Vitamines et minéraux pour le sujet âgé

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EDITO
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Tarif d’abonnement :
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• Version électronique : 1 an - 7 numéros 29 € TTC
Date de publication : 15 novembre 2011
Daté novembre-décembre 2011
Editeur :
AlliedhealtH SAS
Directeur scientifique :
Dr Martine Soudani, Médecin gérontologue, médecin coordonateur du
Centre d’action sociale de la ville de Paris, Membre du réseau Mémoire
Aloïs.
Comité scientifique :
Dr Sylvie Meaume, Chef de service gérontologie Hôpital Charles-Foix,
Ivry-sur-Seine
Pr Marysette Folliguet, Chef de Service d’Odontologie
Hôpital Louis Mourier-Colombes
Michel Jacquet, médecin directeur Santé service Limousin (HAD et SID)
Nathalie Masseboeuf, Diététicienne, Groupe Hospitalier
Pitié-Salpêtrière Paris
Roselyne Vasseur, Directrice des soins, Hôpital Necker, Paris
Pascaline Noisette, Infirmière, Présidente de la Société des
Infirmières en Pathologie Vasculaire (SIPV)
Frédérique Debbiche, cadre infirmier, chargée de cours Filière soins
infirmiers Haute école de santé - Genève
Claude Neuveu, Cadre de santé, Président de l’Association ARESSAD
(Association des responsables de services de soins infirmiers à domicile),
Directeur de SSIAD
Pierre Pérochon, Diététicien-nutritionniste, membre de l’AFDET (Association Française pour le Développement de l’Education Thérapeutique), de
l’AFDN (Association Française des Diététiciens-Nutritionnistes), du CEDE
(Club Européen des Diététiciens de l’Enfance), de la SFA (Société Française
d’Alcoologie), du réseau «Diabète-Nutrition 37», du CLAN (Comité Liaison
Alimentation Nutrition) du CHRU de Tours, du Conseil de Pôle Alcoologie
et de la CSIRMT (Commission des Soins Infirmiers, de Rééducation et
Médico-Techniques) du CHLS.
Blandine Autrand, Cadre de santé en Maison de retraite
Nicole Hubert, Infirmière, Cadre Transverse, membre du Conseil d’administration et référente Dom Tom de l’Association Française des Infirmier(es)
de Cancérologie (AFIC)
Brigitte Le Guyader, Infirmière Libérale - Meylan (38) D.U. Plaies et
Cicatrisations
Marie Bombail, Chargée de Mission à l’Association Française des
Infirmier(e )s de Cancérologie (AFIC)
Didier Fabrègues, Kinésithérapeuthe, Marseille
Sylvain Debernardi, Podologue, Marseille
Les vitamines, dont le rôle majeur est connu depuis le 19e siècle, n’arrêtent pas de
nous surprendre comme nous le démontre Claudette Dieuleveut dans ce dossier
de ce SAD 23. Cette nutritionniste nous expose les propriétés des vitamines, mais
aussi celles des oligo-éléments et des minéraux ; elle en précise les besoins journaliers, les sources d’apports, les risques de carences, et leur supplémentation
éventuelle.
Elle nous explique la nécessité de l’équilibre et de la diversité alimentaire, et souligne le rôle du soignant ou de l’aidant pour convaincre sur les grands principes
nutritionnels (3 à 4 produits laitiers par jour, 5 fruits et légumes...) et repérer les
risques de carences.
Si la nutrition est un pilier du soin, l’approche globale en est un autre. Elle
comporte la sensibilisation de tous, et l’accompagnement.
En effet, nul n’est à l’abri d’une mauvaise hygiène de vie, comme le confirme
une étude sur les IDE de nuit qui a mis en évidence un risque accru de maladie
cardiaque chez ces professionnels. Cette approche globale est aussi un enjeu européen. Le bilan de 4 ans de réduction de dette en Grèce et son impact sur la santé
des « gens ordinaires » en est d’ailleurs la confirmation.
L’accompagnement de nos patients à l’annonce du diagnostic est également
déterminant pour le suivi thérapeutique quelque soit le degré de la maladie. Pour illustration, il a été démontré que lors d’un diabète, les patients de type 2 rencontrent
plus de difficultés pour accepter leur maladie que ceux de type 1.
