et du faux
en interrogeant la réalité, tout en laissant en suspens des questions qui resteront toujours
sans réponse.
Dans le cadre de cet événement, le British Council, en partenariat avec la SACD et le
Théâtre de la Colline, organise une rencontre intitulée Nouvelles écritures théâtrales :
perspectives franco-britanniques en présence de l’auteur, Dennis Kelly, des traducteurs
de la pièce, Philippe Le Moine et Pauline Sales, également auteur, ainsi que du metteur en
scène, Olivier Werner. Le débat aura lieu au Théâtre de la Colline à l’issue de la
représentation du mardi 1er février 2011.
« Occupe-toi du bébé » de Dennis Kelly est présenté au Théâtre de la Colline dans une
mise en scène d’Olivier Werner, avec Aurélie Edeline, Vincent Garanger et Olivia Willaumez.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur colline.fr.
Pour en savoir plus au sujet de la pièce
La critique du journal Le Monde : Dennis Kelly, révélation d’un dramaturge anglais
La critique de Rue89 : Pogrom ou infanticide, le leurre du théâtre documentaire
sites.radiofrance.fr
28 Janvier 2011
Laure Adler
Vendredi 28 janvier 2011
Invités : Olivier Werner, Aurélie Edeline, Rayhana et Jean-Louis Martinelli
Aurélie Edeline et Olivier Werner
pour le spectacle Occupe-toi du bébé au Théâtre National de la Colline jusqu'au 5 février, puis au
Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie (à Vire) du 9 au 11 février.
Texte de Denis Kelly / traduction Philippe Le Moine et Pauline Sales
Mise en scène; Olivier Werner
Avec: Jean-Perre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier
Werner et Olivia Willaumez
Un dramaturge invite sur scène les acteurs d’un fait divers. Donna, jugée irresponsable d’un double
infanticide, a été relaxée. Le jugement rendu, Kelly enquête, interroge en direct : certains témoins se
souviennent en public, d’autres ont écrit ou accepté d’être filmés. Chacun parle à la lueur de sa propre
perception et de ses intérêts : la mère de Donna qui se présente aux élections locales, le Dr Millard
qui espère voir reconnu le syndrome de Leeman-Ketley qu’il a mis à jour et observé chez Donna,
Martin, mari de Donna, qui refuse de parler et menace Kelly de poursuites judiciaires. Seule Donna
paraît ne pas avoir conscience des enjeux de sa mise à nue en public. Témoignages réels ou fiction ?
Dans Occupe-toi du bébé, la vérité n’a pas vraiment d’importance : l’aptitude de chacun à présenter
les faits à sa manière prime sur une objectivité impossible. Dennis Kelly explore les mécanismes de la
fiction-réalité. Olivier Werner, metteur en scène et acteur, interroge : au-delà de toute représentation,
mais dans la vie même, quels sont les enjeux du témoignage public? Alors que la représentation de
soi-même n’a jamais autant fait recette, quand l’attrait de la rédemption médiatique est si fort,
comment ne pas céder aux sirènes de la représentation?
Photo : © Elisabeth Carecchio
Théâtre National de la Colline
Rayhana
pour le spectacle A mon âge, je me cache encore pour fumer, à la Maison des Métallos jusqu'au 29
janvier et en tournée (voir ci-dessous). Et le livre Le prix de la liberté paru début janvier aux éditions
Flammarion.
Texte de Rayhana
Mise en scène Fabian Chapuis
Avec: Marie Augereau, Géraldine Azouélos, Paula Brunet Sancho, Linda Chaïb, Rébecca Finet,
Catherine Giron, Maria Laborit, Taïdir Ouazine et Rayhana
Une tragi-comédie qui rassemble neuf femmes d’âges et de conditions différentes dans un hammam à
Alger, à la fin des années noires (années 90). Les regards et les points de vue s’y croisent, dans le
dévoilement violent, ironique, drôle et grave des silences refoulés des femmes.
Peu à peu se révèlent leurs destins particuliers, dévoilant la violence politique, sociale et sexuelle
d’une Algérie en proie à la corruption et à la misère.
Neuf femmes, neuf destins entre rébellion, rêve ou soumission, réunis au cœur de la matrice, le
hammam, où le combat se panse entre secrets et exaltation, pleurs et fous rires.
Maison des Métallos
Jean-Louis Martinelli
pour Ithaque jusqu'au 12 février au Théâtre Nanterre-Amandiers (du mardi au samedi à 20h, le
dimanche à 15h30)
Texte:Botho Strauss. Traduction: Pascal Paul-Harang
Mise en scène:Jean-Louis Martinelli
Avec: Charles Berling, Ronit Elkabetz, Clément Clavel, Jean-Marie Winling, Grétel Delattre, Sylvie
Milhaud, Xavier Boiffier, Dimitris Daskas, Pierre Lucat, Nicolas Pirson, Pierre-Marie Poirier,
Alessandro Sampaoli, Guillaume Séverac-Schmitz, Nicolas Yalelis, Joachim Fosset, Ninon Fachard,
Caroline Breton, Adrienne Winling, Anne Rebeschini, Céline Balestra, Victoria Camargo, Aurélie
Nuzillard, Marine Reiland, Basile Boisseau
Après vingt ans d’absence, Ulysse est de retour dans sa patrie. Les Phéaciens ont déposé l’homme
loqueteux sur les rivages d’Ithaque. Fatigué de ses errances et en mal du pays, il se plaint de son
sort.
Pallas Athéna en personne lui ouvre les yeux sur le lieu où il se trouve, sur la côte d’Ithaque, et elle
l’éclaire sur la situation dans laquelle se trouve son royaume. D’innombrables prétendants se sont
installés dans le palais chez sa femme Pénélope et demandent sa main, un amas confus de parasites
qui dévorent le trésor d’État et corrompent les mœurs. Pour eux, il est clair que le roi est mort depuis
longtemps ; et ce n’est qu’une question de temps avant que Pénélope se décide pour l’un d’eux.
Outre l’intérêt de redonner au public l’approche d’un des grands textes fondateurs de la littérature, à
partir d’un des plus grands dramaturges contemporains, cette pièce offre un réseau de
questionnements particulièrement riche : comment sortir d’un conflit ? Quelle est la place de la
responsabilité individuelle ? Qu’est-ce qu’un héros ? La survie est-elle toujours liée à la trahison ? La
vengeance serait-elle légitime ? Jusqu’où être fidèle et la fidélité est-elle un frein à l’action ?
L’existence des pères menace-t-elle celle des fils ?
Théâtre Nanterre-Amandiers
Agenda
Occupe-toi du bébé
du 08 janvier au 05 février
infos pratiques : Théâtre National de la Colline
le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21h et le dimanche à 16h
Occupe-toi du bébé
du 09 février au 11 février
Le Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, à Vire
http://www.lepreaucdr.fr/index.php
Programmation musicale
•
•
•
> Hubert Felix Thiéfaine : La Ruelle des Morts
> The Temptations : I'm too proud to beg
> Boubacar Traoré : Minuit
Le générique de l'émission
"Rebellion" par Arcade Fire
Label : Pias
www.ruedutheatre.eu
28 Janvier 2011
Théâtre - Paris
Occupe toi du bébé
Le jeu du "Je"
Pourquoi la jeune maman Donna a laissé mourir ses deux très jeunes enfants ? Le metteur
en scène Olivier Werner ouvre la boîte du théâtre d'enquête, de reportage. Un jeu de la
vérité qui joue au cache-cache et au trompe l'œil. Passionnant.
Selon le dictionnaire Le Petit Robert, « reproduire un discours verbatim » revient à faire
entendre ou lire ce discours « selon les termes exacts ». Autrement dit, un verbatim est la
transcription écrite, mot à mot, d'un discours ou d'un échange oral. Ce préliminaire n'a pour
autre ambition que de prévenir le spectateur de la pièce du Britannique Dennis Kelly,
« Occupe-toi de bébé », mise en scène par Olivier Werner actuellement à l'affiche au théâtre
de La Colline. Car nos voisins d'outre-Manche sont particulièrement friands, dit-on, de ce
qu'ils appellent le « théâtre verbatim », un théâtre donc porté par des mots authentiquement
échangés.
