Interregion: Sein (principes de prise en charge) Ce référentiel, dont l'utilisation s'effectue sur le fondement des principes déontologiques d'exercice personnel de la médecine, a été élaboré par un groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels des réseaux de cancérologie d'Alsace (CAROL), de Bourgogne (ONCOBOURGOGNE), de Champagne-Ardenne (ONCOCHA), de Franche-Comté (ONCOLIE) et de Lorraine (ONCOLOR), en tenant compte des recommandations nationales, et conformément aux données acquises de la science au 5 décembre 2014. Sommaire 1 Généralités 1.1 Liens et documents PDF à télécharger 2 Diagnostic et bilan 2.1 Examen clinique 2.2 Bilan biologique 2.3 Imagerie 2.3.1 Mammographie 2.3.2 Echographie mammaire 2.3.3 Echographie ganglionnaire axillaire et sus-claviculaire 2.3.4 IRM 2.3.5 Conclusion du bilan 2.3.6 Classification mammographique ACR (American College of Radiology - 2003) et ANAES (2002) 2.4 Actes invasifs diagnostiques 2.4.1 Biopsies à l'aiguille 2.4.1.1 Microbiopsies au pistolet (18 à 14 G) 2.4.1.2 Macrobiopsies assistées par aspiration (14 à 7 G) 2.4.2 Cytoponction 2.4.3 Biopsie chirurgicale 2.4.4 Biopsie cutanée en zone inflammatoire 2.5 Bilan d'extension locorégional 2.6 Bilan d'extension général 2.7 Explorations fonctionnelles 2.7.1 Fraction d'Ejection Ventriculaire 3 Conduite à tenir devant une lésion suspecte 3.1 Tumeur non palpable 3.1.1 Bilan diagnostique 3.1.2 Anomalies mammographiques 1/122 3.1.2.1 Anomalies mammographiques avec micro calcifications 3.1.2.2 Anomalies mammographiques avec masses, distorsion architecturale ou asymétrie focales 3.1.2.3 Nodule échographique solide (masse) suspect : ACR4, ACR5, ACR3 avec facteurs de risques particuliers 3.1.2.4 Catégories d'évaluation en échographie ACR (American College of Radiology) BIRADS - Ultrasons 2003 ; Edition française. 3.2 Tumeur palpable 3.2.1 Bilan diagnostique 4 Bilan d'extension après diagnostic 4.1 Carcinome infiltrant 5 Informations nécessaires pour présenter un dossier de cancer du sein en RCP 5.1 Description du cas soumis 5.1.1 1. Données administratives 5.1.2 2. Oncogénétique 5.1.3 3. Comorbidités avec incidence directe 5.1.4 4. Statut ménopausique 5.1.5 5. Antécédents cancérologiques mammaires 5.1.6 6. Taille, poids, statut OMS 5.1.7 7. Description clinique et diagnostic préopératoire de la tumeur 5.1.8 8. Type d'intervention et date 5.1.9 9. Bilan d'extension si indiqué 5.1.10 10. Compte-rendu anatomo-pathologique 5.2 Question posée à la RCP 5.3 Propositions de la RCP 6 Anatomo-pathologie 6.1 Examen anatomo-pathologique d'une microbiopsie 6.1.1 Données d'identification du dossier patient rattachées au compte-rendu anatomopathologique 6.1.2 Renseignements fournis par le préleveur 6.1.3 Compte-rendu histologique 6.1.3.1 Examen extemporané de la lésion mammaire 6.2 Examen anatomo-pathologique d'une pièce opératoire mammaire 6.2.1 Données d'identification du dossier patient rattachées au compte-rendu anatomopathologique 6.2.2 Renseignements fournis par le préleveur 6.2.3 Eléments du compte-rendu anatomo-pathologique d'un cancer infiltrant 6.2.4 Eléments du compte-rendu anatomo-pathologique d'un carcinome in situ 6.3 Eléments du compte-rendu anatomo-pathologique d'analyse des ganglions lymphatiques axillaires 6.3.1 Pièce de curage 6.3.2 Ganglion sentinelle 6.4 Grade histopronostique 6.5 Evaluation de l'activité proliférative 2/122 6.6 Evaluation du statut HER2 6.6.1 Critères de positivité en immunohistochimie 6.6.2 Recommandations pour la détermination du statut HER2 par hybridation in situ 6.7 Evaluation des récepteurs hormonaux 6.8 Evaluation d'uPA/PAI-1 6.9 Analyse des pièces opératoires après chimiothérapie 6.9.1 Classification de Sataloff 6.9.1.1 Tumeur primaire mammaire : 6.9.1.2 Ganglions axillaires : 6.9.2 Classification de Chevallier 7 Classifications 7.1 Classifications TNM 7ème édition 2009 7.1.1 Tumeur primitive (T) 7.1.2 Adénopathies régionales (N) 7.1.3 Métastases à distance (M) 7.2 Classification histopathologique pTNM 7.2.1 Tumeur primitive (pT) 7.2.2 Adénopathies régionales (pN) 7.2.3 Classification par stade 8 Chirurgie 8.1 Généralités 8.2 Techniques 8.2.1 Mammectomie radicale modifiée (Patey) 8.2.2 Mastectomie partielle 8.2.3 Geste ganglionnaire associé 8.2.4 Chirurgie des tumeurs opérables d'emblée 8.3 Carcinome in situ 8.3.1 Eléments décisionnels péjoratifs 8.3.1.1 Eléments radiologiques 8.3.1.2 Eléments histologiques 8.3.2 Bilan d'extension 8.3.3 Traitements 9 Recommandations pour la pratique du ganglion sentinelle (hors essai clinique) 9.1 Généralités 9.2 Techniques 9.3 Indications 9.3.1 Dans les carcinomes canalaires in situ 9.3.2 Dans les cancers infiltrants 9.3.2.1 Résultats pour les cancers infiltrants 9.4 Curage axillaire complémentaire 9.5 Surveillance 10 Recommandations pour la reconstruction mammaire (RM) 3/122 10.1 La reconstruction mammaire immédiate (RMI) 10.1.1 Indications de la RMI 10.2 La reconstruction mammaire secondaire (RMS) 10.3 Récidive locale après traitement conservateur 11 Radiothérapie 11.1 Généralités 11.2 Indications 11.2.1 Aire mammaire 11.2.1.1 Après traitement conservateur : Sein 11.2.1.2 Après traitement non conservateur : Paroi 11.2.2 Aires ganglionnaires 11.2.2.1 Chaîne mammaire interne (CMI) 11.2.2.2 Irradiation sus-claviculaire 11.2.2.3 Irradiation axillaire 11.3 Proposition de conduite à tenir après ganglion sentinelle positif 11.4 Cas des personnes âgées 11.5 Cas particuliers 11.6 Bibliographie 11.6.1 Pour la radiothérapie post mastectomie : N+ 11.6.2 Pour la radiothérapie post mastectomie : N- 11.6.3 Pour indication de radiothérapie après chirurgie conservatrice : 11.6.4 Pour le boost : 11.6.5 Pour traitement non conservateur : N+ 11.6.6 Pour indication radiothérapie après traitement conservateur et après mastectomie : 11.6.7 Cancer du sein métastatique d'emblée : 11.6.8 Radiothérapie hypofractionnée 11.7 Arbres de décision : radiothérapie après chirurgie 11.7.1 Radiothérapie après traitement conservateur 11.7.2 Radiothérapie après traitement non conservateur 12 Traitement médical adjuvant 12.1 Généralités 12.2 Chimiothérapie 12.2.1 Indications (Cf. Arbres de décisions) 12.2.2 Moyens et modalités 12.2.2.1 Polychimiothérapie 12.3 Anticorps monoclonaux (trastuzumab) 12.3.1 Population concernée 12.3.2 Modalités de traitement 12.3.3 Surveillance cardiaque 12.4 Biphosphonates 12.5 Hormonothérapie 12.5.1 Définitions 4/122 12.5.1.1 Récepteurs 12.5.1.2 Femme ménopausée 12.5.2 Traitement 12.5.3 Modalités d'administration 12.5.4 Indications d'hormonothérapie 12.5.4.1 Chez la femme non ménopausée (au diagnostic) 12.5.4.2 Après la ménopause (au diagnostic) 12.6 Arbres de décisions selon RH et HER2 13 Traitement médical néo-adjuvant 13.1 Chimiothérapie néo-adjuvante 13.1.1 Indications 13.1.2 Modalités et moyens de la chimiothérapie néo-adjuvante 13.2 Hormonothérapie néo-adjuvante 14 Cancer du sein métastatique 14.1 Généralités 14.2 Indications 14.3 Modalités de traitement 14.3.1 Absence de critère d'agressivité : HORMONOTHERAPIE 14.3.1.1 Chez la femme non ménopausée 14.3.1.2 Après la ménopause 14.3.2 Présence de critères d'agressivité : CHIMIOTHERAPIE 14.3.2.1 Si le délai entre le traitement adjuvant et l'apparition de la métastase est <12 mois 14.3.2.2 Si le délai entre traitement adjuvant et métastatique est >12 mois et/ou 14.3.2.3 Si la métastase ou la tumeur initiale surexprime HER2 14.3.3 Recommandations possibles en fonction des AMM disponibles actuellement 14.3.4 Tableau reprenant les protocoles référencés dans la littérature 15 Cas particuliers 15.1 Métastases accessibles à des traitements spécifiques en complément des traitements généraux 15.1.1 Métastases cérébrales 15.1.2 Métastases osseuses 15.1.3 Métastases pulmonaires ou hépatiques accessibles à un traitement chirurgical ou à un traitement par radiologie interventionnelle 15.1.3.1 Pulmonaires (0,4 %) 15.1.3.2 Hépatiques (4 à 5 %) 15.1.4 Métastases méningées 15.1.5 Métastases pleurales 15.1.5.1 Traitement systémique 15.1.5.2 Traitement local 15.1.6 Métastases péricardiques 15.1.6.1 Traitement systémique 15.1.6.2 Traitement local 5/122 15.2 Traitement des personnes âgées 16 Oncogénétique 16.1 Modalités de prise en charge en oncogénétique 16.1.1 Consultation de génétique 16.1.2 RCP oncogénétique 16.2 Prédisposition aux cancers associée aux gènes BRCA1/2 16.2.1 Indications de consultation : prédisposition aux cancers associés aux gènes BRCA1/2 16.2.1.1 1) Pour un cas-index et/ou proposant (premier cas venant consulter dans une nouvelle famille) 16.2.1.2 2) Apparenté d'un patient porteur d'une mutation 16.3 Prédisposition génétique au cancer du sein chez les femmes dont le résultat BRCA est non informatif 16.4 Prédisposition associée au gène Tp53 (syndrome de Li et Fraumeni) 16.4.1 Indications de consultation 16.5 Prédisposition associée au gène CDH1 16.5.1 Indications de consultation 16.6 Syndrome de Peutz-Jeghers : gène STK 11 (transmission autosomique dominante) 16.6.1 Indications de consultation 16.7 Syndrome de Cowden : gène PTEN (transmission autosomique dominante) 16.7.1 Indication de consultation 16.7.1.1 Critères pathognomoniques 16.7.1.2 Critères majeurs 16.7.1.3 Critères mineurs 16.8 Consultations d'oncogénétique 16.8.1 Alsace 16.8.2 Bourgogne 16.8.3 Champagne-Ardenne 16.8.4 Franche-Comté 16.8.5 Lorraine 16.8.6 Autres régions françaises 17 Traitement du cancer du sein chez l'homme 18 Surveillance 18.1 Surveillance des cancers du sein traités 18.1.1 Références 18.2 Surveillance des femmes à haut risque de cancer du sein 18.3 Surveillance spécifique pour les porteuses de mutation BRCA1/2 18.3.1 Standard 18.3.2 Prise en charge du risque mammaire 18.3.3 Prise en charge du risque ovarien 18.3.4 Prophylaxie 18.3.4.1 Mastectomie prophylactique 18.3.4.2 Annexectomie bilatérale prophylactique 6/122 18.3.4.3 Chimioprévention 18.3.5 Prise en charge des hommes porteurs de mutation des gènes BRCA 18.3.6 Surveillance spécifique chez les femmes dont le résultat BRCA est non informatif 18.4 Surveillance : prédisposition associée au gène Tp53 (syndrome de Li et Fraumeni) 18.5 Surveillance : prédisposition associée au gène CDH1 18.6 Surveillance : syndrome de Peutz-Jeghers : gène STK11 (transmission autosomique dominante) 18.7 Surveillance : syndrome de Cowden : gène PTEN (transmission autosomique dominante) 18.8 Réseaux de surveillance 18.8.1 Réseau GENECAL 18.8.2 Réseau ONCOGENE 19 Fertilité, grossesse et cancer du sein 19.1 Préservation de la fertilité 19.1.1 Correspondants locaux 19.1.1.1 Alsace 19.1.1.2 Bourgogne 19.1.1.3 Champagne-Ardenne 19.1.1.4 Franche-Comté 19.1.1.5 Lorraine 19.2 Grossesse et cancer du sein 20 Oncogériatrie 20.1 Evaluation oncogériatrique 20.1.1 Définition 20.1.2 Objectif 20.1.3 Bénéfices attendus 20.2 Démarche clinique 20.2.1 Etape de criblage ("screening") 20.2.2 Procédure d'évaluation gériatrique 20.2.3 Prise en soins oncogériatriques 20.3 En pratique 20.3.1 Quoi ? 20.3.2 Par qui ? 20.3.3 Pour qui ? 20.3.4 Comment ? 20.4 Résultats 20.5 Annexes 20.5.1 Droits de la personne âgée malade 20.5.2 Sites d'intérêt sur l'évaluation gériatrique 20.5.3 Les unités de coordination en oncogériatrie (UCOG) 7/122 Généralités Ce référentiel présente les démarches diagnostiques et thérapeutiques des cancers du sein, en dehors des mesures de dépistage, individuel ou collectif. Les modalités de prise en charge en oncogénétique chez les personnes prédisposées aux cancers du sein ou de l'ovaire sont également développées. Les principes et modalités techniques des différents traitements sont présentés dans les différentes rubriques du sommaire ci-dessus. Les médecins traitants disposent d'un guide ALD sur la prise en charge des cancers du sein (janvier 2010) complété de la liste des actes et des prestations correspondantes. Les guides ALD en cancérologie, édités par la Haute Autorité de Santé et l'Institut National du Cancer, explicitent la prise en charge optimale et le parcours de soins d'un patient admis en ALD. Liens et documents PDF à télécharger Recommandations de prise en charge spécialisée : cancer du sein in situ (décembre 2009). Recommandations de prise en charge spécialisée : cancer du sein infiltrant non métastatique (juillet 2012). uPA/PAI-1, Oncotype DX™, MammaPrint® - Valeurs pronostique et prédictive pour une utilité clinique dans la prise en charge du cancer du sein (décembre 2013). A télécharger sur Institut National du Cancer 8/122 Diagnostic et bilan Examen clinique Anamnèse, interrogatoire, antécédents carcinologiques familiaux (en précisant l'âge de survenue) : sein, ovaire, côlon et rectum, et autres cancers, en particulier : sarcome des tissus mous, ostéosarcome, tumeurs cérébrales, leucémie, cortico-surrénalome, cancer du poumon, tumeur des plexus choroïdes, carcinome gastrique de forme diffuse, cancer de la prostate, cancer du pancréas (Cf. le chapitre Oncogénétique). Description de la tumeur + schéma : taille mobilité topographie (rayon horaire, distance au mamelon) revêtement cutané anomalie du mamelon (Paget, déviation, rétraction, écoulement mamelonnaire). Notion d'évolutivité (PEV = poussée évolutive) : PEV 1 : doublement en moins de six mois PEV 2 : inflammation limitée à une partie du sein PEV 3 : inflammation diffuse de l'ensemble de la glande (mastite). Palpation des aires ganglionnaires axillaires et sus-claviculaires homo et controlatérales. En cas d’adénopathie axillaire isolée, compléter le bilan. Recherche d'une hépatomégalie, points d'appel osseux, pulmonaire, autres. Bilan biologique Il est adapté à la taille de la lésion et à la présentation clinique : NF Plaquettes, bilan de coagulation, groupe sanguin si besoin Transaminases Bilirubine GammaGT Phosphatases alcalines Calcémie corrigée Urée Créatininémie Sérologies hépatite B et C, option HIV CA 15-3. 9/122 Imagerie Cf. Guide du bon usage des examens radiologiques de la S.F.R. (version 2013). Mammographie Incidences face et oblique. Le profil permet de préciser la topographie d'une anomalie et la morphologie de certaines micro calcifications ("Même en cas d'anomalie à l'évidence maligne, il faut réaliser au moins un profil pour situer l'anomalie" : Cahier des charges des radiologues J Radiol 2006; 87 : 1S32). Si foyer de micro calcifications : clichés localisés agrandis de face et de profil. Si opacité : clichés localisés plus ou moins agrandis. Echographie mammaire Sonde dédiée haute fréquence minimum 7,5 MHz. Si seins denses ou de densité intermédiaire (composition de type 3 : 51 à 75 % de glande ou de type 4 : >75 % de glande). Si anomalie clinique. Si anomalie mammographique (masse). Mesure de la lésion, localisation selon le rayon horaire, la distance au mamelon et la profondeur. Echographie ganglionnaire axillaire et sus-claviculaire En cas de suspicion de cancer du sein. Avec prélèvement percutané si ganglion suspect (palpable ou critères échographiques : disparition du caractère excentré du hile, caractère hypoéchogène du cortex, épaississement du cortex >3 mm diffus ou nodulaire, forme ronde du ganglion, vascularisation corticale en mode Doppler) afin d'éviter une procédure d'identification de ganglion sentinelle en cas de positivité. IRM Suspicion de tumeur Anomalie clinique sans traduction mammographique ou échographique (par exemple : anomalie douteuse à la palpation, maladie de Paget du mamelon pour rechercher une lésion profonde). Sein inflammatoire sans lésion retrouvée par mammographie et échographie. Asymétrie franche de densité ou anomalie mammographique visible sur une seule incidence et échographie normale afin de confirmer ou d'infirmer l'existence d'une lésion et d'en préciser la topographie. 10/122 Tumeur connue Recherche de multifocalité lorsque l'imagerie classique est d'interprétation difficile (densité mammaire de type 3 ou 4), en particulier en cas de carcinome lobulaire infiltrant ; la multifocalité suspectée doit être confirmée par histologie. L'IRM peut permettre la détection d'un cancer controlatéral, mais cette indication n'a pas été retenue par la HAS. Indication possible en cas de chimiothérapie néo-adjuvante dans le cadre du bilan de l'extension locale et de l'évaluation de la réponse au traitement Dans le bilan d'extension locorégional d'un cancer du sein prouvé, l'IRM peut être proposée dans des cas particuliers, pouvant être validés lors de la RCP : en cas de discordance entre la clinique, la mammographie et l'échographie pouvant entraîner une modification de la prise en charge thérapeutique, notamment pour les carcinomes lobulaires en cas de choix thérapeutiques difficiles (chirurgie oncoplastique, traitements néo-adjuvants) chez les femmes de moins de 40 ans chez les femmes à haut risque familial de cancer du sein. Référence Haute Autorité de Santé Place de l'IRM mammaire dans le bilan d’extension locorégional pré-thérapeutique du cancer du sein. Rapport d'évaluation. Mars 2010. 104p. Conclusion du bilan La conclusion du bilan d'imagerie doit comporter la catégorie d'évaluation ACR BI-RADS. Classification mammographique ACR (American College of Radiology 2003) et ANAES (2002) ACR 0 L'évaluation mammographique est incomplète ; nécessite une évaluation additionnelle (ou complémentaire) en imagerie et/ou les mammographies antérieures pour comparaison ACR 1 Négatif ACR 2 Constatations bénignes ACR 3 ACR 4 ACR 5 ACR 6 Anomalie probablement bénigne (- de 2 % de risque de malignité) : proposition d'une surveillance initiale à court terme Anomalie suspecte - Une biopsie doit être envisagée (Haute probabilité de malignité ≥ 95 %) - Une action appropriée doit être entreprise (presque certainement malin) Résultat de biopsie connu - Malignité prouvée - Une action appropriée doit être entreprise Références ACR BI-RADS, - Deuxième édition française (basée sur la 4ème édition américaine), traduction sous la responsabilité de la SFR et de la SOFMIS. Système de comptes-rendus et de données d'imagerie du sein de l'ACR, 2003 ; 194-197. 11/122 Classification en six catégories des images mammographiques en fonction du degré de suspicion de leur caractère pathologique (en dehors des images construites et des variantes du normal) - Correspondances avec le système BIRADS de l'American College of Radiology (ACR) Février 2002 /3 pages . Haute Autorité de Santé Place de l'IRM Mammaire dans le bilan d’extension locorégional préthérapeutique du cancer du sein. Rapport d'évaluation. Mars 2010. 104 p. Actes invasifs diagnostiques Biopsies à l'aiguille Microbiopsies au pistolet (18 à 14 G) Un calibre de 14 G est privilégié si cela est techniquement possible. Elles sont le plus souvent guidées par l'échographie (ou la stéréotaxie) et indiquées (standard) en cas de : imagerie suspecte nécessité de diagnostic histologique : préopératoire si chimiothérapie première envisagée. La mise en place d'un clip est conseillée pour identifier le site tumoral pour les lésions infracliniques. Macrobiopsies assistées par aspiration (14 à 7 G) Elles sont réalisées avec guidage stéréotaxique : sur foyers de micro calcifications (ACR 4, ACR 5, ACR 3 si antécédents familiaux faisant suspecter une prédisposition génétique, mutation délétère BRCA prouvée, antécédents de lésion à risque identifiée par biopsie, traitement hormonal de la ménopause (THM)). Les prélèvements sont assistés par aspiration de préférence. Les indications de ces procédures doivent être validées en RCP. la mise en place d'un clip est recommandée. Biopsie sous guidage IRM : Cf. Macrobiopsie sous aspiration de la lésion de la glande mammaire par voie trans-cutanée avec guidage remnographique (IRM) indications (à valider en RCP) : lésions visibles uniquement par IRM (après bilan iconographique complet : mammographie et échographie ciblée) BI-RADS 4 BI-RADS 5 BI-RADS 3 : lésion homolatérale à un cancer (si cela peut modifier la prise en charge thérapeutique) lésion controlatérale à un cancer présence de facteurs de risque (haut risque de cancer) la mise en place d'un clip est systématique. 12/122 Cytoponction Elle n'a de valeur que si elle est positive. Elle reste réalisable s'il existe une impossibilité de microbiopsies. Elle peut avoir un intérêt devant un ganglion suspect (la positivité permet d'éviter une procédure d'identification du ganglion sentinelle). Biopsie chirurgicale Elle reste exceptionnelle en cas de lésion inaccessible au radiologue ou en l'absence de lésion individualisée : ses indications doivent être discutées en RCP. Biopsie cutanée en zone inflammatoire Elle est utile en cas de discordance radioclinique. Bilan d'extension locorégional Inventaire lésionnel sein concerné : taille de la ou des lésions recherche de multifocalité topographie et distance entre les lésions sein controlatéral description des sites ganglionnaires. Il peut être nécessaire de compléter le bilan d'imagerie par des clichés mammographiques supplémentaires, une nouvelle échographie, une IRM dans des cas particuliers ou d'autres examens. Ces examens sont réalisés dans le même temps que le bilan initial ou dans un deuxième temps (lorsqu'un diagnostic de cancer est confirmé mais que l'image initiale n'évoquait pas formellement un cancer, en particulier dans le cadre d'un bilan de dépistage). L'identification d'un cancer dans un sein doit inciter à rechercher d'autres images qui n'avaient pas attiré l'attention initialement. Bilan d'extension général Carcinomes in situ : pas de bilan d'extension. Carcinomes infiltrants : le bilan d'extension sera réalisé de préférence avant chirurgie, en particulier en cas de triple négatif, d'HER2+++, de cancers inflammatoires (T4d), de cancers localement avancés ou d'atteinte ganglionnaire prouvée par cytologie. Il doit être complet. (Cf. carcinome infiltrant). Cf. Recommandations de l’INCa et de la SFSPM juillet 2012 : Cancer du sein infiltrant non métastatique, Questions d’actualité 13/122 Compte-tenu des faibles prévalences observées chez les patientes atteintes de tumeurs T1 et T2 (inférieures ou égales à 5 cm) sans envahissement ganglionnaire clinique, il n'est pas recommandé de réaliser un bilan d'extension systématique, en l'absence de point d'appel clinique chez ces patientes. En pratique, un bilan d'imagerie d'extension est recommandé : pour les tumeurs cT3-T4 : tumeurs de plus de 5 cm ou avec extension directe à la paroi thoracique (invasion du muscle pectoral exclue) et/ou à la peau pour les tumeurs cN+ après chirurgie, en cas d'envahissement ganglionnaire macrométastatique. Le bilan d'extension de première intention peut reposer sur l'une des 3 options suivantes : radiographie de thorax, échographie abdominale et scintigraphie osseuse TDM thoraco-abdominal et scintigraphie osseuse TEP-TDM au 18-FDG (stade IIB à IV, cancer du sein inflammatoire, suspicion de récidive, évaluation thérapeutique en cas de chimiothérapie néo-adjuvante). Explorations fonctionnelles Fraction d'Ejection Ventriculaire Isotopique ou échographique. Si un traitement par anthracyclines ou trastuzumab est prévu. 14/122 Conduite à tenir devant une lésion suspecte Tumeur non palpable Bilan diagnostique 15/122 Anomalies mammographiques Anomalies mammographiques avec micro calcifications 16/122 Anomalies mammographiques avec masses, distorsion architecturale ou asymétrie focales 17/122 Nodule échographique solide (masse) suspect : ACR4, ACR5, ACR3 avec facteurs de risques particuliers Catégories d'évaluation en échographie ACR (American College of Radiology) BI-RADS - Ultrasons 2003 ; Edition française. Catégorie 0 Incomplet Une imagerie additionnelle est nécessaire avant l'évaluation finale Catégorie 1 - Négatif Pas de lésion trouvée (surveillance de routine) Catégorie 2 - Pas de signe de malignité ; par exemple kyste (surveillance de routine Constatations bénignes selon l'âge, prise en charge clinique) Catégorie 3 - Anomalie Probabilité de malignité <2 % : aspect de fibroadénome, kystes probablement bénigne Catégorie 4 - Anomalie suspecte Catégorie 5 - Haute compliqués, amas de microkystes (surveillance initiale à court terme) Probabilité de malignité intermédiaire, une biopsie doit être envisagée Cancer presque certain (probabilité de malignité >95 %), une action probabilité de malignité appropriée doit être entreprise Catégorie 6 - Cancer connu Malignité prouvée par biopsie, avant d'instituer le traitement 18/122 Tumeur palpable Bilan diagnostique Bilan d'extension après diagnostic Carcinome infiltrant Définitions Tumeur inflammatoire* : rougeur ou chaleur locale Tumeur opérable d'emblée** : tumeur classée T inférieure ou égale à 3 cm, N0, N1. 