L’application des bonnes pratiques et des innovations thérapeutiques nécessitent
une actualisation constante de nos connaissances comme celles relatives aux nouvelles recommandations de prescription des médicaments de la maladie d’Alzheimer. Notez, que ce numéro détient aussi une bonne nouvelle, l’augmentation de
16 années de l’espérance de vie des patients atteints du VIH en l’espace d’une
décennie
Enfin une qualité des soignants à cultiver est la curiosité, nous vous annonçons
donc la découverte du nouveau plus grand virus, le Chilensis Megavirus, vieux de
plusieurs milliards d’années.
M.S.
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Imprimé par Bernard D’HONT Impressions
66, rue Jean-Baptiste Lebas – 59910 Bondues
Commission paritaire : 0313 T 892 68
ISSN : 1961-3407
Dépôt légal : novembre 2008
Directrice de publication :
Pascale Bernanose [email protected]
Vincent Chagué
Actualités
P. B.
Dossier
Coordination Pierre Pérochon (P. P.), diététiciennutritionniste ; rédaction Claudette Dieuleveut,
diététicienne-nutritionniste Libérale - Formateur
PNNS, validation Martine Soudani.
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santé log – Soin à domicile n° 23 – Novembre/Décembre 2011
3
SOMMAIRE
Edito .................................................................................................................................................................... 3
Actualités ................................................................................................................................................... 7
Diabète de type 2 : 29 % des patients ne surveillent pas leur glycémie Q Infirmières de nuit,
risque de maladie cardiaque accru QBienvenue à Chilensis Megavirus, le plus grand virus
du monde QSanté publique : la crise financière, une tragédie grecque QVIH : 16 ans
d’espérance de vie en plus, en 10 ans seulement
Dossier
Vitamines et minéraux pour le sujet âgé
Epidémiologie de la carence .................................................................................................... 14
Les vitamines............................................................................................................................ 15
Les minéraux et oligo-éléments ............................................................................................... 21
Vitamines, minéraux et oligo-éléments en pratique ................................................................. 27
Les situations a risque.............................................................................................................. 28
Rôle des aidants et des soignants ........................................................................................... 32
13
Savoir
Médicaments de la maladie d’Alzheimer : la HAS révèle les résultats de sa réévaluation ...
34
© Fotolia.com - Yuri Arcurs
Attention, 1 encart Santé log est asilé
dans l’ensemble des exemplaires
santé log – Soin à domicile n° 23 – Novembre/Décembre 2011
5
ACTUALITÉS
Diabète de type 2 : 29 % des patients
ne surveillent pas leur glycémie
L’annonce d’une maladie chronique provoque un véritable
bouleversement dans la vie du patient. Deuil de la bonne
santé, renoncement à certains projets de vie, isolement, déni et
incompréhension, le patient diabétique, à l’annonce du diagnostic,
comme dans toutes les maladies chroniques passe souvent par
plusieurs de ces phases avant d’accepter sa situation.
patients
diabétiques
Près de
Près
de 3 millions
milli
mi
llions
ons de pa
patie
tients
nts di
diabé
abétiq
tiques
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son traités en France (2009) et le taux de
prévalence du diabète traité est estimé à
4,4 % (Visuel American Diabetes Association)
Un mécanisme d’adaptation souvent plus difficile pour le diabète de
type 2 : Le patient, selon son type de
diabète, s’adapte différemment à la
maladie. Le changement est plus radical et plus rapide pour les patients diabétiques de type 1 qui sont traités dès
le diagnostic avec plusieurs injections
quotidiennes d’insuline alors que pour
les patients diabétiques de type 2, l’entrée dans la maladie est plus lente avec
un traitement par antidiabétiques oraux
pendant plusieurs années avant d’accéder à un traitement par insuline.
Des contraintes à surmonter : Outre
le choc émotionnel, de nouveaux paramètres tels que le suivi rigoureux de la
prescription médicale, l’adoption de
règles hygiéno-diététiques, l’autosurveillance de la glycémie sont autant
d’éléments qui déstabilisent le patient
avec comme corolaire le développement d’un stress auquel il ne sait pas
toujours faire face.
Accepter la maladie, c’est optimiser
le succès de la prise en charge.
