Visite des Tours de Merle et des fermes du Moyen-âge.

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Visite des Tours de Merle et des fermes du
Moyen-âge.
Samedi 4 mai 2013
Un groupe d’une vingtaine d’Amopaliens s’est rendu sur le site des Tours
de Merle, en Xaintrie, aux confins du Limousin et de l’Auvergne, le
guide prévu pour la visite étant hospitalisé, Geneviève Queyrie s’est proposée pour nous
éclairer sur le site et l’architecture des forteresses médiévales.
Nous remercions bien sincèrement Geneviève de nous avoir fait partager sa culture ; sa
gentillesse et ses savoirs ont ajouté de la vie et des connaissances à cette découverte.
Les Tours de Merle sont un
château ou une citadelle
féodale des XIIIe et XIVe
siècles, situé à Saint-Geniez-ôMerle, en Corrèze. Ce château
fait l’objet d’un classement au
titre des monuments historiques
depuis 1927.
Les vestiges des Tours de Merle se
dressent sur un éperon rocheux
cerné par un méandre de la
Maronne (affluent de la
Dordogne)
A l’origine, ce promontoire était un
repaire de troglodytes qui
logeaient dans des grottes
situées sous l’emplacement
actuel des tours.
Au XIème siècle le Limousin se divise en quatre grandes vicomtés : Comborn, Limoges, Limoges,
Ventadour et Turenne dont Merle était vassal. Les comtes de Turenne auraient permis à une
famille de s’établir sur cet éperon rocheux, le nom de Merla ou Mérula désigne en latin
l’oiseau ou le lieu solitaire et inaccessible.
Au XIVe, Merle comprend sept châteaux, deux chapelles et un village, possédés en indivision
par sept seigneurs des familles de Merle, Carbonnières, Veyrac, Pesteils ou Noailles qui
donnèrent leur nom à la tour qu’ils firent construire en signe de pouvoir.
Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais s’emparent de la tour de Pesteil, puis la
restituent en signe d’obéissance au pape Grégoire XI natif de Rosiers d’Egletons.
Durant les guerres de religion qui suivirent, les calvinistes prennent la citadelle qu’ils
occupent de 1574 à 1576.
A partir du XVIIème siècle, les tours sont progressivement abandonnées.
Les bâtiments dits de Cafolenc seraient sis à l'emplacement de la 1 ère occupation humaine.
Le 1er situé au Nord de la presqu'île (K) serait le plus ancien (Xème ou XIème s), puis furent
construits les châteaux de Pierre de
Merle (I) et de Veyrac (H). Ses
bâtiments furent rasés en 1576 par le
gouverneur d'Auvergne. Il n'en reste
qu'une tour qui abrite encore un escalier
à vis en pierre.
L'implantation de l'ancienne chapelle
seigneuriale (J), dédiée à Saint Léger,
marquait l'entrée de la 2 eme enceinte.
La chapelle Saint Leger(J)
On distingue encore sur les culots, aux angles du chœur,
trois des quatre symboles des saints évangélistes : l'ange,
le taureau et le lion (l'aigle de Saint Jean étant manquant).
Le taureau
Faisant face à la chapelle se
dresse le Fort Saint Basile
(E) édifié au XIIIème s et
XIVèmes.
Ce Fort dépend du château
de Pesteil et de Carbonnière
(D): deux puissantes familles
venant du Quercy et de Haute
Auvergne. Cette bâtisse se
compose de deux
constructions distinctes et
accolées. Elles devaient
comprendre environ vingt
Le fort Saint Basile(E)
salles réparties sur sept
niveaux. Les murs sont percés
de larges fenêtres à meneaux, on y voit encore des cheminées à manteau sur arc surbaissé.
La tour Fulcon de Merle(F)
La tour de Fulcon de Merle (F), le plus
puissant seigneur de Merle, est datée du
XIIIème.
sur la façade se trouve un pigeonnier.
Cette Tour s'élève sur quatre niveaux, le rezde-chaussée, où se trouve le cellier, est bâti
à même le roc, les salles des étages
supérieurs sont voûtées en berceau de plein
cintre et abritent une cuisine au sol en pisé
(petites pierres taillées) avec placard,
cheminée et mezzanine (remise à denrées)
ainsi que la chambre des filles d'Hugues de
Merle avec latrine (en parfait état) et fenêtres
à meneaux.
Le château d'Hugues de Merle (G), daté
du XVIème s. se compose de trois étages.
L'absence de contreforts et des murs plus
étroits en font le bâtiment le plus élégant
et le plus haut de la presqu'île.
Le château d’Hugues de Merle(G)
Sur la place Del Ferradou (C) se trouvait un rempart séparant les deux terrasses.