19/122 Informations nécessaires pour présenter un dossier de cancer du sein en RCP Tous les dossiers doivent être validés en RCP idéalement en préopératoire (impérativement pour les cas d'HER2+++) et au minimum en postopératoire. Description du cas soumis 1. Données administratives Le nom et le prénom seront inscrits dans leur intégralité pour la mise à jour des données de la RCP mais pourront être cachés lors de la présentation pour raison d'anonymat. La date de naissance est nécessaire, avec l'âge actuel au jour où le dossier de la patiente est présenté, pour plus de clarté. Le lieu de naissance est nécessaire pour éviter les doublons. Le lieu de résidence peut être utile pour le choix du lieu de traitement. 2. Oncogénétique Antécédent familial de cancer du sein ou de l'ovaire et âge de survenue. Critères oncogénétiques en RCP : gestes prophylactiques mutation non identifiée et forte prédisposition traitement curatif pour les femmes mutées. 3. Comorbidités avec incidence directe Antécédent médical ou chirurgical pouvant interférer dans la décision du traitement ultérieur : essentiellement les accidents thrombo-emboliques, pathologies cardiaques, pathologies mentales. Antécédent carcinologique (Hodgkin...), pathologies ostéo-articulaires (ostéoporose...) Les médicaments pouvant limiter une prescription dans le cadre du traitement (anticoagulants, neuroleptiques, antidépresseurs...). 4. Statut ménopausique Le statut hormonal de la patiente doit apparaître clairement : ménopausée - non ménopausée, sous traitement de la ménopause ou non (le traitement de la tumeur se fera plus en fonction du statut hormonal que de l'âge). 20/122 5. Antécédents cancérologiques mammaires Si la patiente a déjà présenté un premier cancer du sein, des renseignements précis doivent figurer : la date, son statut hormonal, le côté, le diagnostic histologique précis, les traitements effectués et leurs dates de réalisation. La localisation dans le sein (quadrant), le type de chirurgie, le type de chimiothérapie et les doses de radiothérapie, voire l'utilisation d'une hormonothérapie et/ou thérapie ciblée (immunothérapie) sont des notions majeures s'il s'agit d'une récidive locorégionale. De même, les antécédents cancéreux ayant nécessité l'utilisation de chimiothérapie, radiothérapie et/ou thérapie ciblée (immunothérapie) pour d'autres localisations sont importants à connaître. 6. Taille, poids, statut OMS 7. Description clinique et diagnostic préopératoire de la tumeur Il est important de connaître le côté, la localisation, la taille de la tumeur, la taille du sein (taille du bonnet de soutien-gorge), ainsi que la distance entre plusieurs tumeurs. Le diagnostic préopératoire : il n'y a, a priori, pas de chirurgie cancérologique du sein sans diagnostic préopératoire par micro- ou macrobiopsie. Le compte-rendu anatomo-pathologique de cette biopsie est indispensable. 8. Type d'intervention et date La date est indispensable pour les délais entre les différentes étapes thérapeutiques. Le type d'intervention se décline en "mastectomie", "mastectomie partielle" ou "zonectomie" et "curage axillaire" ou "ganglion sentinelle". 9. Bilan d'extension si indiqué 10. Compte-rendu anatomo-pathologique Cf. Données minimales à renseigner pour les tumeurs primitives (INCa, 2011). Question posée à la RCP Théoriquement les dossiers protocolaires ne nécessitent pas de discussion en RCP : si le dossier est soumis à la RCP, il doit exister une raison précise, qui gêne l'application du référentiel : cette notion doit exister dans la question afin de générer la réponse la plus précise possible. Distinguer s'il s'agit d'un avis pré- ou postopératoire. Propositions de la RCP Le coordinateur de la RCP se doit d'expliciter la prise de décision finale afin de justifier une décision non protocolaire. 21/122 Anatomo-pathologie Examen anatomo-pathologique d'une microbiopsie Données d'identification du dossier patient rattachées au compte-rendu anatomo-pathologique A fournir selon les recommandations du document INCa-SFP (fiche compte-rendu anatomopathologique) (décembre 2011) Renseignements fournis par le préleveur Informations demandées : raisons ayant conduit à la biopsie antécédents sénologiques information sur une éventuelle chimiothérapie néo-adjuvante informations radiologiques sur la cible visée dont la taille radiologique de la lésion topographie : rayon et distance du mamelon pour chaque lésion (optionnel) dans un but de traçabilité du prélèvement tissulaire (afin de ne pas compromettre la qualité des examens moléculaires sur tissus), date et heure de la réalisation de l'acte de prélèvement. Note : le formol neutre tamponné dilué à 10 % (formol à 4 %) est recommandé pour fixer les biopsies. Compte-rendu histologique Données minimales à fournir selon les recommandations du document INCa-SFP (fiche compterendu anatomo-pathologique) (décembre 2011) D'autres informations peuvent être transmises : pour un carcinome infiltrant : les différents scores du grading histopronostique en précisant (différenciation, anisocaryose, mitose). Le grading peut être complété par le MSBR, et/ou l'index mitotique (nombre de mitoses/mm2) score Ki67 pour un carcinome canalaire in situ : préciser la présence ou non de nécrose pour les carcinomes lobulaires in situ : la terminologie de LIN (1, 2, 3) peut continuer à être utilisée en attente de référentiels nationaux. Examen extemporané de la lésion mammaire Il peut être indiqué dans quelques cas peu fréquents, après discussion préalable entre le chirurgien et le médecin ACP. 22/122 Il est utile pour l'appréciation macroscopique de la marge d'exérèse (distance entre la tumeur et les berges chirurgicales) lorsque celle-ci est douteuse chirurgicalement et/ou radiologiquement. En raison des difficultés diagnostiques potentielles et afin de ne pas compromettre la fiabilité du diagnostic histologique final par perte ou altération du matériel tissulaire dûe à la congélation, il n’est pas indiqué pour les lésions infracliniques en particulier pour l’examen : des foyers de micro calcifications des lésions inférieures à 1 cm des lésions papillaires intrakystiques ou intracanalaires. Examen anatomo-pathologique mammaire d'une pièce opératoire Données d'identification du dossier patient rattachées au compte-rendu anatomo-pathologique A fournir selon les recommandations du document INCa-SFP (fiche compte-rendu anatomopathologique) (décembre 2011) Renseignements fournis par le préleveur Informations demandées : indication opératoire antécédents sénologiques localisation de la ou des lésions dans le sein (rayon et distance du mamelon pour chaque lésion), si possible avec schéma présence d'un ou de plusieurs clips métalliques de repérage et leur topographie traitements antérieurs, en particulier néo-adjuvants résultats des prélèvements antérieurs préopératoires (cytologies, microbiopsies, macrobiopsies) transmission de la radiographie peropératoire de la pièce (hors mastectomie) et des données radiologiques préopératoires orientation tridimensionnelle de la pièce (repères mis en place par le chirurgien) dans un but de traçabilité du prélèvement tissulaire (afin de ne pas compromettre la qualité des examens moléculaires sur tissus), date et heure de la réalisation de l'acte de prélèvement et de la fixation. Il est recommandé d'envoyer la pièce fraîche, non ouverte dans l'heure qui suit l'exérèse ; si impossibilité, mettre en place un protocole de fixation en dehors du laboratoire, en concertation avec les médecins ACP Note : le formol neutre tamponné dilué à 10 % (formol à 4 %) est recommandé pour fixer les pièces opératoires. Option : un prélèvement destiné à la tumorothèque peut être réalisé. 23/122 Eléments du compte-rendu anatomo-pathologique d'un cancer infiltrant Données minimales à fournir selon les recommandations du document INCa-SFP (fiche compterendu anatomo-pathologique) (décembre 2011) Précisions et informations complémentaires : taille (et poids en option) de la pièce échantillonnage ou prélèvement in toto de la pièce (nombre et type de blocs) nombre, taille et localisation du ou des foyers tumoraux résultant de la confrontation des données macroscopiques et des constatations microscopiques. En cas de foyers multiples, préciser la distance séparant les différentes lésions les différents scores du grading histopronostique en précisant : différenciation, anisocaryose, mitose. Le grading peut être complété par le MSBR et/ou l'index mitotique (nombre de mitoses/mm2) présence d'emboles vasculaires lymphatiques strictement péritumoraux, d'emboles dermiques. Concernant les emboles lymphatiques péritumoraux (il s'agit d'emboles sans ambiguïté), en apprécier l'importance de façon semi-quantitative. Proposition de restitution dans le compte-rendu pour les emboles lymphatiques (accord d'expert) : il n'a pas été objectivé d'emboles lymphatiques péritumoraux présence de rares emboles lymphatiques péritumoraux présence de nombreux emboles lymphatiques péritumoraux présence d'un envahissement cutané (dermique ou épidermique avec ulcération) appréciation de la qualité de l'exérèse : localisation et mesure en mm de la distance entre la lésion infiltrante et in situ associée et la berge* la plus proche en cas d'atteinte des berges d'exérèse ou de la marge de sécurité prédéfinie, l'importance de l'atteinte doit être précisée (front d'extension mesuré en mm) préciser la présence de remaniements cicatriciels post-interventionnels (biopsie, mammotome, exérèse), notamment en l'absence d'identification sur la pièce, de la lésion antérieurement diagnostiquée réaliser le bilan des lésions associées score Ki67 * : on définit trois types de berges : berge profonde avec fascia, berge superficielle et berge à contact glandulaire. 24/122 Eléments du compte-rendu anatomo-pathologique d'un carcinome in situ Données minimales à fournir selon les recommandations du document INCa-SFP (fiche compterendu anatomopathologique) (décembre 2011) Précisions et informations complémentaires en cas de CCIS ou de CLIS pléomorphe : présence ou non de nécrose architecture prédominante appréciation de la qualité de l'exérèse : localisation et mesure en mm de la distance entre la lésion in situ et la berge la plus proche en cas d'atteinte des berges d'exérèse ou de la marge de sécurité prédéfinie, l'importance de l'atteinte doit être précisée (front d’extension mesuré en mm) préciser la présence de remaniements cicatriciels post-interventionnels (biopsie, mammotome, exérèse) réaliser le bilan des lésions associées. Eléments du compte-rendu anatomo-pathologique d'analyse des ganglions lymphatiques axillaires Pièce de curage L'analyse et le compte-rendu de l'examen des ganglions lymphatiques doit répondre aux critères de la classification pN (UICC 2009). L'examen histologique des ganglions axillaires s'effectue sur des ganglions inclus in toto (sauf métastase macroscopiquement évidente) à partir de tranches macroscopiquement sériées. Curage ganglionnaire : nombre de ganglions métastatiques/nombre de ganglions examinés présence ou non d'effraction capsulaire préciser la taille de la métastase maximale. Ganglion sentinelle Le ganglion sentinelle se définit par un ganglion "chaud" ou bleu. Aucun standard n'est défini à l'heure actuelle quant à la procédure d'analyse de ces ganglions en anatomie pathologique, mais il existe des recommandations européennes. Une analyse peropératoire du ganglion sentinelle par empreinte ou par coupe en congélation peut permettre de compléter d'emblée le curage si le ganglion sentinelle est envahi. L'examen histopathologique définitif des ganglions sentinelles nécessite : une inclusion en totalité de ces ganglions une analyse sur coupes sériées en histologie standard (le plus souvent des coupes sériées espacées de 200 microns sont utilisées) en l'absence de métastase en coloration HE, une analyse par immunohistochimie (Ac anti-cytokératine) peut révéler des métastases occultes. 25/122 Grade histopronostique L'importance du grade histopronostique en tant que facteur pronostique important et indépendant dans les cancers du sein n'est plus à démontrer ; le système le plus utilisé est le grade SBR (Scarff-Bloom-Richardson). Il est actuellement recommandé d'utiliser le grade proposé par Elston et Ellis, système SBR(EE), de valeur pronostique équivalente et de reproductibilité supérieure. Le grade s'applique à tous les carcinomes infiltrants. Il ne s'applique pas aux carcinomes in situ. En cas de carcinome infiltrant de 1 à 2 mm, les critères du grade sont difficilement évaluables ; une assimilation peut être tentée avec les anomalies cellulaires de l’in situ de voisinage. Le grade prend en compte trois critères histologiques, cotés de 1 à 3, décrits dans le tableau cidessous : Grading SBR (Scarff-Bloom-Richardson) modifié par Elston et Ellis 1. Différenciation tubulo-glandulaire : proportion de tubes ou glandes dans la tumeur (en % de surface tumorale) Score >75 % : tumeur bien différenciée 1 10 à 75 % : tumeur moyennement différenciée 2 <10 % : tumeur peu différenciée 3 2. Pléomorphisme nucléaire : degré d'atypie apprécié sur la population tumorale prédominante Noyaux petits, réguliers, uniformes 1 Pléomorphisme modéré 2 Variations marquées de taille, de forme, avec nucléoles proéminents 3 Nombre de mitoses (à compter sur 10 champs au grossissement x400 ; valeurs définies pour un champ de 0,48 mm de diamètre ; calibrage du microscope nécessaire pour des champs différents) 0 à 6 mitoses 1 7 à 12 mitoses 2 >12 mitoses 3 AU TOTAL Grade I 3, 4, 5 Grade II 6, 7 Grade III 8, 9 26/122 Diamètre du champ Surface pour (mm, objectif x40) 10 champs (mm2) 0,4 1,26 0,425 1,42 0,45 1,59 0,475 1,77 0,5 1,96 0,525 2,16 0,55 2,37 0,575 2,60 0,6 2,83 0,625 3,07 0,65 3,32 0,675 3,58 0,7 3,85 Le total des scores définit trois grades : grade I : total des scores de 3 à 5 grade II : total des scores de 6 et 7 grade III : total des scores de 8 et 9. Evaluation de l'activité proliférative Elle repose sur le dénombrement des mitoses en HE/HES ou à l'aide de techniques immunohistochimiques (Ki67). Le dénombrement des mitoses nécessite l'analyse de 10 champs consécutifs dans la zone la plus mitotique de la lésion repérée au faible grossissement, en périphérie, sur le front de progression tumorale. Le résultat est exprimé en nombre de mitoses pour 10 champs à l'objectif x40 (grossissement x400) (se référer à des abaques de seuils selon le diamètre de l'objectif) ou par surface (mm²). Ki67 : la protéine est exprimée dans le noyau au cours des différentes phases du cycle cellulaire (G1, S, G2 et M). Ki67 permet de repérer les cellules non quiescentes inscrites dans le cycle de prolifération. Les techniques IHC de révélation du signal demandent à être régulièrement évaluées par des contrôles qualité internes et externes. Le résultat (score) est exprimé en pourcentage de cellules infiltrantes marquées. 27/122 Il est proposé d’utiliser dans ce référentiel, les seuils de 10 et 30 % (il s’agit de scores moyens, et non de scores limités aux hot-spots) pour les indications de chimiothérapie. Un outil web (Ki67 recoGE) permet de déterminer l'index Ki67, en cas de marquage tumoral IHC hétérogène par plages. Il a été conçu par les pathologistes du Grand Est, en collaboration avec les cliniciens, dans le cadre du réseau interrégional de cancérologie mammaire http://www.afaqap.org/index-ki67 (AFAQAP). Evaluation du statut HER2 Actuellement pour tout nouveau cas de cancer du sein invasif, la connaissance du statut HER2 de la tumeur est indispensable pour établir le plan thérapeutique de la patiente. La biopsie est préconisée pour le test HER2. Il est recommandé de re-biopsier (si possible) les rechutes locales ou à distance et redéterminer le statut HER2. L'évaluation du statut HER2 peut être aussi effectuée aussi sur pièce opératoire à partir d'un bloc en paraffine représentatif de la tumeur. Cette évaluation peut être réalisée a posteriori sur du matériel d'archives. Re-tester n'est pas souhaitable sur la pièce opératoire : si le premier test sur la microbiopsie était négatif en cas de carcinome de grade I et RE+ et RP+ [canalaire NOS, lobulaire, tubuleux (≥ 90 %c.), mucineux (≥ 90 %c.), cribriforme (≥ 90 %c.), adénoïde kystique (≥ 90 %c.) et ± carcinomes secrétants]. Re-tester est souhaitable sur la pièce opératoire : si le premier test était positif en cas de carcinome de grade I et RE+ et RP+ [canalaire NOS, lobulaire, tubuleux (≥ 90 %c.), mucineux (≥ 90 %c.), cribriforme (≥ 90 %c.), adénoïde kystique (≥ 90 %c.) et ± carcinomes secrétants] si le premier test était négatif dans les circonstances suivantes : tumeur de grade III tumeur peu cellulaire pièce chirurgicale avec un contingent de haut grade non représenté sur la biopsie résultat sur la biopsie ambigu pour IHC et HIS doute sur la représentativité et/ou la qualité de la biopsie. Une fixation permettant la réalisation des techniques HIS est indispensable. Le fixateur recommandé est le formol neutre tamponné à 4 %. La méthode immunohistochimique (IHC) est considérée comme la première option pour l'évaluation du statut HER2. Recommandations pour la détermination du statut HER2 par IHC : 28/122 suivre les recommandations des tests standardisés commercialisés et utiliser des automates calibrer sa technique selon les recommandations publiées fixer pendant 6 à 72 h (selon les nouvelles recommandations de l'ASCO) mettre en place des procédures d'assurance-qualité internes et externes renseigner la base nationale HER2 : HERFrance (http://www.herfrance.afaqap.org). Références Penault-Llorca F, Balaton A, Sabourin JC et al. Groupe d'évaluation des facteurs pronostiques par immunohistochimie dans les cancers du sein (GEFPICS). Immunochemistry evaluation of HER2 status in infiltration breast cancer: technical protocol and interpretation guidelines]. Ann pathol. 2002;22:150-157. Penault-Llorca F, Vincent-Salomon A, Mac Grogan G et al Mise à jour 2014 des recommandations du GEFPICS pour l'évaluation du statut HER2 dans les cancers du sein en France. Ann Pathol. 2014 ;34:352-365 MacGrogan G, MathieuM-C , Poulet B et al. Recommandations du GEFPICS concernant la phase pré-analytique pour l’évaluation de HER2 et des récepteurs hormonaux dans le cancer du sein : mise à jour 2014. (in press) Critères de positivité en immunohistochimie Vérifier le niveau de positivité des témoins internes et externes. Utiliser la grille de réponse standardisée (Recommandations ASCO Wolff et al.). Les règles de lecture doivent être conformes aux recommandations internationales et françaises. Le marquage spécifique est localisé à la membrane cytoplasmique des cellules tumorales. Il doit être complet ou peut rarement être incomplet à condition d’être homogène. Le marquage cytoplasmique ne doit pas être pris en compte. Seul le statut des cellules carcinomateuses infiltrantes doit être pris en considération. L'analyse doit préciser la proportion de cellules marquées et l'intensité du marquage. Elle conduit à établir le score (Cf. tableau ci-dessous) reconnu pour décider d'un traitement ciblé par un anticorps anti-HER2. Rejeter le test IHC en cas de : marquage membranaire des canaux et des lobules normaux. Le marquage membranaire des cellules apocrines est admis marquage cytoplasmique gênant artéfacts d'écrasement ou de bordure évidents témoins de la réaction non valides. 29/122 La conclusion énonce clairement le statut HER2 et le cas échéant la nécessité de mise en œuvre d'une technique complémentaire (immunohistochimie à refaire et/ou hybridation in situ). Règle de lecture de l'intensité du marquage : Score forte : bien visible au x4-x5 modérée : perceptible au x4-x5 et bien visible au x10-x20 faible : imperceptible au x4-x5, perceptible au x10-x20, bien visible au x40. Marquage Indication thérapeutique anti-HER2 Absence de marquage OU 0 Marquage membranaire complet ou incomplet et faible ou modéré Non dans ≤ 10 % des cellules invasives Marquage membranaire complet ou incomplet et faible, non 1+ perceptible au faible grossissement, dans >10 % des cellules Non invasives Marquage membranaire complet modéré dans >10 % des cellules invasives OU 2+ Marquage membranaire incomplet* modéré à fort dans >10 % équivoque des cellules invasives Oui, si HIS positive OU Marquage membranaire complet fort dans ≤ 10 % des cellules invasives (hétérogène) 3+ Marquage membranaire complet et fort dans >10 % des cellules invasives Oui * Pour les marquages incomplets si : architecture micropapillaire : marquage incomplet basolatéral, excluant le pôle apical inversé, quelle que soit l'intensité, et dans >10 % des cellules tumorales invasives. marquage incomplet ou basolatéral dès lors qu'il est visible au faible grossissement (x4-5) dans >10 % des cellules. 30/122 Recommandations pour la détermination du statut HER2 par hybridation in situ La technique est réservée à des centres spécialisés. L'HIS est une méthode indirecte de la détection de la cible thérapeutique HER2. On détecte l'amplification du gène et non sa surexpression et il peut y avoir surexpression sans amplification (rare, discordance dans <5 % de cas). Pour l'HIS, on ne parle plus d'amplification mais de la positivité. Comptage d'au minimum 20 cellules, en cas d'hétérogénéité ≥ 40 cellules. Vérifier les témoins internes (les signaux dans le tissu normal). Résultat HER2 négatif Nombre Ratio de copies HER2/C17 <4 Quel que soit le ratio Indication Statut HER 2 thérapeutique antiHER2 HER2 non amplifié Non Discussion de l'éligibilité 4≤ HER2 équivoque signaux <2,0 HER2 <6 HER2 équivoque. en RCP en fonction de Refaire le test : autre l'ensemble des données bloc tumoral, ganglion ou clinico-biologique si métastase statut équivoque confirmé HER2 amplifié ≤ 10 % de la population tumorale HER2 amplifié. 4≤ signaux Population amplifiée ≤ ≥ 2,0 HER2 <6 Tester le contingent métastatique éventuel 4≤ HER2 positif 10 % : préciser le %. signaux Discussion de l'éligibilité en RCP en fonction de l'ensemble des données clinico-biologiques HER2 amplifié. ≥ 2,0 HER2 <6 Population amplifiée > Oui 10 % : préciser le %. Quel que soit le ratio. HER2 positif ≥6 Préciser le % de HER2 amplifié. Oui la population amplifiée 31/122 Niveau de positivité requis en IHC pour la mise sous traitement par thérapie ciblée anti-HER2 : seules les tumeurs 3+ et les tumeurs 2+ positives ou ambiguës par la technique d'hybridation in situ sont éligibles pour ce traitement ciblé. Une technique d'hybridation in situ est considérée comme indéterminée pour une des causes ci-dessous : problème de fixation ou de conditionnement du tissu présence d'artéfacts (écrasement tissulaire, en périphérie du prélèvement) en cas d'échec du test (absence d'hybridation, autofluorescence, mauvaise résolution nucléaire, important bruit de fond). Référence Wolff AC, Hammond MEH, Hicks DG, Dowsett M et al. Recommendations for Human Epidermal Growth Factor Receptor 2 Testing in Breast Cancer: American Society of Clinical Oncology/College of American Pathologists Clinical Practice Guideline Update. J Clin Oncol, 2013;31:3997-4013 Evaluation des récepteurs hormonaux Actuellement pour tout nouveau cas de cancer du sein invasif, la connaissance des RH de la tumeur est indispensable pour établir le plan thérapeutique de la patiente. Il est recommandé de re-biopsier (si possible) les rechutes locales ou à distance et redéterminer le statut RH. La connaissance du statut des RH est indispensable dès le diagnostic pour toute tumeur invasive (valeur prédictive de réponse aux traitements anti-hormonaux). L'évaluation par IHC est le standard. La détermination des RH s'effectue à partir des blocs de paraffine représentatifs de la tumeur et peut être réalisée a posteriori sur du matériel d'archives. L'évaluation s'effectue au niveau des structures tumorales invasives pour les deux récepteurs, estrogènes (RE) et progestérone (RP). Les résultats sont exprimés en pourcentage et intensité moyenne de noyaux marqués. Le seuil de positivité est fixé à 10 % de cellules marquées (quelle que soit l'intensité du signal). Ce seuil est discuté par certains (seuil à 1 % en Europe et aux USA). Des contrôles qualité internes et externes sont mis en place. La base nationale pour RO/RH est à renseigner : HERFrance (http://www.herfrance.afaqap.org). 32/122 Evaluation d'uPA/PAI-1 uPA et PAI-1 sont des enzymes impliqués dans l’activation du plasminogène. Ils jouent un rôle clé dans le remodelage tissulaire, avec les cathepsines et les métalloprotéases (stromélysine-3, collagénases...). La valeur pronostique est élevée, de niveau LOE 1 (pour les carcinomes infiltrants N-). Considérations techniques et organisationnelles L’analyse est réalisée en biochimie, sur broyat tissulaire tumoral, par immunoanalyse – ELISA. Cela nécessite du tissu congelé et au moins 50 mg de tissu tumoral. Pour les biopsies à l’aiguille, la congélation doit être immédiate. Pour les pièces opératoires, le délai avant congélation en anatomo-pathologie (incluant les manipulations de la pièce au bloc opératoire et au laboratoire, et le temps de transport) ne doit pas excéder 30 minutes à température ambiante ou 1 h à 4 °C. Pour des raisons de sécurité diagnostique anatomo-pathologique, il est recommandé de n’échantillonner sur pièce opératoire que les tumeurs ≥ 1 cm. Il convient de n'opérer les patientes qu'après un délai de 15 jours après une ponction, afin que les effets de la cicatrisation intra-tumorale (exposant à un risque de faux positif) disparaissent. Référence Synthèse - UPA/PAI-1, ONCOTYPE DXtm, MAMMAPRINT® - Valeurs pronostique et prédictive pour une utilité clinique dans la prise en charge du cancer du sein INCa, décembre 2013. 