L’entourage, mais aussi l’engagement
du personnel médical sont essentiels.
L’éducation thérapeutique contribuera
étape par étape à rendre le patient
autonome dans sa vie quotidienne
avec le diabète et responsable.
Informer le patient sur les aides psychologiques et son traitement, l’éduquer aux bons gestes mais aussi sur sa
maladie sera la base d’une relation
médecin-patient réussie. Le Dr
Christophe André, psychiatre et psychothérapeute (hôpital Sainte-Anne,
Paris) rappelle que pour le diabète,
comme pour toutes les affections chroniques, les difficultés sont différentes
selon les moments. Dans la phase de
début, ce sont des problèmes liés au
deuil de la bonne santé, au renoncement à certains projets de vie ; et aussi
des émotions douloureuses d’inquiétude, des sentiments d’injustice, parfois de la honte à être malade.
recommande la HAS(1)(2). Cela permet
de maintenir l’équilibre glycémique
pour prévenir les complications vasculaires micro et macroangiopathiques à
long terme et éviter les complications
métaboliques aiguës.
Pourtant, plus de 60 % des patients
diabétiques ne suivent pas les recommandations qui leur ont été données :
6 % des patients diabétiques
de Type 1 et 29 % des
patients diabétiques de
Type 2 traités par insuline
n’effectuent jamais, ou moins
d’une fois par mois,
la mesure de leur glycémie...
Puis sur la durée, ce sont en
général des difficultés liées à
l’acceptation de la maladie.
Le rôle de l’infirmière et des soignants en général est donc primordial dans cet accompagnement
psychologique, jusqu’à aller rechercher les inquiétudes qui ne sont pas
exprimées. Permettre au patient d’être
autonome et de prendre le contrôle de
son diabète, avec l’aide éventuelle de
son entourage permettra au patient de
préserver sa qualité de vie et de vivre,
normalement, en toute autonomie.
Prendre le contrôle pratiquer l’AutoSurveillance Glycémique (ASG), comme le
SOURCES :
Conférence Les Educationnels de Lifescan
HAS
1. Bon usage des dispositifs médicaux. Indications et prescription d’une AutoSurveillance
glycémique chez un patient diabétique. Octobre
2007.
2. Bon usage des technologies de santé. L’AutoSurveillance Glycémique dans le diabète de type
2 : une utilisation limitée. Avril 2011. (Visuel ADA)
santé log – Soin à domicile n° 23 – Novembre/Décembre 2011
7
DOSSIER
Vitamines et minéraux
pour le sujet âgé
sommaire
EPIDÉMIOLOGIE DE LA CARENCE ....................................... 14
LES VITAMINES ...................................................................... 15
LES MINÉRAUX ET OLIGO-ÉLÉMENTS ................................ 21
VITAMINES, MINÉRAUX ET OLIGO-ÉLÉMENTS
EN PRATIQUE ......................................................................... 27
LES SITUATIONS A RISQUE .................................................. 28
© Fotolia.com - Yuri Arcurs
RÔLE DES AIDANTS ET DES SOIGNANTS........................... 32
Auteurs et remerciements :
Auteur : Claudette Dieuleveut, Diététicienne Nutritionniste LibéraleFormateur PNNS.
Dossier coordonné et validé par Pierre Pérochon, Diététiciennutritionniste, CH Louis Sevestre, et Martine Soudani, gérontologue.
Les effets du vieillissement, phénomène
inévitable, peuvent être minorés ou retardés si
l’alimentation couvre les besoins en éléments
antioxydants (vitamines et minéraux) qui
permettent de lutter contre la formation de
radicaux libres. Au quotidien, les repères de
consommation du PNNS permettent d’atteindre
cet objectif, sans avoir forcément recours à une
complémentation. Les soignants ont un rôle
essentiel à jouer à la fois pour prévenir et prendre
en charge les situations de carence, en particulier
chez le patient âgé.
C. Dieuleveut
Préparation : P. Bernanose.
