La Contention

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N°10
Mai 2013
La contention.
Editorial
La mise en application d’une
contention bouscule trois domaines
d’investigation et de questionnement dans
le cadre de la prise en soins. L’éthique,
dans un premier temps, qui doit s’interroger sur la liberté d’aller et venir, puis la
bientraitance, cela se comprend aisément,
et enfin la multidisciplinarité, que la contention doit interpeler à chaque fois
qu’elle s’avère nécessaire.
Les dossiers du
psychologue
RÉFLÉCHIR, COMPRENDRE, ANALYSER ET PRATIQUER
Quelques mois après la remise au
travail de l’EPP Contention, voici un numéro dont le thème a été proposé par l’EPP
Bientraitance. Il devrait permettre de relancer la réflexion sur la contention, sa gestion,
sa légitimité, ses risques et son bon sens.
impérieuse de contenir l’agressivité ou la
prise de risque. C’est bien face à cet obstacle de contradiction que se trouve le
soignant en permanence. Doit-on laisser
chuter Mme X. ou l’attacher à son fauteuil ? Doit-on risquer que M. Z. frappe
un résident ou vaut-il mieux le contenir
dans sa chambre ? Doit-on laisser Mme
Y. s’épuiser en déambulations nocturnes
ou lui permettre de dormir un peu en levant les barrières du lit ?
Toutes ces questions trouvent
régulièrement leur réponse dans la contention. Mais il semble que ce soit plus
par peur, par désarroi ou par habitude que
nous allions systématiquement chercher la
solution du côté de la contention. En effet,
non seulement la littérature nous apprend
que le risque de chute est plus important
chez les personnes contenues, mais encore de nombreuses expériences de terrain
démontrent que l’on peut se passer de la
contention sur un établissement entier,
dès lors qu’on adopte une politique certes
osée, mais qui porte finalement ses fruits
si tous les agents participent à leur niveau
à cette modification de la prise en soins.
Tous ces questionnements sont
apparus ces dernières décennies. Avec
l’évolution de notre société, l’augmentation de l’âge moyen des français, la recrudescence de l’incidence de la maladie
d’Alzheimer et démences assimilées, nous
nous confrontons à de nombreux paradoxes, dont le principal qui nous concerne
dans ce numéro : comment concilier bienL’Humanitude que nous connaistraitance, respect de la liberté, troubles du
comportement et mise en danger de soi ? sons bien sur cet établissement est une
partie de la réponse. Mais il y a bien
L’affrontement de ces deux prod’autres possibilités à étudier et à adopter.
blématiques, souvent antagonistes, est
Ce numéro des dossiers du psychologue
permanent, quotidien dans les services
va tenter de vous faire réfléchir à cette
d’hébergement et de soins. Le fossé perouverture. Bonne lecture !
siste entre la loi, la charte de la personne
hospitalisée par exemple et la nécessité
Richard Salicrú
Dans ce numéro :
Tout savoir sur la contention
2
Vrai ou faux ? A vous de jouer !
Petite histoire de la contention en psychiatrie
3
La contention atteint-elle ses objectifs ?
4
Les dangers de la contention
4
La privation de liberté
5
La contrainte et les systèmes de défenses
5
Recommandations en cas de troubles du comportement (extrait d’un document HAS)
Solution du vrai ou faux.
Brèves du psychologue
6-7
8
Tout savoir sur la contention
Définition de la contention :
« La contention physique dite passive est
l’utilisation de tous moyens, méthodes,
matériels ou vêtements qui empêchent ou
limitent les capacités de mobilisation
volontaire de tout ou une partie du corps,
dans le seul but d’obtenir de la sécurité
pour une personne qui présente un comportement estimé dangereux ou mal
adapté. » (définition HAS)
1/ Les différents types de contention.
Il existe trois types de contention :
⇒ chimique (psychotropes)
⇒ contraintes physiques
⇒ matériaux et attaches : sangles, gilets,
harnais, ceintures, draps, grenouillères, sécuridraps, moufles, etc…
2/ Les raisons invoquées par les soignants pour la pose de contention.
La sécurité de la personne soignée
Les situations de crise, le risque de violence ou d’auto-mutilation, la désorientation des personnes, les chutes à répétition
sont un premier lot de raisons invoquées.
Mais il y a aussi des raisons médicales
pour pratiquer un examen quand la personne est agitée ou alcoolisée par
exemple.
Autre raison souvent invoquée : le défaut
de moyens de surveillance du personnel
soignant.
La sécurité de l’entourage
La sécurité de l’entourage est en jeu lorsqu’il y a un risque infectieux bien sûr
mais aussi lorsque il y a des risques
d’agressions verbales ou physiques des
autres patients ou des proches.
La protection de l’environnement
Car les matériels et les locaux peuvent
être aussi dégradés par les actes violents
des personnes ayant des troubles du
comportement.
La sécurité du personnel et de l’institution
Dans le pire des cas l’attache peut être
employée comme mesure disciplinaire.
Elle peut aussi être employée pour préserver la sécurité judiciaire pour éviter
