Accompagnement des familles

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INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS
44, Chemin du Sanatorium
25000 BESANCON
ACCOMPAGNEMENT DES FAMILLES
Présenté par : CHARLES ép DESCHARMES Annabelle
GUERRAZ ép MARLIN Virginie
LOYON Eva
PAUVRET ép CACHOT Valérie
Sous la direction de : GILLARD-BERTHOD Claire
PROMOTION 2010-2013
Sommaire
INTRODUCTION
…....................................................................................... ……1
1
SITUATION D’APPEL ......................................................................... ….. 2
2
CHEMINEMENT DE LA PENSEE ………………………………………….... 3
3
QUESTION DE DEPART ..................................................................... ….. 4
4
CONCEPTS ......................................................................................... ….. 5
4.1 Le patient en fin de vie
4.1.2 Une souffrance globale …………………………………………... 5
4.1.3 Pertes et deuil……………………………………………………… 5
4.1.4 Angoisse face à la mort…………………………….…………….. 6
4.2 La famille
4.2.1 Définition……………………………………………………………. 7
4.2.2 La famille de la personne en fin de vie………………………….. 7
4.2.3 Ses besoins………………………………………………………… 8
4.3 Accompagner
4.3.1 Définition……………………………………………………………. 9
4.3.2 Accompagnement au niveau des textes………………………… 9
4.3.3 Soins infirmiers et accompagnement…………………………….10
4.4 L’infirmière en unité de chirurgie
4.4.1 L’infirmière…………………………………………………………..12
4.4.2 Unité de soins de chirurgie………………………………………. 12
5
ANALYSE…………………………………………………………………… . …. 13
CONCLUSION……………………………………………………………………………….17
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………........................18
ANNEXE 1 : Trame d’entretiens……………………………………… .... …. 19
ANNEXE 2 : Entretien N° 1…………………………………………….. ... …. 20
ANNEXE 3 : Entretien N° 2……………………………………………...... …. 25
~1~
INTRODUCTION
Durant nos trois années d’études, nous avons exploré différents concepts ainsi que les
représentations que nous nous en faisions, que ce soit sur l‘accompagnement, la relation
soignant-soigné, la communication...
Les travaux qui nous ont été proposés nous ont mis face à des situations qu’il était difficile
d’aborder et de traiter. Ensuite, nos diverses expériences en stages nous ont renvoyé aux
difficultés rencontrées lors de nos travaux de groupe.
C’est pourquoi, à l’approche du travail de fin d’étude, dont le choix du thème effraie souvent
tout étudiant, le nôtre s’est naturellement porté sur l’accompagnement.
Lors d’un stage effectué par l’une d’entre nous en unité de soins de chirurgie, s’est posée la
question de l’accompagnement des proches : comment aborde-t-on l’accompagnement des
proches dans ces unités spécifiques où règne la technicité ?
C’est la question que nous nous sommes posée et qui a orienté nos recherches :
l’accompagnement des proches d’un patient dans une unité de soins de chirurgie.
Ce choix a été motivé par l’intérêt professionnel que nous portons, aux soins techniques et
aux soins relationnels, qui pour nous doivent être indissociables en unité de soins de
chirurgie, comme ailleurs.
En tant que futures infirmières, nous avons, dans un second temps, privilégié le rôle
infirmier.
Il nous a semblé pertinent, dans un troisième temps, d’évoquer la fin de vie en unités de
soins de chirurgie. Selon nos représentations, dans ces unités, les soins prodigués doivent
être curatifs, et dans une moindre mesure, palliatifs.
~2~
1. Situation d’appel
Lors de mon stage du semestre 5 en service de chirurgie, j’ai été témoin d’une situation qui
m’a interpellée. Elle concerne une patiente de 73 ans entrée dans le service pour
Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs et Altération de l’Etat Général. Après une
hospitalisation de 3 semaines, le médecin a statué sur une fin de vie.
Les proches, nombreux et très présents, rendaient régulièrement visite à la patiente en
dehors des heures instaurées par le service. Ils étaient présents lors des soins, souhaitaient
rester, (refusant de sortir), ils manifestaient une insatisfaction de la prise en soins et
formulaient leur mécontentement.
Cela était vécu par l’équipe comme une dépréciation de son travail et une dévalorisation de
ses compétences. L’équipe décide alors de faire respecter les horaires de visite.
Cette patiente décèdera quelques jours plus tard, une nuit, en l’absence de sa famille.
3 semaines plus tard, un après-midi lors du relevé des paramètres vitaux des patients, une
dame interpelle une infirmière dans le couloir, lui demandant une entrevue avec la cadre du
service. L’IDE lui répond que la cadre du service est absente ce jour.
En s’approchant de l’infirmière cette dame lui dit « Mais je vous reconnais c’est vous qui
étiez là le jour du décès de ma maman ».
L’IDE lui répond « cela se peut, qui était votre maman » ?
La dame lui indique son nom, et l’IDE se souvient alors de la patiente.
La fille hausse le ton au milieu du couloir et dit « ma maman est décédée parce que vous
vous êtes mal occupé d’elle et vous m’avez empêché d’être à ses côtés au moment de sa
mort. Depuis, je pense à vous tous les jours, et maintenant je vais vous pourrir la vie et c’est
vous qui allez penser à moi tous les jours. »
L’infirmière lève la tête et lui répond « vous n’avez pas à juger mon travail, je le fais très bien
et à présent au revoir Madame. » L’IDE tourne la tête et retourne à ses occupations.
La fille lui dit « à cause de vous je ne peux pas faire mon deuil ! »
L’IDE lui répond « ce n’est pas ma faute si vous n’arrivez pas à faire votre deuil ! »
La fille l’interpelle à nouveau et lui dit « Je n’en ai pas fini avec vous … »
L’IDE sans relever la tête lui rétorque « moi j’en ai fini avec vous, je n’ai plus rien à vous dire,
au revoir Madame, vous pouvez sortir du service ».
La fille quitte alors le service en lui signifiant qu’elle n’en resterait pas là et prendrait rendezvous avec la cadre du service.
~3~
2. Cheminement de la pensée
•
Y a-t-il eu élaboration d’un projet d’accompagnement des familles dans ce service ?
•
Le service est-il suffisamment doté en personnel soignant ?
•
Le service est-il équipé de locaux adéquats à l’accueil des familles ?
•
Y a-t-il compatibilité entre service de chirurgie et accompagnement des familles ?
•
Aborde-t-on l’accompagnement des familles lors de réunions ou de transmissions dans ce
service ?
•
Existe-t-il une dynamique d’accompagnement au sein de l’équipe ?
•
La colère de la fille était-elle dirigée contre l’IDE ou contre l’équipe dans sa globalité ?
•
Est-ce que l’équipe se sentait dépossédée des soins qu’elle devait apporter à la patiente de
par la présence de la famille ?
•
La famille a-t-elle bénéficiée depuis le début de l’hospitalisation, d’un accompagnement, le
dialogue était-il instauré entre elle et l’équipe ?
•
Quelle place accorde-t-on à la famille dans le projet de soin du patient en service de
chirurgie ?
•
La famille est-elle autorisée à participer aux soins ?
•
La prise en charge de la famille peut-elle avoir un impact sur l’état de santé du patient ?
•
La famille a-t-elle été suffisamment informée de l’état de santé et des soins mis en place
pour la patiente ?
•
Le cadre horaire a-t-il été imposé ou discuté/expliqué aux proches ?
•
L’équipe a-t-elle compris les besoins et les attentes de la famille ?
•
L’IDE a-t-elle su mesurer le degré de souffrance de la famille à travers leurs demandes ?