33/122 Analyse des pièces opératoires après chimiothérapie La réponse à la chimiothérapie néo-adjuvante est évaluée d'une part cliniquement et radiologiquement et d'autre part par l'analyse macroscopique et microscopique de la pièce opératoire. L'évaluation de la réponse thérapeutique par le pathologiste est essentielle. Elle détermine le choix des traitements mis en place après la chirurgie et intervient dans le pronostic de la maladie. La prise en charge par les pathologistes des pièces opératoires mammaires après chimiothérapie nécessite une bonne coordination multidisciplinaire avec les chirurgiens, radiologues et oncologues. Il n'existe pas de standardisation quant à l'évaluation histologique de la réponse à la chimiothérapie. Les procédures d'analyse varient selon les équipes et le protocole de recherche clinique utilisé, répondant à des classifications intégrant les reliquats cliniques et histologiques, mammaires et ganglionnaires (Classifications de Sataloff et de Chevallier). L'étude histologique nécessite un échantillonnage soigneux guidé par la clinique. Le compte-rendu histologique doit faire apparaître : estimation de la taille du reliquat tumoral aspect de la tumeur résiduelle (Cf. Classifications de Sataloff et de Chevallier) le statut ganglionnaire et le nombre de ganglions examinés (Cf. classifications de Chevallier et de Sataloff ci-dessous) ; des précisions sur la présence ou non de cellules tumorales résiduelles et sur l'existence ou non de remaniements fibroinflammatoires ganglionnaires sont souhaitables. Classification de Sataloff Tumeur primaire mammaire : TA : effet thérapeutique total ou presque total TB : effet thérapeutique de plus de 50 % mais pas total TC : moins de 50 % d'effet thérapeutique TD : pas d'effet thérapeutique. Ganglions axillaires : NA : évidence d'un effet thérapeutique, pas de maladie résiduelle NB : pas de métastase ou d'effet thérapeutique NC : évidence d'un effet thérapeutique mais métastase axillaire toujours présente ND : métastase axillaire toujours présente et viable et pas d'effet thérapeutique. Classification de Chevallier Classe 1 : rémission complète : disparition tumorale complète macroscopique et microscopique dans le sein et l'aisselle Classe 2 : carcinome in situ, pas d'atteinte ganglionnaire Classe 3 : carcinome invasif avec altération stromale Classe 4 : rares altérations ou absence d'altération des cellules tumorales. 34/122 Classifications Classifications TNM 7ème édition 2009 Tumeur primitive (T) (cT pour une classification clinique ou radiologique, pT pour une classification anatomopathologique) Tx Renseignements insuffisants pour classer la tumeur primitive T0 Pas de signe de tumeur primitive Tis Carcinome in situ Tis (DCIS) Carcinome intracanalaire in situ Tis (LCIS) Carcinome lobulaire in situ Tis (Paget) Maladie de Paget du mamelon sans carcinome invasif associé et/ou carcinome in situ (DCIS et/ou LCIS) dans le parenchyme mammaire sous-jacent. Les carcinomes du parenchyme mammaire associés à une maladie de Paget sont classés selon la taille et les caractéristiques de la tumeur mammaire parenchymateuse, bien que la notion de maladie de Paget associée doive être enregistrée T1 Tumeur ≤ 2 cm dans sa plus grande dimension T1mi Micro-invasion[1] ≤ 0,1 cm dans sa plus grande dimension T1a Tumeur >0,1 cm et ≤ 0,5 cm dans sa plus grande dimension T1b Tumeur >0,5 cm et ≤ 1 cm dans sa plus grande dimension T1c Tumeur >1 cm et ≤ 2 cm dans sa plus grande dimension T2 Tumeur >2 cm et ≤ 5 cm dans sa plus grande dimension T3 Tumeur >5 cm dans sa plus grande dimension T4 T4a T4b Tumeur de toute taille avec extension directe à la paroi thoracique (a) et/ou à la peau (b) (ulcération ou nodules cutanés)[2] Extension à la paroi thoracique (invasion du muscle pectoral exclue) Œdème cutané y compris la « peau d'orange », ou ulcération cutanée du sein, ou nodules de perméation cutanés limités au même sein T4c A la fois 4a et 4b T4d Carcinome inflammatoire[3] 1. La micro-invasion est l'extension des cellules cancéreuses à travers la membrane basale dans les tissus adjacents sans former de foyer >0,1 cm dans sa plus grande dimension. Lorsqu'il s'agit de multiples foyers de micro-invasion, on ne tient compte que du plus grand pour la classification (ne pas additionner la taille de tous les foyers). La présence de multiples foyers de micro-invasion doit être notée comme c'est le cas pour les tumeurs invasives multiples. 35/122 2. Note : l'invasion du derme seul ne classe pas en T4. La paroi thoracique comprend les côtes, les muscles intercostaux et grand dentelé, mais ne comprend pas le muscle pectoral. 3. Le carcinome inflammatoire du sein est caractérisé par une induration cutanée diffuse et tendue, à bords érysipéloïdes, habituellement sans tumeur palpable sous-jacente. Si la biopsie de la peau est négative et s'il n'y a pas de cancer primitif localisé mesurable, un carcinome inflammatoire clinique (T4d) est classé pTX sur le plan histopathologique. Une dépression cutanée, la rétraction du mamelon ou toute autre modification des téguments, à l'exception de celles retenues pour les catégories T4b et T4d, peuvent exister avec T1, T2 ou T3 sans influer sur le classement. Adénopathies régionales (N) (détectées à l'examen clinique ou radiologique) Nx Appréciation impossible de l'atteinte ganglionnaire (du fait, par exemple, d'une exérèse antérieure) N0 Absence de signe d'envahissement ganglionnaire régional N1 Ganglions axillaires de niveau I et II homolatéraux mobiles Métastases dans un ou plusieurs ganglions axillaires de niveau I et II homolatéraux N2 fixé(s) ou confluents ou dans un ou plusieurs ganglions mammaires internes homolatéraux cliniquement détectables[1] en l'absence de métastase ganglionnaire axillaire cliniquement évidente N2a N2b Métastases dans un ou plusieurs ganglion(s) axillaire(s) fixé(s) entre eux (confluents) ou à d'autres structures Métastases cliniquement détectables[1] uniquement dans les ganglions mammaires internes, et en l'absence de métastase ganglionnaire axillaire cliniquement décelable Métastases dans les ganglions sous-claviculaires homolatéraux (niveau III) avec ou sans envahissement ganglionnaire axillaire (niveau I, II) ou métastase ganglionnaire N3 mammaire interne homolatérale cliniquement détectable [1] en présence de métastase axillaire (niveau I, II) cliniquement évidente ; ou métastases ganglionnaires sousclaviculaires homolatérales avec ou sans envahissement ganglionnaire axillaire ou mammaire interne N3a Métastase(s) ganglionnaire(s) sous-claviculaire(s) N3b Métastases ganglionnaires mammaires internes et axillaires N3c Métastase(s) ganglionnaire(s) sus-claviculaire(s) 1. Cliniquement détectable signifie : détecté par un examen clinique ou par l'imagerie (lymphoscintigraphie exclue) et présentant des caractéristiques hautement suspectes de malignité, ou suspicion histopathologique de macrométastase fondée sur l'analyse cytologique d'un prélèvement par cytoponction. La confirmation par cytoponction sans biopsie exérèse d'une maladie métastatique cliniquement détectable est désignée par le sigle (f), comme par exemple cN3(f). En l'absence d'attribution du pT, l'exérèse biopsie d'un ganglion ou le prélèvement d'un ganglion sentinelle sont classés selon la classification clinique N, par exemple : cN1. Lors de l'exérèse biopsie d'un ganglion ou du prélèvement d'un ganglion sentinelle, la classification histopathologique (pN) n'est utilisée que si le statut pT a pu être attribué. 36/122 Métastases à distance (M) MX Renseignements insuffisants pour classer les métastases à distance M0 Absence de métastase à distance M1 Présence de métastase(s) à distance La catégorie M1 peut être subdivisée selon les rubriques suivantes : Pulmonaire PULM Osseuse OSS Hépatique HEP Surrénalienne ADR Cérébrale BRA Médullaire MAR Pleurale PLE Péritonéale PER Cutanée SKI Lymphatiques (ganglions) LYM Autres OTH Classification histopathologique pTNM Remarque : dans la classification TNM, le préfixe y indique que le classement a été établi après traitement néo-adjuvant. Tumeur primitive (pT) La classification histopathologique exige la vérification de l'absence de tumeur perceptible en limite d'exérèse. Pour un cas donné, la classification pT n'est possible que si l'éventuelle invasion sur un bord de la pièce opératoire n'est que microscopique. Les catégories pT correspondent aux catégories T. Notes Pour la classification pT, la taille de la tumeur est fondée sur la mesure de la composante invasive. S'il y a un important contingent d'in situ (de 4 cm par exemple), et une petite composante invasive (de 0,5 cm par exemple), la tumeur sera codée pT1a. Carcinome plurifocal : faire l'addition (selon le schéma) de la taille des foyers tumoraux macroscopiquement étroitement séparés (<5 mm) ou microscopiquement séparés par une composante carcinomateuse in situ et considérés comme une seule tumeur, si le complexe tumoral correspond à un foyer en examen clinique et surtout en imagerie. 37/122 Carcinome pluricentrique : pour plusieurs carcinomes distants et/ou dans différents quadrants, la taille tumorale de la plus grande tumeur est reportée comme pT. Adénopathies régionales (pN) Cette classification intègre la technique du ganglion sentinelle (Cf. aussi le chapitre "Chirurgie" et "Anatomo-pathologie") et le problème des micrométastases. La classification histopathologique exige la résection et l'examen au minimum des ganglions axillaires inférieurs (niveau I) (jusqu'au bord externe du muscle petit pectoral). Une telle exérèse comporte habituellement au moins 6 ganglions lymphatiques. Si les ganglions régionaux sont négatifs mais que le nombre habituellement examiné n'est pas atteint, la tumeur est classée comme pN0. 38/122 pNx Appréciation impossible de l'atteinte ganglionnaire (pas de contrôle ou exérèse antérieure) Pas d'envahissement des ganglions régionaux[1] pN0(i-) : absence de signe d’envahissement ganglionnaire régional histologique, étude immunohistochimique négative pN0 pN0(i+): absence de signe d’envahissement ganglionnaire régional histologique, étude immunohistochimique positive, envahissement ≤ 0,2 mm pN0(mol-) : absence de signe d’envahissement ganglionnaire régional histologique, étude moléculaire négative pN0(mol+) : absence de signe d’envahissement ganglionnaire régional histologique, étude moléculaire positive (RT-PCR) Micrométastases ou métastases dans 1 à 3 ganglions axillaires homolatéraux et/ou pN1 ganglions mammaires internes avec métastases microscopiques détectées par exérèse du ganglion sentinelle mais non cliniquement apparentes[2] pN1mi pN1a pN1b Micrométastases (de plus de 0,2 mm et/ou de plus de 200 cellules, mais dont aucune n'excède 2 mm dans sa plus grande dimension) Métastases dans 1 à 3 ganglions axillaires dont une au moins mesure plus de 2 mm dans sa plus grande dimension Métastases mammaires internes avec métastases microscopiques ou macroscopiques détectées par exérèse du ganglion sentinelle mais non cliniquement apparentes [2] Métastases dans 1 à 3 ganglions axillaires et mammaires internes avec métastases pN1c microscopiques détectées par exérèse du ganglion sentinelle mais non cliniquement apparentes[2] pN2 pN2a pN2b pN3 pN3a Métastases dans 4 à 9 ganglions axillaires homolatéraux ou ganglions mammaires internes homolatéraux cliniquement apparents[2] en l'absence de métastases ganglionnaires axillaires Métastases dans 4 à 9 ganglions axillaires lymphatiques dont un au moins mesure plus de 2 mm (au moins un envahissement >2 mm) Métastases dans des ganglions mammaires cliniquement apparents [2] en l'absence de métastases ganglionnaires axillaires Métastases dans une des situations suivantes : Métastases dans 10 ganglions lymphatiques axillaires ou plus (au moins une >2 mm) ou métastases dans les ganglions sous-claviculaires Métastases dans les ganglions lymphatiques mammaires internes homolatéraux cliniquement apparents[2] en présence de ganglions axillaires positifs ; ou métastases dans pN3b plus de 3 ganglions axillaires et dans les ganglions lymphatiques mammaires internes avec métastases microscopiques ou macroscopiques détectées par exérèse du ganglion sentinelle mais non cliniquement apparent[2] pN3c Métastase(s) ganglionnaire(s) sus-claviculaire(s) homolatérale(s) 1. Les CTI sont des cellules tumorales isolées ou de petits amas de cellules ne mesurant pas plus de 0,2 mm dans leur plus grande dimension qui sont habituellement détectés par les colorations H&E ou par immunohistochimie ou technique moléculaire. Un critère supplémentaire a été proposé pour inclure des amas cellulaires de moins de 200 cellules dans une seule coupe histologique. Les ganglions contenant uniquement des CTI sont exclus du compte des ganglions positifs dans le cadre de la détermination du N mais doivent être comptabilisés dans le nombre total de ganglions examinés. 2. Cliniquement apparent signifie détecté par un examen clinique ou par l'imagerie (lymphoscintigraphie exclue) et présentant des caractéristiques hautement suspectes de malignité, ou suspicion histopathologique de macrométastase fondée sur l'analyse cytologique d'un prélèvement par cytoponction. Non cliniquement apparent signifie non détecté par imagerie (lymphoscintigraphie exclue) ou par examen clinique. Classification par stade 0 Tis N0 M0 IA T1[1] N0 M0 IB T0, T1[1] N1mi M0 IIA T0, T1[1] N1 M0 T2 N0 M0 T2 N1 M0 T3 N0 M0 T0, T1[1], T2 N2 M0 T3 N1, N2 M0 IIIB T4 N0, N1, N2 M0 IIIC tous T N3 M0 IV tous T tous N M1 IIB IIIA 1. T1 inclut T1mi 40/122 Chirurgie Généralités Le diagnostic doit être connu en préopératoire et le dossier discuté en RCP avant la chirurgie. Techniques Mammectomie radicale modifiée (Patey) Mammectomie totale emportant la plaque aréolo-mamelonnaire (PAM) et associée à un curage axillaire complet (limité par le bord inférieur de la veine axillaire en haut, le muscle grand dorsal en dehors et en profondeur, le muscle grand dentelé en dedans). Respect du pédicule vasculonerveux du muscle grand dorsal (scapulaire inférieur) et du nerf du grand dentelé. La préservation partielle de l'étui cutané peut être envisagée s'il y a un projet de reconstruction mammaire. Mastectomie partielle Mastectomie partielle emportant la tumeur en totalité avec des berges macroscopiquement saines, et le cas échéant des recoupes tissulaires en berges utiles. L'exérèse est effectuée sur toute l'épaisseur du tissu mammaire jusqu'au plan musculaire. Pièce orientée dans l'espace (fils, clips et/ou schéma), non morcelée. En cas de lésion infraclinique, nécessité de contrôler la qualité de la chirurgie par un examen radiologique peropératoire (à joindre au dossier). La mastectomie partielle doit permettre un contrôle local satisfaisant pour un résultat esthétique correct : l'objectif à atteindre est une marge de tissu sain de 2 mm au moins pour l'in situ et berge non envahie pour carcinome infiltrant. les décisions de reprise chirurgicale des cas limites seront discutées en RCP. La voie d'abord directe est recommandée. L'exérèse de la peau en regard de la tumeur n'est indispensable que s'il existe un envahissement cutané. Celle-ci doit être notée dans le compterendu opératoire. La mise en place des clips sur le site tumoral opératoire est recommandée (en particulier pour la radiothérapie). En ce qui concerne la plaque aréolo-mamelonnaire, elle peut être préservée sous réserve que l'exérèse puisse être in sano. L'utilisation de techniques de chirurgie plastique lors du traitement conservateur (chirurgie oncoplastique) peut permettre d'atténuer les séquelles esthétiques de la chirurgie conservatrice. Elle peut être proposée lorsque le rapport taille tumorale ou extension radiologique par rapport au volume ou à la forme du sein restant, laisse présager des séquelles esthétiques du traitement conservateur. 41/122 es contre-indications à l'oncoplastie sont : micro calcifications occupant plus d'un quart du volume du sein impossibilité de radiothérapie dans un délai de 2 mois. Geste ganglionnaire associé Le curage axillaire doit comporter l'ablation du tissu cellulo-ganglionnaire axillaire compris entre la veine axillaire en haut, le muscle grand dorsal en dehors et le muscle grand dentelé en dedans. Il doit comporter au moins 10 ganglions. Discussion en RCP si le nombre de ganglions est inférieur à 10 pour une éventuelle reprise chirurgicale. Schéma des niveaux de Berg extrait de BERG JW. The significance of axillary node levels in the study of breast carcinoma. Cancer. 1955;8:776-8. La technique du ganglion sentinelle sera proposée aux patientes qui relèvent de cette indication (Cf. le chapitre Ganglion sentinelle). 42/122 Références Accès aux recommandations de l'INCa. NCCN Guidelines breast cancer 2012 http://www.nccn.org Congrès San Antonio (SABCS Décembre 2011) ACOSOG Z0011 IBCSG 23-01 Goldhirsch A, Wood WC, Coates AS, Gelber RD et al. Strategies for subtypes-dealing with the diversity of breast cancer: highlights of the St. Gallen International Expert Consensus on the Primary Therapy of Early Breast Cancer 2011. Ann Oncol. 2011;22:1736-47. Fitoussi A, Alran S, Couturaud B, Charitansky H et al. Oncoplastie avec conservation mammaire dans le traitement du cancer du sein. EMC, Techniques chirurgicales - Gynécologie 2008 ; [41-975] Accès aux documents de l'ANAES (Octobre 2002) "Technique du ganglion sentinelle dans le cancer du sein Rapport d'étape" : rapport (90 pages - Format PDF) et synthèse (10 pages - Format PDF). La reconstruction mammaire et la chirurgie prophylactique des cancers avec prédisposition génétique sont détaillées dans d'autres chapitres. Chirurgie des tumeurs opérables d'emblée Tumeur opérable d'emblée par chirurgie conservatrice : tumeur permettant une exérèse complète avec résultat esthétique satisfaisant et des marges histologiques saines et suffisantes. Carcinome in situ Voir le document INCa (www.e-cancer.fr) : Cancer du sein in situ. Il existe une place pour la procédure du ganglion sentinelle dans les CCIS ; elle est définie au chapitre "Ganglion sentinelle". En cas de chirurgie conservatrice, les techniques d'oncoplastie peuvent être proposées afin d'atténuer les séquelles esthétiques. La radiothérapie du sein est systématique après chirurgie conservatrice ; un boost peut être proposé dans certains cas (extrapolation des résultats des études concernant les cancers infiltrants). L'inclusion des patientes dans un essai testant l'intérêt du boost est recommandée. 43/122 Eléments décisionnels péjoratifs La décision de mastectomie dans les CCIS est multifactorielle et fonction des éléments cités cidessous : Eléments radiologiques Présence de micro calcifications diffuses, très étendues ou regroupées en plusieurs foyers dans le sein (témoignant d'une atteinte multifocale qui peut être confirmée par des microbiopsies à plusieurs endroits). Eléments histologiques Marges d'exérèse insuffisantes. Références Clough K.B. Giard S. in monographie AFC cancer du sein. Classe & Descamps 2007, Arnette ed. p.74 et 76-77. Institut National du cancer Recommandations de prise en charge spécialisée : Cancer du sein in situ. Synthèse des recommandations. Décembre 2009. 16 p. Bilan d'extension Pas de bilan d'extension dans les carcinomes in situ puisqu'il n'y a pas de risque métastatique. Traitements Voir les rubriques chirurgie et radiothérapie (principes de prise en charge). L'hormonothérapie n'est pas un standard dans le traitement des carcinomes in situ. Elle est en cours d'évaluation. 44/122 Recommandations pour la pratique du ganglion sentinelle (hors essai clinique) Généralités La technique du ganglion sentinelle (GS) constitue aujourd'hui la technique de référence pour l'exploration axillaire dans les cancers du sein unifocaux T1 T2 N0 sans atteinte ganglionnaire clinique Elle doit être réalisée par une équipe entraînée (chirurgien, médecin nucléaire, anatomopathologiste) ayant rédigé des procédures chirurgicales, anatomo-pathologiques et isotopiques communes. Techniques Actuellement la double détection isotopique et colorimétrique (méthode combinée) constitue la méthode de référence, permettant non seulement d'améliorer le taux de détection mais aussi de réduire le risque de faux-négatifs. L'utilisation de la méthode isotopique seule est une option mais l'utilisation de la technique colorimétrique seule n'est pas recommandée. Site d'injection : l'injection péri-aréolaire est reconnue comme étant la technique la plus fiable, procurant le taux le plus élevé de détection du ganglion sentinelle et la meilleure concordance entre bleu patenté et isotope. Technique colorimétrique : même s'il existe un risque allergique lié au bleu patenté, il n'y a pas d'argument actuel pour changer de colorant. Cf. RCP du produit. (Lanitis S, Filippakis G, Sidhu V, Al Mufti R et al. Atypical anaphylactic reaction to Patent Blue during sentinel lymph node biopsy for breast cancer Ann R Coll Surg Engl. 2008 ;90:338-9.) Technique isotopique : la lymphoscintigraphie préopératoire dresse une cartographie qui peut faciliter l’exécution du geste d’adénectomie sélective (nombre de GS - localisation dans le creux axillaire - mise en évidence de GS extra-axillaire). En cas de lymphoscintigraphie blanche, la double détection est recommandée. Anatomie pathologique : l'examen extemporané du GS est possible, mais non systématique, avec pour objectif de réduire le taux de réintervention en cas de ganglion sentinelle positif. Palpation peropératoire : lors de la réalisation du prélèvement du GS, le creux axillaire doit être palpé et tout ganglion suspect dur doit être prélevé. 45/122 Indications Dans les carcinomes canalaires in situ La procédure sentinelle est proposée dans les situations suivantes : en cas d'indication de mastectomie en cas de présentation nodulaire en cas de suspicion de microinfiltration à la biopsie préopératoire en cas d’exérèse étendue nécessitant un geste d'oncoplastie. En cas d'échec d'identification du ganglion sentinelle dans les situations précédentes, s'abstenir de curage d'emblée. Dans les cancers infiltrants La procédure sentinelle est indiquée en cas de cancer infiltrant, histologiquement prouvé, sans adénopathie axillaire palpable, ≤ 5 cm, unifocale. Les indications peuvent être élargies aux situations suivantes : en cas de ganglion axillaire palpable mobile (N1) après une échographie axillaire éventuellement complétée par une cytoponction ou une microbiopsie ganglionnaire confirmant l'absence d'atteinte ganglionnaire en cas de tumeurs bifocales bénéficiant d'un traitement conservateur (bifocaux de proximité) en situation néo-adjuvante : ganglion sentinelle possible en pré-chimiothérapie et exclusivement dans le cadre d'essai contrôlé en post-chimiothérapie après chirurgie tumorale préalable, par technique combinée avec injection de bleu sur le site opératoire. Résultats pour les cancers infiltrants L'échec de détection du ganglion sentinelle impose l'indication d'un curage axillaire. Tout ganglion dur, suspect à la palpation systématique du creux axillaire doit être enlevé. Un curage axillaire doit être réalisé d'emblée dans les situations suivantes : N1 sauf si une échographie axillaire complétée par une cytoponction ou une microbiopsie ganglionnaire négative confirme l'absence d'atteinte ganglionnaire T3 T4 cancers du sein multifocaux (sauf si le risque ganglionnaire est très faible). L'examen extemporané est une option pendant la réalisation du ganglion sentinelle. Pour les équipes réalisant un examen extemporané, un curage axillaire sera réalisé en cas de ganglion sentinelle positif. 