les plaintes des familles (plainte pour
maltraitance). Enfin elle peut répondre à
une demande de la famille.
3/ Répercussions sur la personne soignée
Les conséquences somatiques
La contention réduit rapidement l’autonomie ainsi que la liberté de mouvement.
Il y a des risques importants de troubles
trophiques (escarres), des complications
Page 2
locomotrices (contractures douloureuses,
rétractions…), des conséquences vasculaires (plaies, ischémie, œdèmes par
compression du point d’attache). On peut
aussi provoquer des fausses routes avec
leur complications pulmonaires, des
compressions nerveuses, des troubles du
sommeil, de l’anorexie ou de la constipation, enfin un épuisement.
Les conséquences traumatiques
Les risques de chutes sont majorés par la
contention, beaucoup d’études le montrent. Mais le risque le plus grave est le
risque de strangulation par la contention.
Evidemment il y a aussi le risque
d’asphyxie en cas d’incendie.
Les conséquences psychologiques
La contention augmente les délires, la
confusion et la dépression. Elle provoque
de l’isolement et une détérioration plus
rapide des capacités de raisonnement.
Enfin, on observera une perte des repères
dans l’espace et dans le temps qui s’installe plus rapidement. L’agressivité se
trouve décuplée. La contention engendre
un sentiment de haine, de culpabilité et
d’humiliation. Enfin elle favorise la dépendance psychologique envers le soignant avec l’installation progressive
d’une relation d’esclave à maître.
La contention chimique
La contention par des médicaments souvent moins visibles et moins culpabilisante pour les soignants n’en a pas moins
des effets secondaires dont il faut tenir
compte (hypotension, délires, dépression, etc…)
4/ Répercussions sur l’entourage
Vécu positif
La contention rassure les familles et les
proches, elle donne l’impression que les
risques sont moindres, surtout les risques
de chutes. Enfin, elle apaise une certaine
culpabilité. Mais cela reste tout à fait
illusoire...
Vécu négatif
La contention peut aussi provoquer de la
peur pour la famille, un sentiment de
rejet et de mise à distance. Elle fragilise
les liens existants par une perte de confiance vis-à-vis des soignants.
5/ Répercussions chez les soignants
La contention provoque de nombreux
conflits internes chez les soignants : insatisfaction, culpabilité, honte, diminution de l’estime de soi, etc.
Nous pouvons aussi observer une perte
du sens du soin et une modification de la
surveillance. La contention physique
renvoie au soignant une image de
« malade dangereux », la contention chimique de « légume ». Elle donne aussi le
sentiment d’une fausse sécurité qui diminue la vigilance des soignants.
Enfin la contention peut provoquer des
conflits d’équipe s’il n’y a pas de discussion entre les soignants et qu’un consensus n’est pas établi.
6/ Bénéfices des moyens de contention
Il existe bien sûr quelques bénéfices pour
tout type de contention. Quelquefois, la
contention permet d’assurer simplement
les soins. La contention posturale aussi
permet la rééducation. Enfin, la protection des autres personnes justifie aussi
souvent la pose d’une contention.
7/ Les différentes études
Les études scientifiques menées autour
de la question de la contention ne démontrent pas d’intérêt pour la contention. Ne pas mettre de contention ne fait
pas augmenter le risque de chute, car dès
que l’on enlève la contention, le risque
de chute est encore plus important. Il n’y
a pas de gain de temps pour les soignants
car non seulement une personne attachée
réclame plus l’attention de ses soignants,
mais encore elle relève d’une surveillance plus active pour éviter les risques
liés à la contention elle-même. L’immobilisation va entrainer à terme des soins
beaucoup plus lourds.
« La décision de contention se fonde plus
sur une impression de la présence d'un
risque que sur une évaluation précise de
ce risque. Cette perception est certainement confortée par le sentiment que l’absence de contention ferait courir un
risque médico-légal au soignant. Prouver
et convaincre que la réduction des contentions ne s’accompagne pas d’une majoration des chutes et des blessures est
donc fondamental pour changer les représentations et les pratiques dans ce
domaine »
8/ Le point de vue judiciaire
Toute famille peut porter plainte pour
dénoncer les conséquences délétères
d’une contention (chute, strangulation,
etc.). Il n’existe pas vraiment de cadre
légalisant la contention ou en marquant
les limites. S’il peut arriver que les soignants soient mis en cause, le juge repère
en général les conditions générales de
sécurité, et le caractère prévisible ou non
de l’accident. Il est nécessaire alors
d’établir un rapport circonstancié de l’accident.
L E S D O S S I E R S DU PS Y C H O L O G U E
Vrai ou faux ? A vous de jouer ! (Réponses en page 7)
1/ On est obligé d’employer ces moyens de contention parce qu’on manque de personnel.
Vrai

