Interruption de grossesse / Avortement

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BBT-LB/ BC
AUJOURD ’HUI L’ETHIQUE - ETHIK HEUTE - ETICA OGGI
Docu m ent en test
Enseignement de culture générale
Aspect : Ethique
Dossier n° 2.2
Interruption de grossesse /
Avortement
Contenu du dossier
I EXPOSE DU SUJET
5
II
6
EXEMPLES
2.1 CAS 1 : ARTICLE DE JOURNAL
2.2 CAS 2 : MARTHE, LUCILLE ET STEPHANE : TROIS POSITIONS ANTAGONISTES
6
7
III DEVELOPPEMENT THEORIQUE ET ETHIQUE
8
3.1. L’EMBRYON
3.1.1. L’histoire
8
8
Bernard Baertschi / IRE / version du 1.7.2000
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3.1.2. La notion de personne
3.1.3. Le statut du fœtus
3.1.4. Quelques arguments personnalistes
3.2. L’INTERET DE L’EMBRYON MIS EN RAPPORT AVEC D’AUTRES INTERETS
3.2.1. Les menaces innocentes
3.2.2. La qualité de la vie en question
3.2.3. Le droit de la femme à disposer de son corps
3.2.4. L’utilitarisme
3.2.5. Les intérêts des tiers
3.3. D’AUTRES POSITIONS RELIGIEUSES
3.3.1. Les Eglises protestantes
3.3.2. Le Judaïsme
3.3.3. L’Islam
3.3.4. Le Bouddhisme
3.4. LA LEGISLATION EN SUISSE ET DANS LE MONDE
9
10
10
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22
23
25
25
26
26
27
28
IV
30
REPRISE DES CAS
4.1 CAS 1 : ARTICLE DE JOURNAL
4.2 CAS 2 : MARTHE, LUCILLE ET STEPHANE : TROIS POSITIONS ANTAGONISTES
30
30
V ELARGISSEMENTS
32
VI DEMARCHE(S) DIDACTIQUE(S)
33
6.1 REMARQUES PRELIMINAIRES
6.2 OBJECTIFS GENERAUX
6.3 OBJECTIFS SPECIFIQUES AU THEME
6.4 TRANVERSALITE DES COMPETENCES
Domaine Langue & Communication
6.5. ANALYSE DE SITUATION
6.6 DONNEES DU PROBLEME
6.7. SUGGESTIONS D'ACTIVITES
6.7.1 Recherche sur Internet
6.7.3 Synthèse des positions
6.7.4 Développement des arguments
6.7.5 Examen des propositions
6.7.6 Débat public
6.7.7 Mise en situation
6.7.8 Analyse d’un document visuel
6.8 SITUATIONS D'APPRENTISSAGE
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35
35
35
35
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6.8.1 Surf en eau trouble
6.8.2 Analyse de textes
6.8.3 Thèses, antithèses et…. synthèse
6.8.4 Le café des philosophes
LE FŒTUS EST UNE PERSONNE
6.8.5 D'accord Ŕ pas d'accord
6.8.6 Débat public
6.8.7 Mise en situation
L'AVORTEMENT EST-IL UN HOMICIDE ?
L’EMBRYON EST-IL UNE PERSONNE ?
6.8.8 Analyse d’un document visuel
6. 9 DOSSIER DE L'ELEVE
43
44
45
46
46
49
50
51
51
51
52
53
VII LEXIQUE
59
VIII BIBLIOGRAPHIE
61
En français et en anglais
In italiano :
En allemand :
SITES INTERNET
www.svss-uspda.ch/index.htm
61
62
63
63
63
IX ANNEXES
64
ANNEXE 1.
Cas 3. Un avortement sélectif
Cas 4 : Bébé Doe
ANNEXE 2
Manifeste en faveur de l'initiative pour la solution du délai
ANNEXE 3
Déclaration d’intention à propos de l’initiative pour la mère et l’enfant
L’initiative pour la mère et l’enfant
ANNEXE 4
Initiative populaire fédérale
64
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65
66
66
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72
72
X TABLE DES MATIERES
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Dossier à l’usage de l’enseignant
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I Exposé du sujet
Interruption de grossesse - Avortement
L’interruption volontaire de grossesse (ou avortement) fait partie des sujets qui mobilisent
les émotions et les passions. C’est bien normal, puisqu’une telle question se pose souvent à
un moment critique de la vie affective vis-à-vis des relations les plus proches (partenaire,
famille, adultes, etc.). Mais c’est aussi qu’elle découvre des conflits moraux : nous ne
sommes pas d’accord sur la manière de qualifier l’embryon (est-ce une personne ou une
chose ?) et nos positions pour ou contre l’avortement mettent en jeu des conflits entre des
valeurs essentielles mais contradictoires : la vie, la liberté, le respect de la nature ou de la
volonté de Dieu ; le droit à disposer de son corps, etc.