Le donjon de Noailles (B), daté du XIVème, construit en granit
noir, était protégé au Sud et à l'Est par une enceinte
rectangulaire percée de meurtrières.
Le donjon de Noailles(B)
Probablement construit à la fin du XIIIème, le donjon de
Pesteils (A) fonctionnait comme une tour résidentielle. Un
escalier en pierre permet l'accès à une terrasse
couronnée de mâchicoulis et dominée par une
échauguette de style byzantin à toit en poivrière. Cette
terrasse repose sur une croisée d'ogives au centre de
laquelle se trouve une clef de voûte sculptée aux
armoiries du seigneur de Pesteils.
L’échauguette au sommet du
donjon de Pesteils(A)
Le déjeuner à été apprécié à l’auberge de Saint Julien aux Bois, le menu « prestige » a
satisfait les gourmets et les gourmands.
L’après-midi à été consacré à la découverte des
Fermes du moyen-âge de Saint Julien aux Bois.
Pierre Gire a consacré sa vie à recréer un rêve d’enfance : celui de
vivre dans un village du Moyen Age, avec ses maisons et ses
granges, ses plantes, ses animaux, et même ses habitants. Le rêve
est devenu réalité. En 2004, il n’y avait rien au Puy d’Arrel.
Aujourd’hui y a surgi un village de l’an 1476, que lui et son père ont
créé de leurs seules mains. Tout y est juste, à sa place : les
charpentes, les meubles, les vêtements, les cultures…
Cette reconstitution n'est pas œuvre d'imagination. Elle s'appuie sur
des recherches documentaires, archéologiques et ethnographiques de terrain.
Les habitants du Puy d’Arrel élèvent du bétail.
Grâce à l’iconographie et aux recherches archéozoologiques menées
en Xaintrie, nous avons une bonne approche du cheptel élevé au
Moyen Age :
Le porc (lo ganhon) : à la fin du XVe siècle, on le mentionne de soie
noire et blanche. Il est plus proche du sanglier que du cochon rose actuel. Il apparaît couvert
de poils durs, de taille moyenne (0,75 mètre de haut) et assez mince.
La première ressource attendue de cet animal est son lard.
Vaches et bœufs (vachas e buòns) : à l’époque médiévale, les
bovins sont de petite taille, entre 1 m et 1,20 m de haut (contre 1,40
m de nos jours). Dans la région, les vaches sont souvent de robe
unie, et leur couleur tourne autour du brun, du rouge acajou, en
passant par le fauve roux.
Les bêtes ne restent à l’étable qu’en hiver, nourries avec des
fourrages récoltés sur les pacages et les champs des alentours. Elles
sont l’objet de tous les soins car on leur demande beaucoup : du
travail d’abord pour labourer et tracter, du lait, du fumier et, en fin de vie seulement, de la
viande.
Les brebis (las volhas) : elles sont de taille moyenne, de 0,50 à 0,70 mètre de haut, d’une
toison généralement blanche, quelquefois marron. A la belle saison, elles pâturent dans les
jachères, les près, et parfois dans les « chalms » ou « fraux » de la paroisse (actuels
communaux). L’animal est élevé surtout pour sa laine et les agneaux pour leur viande.
La chèvre (la chabra) : elle est plus rare sur le plateau, et elle remplace la vache chez les
gens les plus pauvres. Elle est élevée pour son lait et son poil.
La poule (la gelina) : d’après les études, la taille réduite des os longs des poules trouvés
dans les fouilles démontre que les poules de ce temps étaient naines.
Et puis les abeilles (las abelhas)…
Le rucher de la ferme au XVe siècle
L’apiculture est très importante. Elle fournit miel
et cire (sucre et éclairage). La cire fait souvent
partie des prélèvements de l’impôt foncier.
Stockée par le seigneur, elle servira, quand un
décès surviendra, à assurer sous forme de cierge
le repos de l’âme du défunt.
L’apiculteur opère généralement sans aucune
protection. Pour apaiser les abeilles, il présente
une torche de paille allumée à l’entrée de la
ruche. Une fois la ruche retournée, à l’aide d’une
plume d’oie, il pousse les abeilles enfumées vers
le centre où se trouve le couvain.Puis avec un
couteau, il détache délicatement les rayons. Une petite quantité de ce miel se mange en
rayon. Le reste de la récolte, pressé dans une toile, est conservé en pot.
La cire qui reste dans la toile est ensuite mise à fondre dans une “oule“ (ola) avec de l’eau.
Après refroidissement, les pains sont récupérés et mis à sécher. Ils serviront à couler des
torches (cierges).