On devine le piège derrière ces « jeux de la vérité » qui cherchent à s'éloigner du théâtre
documentaire où l'on raconte une histoire (on pense à Robert Hossein). Le théâtre n'est-il
pas avant tout le lieu des artifices, de l'illusion ? Quoiqu'il en soit, il y a trompe-l'œil (et
oreille), et le « Je » du théâtre verbatim est un ou une autre. Cela dit, le succès de ce théâtre
ne fait que refléter nos sociétés surmédiatisées qui se gargarisent de reconstitutions
d'événements par le truchement d'effets technologiques divers, des images télé aux décors
artificiels.
Voilà donc un enquêteur, Dennis Kelly, que l'on entend mais ne voit pas pendant une grande
partie de la pièce. Il veut tout comprendre d'un fait divers terrible à savoir un double
infanticide dont la jeune mère -Donna- a été jugée irresponsable par la justice. Donna a une
mère, Lynn Barrie, une 'vraie' politicienne en pleine campagne électorale du côté travailliste
(au début). Donna a un mari, Martin McAuliffe. D'autres personnages sont impliqués dans
cette histoire, comme le Docteur Millard découvreur auto-proclamé du syndrome de LeemanKetley qui expliquerait le comportement de Donna, etc...
Toute cette enquête (pas loin d'être policière) se déroule sur scène à coup d'interrogatoires
devant caméra avec images projetées sur grand écran en direct, ou de reportages
enregistrés sur la campagne politique de la mère que l'on peut suivre aussi sur écran télé. Il
y a clairement un désir de creuser l'intimité des personnages, de les pousser dans l'aveu ...
ou le mensonge.
C'est passionnant. Le désir de faire « évènement » (notamment l'interrogatoire étonnant de
Donna au milieu de quelques chaises, bancs, tables basses dans un espace sombre,
métallique, façon commissariat) est évident. On peut reprocher le côté « vous êtes les
témoins de... » d'être parfois un peu trop appuyé. Mais la qualité des comédiens emporte le
morceau. Ils sont vraiment convaincants dans des rôles assez casse-pipes. On devrait tous
les citer mais coup de chapeau particulier à Aurélie Adeline (Donna) et Olivia Willaumez
(Lynn Barrie) et à Maria Masquelier pour la création vidéo.
Jean-Pierre BOURCIER, Paris
Paris Du 08/01/2010 au 05/02/2010 à mardi 19h, mercredi au samedi 21h, dimanche
16h Théâtre National de La Colline 15 rue malte-Brun, 75020 Paris. Téléphone : 01
44 62 52 52. Site du théâtre
Plein tarif 27€, moins de 30 ans et demandeurs d'emploi 13€, plus de 60 ans 22€, le
mardi 19€
Tournée : Préau CDR de Basse-Normandie/Vire du 9 au 11 février 2011
Occupe toi du bébé de Dennis Kelly
Mise en scène : Olivier Werner
Avec : Jean-Pierre Becker, Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici,
Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez
Scénographie : Olivier Werner, Jean-Pierre Gallet
Création et régie vidéo : Marina Masquelier
Son : Fred Bühl
Lumière : Kévin Briard
Costumes : Dominique Fournier
Assistante mise en scène : Marie Lounici
Traduction de l'anglais : Philippe Le Moine et Pauline Sales
Construction du décor : Les ateliers du Préau
Durée : 2h Photo : © E. Carecchio
Texte paru à L'Arche Editeur
www.artistikrezo.com
Date : 28/01/11
Occupe-toi du bébé - Théâtre de la Colline
Audrey Chaix Théâtre - Théâtre contemporain
Jusqu'au 5 février 2011
Théâtre National de la Colline
Crédit photos : Elisabeth Carecchio
Tout commence avec cynisme. S'occuper du bébé ? A quoi bon, puisque le bébé, les bébés
sont morts. Ne restent que leurs parents, leur grand-mère, et tous ceux qui tentent de
comprendre les ressorts du drame.
La mère, Donna, a passé quatorze mois en prison pour le double infanticide de ses enfants.
Relaxée faute de preuves, elle est la première à se confier devant l'oeil inquisiteur de la caméra,
à la demande de l'auteur, Dennis Kelly, interprété par le metteur en scène, Olivier Werner.
Ainsi commence la spirale infernale de la dissection d'un fait divers particulièrement macabre.
Évaluation du site
Ce webzine diffuse une actualité culturelle large (cinéma, musique, théâtre...). Le site diffuse en
outre des chroniques et des annonces des événements à venir.
Cible
Grand Public
COLLINE / 6179363
Dynamisme* : 8
* pages nouvelles en moyenne sur une semaine
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
Occupe-toi du bébé est conçue selon les codes du théâtre verbatim, apparu au Royaume-Uni
dans les années 1990.
Il a pour caractéristique de négliger la fiction, pour ne rapporter que des faits authentiques.
Et c'est ce que semble faire Dennis Kelly : "ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir
d'entretiens et de correspondances. Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés
même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n'ont pas été changés…", est-il écrit sur
l'écran qui surplombe le plateau au début de la pièce. Et réapparaît une deuxième fois.
Puis une troisième. Et à chaque nouvelle apparition, les lettres se déplacent subrepticement,
transformant l'affirmation de vérité en véritable charabia.
Car ce prétendu documentaire n'est en fait que fiction, inspirée de faits réels, certes, mais tout
droit sortie de l'imagination de Kelly. Rien de tout cela n'est vrai. Mais alors, qu'en est-il du degré
de vérité de ce que disent les personnages ?
Donna a-t-elle tué ses enfants ? Son mari pense que oui. Sa mère, qui refuse de se prononcer
sur la question, pense que oui. Donna dément avec rage. En retrait derrière sa caméra ou dans
les gradins, l'auteur, intelligemment interprété par le metteur en scène ne prend pas parti, et le
public le suit.
Car au fond, ce qui importe, ce n'est pas de connaître la vérité, mais de décortiquer le
comportement de chaque protagoniste, selon qu'il se croit en représentation ou loin des
caméras.
Ainsi se met en place un jeu subtil entre les différents espaces de la représentation : le plateau,
dédoublé par la présence d'une caméra qui filme les acteurs en gros plan et les projette en
temps réel sur un grand écran.
Chaque expression du visage est ainsi magnifiée, et les comédiens transmettent à leur
personnage un écrasant sentiment d'auto-contrôle. La présence de la caméra disparaît
progressivement, les questions sont posées par l'auteur sans intermédiaire. Les personnages
se dévoilent peu à peu, perdent cette maîtrise d'eux-mêmes pour révéler les doutes qui les
animent.
Donna laisse la folie l'envahir, sa mère se met à douter d'elle-même. Au contraire, le mari de
Donna, Martin, accepte alors de répondre aux question de l'auteur. Même le psychiatre, figure
COLLINE / 6179363
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
d'autorité et de savoir, montre ses failles - la théorie scientifique qui lui a permis d'identifier le
mal dont, selon lui, souffre Donna, s'effondre comme un château de cartes.
A cet espace scénique répond un espace hors plateau : des scènes tournées a priori, en dehors
de la représentation théâtrale, sont projetées sur l'écran.
On y voit Lynn Barrie, la mère de Donna, femme politique, partir en campagne dans sa
circonscription, du porte à porte à l'investiture.
Si ces scènes permettent de porter un regard critique sur les pratiques politiciennes et
l'utilisation de la vie privée à des fins électorales, elles semblent former le point faible de la
pièce : l'attitude de Lynn est si caricaturale que l'analyse en devient grossière, loin de la finesse
des relations entre les personnages au plateau.
Une pièce complexe, dérangeante, et dont on ressort ébranlé, la tête pleine de questions
auxquelles l'auteur, fort heureusement, n'offre pas de réponses. Servi par une mise en scène
sobre et efficace, par de remarquables comédiens et une excellente traduction, le texte de
Dennis Kelly mérite que l'on s'y attarde.