Nous sommes donc conscients qu’en abordant en classe une telle question, l’enseignant
s’expose à une problématique difficile, où se mêleront de l’affectif, du psychologique, de
l’existentiel peut-être et pas seulement de l’argumentation. Le sujet nous a paru néanmoins
essentiel, non pour plaider naturellement pour ou contre l’avortement, mais pour aider les
élèves (filles et garçons) à voir plus clair sur leurs convictions et à prendre un certain recul
par rapport à leurs réactions spontanées, en étant informés des positions des autres. De
cette manière, ce dossier peut être vu d’abord comme un dossier d’éthique, tout en
participant à une démarche de prévention, évitant que l’élève, s’il se trouve dans un tel cas,
soit pris totalement au dépourvu.
Cette leçon poursuit ainsi un double objectif :

Permettre aux élèves de mieux prendre conscience de leurs propres opinions et de celles des autres.

Aider les élèves à exercer leurs facultés critiques, y compris sur leurs propres convictions.
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II Exemples
2.1 Cas 1 : article de journal
Ŗ Une adolescente de 12ans va mettre au monde un bébé au début de l'an 2000 grâce à l'Eglise
catholique d'Ecosse qui l'a dissuadée d'avorter en lui proposant de l'aider matériellement.
C'est dans le cadre d'un programme d'aide aux femmes enceintes lancé par le cardinal
Winning, leader spirituel des 7.000 catholiques d'Ecosse, que l'adolescente recevra berceau,
landau, couches, biberons, stérilisateur, vêtements. Une vie est une vie, même si la mère a fauté, dit
le prélat dont l'organisation Pro-Life a déjà aidé quelque 200 femmes - de 14 à 46 ans Ŕ qui avaient
des difficultés matérielles.
Le père du futur enfant est un adolescent de 15 ans ayant des problèmes d'alcoolisme selon les
services sociaux de la petite ville de Torquay, dans le sud de l'Angleterre, où la future mère habite
avec ses parents, au chômage. C'est son père qui a contacté cette association pour éviter à sa fille
d'avorter, comme le lui conseillaient les travailleurs sociaux.
L'intervention de l'Eglise indigne les militantes féministes : Cette adolescente ne peut avoir
une idée de ce que représente la naissance d'un bébé. Elle a probablement aussi une idée fausse de
ce qu'est un avortement, dit Jane Roe de l'organisation Pro-choice. Elle aurait peut-être fait un
choix différent, si on lui avait expliqué correctement. On ne confierait pas son bébé à une babysitter de douze ans. Et l'Eglise encourage une fille de douze ans à avoir un vrai bébé. Le cardinal
Winning ne vit pas dans le monde réel, accuse une militante féministe.
Mais pour MgrTom Connelly, porte-parole de l'Eglise catholique, aider les femmes à éviter
l'avortement, considéré comme un meurtre, est juste : L'âge de la personne n'a pas d'importance. La
vie est sacrée. L'indignation devrait plutôt être dirigée vers la société qui incite les jeunes à
considérer l'activité sexuelle comme un jeu. Même les magazines pour adolescents sont pleins de
conseils pour avoir des relations sexuelles. ŗ
[L'âge légal des relations sexuelles est fixé à 16 ans en Grande-Bretagne (18 ans pour les
relations homosexuelles) mais 3 grossesses d'adolescentes de 12 ans révélées ces dernières
semaines ont choqué. La polémique met au grand jour la grande misère sexuelle des adolescents
britanniques, à laquelle le gouvernement a promis de s'attaquer dans son programme anti-pauvreté.
Les adolescentes britanniques détiennent le record européen des grossesses, des avortements et des
maladies sexuellement transmissibles. Entre 95 et 96, les avortements pour les moins de 16 ans ont
augmenté de 14,5% et les naissances ont augmenté de 6,7%. Les adolescentes anglaises et galloises
ont deux fois plus de bébés que leurs amies allemandes et sept fois plus que les petites
Néerlandaises. Dans une étude, le professeur Martin Mc Kee, spécialiste de la santé européenne
donnait plusieurs explications à cette situation : manque d'éducation sexuelle, pauvreté des
familles, absence des parents qui ont les plus longues heures de travail d'Europe.]