A lire sur le web
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santé log – Soin à domicile n° 23 – Novembre/Décembre 2011
13
DOSSIER
A lire sur le web
www.santelog.com/id2301
Epidémiologie « de la carence »
Aujourd’hui, l’ostéoporose est la cause de 130 000 fractures par an. 48 % de sujets âgés
présentent des valeurs de Vitamine (Vit.) D inférieures à la limite de carence (plus de
90 % chez les sujets institutionnalisés), 24 % des carences en Vit. B12 et 5 % de sujets
âgés vivant à domicile présentent des carences en Zinc. Les études divergent parfois sur
l’évaluation de la prévalence des carences en Vit. B1, B2, B6, B9, C, E qui peuvent aller
de 5 à 70 % selon les situations. Le vieillissement n’en est pas la seule cause.
Le vieillissement est un processus biologique
inévitable pour les organismes vivants.
Il correspond à l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques qui modifient la
structure et les fonctions de l’organisme à partir
de l’âge mur. Il est la résultante des effets intriqués de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux auxquels est soumis l’organisme
tout au long de la vie.
C’est un processus lent et progressif
qui doit être distingué des effets des
maladies.
L’alimentation
fournit des
macro et des
micronutriments
• des macronutriments :
Protéines, lipides, glucides
dont les besoins et apports
s’évaluent en g, et qui ont un
rôle énergétique.
• des micronutriments :
vitamines, minéraux et
oligoéléments dont les
besoins et apports s’évaluent
soit en mg soit en μg, sans
rôle énergétique.
Cependant, si les besoins
sont faibles, leur présence est
primordiale. En tant que
co-enzymes, ils permettent le
bon déroulement des
différents processus
métaboliques de l’organisme.
Car l’état de santé d’une personne âgée résulte
habituellement des effets du vieillissement et des
effets additifs de maladies passées, actuelles,
chroniques ou aigües.
Tous les mécanismes responsables du vieillissement ne sont pas élucidés.
Cependant, les progrès de la recherche permettent aujourd’hui de mieux appréhender certains facteurs intervenant dans ce processus :
- les facteurs génétiques
- la protection contre les radicaux libres et le
stress oxydatif
- la glycation non enzymatique des protéines
(réaction entre un glucide et une protéine générant des protéines glyquées (non destructibles)
qui s’accumulent en jouant un rôle aussi dans la
genèse de certaines maladies)
Le stress oxydatif ou oxydant
C’est l’ensemble des mécanismes qui se produisent lorsque l’oxygène ou des formes dérivées interagissent avec certaines molécules en
provoquant des dégradations.
Se forment alors des molécules appelées
Radicaux libres, des atomes ou groupes
d’atomes très instables. Leur principal danger
vient des dommages qu’ils peuvent provoquer
lorsqu’ils réagissent avec des composants cellulaires importants tels que l’ADN ou la membrane
cellulaire, avec risque de multiplication anormale
des cellules, entraînant un dysfonctionnement ou
une mort cellulaire, un cancer.
14 Novembre/Décembre 2011 – Soin à domicile n° 23 – santé log
L antioxydants
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aliments, dans les agrumes et petits fruits rouges, caroténoïdes dans les fruits jaunes et rouges Source/visuel
PNNS.
Les radicaux libres nocifs sont produits dans l’organisme au cours du métabolisme normal, mais
plus encore en cas d’exposition à diverses agressions de l’environnement (agents infectieux, pollution, UV, fumée de cigarettes, rayonnement).
Ces radicaux peuvent être neutralisés par des
substances anti-oxydantes présentes dans notre
alimentation : Vitamines A, C, E, sélénium, zinc,
cuivre, manganèse.
Les antioxydants sont largement présents dans
nos aliments : vitamine C dans les agrumes et
petits fruits rouges, caroténoïdes dans les fruits
jaunes et rouges (en particulier le bêta carotène
dans la carotte, les abricots, les mangues), vitamine E dans les huiles végétales, sélénium et zinc
dans les poissons, les céréales complètes et la
viande.
Le pouvoir antioxydant d’un aliment s’exprime en
unités ORAC (Oxygen Radical Absorbance
Capacity) qui mesure la capacité de l’aliment à
neutraliser le radical peroxyde.
Parmi les légumes, la tomate, le cresson, l’ail, le
chou vert, l’épinard, l’asperge, le chou de
Bruxelles, le brocoli, la betterave, le poivron rouge
ont les plus fortes concentrations d’antioxydants,
du fait de leur riche teneur en vitamine C et
caroténoïdes.