Audrey Chaix
enjoy the theatre
Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène d'Olivier Werner avec Jean-Pierre Becker,
Aurélie Edeline, Vincent Garanger, Marie Lounici, Anthony Poupard, Olivier Werner, Olivia
Willaumez
du 8 janvier au 5 février 2011
tarifs : de 13 à 27€réservations : au 01 44 62 52 52 ou sur le site du théâtre
puis en tournée au Préau CDR de Basse Normandie - Vire du 9 au 11 février 2011
Théâtre National de la Colline 15 rue Malte - Brun 75020 ParisMétro Gambetta
www.colline.fr
COLLINE / 6179363
copyright © 2009, Argus de la presse Tous droits réservés
29 JAN/04 FEV 11
Hebdomadaire Paris
OJD : 633559
Surface approx. (cm²) : 263
N° de page : 71
6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF
75212 PARIS CEDEX 13 - 01 55 30 55 30
Page 1/1
La chronique de Fabienne Pascaud
Le théâtre dégoupillé
La belle semaine de théâtre, riche de
spectacles qui décapent la pensée... Il
fallait une certaine audace pour fusiller
avec tant d'humour mauvais les
entreprises culturelles françaises
subventionnées au sein même d'une
entreprise culturelle française
subventionnée ! Et que les nonspécialistes ne s'affolent pas : la
jubilatoire Conférence de Christophe
Pellet dépasse le système théâtral qu'elle
décortique avec rage. C'est à l'esprit
français lui-même et à ses «quatre
principes, principes inhérents à la société
française : vexations, dénonciations,
collaborations et dissimulations» que s'en
prend en effet le dramaturge, avec une
fureur digne d'un Thomas Bernhard en
croisade contre l'Autriche. Selon Pellet,
cet esprit-là, fier de lui-même, imbu de
nationalisme, a mortellement contaminé
l'Europe dès Louis XIV, y provoquant
jusqu'au XXe siècle les horreurs que l'on
sait. Et la société théâtrale financée par
le ministère de la Culture en est le
désastreux reflet avec ses lâchetés, son
conformisme bien-pensant, son respect
de la hiérarchie, son mode geignard et
ses agitations stériles, que symbolise si
bien son président. D'une modeste
conférence sur l'art dramatique national,
Pellet fait un drôlissime constat de l'Etat
français. L'exercice est brillant et d'une
écriture hypnotique. D'autant qu'il y a du
Artaud halluciné dans la diction rapide,
sonore et incantatoire, qu'adopté le
metteur en scène et interprète Stanislas
Nordey, quasi suicidé ici de la chose
scénique française. Règle-t-il des
comptes avec sa propre expérience du
circuit subventionné ? Mince silhouette
noire au regard incendiaire, il est
magnifique en imprécateur visionnaire
de nos turpitudes culturelles étatiques.
Jamais réactionnaire - trop douloureux,
trop sincère pour ça -, le spectacle pose
juste cette terrible question : comment
en est-on arrivé là ?
Aller voir des artistes anglais redonne
espoir. La manière dont Dennis Kelly,
40 ans, pratique ce théâtre
«documentaire» si prisé dans son pays
donne par exemple un extraordinaire
coup de fouet. A partir d'un fait divers
(un double infanticide), l'auteur met en
scène sa propre enquête auprès des
COLLINE
2476396200504/GBM/OTO/2
DANS "LA CONFÉRENCE", STANISLAS NORDEY
FUSILLE LA SCÈNE SUBVENTIONNÉE. PROVOC ?
protagonistes, imagine de les filmer en
gros plan pour mieux traquer leur vérité.
Mais tout devient mensonge dans cette
prétendue leçon de réel, où chacun avoue
et se cache, se livre et trompe. Parce
qu'on ne sait pas soi-même où est le vrai,
et parce que le vrai lui-même sans doute
n'existe pas. De la réalité, Kelly fait un
labyrinthe angoissant, où le doute reste
plus fort que tout, et la trahison de soi,
permanente. Sobrement mis en scène par
Olivier Werner, interprété avec une force
saisissante par une distribution aiguë,
Occupe-toi du bébé est un spectacle à la
violence intérieure explosive. Les points
de vue s'y mêlent jusqu'au vertige;
comment donc appréhender
objectivement le monde?
Par la farce. Comme y invite Dan Jemmett
dans l'irrésistible Comédie des erreurs, de
Shakespeare, qu'il monte avec un esprit
potache dévastateur. Si cette œuvre
de jeunesse repose sur des quiproquos
et imbroglios faciles, le metteur en scène
en fait une fête de théâtre iconoclaste
sur fond de baraques-cabinets, de disco,
de bière, d'hystérie déjantée. Alors cette
folie-là, pas geignarde, pas complaisante,
à l'opposé de ces spectacles français
ordinaires que fustige La Conférence,
rend vif, corrosif, réveille. Donne envie
d'affronter et de narguer le monde.
*** La Conférence de Christophe Pellet mise
en scène Stanislas Nordey, jusqu'au 30 janvier
au Théâtre du Rond-Point, Pans 8e
Tel 01-44-95-98-21
*** Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en
scène Olivier Werner, jusqu au 5 février au Théâtre
national de la Colline, Pans 20" Tel 01 44-62-52-52
*** La Comédie des erreurs, de William
Shakespeare, mise en scène Dan Jemmett,
jusqu au 12 février au Théâtre des Bouffes
du Nord, Paris 10e Tel 01-46-07-34-50
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
www.telerama.fr
30 Janvier 2011
Un metteur en scène, une pièce
Lever de rideau (10)
Lever de rideau (10) : Olivier Werner
monte “Occupe-toi du bébé”
LE FIL ARTS ET SCÈNES - Un double infanticide a eu lieu. En scène, les acteurs du
drame. “Occupe-toi du bébé”, du britannique Dennis Kelly interroge le traitement des
faits divers par les médias. Du théâtre documentaire, un genre nouveau, très prisé en
Grande-Bretagne explique Olivier Werner, qui la met en scène actuellement au
théâtre de la Colline.
Dispositif singulier dans la petite salle du Théâtre de la Colline : un dramaturge
enquête sur un fait divers tragique, un double infanticide. Il recueille la parole des
acteurs du drame : l'accusée, le médecin très médiatique qui a diagnostiqué le
trouble mental, etc. Olivier Werner met en scène - et co-interprète - Occupe-toi du
bébé, pièce glaçante d'un auteur anglais de 40 ans, Dennis Kelly, pure fiction l'infanticide en question n'a pas existé - pour s'interroger sur les faits divers et leur
traitement par les médias. Explications.
Pourquoi ce texte ?
Parce que c'est une commande ! En l'occurrence du Centre Dramatique Régional de
Vire, de Pauline Sales et Vincent Garanger, avec qui j'avais déjà travaillé. Ils ont
découvert cette pièce il y a un peu plus d'un an, ils cherchaient un metteur en scène,
ils ont pensé à moi. Je ne connaissais pas Dennis Kelly, je l'ai rencontré à Londres.
Sa pièce appartient à un genre prisé là-bas, le « théâtre documentaire », ou le «
théâtre-verbatim », comme on l'appelle aussi. C'est un genre qui interroge l'écriture
contemporaine et le théâtre a besoin de ces courants, voire de ces modes, pour se
renouveler. J'étais intéressé par la réflexion qu'offre la pièce sur la médiatisation des
faits divers, comment les médias nous font entrer en empathie avec des gens aux
heures les plus noires de leur vie, et aussi notre propre voyeurisme. Et cela passe
par une langue très travaillée, hyper-réaliste, ou chaque mot, chaque grattement de
gorge est précisément indiqué. J'ai déjà travaillé sur des monologues. Ici, on n'est
pas dans un théâtre didactique ou idéologique, où chaque personnage a un projet,
un objectif à défendre. Ce sont plutôt des gens qui sont pris par la parole, celle-ci
ayant une dimension cathartique. La parole fabrique la personne, et pas l'inverse.
Pourquoi ces comédiens ?
Certains sont des permanents de la troupe du Centre de Vire ; et puis d'autres avec
qui j'avais envie de travailler. Je tenais, par exemple, à Olivia Willaumez, dont je
savais qu'elle est bilingue. Il y a ainsi dans le spectacle, via la vidéo, une trace de la
version originale. Il y a deux types de jeu : les parties filmées et le parler théâtral en
direct. Dans le premier cas, le jeu est plus retenu, l'acteur doit vivre intensément la
scène et se laisser voler des moments d'intimité ; dans le second, c'est une langue
très expansive, comme une tache sur un buvard : on prend la parole, et la tache
s'étend, on ne sait pas où elle va s'arrêter. Rien de ce qui est dit n'est le fruit d'une
pensée organisée. Il s'agit pour les personnages, la plupart du temps, d'évoquer des
souvenirs, et la douleur du souvenir peut être tellement présente que la manière de
la raconter sera aléatoire, hachée. C'est une langue du déchet.
Un principe de mise en scène ?