Faux

2/ Les chutes font partie des risques liés à la contention.
Vrai

Faux

3/ En institution pour personnes âgées, 1 décès sur 1000 est dû à une contention.
Vrai

Faux

4/ L’emploi de dispositifs de contention met les soignants et l’hôpital à l’abri des poursuites judiciaires.
Vrai

Faux

5/ Les moyens de contention assurent la sécurité des résidents.
Vrai

Faux

6/ En USLD le nombre de chutes graves augmente chez les patients attachés.
Vrai

Faux

7/ Il n’existe rien pour remplacer les moyens de contention.
Vrai

Faux

8/ Le mot contention vient du latin contentio = lutte.
Vrai

Faux

9/ La contention n’est employée qu’en dernier ressort.
Vrai

Faux

10/ Toute contention doit être évaluée toutes les 24h.
Vrai

Faux

Petite histoire de la contention en psychiatrie
Au Moyen-âge, le malade mental était le plus souvent
« soigné » à domicile, il était en général nécessaire d'attacher «
les fous furieux ». Ce recours semblait alors traduire l’attention des proches qui veillaient à protéger le fou de lui-même
tout en préservant la sécurité de chacun. Les
moyens de contention ne permettaient pas d'isoler
mais de maintenir le fou dans sa famille ou dans la
communauté. Plus tard, il s'agira d'enfermer les
errants, les déviants de toutes sortes, dont les fous.
Isolement et contention seront alors utilisés non
plus pour maintenir à domicile mais pour assigner
une place, pour emprisonner, pour exclure.
Au siècle des Lumières, un peu partout en Europe,
les fous sont enfermés, parfois nus, dans d'étroits
cachots, et nourris par des guichets au moyen de
récipients de cuivre attachés à des chaînes. On
utilise des camisoles de force et des chaînes fixées
au mur et au lit pour immobiliser les malades en
se fondant sur la théorie que plus la contention est douloureuse, meilleurs sont les résultats obtenus. Le fou devient ensuite un malade qu'il faut traiter par l'art de l'aliéniste. Si Pinel
libère les aliénés de leurs chaînes, il n'en supprime pas pour
N°10
cela l'isolement et la contention. Pinel, et surtout Esquirol,
vont, au contraire, faire de l'isolement un des concepts centraux du traitement moral. La loi du 30 juin 1838 va institutionnaliser l'isolement en créant l'asile.
En l’absence de traitement sédatif l'usage traditionnel de la contrainte physique, afin de maintenir l'ordre dans les hospices et des asiles,
constitue le modèle du travail de « surveillant »
en psychiatrie. Ce modèle sera renforcé par la
double mission de la psychiatrie française (qui
associe soin et maintien de l'ordre social). Ni la
découverte des neuroleptiques, ni l'utilisation
des psychothérapies, ni la place du secteur psychiatrique (qui renvoie à une philosophie de
soin rigoureusement inverse) ne permettront
d'abolir la contention et l'isolement à tel point
qu'il apparaît aujourd'hui impossible de se passer de ces techniques dans les situations de
grande violence.
(Extrait d’un document émanant de l’Institut de Formation des
Aides-Soignants (IFAS) Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière)
Page 3
La contention atteint-elle ses objectifs ?
La littérature nous apprend que
c’est vraisemblablement la peur
des chutes qui est le premier
motif de la mise en place d’une
contention physique. Il s’agit
bien d’une pratique habituelle
dès lors que les soignants imaginent que la réduction de la contention pourrait mettre en danger
les résidents.
Or, TINETTI (1992) conteste l’efficacité de la contention en
terme de chutes et de blessures
consécutives. Dans une étude
prospective, sur un an, comportant 397 sujets âgés en maison
de retraite, TINETTI a montré
qu’à âge égal et déficit égal, les
chutes étaient plus fréquentes
chez les sujets soumis à contention (17% versus 5%) et que les
chutes
aux
conséquences
graves ne sont pas plus fréquentes en l’absence de contention.
de SCHLEENBAKER, on note