46/122 Curage axillaire complémentaire En dehors de ces situations, l'indication d'un curage axillaire complémentaire peut être modulée en fonction du degré d'envahissement de ce GS : en cas de cellules isolées pN0(i+) : pas de curage systématique après validation en RCP. en cas de GS micrométastatique pN1(mic) : un curage in pas plus axillaire complémentaire doit être évité si : T1-2 et traitement conservateur sano et de 2 GS micrométastatiques et pas de rupture capsulaire ni de conglomérat ganglionnaire et radiothérapie du sein et traitement adjuvant systémique (chimiothérapie et/ou hormonothérapie) les informations obtenues par un curage axillaire complémentaire ne modifieraient pas les indications de traitements adjuvants après validation par la RCP. Une information éclairée de la patiente est nécessaire. Cette attitude doit être présentée à la patiente comme une alternative au curage complémentaire en l'informant des limites actuelles de nos connaissances. en cas de GS macrométastatique : un curage axillaire complémentaire reste aujourd'hui la règle, mais l'abstention peut se discuter si : 1 seul GS macrométastatique et pas de rupture capsulaire ni de conglomérat ganglionnaire et ≥ 3 GS prélevés et traitement conservateur in sano du sein et traitement adjuvant systémique (chimiothérapie et/ou hormonothérapie) et radiothérapie les informations obtenues par un curage axillaire complémentaire ne modifieraient pas les indications de traitements adjuvants décision validée par la RCP. Une information éclairée de la patiente est nécessaire. Cette attitude doit être présentée à la patiente comme une alternative au curage complémentaire en l'informant des limites actuelles de nos connaissances. en cas de chimiothérapie néo-adjuvante : curage systématique hors essai thérapeutique. 47/122 Surveillance Le creux axillaire doit être surveillé avec la même périodicité que le sein. Références : Recommandations pour la pratique clinique : Nice–Saint-Paul-de-Vence 2009 « cancers du sein» et « soins de support ». Oncologie 2011 13: 780-788. Recommandations pour la pratique clinique : Nice–Saint-Paul-de-Vence 2009 « cancers du sein» et « soins de support ». Oncologie 2009 11: 497-505. Coutant C, Rouzier R, Olivier C, Bezu C et al. Modèles prédictifsd'envahissement des ganglions non sentinelles en cas de métastases des ganglons sentinelles dans le cancer du sein Gynecol Obstet Fertil. 2009 ;37:160-6. Erb KM, Julian TB. Completion of axillary dissection for a positive sentinel node : necessary or not ? Current Oncology Reports 2009;11:15-20 Houvenaeghel G, Nos C, Giard S, Mignotte H et al. A nomogram predictive of non-sentinel lymph node involvement in breast cancer patients with a sentinel lymph node micrometastasis. Eur J Surg Oncol 2009;35:690-5. Reed J, Rosman M, Verbanac KM, Mannie A et al. Prognostic implications of isolated tumor cells and micrometastases in sentinel nodes of patients with invasive breast cancer : 10-year analysis of patients enrolled in the prospective East Carolina University/Anne Arrundel Medical Center Sentinel Node Multicenter Study. J Am Coll Surg 2009;208:333-340 Ogasawara Y, Yoshitomi S, Sato S, Doihara H. Clinical signifiance of preoperative lymphoscintigraphy for sentinel lymph node biopsy in breast cancer. J Surg Res 2008;148:191-196 Weaver DL. The prognostic importance of isolated tumor cell clusters and micrometastases in sentinel lymph nodes. Cancer Investigation 2009;27:121-128 Tulpin L, Morel O, Akerman G, Malartic C et al. Intérêt de la lymphoscintigraphie dans la procédure du ganglion sentinelle en cancérologie mammaire. Gynecol Obstet Fertil 2008;36:808-814 Rodier JF, Velten M, Wilt M, Martel P et al. Prospective mullticentric randomized study comparing periareolar and peritumoral injection of radiotracer and blue dye for the detection of sentinel lymph node in breast sparing procedures. J Clin Oncol 2007;25:3664-3669 Wang L, Yu JM, Wang YS, Zuo WS et al. Preoperative lymphoscintigraphy predicts the successful identification but is not necessary in sentinel lymph nodes biopsy in breast cancer. Ann Surg Oncol 2007;14:2215-2220 48/122 Recommandations pour la reconstruction mammaire (RM) La reconstruction mammaire fait partie intégrante du traitement du cancer du sein. Elle doit être systématiquement évoquée lors de l’annonce de la maladie et proposée après (ou pendant) la prise en charge du cancer. La reconstruction peut intervenir dans le même temps que l’ablation partielle du sein (chirurgie oncoplastique) ou totale du sein (reconstruction mammaire immédiate RMI) ou à distance (reconstruction mammaire différée RMD). On distingue deux grandes familles de procédés de reconstruction : les reconstructions avec prothèse et les reconstructions sans prothèse, c’est-à-dire à partir des tissus de la patiente (technique autologue). Les techniques diffèrent par la technicité des interventions (microchirurgie pour les lambeaux libres), le nombre d’interventions (greffe(s) adipocytaire(s)), les séquelles ou bénéfices au niveau du site donneur, la qualité et la stabilité du résultat esthétique. Les reconstructions par prothèse font appel aux prothèses mammaires définitives ou aux prothèses d’expansion et peuvent être associées à des lambeaux (grand dorsal). Les reconstructions autologues font appel aux transferts de tissus vascularisés (lambeaux) sous forme pédiculé (grand dorsal, TRAM) ou libres (aux dépens de l’abdomen DIEP pour Deep Inferior Epigastric Perforator, de la fesse SlGAP et IGAP pour Superior et Inferior Gluteus Artery Perforator, de la cuisse (TMG Transverse Myocutaneous Gracilis)). Les reconstructions autologues peuvent également faire appel aux greffes d’adipocytes potentialisées ou non par système de dépression externe. Idéalement, plusieurs procédés de reconstructions doivent pouvoir être proposés et le choix laissé à la patiente. Le choix de la technique dépend des souhaits de la patiente, des antécédents, des comorbidités, de la pratique sportive et de la morphologie. La reconstruction mammaire différée étant une démarche volontaire, une information claire et loyale sur les principes de l’intervention, les risques, les complications et les résultats que l’on peut espérer doit être donnée. Le soin apporté à la cicatrice et une épargne cutanée lors de la mastectomie peuvent faciliter la reconstruction. Des massages de la cicatrice avant toute reconstruction peuvent faciliter la reconstruction. La reconstruction mammaire immédiate (RMI) La RMI est réalisée en même temps que la mammectomie. 49/122 Indications de la RMI La mastectomie totale suivie de RMI peut être une alternative à un traitement conservateur dans le but d'éviter une irradiation locorégionale (en l'absence d'atteinte ganglionnaire). Elle doit être discutée en RCP pré-thérapeutique. Les indications idéales sont : mastectomie prophylactique carcinome in situ étendu récidive suite à un premier traitement conservateur traitement conservateur d'un carcinome canalaire infiltrant dont les berges contiennent du carcinome in situ, la RMI intervenant alors à la fin de la séquence chimioradiothérapie (mastectomie dite "de clôture"). Pour ces indications idéales, la RMI doit systématiquement faire partie de l'information donnée aux patientes lors de la consultation d'annonce. La mammectomie est totale avec ou sans préservation de l'étui cutané mais avec ablation systématique de la PAM en cas de carcinome mammaire. Cependant, en cas de mastectomie prophylactique, la conservation de la PAM peut se discuter. Une radiothérapie postopératoire prévisible n'est pas une contre-indication absolue à la RMI. Si une radiothérapie est finalement nécessaire après l'analyse histologique du sein, son efficacité n'est pas altérée par la présence d'une prothèse. La patiente doit être prévenue du risque élevé de coque périprothétique. La reconstruction mammaire secondaire (RMS) La reconstruction est alors réalisée au plus tôt 6 à 12 mois après la fin d'une radiothérapie. Il peut être proposé aux patientes qui en feraient la demande, la mise en place d’un implant d’expansion au décours de la mastectomie, et ce avant la radiothérapie dans le but d’une reconstruction différée. La mise en place de prothèses définitives et/ou d'expansion, ne gène pas la pratique de la radiothérapie. Chaque femme doit pouvoir rencontrer un chirurgien pratiquant la reconstruction mammaire, afin d'être informée des différentes possibilités ou non de reconstruction. La mise en place d'une prothèse mammaire externe est une alternative. Le chirurgien qui va pratiquer la reconstruction doit avoir connaissance de l'histoire de la maladie et informer les praticiens impliqués dans la surveillance. 50/122 En cas de chirurgie radicale, l'injection de graisse est validée. En revanche, pour le traitement des séquelles esthétiques de traitements conservateurs (déformation ou manque de volume du sein), les greffes graisseuses doivent être réalisées par des équipes où la collaboration entre radiologues et chirurgiens est forte. Les patientes doivent recevoir une information particulière (recommandations de la Société française de chirurgie plastique). Les recommandations concernant les injections de graisse émises par la SoFCPRE (SOciété Francaise de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique) sont la réalisation d'un bilan d'imagerie mammaire strict réalisé par un radiologue spécialisé en imagerie mammaire (échographie, mammographie voire IRM) avant l'intervention puis à 1 an, 2 ans voire 3 ans après l'intervention. Un recul de 3 ans après chirurgie du cancer est préconisé. À noter que le transfert de graisse ne peut pas provoquer un cancer du sein mais il n'en empêchera pas la survenue si celui-ci devait apparaître (risque de récidive locale après traitement conservateur d'un cancer du sein est de 1,5 % par an). L'échéance du délai de 10 ans chez une porteuse de prothèse mammaire aux normes CE n'est pas synonyme d'indication chirurgicale de révision et/ou de remplacement d'implant. Récidive locale après traitement conservateur L’évaluation du caractère unifocal ou multiple d’une récidive peut bénéficier de l’IRM complétée d’une échographie post IRM. En cas de récidive locale après traitement conservateur radiochirurgical, le traitement de référence fait appel à la mastectomie totale. Toutefois, à la demande de la patiente, l'option d'une deuxième conservation peut faire l'objet d'une analyse en RCP, en y associant de préférence une forme de ré-irradiation partielle. 51/122 Radiothérapie Généralités Les indications de la radiothérapie sont définies selon qu'il y a eu un traitement chirurgical conservateur ou non. Indications Aire mammaire Après traitement conservateur : Sein L’irradiation du sein est systématique en postopératoire 50 Gy équivalent, par photons + complément dans le lit tumoral : 16 Gy équivalent par photons ou électrons. option : boost à discuter si patiente >70 ans, marges saines, T1, RH+ La mise en place de clips dans le lit tumoral avant remodelage du sein est systématique. Le chirurgien doit préciser dans le compte-rendu opératoire la position et le nombre de clips. La cicatrice cutanée opératoire peut ne pas être incluse en totalité dans le boost, sauf dans certaines circonstances, comme la présence d'un envahissement cutané, ou de lymphangites. L'absence de surimpression peut se discuter après 70 ans, les données de la littérature ne permettant pas d'évaluer le bénéfice du boost au-delà de cet âge (essai EORTC). Les techniques d'irradiation partielle du sein ne sont pas recommandées en dehors d'un essai thérapeutique ; la participation aux essais en cours à ce sujet est recommandée. Après traitement non conservateur : Paroi Indications : en cas d'envahissement ganglionnaire macro N+, l'irradiation de la paroi thoracique est systématique pour les pN- elle est proposée : si T≥ 5 cm si envahissement musculaire ou cutané si 2 cm <T <5 cm et ayant au moins 1 facteur de risque supplémentaire (âge <40 ans ou grade 3 ou présence d'emboles ou tumeur triple négative) pas d'indication pour les tumeurs de moins de 2 cm. pour les microN+ : Cf. Proposition de conduite à tenir après ganglion sentinelle positif. 52/122 Dose : 50 Gy équivalent 1,8 à 2 Gy par séance, 5 séances par semaine photons et/ou électrons. Aires ganglionnaires pN- et tumeur interne : irradiation CMI et sus-claviculaire (Cf. ci-dessous) s'envisage uniquement si pT >2 cm et au moins 1 des critères suivants sont présents : âge <40 ans grade 3 présence d'emboles tumeur triple négative. pN- et tumeur externe : à proposer pour les T3 T4 et à discuter si multiples facteurs de risques. pN+ macrométastase : irradiation CMI et sus-claviculaire. Chaîne mammaire interne (CMI) 45 à 50 Gy équivalent. Mixage systématique alterné par photons et électrons. Les indications d'irradiation de la CMI restent débattues depuis de nombreuses années. Trois essais randomisés (français, de l'EORTC et canadien) ont tenté de répondre à cette question. Un seul a été publié et les deux autres ont été présentés en communication orale. Les critères d'inclusion ne sont pas identiques pour les 3 essais. L'essai français a inclus 1334 patientes traitées par mastectomie, toutes pN+ ou pN0 mais avec une tumeur centrale ou interne. Les taux de survie à 10 ans ont été de 59,3 % pour les patientes non irradiées (mais traitées au niveau de la paroi et des régions sus- et sous-claviculaires) et de 62,6 % pour celles ayant reçu en plus une irradiation de la CMI (p=0,8). Cet essai n'a donc pas montré de bénéfice en survie, mais il était sous-dimensionné pour évaluer précisément ce point. Les essais de l'EORTC et MA-20 (Canada) ont inclus respectivement 4004 et 1832 patientes et font apparaitre pour les deux, un bénéfice de 1,6 % en survie globale. Référence Hennequin C, Bossard N, Servagi-Vernat S, Maingon P et al. Ten-year survival results of a randomized trial of irradiation of internal mammary nodes after mastectomy. Int J Radiat Oncol Biol Phys. 2013;86:860-6. A l'heure actuelle, il est encore difficile de définir le sous-groupe de patientes pouvant bénéficier réellement de l'irradiation de la CMI. D'après la récente revue, il s'agirait des patientes avec envahissement ganglionnaire axillaire (en particulier pN >3), et/ou avec une tumeur centrale avec des critères d’agressivité associés (femme jeune, grade SBR3, récepteurs négatifs, emboles vasculaires). 53/122 Référence Hennequin C, Fourquet A. Controverse sur l’irradiation de la chaîne mammaire interne dans le cancer du sein. Cancer Radiother. 2014;18:351-5. Dans tous les cas, une dosimétrie optimisée est indispensable de sorte à minimiser la dose à l'aire cardiaque et éviter ainsi la toxicité cardiaque à long terme observée dans plusieurs études anciennes avec des techniques inappropriées. Irradiation sus-claviculaire 45 à 50 Gy. Mixage photons et électrons ou photons seuls. Champ plus ou moins large selon qu'on inclut ou pas le 3 ème étage de Berg (région sousclaviculaire/apex de l'aisselle) en fonction de l'atteinte ganglionnaire axillaire (et/ou du nombre de ganglions prélevés). Irradiation axillaire 50 Gy équivalent, photons. Indications rares à discuter en RCP en cas d'absence de curage, de curage insuffisant ou d'envahissement massif de l'aisselle. Option : en cas de ganglion sentinelle positif, possibilité de ne pas faire de curage complémentaire au profit d'une irradiation : discussion en RCP. Référence Donker M, Straver ME, van Tienhoven G, van de Velde CJ et al. Comparison of the sentinel node procedure between patients with multifocal and unifocal breast cancer in the EORTC 10981-22023 AMAROS Trial: identification rate and nodal outcome. Eur J Cancer. 2013;49:2093-100. 54/122 Proposition de conduite à tenir après ganglion sentinelle positif pN0i+ pas de curage pas de radiothérapie ganglionnaire pas de modifications des tangentiels. pNmic et curage réalisé si traitement conservateur : radiothérapie par tangentiels standards radiothérapie des aires ganglionnaires : à discuter en RCP si présence d'au moins 1 facteur : triple négative, emboles, grade 3, taille T >2 cm, âge <40 ans. mastectomie totale : radiothérapie de la paroi et des aires ganglionnaires (susclaviculaire, CMI±) selon la présence d'un facteur de risque (idem traitement conservateur). pNmic et pas de curage si traitement conservateur : radiothérapie par tangentiels "élargis" + radiothérapie des aires ganglionnaires (CMI, sus-claviculaire ± axillaire) si présence d'au moins 1 facteur : triple négative, emboles, grade 3, taille T >2 cm, âge <40 ans ± ratio GS+/GS prélevés. mastectomie totale : radiothérapie de la paroi et des aires ganglionnaires (susclaviculaire, CMI ± axillaire) selon la présence d'un facteur de risque (idem traitement conservateur). pN1 et curage : radiothérapie standard (sein ou paroi) et aires ganglionnaires sus-claviculaire ± CMI. pN1 et pas de curage : radiothérapie axillo-sus-claviculaire ± CMI. Cas des personnes âgées L'échelle G8 est à généraliser après 75 ans (intérêt de l'évaluation oncogériatrique après échelle G8 si score ≤ 14 : discuter avec le gériatre d'un second niveau de sélection si le nombre de demandes d'évaluation est trop important). Pas d'argument pour considérer la radiothérapie moins efficace ou plus toxique chez les personnes âgées. 55/122 Chez des patientes étiquetées démentes ou à troubles cognitifs, ne pas décider d'abstention de radiothérapie sur dossier ; on peut proposer un scanner de centrage pour évaluer la capacité de la patiente à réaliser les séances dans de bonnes conditions. Plusieurs schémas hypofractionnés sont possibles : 45 Gy/15 fr, 3 fois par semaine, sur la paroi et les aires ganglionnaires, voire le sein si les contraintes dosimétriques sont respectées. sur le sein seul : 3 schémas hypofractionnés sont possibles : 42,4 Gy/16 fr en 22 jours (Whelan, 2010) 41,6 Gy/13 fr en 5 semaines (START A, Bentzen, 2008) 40 Gy/15 fr en 3 semaines (START B, Bentzen, 2008). l'ajout d'un boost séquentiel est possible selon le schéma de l'étude concernée. pour les patientes très âgées et/ou avec comorbidités majeures, sur le sein seul : 1 séance de 6,5 Gy par semaine 5 séances au total en postopératoire 6 séances sur tumeur en place. Cas particuliers En cas de traitement néo-adjuvant effectuer une cytologie ganglionnaire pour tout ganglion suspect à l'échographie si conservation mammaire : irradiation du sein avec complément systématique sur le lit opératoire si cytologie ganglionnaire initiale positive ou ypN+ : irradiation ganglionnaire CMI sus-claviculaire, ainsi que de la paroi après chirurgie non conservatrice si ypN- : l'irradiation des aires ganglionnaires et/ou de la paroi peut ne pas être retenue en RCP en l'absence d'atteinte ganglionnaire initiale, en fonction des caractéristiques tumorales initiales. Dans le cas de mastite carcinomateuse, de tumeurs localement avancées ou inflammatoires : la radiothérapie préopératoire est possible et doit être discutée en RCP une radiothérapie locorégionale systématique après chimiothérapie néo-adjuvante et chirurgie est recommandée. Dans le cas de récidives locales après traitement conservateur la mastectomie totale est le standard la reconstruction immédiate est parfois possible puisqu'il n'y a que peu d'indication de 2ème irradiation (sauf cas particuliers : discussion en RCP) 56/122 une 2ème chirurgie conservatrice peut être discutée en RCP. Une ré-irradiation de l'ensemble du sein n'est pas recommandée mais une irradiation partielle est possible notamment par curiethérapie. Patientes métastatiques d'emblée (Le Scodan, 2009, 2010) : un traitement locorégional doit être discuté, si la malade métastatique est contrôlée, surtout chez les patientes oligo-métastatiques et présentant des métastases osseuses le traitement peut comporter : une chirurgie suivie ou non de radiothérapie locorégionale une irradiation exclusive un curage axillaire. Bibliographie Recommandations professionelles de l'INCa : http://www.e-cancer.fr/soins/recommandations/cancers-du-sein Recommandations professionnelles de l'INCa : cancer du sein infiltrant non métastatique : questions d'actualité, juillet 2012. n°4 :quelles sont les indications de la surimpression du lit tumoral (boost) ? p 23-27 n°5 : quelles sont les indications d'un schéma d’irradiation mammaire hypofractionné ? p28-34 n°6 : quelles sont les indications de l’irradiation partielle mammaire ? p35-39 n°7 : quelles sont les indications de l'irradiation de la chaîne mammaire interne ? p40-46 n°8 : quelles sont les indications de l'irradiation post opératoire en cas de chimiothérapie néoadjuvante ? Belkacémi Y, Fourquet A, Cutuli B, Bourgier C et al. Radiotherapy for invasive breast cancer: guidelines for clinical practice from the French expert review board of Nice/Saint-Paul de Vence. Crit Rev Oncol Hematol. 2011 ;79:91-102. Pour la radiothérapie post mastectomie : N+ Cutuli B. Radiothérapie des cancers du sein en 2012 : quelles stratégies ? Cancer Radiother. 2012 ;16:493-502 Giuliano AE, Hunt KK, Ballman KV, Beitsch PD, et al. Axillary dissection vs no axillary dissection in women with invasive breast cancer and sentinel node metastasis : a randomized clinical trial JAMA. 2011 ; 305:569-575. Overgaard M, Nielsen HM, Overgaard J. Is the benefit of postmastectomy irradiation limited to patients with four or more positive nodes as recommended in international consensus report Radiother Oncol. 2007 ;82:247-53. 57/122 Poortmans P, Overgaard M, Overgaard J. Post mastectomy radiotherapy should be the standard of care for all women with involved axillary nodes. Radiother and Oncol 2007; 84: 104-5 Clarke M, Collins R, Darby S, Davies S, Elphinstone P, et al. Effects of radiotherapy and of differences in the extent of surgery for early breast cancer on local recurrence and 15 yer survival: an overview of the randomized trials. Lancet 2005 ; 366: 2087-106 Ragaz J, OlivottoIA, Spinelli J, Philips N, et al. Loco regional radiation therapy in patients with high risk breast cancer receiving adjuvant chemotherapy : 20 years results of the British Columbia randomized trial. J Natl Cancer Inst 2005; 97 : 116-26 Pour la radiothérapie post mastectomie : NWallgren A, Bonetti M, Gelber RD, Goldhirsch A, et al. Risk factors for loco regional recurrence among breast cancer patients :results from International Breast cancer Study group Trials I through VII. J Clin Oncol 2003; 21: 1205-13 Pour indication de radiothérapie après chirurgie conservatrice : Early Breast Cancer Trialists' Collaborative Group (EBCTCG), Darby S, McGale P, Correa C, Taylor C. Effect of radiotherapy after breast-conserving surgery on 10-year recurrence and 15-year breast cancer death: meta-analysis of individual patient data for 10,801 women in 17 randomised trials. Lancet. 2011 12;378:1707-16. Clarke M, Collins R, Darby S, Davies S, et al. Effects of radiotherapy and of differences in the extent of surgery for early breast cancer on local recurrence and 15 year survival: an overview of the randomized trials. Lancet 2005 ; 366: 2087-106 Pour le boost : Bartelink H, Horiot JC, Poortmans PM, Struiksmans H, et al. Impact of a higher radiation dose on local control and survival in breast conservating therapy of early breast cancer: 10 years results of the randomized boost versus no boost. EORTC 22881-10882 trial. J Clin. Oncol 2007; 25 : 3259-65 Pour traitement non conservateur : N+ Overgaard M, Hansen PS, Overgaard J, Hanssen PS, et al. Post operative radiotherapy in high risk pre menopausal women with breast cancer who receive adjuvant chemotherapy. Danish Breast Cancer Cooperative group 82b Trial . N. Eng. J.Medicine 1997; 337:949-55 58/122 Overgaard M, Jenssen MB, Overgaard J, Rose C, et al. Post operative radiotherapy in high risk post menopausal breast cancer patients given adjuvant tamoxifen . Danish Breast Cancer Cooperative group 82c Trial. Lancet 1999; 353: 1641-8 Pour indication radiothérapie après traitement conservateur et après mastectomie : Fourquet A, Kirova Y, Bollet MA, Tournat H et al. Méta analyses des effets de la radiothérapie dans le cancer du sein : la preuve absolue ? Cancer Radiotherapy, 2008; 12 : 554-8 Cancer du sein métastatique d'emblée : Le Scodan R, Stevens D, Brain E, Floiras JL et al. Breast cancer with synchronous metastases : survival impact of exclusive locoregional radiotherapy. J Clin Oncol. 2009 ;27:1375-81. Le Scodan R, Ali D, Stevens D. Exclusive and adjuvant radiotherapy in breast cancer patients with synchronous metastases BMC Cancer 2010, 17 ; 10:630. Radiothérapie hypofractionnée Haviland JS, Owen JR, Dewar JA, Agrawal RK et al. The UK Standardisation of Breast Radiotherapy (START) trials of radiotherapy hypofractionation for treatment of early breast cancer: 10-year follow-up results of two randomised controlled trials. Lancet Oncol. 2013;14:1086-94. Cutuli B, Fourquet A. Irradiation hypofractionnée dans le cancer du sein : pour ou contre ? Cancer Radiother. 2011;15:445-9 Whelan TJ, Pignol JP, Levine MN, Julian JA et al. Long-term results of hypofractionated radiation therapy for breast cancer. N Engl J Med. 2010 11;362:513-20 START Trialists Group, Bentzen SM, Agrawal RK, Aird EG, Barrett JM et al. The UK Standardisation of Breast Radiotherapy (START) Trial A of radiotherapy hypofractionation for treatment of early breast cancer : a randomised trial. Lancet Oncology 2008;9:331-41. START Trialists Group, Bentzen SM, Agrawal RK, Aird EG, Barrett JM et al. The UK Standardisation of Breast Radiotherapy (START) Trial B of radiotherapy hypofractionation for treatment of early breast cancer: a randomised trial. Lancet 2008;371:1098-107. 