J'en ai eu un auquel j'ai dû renoncer. Je voulais mettre le public devant un écran. Les
acteurs joueraient en direct, dans différents décors, mais on ne les verrait que par la
vidéo. Parce que je pense que cette pièce est un faux docu-fiction. Et puis je me suis
heurté à une sorte d'impasse juridique : c'est du théâtre vivant, donc il faut qu'on voie
le corps des acteurs... J'ai donc choisi un espace générique qui laisse imaginer qu'on
est dans un studio d'enregistrement où l'auteur, Dennis Kelly, recueille de la parole.
Tout est censé se passer en huis clos : il ne faut pas que les acteurs soient mis en
présence les uns des autres, pour ne pas créer une psychologie de plateau, avec
des réactions à ce qui est dit...
Un maître, une référence, dans votre parcours de metteur en scène ?
Non, je suis acteur et metteur en scène en même temps, j'ai été amené à travailler
avec des gens extrêmement différents, et mes références vont de Francis Perrin à
Claude Régy ! Je n'appartiens à aucun courant, je serai bien incapable de dire qui
sont mes pères de théâtre.
A quoi sert le théâtre ?
A gagner sa vie, c'est un métier comme un autre. Je le dis sans ostentation, et en
plus, je ne suis pas loin de le penser.
Occupe-toi du bébé, de Dennis Kelly, mise en scène d'Olivier Werner.
Jusqu'au 5 février au Théâtre de la Colline, 01 44 62 52 52 ; du 9 au 11 février au
Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, à Vire, Calvados, 02 31
66 16 00
Aurélien Ferenczi
FEV 11
Mensuel
OJD : 79345
Surface approx. (cm²) : 258
4 AVENUE DE CORBERA
75012 PARIS - 01 53 02 06 60
Page 1/1
crfriQue u
OCCUPE-TOI DU BÉBÉ
L'AUTEUR BRITANNIQUE DENNIS KELLY DÉTOURNE LES CODES DU THÉÂTRE
DOCUMENTAIRE POUR RÉVÉLER LES JEUX TROUBLES ENTRE FICTION ET
RÉALITÉ, CONFESSION ET VÉRITÉ. UNE RÉFLEXION SUR LA REPRÉSENTATION
REMARQUABLEMENT SERVIE PAR LA MISE EN SCÈNE D'OLIVIER WERNER ET
LES ACTEURS.
« Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à par-
tant de tabloïds En confrontant le témoignage au
tir d'entretiens et de correspondances Rien n'a
théâtre espace de la fiction, Dennis Kelly trouble la
été ajoute et les mots utilisés sont ceux employés
crédibilité de la parole et le pacte de croyance qui
même si certaines coupes ont pu être fe/fes •> avertrt
lie la scène et la salle II révèle l'ambiguïté de cha-
la première didasoalie « Rien de ceci n est vrai »
que protagoniste qui use aussi de la confession
affirme pourtant la quatrième de couverture de l'édi-
et de la compassion comme posture médiatique et
tion anglaise de Occupe-toi du bébé Que croire'
représentation de soi Justice, science politique
C'est précisément la question que creuse la pièce
médias, famille, individu, théâtre
de Dennis Kelly Lauteur britannique a fabrique de
cours se fendillent dans ce jeu de la venté ou finit
toute imagination un théâtre documentaire, une
par poindre la duplicité des intérêts -II y a la vérité
tous les dis-
Le metteur en scène Olivier Werner met en abyme le dispositif de confession télévisuel.
* piece Verbatim » pour reprendre l'expression en
ef ce que les gens croient être la vente, tout est
vogue outre manche en s'inspirant de plusieurs
question de point de vue » Dans le rôle de Dennis
cas d'infanticides qui secouèrent la Grande-Bre-
Kelly le metteur en scène Olivier Werner dirige les
tagne en 2007 Maniant les techniques journalis-
interviews et dévoile avec subtilité les revers du
tiques, il mené l'enquête et interroge les acteurs
de cette histoire sous prétexte de trouver la venté
comportement et de la sincérité des uns comme
des autres par un dispositif scénique qui reprend
Face a la caméra qui renvoie l'image en direct sur
grand écran, se succèdent Donna, accusée de
les codes télévisuels tout en montrant le horschamp Telle démarche supposait des comédiens
meurtres après la mort de ses enfants en bas-âge
d'une parfaite justesse Tous se glissent dans les
mais finalement relaxée faute de preuve, Lynn sa
mère, habile politicienne, écartée du Parti travailliste
mailles de leur rôle avec un naturel déroutant,
prouvant le pouvoir du théâtre de faire advenir la
par cette sale affaire, qui se lance seule dans la
complexité du réel par l'illusion
campagne électorale et entend faire triompher la
Gwénola David
luste cause, le Docteur Millard, psychiatre qui a
identifié un syndrome « Leeman-Ketley » poussant
des femmes à tuer par trop forte empathie
JEU DE LA RÉALITÉ
Seul Martin, mari de Donna, se refuse à repondre
et dénonce l'obscénité de cette curiosité qui prend
la souffrance d autrui comme sujet à l'instar de
COLLINE
6476407200505/GOA/ACR/2
Occupe-toi du MM de Dennis Kelly, mise en scène
d'Olivier Wemer. Jusqu'au 5 février 2011, sauf mardi
à 19h à 21h, dimanche à 16h, relâcha lundi Théâtre
national de la CoHIne, 15 me Malte-Brun, 75020 Paris.
Rens. 01 44 62 52 52 et www colUne.fr Durée 2h.
Le texte a paru è L'Arche Éditeur Puis du 9 MI 11
février 2011, U Préau COR de Basse-Normandie, vire.
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
FEV/MARS 11
THEATRAL
Bimestriel
4 RUE ARMAND MOISANT
75015 PARIS - 09 50 27 41 60
Surface approx. (cm²) : 667
Page 1/2
rtraitsI
Le Vrai Sang à l'Odéon
i/rv é/o/1/v o/ V nv CL ty as & v n
Etre un instant hors de l'idéologie humaine, voir concrètement comme Dieu et les bêtes, voir d'un trait"
Voilà pour la vision profonde Maîs le poète, qui a fait de
Louis de Funès le modèle moderne de l'acteur, secoue
de rires son étrange univers qui ressemble à une gratte
préhistorique où l'être humain se mettrait à inventer le
parole et le dialogue Novarina aime le cirque, le cabaret, les clowns, les gugusses Et il y a beaucoup de pitreries - burlesque des mots et burlesque du jeu - dans sa
nouvelle piece Le Vrai Sang dont la création constitue
l'événement central du cycle qui lui est consacré
une
série de personnages étranges vont et viennent tels des
alere
Novarina
farceurs qui seraient aussi des philosophes Certaines
Poète, penseur et pitre
dique le droit à la satire : "il y a des scènes où je me moque
scènes prennent directement pour cibles l'actualité et
les hommes politiques Frédéric Mitterrand y est même
cité comme roi de la formule creuse ("Ne faisons plus de
l'art pour tous maîs de l'art pour chacun"} Novarina revendu langage des médias Encore ' Je continue C'est un peu
priori traduisible, il est traduit dans quinze
comme les médecins chez Molière Tel qu'il est utilisé, le lan-
langues. Valère Novarina est le phénomène du
gage est dangereux On me reprochera peut-être de me
théâtre français : ce qu'il fait ne ressemble à aucun
répéter, maîs les télés sont toujours là "
autre théâtre. Il y un univers, un langage, une étran-
Le Vrai Sang, écrit et mis en scène par Valère Novarina, avec
Gilles Costaz
geté Novarina. L'Odéon-Théâtre de l'Europe l'a choisi
Agnès Sourdillon, Nk
5 Struve, Manuel Le Lièvre, Olivier
comme auteur européen de l'année. Une série d'événements ont eu lieu à l'intérieur d'un cycle qui
s'achève par la création d'une nouvelle pièce mise en
scène par l'auteur, Le Vrai Sang.
Né à Genève maîs de nationalité française, Valère
Novarina est un enfant de la Haute-Savoie C'est là qu'il
part souvent pour écrire dans un chalet sans électricité,
non lom des animaux avec lesquels il a sans cesse un dialogue très secret. L'animalité de l'homme, de l'acteur,
du langage, c'est l'une de ses obsessions N'a-t-il pas
écrit un Discours aux animaux qui s'adresse en réalité à
l'humanité
7
Dans la vie quotidienne, l'homme est, au
contraire de l'image fruste qu'on se formerait hâtivement, doux, courtois, raffiné, songeur. Il pèse chacun de
ses mots, pour nejamais être banal et inexact "J'aipeutêtre eu, très tôt, quelque chose comme la volonté d'enlever
le théâtre au roman et le rendre à la poésie, de l'arracher
aux ballets, aux arguments et le rendre à la danse, d'en
finir avec /es récits, les pantomimes — et peut-être de parvenir à la vivacité du ballet sans argument, au drame pur
de l'espace, dit-il. La vraie catastrophe est grammaticale
Se tenir au plus proche de la tragédie, de la comédie respirée Un "théâtre sans représentation " qui nous permettrait
de voir un instant autrement qu'avec nos yeux d'hommes.