25% de chutes chez des patients ayant été contenus et seulement 10.1% en l’absence de
contention.
Les troubles comportementaux
tels que l’agitation et la déambulation correspondent aux autres
Un autre auteur, CAPUZUTI causes de contention les plus
(1996) indique que les conten- souvent citées.
tions, non seulement ne dimiLa revue de la littérature montre
nuent pas le risque de chutes
que les deux facteurs prédictifs
graves mais l’augmentent et surde la mise sous contention phytout chez les personnes consique sont : une altération cognifuses.
tive sévère et le risque de
Enfin, d’après une observation chutes.
Les dangers de la contention
De la même manière, le fait de mettre des barrières au lit d’un patient dément qui se relève fréLe premier danger de la contention est de croire quemment n’annule pas le risque de chute. Toute
que le fait d’attacher une personne va réduire le personne travaillant en gériatrie a pu le constater
risque de chute et libérer l’agent de la nécessité de dans sa propre expérience.
surveiller la personne attachée. Dans
Quand un dément veut vraiment se
la réalité c’est souvent le contraire qui
lever, il cherchera soit à passer au
se passe. En effet, en particulier lorsdessus des barrières, soit au bout du
que la personne que l’on veut attalit, soit à se glisser entre les barrières.
cher est agitée, non seulement on ne
diminue pas le risque de chute mais
Dans ces 3 cas, le danger est plus
au contraire, bien souvent, on l’agimportant :
grave.
Dans le premier cas, si la personne
De fait, tout simplement, si on attache
chute elle tombera de plus haut
une personne et qu’elle s’agite, elle
(hauteur du lit + hauteur de la barpeut tout de même tomber et, au
rière)
risque de sa chute, va se rajouter ceDans les 2 autres cas, elle peut se
lui de la chute de l’objet auquel elle
coincer un bras, une jambe, la tête et
est attachée. La chute de cet objet va
le cou avec possibilité de fractures,
soit empêcher la personne de se procompressions, nécroses parfois irrétéger dans sa chute, soit l’objet auversibles conduisant à des amputaquel elle est attachée peut tomber sur
tions, étouffement conduisant au déelle, un fauteuil par exemple, aggracès. Ainsi, même la pose de barrières
vant les conséquences de la chute
doit toujours faire l’objet d’une rédans les deux cas. Ainsi, le fait d’attaflexion et n’est pas toujours nécescher ne dédouane pas de l’obligation
saire, selon les résidants ou les pade surveiller la personne. En termes
tients. Il faut savoir expliquer aux fad’éthique et de responsabilité, il acmilles
que
les
risques encourus en cas de contencroît même cette nécessité de surveillance ainsi
tion
sont
plus
délétères
que les risques propres liés
que la responsabilité de la personne qui en prend
à
la
chute.
Rappelons
que les risques de chutes
l’initiative sans prescription médicale ou protocole
sont
trois
fois
plus
fréquents
sous contention.
de service précis.
Augmentation du risque de chute
Page 4
L E S D O S S I E R S DU PS Y C H O L O G U E
La privation de liberté
Un danger psychologique moins directement identifiable est le sentiment de privation de liberté et de
punition que fait naître la contention. La contention est vécue comme une contrainte et une injustice par
la personne contenue. Au lieu de la calmer, la contention va aggraver ses troubles du comportement,
son état d’anxiété et donc son agressivité même si l’intention initiale du soignant était qu’elle se calme.
Une dame démente me disait un jour, alors qu’elle avait des barrières avec protection de barrières,
pleines et blanches : « j’ai l’impression d’être déjà dans mon cercueil ».
A elle seule une telle réflexion doit nous faire réfléchir sur le bien fondé de la contention en institution ou
à l’hôpital. Si on attache et enferme systématiquement, on s’aperçoit qu’on est bien loin d’une démarche gériatrique de projet de vie au travers du projet de soin… (d’après un témoignage anonyme sur