Le meilleur moyen de lutte est donc une alimentation équilibrée et de qualité qui à la fois évitera
la formation excessive de radicaux libres et fournira suffisamment d’antioxydants. • •
DOSSIER
A lire sur le web
www.santelog.com/id2302
Les vitamines
Molécules indispensables à l’organisme pour réaliser des réactions
chimiques clés pour l’être humain comme par exemple la
transformation d’énergie (les glucides en adénoside5 triphosphate ou
ATP). L’apport quotidien est obligatoire puisque l’organisme ne sait
pas les synthétiser (hormis la Vit. D). Leur caractère essentiel a été
mis en évidence au 19e siècle à travers les pathologies de carence :
béribéri (Vit. B1), rachitisme (Vit. D), scorbut (Vit. C), pellagre (Vit. B3).
On les classe en deux catégories, selon le milieu
dans lequel on les trouve :
• Les vitamines hydrosolubles qui peuvent donc
être perdues dans l’eau de cuisson
• Les vitamines liposolubles qui ont un métabolisme comparable à celui des lipides
Les vitamines hydrosolubles
La Vitamine C ou acide ascorbique :
Le syndrome spécifique de carence majeure est
le scorbut qui se manifeste par des oedèmes et
des hémorragies, notamment buccales. Si la
carence dure plusieurs mois, elle entraîne la mort
(chez les marins des siècles passés par exemple).
C’est un antioxydant puissant,
• Un « piégeur » de radicaux libres.
• Elle intervient dans les réactions d’hydroxylation, nécessaires à la synthèse du collagène, elle
améliore l’absorption du fer héminique, et joue un
rôle dans l’immunité.
• Elle diminuerait la sensibilité à certains
allergènes.
• Elle joue un rôle capital dans le métabolisme
musculaire et cérébral.
Carences en Vit. C et
risque de maladies :
• Certains travaux confirment l’effet protecteur
des apports alimentaires élevés en vitamine C
pour les cancers du tractus aéro-digestif supérieur (oesophage, estomac, bouche et pharynx),
du pancréas et du col de l’utérus.
• La Vit. C atténue les conséquences de la
chimiothérapie et radiothérapie dans le traitement des cancers, elle freinerait aussi le développement des cellules cancéreuses.
• Un faible apport de Vit. C serait en lien avec le
développement de la cataracte.
• Il existe une relation directe entre faible taux de
Vit. C et risque de lithiase biliaire.
Vit. C et cuisson, attention ! Une caractéristique
de la Vit. C est d’être sensible à la lumière et à la
chaleur. La perte de Vit. C peut être de 90 % en
cas de cuisson prolongée. La présence de certains sels minéraux (fer et cuivre) accélère la destruction vitaminique. C’est pour cette raison qu’il
est recommandé d’utiliser des ustensiles de cuisson en inox.
Mais où la trouve-t-on ? On la trouve essentiellement dans les légumes et fruits crus, les plus
riches étant le kiwi, les agrumes et fruits exotiques, les fruits rouges et le persil.
Quels besoins journaliers pour un sujet âgé ?
• Ils sont évalués à 100-120 mg.
• Ils sont augmentés chez les sujets tabagiques.
• On peut observer des situations de carence en
cas de non consommation de crudités, et en cas
de réchauffement répété des aliments.
La Vitamine B1 ou Thiamine
La carence se manifeste par le béribéri.
Elle peut prendre plusieurs formes cliniques
dont :
• Une forme neurologique pour laquelle les effets
thérapeutiques sont longs à obtenir,
• une forme caractérisée par l’atteinte cardiaque et
répondant immédiatement à la vitaminothérapie.
La Vit. B1 joue un rôle essentiel dans l’assimilation des glucides (les besoins étant liés à la quantité de glucides de l’alimentation). Elle intervient
aussi dans le métabolisme des acides aminés et
elle améliore la transmission de l’influx nerveux.
C’est une des vitamines les plus sensibles à la
chaleur en milieu humide. La cuisson en diminue
la teneur dans des proportions variant entre 10 à
40 % selon l’aliment et la durée, en partie par l’élimination de l’eau de cuisson.