COLLINE
0537207200501/GJD/OTO/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
FEV/MARS 11
THEATRAL
Bimestriel
4 RUE ARMAND MOISANT
75015 PARIS - 09 50 27 41 60
Surface approx. (cm²) : 667
Page 2/2
I
I avait déjà joué François Mitterrand dans le téléfilm de
Serge Moati, Mitterrand à Vichy, en 2007. Dans Hitch
Hitch au Lu ce rn a i re
de Alain Riou et Stéphane Boulan mis en scène par
Sébastien Grall au Lucernaire, Mathieu Bisson interprète
encore un personnage qui a existe, François Truffaut. La
pièce retrace la rencontre du jeune cinéaste française
face au maître du suspense Hitchcock.
C'est le rôle de Mitterrand qui lui permet de décrocher celui
de Truffaut "C'est un des auteurs, Stéphane Boulan, qui
m'ayant vu dans Mitterrand, m'a proposé le rôle"
L'autre personnage, c'est Hitchcock et autant dire que l'acteur, Joe Sheridan, colle physiquement à la réalité "La ressemblance est très impressionnante" Beaucoup moins frappante pour Mathieu "ll y a plusieurs écoles ll y a celle de
Mathieu Bisson
Marion Cotillard (Edith Piaf) ou Eric Elmosnmo (Gainsbourg)
qui colle aux personnages et une autre qui s'en fout Moi je
Dans la peau de Truffaut
n'ai pas l'ambition d'être complètement dans le mimétisme
Je dirais que je suis un peu au milieu Et puis, je joue Truffaut
cam" Pour mieux cerner son personnage, il voit beaucoup
à jo ans, un peu mtello, un peu agité Et je croîs qu'on n'a pas
de films de lui, lit la biographie d'Antoine de Baecque et
une image hyper précise de lui à cet âge-là Tandis qu'on en a
Serge Toubiana, s'imprègne d'interviews qu'il a données
une d'Hitchcock ' "
"Pour mieux l'oublier après Maîs on ne peut pas arriver sur
La pièce retrace la rencontre historique de Truffaut avec
scène n'importe comment C'est une personne assez timide,
Hitchcock Pour approcher son maître, lejeune cinéaste a
nerveuse et intense Ça m'oblige à m'oublier Au lieu de me
l'idée de réaliser une longue interview de lui en 500 ques-
demander ce que je ressens, je me demande ce que lui ressen-
tions sur son cinéma, rendue publique en 1966 dans l'ou-
tirait"
vrage Le Cinéma selon Alfred Hitchcock chez Robert
Si le rôle est venu à lui, Mathieu Bisson dit qu'il apprend à
Laffont "On a des lettres qu'ils se sont envoyées pour fixer ce
aimer les rôles qu'on lui propose Le théâtre est trop impor-
rendez-vous, et après leur rencontre C'est à partir de ces
tant pour lui, qui rêve de jouer Le Misanthrope et du
échanges que les auteurs ont imaginé comment la rencontre
Tchékhov
avait eu lieu" Cinq à six années passent entre la première
Chapiteau "J'essaie défaire naître quelque chose"
demande de rendez-vous et la sortie du livre "Truffaut était
Hitch. Lucernaire, 53 rue Notre Dame des Champs 75006 Paris,
ll a aussi adapté une pièce américaine,
HC
aussi très attiré par les Etats-Unis et par le marche améri-
, vee Occupe toi du bébé, qu'il met en scène à la
est séduit par le texte. Avant d'en mesurer la difficulté. "Ce
Colline, Olivier Werner explore l'obscénité des
qui intéresse l'auteur, c'est la manière dont les faits divers
médias qui exploitent le voyeurisme du public. La pièce
sont traités dans les médias. Il interroge le public de théâtre
prend l'exemple d'une émission où des gens sont invités
qui est en général un public assez peu propice à regarder des
à déballer leurs problèmes. L'une des affaires montre
émissions à la télévision où les gens déballent leur intimité. Il
une femme accusée d'avoir tué ses enfants.
est question d'une femme qui a tué ses deux enfants. Ce n'est
pas tellement important de savoir si elle a tué ou non ses
Olivier Werner est comédien. Et metteur en scène occa-
enfants. Hyo quelque chose de trës obscène dans le fait de
sionnel. Il a fait partie du collectif de la Comédie de Valence
laisser ces personnages livrés à eux-mêmes et de venir les titil-
lorsque Christophe Perton était directeur. "À Valence, j'ai
ler aux endroits les plus douloureux et de les manipuler un
travaillé en tant qu'acteur sur La nuit est mère du jour, de
petit peu. Et il y a une complicité du public qui continue à
Lars Norén, Don Juan mis en scène par Yann-Joël Collin,
écouter des gens qui racontent leur vie. Ça met le doigt sur
Roberto Zucco, et j'ai monté Rien d'humain de Marie
nos obscénités de regard et de parole". La pièce se présente
NDiaye, Saint-Elvis de Serge Vatletti dans lequel j'ai joué
comme un collage de plusieurs interviews. "Jejoue l'auteur.
aussi. On a fait neuf spectacles en trois ans". L'année der-
Dans la premiére partie, les gens sont f limes et projetés sur un
nière, il a joué dans Lafolie d'Héraclès, pièce que Christophe
écran. Dans la deuxième, on a créé une sorte de confession-
Perton a mis en scène au Vieux Colombier et qui n'a pas
nal où les personnes sont aveuglées et ne voient pas leur
convaincu. "J'adore faire des choses très différentes. Il y a
interlocuteur qui est dans leur salle et leur pose des gués-
quèlques années, j'ai travaillé à l'Institut nomade de la mise
en scène avec Claude Régy et deux mois après avec Francis
Perrin pour jouer Amphitryon",
Occupé toi du bébé. Colline, 15 rue Malts-Brun 75020 Paris
.orsqu'on lui propose Occupe toi du bébé, Olivier Werner
COLLINE
0537207200501/GJD/OTO/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
FEV/MARS 11
THEATRAL
Bimestriel
4 RUE ARMAND MOISANT
75015 PARIS - 09 50 27 41 60
Surface approx. (cm²) : 314
Page 1/1
scène
I t 1/CL V m
m Occupe-toi du bébé m Le Jeu de l'amour
[ Pièce 'Verbatim" ]
et du hasard
m Robin des bois, la
légende... ou
presque !
