LE DéNI DE GROSSESSE L e d é n i d e g ro s s e s s e ( D G ) e s t - i l u n e p a t h o l o g i e a u x y e u x d e l a m é d e c i n e ? S i o u i , q u e l l e s e n s e r a i e n t l e s c o n s é q u e n c e s c o m m u n a u t a i re s , e n p a r t i c u l i e r j u r i d i q u e s ( e n c a s d ’ i n f a n t i c i d e ) . Justine Longchamp, Marion Gabriel, Marie Krähenbühl, Gian-Marco Stamm Caractéristiques médicales du DG Situation juridique en Suisse La femme n’est pas consciente de sa grossesse, son ventre est plat et elle n’a pas d’aménorrhée. Le foetus occupe une place caractérisque dans le ventre, contre la colonne (voir figure ci-dessous). ~1/600 par année Aucun facteur de risque Conséquences possibles: difficulté d’attachement, culpabilité, problèmes somatiques, abandon, infanticides, ... Responsabilité? En Suisse la question a été dépsychiatrisée depuis 2007. La loi juge la responsabilité selon l’article 19 du code pénal (CP) : responsabilité = capacité cognitive + volonté. Ces deux critères sont évalués au cas par cas lors de l’expertise psychiatrique. Infanticide : La mère [...] sera punie d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire. (Art. 116) « Soudain, une crampe forte dans mon ventre, je vais aux toilettes et reviens m’allonger la douleur étant passée. C’est sur le lit que j’ai donné naissance à une petite fille » Témoignage anonyme pATHOLOGIES dANS LE DSM (Manuel Statistique et Diagnostic des Troubles Mentaux) conséquences communautaires d’une entrée dans le DSm ? Avantages Sans impact Inconvénients Point de vue d’un historien... « Une maladie existe à partir du moment où on lui donne un certain nombre de critères, avant elle existe enventuellement comme un problème social (...) ceci est le processus de médicalisation » V. Barras Critères généraux d’entrée dans le DSM... Le trouble mental selon Wakefield... - Trouble psychique à l’origine - Répercutions négatives sur la personne - Bien décrit dans la littérature - Phénomène non rare «Cela «Le DG est controversé, doit etre reconnu il n’est pour le moment pas reconnu comme une maladie, que nous la dans les classifications internationales» classions où nous le voulons» «On ne peut pas considérer que c’est une «Il faut former des personnes mais il faut pathologie, mais c’est un syndrome.» connaître pour former, donc il le faut faire J. Gasser, expert psychiatre reconnaître comme une maladie» «On n’arrive pas à l’exJ. Gasser, Expert psychiatre pliquer de façon suffisamment «Pour claire et reproductible,mais si on moi, le DG est du doDéni de grossesse: maladie? trouve une causalité on pourra peut être maine de la gynécologie psychoà mettre dans le DSM ? l’identifier comme une maladie» somatique par excellence (...) laquelle «Il est est peu soutenue par nos CHU» «J’ai possible que la folie fasse parF. Bianchi-Demicheli, Gyné. été très surprise de tie de la nature humaine et que la normapsychosomatique voir qu’il n’existe pas pour le lité fasse partie de toutes les personnes DSM (...) c’est un diagnostic cliqu’on dit folles» nique qui existe » M. Morisod, Pédopsy. «Selon mon expérience, ce «This sont très souvent de belles histoires, issue is not being discussed in the elles ne méritent pas toutes d’être consicontext of DSM-5 (...) there is a rigorous prodéréres comme pathologiques» cess involved in including new disorders in P. Hohlfeld, Gynéc. DSM» Workgroup du DSM-V Résultats - «Harmful» souffrance sociale - «Dysfonction» psychisme n’assume plus ses fonctions de manière évolutive MéTHODOLOGIE Lectures d’études scientifiques. Interviews d’un historien, d’un psychiatre de la PMU, d’un expert psychiatre, d’une pédopsychiatre, de deux gynécologues, d’un gynécologue psychosomatique et d’une sage-femme. Recherche de témoignages dans la littérature. Questionnaire aux experts du workgroup « Sexual and Gender Identity Disorder » pour le DSM-V. Nous avons recoupé ces informations et synthétisé nos résultats pour répondre à la problématique. BIbliographie [1] MARINOPOULOS S. et NISAND I.,Elles accouchent et ne sont pas enceintes, éditions LLL, 2011 [2] BEIER K.M. et al. Denial of pregnancy as a reproductive dysfunction: A proposal for international classification systems. Journal of Psychosomatic Research; 2006; 61: 723-730. [3] WESSEL J et al. Denial of pregnancy – characteristics of women at risk. Acta Obstetricia et Gynecologica; 2007, 86: 542-546. Meilleure reconnaissance - Légitimité - Déculpabilisation des mères -Formation du corps médical -Etudes plus sérieuses -Meilleures statistiques Pas d’influence sur la responsabilité dans le CP suisse, car chaque cas est analysé individuellement lors d’un infanticide Stigmatisation Surmédicalisation Prise en charge déjà bien adaptée CONCLUSION: Le DG n’est pas officiellement reconnu comme une pathologie aux yeux de la médecine. Nous nous étonnons que son intégration au DSM-5 ne soit même pas considérée car d’après nos recherches les critères semblent réunis (cf. critères généraux et Wakefield). Il ne s’agit toutefois pas d’un problème propre à la psychiatrie, c’est pourquoi une approche de gynécologie psychosomatique nous semble pertinente. Quant à la deuxième question: Une entrée dans le DSM/CIM aurait des conséquences à la fois positives et négatives pour les patientes et leur médecin. On remarque cependant que la prise en charge et le suivi de ces mères ne seraient pas influencés puisqu’ils existent déjà (puéricultrices et sage-femmes). Au niveau légal, cela n’aurait également aucunes répercutions en cas d’infanticide puisque le CP suisse ne se base plus sur le DSM. DISCUSSION, pour aller plus loin... - Pourquoi aussi peu de considérations Outre-Atlantique...? - Pourquoi ce phénomène existant depuis si longtemps semble-t-il nous intéresser que maintenant...? - Pourquoi autant de différences entre la Suisse et la France au niveau de la loi régissant l’infanticide...? Remerciements Nous remercions tous les professionnels de la santé qui ont pris du temps pour nous rencontrer ou nous écrire, le professeur Daeppen pour nous avoir suivi. Ainsi que Cécile K. pour son aide.