L’Imagerie par Résonance Magnétique Bruno Quesson [email protected] Résonance Magnétique Nucléaire (RMN) z Principe : utiliser les propriétés d’aimantation des noyaux des atomes d’Hydrogène pour imager les tissus biologiques z Mise en œuvre : utilisation d’un aimant statique puissant B0 – Création d’un état d’équilibre magnétique -> apparition d’une aimantation macroscopique notée « M0 » z Perturbation de cet état d’équilibre à l’aide d’un second champ magnétique B1, oscillant à la pulsation ω0 = γB0 , γ est le rapport gyromagnétique (constante physique liée au noyau, ex γ(1H) = 267.106 rad/Tesla) z L’aimantation M0 bascule autour de B1 d’un angle α, qui dépend de l’amplitude de B1 z Aussitôt après l’arrêt de la perturbation B1, on observe un retour progressif à l’état d’équilibre magnétique initial (alignement avec B0) – L’aimantation revient s’aligner avec B0 en décrivant une mouvement spiralé autour de l’axe parallèle à B0, avec la fréquence ω0. C’est un « mouvement de précession libre » – Ce retour est décrit par 2 temps caractéristiques : T1 et T2 z z T1 est le temps de relaxation longitudinal (retour vers l’alignement avec B0) T2 est le temps de relaxation transverse (disparition du signal dans le plan transverse) – Les équations de Bloch décrivent l’évolution du mouvement dans le plan transverse et suivant l’axe longitudinal – Seule la composante de l’aimantation transverse donne un signal détectable à l’aide d’une antenne radiofréquence. Formalisme mathématique z L’axe parallèle à B0 est noté l’axe « z » ou axe longitudinal – L’évolution de l’aimantation Mz est décrit par une fonction exponentielle du type z – Exemples : z z z z Mz(t) = M0 – [ M0 – Mz(0)].exp(-t/T1) après une impulsion B1 d’angle 90°, Mz(0)=0, ce qui conduit à : Mz(t) = M0 [1-exp(-t/T1)] après une impulsion B1 d’angle 180°, Mz(0)=-M0, ce qui conduit à : Mz(t) = M0 [1-2exp(-t/T1)] L’aimantation dans le plan transverse décrit un mouvement de spirale amortie Cette aimantation est décrite par le formalisme des nombres complexes – – – L’axe horizontal dans le plan transverse est l’axe des réels L’axe vertical du plan transverse est l’axe des imaginaires Ceci conduit à : z – – MT(t) = MT(0).exp(-t/T2).exp(iω0t) Si à t=0, toute l’aimantation M0 est disponible, Mt(0) = M0 Si on ne laisse pas à l’aimantation le temps de revenir à son état d’équilibre avant de la perturber à nouveau (par l’application d’une impulsion B1), MT(0) < M0 et on crée une saturation partielle du signal (ou totale si t <<<T1) Quelques remarques z L’antenne qui recueille le signal capte l’ensemble des petits signaux élémentaires de tous les protons qui reviennent vers leur état d’équilibre magnétique z Ce signal varie au cours du temps et son amplitude est donnée par l’équation MT(t). z Si dans l’échantillon placé dans l’aimant, il existe plusieurs types de molécules contenant des protons (exemple eau et lipides) qui oscillent à des fréquences légèrement différentes (de quelques hertz par rapport à 64 MHz pour un champ magnétique de 1.5T), alors il est possible de les distinguer en effectuant une opération mathématique sur le signal observé. Cette opération est une transformation de Fourier, qui substitue à l’axe des temps un axe de fréquences. z Les signaux de l’eau et des lipides pourront ainsi être distingués facilement. Il sera notamment possible de quantifier le contenu respectif d’eau et de lipides en mesurant les surfaces respectives des pics individuels. z Cependant, avec cette technique il est impossible de distinguer 2 molécules d’eau provenant de deux régions différentes, puisque celles-ci oscillent à la même fréquence Obtention d’une image : Imagerie de Résonance Magnétique z Comme les molécules de même nature (ex eau) oscillent