•
L’IDE a-t-elle déjà dû gérer une telle situation ?
•
Des conflits sont-ils apparus lors de la prise en soins de la patiente ?
•
La présence de l’étudiante à ce moment-là, a-t-elle accentuée la réaction de l’IDE ?
•
L’IDE avait-elle l’expérience professionnelle (gestion de ses émotions) pour assurer
l’accompagnement de la fille ?
•
Dans ses représentations, comment l’IDE se situe-t-elle dans son rapport à la famille ?
•
La représentation que se faisait l’équipe de cette famille, a-t-elle eu une répercussion sur
l’accompagnement de l’IDE ?
•
L’IDE s’est-elle sentie dévalorisée et jugée par les propos de la fille ?
•
Les équipes en service de chirurgie sont-elles plus expérimentées à la technicité qu’aux
soins relationnels ?
~4~
•
Y a-t-il des facteurs influençant, qui empêchent l’IDE d’assurer une relation d’aide (surcharge
de travail, épuisement professionnel, manque de temps, turn-over important dans les
services de chirurgie…) ?
•
Quelle attitude aurait pu adopter l’IDE pour gérer au mieux la souffrance et donc la colère de
la fille ?
Suite à nos réflexions et à nos lectures de divers documents sur l’accompagnement, nous
nous sommes aperçues que le sujet concernait essentiellement les services de soins
palliatifs, de médecine... Cependant, lors de notre table ronde, notre intérêt s’est porté sur un
dysfonctionnement dans l’accompagnement des proches d’une patiente en fin de vie, dans
une unité de soins de chirurgie. De là, nous nous sommes demandées quelle place est
accordée à la prise en charge des proches dans une unité de soins de chirurgie où règne
une importante technicité associée à des soins curatifs ? D’où notre question de départ :
3. Question de départ
DANS QUELLE MESURE UNE INFIRMIERE EN UNITE DE SOINS DE CHIRURGIE, PEUT-ELLE
ACCOMPAGNER LA FAMILLE D’UN PATIENT EN FIN DE VIE
?
Ce questionnement sera donc la clé de voûte de notre travail d’initiation à la recherche. Pour
tenter d’explorer cette question, il convient tout d’abord de définir les différents concepts qui
s’en dégagent. Ainsi notre travail se structurera en différents axes de recherche :
-
les patients en fin de vie,
-
la famille,
-
l’accompagnement,
-
l’IDE et l’unité de soins de chirurgie.
~5~
4. Concepts
4.1. Le patient en fin de vie
4.1.1 Une souffrance totale
Pour Cicely SAUNDERS, d’une part la souffrance éprouvée par les personnes en phase
terminale est multidimensionnelle : elle est à la fois, physique, psychologique, morale,
sociale et spirituelle. C’est pourquoi elle parle de « souffrance totale » ou « total pain ».
4.1.2. Pertes et deuil
La maladie aliène la personne en la dépossédant d’elle-même, de son corps, de ses
capacités, de son autonomie, et de tous ses repères sociaux, familiaux, qui faisaient d’elle
ce qu’elle était. C’est alors que le malade « doute de sa propre dignité et de la valeur de sa
vie qu’il perçoit comme un fardeau pour les autres.». Pour E.GOLDENBERG, le malade se
voit même perdre « son statut de sujet »1. Notons par ailleurs que c’est bien souvent par
l’attitude des autres, (regard), que le mourant pourra se reconsidérer en tant que sujet et non
objet.
Le malade est donc amené à affronter une succession de pertes, et d’en faire le deuil. Pour
le psychologue et psychanalyste Daniel DESCHAMPS, faire le deuil c’est «ce dur labeur de
l’âme qui confronte à la crise, à la déstabilisation de tous nos repères de vie, et qui nécessite
de :
- reconnaître la perte et ses implications
- réagir à la perte
- pleurer sur la perte
- se reconstruire après la perte
Il ajoute que le mourant est confronté à trois ordres de séparation vitale :
- quitter ceux qu’il aime ou qu’il a rejetés,
- quitter le monde
1
Marie-Sylvie RICHARD : Soigner la relation en fin de vie, Familles, malades, soignants, p 5
~6~
- quitter son corps »2. Le mourant doit donc s’apprêter à quitter la vie.
Les travaux d’Elisabeth KÜBLER-ROSS se sont penchés sur les phases principales de
ce « processus du mourir » :
- le mourant passera tout d’abord par une phase de refus et d’isolement : après le choc, la
dénégation sera un mécanisme de défense contre une vérité trop intense
- la phase de colère : « pourquoi moi ? ». Après le refus, le patient commence à accepter la
situation en exprimant son ressentiment et souvent son agressivité
- phase de marchandage : de courte durée, le malade tente de passer des sortes de pactes
(avec lui, Dieu,…) pour tenter de contrer ou retarder l’issue inéluctable
- phase de dépression : le malade se renferme à nouveau. Il vit une période de profonde
tristesse entraînée par les détachements avec tout ce qu’il aime et tous ceux qu’il aime. Il se
rend compte que lutter est vain.
- phase d’acceptation : elle est caractérisée par une paix intérieure, et parfois une sorte de
vide des sentiments.
Cependant, durant toute ces phases consécutives, l’espoir perdure jusqu’à la fin.
4.1.3. Angoisse face à la mort
Selon E.KÜBLER ROSS, le mourant est « une personne acculée à prendre conscience de
sa maladie et de sa fin prochaine ».
En effet, à ce moment crucial de la fin de vie, la personne malade éprouve plus que jamais
un sentiment de vulnérabilité et de finitude, propre à notre condition humaine.
Face à cette proximité avec la mort, le malade doit traverser une expérience ébranlante, où
se vivent intensément les sentiments d’incertitude et d’angoisse. Cette angoisse face à la
mort est universelle et touche également l’entourage proche du patient, et les soignants.
« Le mourant est celui qui oblige les survivants à affronter leur impuissance, celui qui met en
échec le sentiment d’existence et renvoie chacun à sa propre mort».3
Le patient conserve ses droits tout au long de la maladie (loi du 4 mars 2002) et c’est à nous
professionnels de santé de veiller au respect de sa dignité et de ses désirs, jusqu’à la fin de
sa vie. Cela implique d’accepter le patient avec et dans sa famille.
2
JALMALV (Jusqu’à la mort accompagner la vie) Vivre le deuil N°34, septembre 1993, p 39
3
E.KÜBLER ROSS. Recherche en soins infirmiers N° 40 - Mars 1995, p.18
~7~
4.2 La famille
Il est clair qu’un malade en phase terminale, quelle que soit les conséquences de la maladie,
qui peuvent dégrader son état physique et psychique, est, et reste avant tout une personne à
part entière. En ce sens, les soignants se doivent d’assurer une prise en soins individualisée,
en respectant autant que possible les désirs et besoins du malade. Pourtant et évidemment,
celui-ci fait partie d’un tout, d’un système, d’une dynamique sociale, mais surtout familiale.
On ne peut donc pas occulter la famille.
Mais qu’entendons-nous par famille ?
4.2.1 Définition
Donner une définition unique ne semble pas facile.
Le Larousse définit la famille comme un « ensemble de personne unie par un lien de parenté
ou d’alliance »4 Répondant à cette définition, on constate qu’il existe plusieurs types de
famille :
- traditionnelle qui se compose du père, de la mère et des enfants.
- monoparentale constituée d’un parent avec un ou plusieurs enfants.
- « reconstituée » dans laquelle, les conjoints ont eu des enfants d’un autre lit5.