L’abeille est considérée comme un insecte faisant partie de la famille. Si la ferme est
endeuillée, la ruche l’est aussi par un ruban noir.
Le “cantou“
Signifiant littéralement « le coin », c’est un
élément primordial de l’habitat, de l’âme et de
la sociabilité limousine : lieu de la cuisine, de la
lumière, de la chaleur, c’est là que se regroupe
la famille, que s’échangent les nouvelles, que
se transmettent, à la veillée, les histoires, les
légendes, le sacré. C’est vraiment le « feu »,
synonyme de foyer où l’on vit « à pot et à feu ».
Autant de “cantous“, autant de feux c’est-à-dire
d’unités familiales.
Le plus souvent très grands, leur taille et leur
place varient selon l’aisance de la famille. Ils
prennent généralement place contre l’un des
murs pignons de la maison :
- soit en renfoncement dans l’épaisseur du mur,
- soit délimités par un ou deux murets en avancée sur le(s)quel(s) s’appuie une poutre
transversale.
Mais il arrive encore à cette époque que le foyer, limité par de grosses pierres, soit placé au
centre de la pièce, comme dans l’habitation nouvelle de chez Miremont.
Le jardin ou “l'òrt de la sopa“
Dans les villages, la plupart des
maisons ont leurs jardins. De surface
généralement très réduite, ils sont
souvent accolés aux bâtiments.
Certains habitats de montagne ont
préservé jusqu’à nos jours cette
même configuration.
Pour recréer les jardins de notre
village, nous avons eu recours aux
archives, à l’ethnographie locale et à
l’archéologie botanique. En effet, la
seule solution pour retrouver les
espèces anciennes est de rechercher
les plantes qui poussent en dehors
de leur aire géographique habituelle.
Leur présence inattendue, sous une forme redevenue sauvage, peut indiquer qu’elles
dérivent d’une espèce autrefois cultivée. Ainsi la tâche est plus aisée lorsqu’un village a été
abandonné depuis l’époque médiévale
L'agriculture au village au XVe siècle
Les mas ou domaines disposent à peine, en moyenne, de deux hectares de terres
labourables. Les champs en occupent une bonne partie, devant les près qui viennent en
second.
Ici comme dans toute la Xaintrie médiévale, les agriculteurs pratiquent une polyculture
céréalière : seigle, froment, sarrasin, avoine et parfois millet. Les paysans pratiquent une
rotation biennale, alternant plantation de céréales puis jachère, pour ne pas épuiser le sol.
Le fumier est rare et entièrement utilisé pour le potager et les vignes.
Le seigle est semé au mois d’octobre, l’avoine en mars, parfois mélangée avec des pois.
L’apport alimentaire des céréales est en effet complété par celui de quelques légumineuses
cultivées dans les jardins à l’intérieur du village : fèves, pois, vesses.
La châtaigne tient aussi une place essentielle dans l’alimentation du paysan de la Xaintrie, et
l’arboriculture fournit pommes, prunes,
pêches.
La consommation, d’après le terrier *
d’Hugues de Merle, seigneur de
Xaintrie au XIVe siècle, est la suivante
: seigle (62%), avoine (28%), froment
(8%), raves (1%) et fèves (1%).
La cuisine au village au XVe siècle
Les céréales sont battues puis
vannées, et les grains broyés au
moulin ou sur des meules à bras.Les
farines obtenues, surtout celles de
sarrasin (ou blé noir), d’avoine et de
millet, dont on ne peut pas faire de
pain, servent à préparer des bouillies, la “pou“ (pols) et des galettes : “bourriols“ ou “tourtous“
(tortons), qui le remplacent. La cuisson en est plus rapide, demande beaucoup moins de
bois, et surtout permet d’économiser le seigle, dont le
métayer doit donner la moitié, et qui a toujours servi à
payer les impositions.
Les aliments cuisent dans des poteries, des “oules“
(olas), posées sur la braise ou suspendues (la cuisson
par grillade, réservée aux nobles, est très
exceptionnelle).
Le bouillon, plus ou moins gras selon ce qu’il reste du
cochon, accompagne des légumes frais ou secs,
récoltés dans l’ “òrt a vianda“, le jardin.
On a oublié que le mot viande vient de vivenda, ce qui
est nécessaire à la vie, les légumes.
Les boissons sont de l’eau, du lait ou du vin peu
alcoolisé coupé d’eau.
Les paysans consomment seulement leur production,
tandis que les nobles boivent surtout du vin importé du
Bas Limousin.
La vaisselle de service est en bois ou en calebasse. Les
gens utilisent leurs doigts et le couteau pour manger. La
cuillère en bois sert pour les soupes et les ragoûts
La chapelle est en construction
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