59/122 Arbres de décision : radiothérapie après chirurgie Radiothérapie après traitement conservateur Boost ou complément systématique de 16 Gy. En option, pas de boost si : patiente âgée (>70 ans), marges saines et facteurs de risque faibles (absence d'emboles, petite taille, grade faible...). Radiothérapie après traitement non conservateur 60/122 Traitement médical adjuvant Généralités Le traitement médical adjuvant comporte trois modalités : la chimiothérapie les anticorps monoclonaux (trastuzumab) l'hormonothérapie. L'indication dépend de la surexpression ou non de HER2 et de la présence des récepteurs hormonaux. Elle doit être modulée en fonction des bénéfices et des risques. D'autres facteurs peuvent intervenir : l'âge la taille tumorale le grade le statut ganglionnaire le Ki67. Références Baena Cañada JM, Ramírez Daffós P, Díaz Díaz V, Estalella Mendoza S et al. Experience with a simplified format of decision making tool adjuvant! Online in breast cancer patients Rev Calid Asist. 2010 ;25:228-31. Mook S, Schmidt MK, Rutgers EJ, van de Velde AO et al. Calibration and discriminatory accuracy of prognosis calculation for breast cancer with the online Adjuvant! program: a hospital-based retrospective cohort study. Lancet Oncol. 2009 ;10:1070-6. La participation à un essai thérapeutique est recommandée. Les tests de signatures génomiques ne sont pas retenus comme un outil de décision pour l'élaboration de ce référentiel. Les carcinomes canalaires et lobulaires infiltrants sont traités de la même façon. Chimiothérapie Les indications prendront en compte les Référentiels de Bon Usage de la liste hors GHS mis à jour par l'INCa en mars 2012. L'instauration de la chimiothérapie adjuvante doit se faire le plus rapidement possible, notamment en cas de triple négatif ou HER2+ surexprimé. 61/122 Indications (Cf. Arbres de décisions) Nous définissons 3 catégories : les tumeurs surexprimant HER2 les tumeurs triples négatives les tumeurs avec présence de récepteurs hormonaux et sans surexpression de HER2. Les indications de chimiothérapie adjuvante sont discutées en RCP en tenant compte des caractéristiques tumorales, ganglionnaires et immunohistochimiques. On peut éventuellement s'aider du score Ki67 (dans le cas de tumeur RH+ HER2-): score faible (≤ 10) : pas d’indication de chimiothérapie score élevé (>30) : indication de chimiothérapie 10 <score Ki67 ≤ 30 : discussion de l'indication de chimiothérapie. Moyens et modalités La pose de site implantable ou de voie veineuse centrale (VVC) est recommandée. En cas d'indication de chimiothérapie et d'hormonothérapie, ces traitements sont séquentiels (chimiothérapie puis hormonothérapie). Traitement par polychimiothérapie comportant une anthracycline et/ou un taxane (docétaxel ou paclitaxel) selon un schéma séquentiel ou concomitant. Schémas possibles : tumeur sans surexpression de HER2 : 3 FEC 100 - 3 docétaxel[1] 4 AC - 4 docétaxel[2] 4 AC - 12 paclitaxel hebdomadaire[3] 4 docétaxel cyclophosphamide (TC)[4] 6 TAC (+ facteurs de croissance)[5] 6 FEC 100[6] 4 FEC 100 Remarque : la doxorubicine liposomale (MYOCET®) peut remplacer l'épirubicine chez les patientes >65 ans. tumeur avec surexpression HER2 : 3 FEC 100 - 3 docétaxel + trastuzumab 4 AC - 12 paclitaxel + trastuzumab 6 carboplatine-docétaxel + trastuzumab[7] docétaxel cyclophosphamide[4] + trastuzumab.[8] 62/122 Un schéma séquentiel comportant anthracycline, cyclophosphamide et taxanes est recommandé face à une tumeur triple négative. Cependant c'est une analyse de sous-groupes (l’étude PACS 04 n’a pas montré de supériorité du schéma concomitant ET par rapport au schéma FEC 100. Une analyse rétrospective montrait une supériorité de FEC 100 par rapport à ET pour le sousgroupe triple-négatif). Nous recommandons de privilégier le schéma séquentiel en raison du risque de cardio-toxicité tardive augmentée avec le TAC.[9] Le type de protocole est à adapter à l'âge physiologique : une évaluation oncogériatrique est recommandée pour les patientes âgées de plus de 70 ans. Avant la mise en place des anthracyclines et du trastuzumab, une évaluation cardiaque est nécessaire. La surveillance est ensuite adaptée au cas par cas. Références 1. Roche, H., P. Fumoleau, M. Spielmann, J. L. Canon, et al. Sequential adjuvant epirubicin-based and docetaxel chemotherapy for node-positive breast cancer patients: the FNCLCC PACS 01 Trial. J.Clin.Oncol. 2006, 24 : 5664-71. 2. Bear HD; Anderson S; Smith RE; Geyer CE Jr; Mamounas EP; et al. Sequential preoperative or postoperative docetaxel added to preoperative doxorubicin plus cyclophosphamide for operable breast cancer:National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project Protocol B-27. J Clin Oncol. 2006, 24:2019-27.. Extrapolation du schéma d'étude NSABP-B27 (Aberdeen). 3. Mamounas EP, Bryant J, Lembersky B, Fehrenbacher L, et al. Paclitaxel after doxorubicin plus cyclophosphamide as adjuvant chemotherapy for node-positive breast cancer : results from NSABP B-28 J. Clin.Oncol 2005 ; 23:3686-96. . 4. Jones S.E., Savin M.A., Holmes F.A., O'Shaughnessy J.A. et al. Phase III trial comparing doxorubicin plus cyclophosphamide with docetaxel plus cyclophosphamide as adjuvant therapy for operable breast cancer. J.Clin.Oncol 2006, 24: 5381-87. 5. Martin M., Pienkowski T. , Mackey J., Pawlicki M. , et al. Adjuvant docetaxel for node-positive breast cancer. The New England Journal of Medicine 2005, 352 : 2302-13. 6. French Epirubicin Study Group. Benefit of a high-dose epirubicin regimen in adjuvant chemotherapy for node-positive breast cancer patients with poor prognostic factors: 5-year follow-up results of French Adjuvant Study Group 05 randomized trial. J.Clin.Oncol. 2001, 19 : 602-11. 7. Slamon D, Eiermann W, Robert N, Pienkowski T et al. Breast Cancer International Research Group. Adjuvant trastuzumab in HER2-positive breast cancer. N Engl J Med. 2011 ;365:1273-83. 63/122 8. Jones SE, Collea R, Paul D, Sedlacek S et al. Adjuvant docetaxel and cyclophosphamide plus trastuzumab in patients with HER2-amplified early stage breast cancer: a single-group, open-label, phase 2 study. Lancet Oncol. 2013;14:1121-8. 9. Mackey JR, Martin M, Pienkowski T, Rolski J et al. Adjuvant docetaxel, doxorubicin, and cyclophosphamide in node-positive breast cancer: 10-year follow-up of the phase 3 randomised BCIRG 001 trial. Lancet Oncol. 2013;14:72-80. Eiermann W, Pienkowski T, Crown J, Sadeghi S et al. Phase III study of doxorubicin/cyclophosphamide with concomitant versus sequential docetaxel as adjuvant treatment in patients with human epidermal growth factor receptor 2-normal, node-positive breast cancer: BCIRG005 trial. J Clin Oncol. 2011 ;29:3877-84. Bedard PL, Di Leo A, Piccat-Gebhart MJ Taxanes. optimizing adjuvant chemotherapy for early-stage breast cancer. Nat Rev Clin Oncol 2010; 7:22-36. Bria E, Nistico C, Cuppone F et al. Benefit of taxanes as adjuvant chemotherapy for early breast cancer : pooled analysis of 15,500 patients. Cancer. 2006 ;106 :2337-44. Polychimiothérapie Early Breast Cancer Trialists' Collaborative Group (EBCTCG), Peto R, Davies C, Godwin J, Gray R et al. Comparisons between different polychemotherapy regimens for early breast cancer : meta-analyses of long-term outcome among 100,000 women in 123 randomised trials. Lancet. 2012 ;379:432-44. Anticorps monoclonaux (trastuzumab) Population concernée Carcinome mammaire avec une surexpression de HER2 (définie par : soit immunohistochimie +++, soit ++ ET FISH ou CISH amplifié). Fonction ventriculaire gauche normale (FEV supérieure ou égale à la normale). Modalités de traitement En cas de surexpression HER2 : Le traitement de référence des tumeurs surexprimant HER2 est le trastuzumab. La durée du traitement par trastuzumab est de 1 an. Il n’y a pas d’indication à un traitement par trastuzumab sans chimiothérapie associée. 64/122 La chimiothérapie doit contenir un taxane. Schéma séquentiel (Cf. schémas possible dans le chapitre chimiothérapie) Schémas d'administration : en milieu hospitalier, avec soit une dose de charge à 8 mg/kg, puis une dose à 6 mg/kg toutes les 3 semaines pendant 52 semaines au total, soit une dose de charge de 4 mg/kg suivie d'une dose hebdomadaire de 2 mg/kg pendant 52 semaines au total. La formulation sous-cutanée du trastuzumab est à utiliser sans aucun ajustement de dose par rapport au poids (600 mg toutes les 3 semaines). (Hamizi S1, Freyer G, Bakrin N, Henin E et al. Subcutaneous trastuzumab: development of a new formulation for treatment of HER2-positive early breast cancer. Onco Targets Ther. 2013;6:89-94.) Surveillance cardiaque Mesure de la Fraction d'Ejection Ventriculaire Gauche (FEVG) par méthode isotopique ou par échographie bidimensionnelle (formule de Simpson) : la valeur normale se situe au-dessus de 50 %. La méthode échographique est privilégiée lorsqu'il existe sur l'examen initial des anomalies ECG et/ou des facteurs de risque tels que des antécédents cardiaques, une HTA, une valvulopathie. Pour une patiente donnée, la même méthode de surveillance doit être utilisée tout au long du traitement. Périodicité de la surveillance cardiaque : avant l'initiation du traitement par trastuzumab puis tous les 3 mois durant le traitement (soit à 0-3-6-9-12 mois). Une évaluation cardiologique est indiquée en début de traitement s'il existe des troubles cardiaques détectés lors du premier examen. Un contrôle après la fin du traitement est indiqué à 6 mois en raison de la durée d'action du trastuzumab. La patiente et le médecin traitant doivent être parfaitement informés de l'attention à apporter en cas d'apparition d'une symptomatologie de type insuffisance cardiaque sur des antécédents de traitement par trastuzumab avec avis cardiologique. Référence Jones AL, Barlow M, Barrett-Lee PJ, Canney PA et al. Management of cardiac health in trastuzumab-treated patients with breast cancer: updated United Kingdom National Cancer Research Institute recommendations for monitoring. British Journal of Cancer 2009 ; 100 : 684 - 692 65/122 Conduite à tenir avec le traitement par trastuzumab chez les patients asymptomatiques, à partir de la surveillance de la FEVG : FEVG en donnée par rapport aux valeurs de référence de chaque patiente : FEVG en donnée brute diminution ≤ 10 diminution de 10 points % à 15 points % diminution ≥ 15 points % Suspension du dans les limites de la normale de la méthode utilisée Poursuite du Poursuite du traitement traitement Suspension du Suspension du traitement traitement réévaluation à 4 réévaluation à 4 semaines[2] semaines[2] Poursuite du Suspension du Suspension du traitement traitement traitement réévaluation à 4 réévaluation à 4 réévaluation à 4 semaines[1] semaines[2] semaines[2] Poursuite du points % sous la normale traitement[1] normale réévaluation à 4 semaines diminution de 1 à 5 ≥ 6 points % sous la traitement 1. Avis cardiologique ± traitement par inhibiteur de conversion (IEC) à discuter 2. Avis cardiologique et indication de traitement (IEC, bêta-bloquant). D'après : Cardiac management during adjuvant trastuzumab therapy: recommendations of the Canadian Trastuzumab Working Group. Mackey JR, Clemons M, Côté MA, Delgado D et al. Curr Oncol. 2008 ;15:24-35. Biphosphonates Les données publiées ne permettent pas de recommandations sur la prescription de biphosphonates en adjuvant (Cf.communiqué de la SFSPM). 66/122 Hormonothérapie Définitions Récepteurs (Cf. chapitre Anatomo-pathologie) RE : récepteur d'estrogènes RP : récepteur à la progestérone RH+ : pour RE+ et/ou RP+ RH- : pour RE et RP- Femme ménopausée Femme satisfaisant à un ou plusieurs des critères suivants : castration chirurgicale âge >60 ans âge entre 45-59 ans avec aménorrhée de plus de 12 mois. Si l'aménorrhée est de moins de 12 mois au diagnostic de cancer du sein : chez patiente hystérectomisée avec conservation ovarienne : faire un bilan biologique (FSH, œstradiol) chez patiente sous œstro-progestifs : la considérer comme non ménopausée. Si l'aménorrhée est chimio-induite, le dosage de la FSH n'est pas suffisant pour affirmer la ménopause : considérer la patiente comme non ménopausée. Traitement L'hormonothérapie est prescrite si un des 2 récepteurs hormonaux (RE, RP) est exprimé. Ce bénéfice n'est pas retrouvé dans la méta-analyse de l'EBCTGC (2011) pour les tumeurs RE/RP+. La réflexion sur la prescription d'hormonothérapie est effectuée indépendamment du statut HER2. L'hormonothérapie de référence dure 5 ans. Les médicaments sont, utilisés dans le cadre de leur AMM : tamoxifène[1] 20 mg/j anastrozole[2] 1 mg/j letrozole[2] 2,5 mg/j exemestane[2] 25 mg/j. 1. (TAM) 2. (Inhibiteur de l’Aromatase : IA) Le statut hormonal de la patiente à considérer est celui d'avant le diagnostic. 67/122 Modalités d'administration L'hormonothérapie par tamoxifène est démarrée après la fin de la radiothérapie. Les données de la littérature (sur le létrozole et le TAM) ne montrent pas de différence significative entre un schéma séquentiel et concomitant mais il s'agit de données rétrospectives et d'analyse en sousgroupes. Dans les données de la littérature, il n'y a pas d'études qui contre-indiquent l'utilisation des antiaromatases pendant la radiothérapie (Azria D, 2010). Références Early Breast Cancer Trialists' Collaborative Group (EBCTCG), Davies C, Godwin J, Gray R, Clarke M, et al. Relevance of breast cancer hormone receptors and other factors to the efficacy of adjuvant tamoxifen : patient-level meta-analysis of randomised trials. Lancet. 2011 ;378:771-84. Ahn PH, Vu HT, Lannin D, Obedian E et al. Sequence of radiotherapy with tamoxifen in conservatively managed breast cancer does not affect local relapse rates. J Clin Oncol. 2005;23:17-23. Pierce LJ, Hutchins LF, Green SR, Lew DL et al. Sequencing of tamoxifen and radiotherapy after breast-conserving surgery in early-stage breast cancer. J Clin Oncol. 2005 ;23:24-9. Azria D, Belkacemi Y, Romieu G, Gourgou S. Concurrent or sequential adjuvant letrozole and radiotherapy after conservative surgery for early-stage breast cancer (CO-HO-RT) : a phase 2 randomised trial. Lancet Oncol. 2010 ;11:258-65. Bentzen SM, Skoczylas JZ, Overgaard M, Overgaard J. Radiotherapy-related lung fibrosis enhanced by tamoxifen. J Natl Cancer Inst. 1996;88:918-22. Indications d'hormonothérapie La grande majorité des patientes ayant des RH+ relève d'une hormonothérapie, il n'y a pas d'indication d'hormonothérapie si RH-. Chez la femme non ménopausée (au diagnostic) Le standard est le tamoxifène pendant 5 ans. La suppression ovarienne peut être discutée en RCP en cas de contre-indication au tamoxifène (antécédents thrombo-emboliques, obésité morbide), et en plus du tamoxifène chez les femmes jeunes (<35 ans). 68/122 Il n'y a pas d'indication actuelle à utiliser les anti-aromatases associées à une suppression ovarienne. Options : augmentation de la durée de l'hormonothérapie par tamoxifène s'il est bien toléré jusqu'à 10 ans (essais aTTom et ATLAS) passage du tamoxifène vers les IA chez une patiente qui devient ménopausée en cours de traitement, pour une durée totale de l'hormonothérapie de 5 ans (essai IES) possibilité de passage après 2 à 3 ans de tamoxifène, vers les IA pendant 5 ans, dans certains cas, selon les caractéristiques tumorales (à discuter en RCP). Après la ménopause (au diagnostic) IA pendant 5 ans (quel que soit l'IA (stéroïdien ou non stéroïdien)) ostéodensitométrie osseuse et bilan phosphocalcique au début du traitement pour les IA puis surveillance en fonction des résultats de l'ODM bilan lipidique tous les 6 mois pendant le traitement. en fonction de la tolérance, un traitement séquentiel (IA vers tamoxifène) peut être Options : administré (essai BIG) tamoxifène pour les patientes à faible risque. 69/122 Arbres de décisions selon RH et HER2 70/122 71/122 Référence Goldhirsch A, Wood WC, Coates AS, Gelber RD et al. Strategies for subtypes--dealing with the diversity of breast cancer: highlights of the St. Gallen International Expert Consensus on the Primary Therapy of Early Breast Cancer 2011. Ann Oncol. 2011 ;22:1736-47. Traitement médical néo-adjuvant Chimiothérapie néo-adjuvante Indications La chimiothérapie néo-adjuvante, placée avant la chirurgie, ne permet pas d'améliorer la survie globale par rapport à la chimiothérapie adjuvante. Le chirurgien qui prendra en charge la patiente à l'issue de la chimiothérapie doit obligatoirement voir la patiente avant le début de la chimiothérapie. Il peut être discuté la réalisation d’un ganglion sentinelle avant la chimiothérapie pour adapter au mieux l’irradiation postopératoire. La chimiothérapie néo-adjuvante autorise un taux de conservation mammaire plus important. Elle est un standard : pour les patientes désireuses d'une conservation mammaire, lorsqu'un tel geste est impossible d'emblée (en tenant compte de la chimiosensibilité) en cas de tumeur du sein inflammatoire (PEV 2 et 3, T4d) elle doit être mise en route rapidement lorsque le risque métastatique est important : tumeur à développement rapide (PEV 1), adénopathies axillaires volumineuses, stade III clinique. Elle est une option dans les autres cas : triples négatifs et HER2+. 72/122 Modalités et moyens de la chimiothérapie néo-adjuvante Son administration se fait : sur la base d'une description tumorale détaillée et après consultation chirurgicale préalable sur preuve histologique avec détermination des facteurs pronostiques (type histologique, grade, récepteurs hormonaux, degré de surexpression HER2). C'est une chimiothérapie à base d'anthracycline et/ou taxanes comportant 6 à 8 cures avec réévaluation tumorale clinique après chaque cycle, et évaluation radiologique entre les 2 séquences et avant chirurgie. La surexpression de HER2 nécessite l'adjonction de trastuzumab : il est préférable de réaliser l'ensemble de la chimiothérapie avant la chirurgie. La réponse à la chimiothérapie appréciée sur la pièce opératoire est un facteur pronostique important, et une rémission histologique complète est un critère fort de non récidive. Il n'y a pas de standard sur la conduite à tenir après intervention chirurgicale lorsqu'il n'y a pas de signe de régression tumorale après chimiothérapie, notamment en cas d'envahissement ganglionnaire important. 73/122 Une adaptation du traitement en fonction de la réponse est une option, à discuter en RCP (Congrès SABCS 2011). L'indication de radiothérapie se base sur les mêmes principes qu'en situation adjuvante. L'irradiation des aires ganglionnaires quel que soit le N, reste à moduler en fonction de la présentation initiale (Cf. chapitre "Radiothérapie"). Hormonothérapie néo-adjuvante C'est une option face à une tumeur fortement hormonosensible chez une patiente ménopausée : à discuter en RCP en fonction de l'âge, du type histologique, de la taille tumorale et autres... L'indication d'hormonothérapie se base sur les mêmes principes qu'en situation adjuvante. Référence Kaufmann M, Hortobagyi GN, Goldhirsch A, et al. Recommendations from an international expert panel on the use of neoadjuvant systemic treatment of operable breast cancer : an update. J Clin Oncol 2006, 24, 1940-1949. 74/122 75/122 Cancer du sein métastatique Généralités Du fait des agents thérapeutiques disponibles, le cancer du sein métastatique devient une "maladie chronique". Le traitement des formes métastatiques doit être le moins toxique possible (puisqu'il ne sera pas curatif). Il faut donc privilégier la qualité de vie et encourager ces patientes à participer à des essais cliniques. Indications Le traitement initial doit être décidé en concertation avec la patiente et en considérant le rapport entre le bénéfice clinique attendu et le risque de toxicité lié à la thérapie ("index thérapeutique"). Il faut donc adapter le traitement à l’agressivité clinique et biologique du cancer et à l'état général de la patiente, en évaluant : le délai entre le traitement adjuvant et l'apparition des métastases (inférieur ou supérieur à 1 an) le type de traitement adjuvant la présence ou non de RH et/ou d'une surexpression de HER2 le type de métastases : nombre de sites, taille ou localisation (en particulier viscérale) l'état général de la patiente (PS) les comorbidités. Modalités de traitement La participation à un essai thérapeutique est recommandée. Dans la mesure du possible, pour les localisations métastatiques, il est souhaitable de vérifier la surexpression HER2 et RH quand le tissu tumoral métastatique est accessible et notamment si la tumeur initiale était RH- ou inconnue et/ou HER2-. Le choix du traitement sera orienté en fonction des critères d'agressivité : absence de critères d'agressivité : indication d'hormonothérapie première si RH+ (il n'y a pas d'indication d'hormonothérapie pour les patientes RH-) présence de critère d'agressivité : indication de chimiothérapie première maladie cliniquement agressive (atteinte viscérale multiple et symptômes) et bon état général (PS ≤ 1) : polychimiothérapie (doublet). maladie non agressive et/ou PS >1 : monochimiothérapie. Les monochimiothérapies séquentielles donnent souvent des résultats équivalents à des polychimiothérapies et plusieurs études ont montré qu’un taxane seul donne de meilleurs résultats en durée de rémission que certaines associations sans taxane ni anthracycline. La décision du type de chimiothérapie doit être prise avec la patiente en fonction de l'agressivité tumorale, du type de métastases, de son état général, et de ses souhaits. Les habitudes de traitement sont de continuer une chimiothérapie jusqu'à réponse maximale et/ou toxicité inacceptable. 76/122 En cas de RH+, après une réponse optimale à la chimiothérapie et/ou toxicité inacceptable, un entretien hormonal peut être envisagé. Il n'y a pas d'indication de chimiothérapie en cas de PS ≥ 3. Les soins de support font partie intégrante de la stratégie thérapeutique et doivent être envisagés à tous les stades de la maladie métastatique. Absence de critère d'agressivité : HORMONOTHERAPIE Si le délai entre traitement adjuvant et métastatique est >1 an, si la métastase et/ou la tumeur primitive est RH+ et s'il s'agit de métastases uniquement sous-cutanées ou osseuses ou viscérales limitées, un traitement initial par hormonothérapie seule peut être envisagé. Les différents agents utilisés sont : les inhibiteurs de l'aromatase stéroïdien et non-stéroïdien (IAs et IA), le tamoxifène (TAM), l'association exémestane + evérolimus, le fulvestrant. Chez la femme non ménopausée Par TAM + agonistes de la LHRH (en dehors de contre-indications). En cas d'évolution sous TAM, le relais par IA/IAs est proposé, associé à une ovariolyse chimique ou chirurgicale ou aux agonistes de la LHRH. SO : suppression ovarienne IA : inhibiteur de l'aromatase non-stéroïdien (létrozole, anastrozole) IAs : inhibiteur de l'aromatase stéroïdien (exémestane) 77/122 Après la ménopause Par IA/IAs d'emblée ou TAM (si contre-indications aux IA/IAs). Si TAM en adjuvant, traitement par IA/IAs ou fulvestrant. En cas d'évolution sous IA en adjuvant, l'association exémestane + evérolimus peut être prescrite ou TAM ou fulvestrant. En cas d'évolution sous TAM et sous IA, association exémestane + evérolimus et si progression : fulvestrant. En cas d’évolution sous TAM et un IAs, indication de fulvestrant ou IA ou l’association exémestane + evérolimus. Remarques : traitement par exémestane + evérolimus selon l'AMM, chez les patientes (RH+/MP+/HER2-) sans atteinte viscérale symptomatique dès récidive ou progression de la maladie et précédemment traitées par un IA (essai BOLERO-2) il n'y a aucun intérêt à associer du fulvestrant à un IA/IAs (essais cliniques FACT et SOFEA négatifs, 1 seul essai positif (S0226)). Réferences : Baselga J, Campone M, Piccart M, Burris HA 3rd et al. Everolimus in postmenopausal hormone-receptor-positive advanced breast cancer. N Engl J Med. 2012 ; 366:520-9. Bergh J, Jönsson PE, Lidbrink EK, Trudeau M et al. FACT: an open-label randomized phase III study of fulvestrant and anastrozole in combination compared with anastrozole alone as first-line therapy for patients with receptor-positive postmenopausal breast cancer. J Clin Oncol. 2012 ;30:1919-25 Chia S, Gradishar W, Mauriac L, Bines J et al. Double-blind, randomized placebo controlled trial of fulvestrant compared with exemestane after prior nonsteroidal aromatase inhibitor therapy in postmenopausal women with hormone receptor-positive, advanced breast cancer: results from EFECT. J Clin Oncol. 2008 ;26:1664-70 78/122 Di Leo A, Jerusalem G, Petruzelka L, Torres R et al. Results of the CONFIRM phase III trial comparing fulvestrant 250 mg with fulvestrant 500 mg in postmenopausal women with estrogen receptor-positive advanced breast cancer. J Clin Oncol. 