Cependant, nous pouvons donner un sens plus large à la notion de famille, si l’on considère
que celle-ci « … est constituée d’une ou plusieurs personnes unies par des liens de partage
et d’intimité »6. Ainsi la famille « correspond à l’entourage significatif défini par le patient luimême ». 7
4.2.2 La famille de la personne en fin de vie
« J’ai le droit d’obtenir de l’aide de ma famille afin de pouvoir accepter ma mort » ces mots
sont tirés de la Chartre des droits du mourant (Conseil de l’Europe, 1976). La famille peut en
effet représenter une véritable ressource pour le patient en fin de vie, par un soutien affectif,
4
www.larousse.fr
Régis AUBRY, Soins palliatifs éthique et fin de vie, p 148
6
LEAHEY (M.), WRIGHT (L.M.). Familles et maladies comportant un risque vital, p 56
7
Recherche en soins infirmiers N°40, Mars 1995, p.20
5
~8~
psychologique, ou simplement une présence. Elle peut également être une ressource pour
les soignants, en leur donnant des informations sur les habitudes de vie du patient.
Or, si « la fin de vie est une épreuve avant tout pour celui qui est proche de la mort, mais
aussi pour sa famille» 8.
Celle-ci est elle aussi ébranlée par ce pronostic d’issue fatale, déstructurant son
organisation ; elle est touchée par l’angoisse et la souffrance. Pour elle et son proche, « le
passé est révolu, l’avenir est dans l’incertitude, le présent est dans la douleur. »9
Les membres de la famille proche traversent également plusieurs phases où se mêle déni,
colère, sentiment d’impuissance, de frustration, de culpabilité, de chagrin profond.
« Le moment le plus douloureux pour la famille est peut-être la phase finale où le patient se
détache tout doucement du monde qui l’entoure, y compris de sa famille. Celle-ci supporte
généralement mal ce qu’elle prend pour une marque d’absence d’amour. » 10
C’est pourquoi « Plus nous pouvons contribuer à aider les membres de la famille à exprimer
ces sentiments avant la mort d’un être aimé, plus ils connaîtront l’apaisement. » (E.KÜBLER
ROSS).
La Chartre du mourant précise également que la famille d’un patient en fin de vie a le droit
de recevoir de l’aide afin de mieux accepter sa mort.
D’où l’importance de prendre en compte les besoins de la famille.
4.2.3 Ses besoins
La famille a besoin de trouver un soutien au sein du personnel soignant, qui se doit de
l’écouter, de la laisser exprimer sa souffrance et ses peurs, ce qui l’aidera à vivre pleinement
ces derniers instants si précieux. Il est important que les soignants tiennent compte de la vie
propre à chaque famille, même si certaines familles leur paraissent sortir de l’ordinaire, dans
leur mode de fonctionnement.
Rosette POLETTI a défini les besoins des familles. Ceux-ci peuvent être regroupés en trois
grands points:
•
Besoin d’informations :
- Besoin de savoir que tout ce qui peut être fait est fait pour calmer la personne
mourante.
- Besoin d’être informé des conditions dans lesquelles se trouve le patient.
- Besoin de savoir exactement dans quel état se trouve la personne.
8
Soins n° 702, janvier/février 2006, p.55
Christian DEBEIR Le suivi en institution in Manuel des Soins PALLIATIFS
10
Recherche en soins infirmiers N°40- Mars 1995, p.20
9
~9~
•
Besoin d’être avec son malade et de pouvoir l’aider :
- Besoin d’être avec la personne mourante.
- Besoin d’aider et d’être utile à la personne qui meurt.
•
Besoin d’être soulagé de son anxiété, de son angoisse :
- Besoin d’extérioriser ses émotions.
- Besoin de confort, de support par les autres membres de la famille.
- Besoin d’être acceptée, soutenue, réconfortée par les professionnels de santé.11
L’accompagnement des familles vise à répondre au mieux à ces besoins, qui peuvent
s’exprimer différemment d’une famille ou d’un individu à l’autre. Il sera nécessaire de les
repérer.
4.3
Accompagner
4.3.1 Définition
Le verbe ‘’accompagner’’ indique de lui-même une attitude, une certaine conception du soin
et de la relation.
« Accompagner quelqu’un ce n’est pas le précéder, lui indiquer la route, lui imposer un
itinéraire, ni même connaitre la direction qu’il va prendre ; mais c’est marcher à ses côtés en
le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de ses pas ». 12
Cette définition peut être complétée par celle du Ministère des Affaires sociales : c’est « Un
terme très global dont la signification est d’aider tout au long de la vie par l’ensemble des
ressources thérapeutiques, soins techniques, soutiens psychologiques, aide morale,
réponses à des besoins spirituels ».
4.3.2
L’accompagnement au niveau des textes
Pour assurer une prise en soins holistique, l’infirmière doit donc considérer le patient avec, et
dans son entourage.
11
12
Recherche en soins infirmiers, N°40, mars 1995, p.22
VESPIEREN P. Face à celui qui meurt, Paris, Desclée de Braiwer 1984 p.183
~ 10 ~
C’est pourquoi, l’infirmière a la compétence «de participer à la prévention, à l’évaluation et
au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes,
particulièrement en fin de vie au moyen des soins palliatifs, et d’accompagner en tant que de
besoin, leur entourage ».13 Autrement dit, c’est de son rôle propre d’aider et d’accompagner
les familles, en développant auprès d’elles un soutien et un rôle relationnel primordial 14
Cet accompagnement doit correspondre à une démarche, un projet de soins partagé en
équipe, mais il demande également un investissement relationnel important de la part des
soignants.
4.3.3
Soins infirmiers et accompagnement
L’accompagnement s’effectuera pendant la période de pré-deuil.
Jeannine PILLOT a défini cette étape comme un processus délicat, un équilibre difficile entre
deux réalités contradictoires qu’il faut assimiler en même temps. Pour la famille, il faut à la
fois être proche de cet être qui va partir, investir cette relation, et accepter un certain état de
séparation.
Pendant cette phase douloureuse, l’équipe soignante pourra réconforter la famille et être
dans une écoute active. Pour accompagner la famille, elle pourra :
-
Favoriser la communication avec le mourant.
-
Lui permettre d’être proche de lui, physiquement, et de lui donner de la tendresse
(être souple pour les visites, donner la possibilité à un membre proche de la famille
d’appeler…).
-
Favoriser l’expression de ses sentiments et de ses émotions (même les plus violents
ou contradictoires).
-
Lui permettre d’améliorer sa qualité de fin de vie (possibilité de participer aux soins
de nursing, possibilité d’apporter ce qui pourrait être un réconfort pour le patient…).
-
Répondre aux besoins d’information de la famille (tenir informé de tout ce qui a pu
être entrepris afin de soulager le malade qui meurt, transmissions au jour le jour…).
-
Repérer et transmettre à l’équipe des réactions psychologiques excessives ou
négatives / Proposer l’aide d’un psychologue.
-
Améliorer le confort des familles (dispenser un accueil chaleureux, trouver un lieu
d’accueil, être disponible…).
13
Ministère des affaires sociales et de l’emploi, fascicule spécial : Soigner et accompagner jusqu’au bout : l’aide
aux mourants. Bulletin officiel, N°8632 Bis P5
14
Recherche en soins infirmiers n°40-Mars 1995
~ 11 ~
Malgré ce travail d’accompagnement lors de la phase de pré-deuil, le moment de la mort
reste une étape douloureuse.