à la même fréquence (ν0=ω0/2π), l’idée est de les forcer à osciller à des fréquences différentes (et déterminées par l’expérimentateur) en fonction de leur position z Ceci est réalisé à l’aide de Gradients de champ magnétiques, par exemple sur les 3 axes du repère cartésien lié à B0 : Gx, Gy et Gz z Dans ces conditions, ω0 dépend de x (y ou z) et le signal recueilli s’exprime (à une dimension) par une transformée de Fourier spatiale z Le signal est mesuré dans le plan de Fourier, puis l’image est obtenue en appliquant une transformation de Fourier inverse z Grâce à l’utilisation de gradients de champs magnétiques, il est possible de : – – – Sélectionner une tranche de l’objet Créer n’importe quelle trajectoire dans le plan de Fourier (cartésienne, spirale, radiale, etc.), puisque la position dans ce plan est donnée par la surface (mathématiquement une intégrale) du gradient d’amplitude G appliqué pendant un temps T. De faire de l’imagerie 3D, en réalisant un codage avec des gradients dans 3 directions orthogonales de l’espace. Bien sûr, cela nécessite une transformation de Fourier à 3 dimensions Séquence d’acquisition z Un chronogramme décrit l’ensemble des événements qui se déroulent au cours du temps: – – pour l’excitation (impulsion B1 d’angle α) et la réception du signal Pour les différents axes perpendiculaires des gradients de champ magnétiques TR B1 Te t Gs t Gp t Gr t Espace de Fourier (« k-space ») et image z z z z Les 2 espaces sont décrits par le même nombre de pixels L’extension du plan de Fourier (kmax-kmin) est inversement proportionnel à la taille du pixel de l’image La densité des points (écart entre 2 points successifs) dans l’espace de Fourier est inversement proportionnel au champ de vue FOV Mathématiquement : N . δk . δx = 2π , où – – – N est le nombre de pixels (dans la dimension x ou y) δk est le pas d’échantillonnage du plan de Fourier δx est le pas d’échantillonnage du plan de l’image = la taille du pixel z Le champ de vue (Field of View « FOV ») est égal à N.δx = 2π / δk z Le plan de Fourier est enregistré symétriquement par rapport à k=0, dans l’intervalle [kmin = -N.δk/2 ; kmax = +(N-1).δk/2] pour mesurer l’intensité en k=0 Contrastes observés z Les tissus ont des propriétés différentes (M0, T1, T2, T2*), donc il est possible de les différencier en termes d’intensité, en choisissant des paramètres d’acquisition adaptés (qui maximisent cette différence) z Il est donc possible de faire varier fortement les contrastes entre 2 régions anatomiquement adjacentes, à condition, qu’au moins un des paramètres caractéristique de chaque tissu (M0, T1, T2, T2*) soit différent. z Les intensités dans une région donnée dépendent donc des paramètres de la séquence d’acquisition (TR, TE, α) et des caractéristiques des tissus (M0, T1, T2, T2*). z La localisation dans l’espace se fait par l’application de gradients de champ magnétiques, qui ne modifient pas ces contrastes Principaux artéfacts (perturbation des images) z Repliement : le FOV est plus petit que l’objet – z La TF discrète étant périodique, les partie de l’objet situées en dehors du FOV se retrouvent dans le champ de vue. Il faut choisir un FOV suffisamment grand. Déplacement chimique (eau-lipides) – ν0(eau) ≠ ν0 (lipides) z z z z Image des lipides est décalée par rapport à celle de l’eau (artéfact de 1ère espèce) La phase de l’image des lipides est différente de celle de l’eau (artéfact de 2ème espèce) L’image résultante n’est plus réelle mais complexe. Inhomogénéités de B0 – Le champ magnétique n’est jamais parfaitement homogène dans l’espace : z z – Instrumentation imparfaite (homogénéité à « vide », sans échantillon) Objet perturbe le champ magnétique (susceptibilité magnétique) Conséquences : ν0(eau, x0, y0) ≠ ν0 (eau, x1, y1) z z z Le signal provenant du lieu (x0,y0) est déplacé dans l’espace différemment de celui en (x1,y1). Ceci induit une déformation de l’image qui peut être très importante L’image de phase reconstruite présente de nombreux sauts de phase Dans les régions où le champ magnétique varie beaucoup, la distribution des orientations des aimantation à l’intérieur du pixel est très étalée, ce qui se traduit par un T2* très court et induit donc une extinction rapide du signal Comment s’en affranchir? z Echo de gradient – – z Sensible à tous les artéfacts Amplitude du signal pondéré en T2* <<<T2 Echo de spin – – Refocalise les aimantations et compense les effets d’inhomogénéité de B0 L’image de phase est constante, l’image est donc réelle TR Te B1 Te/2 Te/2 t Gs t Gp t Gr t Influence des mouvements z D’après la définition de la transformation de Fourier : – z Un déplacement de l’objet induit un déphasage dans le plan de Fourier Si on a un mouvement différent lors de l’acquisition de chaque ligne de l’espace de Fourier, on crée un artéfact sur toute l’image. – Détérioration partielle ou totale de l’image Origine Remède •Respiration •Battements cardiaques Contention, apnée Synchronisation de l’acquisition (« gating / triggering ») Imagerie rapide-TR court (!!! Saturation, contrastes???) Écho de navigation •Flux sanguin Éteindre (saturer) le signal du sang en amont de la coupe Incontrôlés : Hoquet (mvt réflexe), clignement des yeux, frisson claustrophobie, parkinson, démence, … Post-processing ??? Difficile à corriger !!! Imagerie parallèle pour l’imagerie rapide z L’idée est de n’échantillonner qu’une partie restreinte du plan de Fourier (ex : une ligne sur deux) pour gagner du temps (deux fois plus vite). Ceci crée des artéfacts de repliement z Si on mesure le même espace de Fourier sous échantillonné à l’aide de plusieurs détecteurs simultanément, il est possible de supprimer ce repliement et de recalculer une image « dépliée » z Deux méthodes de reconstruction existent, qui travaillent soit : – – dans l’espace de l’image (reconstruction SENSE – Sensitivity Encoding) Dans l’espace de Fourier (reconstruction SMASH et GRAPPA) z Ces techniques d’imagerie // permettent de réduire significativement la durée minimale pour mesurer l’espace de Fourier. Elles permettent donc de raccourcir le temps d’obtention d’une image. z MAIS : – – – Le SNR diminue, donc la qualité des images se dégrade Il existe des artéfacts résiduels liés à la reconstruction des données manquantes Le facteur maximal de réduction du temps d’acquisition est égal au nombre de détecteurs (antennes de réception) employés Les applications de l’IRM Le diagnostic anatomique z L’organe est endommagé (traumatisme crânien, perforation de l’abdomen) ou est le siège d’une pathologie (tumeur, …) – Basé sur les différences des aimantation M0 et des temps de relaxation des tissus (T1, T2,T2*) adjacents. pathologique sain cerveau sein Contraste T1 Avec suppression De graisse animal Applications de l’IRM : Diagnostic Fonctionnel z le tissu apparaît normal d’un point de vue anatomique, mais on suspecte un dérèglement de sa fonction – – – – – Arythmie cardiaque, contraction anormale d’une région du coeur Perfusion : le tissu est mal (ou pas) irrigué par le sang (injection agent contraste).Thrombose Diffusion : détecter Accident Vasculaire Cérébral Poumons : imagerie de l’hélium 3 hyper polarisé coeur angiographie … Diffusion cerveau Poumons, He3 perfusion Imagerie fonctionnelle cérébrale (IRMf) z T2* local varie en fonction de l’oxygénation sanguine (oxyhémoglobine/désoxyhémoglobine) – – – z z z z z z z z z z Une tâche (motrice, visuelle, auditive,…) induit une consommation d’oxygène, donc induit une