Congrès - John Libbey Eurotext

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Congrès
Innovation
en formation
et pratique infirmières :
l’expérience québecoise
Sarah BRUN
Congrès de la Sidiief (Montpellier, mai 2003)
- la facilitation de l’accès au travail des IDE (via
l’amélioration des conditions d’embauche et de
travail),
l’adhésion à des conventions collectives avantageuses,
- l’amélioration de la disponibilité des IDE (respect
de l’équilibre vie privée-vie professionnelle en
créant, entre autre, des crèches pour les mères de
famille et en alternant la planification des gardes et
des week-ends),
- la réorganisation des soins et du travail.
Constat actuel
A ce jour, il manque environ 65 000 infirmières
diplômées d’Etat (IDE) dans la province de Québec
(province canadienne francophone). L’âge moyen des
IDE actuellement en poste est de 43 ans et le nombre
des départs est supérieur à celui des embauches. Les
besoins en IDE croissent de 1,13% par an et, à l’horizon 2015, la pénurie prévisionnelle dans cette profession sera de 17 500 postes.
Cette situation a amené le gouvernement québécois à mettre en place, dans les années 1990, un plan
d’actions provincial, lui-même relayé par des plans
d’actions locaux. Les buts en étaient et sont toujours :
- la valorisation et l’attraction de la profession
infirmière,
- la rétention du personnel infirmier.
A cet effet, les actions mises en œuvre sont :
- un recrutement intensif (par une forte implication
du département des ressources humaines),
Bulletin Infirmier du Cancer
La réorganisation du travail
Son but est de recentrer l’IDE sur ses responsabilités spécifiques, de préciser la contribution de tous
dans la réorganisation du travail, enfin de réviser les
pratiques professionnelles.
La loi sur la délégation des actes infirmiers votée
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Vol.3-n°2-avril-mai-juin 2003
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Congrès
en 1990 redistribue les rôles auprès des personnes soignées.
Lors de la séance parallèle n° 47, l’équipe du CHU
mère-enfant de l’hôpital Sainte-Justine (Montréal) nous
livre son expérience en matière de réorganisation du
travail. Les préposés assurent les soins d’hygiène (équivalent à la fonction aide-soignante en France). Les
techniciens de laboratoire effectuent les prélèvements
veineux : c’est le projet “ abeille ”. Le pharmacien
assure la distribution unitaire des médicaments de
façon quotidienne, en tenant compte des changements
de traitement afin d’éviter tout gaspillage. Après évaluation, deux points essentiels ressortent. Si les IDE se
félicitent de l’amélioration de la prise en charge des
patients (meilleure approche systémique), elles se sentent toutefois “ désinvesties ” des soins techniques et
craignent en cela une diminution de la qualité des
soins.
compétences. Des projets-pilotes sont en cours au
Québec. Cette pratique avancée est déjà officiellement
reconnue en néonatalogie, cardiologie et néphrologie. Des spécialisations en oncologie, soins palliatifs
et urgences-réanimation sont en cours de validation.
Les buts poursuivis sont : développer les compétences infirmières en soins spécialisés, promouvoir la
profession et la recherche infirmière, favoriser l’interdisciplinarité.
Un exemple concret
de pratique avancée
Le service de néonatalogie du CHU mère-enfant de
l’hôpital Sainte-Justine de Montréal nous explique le
rôle de l’IP à l’arrivée et pendant l’hospitalisation d’un
nouveau-né.
Par délégation médicale, elle effectue un examen
physique approfondi, prescrit des examens complémentaires et des traitements et, sous conditions, peut
réaliser des actes thérapeutiques invasifs. Le médecin
confirme alors ou infirme le diagnostic. Les IP ressentent un sentiment de satisfaction professionnelle
et de valorisation. Le rôle propre infirmier et l’approche
systémique du patient prend aussi toute sa dimension
dans ce type de service.
La pratique avancée infirmière
Ce concept, apparu dans les années 1960 aux EtatsUnis, se définit comme une spécialisation de la pratique des soins infirmiers. Le Canada s’en est inspiré
dès 1970 et les associations infirmières nord-américaines, l’AIIC (Association des infirmiers et des infirmières du Canada) et l’ANA (American Nurses Association), l’ont vivement encouragé et recommandé.
Au Canada, la formation initiale des IDE relève d’un
cursus universitaire. A l’issue d’études de premier cycle,
l’infirmière bachelière (IB) est habilitée à réaliser des
soins de première ligne, aussi appelés soins de base
ou soins généraux. Un second cycle d’études en
sciences infirmières permet alors à l’IB de se spécialiser et d’effectuer des soins de deuxième ligne. Cette
formation supérieure se divise en quatre blocs. Les
deux premiers troncs sont communs. Le troisième
sépare les futures infirmières praticiennes (IP) et les
infirmières cliniciennes spécialisées (ICS). Le quatrième
tronc est consacré à l’élaboration d’un travail de fin
d’études. Les ICS interviennent essentiellement auprès
du personnel soignant (formations, recherche infirmière, élaboration de protocoles de soins…). Les IP,
quant à elles, travaillent dans les secteurs de soins.
Une expérience préalable est toutefois requise dans
la spécialité choisie.
Six provinces canadiennes ont déjà légalisé ces
Bulletin Infirmier du Cancer
Et en Europe ?
A la suite de l’Amérique du Nord, un nombre croissant de pays européens ont introduit depuis plusieurs
années le concept de pratique avancée (Suède, PaysBas, Royaume-Uni…). Le Conseil international des
infirmières (CII) a même créé un réseau international
“ pratique avancée ” spécifique, en vue d’harmoniser
les pratiques et les formations dans ce domaine. En
France, Jean-François Mattei, ministre de la Santé, dispose de nombreux rapports commandités à diverses
commissions afin d’orienter les décisions de la rentrée.
Pour faire face à la demande de soins toujours
croissante dans un contexte de pénurie médicale
annoncée, le plan Hôpital 2007 montre l’émergence
d’un nouveau concept : l’infirmière à compétences
élargies. Affaire à suivre... ■
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