2010 ;28:4594-600 Johnston SR, Kilburn LS, Ellis P, Dodwell D et al. Fulvestrant plus anastrozole or placebo versus exemestane alone after progression on non-steroidal aromatase inhibitors in postmenopausal patients with hormone-receptor-positive locally advanced or metastatic breast cancer (SoFEA): a composite, multicentre, phase 3 randomised trial. Lancet Oncol. 2013 ;14:989-98 Mehta RS, Barlow WE, Albain KS, Vandenberg TA et al. Combination anastrozole and fulvestrant in metastatic breast cancer. N Engl J Med. 2012 ;367:435-44. Robertson JF, Lindemann JP, Llombart-Cussac A, Rolski J et al. Fulvestrant 500 mg versus anastrozole 1 mg for the first-line treatment of advanced breast cancer: follow-up analysis from the randomized 'FIRST' study. Breast Cancer Res Treat. 2012 ;136:503-11. Présence de critères d'agressivité : CHIMIOTHERAPIE Si le délai entre le traitement adjuvant et l'apparition de la métastase est <12 mois Maladie cliniquement agressive (atteinte viscérale multiple et symptômes) et bon état général (PS ≤ 1) : polychimiothérapie (doublet) aucun essai ayant associé plus de 2 drogues n'a montré de bénéfice sur la survie, et la toxicité est nettement supérieure les associations les plus efficaces et validées par publication aux doses habituelles recommandées sont* : paclitaxel-bévacizumab (HER2-, 1ère ligne) capécitabine-bévacizumab (si impossibilité d'utiliser des taxanes) (HER2-, 1ère ligne) *Miles D, Zielinski C, Martin M et al. Combining capecitabine and bevacizumab in metastatic breast cancer: a comprehensive review. Eur J Cancer. 2012 ;48:482-91. taxanes et anthracyclines ou anthracyclines liposomales en fonction des doses déjà administrées cyclophosphamide-MYOCET® (1ère ligne) docétaxel-vinorelbine docétaxel-capécitabine vinorelbine-capécitabine paclitaxel-gemcitabine. (*sans ordre hiérarchique) 79/122 Maladie non agressive et/ou PS >1 : monochimiothérapie : les monochimiothérapies séquentielles donnent souvent des résultats équivalents à des polychimiothérapies et plusieurs études ont montré qu’un taxane seul donne de meilleurs résultats en durée de rémission que certaines associations sans taxanes ni anthracyclines les agents les plus efficaces sont donc* : anthracyclines éventuellement liposomales en fonction des doses déjà administrées taxanes donnés éventuellement de façon hebdomadaire éribuline (selon AMM) vinorelbine gemcitabine capécitabine sels de platine cyclophosphamide per os (métronomique) 5-FU en perfusion continue paclitaxel-albumine (selon AMM). (*sans ordre hiérarchique) Remarques : l'étude RIBBON-2 a retrouvé une amélioration en termes de survie sans progression (non pour la survie globale) de l'association bévacizumab + capécitabine ou taxanes ou gemcitabine, pas pour la vinorelbine en 2ème ligne. Une analyse rétrospective de cette étude a confirmé un avantage encore plus important chez les patientes triple-négatives. l'étude TANIA a été récemment publiée et documente l'intérêt de poursuivre le traitement par bévacizumab associé à la chimiothérapie, dans les tumeurs HER2 négatives en progression après une réponse/stabilisation de maladie par un traitement de 1ère ligne associant chimiothérapie et bévacizumab. von Minckwitz G, Puglisi F, Cortes J, Vrdoljak E et al. Bevacizumab plus chemotherapy versus chemotherapy alone as second-line treatment for patients with HER2-negative locally recurrent or metastatic breast cancer after first-line treatment with bevacizumab plus chemotherapy (TANIA): an open-label, randomised phase 3 trial. Lancet Oncol. 2014;15:1269-78. l'étude AROBASE de phase III a montré une équivalence en termes de survie sans progression de l'entretien par bévacizumab/exémestane par rapport à la poursuite de l'association paclitaxel/bévacizumab dans les tumeurs RH+. 80/122 l'étude IMELDA montre l'intérêt d'un traitement d'entretien par capécitabine/bévacizumab dans les tumeurs HER2 négatives stables et/ou en réponse après 3 à 6 cycles d'un traitement de 1 ère ligne par docétaxel/bévacizumab. Gligorov J, Doval D, Bines J, Alba E et al. Maintenance capecitabine and bevacizumab versus bevacizumab alone after initial first-line bevacizumab and docetaxel for patients with HER2-negative metastatic breast cancer (IMELDA): a randomised, open-label, phase 3 trial. Lancet Oncol. 2014 ;26. S1470-2045 70444-9. il n'y a pas actuellement de données prospectives pouvant valider l'utilisation de bévacizumab seul en entretien après l'arrêt de la chimiothérapie. Si le délai entre traitement adjuvant et métastatique est >12 mois et/ou Le même protocole que celui du traitement adjuvant peut être envisagé : si la métastase ou la tumeur initiale est RH- si les doses maximales cumulées des drogues ne sont pas atteintes s'il ne persiste pas de toxicité après le traitement adjuvant. Si la métastase ou la tumeur initiale surexprime HER2 Le blocage HER2 est à maintenir : un traitement anti-HER2 sera débuté selon l'AMM de chaque produit et au cas par cas : trastuzumab : 1ère ligne, en association avec un taxane (paclitaxel, docétaxel) ou, chez les patientes RH+/MP+ non traitées précédemment par trastuzumab, avec un IA/IAs en monothérapie, chez les patientes déjà pré-traitées par au moins 2 protocoles de chimiothérapie pour leur maladie métastatique, ayant au moins une anthracycline et un taxane, à moins que ces traitements ne conviennent pas aux patientes. pertuzumab : 1ère ligne, en association avec le docétaxel et le trastuzumab, chez les patientes HER2+, métastatiques ou localement récidivantes, non résécables, non traitées précédemment par anti-HER2 ou chimiothérapie pour leur maladie métastatique. lapatinib : en association à la capécitabine après un traitement antérieur ayant comporté une anthracycline, un taxane et un traitement ayant inclus du trastuzumab en situation métastatique 81/122 en 1ère ligne, en association à un inhibiteur de l'aromatase (RH+/MP+) en association avec le trastuzumab (à partir de la 3ème ligne), après progression de maladie, dans les tumeurs RH-. trastuzumab emtansine (T-DM1) : en monothérapie chez les patients atteints d'un cancer du sein HER-2 positif, métastatique ou localement avancé, ayant reçu au préalable du trastuzumab et un taxane, séparément ou en association, en situation métastatique ou ayant présentés une progression de maladie pendant un traitement adjuvant ou dans les 6 mois suivant la fin du traitement. Remarques : la durée optimale du traitement par trastuzumab n'est pas connue à l'heure actuelle mais d'habitude, il est poursuivi jusqu'à toxicité inacceptable. en cas de progression de la maladie, on peut poursuivre le trastuzumab en changeant la chimiothérapie ou passer au lapatinib, associé à la capécitabine, ou évaluer l’association du trastuzumab + lapatinib (tumeurs RH-). le double blocage par trastuzumab et pertuzumab, associé au docétaxel, a donné des résultats intéressants en 1ère ligne et représente actuellement le traitement standard. Swain SM, Kim SB, Cortés J, Ro J et al. Pertuzumab, trastuzumab, and docetaxel for HER2-positive metastatic breast cancer (CLEOPATRA study): overall survival results from a randomised, double-blind, placebocontrolled, phase 3 study. Lancet Oncol. 2013 ;14:461-71. après échec du trastuzumab, le trastuzumab-emtansine (T-DM1) a obtenu des résultats favorables en termes de réponse, SSP et SG par rapport à l'association lapatinib/capécitabine et représente la 2ème ligne standard. Verma S1, Miles D, Gianni L, Krop IE et al. Trastuzumab emtansine for HER2-positive advanced breast cancer. N Engl J Med. 2012 8;367:1783-91. la formulation sous-cutanée du trastuzumab est utilisée sans aucun ajustement de dose par rapport au poids (600 mg toutes les 3 semaines). Hamizi S1, Freyer G, Bakrin N, Henin Eet al. Subcutaneous trastuzumab: development of a new formulation for treatment of HER2positive early breast cancer. Onco Targets Ther. 2013;6:89-94. 82/122 * Durée : chimiothérapie continue jusqu'à progression ; arrêt de la chimiothérapie après bénéfice clinique optimal. En cas de RH+, l'hormonothérapie peut être prescrite en complément de la chimiothérapie après réponse optimale et/ou toxicité inacceptable (traitement d'entretien). 83/122 Recommandations possibles en fonction des AMM disponibles actuellement 84/122 Tableau reprenant les protocoles référencés dans la littérature Traitement adjuvant sans Traitement adjuvant par Traitement adjuvant par anthracycline ou métastase anthracycline sans taxane anthracycline et taxane d'emblée Monothérapie : Monothérapie : Monothérapie : - anthracycline ou taxane - reprise anthracyclines - capécitabine - anthracycline suivie de taxane - docétaxel toutes les 3 - gemcitabine semaines - vinorelbine - paclitaxel hebdomadaire - reprise taxane ou anthracycline selon intervalle libre Association[1] : Association[1] : Association[1] : - anthracycline + taxane - bévacizumab + paclitaxel - gemcitabine + vinorelbine - FEC - docétaxel + gemcitabine - capécitabine + vinorelbine - paclitaxel + gemcitabine - sels de platine + gemcitabine - docétaxel + capécitabine - paclitaxel + carboplatine - anthracycline + taxane - docétaxel + vinorelbine Thérapies ciblées si HER2+ Thérapies ciblées si HER2- : - trastuzumab en 1ère ligne - capécitabine + bévacizumab - pertuzumab en 1ère ligne - paclitaxel + bévacizumab - trastuzumab+lapatinib à partir de la 3ème ligne - lapatinib +capécitabine - trastuzumab-emtansine (TDM1) en 2ème ligne 1. Toutes les associations n'ont pas bénéficiées d'essai de phase III, il s'agit alors d'accord d'experts. 85/122 Cas particuliers Les cas particuliers sont à discuter en réunion multidisciplinaire, en s'appuyant sur le contexte régional. Métastases accessibles à des traitements spécifiques en complément des traitements généraux Métastases cérébrales Chimiothérapie : sels de platine (CDDP/CBDCA) + étoposide capécitabine lapatinib + capécitabine (étude LANDSCAPE : tumeur HER2+ et progression après trastuzumab) Remarques : résultats intéressants avec l'association RTH + trastuzumab traitement chirurgical ou traitement par radiothérapie ciblée : Cf. Métastases cérébrales (ANOCEF) Métastases osseuses Traitement chirurgical préventif : en cas de risque de fracture pathologique ou de tassement vertébral curatif : en cas de fracture pathologique ou de tassement vertébral de décompression associé à une corticothérapie. Traitement par radiologie interventionnelle, cimentoplastie Traitement radiothérapique de consolidation (post-chirurgical ou comme traitement local) antalgique. Traitement général complémentaire par diphosphonate (adaptation de dose de l'acide zolédronique par rapport à la fonction rénale) ou dénosumab (supplémentation par calcium/vitamine D requise (500 mg/400 UI/j au moins), sauf en cas d'hypercalcémie) ; expérience limitée du dénosumab chez les patients présentant une insuffisance rénale sévère (clairance à la créatinine <30 mL/min). Traitement de l'hypercalcémie par diphosphonate injectable (acide zolédronique, pamidronate), hyperhydratation et corticothérapie. 86/122 Métastases pulmonaires ou hépatiques accessibles à un traitement chirurgical ou à un traitement par radiologie interventionnelle Pulmonaires (0,4 %) Bénéfice de la chirurgie (données rétrospectives) en termes de survie globale. Les facteurs pronostiques les plus importants sont : intervalle libre entre le diagnostic de la tumeur primitive et l'apparition des métastases (>/<36 mois) nombre de métastases taille résection complète (R0) expression des récepteurs hormonaux PS. Pas d'études prospectives comparant la chirurgie à la chimiothérapie (comparaison indirecte, analyses rétrospectives comportant d'anciens protocoles de chimiothérapie). Il conviendra de réserver la résection des métastases pulmonaires isolées aux patientes en bon état général, sans comorbidités importantes et en fonction de la réponse à une chimiothérapie première. En cas de contre-indication à la chirurgie, un traitement locorégional (radiofréquence) pourra être évalué. Hépatiques (4 à 5 %) Bénéfice de la chirurgie (hépatectomie) en cas de métastase(s) hépatique(s) isolée(s) (petites études rétrospectives). Les facteurs pronostiques les plus importants sont : taille des métastases résection complète (R0) expression des récepteurs hormonaux présence d'un envahissement ganglionnaire portal. Il conviendra de réserver la résection des métastases hépatiques isolées aux patientes en bon état général, sans comorbidités importantes, ayant obtenu une réponse aux traitements médicaux, avec des métastases radicalement opérables, sans atteinte ganglionnaire hilaire, de taille <4 cm et sans autre métastase, sauf osseuse(s). En cas de contre-indication à la chirurgie, un traitement locorégional (radiofréquence) pourra être évalué. 87/122 Métastases méningées Cf. Référentiel Méningite carcinomateuse (ANOCEF) Elles peuvent être isolées ou associées à d'autres métastases. Les facteurs pronostiques sont regroupés dans le tableau suivant (Groves, ASCO 2008) : Mauvais pronostic Bon pronostic Index de Karnofsky <60 % Index de Karnofsky ≥ 60 % Déficits neurologiques minimes non Déficits neurologiques multiples et fixes Cancer systémique évolué avec fixes des possibilités Possibilité thérapeutiques limitées Encéphalopathie ou de prise en charge du cancer systémique envahissement tumoral méningé macroscopiquement massif Traitements recommandés : chimiothérapie systémique + chimiothérapie intrathécale, celleci jusqu'à cytologie négative (ponction lombaire ou cathéter intraventriculaire préférable). méthotrexate cytarabine (hors AMM) cytarabine lyposomale (hors AMM) thiotepa (hors AMM) méthotrexate IV hautes doses : possible, à discuter si tumeur HER2+ : possibilité théorique d'utiliser le trastuzumab intrathécale (hors AMM). Références: Zagouri F, Sergentanis TN, Bartsch R, Berghoff AS et al. Intrathecal administration of trastuzumab for the treatment of meningeal carcinomatosis in HER2-positive metastatic breast cancer: a systematic review and pooled analysis. Breast Cancer Res Treat. 2013;139:13-22. Hofer S, Mengele K, Stemmler HJ, Schmitt M et al. Intrathecal trastuzumab: dose matters. Acta Oncol. 2012;51:955-6. Lombardi G, Zustovich F, Farina P, Della Puppa A et al. Neoplastic meningitis from solid tumors: new diagnostic and therapeutic approaches. Oncologist. 2011;16:1175-88. 88/122 Remarques : la radiothérapie ne semble pas améliorer les déficits neurologiques focaux, mais parait pouvoir soulager les douleurs radiculaires et les symptômes d'encéphalite la radiothérapie pourrait retarder ou prévenir l'apparition de nouveaux déficits neurologiques le traitement par radiothérapie des sites de blocage du LCR peut être efficace. Métastases pleurales Traitement systémique A discuter en fonction des facteurs pronostiques, de l'âge, des comorbidités, du PS et de la présence ou non d'autres métastases. Traitement local Pleurodèse (talc ou bléomycine) si épanchement récidivant après 2 ponctions pleurales malgré le traitement systémique (poumon non trappé : réexpansion pulmonaire possible). En cas de poumon trappé (réexpansion pulmonaire impossible) et/ou espérance de survie courte (<3 mois) et/ou mauvais état général, drainage pleural sous-cutané tunnelisé. Métastases péricardiques Traitement systémique A discuter en fonction des facteurs pronostiques, de l'âge, des comorbidités, du PS et de la présence ou non d'autres métastases. Traitement local Péricardiocentèse en cas d'épanchement important ± tamponnade : si stabilisation : thérapie systémique + surveillance échographique 89/122 en cas de persistance ou de récidive : drainage chirurgical sous-xiphoïdien avec fenêtre péricardique ou péricardiodèse (bléomycine) ou CDDP intra-péricardique. Traitement des personnes âgées Il faut donner aux femmes âgées les mêmes possibilités de traitements qu'aux plus jeunes. Toutes les personnes âgées doivent avoir une évaluation gériatrique soit par un score simplifié soit par un oncogériatre. Cf. chapitre Oncogériatrie. Références Fossati R, Confalonieri C, Torri V et al. Cytotoxic and hormonal treatment for metastatic breast cancer : systematic review of published randomized trials involving 31 510 women. J clin Oncol 1998 ; 16 :3439. Mcquellon RP, Muss HB, Hoffman SL et al. Patient preferences for treatment of metastatic breast cancer : a study of women with early-stage breast cancer. J clin Oncol 1995 ;13 :858. Miles D, Zielinski C, Martin M et al. Combining capecitabine and bevacizumab in metastatic breast cancer: a comprehensive review. Eur J Cancer. 2012 ;48:482-91. 90/122 Oncogénétique Modalités de prise en charge en oncogénétique Consultation de génétique La consultation de génétique initiale vise à informer le proposant (premier individu qui consulte), le cas-index (patient qui va être testé) et/ou ses apparentés sur la notion de prédisposition héréditaire, la notion de gènes, du mode de transmission, du risque de cancers associé à la présence d'une mutation, des analyses moléculaires possibles en fonction du diagnostic familial, des limites de ces analyses, de la possibilité d'existence de cas sporadiques (non héréditaires), du retentissement en terme psychologique de se savoir porteur, du bénéfice attendu en terme de prise en charge. Le conseil génétique initial pourra être réalisé par un médecin généticien ou un spécialiste faisant partie d'une équipe pluridisciplinaire comportant un médecin généticien. Il peut consulter en tandem avec un conseiller génétique. Ce dernier peut également consulter seul sur délégation du médecin généticien. Un(e) psychologue peut également être présent(e) lors des consultations. Les dossiers familiaux sont discutés avant et/ou après la consultation en réunion d'équipe. Un consentement libre et éclairé est signé par le patient. Une information doit être donnée au patient concernant le décret relatif aux conditions de mise en œuvre de l'information de la parentèle (Cf. Décret n° 2013-527 du 20 juin 2013). L'information fournie au patient doit être précédée d'une évaluation familiale soigneuse reposant sur l'établissement d'un arbre généalogique détaillé visant à établir le(s) diagnostic(s) familial(aux) et à définir la stratégie d'analyse à adopter ou non. Elle permettra de préciser qui est(sont) le(s) cas-index auquel(s) sera(ont) proposé(s) les analyses génétiques. Cette évaluation peut s'appuyer sur un questionnaire familial adressé au patient avant la consultation initiale associé à une lettre d'information expliquant le déroulement de la consultation. Le proposant est la première personne de la famille qui vient en consultation d'oncogénétique. C'est lui qui informe le reste de la famille et en particulier le cas-index si ce n'est pas lui qui est venu consulter le premier. Le cas-index est la personne vivante atteinte de la maladie qui a la probabilité (p) la plus élevée d'être porteuse d'une mutation (le cas probant peut être le proposant). Le résultat d’analyse (quel qu’il soit) devra être remis et expliqué au cours d’une consultation individuelle (décret n°2570). Le patient recevra une copie du résultat (arrêté du 27 mai 2013). La prise en charge du patient et de ses apparentés sera discutée au cours de cette consultation et un Plan Personnalisé de Suivi (PPS) sera proposé, soit immédiatement, soit après discussion multidisciplinaire selon les cas. 91/122 Le patient sera informé de la nécessité d’informer sa parentèle en cas de découverte d’une mutation prédisposant aux cancers et un document d’information lui sera remis. Références Besoins en oncogénétique de la population, Catherine Boraïti-Pellié Bulletin du cancer septembre 2009, volume 96 - n° 9 Rapport sur l'estimation des besoins de la population pour les 10 années à venir en termes d'accès aux consultations et aux tests d'oncogénétique INCa, octobre 2008 Principales recommandations de prise en charge des femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou BRCA2 INCa, avril 2009. RCP oncogénétique Elle pourra permettre de discuter : des stratégies diagnostiques de l'interprétation de résultat (variant) de validation de prise en charge et de chirurgie prophylactique qui feront l’objet de RCP dédiées en présence de sénologues et de radiologues. 92/122 Prédisposition aux cancers associée aux gènes BRCA1/2 Indications de consultation : prédisposition aux cancers associés aux gènes BRCA1/2 1) Pour un cas-index et/ou proposant (premier cas venant consulter dans une nouvelle famille) Une consultation de génétique est indiquée : s'il existe au moins 3 cas de cancer du sein chez des apparentés au 1 er ou 2ème degré, quel que soit l'âge au diagnostic lorsqu'il n'existe que 2 cas de cancers du sein, si l'un des deux a été diagnostiqué à moins de 50 ans, ou s'il s'agit d'un cancer du sein bilatéral, ou d'un cancer du sein masculin lorsqu'un cas de cancer du sein est associé à un cancer des ovaires chez le même individu lorsqu'il n'existe qu'un seul cas de cancer du sein : si diagnostiqué à moins de 40 ans s'il est associé à un cancer de l'ovaire, quel que soit l'âge au diagnostic s'il est diagnostiqué chez un homme de moins de 60 ans s'il s'agit d'un cancer du sein triple négatif diagnostiqué à moins de 50 ans. patiente atteinte d'un cancer de l'ovaire à moins de 70 ans. Un score clinique peut nous aider à préciser s'il existe dans une famille une indication ou non de consultation de génétique dans le cadre d'une prédisposition associée aux gènes BRCA1/2. Ce score sera affiné au moment de la consultation grâce aux données de l'enquête familiale (après établissement de l'arbre généalogique) ainsi qu'aux données concernant la personne qui devra être testée dans la famille (cas-index). Les personnes devront donc être adressées en consultation avec les éléments de leur dossier clinique (compte-rendu de biopsies, comptesrendus chirurgicaux, compte-rendu anatomo-pathologique, résultats des récepteurs hormonaux et HER2). Pour calculer ce score, il est nécessaire d'additionner les poids respectifs correspondant aux cancers des personnes atteintes au sein d'une même branche parentale (branche paternelle ou maternelle), si celle-ci peut être précisée, sinon au sein de la fratrie. Deux individus atteints dans la même branche parentale mais séparés par deux femmes indemnes de 65 ans ou plus, ne seront pas comptabilisés. En revanche, il faut tenir compte de deux individus atteints séparés par un ou plusieurs hommes même s'ils sont indemnes. Une personne atteinte de plusieurs cancers indépendants (par exemple cancers du sein bilatéraux synchrones ou métachrones…) est comptabilisée en ajoutant les poids correspondant à chaque cancer (en tenant compte, s'il y a lieu, des âges différents). 93/122 Le score retenu dans le cas d'une hérédité dans les 2 branches parentales est le score le plus élevé. Le tableau suivant permet d'affecter le poids correspondant à chaque cancer pour le calcul du score de Manchester (que nous utilisons à la place du score de l'INSERM) Localisation Poids Cancer du sein <30 ans 11 Cancer du sein 30-39 ans 8 Cancer du sein 40-49 ans 6 Cancer du sein 50-59 ans 4 Cancer du sein >59 ans 2 Cancer du sein masculin <60 ans 8 Cancer du sein masculin >59 ans 5 Cancer de l'ovaire épithélial (sauf borderline et mucineux) <60 ans 8 Cancer de l'ovaire épithélial (sauf borderline et mucineux) >59 ans 5 Cancer du pancréas 1 Cancer de la prostate <60 ans 2 Cancer de la prostate >59 ans 1 On considérera comme : indication possible de consultation, un score familial ou individuel ≥ 8 forte indication de consultation, un score familial ou individuel ≥ 11 en dessous de 8, l'indication de consultation devra être discutée au cas par cas (taille de la famille...). Ce score peut être pondéré par l'introduction de données anatomo-pathologiques (un cancer triple négatif grade 3 chez le cas-index par exemple augmente le total de 4 points). La notion d'un cancer du sein ou de l'ovaire chez une femme juive d'origine ashkénaze (mutations fondatrices BRCA1/2 dans cette population) constitue une indication de consultation. Le calcul du score de Manchester ou autre sera révisé en consultation de génétique après enquête familiale exhaustive et confirmation si possible des diagnostics allégués par le proposant. L'évaluation familiale permettra de préciser au mieux les indications de tests moléculaires, confirmer ou infirmer la prédisposition associée aux gènes BRCA et/ou de réorienter l'analyse vers un autre gène. 94/122 2) Apparenté d'un patient porteur d'une mutation L'identification d'une mutation délétère chez le cas-index constitue une indication de consultation pour ses apparentés majeurs qu'ils soient atteints ou non de cancers dans la branche d'hérédité concernée, si elle peut être précisée. Référence Robertson L, Hanson H, Seal S, Warren-Perry M et al. BRCA1 testing should be offered to individuals with triple-negative breast cancer diagnosed below 50 years. Br J Cancer. 