internet)
La contrainte et les systèmes de défenses
Ce qu’il est important de
savoir, c’est que du point de vue
psychologique, nous construisons
tout au long de notre vie des systèmes de défenses. Ces mécanismes nous permettent de nous
défendre contre toutes les agressions externes, d’une part mais aussi contre les agressions internes,
celles qui viennent de notre inconscient et nous mènent, par exemple,
à l’autodestruction.
mieux que d’autres. Certains ne se
contiennent pas vraiment bien, le
pire étant le psychopathe ou le pervers. Certains se contiennent beaucoup trop, cela mène aux obsessions, TOC et autres troubles névrotiques.
Mais qu’advient-il lorsque
nous vieillissons, lorsque notre cerveau n’est plus capable des mêmes
prouesses parce qu’il fatigue ?
Qu’arrive-t-il enfin lorsque nous
Nos pulsions sont nom- sommes en proie à une telle détériobreuses, elles sont sexuelles ou ration psychique que plus rien ne
agressives. Elles sont naturelles. peut fonctionner comme avant ?
L’enfant, tout au long de l’éducation,
La réponse est très simple :
développe contre ces pulsions des
nous ne parvenons plus à nous condéfenses en intégrant petit à petit
tenir. Et paradoxalement, nous obles interdits que prononcent ses
servons que ceux qui se sont souéducateurs. L’enfant, en grandisvent beaucoup trop contenus toute
sant, arrive de mieux en mieux à
leur vie durant, ne tiennent plus la
gérer ses pulsions agressives, à les
pression pulsionnelle en entrant
exprimer par d’autres biais que la
dans la confusion de la démence.
violence. Il apprendra par exemple à
Exhibitions, agressivité, paroles trine plus donner un coup de poing sur
viales, gestes infantiles ou sans lila cuisse de sa mère, mais plutôt à
mite, actes insensés sont quotidiens
lui parler, d’abord de façon autorichez les personnes souffrant de détaire puis après réprimande de famence. Lorsque les troubles du
çon plus respectueuse. Son intérêt
comportements deviennent perturà être « gentil » et les bénéfices
bateurs, lorsque les personnes ne
qu’il en tirera, s’il le comprend,
se contiennent plus, alors nous réavont lui permettre de construire
gissons avec une logique tout à fait
progressivement une capacité à
humaine : nous compensons leur
se contenir.
incapacité à se contenir en leur ofNous nous contenons donc frant une contention de remplaceà l’âge adulte. Evidemment en cas ment. Chimique ou physique, la lod’urgence ou de grande peur, nous gique reste la même : je te contiens
sommes quelquefois débordés par parce que tu n’es plus capable de te
notre agressivité. Mais en général contenir seul.
nous nous contenons. Et puis il y a
Mais faut-il forcément en
de grandes différences entre les
passer par cette logique ? C’est
individus. Certains se contiennent
toute la question. Comment réinterN°10
roger cette logique ? Quelle alternative à une telle logique ?
Le problème est pourtant
simple mais difficile à observer.
Chaque trouble du comportement
doit avoir une raison. Car la mise en
mouvement d’un système de défense chez l’homme est toujours
justifiée par une agression contre
laquelle celui-ci lutte. Mais la difficulté est que, dans la démence, le
sens se perd. C’est-à-dire que les
réactions peuvent être si disproportionnées par rapport à ce qui les a
provoquées que nous, soignants,
sommes perdus face à cela. Et c’est
la recherche du sens qui est complexe. C’est donc parce que le sens
est difficile à comprendre que nous
proposons la seule solution que
nous croyons efficace, la contention.
C’est bien face à l’absence d’une
logique humaine que nous ne savons pas faire.
Quelquefois nous trouvons
le sens de la réaction défensive,
surtout si la personne garde encore
des capacités pour s’exprimer. Mais
lorsqu’il n’y a pas de sens direct observables, et qu’en plus la réaction
est démesurée, comme des coups
