Parôle de CN Edi Engelberger, président usam

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Dachorganisation der Schweizer KMU
Organisation faîtière des PME suisses
Organizzazione mantello delle PMI svizzere
Umbrella organization of Swiss SME
Rencontre avec la presse organisée le 26 février 2009 à Berne
Analyse de la situation politico-économique
telle qu’elle se présente pour les PME
Edi Engelberger, conseiller national, président usam
Seul le texte prononcé fait foi
Les conséquences de la crise financière se font de plus en plus sentir sur l’économie réelle et les
PME également. Pour mémoire, rappelons que les petites et moyennes entreprises constituent l’épine
dorsale de l’économie suisse : 99,7% des quelque 300 000 entreprises actives dans notre pays sont
des PME occupant moins de 250 collaborateurs. Elles offrent deux tiers des emplois et forment
70% des apprentis. En tant que président de l’organisation faîtière des PME suisses, plus grande
organisation économique du pays, je souhaite aujourd’hui procéder à une analyse de la situation
politico-économique telle qu’elle se présente pour les petites et moyennes entreprises.
En l’occurrence, je vais plus particulièrement aborder trois thèmes, bien évidemment liés:
premièrement les programmes conjoncturels étatiques, deuxièmement l’octroi de crédits aux PME et
troisièmement la problématique des rémunérations, notamment en rapport avec l’UBS.
1. Programmes conjoncturels étatiques
En réaction à la nette détérioration de la situation économique, le Conseil fédéral a jusqu’ici adopté
deux programmes conjoncturels étatiques. Par chance, notre Gouvernement n’a pas suivi le mauvais
exemple de l’étranger ni les revendications de la gauche l’exhortant à céder à un activisme aveugle et
à ficeler des programmes conjoncturels se chiffrant en milliards de francs pour n’engendrer que peu
d’effets. L’usam continuera de s’opposer à toutes les mesures provoquant une augmentation de la
quote-part de l’Etat, mesures qui ne feraient que restreindre encore la marge de manœuvre
entrepreneuriale absolument indispensable à la relance économique. De même, la prolongation de la
durée d’indemnisation de douze à dix-huit mois en cas de réduction de l’horaire de travail décidée par
le Conseil fédéral le 11 février 2009 est, à nos yeux, une mauvaise décision d’un point de vue politicoéconomique. Nous estimons enfin qu’un troisième paquet conjoncturel n’est pas nécessaire.
En revanche, l’usam se prononce clairement en faveur d’incitations fiscales ou d’allègements fiscaux
visant à soutenir la conjoncture. Elle salue à cet égard la décision du Conseil fédéral d’anticiper la
compensation de la progression à froid à partir de 2010 déjà. D’autres allègements fiscaux visant à
augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs et à décharger les entreprises sont à étudier.
L’usam approuve également l’utilisation de la marge de manœuvre financière existante au titre de
frein à l’endettement, à savoir des investissements anticipés des pouvoirs publics, tels ceux décidés
par le Gouvernement dans son deuxième train de mesures de stabilisation conjoncturelle présenté le
11 février 2009. Pour soutenir la conjoncture, il est important que ces investissements s’effectuent
cette année encore. Les projets déjà approuvés et prêts à être réalisés doivent se concrétiser le plus
rapidement possible.
Schweizerischer Gewerbeverband
Union suisse des arts et métiers
Unione svizzera delle arti e mestieri
Schwarztorstrasse 26, Postfach, 3001 Bern ∙ Telefon 031 380 14 14, Fax 031 380 14 15 ∙ [email protected]
www.sgv-usam.ch
2. Octroi de crédits aux PME
Première constatation essentielle: les PME ne souffrent heureusement pas encore d’un resserrement
du crédit. L’usam remarque cependant avec une certaine amertume que l’Etat doit maintenant
octroyer une aide atteignant des milliards de francs à l’établissement bancaire qui depuis des années,
à l’instar d’autres grandes banques, fixe justement aux PME des critères très sévères en matière
d’octroi de crédits. En cas de crise, non seulement les PME ne peuvent compter sur aucune aide de
l’Etat, mais doivent encore craindre, dans la situation économique difficile que nous connaissons
actuellement, que l’application d’une politique plus restrictive en matière d’octroi de crédits leur fasse
payer les erreurs de certains instituts financiers. Cela vaut en particulier pour les très petites
entreprises – rappelons qu’en Suisse 88% des entreprises occupent moins de 10 collaborateurs – et
est absolument inacceptable.
Forte de ce qui précède, l’usam exige que l’octroi de crédits bancaires soit garanti à l’économie et
notamment aux PME à des conditions raisonnables. Cet élément est plus important que la mise en
œuvre de programmes conjoncturels se chiffrant en milliards de francs qui, faute d’être parfaitement
ciblés, voient leurs effets ou s’estomper très vite ou se déployer trop tard. Les banques sont exhortées
à ne pas thésauriser les fonds qui leur sont confiés, mais à les injecter dans les circuits économiques.
Pour garantir l’octroi de crédits aux PME, il nécessaire également de relever la limite de crédit dans le
cadre du cautionnement des arts et métiers, comme je l’ai demandé dans mon interpellation du
16 décembre 2008, déposée sous le titre Crise financière et PME.
3. Problématique des rémunérations et UBS
Le thème des rémunérations dites abusives et des bonus prédomine depuis un certain temps déjà
dans les médias et agite les esprits, dans les milieux des arts et métiers également. Aux yeux des
nombreuses petites et moyennes entreprises de notre pays, qui chaque jour remplissent leur mission
sans grand bruit ni salaires mirobolants, les excès salariaux enregistrés dans les grandes entreprises
sont un scandale. Cela vaut en particulier pour l’UBS qui, en dépit de l’aide de la Confédération, d’un
déficit de 20 milliards de francs et de la suppression de 2000 emplois supplémentaires, octroie des
rémunérations librement attribuables pour un montant dépassant le milliard de francs. En agissant de
la sorte, l’UBS fait preuve de peu de doigté et ne tient compte ni des sensibilités sociopolitiques ni du
contexte politique suisse.
L’Autorité de surveillance des marchés financiers FINMA, qui a approuvé la décision de l’UBS, doit
elle aussi être considérée avec un œil critique. Le fait que cet organisme soit essentiellement
composé de personnes proches de la place financière auxquelles il manque la saine distance
nécessaire a aujourd’hui des conséquences fâcheuses. J’ai déposé, le 20 décembre 2006 déjà, une
motion demandant qu’au moins un membre du conseil d’administration de la FINMA ait occupé une
fonction dirigeante dans une petite ou moyenne entreprise. Le Conseil fédéral a proposé de rejeter
cette motion le 9 mars 2007, s’appuyant sur des arguments peu convaincants. L’usam appelle donc
avec insistance le Parlement à corriger le tir en l’adoptant.
Pour conclure, je relèverai qu’après une forte période de croissance, les PME suisses restent
aujourd’hui encore dans l’ensemble bien positionnées. Il s’agit maintenant de ne pas répéter les
mêmes erreurs et de prendre les bonnes décisions : pas d’activisme aveugle de la part de l’Etat ni
programmes conjoncturels atteignant des milliards de francs, mais un allègement administratif et fiscal
des PME – et retour, dans les grandes entreprises concernées, à une politique salariale sociopolitiquement défendable, afin de restaurer la confiance dans les marchés financiers.
Renseignements complémentaires
Edi Engelberger, conseiller national, président usam, mobile 079 340 46 76
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