2012 13;106:1234-8.. Bilan des expériences pilotes pour la prise en charge multidisciplinaire des personnes prédisposées héréditairement au cancer - Années 2010 et 2011 (1er janvier – 31 mai) INCa, janvier 2012. Bonaïti B, Alarcon F, Bonadona V, Pennec S et al. A new scoring system for the diagnosis of BRCA1/2 associated breast-ovarian cancer predisposition Bull Cancer. 2011;98:779-95 DG Evans, Lalloo F, Cramer A, Jones EA et al Addition of pathology and biomarker information significantly improves the performance of the Manchester scoring system for BRCA1 and BRCA2 testing. J Med Genet. 2009;46:811-7. Prédisposition génétique au cancer du sein chez les femmes dont le résultat BRCA est non informatif Un résultat non informatif doit être distingué d'un résultat négatif dans une famille où la mutation est connue. Il concerne les familles pour lesquelles une mutation n'a pu être identifiée. Le résultat est rendu en consultation de génétique. Cette consultation vise alors à réévaluer l'histoire familiale afin : de préciser si un autre cas-index peut être testé de proposer l’analyse d’un ou plusieurs autres gènes de prédisposition. Dans le cadre du développement du séquençage à haut débit (NGS : Next-GenerationSequencing), ces familles pourront être réévaluées d'évaluer le risque d'avoir un cancer du sein pour les apparentés non atteints et proposition de surveillance avec établissement d'un PPS. En cas d'histoire familiale forte de cancers du sein, ce risque sera évalué grâce au logiciel Boadicea chez les apparentés du cas-index. Références Dépistage du cancer du sein en France : identification des femmes à haut risque et modalités de dépistage HAS, mars 2014 Chirurgie prophylactique des cancers avec prédisposition génétique/cancers du sein (INCa, août 2009) Boadicea : https://pluto.srl.cam.ac.uk/cgi-bin/bd2/v2/bd.cgi (avec mot de passe) 95/122 Prédisposition associée au gène Tp53 (syndrome de Li et Fraumeni) Indications de consultation En présence des critères diagnostiques de Chompret 2009, le diagnostic de syndrome de Li et Fraumeni sera évoqué et une consultation d'oncogénétique devra être proposée : devant un patient présentant une tumeur du spectre du Syndrome de Li et Fraumeni (SLF) diagnostiqué avant 46 ans (sarcome des tissus mous, ostéosarcome, tumeur cérébrale, cancer du sein préménopausique, corticosurrénalome, leucémie, carcinome pulmonaire bronchiolo-alvéolaire) ET au moins un apparenté au premier ou au second degré présentant une tumeur du spectre diagnostiqué avant 56 ans (sauf cancer du sein si le cas-index est atteint lui-même d'un cancer du sein) OU patient avec des tumeurs multiples, deux ou moins appartenant au spectre tumoral du syndrome (cancers multiples du sein exclus), au moins diagnostiqué avant l'âge de 46 ans OU patient avec un corticosurrénalome ou une tumeur des plexus choroïdes quels que soient l'âge et l'histoire familiale. Référence Tinat J, Bougeard G, Baert-Desurmont S, Vasseur S, et al. 2009 version of the Chompret criteria for Li Fraumeni syndrome. J Clin Oncol. 2009; 27:1250-6. Prédisposition associée au gène CDH1 Indications de consultation Première personne consultant dans une nouvelle famille : au moins 2 cancers du sein de type lobulaires invasifs associés ou non à un cancer gastrique de type diffus (ou à cellules indépendantes) chez les apparentés au premier degré ou au deuxième degré histoire personnelle de cancer lobulaire invasif du sein et d'un cancer gastrique de type diffus (ou à cellules indépendantes ou de cancer colorectal à cellules indépendantes) deux cancers lobulaires du sein (bilatéral avant 50 ans) chez une femme ou dans une famille sans cancer de l'estomac à cellules indépendantes. Pour un apparenté à un cas-index muté : la présence d'une mutation identifiée chez un apparenté symptomatique ou non constitue une indication de consultation. Référence Recommandations professionnelles Chirurgie prophylactique des cancers avec prédisposition génétique, cancer gastrique diffus héréditaire INCa août 2009 96/122 Syndrome de Peutz-Jeghers : gène STK 11 (transmission autosomique dominante) Indications de consultation Cancer du sein. Associé à une des lésions suivantes : lentiginoses péri-orificielles (péribuccales, muqueuses buccales, régions génitales et anales) hamartomes multiples polypes gastro-intestinaux adénomateux. Référence Fiche GENMAD-Février 2009 : conseils de prise en charge de la maladie de Peutz-Jegher Syndrome de Cowden : autosomique dominante) gène PTEN (transmission Indication de consultation En l'absence de tout contexte familial, devant : 1 critère pathognomonique 2 critères dont au moins LDD ou macrocéphalie 1 critère majeur et 3 critères mineurs 4 critères mineurs. Critères pathognomoniques Trichilemnomes multiples de la face. Lésions cutanéo-muqueuses avec association de papules faciales, papillomatose orale, kératose acrale. Critères majeurs Macrocéphalie. Anomalie cérebelleuse, hydrocéphalie (syndrome de Lhermitte-Duclos). Cancer du sein. Cancer de la thyroïde. Critères mineurs Goïtre multi-hétéro-nodulaire. Maladie fibrokystique du sein. Polypes hamartomateux intestinaux. Lipomes sous-cutanés. Fibromes cutanés. Retard mental. Lésions génito-urinaires (dont cancers de l'endomètre). Référence Fiche GENMAD-Janvier 2012 : conseils de prise en charge de la maladie de Cowden 97/122 Consultations d'oncogénétique Alsace CRLCC Paul Strauss, Strasbourg Tél : 03.88.25.86.71 Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Tél : 03.88.11.57.85 Hôpitaux Civils de Colmar Tél : 03.89.12.51.53 Hôpital Emile Muller, Mulhouse Tél : 03.89.64.87.03 Bourgogne CRLCC Georges François Leclerc, Dijon Tél : 03.45.34.80.82 CHU de Dijon (Hôpital d'enfants) Tél : 03.80.29.53.13 CH d'Auxerre Prise de rendez-vous au CHU de Dijon CH de Chalon-sur-Saône Prise de rendez-vous au CHU de Dijon CH de Mâcon Tél : 03.85.27.53.03 Champagne-Ardenne CHU de Reims Tél : 03.26.78.90.03 Institut Jean Godinot et Centre Sein, Reims Tél : 03.26.50.44.18 Polyclinique de Courlancy, Reims Tél : 03.26.84.02.84 CH de Charleville-Mézières Tél : 03.24.58.71.56 CH de Troyes Tél : 03.25.49.49.14. Franche-Comté CHRU de Besançon Tél : 03.81.47.99.99 /03.81.21.86.08 CH de Belfort-Montbéliard - site du Mittan Tél : 03.81.47.99.99 98/122 Lorraine Institut de Cancérologie de Lorraine Alexis Vautrin, Vandœuvre-lès-Nancy Tél : 03.83.59.85.42 CHU de Nancy Tél : 03.83.15.37.71 CHR de Metz-Thionville Hôpital Femme-Mère-Enfant Tél : 03.87.34.51.35 Autres régions françaises Consulter la base de données "Orphanet". 99/122 Traitement du cancer du sein chez l'homme Le cancer du sein chez l'homme représente moins de 1 % des cancers du sein[1]. Du fait de sa rareté, tout dossier doit être discuté en RCP. En raison du faible volume glandulaire et de l'absence de dépistage, le diagnostic est souvent posé devant une tuméfaction palpable. La survie spécifique chez l'homme est identique à celle chez la femme, à stade égal à condition que l'on accepte les spécificités de son traitement. Le carcinome canalaire infiltrant représente le type histologique le plus fréquent chez l'homme (90 %). Les autres carcinomes infiltrants sont rares (tubuleux, papillaires, mucineux ou neuroendocrines) et les carcinomes de type lobulaire exceptionnels. Le carcinome in situ représente moins de 10 % des cas et est fréquemment de type papillaire. Les récepteurs hormonaux sont plus souvent exprimés par les carcinomes invasifs chez l'homme que chez la femme, alors que la surexpression de HER2 est moins fréquente (2 à 16 %). L'analyse des prélèvements diagnostiques anatomo-pathologiques répond aux mêmes critères que chez la femme, ainsi que l'évaluation des récepteurs hormonaux et du statut HER2. La chirurgie : en raison du rapport volume du sein/volume de la tumeur, une mastectomie avec curage est le traitement de référence. Un traitement conservateur est très rarement réalisable. La place du ganglion sentinelle n'est pas définie car il n'y a pas de séries importantes dans la littérature. On peut raisonnablement le proposer pour des petites tumeurs, en conseillant une lymphoscintigraphie préopératoire. La radiothérapie : en raison du faible volume glandulaire et de la localisation rétro-aréolaire de la tumeur, l'envahissement du derme est fréquent. La radiothérapie est recommandée même chez les patients N- après mastectomie totale afin de diminuer le risque de rechute locale (Réfèrences [2] [3] ). Une irradiation pariétale et ganglionnaire est systématique en cas de N+ et en cas d'atteinte cutanée. L'irradiation pariétale seule est conseillée en cas de N-. La chimiothérapie répond aux mêmes indications que pour le cancer du sein chez la femme. L'hormonothérapie : seul le tamoxifène est utilisé en cas de RH positifs, les anti-aromatases n'ayant pour l'instant pas l'AMM dans cette indication. La surveillance est avant tout clinique, tous les 6 mois pendant 10 ans. Une imagerie du sein controlatéral peut se discuter selon la morphologie du patient. Une consultation d'oncogénétique est indiquée. Références 1. Ravandi F, Hayes TG Male Breast Cancer : a review of literature EJC 1998;34: 1341-1347. 2. Cutuli B, Le-Nir CC, Serin D, Kirova Y, et al. Male breast cancer. Evolution of treatment and prognostic factors. Analysis of 489 cases. Crit Rev Oncol Hematol 2010 ;73:246-54 . 3. Comet B, Cutuli B, Penault-Llorca F, Bonneterre J, Belkacémi Y Male breast cancer : a review. Bull Cancer. 2009 ;96:181-9. 100/122 Surveillance Surveillance des cancers du sein traités La surveillance d'une patiente, atteinte d'un cancer du sein traité, est effectuée en alternance par l'oncologue, le gynécologue, le radiologue et le médecin traitant, en veillant à une répartition régulière dans l'année, à une circulation documentée de l'information et à une cohérence entre les intervenants. Cette surveillance doit être adaptée : aux comorbidités à l'âge physiologique à l'espérance de vie des patientes. L'examen clinique a lieu tous les six mois pendant 5 ans, puis annuellement, sans limite de date. La surveillance comprend : un interrogatoire un examen clinique : sein opéré ou paroi et sein controlatéral, aires ganglionnaires, membre supérieur à la recherche d'un lymphœdème général (examen gynécologique annuel). un examen mammographique ± échographique 6 mois après la fin du traitement radiothérapique, puis annuellement sans limite de date l'IRM mammaire a un certain nombre d'indications, en particulier dans le diagnostic de récidive sur anomalie douteuse clinique, mammographique ou échographique, dans le diagnostic différentiel entre fibrose et récidive (cicatrice exubérante), hors patientes à haut risque. Les examens d'imagerie spécifiques, notamment l'IRM, ne sont pas nécessaires pour les patientes ayant bénéficié d'une reconstruction mammaire. Aucun autre examen d'imagerie n'est nécessaire (TEP TDM-FDG compris), sauf signes cliniques évocateurs. Il n'y a, à l'heure actuelle, aucun marqueur suffisamment fiable pour justifier un dosage systématique. Le dosage des marqueurs tumoraux peut se révéler contreproductif en induisant un stress chez les patientes et des examens inutiles. Aspects particuliers Les cancers triples négatifs et surexprimant HER2 peuvent bénéficier d'un suivi plus rapproché, tous les 4 mois durant les 3 premières années. Contre-indication absolue de contraception par voie orale et de traitement hormonal de la ménopause. 101/122 Pas de contre-indication d'une grossesse, en dehors d'un traitement anti-hormonal, et après un intervalle libre. Traitement local trophique à base de promestriène possible. Pas d'indication des phyto-œstrogènes. Le raloxifène peut être utilisé, à distance d'un traitement anti-hormonal, dans son indication rhumatologique. La densité osseuse est à surveiller par ostéodensitométrie en cas de traitement par antiaromatases ou de tamoxifène pour un traitement au-delà de 3 ans chez la femme ménopausée. Un contrôle lipidique est conseillé pour les femmes qui sont sous hormonothérapie. Références Cancello G, Maisonneuve P, Rotmensz N, Viale G et al. Prognosis in women with small (T1mic,T1a,T1b) node-negative operable breast cancer by immunohistochemically selected subtypes. Breast Cancer Res Treat. 2011 ;127:713-20 Dawood S, Hu R, Homes MD, Collins LC et al. Defining breast cancer prognosis based on molecular phenotypes: results from a large cohort study. Breast Cancer Res Treat. 2011 126: 185-192. Voduc KD, Cheang MC, Tyldesley S, Gelmon K et al. Breast cancer subtypes and the risk of local and regional relapse. J Clin Oncol. 2010;28:1684-91. Cheang MC, Chia SK, Voduc D, Gao D et al. Ki67 index, HER2 status, and prognosis of patients with luminal B breast cancer. J Natl Cancer Inst 2009; 101: 736-750. Surveillance des femmes à haut risque de cancer du sein L'IRM est indiquée pour la surveillance et le dépistage des femmes à haut risque de cancer du sein, dont les femmes porteuses d'une mutation délétère du gène BRCA1 ou 2. Elle doit impérativement être réalisée avant mammographie ou échographie. Le haut risque doit être caractérisé à partir de l'évaluation familiale réalisée en consultation d'oncogénétique. Référence Dépistage du cancer du sein en France : identification des femmes à haut risque et modalités de dépistage HAS, mars 2014 102/122 Surveillance spécifique pour les porteuses de mutation BRCA1/2 Standard Voir les recommandations INCa Principales recommandations de prise en charge des femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou BRCA2 (INCa, avril 2009). Prise en charge du risque mammaire Examen clinique (palpation des seins) tous les 6 mois à partir de 20 ans. Suivi annuel par imagerie mammaire bilatérale à partir de 30 ans. Elle comportera une IRM mammaire, une mammographie et plus ou moins une échographie mammaire en cas de seins denses, l'ensemble de ces examens étant réalisés dans un délai maximum de 2 mois et au mieux dans la même structure. L'examen IRM doit être réalisé en premier. La mammographie reste indispensable même en cas de forte densité mammaire. Entre 30 et 35 ans, la réalisation d'une seule incidence (oblique) est recommandée chez les femmes indemnes. La femme doit être avertie du nombre de faux-positifs engendrés par l'IRM et de biopsies qui en découlent. Cette prise en charge doit se faire dans un contexte organisé et être coordonnée et conduite par un médecin référent travaillant au sein d'une équipe multidisciplinaire prenant en charge les formes héréditaires de cancers. L'accès direct aux microbiopsies mammaires, un accès ou une équipe recours pour les macrobiopsies, un archivage d'au moins deux ans des examens est nécessaire (avis d'expert). Les cas nécessitant un suivi plus précoce (premier cas de cancer du sein avant 35 ans dans une famille) sont à discuter au cas par cas, et une surveillance par IRM et échographie mammaire sera réalisée. On ne réalise pas de mammographie avant 30 ans chez les indemnes. Références Colin C, Foray N. DNA damage induced by mammography in high family risk patients: only one single view in screening. Breast. 2012 ;21:409-10. Pijpe A, Andrieu N, Easton DF, Kesminiene A et al. Exposure to diagnostic radiation and risk of breast cancer among carriers of BRCA1/2 mutations: retrospective cohort study (GENE-RAD-RISK). BMJ. 2012 :6;345. 103/122 Prise en charge du risque ovarien Echographie pelvienne annuelle au minimum par voie endo-vaginale réalisée dès l'âge de 35 ans dans l'attente de la possibilité de faire une chirurgie prophylactique, recommandée à partir de l'âge de 40 ans ou dès que le projet parental a été réalisé. L'indication dans ce dernier cas sera discutée en RCP. Prophylaxie Mastectomie prophylactique Une mastectomie prophylactique peut être proposée. Son bénéfice est maximal si elle est réalisée avant 40 ans. Son indication doit être posée dans le cadre d'une RCP spécifique. Dans la formulation de sa demande et dans sa décision finale, la femme doit être accompagnée par une équipe pluridisciplinaire incluant : oncogénéticien, psychologue et chirurgien plasticien. Elle doit bénéficier d'un temps de réflexion. Une mastectomie prophylactique n'exclut pas une surveillance clinique ou échographique (à discuter en fonction du type de chirurgie et de reconstruction). Annexectomie bilatérale prophylactique Recommandée chez les personnes porteuses d'une mutation sur un des gènes BRCA à partir de 40 ans ou après réalisation du projet d'enfant, âge modulable en fonction du gène, muté de l'histoire familiale et de la demande de la femme. Analyse complète des ovaires et des trompes pour dépister un cancer occulte présent dans 5 % des cas. Traitement hormonal substitutif possible à doses réduites sur une durée maximale de 5 ans ou jusqu'à 50 ans chez les femmes n'ayant pas de cancer du sein et présentant une altération de la qualité de vie après annexectomie bilatérale prophylactique. Chimioprévention Elle pourra être réalisée dans le cadre d'essais cliniques. Références Détail des procédures chirurgicales (document INCa) Chirurgie prophylactique des cancers avec prédisposition génétique/cancers du sein (août 2009). 104/122 Prise en charge des hommes porteurs de mutation des gènes BRCA Surveillance clinique mammaire annuelle à partir de l'âge de 40 ans. L'échographie mammaire peut se discuter au cas par cas. En raison de l'augmentation de risque de cancers de la prostate liée à ces gènes, une surveillance par dosage du PSA et un examen clinique sont justifiés à partir de l'âge de 45 ans. Compte tenu de l'agressivité des cancers prostatiques associés aux mutations BRCA2, cette surveillance est débutée à l'âge de 40 ans. Une consultation d'urologie est proposée au porteur d'une mutation du gène BRCA2. Enseignement de l'autopalpation. Références Thorne H, Willems AJ, Niedermayr E, Hoh IM et al. Kathleen Cunningham Consortium for Research in Familial Breast Cancer Consortium, Bolton D. Decreased prostate cancer-specific survival of men with BRCA2 mutations from multiple breast cancer families. Cancer Prev Res (Phila). 2011;4:1002-10. Recommandations professionnelles, Chirurgie prophylactique des cancers du sein et de l'ovaire (INCa, août 2009). Principales recommandations de prise en charge des femmes porteuses d'une mutation de BRCA1 ou BRCA2 (INCa, avril 2009). Friedenson B. BRCA1 and BRCA2 pathways and the risk of cancers other than breast or ovarian. MedGenMed. 2005 29;7:60. Surveillance spécifique chez les femmes dont le résultat BRCA est non informatif Dans une famille non informative, la surveillance proposée dépend du risque de cancer qui est évalué par le logiciel de calcul de risque (Boadicea). Le calcul sera effectué dans le cadre des consultations d'oncogénétique. Pour une femme apparenté à une femme atteinte dont le risque cumulé à 70 ans est ≥ 20 %, ou porteuse d'un variant de signification inconnue, la surveillance par imagerie proposée sera identique à celle des porteuses de mutation. Une chirurgie prophylactique mammaire peut être discutée si le risque est >30 %. Si son risque est intermédiaire (supérieur à 12 % et inférieur à 20 %), la prise en charge pourra être discutée avec les équipes référentes. 105/122 La surveillance d'un apparenté à une femme atteinte dont le risque cumulé à 70 ans de cancer du sein évalué avec Boadicea est de 11 % ou moins devra être adaptée à son âge, ses facteurs de risque individuels et à l'histoire familiale. Une annexectomie prophylactique pourra être discutée en cas d'antécédent familial de cancer des ovaires (risque cumulé de cancer de l'ovaire calculé par Boadicea supérieur ou égal à 3 %). Références Chirurgie prophylactique des cancers avec prédisposition génétique/cancers du sein (INCa, août 2009) Boadicea : https://pluto.srl.cam.ac.uk/cgi-bin/bd2/v2/bd.cgi (avec mot de passe) Surveillance : prédisposition (syndrome de Li et Fraumeni) associée au gène Tp53 Un examen clinique annuel doit être effectué. Une surveillance par échographie et IRM mammaire bilatérale annuelle est recommandée à partir de 20 ans chez les porteuses. La mammographie doit être évitée. Une IRM cérébrale et une échographie abdomino-pelvienne peuvent être réalisées. Une mastectomie bilatérale prophylactique sera discutée compte tenu du risque très élevé de cancer du sein chez les porteuses. En cas de cancer du sein, la mastectomie pourra être préférée au traitement conservateur pour éviter le recours à la radiothérapie. Les autres éléments de surveillance dépendront des pathologies présentes dans la famille. Un protocole de recherche clinique est en cours pour évaluer l'intérêt de la surveillance par IRM annuelle du corps entier. Référence Tinat J, Bougeard G, Baert-Desurmont S, Vasseur S, et al. 2009 version of the Chompret criteria for Li Fraumeni syndrome. J Clin Oncol. 2009; 27:1250-6. Surveillance : prédisposition associée au gène CDH1 La gastrectomie totale prophylactique est recommandée après concertation et consultation multidisciplinaire chez les personnes porteuses. Un accompagnement psychologique de la démarche est nécessaire. Compte tenu du risque de cancer lobulaire invasif du sein, un examen clinique mammaire au moins tous les 6 mois, un bilan IRM mammaire, une mammographie et une échographie mammaire annuelle sont recommandés à partir de 35-40 ans. Référence Recommandations professionnelles, Chirurgie prophylactique des cancers avec prédisposition génétique, Cancer gastrique diffus héréditaire (INCa août 2009) 106/122 Surveillance : syndrome de Peutz-Jeghers : gène STK11 (transmission autosomique dominante) Surveillance conseillée : examen clinique tous les 6 mois mammographie et IRM annuelles à partir de 30 ans surveillance digestive et urologique dès l'enfance. Référence Fiche GENMAD-Février 2009 : conseils de prise en charge de la maladie de Peutz-Jegher Surveillance : syndrome de Cowden : (transmission autosomique dominante) gène PTEN Mammaire : dès la puberté. Si hypertrophie virginale (juvénile) et mastopathie bénigne précoce : surveillance échographique et IRM mammaire dès 15 ans mastectomie à partir de 25-30 ans. Si mastopathie bénigne mineure : dépistage annuel par mammographie + échographie et IRM mammaires à partir de 30 ans (ou 5 ans avant le plus jeune cas familial, pas de mammographie avant 30 ans). Gynécologique : si antécédent familial de cancer de l'endomètre : échographie annuelle endovaginale à partir de 35-40 ans si symptomatique : traitement chirurgical. Neurologique : exploration et traitement chirurgical si symptomatique. Lipomes et malformations vasculaires : traitement chirurgical si symptomatique. Rénale (surtout en cas d'antécédent de cancer du rein) : échographie rénale annuelle à partir de 30 ans. Développement psychomoteur : accompagnement psychologique et orthophonique possible dès l'enfance. Une surveillance annuelle cutanée et thyroïdienne est recommandée dès l'enfance. Référence Fiche GENMAD-Janvier 2012 : conseils de prise en charge de la maladie de Cowden 107/122 Réseaux de surveillance Réseau GENECAL Réseau Génécal Alsace : Tél : 03.88.11.52.53 Réseau Génécal Lorraine : Tél : 03.83.15.50.83 Tél : 03.83.15.50.84 Réseau ONCOGENE Réseau Oncogene Bourgogne : CHU Bocage : Tél : 03.80.29.53.13 CGFL : Tél : 03.80.73.77.40 Réseau Oncogene Champagne-Ardenne Tél : 03.26.36.94.07 Réseau Oncogene Franche-Comté : Tél : 03.81.21.86.08 108/122 Fertilité, grossesse et cancer du sein Préservation de la fertilité Plan Cancer 2014-2019 : l'accès à la préservation de fertilité est garantie par les lois de bioéthique qui prévoient que toute personne dont la prise en charge est susceptible d'altérer la fertilité peut bénéficier de techniques de préservation et de restauration de fertilité. 5 à 7 % des cancers du sein sont diagnostiqués chez les femmes de moins de 40 ans. Avec le recul de l'âge des grossesses, de plus en plus de femmes n'auront pas abouti leur projet parental lors de la découverte du cancer du sein. Nécessité d'une approche multidisciplinaire et surtout d'une prise en charge précoce dès le diagnostic de cancer : aborder la toxicité potentielle des traitements sur la fertilité prendre en compte : pronostic de la maladie âge de la patiente situation familiale. référer la patiente à un spécialiste en médecine de la reproduction afin d'aborder les techniques de préservation disponibles et mettre en œuvre une action éventuelle de préservation précocement dans le parcours des soins. Les différentes techniques établies pour préserver la fertilité chez les patientes atteintes d'un cancer : vitrification d'ovocytes matures cryopréservation ou vitrification embryonnaire cryopréservation de tissus ovarien. Les greffes ultérieures de tissus ovariens sont encore expérimentales dans le cadre de PHRC (Projet Hospitalier de Recherche Clinique). Une évaluation de la réserve ovarienne auprès d'un spécialiste en médecine de la reproduction serait souhaitable pour les femmes de moins de 35 ans guéries et sans aménorrhée postchimiothérapie afin d'évaluer l'intérêt d'une préservation de la fertilité chez ces jeunes femmes sans projet de grossesse à court terme. Cf. Référentiel Cancer et fertilité édité par l'AFSOS. 