Il n’est pas possible d’en constituer des
réserves, c’est pourquoi l’organisme doit en trouver en quantités suffisantes dans son alimentation. Le raffinage des aliments entraîne des pertes
importantes dans les apports au quotidien.
santé log – Soin à domicile n° 23 – Novembre/Décembre 2011
15
DOSSIER
Les vitamines
Où la trouve-t-on ? Les apports les plus importants sont dans les levures, les légumineuses, les
céréales complètes et la viande de porc.
Quels besoins journaliers pour un sujet âgé ?
• Ils sont évalués à 1,3 mg pour les hommes,
1,1 mg pour les femmes.
• Ils sont augmentés dans les situations d’alcoolisation et de diabète.
• Une carence peut survenir chez les gros
consommateurs de produits sucrés ayant des
apports faibles, chez les alcooliques, en cas de
prise d’antiacides, de défaut d’absorption intestinale (résection, Crohn...) et bien évidemment en
cas de régimes restrictifs.
La Vitamine B2 ou Riboflavine
La carence observable en cas d’apports très
faibles (exceptionnelle dans les pays occidentaux) se manifeste par des signes cutanéomuqueux et oculaires. C’est un maillon important
de la chaîne respiratoire qui intervient aussi dans
le métabolisme énergétique, des purines et
acides aminés.
Elle participe au maintien de la trophicité de la
peau, des muqueuses, de la vue.
C’est la vitamine la plus répandue
dans la nature, il existe donc peu de
risques de carence.
Elle est assez résistante à la chaleur, mais sensible à la lumière. Parfois, elle est utilisée comme
colorant alimentaire du fait de sa couleur jaune.
Où la trouve-t-on ? Dans les produits laitiers,
viandes-poisson-œufs, céréales complètes et
légumineuses.
Quels besoins journaliers pour le sujet âgé ?
• 1,6 mg pour les hommes et 1,5 mg pour les
femmes.
• On peut observer des signes de carence en cas
de régimes très restrictifs, de résections intestinales, et de pathologies entraînant une anorexie
majeure (cancers).
Vitamine B3 ou Niacine ou PP
La carence se manifeste par la pellagre (lésions
cutanées, puis muqueuses digestives avec diarrhée). Il n’existe pas de besoin absolu en Vit. B3
car le nicotinamide (apparenté biologique de la
niacine) peut être synthétisé à partir d’un acide
aminé : le tryptophane. Cette vitamine participe à
la régénération de l’ATP dans toutes les voies
métaboliques.
16 Novembre/Décembre 2011 – Soin à domicile n° 23 – santé log
Elle est stable à la lumière, à la chaleur et résiste
bien à l’oxydation.
Où la trouve-t-on ? Surtout dans les produits
carnés et la levure de bière.
Quels besoins journaliers pour le sujet âgé ?
• 14 mg pour les hommes, 11 mg pour les
femmes.
• Ils peuvent être augmentés dans les situations
de cicatrisation.
• On peut observer des signes de carence en cas
de régimes très restrictifs, d’abus d’alcool et de
pathologies entraînant une anorexie majeure
(cancers).
Vitamine B5 ou acide pantothénique
Il n’existe pas de signes de carence du fait qu’elle
est très répandue dans tous les aliments d’origine
végétale ou animale. C’est un constituant essentiel du coenzyme A qui intervient dans les métabolismes cellulaires des acides gras et dans la
cétogenèse.
Elle est utilisée dans le traitement
des escarres, ulcères variqueux,
de certaines entérocolites sans que l’indication
ait été réellement démontrée. Quant à l’action sur
le cuir chevelu, elle est hypothétique
Où la trouve-t-on ? Essentiellement dans les
viandes-poissons-œufs, les céréales complètes
et légumineuses, les fruits et légumes.
Quels besoins journaliers pour le sujet âgé ?
• Ils sont de 5 mg.
• Ils peuvent être augmentés lors des phénomènes de cicatrisation.
• On peut observer des signes de carence en cas
de régimes très restrictifs, de pathologies entraînant une anorexie majeure (cancers).
Vitamine B6 ou Pyridoxine
La carence peut se manifester par des convulsions, des troubles nerveux. Elle intervient
dans le métabolisme des acides aminés, la
synthèse des neurotransmetteurs, dans les
processus de détoxification. Elle améliore le
métabolisme musculaire et augmente la résistance à l’effort.