durant la toilette, nous ne pourrons
nous rendre compte qu’il ne s’agit
que d’une réaction peut-être à une
température mal adapté du gant par
exemple. C’est peut-être alors à la
disproportion de la réaction que
nous faisons face et que nous répondons par une solution disproportionnée.
Richard Salicrú
Page 5
Recommandations en cas de troubles du comportement
LES THERAPIES NON MEDICAMENTEUSES sont recommandées en première intention pour le traitement des troubles du comportement en situation de crise.
Elles peuvent permette également de diminuer la fréquence et l’intensité des troubles du comportement et d’éviter le recours à des traitements médicamenteux (ou à une contention ! NDLR).
Attitudes de communication
RECOMMANDEES
⇒
Attirer son attention : se mettre face au patient, établir un contact visuel, attirer son attention par exemple en lui prenant doucement la main
⇒
Utiliser des phrases courtes
⇒
Préférer les questions fermées
⇒
Utiliser les gestes pour faciliter la transmission du message
⇒
Répéter le message si un doute persiste quant à sa compréhension
⇒
Laisser le temps au patient pour qu’il puisse s’exprimer
⇒
Ne pas négliger le langage du corps : rester détendu, souriant
⇒
Inclure la personne dans la conversation
⇒
Savoir rester patient.
EVITER
⇒
Eviter les différentes sources de distraction (télévision, radio, etc.) lors de la communication avec le patient
⇒
Eviter de transmettre plusieurs messages à la fois
⇒
Ne pas hausser la voix
⇒
Pour les aidants professionnels, éviter d’être familier
⇒
Ne pas obliger le patient à faire ce qu’il n’a pas envie de faire ; dans ce cas, changer de
sujet et réessayer plus tard
AUTRES INTERVENTIONS NON MEDICAMENTEUSES
⇒
Il s’agit d’interventions sur la qualité de vie, sur le langage (orthophonie), sur la cognition (stimulation cognitive, revalidation cognitive), sur la stimulation sensorielle, sur l’activité motrice, sur les activités occupationnelles.
⇒
La musicothérapie, l’aromathérapie, la stimulation multisensorielle, la Reality Orientation , la reminiscence therapy, la thérapie assistée d’animaux, les massages, la thérapie de présence simulée (vidéo familiale) et la luminothérapie pourraient améliorer certains aspects du comportement.
⇒
Des prises en charge globales peuvent associer plusieurs types d’interventions (psychomotricité, ergothérapie, etc.).
⇒
⇒
Elles sont, tant en ambulatoire qu’en institution, un élément de la prise en charge thérapeutique globale.
Elles peuvent être proposées à titre individuel ou collectif et doivent être pratiquées par un personnel formé.
Page 6
L E S D O S S I E R S DU PS Y C H O L O G U E
Recommandations en cas de troubles du comportement
Attitudes de soins
RECOMMANDEES
⇒
Chercher des alternatives lorsqu’un soin peut être à l’origine d’un trouble du comportement
⇒
Installer une routine adaptée à ses habitudes (ne pas l’obliger à prendre un bain s’il a l’habitude de se doucher, etc.)
⇒
Laisser au patient la possibilité de faire ses choix (par exemple pour les plats ou pour les vêtements). Ces capacités diminuent en fonction de l’évolution de la maladie.
⇒
Simplifier le quotidien au fur et à mesure de l’évolution de la maladie (par exemple, préférer
les vêtements faciles à enfiler, éviter les plateaux-repas ou les tables trop encombrés, etc.)
⇒
Décliner les différentes tâches en plusieurs étapes (par exemple après le choix des vêtements, les présenter dans l’ordre de l’habillage)
⇒
Préserver l’intimité pour les soins et l’hygiène personnelle
⇒
Aider pour les soins d’hygiène corporelle, qui peuvent être un moment de tension : veiller à
la température de la salle de bains et de l’eau, préparer les objets de toilette à l’avance
(savon, gant, brosse à dents, etc.), respecter le besoin de pudeur du patient, lui donner une
instruction à la fois, le prévenir avant de lui faire un soin comme lui laver le visage