109/122 Correspondants locaux Alsace Clinique du Diaconat : centre d'AMP de Haute-Alsace : 03.89.32.55.20 Schiltigheim : centre clinique CMCO-SIHCUS : 03.69.55.34.12 [email protected] Bourgogne CHU de Dijon : centre d'AMP : 03.80.29.36.14 Champagne-Ardenne Centre Hospitalier de Charleville Mézières : centre d'AMP : 03.24.58.73.93 CHU de Reims : service de gynécologie : 03.26.78.35.17 CECOS : 03.26.78.85.84 Groupe Courlancy : centre d'AMP : 03.26.77.27.47 Franche-Comté Besançon : Polyclinique de Franche-Comté : centre d'AMP : 03.81.41.80.15 CHRU de Besançon : centre d'AMP : 03.81.21.88.04 Lorraine Metz : CHR de 03.87.34.52.70 Metz-Thionville : Hôpital Femme-Mère-Enfant : centre d'AMP : Nancy : CHU de Nancy : antenne maternité : centre d'AMP : 03.83.34.43.09 (biologie) 03.83.34.44.26 (clinique) Références Loren AW, Mangu PB, Beck LN, Brennan L et al. Fertility preservation for patients with cancer:ASCO clinical practice guideline Update. J Clin Oncol. 2013; 31:2500-2511 ISFP Practice Committee, Kim SS, Donnez J, Barri P et al. Recommendations for fertility preservation in patients with lymphoma, leukemia, and breast cancer. ISFP Practice Committee. J Assist Reprod Genet 2012 ; 29:465-468 Klemp JR, Kim SS; ISFP Practice Committee. Fertility preservation in young women with breast cancer. J Assist Reprod Genet 2012; 29: 469-472 Cardoso F, Loibl S, Pagani O, Graziottin A et al. The European Society of Breast Cancer Specialists recommendations for the management of young women with breast cancer. Eur J Cancer 2012; 48:3355-3377 Pentheroudakis G, Orecchia R, Hoekstra HJ, Pavlidis N et al. Cancer, fertility and pregnancy: ESMO clinical practice guidelines for diagnosis, treatment and follow-up Ann Oncol. 2010 ; 21:v266-v273 Lee SJ, Schover LR, Partridge AH, Patrizio P et al. American Society of Clinical Oncology recommendations on fertility preservation in cancer patients. J Clin Oncol. 2006; 24:2917-2631 110/122 Grossesse et cancer du sein Le cancer du sein associé à la grossesse (CSAG) complique 1/10 000 à 1/3 000 grossesses. L'augmentation du CSAG est dûe à la combinaison de 2 phénomènes : l'incidence croissante des cancers du sein et un âge plus élevé des femmes enceintes. Nécessité d'une prise en charge multidisciplinaire précoce (discutée systématiquement en RCP), au sein d'un centre expert pour établir le plan de soins s'apparentant au mieux aux protocoles standards hors grossesse. L'équipe médicale doit comporter l'équipe de cancérologie (chirurgien, radiothérapeute et oncologue médical) et l'équipe de néonatalogie et d'obstétrique. Importance de colliger les cas : déclaration auprès du réseau CALG (Cancer Associé à La Grossesse) : CHU Paris Est - Hôpital Tenon Service de gynéco-obstétrique et médecine de la reproduction - cancers survenant pendant une grossesse 4 rue de la Chine 75020 PARIS Tél : 01.56.01.73.18 [email protected] Cf. Référentiel Prise en charge des cancers du sein en cours de grossesse édité par le CNGOF. Références Koren G, Carey N, Gagnon R, Maxwell C et al. Cancer chemotherapy and pregnancy J Obstet Gynaecol Can 2013; 35:263-278. Cardoso F, Loibl S, Pagani O, Graziottin A et al. The European Society of Breast Cancer Specialists recommendations for the management of young women with breast cancer Eur J Cancer 2012 ; 48: 3355-3377 Amant F, Loibl S, Neven P, Van Calsteren K. Breast cancer in pregnancy Lancet 2012 ; 379:570-579 Amant F, Deckers S, Van Calsteren K, Loibl S et al. Breast cancer in pregnancy : recommendations of an international consensus meeting. Eur J Cancer 2010 ; 46:3158-3168. G. Pentheroudakis, R. Orecchia, H. J. Hoekstra, N. Pavlidis et al. Cancer, fertility and pregnancy:ESMO Clinical Practice Guidelines for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol 2010; 21:v266-v273. 32èmes journées nationales du CNGOF 2008. ‘’Structuration nationale pour la prise en charge des cancers en cours de grossesse. Réseau CALG (Cancers Associés à La Grossesse)’’. Rouzier. www.cngof.fr Loibl S, von Minckwitz G, Gwyn K, Ellis P et al. Breast carcinoma during pregnancy. International recommendations from an expert meeting. Cancer 2006, 106:237-246. Effets tératogènes des molécules thérapeutiques : www.lecrat.org 111/122 Oncogériatrie Evaluation oncogériatrique L'évaluation oncogériatrique permet d'apprécier l'âge fonctionnel du patient et son pronostic individuel et, en fonction de l'évolution de la pathologie cancéreuse, de décider d'un traitement. Ainsi, le médecin oncogériatre peut aider le médecin oncologue dans la décision thérapeutique en adaptant le traitement et par la prise en charge conjointe des comorbidités et des fragilités gériatriques. La durée de consultation est ± 1h00. Définition C'est une procédure diagnostique multidimensionnelle et pluridisciplinaire du sujet âgé qui permet d'identifier l'ensemble des problèmes médicaux fonctionnels, psycho-sociaux et les fragilités gériatriques des sujets âgés. Ces données doivent être intégrées dans le projet de prise en charge de la pathologie cancéreuse. Objectif Déterminer à quel groupe de Balducci le patient peut être rattaché : sujets âgés sans comorbidité ou vulnérabilité particulière : traitement oncologique standard (groupe harmonieux) patients vulnérables avec comorbidités modérées ou présence d’une pathologie gériatrique ou d’un risque de dépendance nécessitant une adaptation des thérapeutiques oncologiques spécifiques (groupe intermédiaire) patients fragiles avec comorbidités importantes et dépendance installée : prise en charge symptomatique et palliative (groupe très fragile). 112/122 Référence Balducci L, Extermann M. Management of cancer in the older person: a practical approach. Oncologist. 2000;5:224-37. Bénéfices attendus Poser les diagnostics gériatriques pertinents et développer des propositions thérapeutiques qui en découlent. Faciliter le parcours des personnes âgées dans la filière de soins oncologique et gériatrique. Evaluer les interactions entre ces nouveaux éléments diagnostiques et les thérapeutiques oncologiques spécifiques prévues. Tenter d'estimer la dynamique d'apparition d'une éventuelle dépendance et mettre en place les mesures préventives nécessaires. Aider les personnes âgées et leur aidant naturel dans les démarches administratives. Assurer un suivi des mesures proposées. Démarche clinique Etape de criblage ("screening") Identifier parmi les sujets âgés atteints de cancer, ceux devant bénéficier de la procédure d'évaluation gériatrique standardisée. La réalisation systématique du questionnaire G8 (validé par l'INCa, étude Oncodage) pour les patients de plus de 75 ans permet d'atteindre ce but, son remplissage se fait en moins de 10 minutes. Sa sensibilité est de 76,5 % et sa spécificité de 64,4 %. Si le score est inférieur ou égal à 14 : une évaluation gériatrique plus approfondie devra être réalisée. Discuter avec le gériatre d'un second niveau de sélection si le nombre de demandes d'évaluation est trop important. Pour les patientes de moins de 75 ans, cette évaluation pourra également être faite en fonction des comorbidités et de l'appréciation clinique de l'oncogériatre. 113/122 Procédure d'évaluation gériatrique L'évaluation oncogériatrique consiste en une évaluation approfondie de la personne âgée à l'aide d'échelles diverses, afin d'être le plus objectif possible. La consultation permet d'évaluer notamment l'état général, l'asthénie, la polymédication, les fonctions cognitives, la douleur, l'aspect neuro-sensoriel, fonctionnel, nutritionnel, la présence de troubles de l'humeur, de la marche, de la continence ou d'une problématique sociale. Les grilles ci-dessous sont proposées dans cette utilisation. Leur passation ne saurait être systématique et doit être adaptée à chaque situation. Évaluation de l'état général Utilisation d'outils non spécifiques type Performance Status Évaluation des comorbidités : avec les spécialistes d'organes (cardiologue, pneumologue) de préférence : Version gériatrique de la CIRS : CIRS-G options : Score de CHARLSON ou Index de SATARIANO Évaluation de la polymédication Évaluation cognitive par l'entretien et : Épreuve des cinq mots de Dubois Test de l'horloge MMS Dépistage des troubles de l'humeur Échelle Mini GDS Échelle GDS Évaluation des troubles de la marche Appui monopodal Timed Get Up and Go Épreuve de Tinetti statique et dynamique Évaluation nutritionnelle Critères anthropométriques : poids, taille, IMC... Échelles : Mini MNA, MNA Critères biologiques : albumine, préalbumine... Enquête diététique Évaluation de l’état bucco-dentaire. 114/122 Prise en soins oncogériatriques Prise en charge multidisciplinaire entre oncologue et oncogériatre avec établissement d'une démarche d'équipe clairement abordée auprès du patient et de son entourage au moment du diagnostic, du traitement et du suivi. En pratique Quoi ? Réalisation d'un entretien approfondi en présence de l'aidant si possible et d'un examen clinique complet et d'une série d'échelles dans le cadre d'une évaluation gériatrique standardisée permettant de repérer les difficultés et de proposer un programme de prise en charge adapté à ces difficultés. Par qui ? Une équipe pluridisciplinaire comprenant au moins un médecin gériatre et une infirmière rompus aux techniques d'évaluation gériatrique. Pour qui ? Pas pour l'ensemble de la population âgée atteinte de cancer. Dépisté par le questionnaire G8 : de façon systématique pour les plus de 75 ans à la demande et en fonction des comorbidités et de l'appréciation clinique pour les patients de moins de 75 ans. Comment ? A l'initiative des médecins oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens spécialistes d'organe ou généralistes ayant en charge le patient. Résultats Les résultats de cette évaluation sont nécessaires pour la présentation du dossier en RCP. Données limitées du fait de l'exclusion fréquente des patientes >70 ans des essais thérapeutiques. L'évaluation de certains facteurs prédictifs en plus de l'âge est importante : comorbidités dénutrition troubles thymiques état fonctionnel et autonomie fragilité motrice, équilibre et locomotion motivation. Si la décision est difficile le dossier peut être rediscuté en RCP après avis oncogériatrique. 115/122 Annexes Droits de la personne âgée malade L'oncogériatrie est confrontée à des questionnements éthiques. Il semble ainsi important de rappeler l'importance du devoir d'information et de gestion de la décision des patients âgés en oncologie, en particulier pour ceux présentant des troubles cognitifs. Concernant les souhaits exprimés du patient par rapport aux traitements qui sont susceptibles de lui être proposés, il convient d'évaluer 3 points : l'aptitude de la personne à prendre des décisions médicales pour ellemême : compte-tenu de la fréquence des troubles cognitifs, il est important d'introduire un outil d'appréciation et de réaliser une évaluation par un évaluateur neutre, c'est à dire non impliqué directement dans le processus décisionnel ou dans les soins médicaux du patient. les directives anticipées : il est fondamental de prendre en compte ses directives anticipées et l'avis de la personne de confiance, ou d'informer de l'existence de telles possibilités, de leurs modalités et de leur portée juridique. la désignation d'une personne de confiance : lorsque le patient ne peut pas consentir pleinement et valablement à une intervention médicale, une personne tierce peut avoir été désignée pour intervenir dans le processus décisionnel. Sites d'intérêt sur l'évaluation gériatrique SIOG (International Society of Geriatric Oncology) SOFOG (Société Francophone d'Onco-Gériatrie) Portail du CHU de Rouen (évaluation gériatrique) Société de Formation Thérapeutique du Généraliste - Paris Nord (Outils et documents en gérontologie). Les unités de coordination en oncogériatrie (UCOG) Les unités de coordination en oncogériatrie ont notamment pour objectifs d'améliorer la prise en charge des personnes âgées atteintes de cancer et de rendre accessible ce dispositif sur l'ensemble du territoire. Depuis 2011, l'INCa et la DGOS ont lancé des appels à projets visant à soutenir le déploiement national d'unités de coordination en oncogériatrie. Ces procédures ont permis de sélectionner 24 équipes dans 19 régions. Les quatre principales missions de ces UCOG sont de : mieux adapter les traitements des patients âgés de cancer par des décisions conjointes oncologues-gériatres promouvoir la prise en charge de ces patients dans la région afin de la rendre accessible à tous contribuer au développement de la recherche en oncogériatrie, notamment en impulsant des collaborations interrégionales soutenir la formation et l'information en oncogériatrie. Onologik - © Oncolor 116/122 4. Sein – biopsies DONNÉES D’IDENTIFICATION DU DOSSIER PATIENT RATTACHÉES AU COMPTE RENDU ANATOMOPATHOLOGIQUE Établissement autorisé où a été effectué le prélèvement* Nom de l’établissement et n° FINESS Identifiant patient (l’établissement autorisé où a été effectué le prélèvement a la responsabilité de fournir ces données au pathologiste)* Nom de famille (de naissance ou d’adoption) Prénom Nom d’usage (par exemple nom d’épouse) Date de naissance (JJ/MM/AAAA) (en l’absence de date de naissance et par défaut : âge) Sexe Identifiant national de santé (INS) du patient s’il existe Identifiant permanent du patient (IPP) attribué par l’établissement autorisé où a été effectué le prélèvement Code postal de résidence Identifiant médecin demandeur (l’établissement autorisé où a été effectué le prélèvement a la responsabilité de fournir ces données au pathologiste)* Nom du préleveur Date de prélèvement COMPTE RENDU ANATOMOPATHOLOGIQUE DONNÉES MINIMALES À RENSEIGNER POUR UNE TUMEUR PRIMITIVE SEIN (C50) – BIOPSIES Identifiant médecin pathologiste N° de compte rendu Nom de la structure d’anatomie et cytologie pathologiques et n° FINESS Signataire du compte rendu Date de signature du compte rendu Compte rendu de la biopsie Description de la biopsie (sous la responsabilité du préleveur)* Type de biopsie Microbiopsie/macrobiopsie/autre Organe/région anatomique Sein Côté Droit/gauche Localisation dans l'organe QSE/QIE/QSI/QII/UQS/UQE/UQInt/UQInf/mamelon/central/prolongement axillaire/sillon sousmammaire/autre Mise à jour 2011 des comptes rendus d’anatomopathologie : données minimales à renseigner pour une tumeur primitive 15 >>> Décembre 2011 117/122 Description histopathologique Type histologique et grade histopronostique1 Une ou plusieurs des lésions suivantes : 3 Lésion bénigne 3 Atypies épithéliales de type canalaire : métaplasie cylindrique atypique/hyperplasie canalaire atypique 3 Néoplasie lobulaire in situ (LIN)/(CLIS) sans lésion infiltrante associée : LIN1 (HLA)/LIN2/LIN3 (CLIS) 3 Carcinome canalaire in situ (CCIS) sans lésion infiltrante associée : o grade nucléaire : bas grade/intermédiaire/haut grade o avec micro-invasion : oui/non 3 Carcinome(s) infiltrant(s) (CI) o type : canalaire/lobulaire/autre o grade de SBR (Elston et Ellis) Autre Autres facteurs pronostiques et/ou prédictifs Statut des récepteurs hormonaux (œstrogènes et progestérone)2 Statut HER 22 Notes * Le pathologiste ne peut renseigner ces données que si elles lui ont été transmises. Un «/» dans le texte équivaut à « ou ». 1 Selon la classification OMS en vigueur. En son absence, la classification utilisée est à préciser. 2 Si la détermination n’est pas effectuée sur biopsie alors elle devra l’être sur la pièce opératoire. Mise à jour 2011 des comptes rendus d’anatomopathologie : données minimales à renseigner pour une tumeur primitive 16 >>> Décembre 2011 118/122 5. Sein – pièces opératoires DONNÉES D’IDENTIFICATION DU DOSSIER PATIENT RATTACHÉES AU COMPTE RENDU ANATOMOPATHOLOGIQUE Établissement autorisé où a été effectué le prélèvement* Nom de l’établissement et n° FINESS Identifiant patient (l’établissement autorisé où a été effectué le prélèvement a la responsabilité de fournir ces données au pathologiste)* Nom de famille (de naissance ou d’adoption) Prénom Nom d’usage (par exemple nom d’épouse) Date de naissance (JJ/MM/AAAA) (en l’absence de date de naissance et par défaut : âge) Sexe Identifiant national de santé (INS) du patient s’il existe Identifiant permanent du patient (IPP) attribué par l’établissement autorisé où a été effectué le prélèvement Code postal de résidence Identifiant médecin demandeur (l’établissement autorisé où a été effectué le prélèvement a la responsabilité de fournir ces données au pathologiste)* Nom du préleveur Date de prélèvement COMPTE RENDU ANATOMOPATHOLOGIQUE DONNÉES MINIMALES À RENSEIGNER POUR UNE TUMEUR PRIMITIVE SEIN (C50) – PIÈCES OPÉRATOIRES Identifiant médecin pathologiste N° de compte rendu Nom de la structure d’anatomie et cytologie pathologiques et n° FINESS Signataire du compte rendu Date de signature du compte rendu Compte rendu de la pièce opératoire Description de la pièce opératoire (sous la responsabilité du préleveur)* Type de prélèvement pyramidectomie/tumorectomie/tumorectomie large-mastectomie partielle/mastectomie/biopsie chirurgicale/ chirurgie oncoplastique /autre Localisation du prélèvement dans l'organe (hors mammectomie) QSE/QIE/QSI/QII/UQS/UQE/UQInt/UQInf/mamelon/central/prolongement axillaire/sillon sousmammaire/autre Organe/région anatomique Sein Côté Droit/gauche Localisation de la/des tumeur(s) dans l'organe, en cas de mammectomie (si autre, cf. supra) QSE/QIE/QSI/QII/UQS/UQE/UQInt/UQInf/mamelon/central/prolongement axillaire/sillon sous-mammaire Mise à jour 2011 des comptes rendus d’anatomopathologie : données minimales à renseigner pour une tumeur primitive 17 >>> Décembre 2011 119/122 Description histopathologique Type histologique1 Une ou plusieurs des lésions suivantes : 3 Lésion bénigne 3 Atypies épithéliales de type canalaire : métaplasie cylindrique atypique/hyperplasie canalaire atypique 3 Néoplasie lobulaire in situ (LIN)/(CLIS) sans carcinome infiltrant associé : LIN1 (HLA)/LIN2/LIN3 (CLIS) 3 Carcinome canalaire in situ (CCIS) sans carcinome infiltrant associé : o taille (en mm) o grade nucléaire : bas grade/intermédiaire/haut grade o avec micro-invasion : oui/non 3 Carcinome infiltrant (CI) : canalaire (SAI)/lobulaire/autre Autre Grade histopronostique1 Grade de SBR (Elston et Ellis) Extension tumorale Foyers infiltrants multiples : oui/non/non évaluables Marges d’exérèse (en mm) : non évaluables/saines/atteintes (préciser type histologique et topographie si déterminable) Autres facteurs pronostiques et/ou prédictifs Emboles vasculaires : non vus/présents Statut des récepteurs hormonaux (œstrogènes et progestérone)2 Statut HER 22 Appréciation de la réponse histologique après traitement néoadjuvant (Sataloff/autre) Critères permettant de déterminer le pT/pN Critères relatifs à la tumeur : Carcinome in situ pur Taille de la tumeur maligne infiltrante la plus volumineuse (en mm) Critères relatifs aux ganglions : Ganglions régionaux (axillaires, intra-mammaires, mammaires internes, sous-claviculaires, susclaviculaires) Pour chaque groupe examiné o Nombre de ganglions examinés o Nombre de ganglion (s) avec métastases o Taille de la plus grande métastase - Si procédure de ganglion sentinelle : le préciser pT/pN 3 Notes * Le pathologiste ne peut renseigner ces données que si elles lui ont été transmises. Un «/» dans le texte équivaut à « ou ». 1 Selon la classification OMS en vigueur. En son absence, la classification utilisée est à préciser. 2 Si la détermination n’a pas été effectuée sur biopsie, elle devra être effectuée sur la pièce opératoire. 3 L’année de la classification UICC utilisée est mentionnée dans le texte à la suite du pTNM . Mise à jour 2011 des comptes rendus d’anatomopathologie : données minimales à renseigner pour une tumeur primitive 18 >>> Décembre 2011 120/122 BLEU PATENTE_RCP_Août 2008 1. DENOMINATION BLEU PATENTE V SODIQUE GUERBET 2,5 POUR CENT, solution injectable 2. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE BLEU PATENTE V SODIQUE 2, 50 g Chlorure de sodium 0,60 g Hydrogénophosphate de sodium dodécahydraté 0,05 g Eau pour préparations injectables q.s.p. 100 ml pour 100 ml de solution injectable 3. FORME PHARMACEUTIQUE Solution injectable. 4. DONNEES CLINIQUES 4.1 Indications thérapeutiques Repérage des vaisseaux lymphatiques et des territoires artériels. 4.2 Posologie et mode d’administration La posologie par voie sous-cutanée ou intravasculaire est de 1 à 10 ml. 4.3 Contre-indications Ce médicament est contre-indiqué en cas d’antécédents d’hypersensibilité au BLEU PATENTÉ. Ce médicament est généralement déconseillé pendant la grossesse. 4.4 Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi Mises en garde : Avant toute injection, il est indispensable d’interroger le malade au sujet d’antécédents allergiques ou d’intolérance. Le BLEU PATENTE peut être à l'origine d'un choc anaphylactique et ne doit être administré que dans une structure capable de le traiter. 4.5 Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions La mesure de l’oxymétrie par méthode spectrophotométrique est susceptible d’être transitoirement et faussement abaissée de l’ordre de 5 à 10 % des valeurs de base, au décours d’un examen au Bleu Patenté V. En cas de doute, il est recommandé de vérifier la gazométrie sanguine. 4.6 Grossesse et allaitement Il n’y a pas de données fiables de tératogénèse chez l’animal. Il n’existe pas actuellement de données pertinentes, ou en nombre suffisant, pour évaluer un éventuel effet malformatif ou foetotoxique du BLEU PATENTE lorsqu’il est administré pendant la grossesse. En conséquence, l’utilisation de ce médicament est déconseillée pendant la grossesse. 4.7 Effets sur l’aptitude à conduire et à utiliser des machines 4.8 Effets indésirables Réaction d'hypersensibilité immédiate (quelques minutes à quelques heures): urticaire fréquente, angioedème et choc anaphylactique peu fréquents. On observe après injection une coloration bleutée des téguments qui disparaît dans les 24 ou 48 h qui suivent. En cas de stase lymphatique ou de troubles circulatoires, il arrive qu’exceptionnellement cette coloration persiste plus longtemps. 4.9 Surdosage 5. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES 5.1 Propriétés pharmacodynamiques Colorant pour repérage vasculaire. 5.2 Propriétés pharmacocinétiques Ce colorant est éliminé en 24 à 48 heures principalement par les urines qu’il colore fortement mais aussi par la bile. 5.3 Données de sécurité précliniques 6. DONNEES PHARMACEUTIQUES 6.1 Incompatibilités 6.2 Durée de conservation 3 ans 6.3 Précautions particulières de conservation A conserver à une température inférieure à 30 °C et à l’abri de la lumière. 6.4 Nature et contenance du récipient Ampoule bouteille en verre incolore de type I de 2 ml. 6.5 Mode d’emploi, instructions concernant la manipulation 7. PRESENTATION ET NUMERO D’IDENTIFICATION ADMINISTRATIVE 312 380-3 : 2 ml en ampoule (verre incolore), boîte de 5 8. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DELIVRANCE 9. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE Guerbet BP 57400 95943 Roissy CdG cedex France DATE D’APPROBATION/REVISION 5 août 2008 121/122 Questionnaire G8 Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? A-t-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, problèmes digestifs, difficultés de mastication ou de déglutition ? Perte récente de poids (< 3 mois) Motricité Problèmes neuropsychologiques Indice de masse corporelle (IMC = poids / (taille)2 en kg / m2 ) Prend plus de 3 médicaments Le patient se sent-il en meilleure ou moins bonne santé que la plupart des personnes de son âge ? Age Anorexie sévère 0 Anorexie modérée 1 Pas d’anorexie 2 Perte de poids > 3 kg 0 Ne sait pas 1 Perte de poids entre 1 et 3 kg Pas de perte de poids 2 Du lit au fauteuil 0 Autonome à l’intérieur 1 Sort du domicile 2 Démence ou dépression sévère Démence ou dépression modérée Pas de problème psychologique IMC < 19 0 19 ≤ IMC ≤ 21 1 21 ≤ IMC < 23 2 IMC ≥ 23 3 Oui 0 Non 1 Moins bonne 0 3 1 2 0 Ne sait pas 0,5 Aussi bonne 1 Meilleure 2 > 85 ans 0 80-85 ans 1 < 80 ans 2 Si score ≤ 14 réalisation d'une évaluation gériatrique Le questionnaire G8 est un outil de dépistage gériatrique qui permet aux oncologues d'identifier, parmi les patients âgés atteints de cancer, ceux qui devraient bénéficier d'une évaluation gériatrique approfondie. Cet outil a été validé dans le cadre de l'essai ONCODAGE promu par l'Institut National du Cancer. La généralisation de son utilisation est inscrite dans l'action 23.4 du Plan Cancer 2009-2013. 122/122