Où la trouve-t-on ? Il existe de très nombreuses
sources, en particulier les viandes, les céréales et
les légumes. Les besoins sont liés à la teneur en
protéines de l’alimentation.
Quels besoins pour le sujet âgé ?
• Ils sont de 2,2 mg.
• Un risque de carence peut être observé en cas
d’alimentation totalement déstructurée, éliminant
de nombreuse catégories d’aliments telles les
viandes ou les produits céréaliers.
Vitamine B8 ou Biotine
Les carences sont rares, d’ordre congénital. La
Vit. B8 est coenzyme de multiples réactions
métaboliques (acides aminés, corps gras) et
intervient dans la néoglucogenèse.
trop d’aliments riches en fer, folates et Vit. B12, le
risque d’anémie est majoré par ces carences
associées. Des doses élevées de folates associées à Vit. B6 et B12, contribuent à faire baisser
le taux sanguin d’homocystéine, facteur de risque
cardiovasculaire.
Où la trouve-t-on ? Les sources sont les produits d’origine animale (viandes, œufs, poissons,
laitages).
Les besoins journaliers du sujet âgé
sont faibles : 60 μg.
Quels besoins journaliers pour le sujet âgé ?
• Les besoins journaliers du sujet âgé sont de
3 μg.
• La pratique du végétarisme et du végétalisme sont des facteurs de carence d’ordre
comportemental.
• L’existence d’une gastrectomie ou d’une pathologie entraînant une anorexie majeure (cancers)
sont aussi des situations à risque.
Certaines pathologies entraînant une anorexie
majeure peuvent être cependant à risque.
Les vitamines liposolubles
Vitamine B9 ou Acide folique ou folate
Vitamine A ou Rétinol, ProVit. A
ou Bétacarotène
Où la trouve-t-on ? Essentiellement dans la
volaille, les légumes frais, les légumineuses et les
œufs.
La carence provoque une anémie mégaloblastique, des troubles nerveux et digestifs. Elle intervient dans la synthèse, le fonctionnement et la
réparation du matériel génétique (ADN, ARN),
dans la synthèse des protéines, la maturation des
érythrocytes. Elle favorise la diminution de
l’homocystéinémie.
On sait aujourd’hui que les folates interfèrent
avec la cancérogenèse en contrôlant la synthèse
et la réparation de l’ADN. Bien qu’un statut élevé
en folates soit associé à une diminution du risque
de cancer colorectal, l’administration de doses
élevées pourrait augmenter le risque de cancer.
Où la trouve-t-on ? Les légumes verts, les abats,
les viandes et les œufs ont des teneurs
intéressantes.
Quels besoins journaliers pour le sujet âgé ?
• Ils sont de 400 μg.
• Des apports alimentaires insuffisants et une
absence de consommation de légumes verts et
crudités peut entraîner une situation à risque.
Vitamine B12 ou Cobalamine
La carence se manifeste sous forme d’anémie
par défaut d’absorption. Elle intervient dans les
phénomènes d’immunité, la synthèse des
érythrocytes. Elle favorise la diminution de
l’homocystéinémie.
Chez les sujets âgés qui ont perdu l’appétit ou qui
ont supprimé, faute d’une dentition en bon état,
Bien que l’on puisse rencontrer des définitions
légèrement différentes, on s’accorde à dire que le
terme Vit. A recouvre l’ensemble des composés
naturels présentant une activité biologique comparable à celle du rétinol qui est le principal représentant de cette famille. La carence se manifeste
par la xérophtalmie et l’hyperkératose.
Elle intervient dans la vision (surtout des formes
et crépusculaire), la protection des épithéliums, la
croissance, l’immunité et la synthèse des glycoprotéines pour la sécrétion du mucus.
C’est un Antioxydant.
Vit. A et risque de maladies :
• L’incidence de la dégénérescence maculaire
peut être inversement liée à l’apport de certains
caroténoïdes. Ces données sont compatibles
avec leur présence au niveau de la rétine : ils protègent contre les dommages photo-induits.
• Certains travaux confirment l’effet protecteur
des apports alimentaires élevés en caroténoïdes
(bêta carotène) pour les cancers du poumon, du
tractus aérodigestif supérieur. (Par contre la supplémentation en bêta-carotène à long terme et à
doses pharmacologiques augmente légèrement
l’incidence du cancer du poumon chez le fumeur).