Texte de Dennis Kelly, mise en scène
[ Trop long ]
d'Olivier Werner
Texte de Marivaux, mise en scène de
[ Le conte est bon ! ]
Colline, 15 Rue Malte-Brun 75020 Paris,
Michel Raskine, avec Stéphane Bernard,
Texte de et mis en scène par Fred Colas
jusqu'au 5/02,0144 62 52 52
Christine Brotons, Jean-Louis Delorme,
et Guillaume Beaujolais
Singulier objet théâtral que celui-là Où
Christian Drillaud, Marief Guittier, Guy
Théâtre le Temple, 18 rue du Fbg du
l'auteur, Denis Kelly, explique tour à tour
Naigeon, Michel Raskine
Temple 75011 Pans, 08 92 35 oo 15
"Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à
Ateliers Berthier, i rue André Suarès 75017
De Robin des bois, nous avons tous gardé
partir d'entretiens et de correspondances
Pans, jusqu'au 6/02, 0144 85 40 40
quelques images que les productions hol-
Rien n'a été ajouté et les mots utilisés sont
Marivaux a écrit sa piece pour des jeunes
lywoodiennes ou le dessin animé de Walt
ceux employés" Puis
"Rien de ceci n'est
gens Silvia et Dorante ont à peine vingt
Disney nous ont laissées Rien à voir avec
vrai Ce sont simplement des gens qui
ans et destinés l'un à l'autre par leurs
cette légende revisitée par deux jeunes
disent des choses C'est entièrement subjec-
pères, ils n'acceptent ce mariage qu'à la
auteurs et metteurs en scène, Fred Colas
tif La représentation de la tragédie d'au-
condition de se plaire Et pour ne pas se
et Guillaume Beaujolais, qui tout en entre-
trui pour divertir d'autres personnes est-
faire abuser par l'autre, chacun décide de
tenant le mythe, vous surprendra
elle condamnable ' Quels sont les enjeux
se mettre en retrait et de mettre à sa place
gosse un peu macho, engoncé dans une
combinaison de latex, Robin - Cnstos
Beau
de la mise à nu de l'individu ' Matière véri-
son valet On connaît la suite l'amourfait
table ou interprétation, théâtre 'Verba-
bien les choses, les maîtres déguisés en
Mitropoulos - chante et danse au milieu
tim" ou fiction, peu importe en fait Le
valets vont tomber amoureux et leurs
d'une excellente distribution
sujet de cette pièce fournit une matière
valets déguisés en maîtres aussi Cette
décors très cartoon avec des interprètes
théâtrale passionnante, où les protago-
version respecte l'histoire, mais cette fois,
costumés et lookés flashys, nul doute
nistes sont les acteurs d'un fait divers
Silvia et Dorante sont vieux et esseulés Ils
qu'on ait ici creuse le sillon de la dérision
Donna, condamnée puis relaxée pour le
arrivent à un âge où ils ont encore une
des comédies musicales Les chorégra-
double meurtre de ses enfants, son mari,
chance de faire leurs vies, avant d'entrer
phies particulièrement réussies, les chan-
sa mère, Lynn, femme politique de tête et
dans l'interminable vieillesse qui attend
sons aux mélodies entêtantes et les facé-
candidate aux élections, encore le Dr
les hommes du XXIe siècle Et puis la
ties des comédiens achèvent de vous déri-
Millard, psy verbeux qui pense avoir
sagesse de Silvia et Dorante correspond
der Comme chez Pixar, grands et petits
reconnu chez l'accusée un syndrome par-
bien à deux célibataires irréductibles qui
trouvent ici leur compte dans le conte qui
ticulier Dans une construction habile, on
gardent la tête froide même quand ils par-
a invité une fée carabosse meneuse de
passe de scènes jouées à des projections
lent d'amour L'avantage de ce castmg
revue plutôt chaude ' Les parties parlées,
sur grand écran ou des témoignages, sous
surprenant c'est que le texte nous parle
quoi qu'un peu bavardes, font plonger en
Dans des
l'angle de la confession Doute, manipula-
comme jamais
L'inconvénient, c'est la
ihqo de spectacle dans un univers à la Tex
tion, perversité, représentation de soi,
différence d'âge entre Silvia et Dorante,
Avery où Robin devient une sorte de super
douleur
la mécanique humaine dans ce
Dorante étant beaucoup plus jeune que
héro qui adore "positiver" selon le refrain
qu'elle a de plus complexe et de plus trou-
Silvia, on n'y croît pas Quant à la mise en
gimmick du show ' Cette troupe a l'éner-
blant Nous voilà observateurs et voyeurs,
scène, elle bat les records de n'importe
gie débordante ne ménage ni sa peine ni
fascines Emmenés par Olivier Werner,
quoi Pourquoi mettre le bazar dans une
sa voix pour perpétrer la légende du
les acteurs, emportent le morceau
partition aussi parfaite ~> Le final n'en finit
grand Robin des bois
Nedjma Van Egmond
COLLINE
7637207200501/GJD/AYM/2
pas Pitié pour le public '
HC
François Varlin
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
02 FEV 11
Hebdomadaire Paris
14 BOULEVARD HAUSSMANN
75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00
Surface approx. (cm²) : 1119
N° de page : 51-53
Page 1/3
NOTRE SELECTION
NOUVEAUTÉS
DERNIERS JOURS
LES PIECES
Absinthe
22
Alter chercher (ternal
27
Appelez-moi Tennessee
31
L'Asticot de Shakespeare
44
AudardparAudiard
33
Audrey Lamy Dernieres avant Vegas
15
Bonté dvine
11
Bulbus
6
La Cagnotte
34
Cafigula
1
La Comedie des erreurs
30
Le Crépuscule du Che
18
La CrlUaue dè l'Ecole des femmes 20
Des souris et des hommes
19
Les Deux Timides
34
Le Dîner de COTIS
47
Diplomatie
14
Don Juan
26
Du Mariage au divorce
42
Les Fleurs gelées
21
Francesco
40
Le Gal Mariage
32
HcVTtionid cxtestîs
51
HarperRegan
36
HenrilV.leWen-aime
31
Heritages
13
Hitch
33
Lïlumlne
28
Ithaque
50
Jacques et Mylene: 26 DOO couverts 12
Jamel Debbouze: Tout sur Jamel
5
«ortec (La
fa)
L'amour, la mort, les fringues
25
42
Macbeth Horror Suite
30
La Maladie dè la f amie M
38
Méchant Motere
17
U Methode Gronholm
46
Mission Ftorimont
37
Moi, Caravane
33
Monlsmenle
34
Les Monstrueuses Actuattés
ete Christophe AJevèque
36
Le Neveu de Rameau
41
Nicomede
29
Le Nombril
7
LaNurcJusteavanttesforêts
23
Occupe-toi du bebé
6
Pluie d'enfer
16
Le Rédt cle la servante Zerlne
49
Le Recours aux forèts
52
Refuge pour temps d'orage
17
Le Repas des fauves
43
LeRoiCymbetne
4
Sériai plaideur
14
Sceur Emmanuelle,
le temps du plus grande amour
10
Stephane GuiUon:LJbertesurve8lee 27
Surena
29
LeTedmiden
35
La Tempête
48
Le Tour complet du coeur
24
Le Tour du monde en SO jours
3
Toutou
39
Les Trois Soeurs
8
UnHalapatte
8
Un tramway nomme désir
8
Une banale histoire
23
Une journee ordraire
2
La Verite
45
Volpone
9
COLLINE
3400207200505/GDF/OTO/1
PARIS
1-ATHÉNÉE THÉATRE LOUIS JOUVET sq de