Le soignant, ici l’infirmière, aura toujours comme objectif de permettre chez l’endeuillé,
l’émergence de ses émotions et/ou sentiments : tristesse, tendresse, colère, ressentiments,
manques…
Pour J.PILLOT, être aidant lors de l’accompagnement de l’endeuillé, c’est lui permettre
d’exprimer ses sentiments, par rapport à :
- la perte de la personne,
- son vécu actuel et antérieur avec elle,
- au vide qu’elle laisse derrière elle,
- aux autres pertes que ce deuil lui renvoie.15
Pour cela, l’infirmière devra respecter le cheminement de la personne, pour l’accompagner là
où elle en est,
et pas là où elle voudrait qu’elle soit. Elle pourra repérer où se situe
l’endeuillé parmi les différentes étapes du deuil.
Cette posture d’aidant est possible si le soignant adopte une certaine attitude :
- La congruence, qui est le fait d’être vrai, authentique.
- L’empathie. Selon C.ROGERS : « L’empathie suppose que vous saisissiez
comment l’autre se sent intérieurement, comment sont les choses pour lui. Mais ce
mot ne signifie pas que les pensées, les sentiments ou les difficultés de l’autre
deviennent vôtres. »
- L’attention chaleureuse : c’est être présent à l’autre dans une certaine chaleur
humaine.
- La permissivité : c’est le fait de n’être pas porteur d’attitudes morales ou de
jugement, pour permettre à la personne de s’exprimer librement.
Le travail de deuil pourra alors être amorcé chez l’endeuillé. Rappelons que ce processus a
pour but d’apprendre à l’endeuillé à vivre avec et sans l’autre, et non à travers l’autre.
Cependant ce deuil peut parfois devenir pathologique si l’endeuillé n’arrive pas à « franchir »
certaines étapes.
15
J.PILLOT, JALMALV, Le deuil de ceux qui restent, n°34 septembre 1993.
~ 12 ~
4.4
L’infirmière en unité de soins de chirurgie
4.4.1
L’infirmière
D’après le code de la santé publique, « est considérée comme exerçant la profession
d’infirmière ou d’infirmier toute personne qui donne habituellement des soins infirmiers sur
prescription ou conseil médical, ou en application du rôle propre qui lui est dévolu »16
La profession d’infirmière est régie par des articles du code de la santé publique qui sont
relatifs à l’exercice de la profession.
Dans le cadre de notre recherche, et selon le référentiel de l’arrêté du 31 juillet 2009, la
compétence 6 : « communiquer et conduire une relation dans un contexte de soin », sera
celle qui retiendra plus particulièrement notre attention.
L’infirmière peut exercer dans des domaines variés, tel que celui auquel nous nous sommes
intéressées : unité de soins de chirurgie.
4.4.2
Unité de soins de chirurgie
« On peut définir la chirurgie comme une branche de la médecine se proposant à la guérison
par l’œuvre des mains (de kheiros : mains et ergon : ouvrage) » cette définition date
d’Hippocrate.17
Dans ces services de chirurgie où règne une importante technicité, il est plus souvent
question de traiter, de guérir, de maintenir, que de soutenir ou d’accompagner. Ces services
peuvent attirer une jeune infirmière, qui se trouvera ainsi valorisée, et rassurée par les
protocoles qui seront à sa portée.
Cependant les soins techniques ne doivent jamais être dissociés des soins relationnels, sans
quoi la relation soignant/soigné perdrait son caractère humain.
En unité de soins de chirurgie, une infirmière a une charge de soins techniques importante,
elle a la responsabilité des surveillances pré-opératoires mais surtout post-opératoires, elle
doit faire face à un turn-over de patients constant, elle doit faire preuve de capacités
d’adaptation et d’organisation des soins. Le contact avec l’entourage du patient est
16
17
Code de la santé publique art.L4311-1
Histoire de la chirurgie par Claude d’ALLAINES aux éditions presses universitaires de France. Introduction, p.5
~ 13 ~
généralement de courte durée, et le besoin des familles est le plus souvent d’être informé ou
conseillé.
En raison de ces spécificités, nous nous demanderons : quels sont les facteurs qui favorisent
ou limitent le rôle d’accompagnement de l’infirmière dans ces unités de soins de chirurgie ?
Quels sont les moyens mis en œuvre dans ces services techniques pour accompagner les
familles des patients en fin de vie et comment une infirmière peut-elle concilier son devoir
d’accompagnement avec la charge de travail qui lui incombe ?
5. Analyse
Pour notre analyse, nous avons décidé d’interviewer deux infirmières (cf annexes). Notre
choix n’était pas basé sur des critères précis, la seule condition devait être que les deux
infirmières exercent en unité de soins de chirurgie. Afin d’obtenir de plus amples éléments
de comparaison, nous avons choisi d’interroger une infirmière en milieu hospitalier, public, et
l’autre dans un secteur privé. Au cours de cette analyse, nous les nommerons la première
infirmière et la deuxième infirmière, en référence aux entretiens effectués.
Dans notre analyse, nous avons également confronté les concepts de notre cadre théorique
aux réponses recueillies dans les entretiens effectués.
•
Question 1 : Ancienneté en tant qu’infirmière
Les deux infirmières ont débuté il y a trois ans. Ce sont donc de jeunes professionnelles.
•
Question 2 : Ancienneté en unité de soins de chirurgie
Elles ont toutes deux commencé en unité de soins chirurgie après avoir obtenu leur diplôme.
Elles ne peuvent donc pas s’appuyer sur d’autres expériences professionnelles.
•
Question 3 : Choix d’exercer en unité de soins de chirurgie
Pour les deux infirmières, travailler en unité de soins de chirurgie n’était pas un choix. Pour
la première, ce fut une opportunité. La deuxième, avait effectué son stage de projet
professionnel au sein du service dans lequel elle exerce actuellement. Suite à ce stage, il lui
a été proposé un poste qu’elle a accepté, malgré sa représentation de la chirurgie, où selon
~ 14 ~
elle, la prise en charge des patients était de courte durée. Elle a finalement découvert qu’il
existait une réelle complémentarité des soins techniques et relationnels, assurant ainsi une
prise en soins globale des patients.
Dans les recherches de notre cadre conceptuel, il semblait que des jeunes diplômées
pouvaient être attirées par ces services présentant une grande technicité, or ce ne fut pas le
cas pour ces deux infirmières que nous avons interviewé.
•
Question 4 : Prise en soins de patients en fin de vie
D’après nos recherches et notre cadre conceptuel, la fin de vie en unité de soins de chirurgie
n’est pas un sujet abordé dans la littérature. En revanche, la majorité des ouvrages que nous
avons consultés traite de ce sujet, essentiellement, en unité de soins palliatifs. On peut donc
supposer que dans ces unités de soins de chirurgie, il est plus souvent question de soins
curatifs que d’accompagnement de patients en fin de vie, et de leurs proches.
Les deux infirmières rencontrent pourtant, selon elles, « assez régulièrement », des patients
en fin de vie.
Toujours d’après elles, toute infirmière en unité de soins quel qu’il soit, même de chirurgie,
se retrouve confrontée à la prise en soins de patients en fin de vie et de leur famille.
Nous constatons donc, qu’en unité de soins de chirurgie, les infirmières dispensent non
seulement des soins curatifs, mais aussi palliatifs.
•
Question 5 : Accompagner une personne en fin de vie
Pour les deux infirmières, l’accompagnement d’un patient en fin de vie se résume
principalement à « soulager » la douleur physique et la souffrance morale.