variation locale de T2* Détection indirecte de l’activité cérébrale Variation faible (~2%) de l’intensité (intérêt de travailler à haut champ) Imagerie dynamique en écho de gradient (caractérisation cinétique du phénomène) Imagerie 3D (couverture intégrale du cerveau) Énorme volume de données à traiter basse résolution spatiale Recalage des mouvements Analyse statistique Superposition des tâches d’activation sur une image haute résolution Méthodologie difficile Communauté internationale gigantesque Étude combinée avec PET (radioactivité) et EEG (activité électrique cérébrale) Imagerie interventionnelle z Définition : « Guider une procédure thérapeutique à l’aide d’imagerie dynamique en temps réel» – – – z Acquisition rapide -> temps réel ??? Reconstruction temps réel Affichage temps réel Exemples : -Visualiser et guider le positionnement d’un cathéter dans le cœur – Substitution de l’IRM aux Rayons X (ionisants) z z Avantage pour le patient (notamment pour les enfants) Réduction de l’irradiation du personnel hospitalier -Repérer une cible et visualiser un trajet de ponction – – Ex : tumeur du sein, du foie, du cerveau Contrôler le trajet de ponction (difficile pour le foie) Imagerie de température z z z z z z Principe : ν0(eau) varie avec la T°, sur toute la gamme de l’eau liquide Une cartographie des fréquences reflète la distribution spatiale des T° L’image de phase reflète la distribution des fréquences donc des T° Imagerie dynamique, 2D/3D, temps réel, en écho de gradient (artefacts!!!) Organes cible : abdomen (foie, rein, prostate), thorax (cœur, sein), cerveau Difficultés : mouvements, stabilité temporelle phase, susceptibilité magnétique, … – LA TOTALE!!! Différence référence Zoom x4 Avant chauffage Pendant chauffage Interface logicielle Moyens de chauffage Laser Radiofréquences Ultrasons Focalisés f z x Cerveau, foie, sein, prostate Utilisées en clinique Foie, rein NON invasif Prostate, sein IRM de T° sur le foie de lapin (laser) 1- Positionnement Fibre Laser 2- Imagerie de T° • 2 Watts en continu • Modulation du temps d’application IRM de T° et radiofréquences z Difficultés supplémentaires susceptibilité Ä Artéfacts : cartographie de température impossible interférences Résultats récents Foie de porc Homme T° DT Suivi T2 Suivi T1 Contrôle et asservissement en temps réel (Ultrasons focalisés) Console IRM z z Concentration d’ondes mécaniques -> échauffement local Non invasif (applicateur externe) Imagerie dynamique : Acquisition répétitive d’images sur volume d’intérêt … Philips Intera 1.5T RF, Laser, UF Cartographies de T° Élévation de température / °C Contrôle de thérapie génique 12 10 8 6 4 2 0 -2 0 40 80 120 160 200 Temps / s T° fluorescence Applications ultrasons focalisés sous IRM de T° z Ablation tumorale (sein) z Dépôt local de médicaments z Contrôle de thérapie génique Conclusion : quelle place pour les « 10 » ? z Traitement d’images (classique): – – – – – – – z Méthodologie IRM – – – z Implémentation de techniques d’acquisition (séquences) Algorithmes de reconstruction d’image correspondants Imagerie parallèle (SENSE, SMASH, GRAPPA, UNFOLD, …) Imagerie temps réel – – – z Analyse Traitement (bruit, mouvement,…) Segmentation Extraction d’information (volume, surface, intensité en fct du temps) Correction des artefacts (nécessité de comprendre les bases physiques) Visualisation (2D, 3D, 4D, + temps) Compression d’information sans pertes (énorme volume de données) Reconstruction temps réelle Traitement temps réel Affichage FUTUR proche (<5 ans) : imagerie interactive – Adapter les paramètres d’acquisition en temps réel à partir des mesures précédentes z Ex Tr, Te, position de la coupe pour suivre un organe qui bouge, … main {printf(«Sniff, sniff, c’est fini!\n»);}