Où la trouve-t-on ? Les sources de Vit. A sont le
beurre, les fromages, les œufs, les huiles de poisson, les foies. Les sources de bêta carotène sont
les fruits et légumes pigmentés (épinards, persil,
carottes, tomates, melon, abricot, etc...)
santé log – Soin à domicile n° 23 – Novembre/Décembre 2011
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SAVOIR Q
A lire sur le web
www.santelog.com/id2307
Médicaments de la maladie d’Alzheimer :
la HAS révèle les résultats de sa réévaluation
La Commission de la Transparence, en charge de l’évaluation des
médicaments au sein de la Haute Autorité de Santé, conclut à un intérêt
thérapeutique faible des médicaments de la maladie d’Alzheimer.
Elle recommande de limiter leurs prescriptions à un an, renouvelable sous
conditions strictes. Consciente du problème de santé publique majeur
que représente cette maladie et la détresse de l’entourage des malades,
la Haute Autorité de Santé rappelle que la prise en charge de cette maladie ne
doit pas se limiter à une prescription médicamenteuse mais doit être globale.
La Commission de la Transparence
a considéré qu’il n’y a pas de
différence de tolérance et d’efficacité
entre les quatre médicaments et
qu’ils n’apportent pas d’amélioration
du service médical rendu.
Des conditions de prescription
plus strictes
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en France (Visuel Alzheimer’s Association)
A la suite de nouvelles données scientifiques, La
Commission de la Transparence de la Haute
Autorité de Santé avait décidé de réévaluer dès
2011 les quatre médicaments de la maladie
d’Alzheimer disponibles à l’heure actuelle.
Quatre médicaments ont été réévalués : Ebixa
(Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis
Pharma et Reminyl (Janssen Cilag). Aucun des
membres de la Commission de la Transparence
qui a participé à la réévaluation ni aucun des
quatre experts recrutés sur appel à candidature
pour fournir un rapport d’expertise scientifique
n’ont de lien d’intérêts avec l’une de ces firmes.
Les débats, entamés le 20 juillet dernier, se sont
achevés le 19 octobre dernier.
Un service médical rendu faible : Le rapport
entre l’efficacité de ces médicaments et leurs
effets indésirables est jugé faible par la
Commission de la Transparence :
• des effets au mieux modestes : une efficacité
versus placebo principalement établie sur la
cognition à court terme et dont la pertinence clinique reste discutable,
• un risque de survenue d’effets indésirables
pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (troubles
digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment),
• un risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication habituelle
chez les patients âgés.
34 Novembre/Décembre 2011 – Soin à domicile n° 23 – santé log
Les traitements de la maladie d’Alzheimer sont
prescrits au patient pour une durée d’un an. Au
bout de six mois, la poursuite du traitement doit
faire l’objet d’une réévaluation attentive du médecin prescripteur. En effet, si le patient répond au
traitement en atteignant les objectifs fixés (stabilisation ou ralentissement du déclin cognitif par
exemple) et s’il n’a pas subi d’effet indésirable
grave et/ou altérant sa qualité de vie, le traitement pourra être poursuivi jusqu’à un an.
Au-delà d’un an, la Commission de la
Transparence recommande que le renouvellement du traitement soit décidé en réunion de
concertation pluridisciplinaire réunissant le
patient (si son état le permet), son aidant, le
médecin traitant, le gériatre et le neurologue ou le
psychiatre, afin d’assurer un suivi de qualité et
personnalisé. Si ce groupe donne son accord et
si l’efficacité a été maintenue, alors le traitement
pourra être reconduit.
L’actualisation des recommandations de
bonne pratique sur la prise en charge de la maladie d’Alzheimer est en cours de préparation par la
Haute Autorité de Santé et leur publication devrait
intervenir d’ici la fin de l’année 2011. Ces recommandations, qui reprendront les conclusions de
la CT sur les traitements médicamenteux, aborderont principalement le diagnostic et la prise en
charge des malades et de leur entourage. • •
SOURCE :
Communiqué de la Haute Autorité de Santé du 27 octobre
2011.
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