Comme nous avons pu le mettre en avant dans notre cadre théorique, accompagner un
patient nécessite de prendre en compte son entourage proche. Ainsi la première infirmière,
aborde la notion de « l’entourage » du patient, présent dans le concept d’accompagnement,
mais après une courte réflexion. La deuxième infirmière, parle d’accompagner le patient
« dans sa globalité », sans préciser ce qu’elle entend par ce terme. De plus, elle reste
centrée sur le patient et l’attitude à adopter : l’empathie, l’écoute et le fait de « répondre à
ses demandes ».
Suite à leurs réponses, nous pouvons en déduire qu’à la question de l’accompagnement
d’une personne en fin de vie, le patient reste au premier plan, et la famille, quand elle n’est
pas oubliée, passe au second plan. Il n’est pas évident apparemment, de prime abord,
d’associer la famille au patient en fin de vie.
~ 15 ~
•
Question 6 : Prise en charge des familles
Toutes deux s’accordent à dire que la prise en compte des familles fait partie intégrante de
leurs compétences. La deuxième infirmière nous présente même cela comme une évidence
lorsqu’elle dit « oui bien sûr, ça va forcément avec. On les accompagne aussi ».
Elles disent avoir un rôle de soutien auprès des familles, et sont à l’écoute, tant de leur
besoin que de leur ressenti. Ainsi, cela rejoint le cadre conceptuel où il est question d’attitude
empathique, d’écoute, répondant aux besoins des familles.
Pour la première infirmière, la famille est une ressource par les informations qu’elle peut
apporter au sujet du patient.
La deuxième infirmière donne l’impression que la relation avec la famille se crée dès les
premiers contacts. Quant à la première, un certain temps lui semble nécessaire pour qu’une
relation de confiance s’instaure avec la famille, et ainsi permettre son accompagnement. En
effet, elle dit : « …quand ça fait un petit moment qu’ils sont là, pas deux ou trois jours, mais
un petit moment, on arrive à entrer en lien avec les familles. »
Bien que ces deux infirmières entrent de façon différente dans la relation, chacune assure
l’accompagnement des familles.
•
Question 7 : Difficultés rencontrées dans l’accompagnement des patients et de leur
famille
Ces deux infirmières partagent l’idée que, même pour un patient en fin de vie, les médecins
restent dans une logique curative, où il faut guérir à tout prix, au détriment du confort et du
bien-être du patient.
Les difficultés à l’accompagnement des familles résultent de la non compréhension, ou non
acceptation de l’état de santé de leur proche. Pour la première infirmière, le fait que la famille
ne
soit
« pas
présente
du
tout »,
lui
pose
problème
pour
exercer
son
rôle
d’accompagnement. Chacune verbalise sa difficulté d’accompagner les familles.
Les deux infirmières évoquent la charge de travail en unité de chirurgie. Elle est vécue
comme une réelle difficulté pour accompagner les proches pour la première infirmière, en
revanche elle ne représente pas un frein pour la deuxième infirmière. En effet, celle-ci
considère que « quand on veut, on peut » et que « même discuter deux minutes en se
posant vraiment et en étant disponible, ça suffit ».
Bien que leurs avis divergent, toutes deux se rejoignent pourtant sur le fait qu’il n’est pas
forcément nécessaire de passer beaucoup de temps auprès des personnes pour les
accompagner.
~ 16 ~
On constate que pour la deuxième infirmière, la difficulté principale est de gérer ses
émotions, alors que la première infirmière n’aborde pas les difficultés d’un point de vue
émotionnel, mais plutôt d’un point de vue organisationnel. En effet, pour elle, « la charge de
travail » est vécue comme une difficulté pour prendre en charge les familles.
Lorsque l’on demande si la spécificité du service permet un accompagnement optimal, la
première infirmière se recentre uniquement sur l’accompagnement des patients, et occulte la
famille. De plus, elle dit que « ce n’est pas notre travail premier» d’accompagner. Ainsi il
semble, pour elle, qu’accompagner dans un service de chirurgie ne soit pas un soin
prioritaire.
La deuxième infirmière, nous fait ressentir une implication professionnelle et personnelle en
ce qui concerne le rôle d’accompagnement des patients et de leur famille. Elle dit aussi que
malgré toutes les difficultés liées à la spécificité du service (impératif des visites avec les
chirurgiens…), « on y arrive (…) parce qu’on s’en donne les moyens ».
Les deux infirmières s’entendent à dire qu’il y a toujours des choses à améliorer pour
optimiser l’accompagnement.
Tandis que la première infirmière, souhaiterait du personnel en plus, afin de pouvoir déléguer
des soins et ainsi libérer du temps pour le consacrer à l’accompagnement des familles, la
deuxième infirmière met l’accent sur le besoin d’un local propice à l’échange, de plus de
dialogue et de cohérence au sein de l’équipe pluridisciplinaire, pour « savoir quoi dire et
comment le dire ».
On note donc que l’accompagnement résulte d’une dynamique d’équipe tant dans un soutien
physique que moral.
•
Question 8 : Formation
Les deux infirmières trouvent clairement insuffisantes, voire inexistantes, pour la deuxième
infirmière, les formations concernant l’accompagnement des patients en fin de vie et leur
famille.
L’expérience acquise par la première infirmière, qui a exercé en tant qu’aide-soignante
auparavant, et la diversité de ses lieux d’exercices, lui semble être un atout, elle parle d’
« auto apprentissage ».
La deuxième infirmière, qui n’avait pas d’expérience antérieure, dit : « on n’est pas armé
quand on a notre diplôme, on est lâché dans le métier et on fait avec ce que l’on a».
Nous pouvons en déduire que c’est la pratique et non la théorie qui permet de développer
ses propres compétences en soins relationnels.
~ 17 ~
CONCLUSION
Ce travail d’initiation à la recherche n’est pas un aboutissement, mais plutôt une ébauche, et
nos futures expériences professionnelles viendront l’étayer, afin d’améliorer nos propres
pratiques.
Nous ne saurions le dire mieux que PURCE-JOXE, « La famille est souvent le premier
soignant, celle qui était là avant nous les professionnels, celle qui peut être notre alliée ou
notre ennemie selon les relations qui s’établiront, celle qui dans tous les cas compte pour le
malade, donc que nous ne pouvons ignorer en tant que soignant »18.
Suite à l’analyse des entretiens, nous avons pu constater que les infirmières sont
« régulièrement » confrontées à la prise en soins de patients en fin de vie, et de leur famille.
Elles disent aussi, que toute infirmière, et cela sans dépendre du lieu d’exercice, se trouve
confrontée à la fin de vie.
L’accompagnement est donc possible, dans les unités de soins de chirurgie, non sans
difficultés, qu’elles soient d’ordre organisationnel, émotionnel ou relationnel. Les infirmières
doivent faire face aussi aux mécanismes de défense mis en place par les familles.
Permettre aux soignants de parler de leurs peurs, de leurs difficultés face à la mort et à
l’accompagnement, ne les aideraient-ils pas à évoluer, à acquérir un « savoir-être » et une
certaine qualité d’écoute ? Ainsi, ils pourraient peut-être aller plus aisément au-devant des
familles, non seulement pour leur donner des nouvelles, mais aussi pour leur demander :
Et vous, comment allez-vous ?
18
PURCE-JOXE (ch.). Accompagner les familles, Revue de l’infirmière, 10 mai 1990, p.32
~ 18 ~
BIBLIOGRAPHIE
- RICHARD Marie-Sylvie : Soigner la relation en fin de vie. Familles, malades, soignants.
Paris : Dunod, 2004, 161 p.
- DESCHAMPS Daniel. Jusqu’à la mort accompagner la vie. JALMALV, 1993, n°34.
- MEUNIER Annick. Et si nous parlions des familles ? Recherche en soins infirmiers, 1995,
n° 40, 71 p.