⇒
Rassurer et réconforter la personne régulièrement lors d’un soin
⇒
Laisser faire les comportements qui ne dérangent pas, à condition qu’ils ne soient pas dangereux
⇒
Proposer une activité ou des alternatives qui ont une signification lorsqu’il existe certains
troubles : pour une déambulation qui dérange proposer une autre activité répétitive comme
plier le linge ; pour une agitation, proposer d’écouter de la musique ou regarder l’album photo personnel du patient, etc.
⇒
Laisser le patient se calmer lorsqu’il existe une agressivité verbale ou physique déclenchée
par la présence de l’aidant
A EVITER
⇒
Eviter de faire à la place du patient ce qu’il est encore capable de faire : rechercher les capacités restantes et les stimuler
⇒
Ne pas insister lorsque le patient ne veut pas faire l’action demandée, ne pas le raisonner
Réponses du Vrai ou Faux
1/ Faux : des études montrent que les patients ayant des contraintes exigent plus d’heures de soins, et non pas moins.
2/ Vrai : ce qui est un comble !
3/ Vrai : dont 58% lors du maintien au fauteuil et 42% lors d’une contention au lit.
4/ Faux : les affaires judiciaires concernent au contraire les cas de contentions abusives.
5/ Faux : des études révèlent en fait qu’ils engendrent des dommages physiques et psychologiques et qu’ils peuvent même entraîner le décès.
6/ Vrai : En USLD le nombre de chutes graves augmente de 17% chez les patients attachés quant il n’augmente que de 5% chez les « non attachés ».
7/ Faux : des solutions de remplacement, la plus recommandable est d’agir sur l’environnement plutôt que sur la personne.
8/ Vrai : cela laisse à penser…
9/ Faux : cela est contredit par le nombre élevé de cas où l’on utilise des moyens de contrainte sans évaluation préalable.
10/ Vrai : il s’agit là du critère 9 du référentiel HAS d’octobre 2000.
N°10
Page 7
A lire
Dans cette rubrique et à chaque numéro, je vous proposerai deux ou trois
ouvrages spécialisés mais accessibles au plus grand nombre.
P R O C H A I N E ME N T
Maladie d’Alzheimer, A l’écoute d’un langage, Dr Louis Ploton, Chro-
L’intimité
L’intimité fait partie intégrante de la
liberté individuelle et de l’autonomie de la
personnalité. Il s’agit d’un sujet complexe
qu’il ne faut en aucun cas banaliser.
L’intimité est bien mise à mal au sein de
l’institution hospitalière en général.
Réfléchir sur l’intimité du résident va
forcément remettre en question la toute
puissance soignante et institutionnelle.
nique Sociale, 2009
La vieillesse en analyse, Charlotte Herfray, Ed° Erès, 2007
Validation, la méthode de Naomi Feil, Naomi Feil, Ed° Lamarre, 2005
Le singe en nous, Frans de Waal, Fayard, 2005
Retrouvez les dossiers sur le web :
http://www.hl-vdb.fr/
Brèves du psychologue
Charte de bientraitance
La charte de bientraitance a été distribuée dans tous les services en format A3 plastifié. Il vous appartient de les afficher sur les panneaux publics dans les couloirs de votre service.
Nous vous remercions de veiller à ce que cela
soit fait rapidement.
Comité d’éthique
Le comité d’éthique est à votre disposition pour répondre à toutes les questions qui pourraient lui être soumises. Une fiche spécifique pour la demande d’intervention du comité éthique est accessible sur Blue Médi.
N’hésitez pas !
EPP Contention
L’EPP Contention poursuit toujours ses travaux.
Prochainement vous pourrez consulter les comptes
rendus de cette commission sur Blue Médi et suivre
donc l’avancée de ses réflexions.
Qu’est-ce qui a changé ?
C’est la question que se posent les membres de la commission EPP bientraitance. En matière de bientraitance il y a eu
beaucoup d’évolution ces dernières années dans l’hôpital de
Villeneuve. Mais qu’avons-nous à en témoigner ? L’EPP
bientraitance vous sollicitera pour recueillir vos témoignages dans les mois à venir.
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