Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Congrès Innovation en formation et pratique infirmières : l’expérience québecoise Sarah BRUN Congrès de la Sidiief (Montpellier, mai 2003) - la facilitation de l’accès au travail des IDE (via l’amélioration des conditions d’embauche et de travail), l’adhésion à des conventions collectives avantageuses, - l’amélioration de la disponibilité des IDE (respect de l’équilibre vie privée-vie professionnelle en créant, entre autre, des crèches pour les mères de famille et en alternant la planification des gardes et des week-ends), - la réorganisation des soins et du travail. Constat actuel A ce jour, il manque environ 65 000 infirmières diplômées d’Etat (IDE) dans la province de Québec (province canadienne francophone). L’âge moyen des IDE actuellement en poste est de 43 ans et le nombre des départs est supérieur à celui des embauches. Les besoins en IDE croissent de 1,13% par an et, à l’horizon 2015, la pénurie prévisionnelle dans cette profession sera de 17 500 postes. Cette situation a amené le gouvernement québécois à mettre en place, dans les années 1990, un plan d’actions provincial, lui-même relayé par des plans d’actions locaux. Les buts en étaient et sont toujours : - la valorisation et l’attraction de la profession infirmière, - la rétention du personnel infirmier. A cet effet, les actions mises en œuvre sont : - un recrutement intensif (par une forte implication du département des ressources humaines), Bulletin Infirmier du Cancer La réorganisation du travail Son but est de recentrer l’IDE sur ses responsabilités spécifiques, de préciser la contribution de tous dans la réorganisation du travail, enfin de réviser les pratiques professionnelles. La loi sur la délégation des actes infirmiers votée 29 Vol.3-n°2-avril-mai-juin 2003 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Congrès en 1990 redistribue les rôles auprès des personnes soignées. Lors de la séance parallèle n° 47, l’équipe du CHU mère-enfant de l’hôpital Sainte-Justine (Montréal) nous livre son expérience en matière de réorganisation du travail. Les préposés assurent les soins d’hygiène (équivalent à la fonction aide-soignante en France). Les techniciens de laboratoire effectuent les prélèvements veineux : c’est le projet “ abeille ”. Le pharmacien assure la distribution unitaire des médicaments de façon quotidienne, en tenant compte des changements de traitement afin d’éviter tout gaspillage. Après évaluation, deux points essentiels ressortent. Si les IDE se félicitent de l’amélioration de la prise en charge des patients (meilleure approche systémique), elles se sentent toutefois “ désinvesties ” des soins techniques et craignent en cela une diminution de la qualité des soins. compétences. Des projets-pilotes sont en cours au Québec. Cette pratique avancée est déjà officiellement reconnue en néonatalogie, cardiologie et néphrologie. Des spécialisations en oncologie, soins palliatifs et urgences-réanimation sont en cours de validation. Les buts poursuivis sont : développer les compétences infirmières en soins spécialisés, promouvoir la profession et la recherche infirmière, favoriser l’interdisciplinarité. Un exemple concret de pratique avancée Le service de néonatalogie du CHU mère-enfant de l’hôpital Sainte-Justine de Montréal nous explique le rôle de l’IP à l’arrivée et pendant l’hospitalisation d’un nouveau-né. Par délégation médicale, elle effectue un examen physique approfondi, prescrit des examens complémentaires et des traitements et, sous conditions, peut réaliser des actes thérapeutiques invasifs. Le médecin confirme alors ou infirme le diagnostic. Les IP ressentent un sentiment de satisfaction professionnelle et de valorisation. Le rôle propre infirmier et l’approche systémique du patient prend aussi toute sa dimension dans ce type de service. La pratique avancée infirmière Ce concept, apparu dans les années 1960 aux EtatsUnis, se définit comme une spécialisation de la pratique des soins infirmiers. Le Canada s’en est inspiré dès 1970 et les associations infirmières nord-américaines, l’AIIC (Association des infirmiers et des infirmières du Canada) et l’ANA (American Nurses Association), l’ont vivement encouragé et recommandé. Au Canada, la formation initiale des IDE relève d’un cursus universitaire. A l’issue d’études de premier cycle, l’infirmière bachelière (IB) est habilitée à réaliser des soins de première ligne, aussi appelés soins de base ou soins généraux. Un second cycle d’études en sciences infirmières permet alors à l’IB de se spécialiser et d’effectuer des soins de deuxième ligne. Cette formation supérieure se divise en quatre blocs. Les deux premiers troncs sont communs. Le troisième sépare les futures infirmières praticiennes (IP) et les infirmières cliniciennes spécialisées (ICS). Le quatrième tronc est consacré à l’élaboration d’un travail de fin d’études. Les ICS interviennent essentiellement auprès du personnel soignant (formations, recherche infirmière, élaboration de protocoles de soins…). Les IP, quant à elles, travaillent dans les secteurs de soins. Une expérience préalable est toutefois requise dans la spécialité choisie. Six provinces canadiennes ont déjà légalisé ces Bulletin Infirmier du Cancer Et en Europe ? A la suite de l’Amérique du Nord, un nombre croissant de pays européens ont introduit depuis plusieurs années le concept de pratique avancée (Suède, PaysBas, Royaume-Uni…). Le Conseil international des infirmières (CII) a même créé un réseau international “ pratique avancée ” spécifique, en vue d’harmoniser les pratiques et les formations dans ce domaine. En France, Jean-François Mattei, ministre de la Santé, dispose de nombreux rapports commandités à diverses commissions afin d’orienter les décisions de la rentrée. Pour faire face à la demande de soins toujours croissante dans un contexte de pénurie médicale annoncée, le plan Hôpital 2007 montre l’émergence d’un nouveau concept : l’infirmière à compétences élargies. Affaire à suivre... ■ 30 Vol.3-n°2-avril-mai-juin 2003