- www. Larousse.fr
- AUBRY Régis, Soins palliatifs, éthique et fin de vie. Rueil-Malmaison : Lamarre, 2010,
247 p.
-LEAHEY (M.), WRIGHT (L.M.). Familles et maladies comportant un risque vital, p 56
- RURIOUFOL Marie-Odile. Soins relationnels au niveau de la famille. SOINS, 2006, n°702,
64 p.
- DEBEIR Christian. Le suivi en institution in Manuel des soins palliatifs. Lieu édition : Dunod,
1996.
- MINISTERE DE LA SANTE ET DES SPORTS. Article L4311.1 du code de la santé
publique, date de publication, p. 148
- VIERSPEREN P. Face à celui qui meurt. Paris : Desclée de Braiwer, 1984, 183p.
- PILLOT J. Le deuil de ceux qui restent. JALMALV, 1993, n°34, 100 p.
- MINISTERE DE LA SANTE ET DES SPORTS. Article L4311.1 du code de la santé
publique, date de publication, p. 148
- ALLAINES Claude. Histoire de la chirurgie. Paris : Presses universitaires de France, année,
126 p.
~ 19 ~
TRAME D’ENTRETIENS INFIRMIERS
1) Depuis quand êtes-vous infirmier(e) ?...........................................................................
2) Depuis
combien
d’années
travaillez-vous
en
unité
de
soins
de
chirurgie ?.......................................................................................................................
Avez-vous exercé dans d’autres services ?..................................................................
3) Etait-ce
un
choix
pour
vous
d’exercer
en
unité
de
soins
de
chirurgie ?.......................................................................................................................
Si oui, pourquoi avoir choisi la chirurgie ?.....................................................................
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
4) Vous arrive-t-il de prendre en soins des patients en fin de vie?...................................
5) Qu’est-ce que pour vous, accompagner une personne en fin de vie ?........................
........................................................................................................................................
........................................................................................................................................
......................................................................................................................................
6) Avez-vous l’occasion de prendre en charge les familles ?...........................................
......................................................................................................................................
7) Rencontrez-vous des difficultés dans l’accompagnement des patients en fin de vie et
leur famille ?................................................................................................................
Si oui, lesquelles ?..........................................................................................................
Pensez-vous pouvoir améliorer cela et comment ?........................................................
………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
8)
La formation que vous avez reçue lors de vos études vous semble-t-elle suffisante
pour accompagner les patients en fin de vie et leur famille ?.........................................
Souhaiteriez-vous avoir une formation complémentaire en soins palliatifs ?..................
…………………………………………………………………………………………………
~ 20 ~
Entretien première infirmière
L’entretien se déroule dans le bureau de la cadre du service, il est 14h et nous sommes face
à une infirmière du service. Nous lui demandons s’il est possible de fermer la porte afin
d’être plus au calme et ne pas être dérangé.
Annabelle : 1. Depuis quand êtes-vous infirmière ?
IDE : Depuis 2010, cela fait 3 ans, mais j’étais aide-soignante avant.
Annabelle : 2. Depuis combien d’années travaillez-vous en unité de soins de chirurgie ?
IDE : Ici ?
Annabelle : En chirurgie en fait, même si c’était ailleurs.
IDE : 3 ans en tant qu’infirmière.
Virginie : Vous n’avez donc pas exercé dans d’autres services en tant qu’infirmière ?
IDE : Non.
Virginie : 3. Etait- ce un choix pour vous d’exercer en unité de soins de chirurgie ?
IDE : Non pas spécialement, ni un choix, ni un contre choix. Ce n’est pas que je m’en fichais,
mais je n’avais pas de priorité, ça s’est trouvé comme ça, comme je n’avais pas de
désidérata particulier je suis allée là où il y avait de la place.
Annabelle : 4. Est-ce que dans ce service il vous arrive de prendre en soins des patients en
fin de vie ?
IDE : Oui
Annabelle : C’est fréquent ou non ?
IDE : Moins qu’avant, mais ça arrive encore assez régulièrement.
Virginie : 5. Et pour vous, qu’est-ce que c’est « accompagner une personne en fin de vie » ?
IDE : Eh bien quand ça a été diagnostiqué, quand on voit que par rapport aux paramètres et
à l’état clinique ça décline de plus en plus et qu’on a peu de chance pour que ça revienne
~ 21 ~
dans l’autre sens, c’est l’accompagner pour qu’il ne souffre pas physiquement, mais aussi
moralement. (Blanc) ...Eh bien sûr son entourage.
Virginie : Comment est-ce que vous avez l’occasion de prendre en charge cet entourage ?
IDE : On essaye le plus possible, mais ce n’est pas toujours facile avec la charge de travail,
même si ce n’est pas une excuse. On essaye de faire en sorte qu’il y ait un bon contact avec
la famille, pour qu’il y ait un bon dialogue et que eux nous disent leur ressenti, et puis quand
ça fait un petit moment qu’ils sont là, pas deux ou trois jours mais un petit moment, on arrive
à entrer en lien avec les familles et avoir plus d’informations de leur part, leurs ressentis,
leurs objectifs on essaye de travailler dans ce sens-là.
Annabelle : 6.
Est-ce que vous rencontrez des difficultés dans l’accompagnement des
patients en fin de vie et de leur famille ?
IDE : Oui ça arrive, sur deux plans particulièrement différents :
Pour le patient même, c’est quand il y a (c’est des grands mots que je vais utiliser) mais,
incohérence entre l’état clinique et le devenir, et les prescriptions. C’est-à-dire qu’une
personne en fin de vie pour laquelle il est prévu que l’on ne s’acharne pas, mais que l’on
fasse ce qu’il faut pour ne pas qu’elle souffre, il y a des examens, des prises de sang, pas
forcément utile en soi. Là il y a une vrai incohérence dans le traitement et dans la prise en
charge, donc cela n’est pas toujours facile parce que l’on sait que l’on va traumatiser la
personne même si elle n’est pas forcément là, comme nous consciente et cohérente, mais
elle a un ressenti quand même. Donc ça c’est difficile.
Et pour les familles quand elles ne sont pas au clair, quand elles n’arrivent pas à accepter le
devenir qui est inéluctable, ou quand la famille n’est pas présente du tout, qu’on a une
personne au téléphone une fois par mois. Là c’est très difficile pour nous de les
accompagner, alors on essaye de faire en sorte qu’ils se rendent compte, et quand il y a
besoin, qu’ils viennent, mais on ne peut pas les obliger, donc s’ils ne viennent pas on ne
peut pas les accompagner.
Annabelle : Ces familles-là ne sont donc pas en demande d’être accompagnées ?
IDE : Ou alors c’est une mesure de protection pour eux même. On essaye tout de même, si
on arrive à les voir, de rester vers eux, de savoir ce qu’ils ressentent ce qu’ils attendent. La
famille peut ne pas être prête au décès et elle en veut à la terre entière parce qu’elle n’a pas
eu le temps de faire son deuil, et ça ce n’est pas évident non plus et l’on ne peut qu‘entendre
ce qu’ils ont à nous dire, tout ce que nous pourrons dire ils ne l’entendront pas de toute
façon. La difficulté vient aussi des conflits familiaux pour lesquels on n’a pas lieu de rentrer
~ 22 ~
dedans, et surtout pas même. Mais souvent ils ressortent à ce moment-là et des fois on est
pris à partis, et cela engendre des situations très compliquées, mais bon voilà, on fait ce
qu’on peut.
Annabelle : Juste je voulais savoir, vous parliez tout à l’heure de la charge de travail qui ne
facilitait pas la prise en charge de l’entourage, et vous ne l’avez pas évoquée dans les
difficultés à l’accompagnement, s’en est une ou non ?
