LE BON USAGE DES ANTITHROMBOTIQUES CHEZ LES PATIENTS ALITÉS AVEC LE CONCOURS DU Pr HERVÉ LEVESQUE, CHU Rouen Impact Médecine n°186 25 Janvier 2007 La prescription • Le traitement non médicamenteux doit toujours être proposé, dominé par la mobilisation précoce des patients, qui reste la meilleure des préventions. • La contention veineuse, adaptée, correctement mise en place, régulièrement portée, est un autre élément essentiel avant de discuter le recours à un traitement anticoagulant qui ne dispense d'ailleurs pas de la contention. Malheureusement l'aide à la mise en place des bas ou des bandes de contention, qui n'est pas remboursée, peut être un véritable problème chez les personnes âgées, en surpoids, à mobilité réduite... Il faudra veiller, lors des visites, que la contention soit réellement portée. Quand le risque est faible, la mobilisation et la contention veineuse sont en règle suffisantes. • Le traitement médicamenteux, quand le contexte thrombogène est plus important si un patient âgé est immobilisé plusieurs jours ou semaines quelle que soit la cause, si plusieurs facteurs de risque coexistent est dominé par la prise d'héparines au sens large. Les héparines non fractionnées, donc de grande taille moléculaire (Calciparine), les héparines de bas poids moléculaire (HBPM), énoxaparine (Lovenox), daltéparine sodique (Fragmine). Plus récemment le fondaparinux(Arixtra) a obtenu l'AMM dans le cadre de la prévention. Ces molécules remarquablement efficaces dans cette indication sont éliminées par le rein et donc formellement contre ndiquées en cas d’ crinsuffisance rénale sévère, car la diminution de l'élimination peut entraîner des incidents (ecchymoses, épistaxis...) ou des complications hémorragiques. • Il est indispensable de vérifier la fonction rénale avant la mise en place du traitement. Une clearance de la créatinine inférieure à 30 ml/mn est une contre-indication formelle. Pour des chiffres compris entre 30 et 60 ml/mn,la prescription est déconseillée. Le recours à la Calciparine est recommandé. Le traitement doit être mis en place à posologie fixe adaptée: Calciparine 0,2 ou 0,3 ml en injection sous-cutanée deux fois par jour, Lovenox 4000 UI anti-Xa/0,4 ml à raison d'une injection sous-cutanée par jour, Fragmine 5000 UI anti-Xa/0,2 ml, à raison d'une injection sous-cutanée par jour. Arixtra 2,5 mg par jour, à heures fixes quotidiennes. Le traitement prophylactique doit être maintenu au moins huit jours, voire plus, en fonction de la pathologie et de son évolution, mais jamais moins de six ou sept jours. L'arrêt du traitement se fait du jour au lendemain sans précaution particulièr Le suivi Il est essentiellement clinique. Toute douleur thoracique, tachycardie inexpliquée, oedème ou douleur dans les membres inférieurs doit alerter le médecin. La surveillance à domicile doit aussi vérifier la bonne mise en place de la contention et les progrès de la mobilisation (bouger les orteils, contracter les muscles des membres inférieurs au minimum). La surveillance biologique de l'efficacité du traitement n'est pas nécessaire dans le domaine de la prévention. La survenue d'une thrombopénie immunoallergique est rare mais possible. La surveillance est donc nécessaire, et un dosage de plaquettes doit être réalisé deux fois par semaine pendant les trois premières semaines de traitement. La diminution du taux initial de plaquettes de 50%, l'apparition d'un nombre de plaquettes inférieur à 100000/mm3 ou la > DR PHYWS WHETTNAL survenue de thrombose veineuse ou artérielle sous traitement par héparine doivent faire suspecter une thrombopénie. Ce risque a priori n'existe pas avec le fondaparinux qui est une molécule synthétique, l'AMM a été donnée sans obligation de surveillance du taux de plaquettes. Une étude française récente a montré que, lors du traitement par HBPM, le taux de plaquettes n'était vérifié que dans les trois quarts des cas et que le dosage de la créatinine était vérifié qu'une fois sur dix! Or,chez les personnes âgées, le risque d'insuffisance rénale augmente. Sur le plan des interactions médicamenteuses, le risque hémorragique est augmenté en cas de prise concomitante d'AINS ou bien d'aspirine, aspirine qui par ailleurs n'est pas un traitement préventif de la maladie thrombo-embolique veineuse.