lopera Louis-Jouvet 7, rue Boudreau (9e)
M' Opera, Havre - Caumartin RER Auber Loc
0153051919 S
Catigula De Camus Mise en scene de Stëphane
Olivie Bisson Avec Bruno Putzulu, Gauthier fallot
Claire Helene Cahen, Clément Carabedian, Pascal
Castelletta, Patrick D Assumçao Jean de Coninck
Maxime Mikolajczak Cecile Paoli 20H DU MER 2
AU VEN 4.15H SAM 5, 20H SAM 5. Pl 30€ TR
65C > A voir essentiellement pour Bruno
Pirtzulu.N.S
B
¥¥¥ Henri IV
le bien-aimé
Les Mathurms
¥¥¥ Occupe-toi
du bébé
La Colline
¥¥¥ La Vie parisienne
Theatre Antoine
2-LES BOUFFES PARISIENS 4, rue Monsigny
(2«) MTJuatre-Septembre Loc 0142969242
Une journee ordinaire D Eric Assous rn en se de
Jean-Luc Moreau Avec Alain et Anoudika Delon,
Elisa Servier Christophe de Choisy Loc Sur le
site Intérnet du theatre Fnac, Ticketac (a partir de
29,500 20H30 DU MER 2 AU VEN 4,17H SAM 5,
20H30 SAM 5, 20H30 MAR 8 Pl 12 a 70£
X Une tres bonne surprise, le duo père-fille
fonctionne bien et les fans de Delon lui reservent
une 'standing ovation N.S
¥¥ La Nuit juste
avant les forêts
3-CAFÉ DE LA GARE 41 rue du Temple (4e)
M'Hôtel de Ville Rambuteau Loc 0142785251
Le Tour du monde en 80 jours De Jules Verne,
rn en se de Sebastien Azzopardi Avec Romain
Canard Christophe de Mareuil, Eric Gueho,
Alexandre Guilbaud (en alternance avec Frederic
Imbertyj, Anais Harte Rejane Lefoul Van Mercoeur, Stephane Roux, Rodolphe Sand, Nicolas
Tarrm Loc Fnac, Ticketac (a partir de 18 f), Carrefour 20H DU MER 2 AU VEN 4,17H SAM 5, 20H
SAM 5 Pl 24C ï Jules Verne au theâtre Une
réussite cocasse I -LJ
4-CARTOUCHERIE THÉATRE DU SOLEIL
rte
Champ de manoeuvre cartoucherie (12e) M'Chateau de Vincennes ( 0143748763 Loc
0143742408
Le Roi Cymbdine De William Shakespeare Mise
en scene de Helene Cmque Par la Compagnie
d Helene Cinque 20H DU MER 2 AU VEN 4,14H
SAM 5, 20H SAM 5,14H DIM 6, 20H MAR 8. Pl
20£ TR 10 a 12£
5-CASINO DE PARIS 16. rue de Clichy (9*)
M" Liege I 0892698925 H
Jamel Debbouze : Tout sur Jamel 20H DU MER
2 AU SAM 5,17H DIM 6,20H MAR 8. Pl 29 à 48€
6-LA COLLINE 15, rue du Malte Brun (20*)
M Gambetta Loc 0144625252 B
Bulbus DAnja Hillmg, rn en se de Daniel Jeanneteau Avec Eve-Chems de Brouwer, Johan Ley
sen, André Marcon Loc Du lun au sam de tih à
18h30 et le dim de 13h30 a 16h30 Sur le site Internet du theatre Auprès des agences et revendeurs (Fnac Crous Starterplus) 20H30DUMER2
AU SAM 5,15H30 DIM 6,19H30 MAR 8 Pl 27£
TR 13a22£
Occupe-toi du bebe Oe Dennis Kelly, rn en se
d Oliver Werner Avec Jean-Pierre Becker Auré
lie Edehne, Vincent Garanger, Marie Lounlci, An
thony Poupard, Olivier Werner, Olivia Willaumez
Loc Du lun au sam de Tih a 18h30 et le dim de
13h30 a 16h30 Sur le site Internet du théatre
Auprès des agences et revendeurs (Fnac, Crous
Starterplus) Ï1H DU MER 2 AU SAM 5. Pl 27£
TR 13 a 22C > Decouverte d un auteur britannique remarquablement Interprète. A.H
7-COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES 15, av
Montaigne (8«) M Alma
Marceau Loc
0153239919 H
Le Nombril De Jean Anouilh, rn en se de Michel
Fagadau Avec France Perrin, Francine Berge Eric
Laugenas Davy Sardou Jean Paul Bordes
Alexandra Ansidei Julie Cavanna, Patrice Costa
Perrme Tourneux Loc Du lun au sain de 11h a 19h
et le dim de Tih a 15h30 Sur le site Internet du
théatre Resatheatre Ticketac (à partir de
27,506) 20H45 DU MER 2 AU VEN 4,15H SAM 5,
MH45 SAM 5,16H30DIM 6,20H45MAR8.PI 20
a 55£ TR 10€
S-COMÊDIE FRANÇAISE - SALLE
RICHELIEU 2
rue de Richelieu Place Colette (1e) M Pyramides
e 0825101680 H
Les Trois Soeurs D Anton Tchékhov, rn en se
d Alain Francon Avec Michel Robin. Eric Ruf
Bruno Raffaelli Florence Viala, Coraly Zahonero,
Laurent Stocker, Guillaume Gallienne Loc Du lun
au dim de 11h a 18h Sur pl sur le site Internet de
la Comedie Ticketac (a partir de 12 €) 20H30
MER 2. Pl 12 à 39£ X Une mise en scene sobre
et sensible, une Interprétation Idéale A H.
Un fl a la patte De Georges Feydeau, rn en se
de Jerome Deschamps Loc Du fun au dim de 11h
a 18h Sur pl sur le site Internet de la Comedie
20H30 JEU 3, UH DM 6 Pl 12 a 39£ > Jerome
Deschamps a reuni une distribution merveilleuse
et ajoute son grain de burlesque noir a la folle de
Feydeau. Eblouissant i AH
Comedia
L'Atelier
W Sériai Plaideur
La Madeleine
W Amor, amer
à Buenos Aires
¥¥ Ithaque
Nanterre-Amandiers
Un tramway nomme désir De Tennessee
Williams rn en se de Lee Breuer Avec Anne Kessler Eric Ruf Christian Gonon Leonie Simaga, Bakary Sangare, Gregory Gadebois, Stephane Varupenne, Francoise Gillard Loc Du lun au dim de 11h
a 18h Sur pl sur le site Internet de la Comedie
20H30 DU SAM 5 AU LUN 7. Pl 12 a 39€
9-COMEDIE ITALIENNE 17-19 rue de la Gaité
(14=) M Gate, Edgar Oumet e 0143212222
Volpone O apres Ben Jensen Adaptation et rn en
se de Attilio Maggiulli Avec Helene Lestrade, David Clair, Jean Jacques Pivert Candide Temperim
Manon Barthelemy, Georges Cotillard Loc Fnac
20H30 DU MER 2 AU SAM 5,15H30 DIM S, 20H30
MAR 8. Pl 25£ TR 15 a 20£ J»- Une relecture
de Volpone a la moulines comedie Italenne. Ca
passe ou ca casse, selon. J -LJ.
10-CRYPTE SAINT-SULPICE 33, rue Samt-Sulpice (6=) M Mabillon, Odeon, RER Luxembourg Senat Loc 0679223859
Soeur Emmanuelle, le temps du plus grande
amour De et avec Françoise Thunes Mise en
scene pai Michael Lonsdale 20H30 DU MER I AU
SAM 5, IBM DIM 6, 20H30 MAR 8 Pl 15€ TR
w
11-GAITÉ-MONTPARNASSE 26 rue de la fiat e
(14') M Gaite Edgar Qumet Loc 0143221618 B
Bonté divine De Frederic Lenoir et Louis-Michel
Colla, rn en se de Christophe Lidon Avec Bernard
Malaka Jean-Loup Horvitz, Sid Ahmed Agoumi
Benoit NGuyen Tat Loc Sur le site Internet du
theatre Fnac Ticketac (a partir de 12 €) Resatheatre 19H DU VEN 4 AU SAM 5,15H DIM 6. Pl
18 à 35£
12-LE GRAND PARQUET 20bis rue du Departement (18') M'La Chapelle e 0140050150
Jacques et Mylene : 26 DOO couverts De Gabor
Rassov Mise en scene de Benoit Lambert Avec
Ingrid Strelkoff et Philippe Nicole 20H DU JEU 3
AUSAM5,15NOIMe.PI 13€ TR 3â9£
«-INTERNATIONAL VISUAL THEATRE 7, cite
Chaptal (9') M' Saint-Georges Liège Blanche
Loc 0153161818
Heritages De Bertrand Leclair Mise en scene
d Emmanuelle Laborit Avec Simon Attia, Noemie
Churlet, Thomas Leveque, Anne Marie Bisaro,
Marc Berman et Serpentine Teyssier 20H30 MER
2,19H JEU 3,20H30 DU VEN 4 AU SAM 5,16H DIM
6 Pl 22£ TR 9 à 15£
M
14-LA MADELEINE 19 rue de Surene (8=!