IDE : Ca peut en être une quand les familles sont demandeuses justement, qu’on les voit
souffrir parce qu’elles ont besoin de réponses, ou simplement de présence et qu’on ne peut
pas se permettre de leur donner. Mais en règle générale les décès qu’on a surviennent le
plus souvent du côté des soins intensifs, et on a 6 patients pour une infirmière aux soins, ce
qui nous permet en général d’aller vers eux à un moment de la journée même sur un temps
court et d’échanger avec eux et leur dire que s’ils ont besoin ils peuvent appeler. En général
ils n’appellent pas, mais s’ils appellent on vient. Voilà mais après, c’est vrai qu’on a une
certaine charge de travail par rapport au secteur où l’on est, et quand notre travail est
terminé on se détache pour aller aider notre collègue parce que le conventionnel est très très
lourd en ce moment, donc c’est vrai que ça rajoute une charge de travail au travail que l’on a
déjà, et c’est du temps que l’on ne prend pas pour les familles. Ça peut mettre une barrière
sur l’accompagnement des familles, mais d’un autre côté on se rend toujours nous,
disponible autant que possible. Après c’est au cas par cas, c’est-à-dire que c’est chacun qui
voit la disponibilité qu’il est prêt à assumer auprès des familles, parce que chacun n’est pas
capable d’accompagner les familles d’une même manière. Je pense que c’est bien dans le
sens que la famille a besoin de piocher un petit peu dans chacune, pour pouvoir trouver
l’accompagnement dont elle a besoin. Ce n’est pas une personne qui sera très disponible et
très à l’écoute qui pourra tout apporter, mais justement une personne qui l’est peut-être
moins pourra peut-être leur donner de façon plus ciblée l’attente qu’ils ont, et dans ce senslà les familles arrivent des fois à trouver vraiment ce dont elles ont besoin. Les familles ont
toujours mis en avant le fait qu’on ait pu se libérer pour elles au moment où elles en avaient
besoin. Même 5 minutes, 10 minutes, voilà, ce n’est pas forcément la quantité, mais la
qualité et la diversité de l’accompagnement, mais c’est ma façon de penser et c’est peut-être
pas la bonne, mais moi je pense que le fait d’être différente chacune peut apporter du plus
aux familles et aux patients.
Virginie : 7. Par rapport aux difficultés, pensez-vous pouvoir améliorer cela et comment ?
IDE : On peut toujours améliorer, je pense que c’est un regard sur soi-même, voir ce qui a
été ou pas sur les situations précédentes. Ensuite c’est vrai qu’une charge de travail plus
légère nous permettrait d’être plus près des familles et des patients, ne serait-ce que pour la
~ 23 ~
discussion, parce que c’est quand même assez court dans le temps. Et on en revient
toujours au même souci, c’est le manque de personnel, mais pas un manque de personnel
dans le service, on a nombre de personnel attitré en juste titre, mais maintenant c’est vrai
que si l’on avait 2 aides-soignantes, qui nous libèreraient nous, du nursing et des changes,
de ce genre de choses que l’on fait avec elles en binôme, on pourrait être plus près des
patients et des familles. Ca ça serait une ouverture pourquoi pas, mais à l’heure actuelle ce
n’est pas possible, dans le contexte économique actuel ce n’est pas possible. Malgré tout, ce
n’est pas une toilette ou un nursing qui va nous empêcher de discuter avec le patient, ça
nous empêchera avec la famille, mais pas avec le patient. Je sais pas, je pense que tout est
à améliorer parce qu’on n’est pas parfait, mais je ne sais pas en soi s’il y a quelque chose
que l’on fait très mal et qu’on pourrait améliorer. Je pense que c’est un regard extérieur qui
pourrait nous le dire.
Virginie : 7.
Relance : La spécificité du service vous permet-elle un accompagnement
optimal ?
IDE : L’infirmière en chirurgie peut accompagner, ça il n’y a aucun souci la dessus, c’est sûr
qu’on a du travail, ce n’est pas compté dans notre travail en tant que tel comme en médecine
ou en soins palliatifs, ou dans ce genre de service, c’est sûr que c’est pas notre travail
premier, mais on accompagne tout le temps, et ça on s’en rend pas forcément compte. Que
ce soit des gens en fin de vie ou des gens qui viennent pour une chirurgie, nous c’est la
neurochirurgie, c’est-à-dire que c’est cérébral ou c’est dorsal, et ce sont deux pôles qui font
très peur aux gens. Donc de toute manière on accompagne les gens parce qu’on leur donne
des informations, on voit qu’ils ne sont pas bien, ils vont nous poser des questions, donc du
coup en chirurgie on accompagne tout le temps. Maintenant la personne proprement dite en
fin de vie, on va prendre plus de temps, on va s’arrêter un petit peu plus longtemps vers ces
gens-là qui ont besoin d’une présence, d’un toucher, d’un regard, puis leur parler, leur dire le
temps qu’il fait dehors comme ils sont alités, des petites choses qui n’ont rien à voir, mais
c’est la vie courante, et ils en ont besoin en fait. Et à travers ça, des fois, on arrive à
retrouver une communication qu’on avait peut-être plus ou moins perdue, ou un regard, ou
un sourire, qui fait que nous, ça nous réconforte sur ce que l’on fait, et eux, ça les soulage
momentanément, peut-être qu’ils ont oublié quelque chose, peut-être qu’ils sont soulagés 30
secondes et ce n’est pas inutile.
A ce moment-là une autre infirmière frappe à la porte du bureau et dit « tu penseras à
faire la relève au B ».
Annabelle : 8. La formation que vous avez reçue lors de vos études vous semble-t-elle
suffisante pour accompagner les patients en fin de vie et leur famille ?
~ 24 ~
IDE : Non. C’est clair non. Moi j’ai un parcours suffisamment éclectique, J’ai fait 3 régions
différentes en tant qu’aide-soignante, et j’ai été dans énormément d’endroits, des services
extrêmement variés, donc j’ai pu faire mon auto apprentissage et ça, ça m’aide. Je serais
arrivée en sortie de DE à 20 ans sans autre expérience, ce serait extrêmement difficile. C’est
l’expérience qui nous forme.
Annabelle : Auriez-vous souhaité avoir une formation complémentaire en soins palliatifs ?
IDE : Je pense que toute formation est bonne à prendre. Cela évite de perdre du temps, car
avec le temps on arrive à louvoyer entre les gens, les choses, les ressentis, mais une
formation permet de ne pas perdre de temps. Ici les formations obligatoires sont les BMR,
c’est indispensable pour travailler ici, et la sécurité incendie, tout le monde y passe. Après
c’est selon notre choix, mais on a l’obtention d’une formation selon le nombre d’inscrits, le
nombre de places et les budgets accordés. C’est pourquoi on n’a pas forcément ce que l’on
demande. Mais ici on a demandé les pansements, la douleur et la violence, c’est
principalement ce que le personnel demande ici.
Virginie et Annabelle : Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé.
IDE : Non, non, il n’y a pas de problème, bon courage pour la suite.
~ 25 ~
Entretien deuxième infirmière
Il est 14h20. L’infirmière qui a débuté son service à 7h00 ce matin-là et travaille jusqu’à 19h.
Elle nous reçoit dans la salle de repos destinée au personnel. Nous décidons de fermer la
porte afin d’optimiser notre enregistrement.
Eva : 1. Depuis quand êtes-vous infirmière ?
IDE : Depuis 2010.
Eva : 2. Vous avez travaillé combien d’années en unité de soins de chirurgie ?
IDE : Depuis que j’ai commencé, ça fait 3 ans. J’ai commencé ici. Je n’ai fait que ça.
Eva : 3. Etait-ce un choix pour vous d’exercer en unité de chirurgie ?
IDE : Au départ non. Je ne voulais pas de chirurgie parce que justement les temps
d’hospitalisation sont assez courts ; au final je me suis retrouvée là parce que j’avais fait
mon pré pro ici, du coup j’avais une possibilité d’embauche et au final je me rends compte
qu’en chirurgie digestive les temps d’hospitalisation sont assez longs et on a beaucoup de fin
de vie, donc du coup je suis bien ici, donc je suis restée. Mais au départ, non, je ne voulais
pas venir en chirurgie. Il n’y avait pas grand-chose, entre guillemet, qui me plaisait.
Maintenant que je connais, c’est vraiment une prise en charge globale. On fait vraiment un
travail en collaboration avec l’aide-soignante. Ça veut dire qu’on fait des toilettes, on fait des
premiers levés et on a aussi beaucoup de soins techniques. Il y a un mélange de tout,
beaucoup de relationnel et de soins techniques. Donc c’est un tout qui me convient, qui me
plaît bien.
Valérie : 4. Vous arrive-t-il de prendre en soin des patients en fin de vie ?
IDE : Oui, assez régulièrement, même en chirurgie.
Valérie : 5. Qu’est- ce que pour vous accompagner une personne en fin de vie ?
~ 26 ~
IDE : C’est déjà la soulager, parce que souvent c’est des personnes assez douloureuses, la
soulager des douleurs, la soulager psychologiquement donc être à l’écoute et puis voilà
répondre à ses demandes, être dans le bien-être, l’accompagner dans sa globalité.
Valérie : 6. Avez-vous l’occasion de prendre en charge les familles des patients en fin de
vie?
IDE : Oui bien sûr, ça va forcément avec. On les accompagne aussi, dans la parole, on est
dans l’écoute ; oui, surtout être dans l’écoute même si on n’a pas forcément de réponse à
tout. On fait attention aussi à leurs besoins, savoir si elles ont besoin de papoter en dehors
de la chambre, de nous dire des choses qu’elles ne disent pas forcément devant le patient,
de craquer, de… voilà oui on accompagne beaucoup les familles. »
Valérie : 7. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’accompagnement de ces
familles et de ces patients en fin de vie ?
IDE : Les difficultés, c’est ne pas être trop dans l’émotion parce que ce n’est quand même
pas trop évident, surtout quand on sort de diplôme, voilà ce n’est pas simple. On n’est pas
préparé forcément à accompagner des gens. Voilà, après on est une bonne équipe, on en
parle beaucoup : on n’a pas de temps officiel pour ça, on n’a pas de réunions comme il peut
se faire à l’hôpital, de débriefing. Par contre, nous on pose dans la salle de soins. On en
parle beaucoup à la psy aussi, s’il y a besoin pour les patients. Donc oui les difficultés, c’est
plus au cas par cas. Y a des fois, les chirurgiens sont pas forcément super aptes à faire des
soins palliatifs. Eux c’est la chirurgie, c’est vrai ce n’est pas leur métier. Ils n’ont pas fait ça
pour faire des soins palliatifs. Donc c’est plus ça nos difficultés, essayer de persuader le
chirurgien de nous mettre plus d’antalgiques, de faire appel à l’équipe de soins palliatifs
quand il faut, car il y a des fois où il faut. Nos difficultés c’est plus ça, trouver un bon terrain
d’entente avec le chirurgien pour qu’il nous donne les prescriptions qu’il faut. Et puis des fois
les familles, soit elles ne se rendent pas compte, et du coup c’est compliqué parce qu’il faut
leur faire comprendre, et en même temps, il ne faut quand même pas non plus les brusquer ;
il faut y aller tranquille. Donc c’est plus compliqué pour moi d’accompagner les familles que
d’accompagner les patients.
Relance : La spécificité du service vous permet-elle un accompagnement optimal ?
~ 27 ~
IDE : J’ai toujours tendance à dire que quand on veut on peut, donc c’est sûr qu’on est pris
par beaucoup d’autres choses, beaucoup d’autres patients on n’a pas forcément toujours
1/2h à passer à discuter, après je ne pense pas que ce soit vraiment un frein, parce que
même discuter 2 minutes en se posant vraiment et en étant disponible, des fois ça suffit.
Donc la chirurgie, après faut réussir à tout organiser en même temps. Il y a des fois c’est sûr
qu’on a l’impression de ne pas avoir fait notre boulot, de ne pas avoir pris assez de temps.
Parce que nous on discute avec une famille, si un chirurgien arrive pour une visite, on pourra
le faire patienter 2 minutes mais on ne pourra pas le faire patienter ½ heure. Donc
forcément, il y a des moments où on a des limites au niveau de la prise en charge. Ça, c’est
évident. Mais on y arrive malgré tout parce que l’on est en nombre au niveau du personnel,
et puis parce qu’on s’en donne les moyens aussi. On est obligé aussi, mais on a aussi envie
de faire de l’accompagnement comme ça, ça nous plaît quoi.
Relance : Pensez-vous pouvoir améliorer cette prise en charge des familles, et si oui
comment?
IDE : Ce qui pourrait être à améliorer, c’est peut-être dans la clinique, pas forcément dans le
service parce que ce n’est pas possible ; mais oui, faire une salle de repos pour pouvoir se
poser avec les familles. Parce que, un exemple, lors d’un décès pour accueillir les familles
on n’a pas d’endroit, s’ils ne veulent pas aller tout de suite vers leur proche, on les accueille
dans le couloir, dans la salle d’attente. Ce n’est pas forcément adapté. Si on pourrait
améliorer, oui ce serait avoir une de pièce à vivre, entre guillemet, pour qu’on puisse, voilà,
leur offrir un verre… Les accompagner un peu plus, sans forcément rester dans la chambre
parce que il y a des personnes qui ne veulent pas rester longtemps, il y en a qui ne veulent
pas rentrer du tout. C’est vrai que pour ça il n’y a pas ce qu’il faut. Après, on est une
polyclinique de chirurgie. Donc ce n’est pas évident non plus d’avoir tout le matériel et la
logistique qu’il peut y avoir dans le service de soins palliatifs. Mais voilà ce qui pourrait être à
améliorer c’est ça, avoir un endroit et aussi avoir un petit peu plus de temps mais ça le
temps on arrive à le trouver. (Un temps). Les solutions qu’on pourrait avoir aussi, c’est peutêtre d’avoir un petit peu plus de dialogue avec la psy ou avec les médecins, arriver à trouver
quoi dire et comment le dire. Que tout le monde soit sur la même longueur d’onde, qui sait
quoi, qui dit quoi… C’est surtout ça.
8. La formation que vous avez reçue lors de vos études vous semble-t-elle suffisante pour
accompagner les patients en fin de vie et leur famille ?
~ 28 ~
IDE : En formation je sais même plus si j’ai eu un module soins palliatifs. Franchement je
sais même plus si j’ai eu une formation à l’école. On en a sûrement parlé parce qu’on en
parlait. Après non, enfin je veux dire, on est lâché dans le métier et puis on fait avec ce qu’on
a. Donc c’est qu’il y a des personnes qui ont plus de facilités. Après on s’habitue à rien, mais
c’est à force d’accompagner qu’on repère un petit peu les personnes qui ont un peu plus de
difficultés. Mais en formation, non on n’est pas armé quand on a notre diplôme.
Valérie et Eva : Merci pour cet entretien.
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