Vl Madeleine Loc 0142650709 B
Diplomatie De Cyril Gely Mise en scëne de Stephan Meldegg Avec André Dussollier et Miels
Arestrup Loc Tl) de tih à 19h, le dim de Hb a 18H,
Fnac, Carrefour Printemps, Bon Marché Sur le
site Internet du theatre 21H DU MER 2 AU VEN 4,
18H SAM 5,21H SAM 5,15H DIM 6,21H MAR 8. Pl
15 a SOC TR 10€ > La piece avait reçu le prix
Lucien-Barrière. Le jeu remarquable d Arestrup et
Dussolller confirme sa force. N.S
Sériai plaideur De Jacques Verges rn en se de
Louis-Charles Sirjack Loc Tlj de Tih a 19h, le dim
de lili a 18h, Fnac Carrefour, Printemps, Bon Marche Sur le site Internet du theatre 1SH DIM 6, 21H
LUN 7 Pl 14 a 30€
15-PALAIS DES GLACES 37, rue Faubourg du
Temple (100 M Republique Loc 0142022717 B
Audrey Lamy - Dernieres avant Vegas De et
avec Audrey Lamy, rn en se de Alex Lutz Loc
Du mar au sam de tih a 18h30 Sur le site Internet
du theatre Fnac 21H30 DU MER 2 AU SAM 5,
21H30 MAR 8. Pl 25 a 29* TR 18 à 22€
> Un spectacle joyeux donne par une fan de Tarentliw N S
16-LA PÉPINIÈRE THEATRE 7. rue Louis Le
Grand (2=) M'Opera, RER Auber f 0142614253
Loc 0142614416
Pluie d'enfer De Keith Huff, rn en se de Benoit
Lavigne Avec Olivier Marchal et Bruno Wolkowitch Loc Du lun au sam de Tih à 19h Fnac, Ticketac (a partir de 15 C 21H MAR 8. Pl 32C TR
10€
17-PETIT HÉBERTOT 78bis bd des Batignolles
(17«) M" Villiers, Rome Loc 0142931304 Èl
Méchant Molière De et rn en se de Xavier
Jarlard Avec Anna Barbmi Marion Margyl Elise
Fournier Tchavdar Pentchev, Xavier Jarlard
Christian Suarez Guler Onet, Jean-Pierre Delaune
et Xavier Latarie 20H30 DU MER 2 All SAM 5,
16H30DIM6.20H30MAR8.pl 38 5€
Refuge pour temps d orage De Patrick de Carolis m en se de Berengere Dautun Avec Bérengere Dautun et Jean Pierre Michael Loc Du mar au
sam à partir de 17h sur pl et toute la semaine de
TOM à 20h par tel Fnac KH30 SAM 5,19H30 DU
DIM 6 AU LUN 7 Pl 25£ TR 20€
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
03 FEV 11
Hebdomadaire Province
OJD : 7064
13 RUE DU BREIL
35051 RENNES CEDEX - 02 99 26 45 45
Surface approx. (cm²) : 71
Page 1/1
LOISIRS Théâtre - Du 9 au 11 février
Occupe-toi du bébé, la pièce qui fait parler les
menteurs
II y a quelque années, une femme, en
Angleterre, avait été acquittée après avoir tue
ses deux enfants en bas-âge Un fait d'une
grande cruauté, sur lequel a choisi de
rebondir Denms Kelly, célèbre auteur de
théâtre britannique Son but ? Amener les
spectateurs a s'interroger sur ce qu'est le
mensonge et l'image que l'on souhaite
donner aux autres En effet, jusqu'où peut-on
aller pour faire bonne impression ? Pourquoi
ment-on ? Dans Occupe-toi du bébé, Denms
Kelly distille des réponses Sous forme de
témoignages, dans plus la pure tradition
britannique du théâtre documentaire « Ce
sont les mécanismes de la fiction-réalité qui
y sont explores » indique Olivier Werner,
metteur en scène de la piece « La vente n 'a
que peu d'importance,
c'est plutôt
l'aptitude de chacun a présenter les faits a
sa manière qui prime » Créée au Théâtre
National de la Colline en 2011, la piece
vient a Vire, au théâtre du Préau, les 9, 10 et
11 février prochains, dans le cadre de
l'enquête artistique de « C'est vrai ce
mensonge ? » Sur le plateau, Vincent
Garanger, Aurelie Edeline, Anthony Poupard,
et de nombreux autres acteurs donneront vie
a l'intrigue, traduite de l'anglais par Pauline
Sales et Philippe Lemome, de Denms Kelly
VIRE085 poste
3F7C15DA57E0640FC2924C34E706F53800D38F34110916E45B26864
COLLINE
8955407200503/GNK/FJT/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
05 FEV 11
Hebdomadaire Province
OJD : 74147
Surface approx. (cm²) : 83
RUE DE COUTANCES
50950 SAINT LO CEDEX 9 - 02 33 05 10 00
Page 1/1
SORTIES
Crimes et boniments...
Un sordide fait divers, un décor mimmaliste
et plusieurs personnages venus témoigner
devant
la
caméra
Apres
plusieurs
représentations au théâtre national de la
Colline a Pans, l'équipe artistique du Préau
présente cette semaine a Vire sa toute
dernière création "Occupetoi du bébé" Une
mise en scène originale signée Olivier
Werner, adaptée d'un texte de Denms Kelly,
un auteur britannique très connu outreManche
Théâtre documentaire
Qui de Donna, un temps soupçonnée
d'infanticide, de Lynn, sa mère, une femme
politique d'influence, ou du docteur Millard,
psychologue, raconte la vente a propos de la
mort de deux enfants en bas-âge? C'est ce
que cherche a savoir un reporter, qui
interroge tour a tour chacun des
protagonistes, dont le visage et les paroles
sont traques sur grand écran
Qui manipule qui ? Dans cette piece,
construite dans la tradition du théâtre
documentaire - un genre dramatique très
pnse en Grande-Bretagne -, le spectateur est
promené d'un personnage et d'une vente a
l'autre, pour ne plus savoir a qui se fier pas
même a l'auteur qui mené tout son monde en
bateau
Dans "Occupe-toi du bébé", qui inspira le
thème du mensonge sur lequel se décline la
saison culturelle viroise, Aurelie Edeline,
Anthony Poupard, Vincent Garanger et toute
l'équipe du Préau poursuivent l'enquête
Pratique. "Occupe-toi du bébé", les 9, 10 et
11 février a 20 h 30 au Préau, Vire De 5 a
15 € Tel 02 31 66 16 00
EF7D157054304809028A4D34240B550D0AA3463DE13214D7682DB2E
COLLINE
4841307200504/GJD/FJT/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
05 FEV 11
Hebdomadaire Province
OJD : 74147
Surface approx. (cm²) : 83
RUE DE COUTANCES
50950 SAINT LO CEDEX 9 - 02 33 05 10 00
Page 1/1
VIRE Sorties Spectacles
"Occupe-toi de bébé" recréé à Vire après Paris
Produite par Le Préau, créée au Théâtre de la
Colline de Pans le 8 janvier et jouée jusqu'au
5 février, la piece "Occupe-toi du bébé",
d'après un texte de Denms Kelly (L'Arche
Editeur) traduit par Philippe Le Moine et
Pauline Sales, est mise en scène par Olivier
Werner assiste de Mane Loumci et jouée par
Aurelie Edeline, Mane Loumci, Olivia
Willaumez, Jean-Pierre Becker, Vincent
Garanger, Anthony Poupard et Olivier
Werner Elle sera repnse au théâtre de Vire
ou elle sera jouée mercredi soir 9 fevner a
20 h 30, puis jeudi 10 et vendredi 11 a la
même heure Fabienne Pascaud, pour
Telerama, a juge que " Denms Kelly porte
un regard aigu sur son temps, son pays, avec
le goût des formes stylisées et le refus de la
représentation ordinaire
Finement mis en scène, "Occupetoi du bébé"
est un exemple parfaitement réussi et
troublant de ce théâtre vente qui ne dit la
vente que par delà le mensonge, a l'image
des protagonistes de cet homble fait divers,
un double infanticide, qu'une caméra traque
sur le plateau, tandis qu'ils s'expliquent
comme ils peuvent De la mère meurtrière a
la mère candidate aux élections municipales,
du père des bébés au psychologue On ne
saura jamais vraiment qui a raison ou tort,
qui ment ou pas Sur le plateau nu, le
spectacle est bouleversant A cause du sujet
et des acteurs prodigieux de smcente, qu'on
croirait sortis d'un film de Ken Loach ou
Mike Leigh "
777785905E007D00D2A94EF4BD0EF53A01E39737912C19A3CFC41A1
COLLINE
5941307200524/GJD/FJT/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
12 FEV 11
Hebdomadaire Province
OJD : 74147
Surface approx. (cm²) : 42
RUE DE COUTANCES
50950 SAINT LO CEDEX 9 - 02 33 05 10 00
Page 1/1
VIRE
De retour de Paris, le
Préau reprend "Occupe-toi
du bébé" à Vire ce
mercredi.
"Occupe-toi du bebe", spectacle produit "a
IOU %"par le Theâtre du Préau de Vire, sur
un texte traduit de l'anglais par Pauline Sales
de Vire et joue par sept acteurs dont Vincent
Garanger, Anthony Poupard et Aurelie
Edeline tous de Vire, vient de faire un
tnomphe ("un succes" corrige modestement
Vincent Garanger) a Pans ou la piece a ete
]ouee du 8 janvier au 5 fevrier Et pas
n'importe ou puisque c'était au Theâtre de la
Colline, l'un des cinq theâtres nationaux
français avec la Comédie-Française, l'Odeon
et Chaillot a Pans ainsi qu'avec le theâtre de
Strasbourg
8E7335D05C708009729449E40305857C0C94AD0071AD1CE50CDB29F
COLLINE
3210217200507/GAW/OTO/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur du
Théâtre de la Colline
Téléchargement