Daniel COULON, Le Soir Bruxelles, Edition du 14/10/99
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2.2 Cas 2 : Marthe, Lucille et Stéphane : trois positions antagonistes
Marthe discute avec Stéphane et Lucille sur l’avortement. Leurs avis sont clairs. Marthe dit :
Ŗ Chacun a des droits sur sa propre personne, y compris sur son corps. Il s’ensuit qu’à l’époque où
l’embryon est encore essentiellement une partie du corps de la mère, celle-ci a le droit de décider
librement d’avorter ou non. L’avortement est autorisé et devrait être permis par la loi. ŗ
Stéphane n’est pas d’accord : Ŗ Je ne peux souhaiter que ma mère ait avorté quand elle était
enceinte de moi, sauf peut-être s’il avait été sûr que l’embryon était mort ou en très mauvaise
santé. Mais si je ne peux le vouloir dans mon propre cas, comment puis-je en toute cohérence
priver autrui du droit à la vie que je réclame pour moi ? Moi, je me conduis selon la Règle d’Or :
Ŗ Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse à toi-même ŗ. Cela veut dire que je
dois refuser à toutes mères le droit d’avorter, sans que cela m’engage toute fois à vouloir faire
interdire l’avortement par la loi ŗ.
Lucille n’est pas de cet avis : Ŗ Tuer est mal. C’est priver de la vie un innocent. Un embryon
est un individu identifiable que seul son stade de développement distingue du nouveau-né sur la
longue route qui mène vers l’age adulte. S’il est bien une vie innocente, c’est celle de l’embryon.
Si l’infanticide est un meurtre, l’avortement est un meurtre. L’avortement n’est donc pas seulement
condamnable moralement mais devrait être interdit légalement ŗ.
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III Développement théorique et éthique
3.1. L’embryon
3.1.1. L’histoire
Avoir des enfants a toujours été valorisé, même s’il a souvent été précisé qu’il ne s’agit pas d’avoir
n’importe quel nombre et n’importe quel type d’enfant. Par exemple, dans la Grèce antique, bien des
personnes estimaient qu’il ne fallait pas laisser vivre un enfant handicapé, notamment Platon et Aristote. Plus
tard, au IIe siècle après Jésus-Christ, le médecin romain Soranus énonça des critères pour déterminer si un
nouveau-né devait être élevé ou exposé. Le christianisme a freiné cette tendance, mais avec des succès
divers, comme l’attestent encore l’affaire de baby Doe (annexe), les avortements Ŗ thérapeutiques ŗ, que
certains estiment qu’il faudrait plutôt appeler Ŗ eugéniques ŗ, pratiqués sur les fœtus porteurs de handicaps.
• PLATON
Ŗ Nous leur accorderons cette liberté [sexuelle] après leur avoir recommandé de prendre toutes les
précautions possibles pour que nul enfant, fruit de ces unions, ne voie le jour, et, s’il en est un qui se fraie de
force sa route vers la lumière, de disposer de lui en tenant bien compte que la cité ne se charge pas de le
nourrir. ŗ (République, V, 461c, p. 216)
• ARISTOTE
Ŗ Qu’une loi défende d’élever aucun enfant difforme. Mais dans le cas d’accroissement excessif des
naissances (comme le niveau des mœurs s’oppose à l’exposition de tout nouveau-né), une limite numérique
doit dès lors être fixée à la procréation, et si des couples deviennent féconds au-delà de la limite légale,
l’avortement sera pratiqué avant que vie et sensibilité surviennent dans l’embryon : le caractère respectable
ou abominable de cette pratique sera déterminé par l’absence ou la présence de la sensibilité et de la vie. ŗ
(Politique, VII, 16, 1335b 20-26, p. 542-543)
• Les quatre critères de SORANUS
L’enfant sera élevé si :
• La mère a été en bonne santé pendant la grossesse,
• L’accouchement s’est passé après le 7e mois de gestation au moins,
• A la naissance, l’enfant a crié vigoureusement,
• L’enfant n’est pas malformé.
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3.1.2. La notion de personne
Qu’on ait longtemps pratiqué des avortements sélectifs indique que les médecins estimaient que deux
fœtus n’ont pas nécessairement les mêmes droits. Aristote trace ainsi une différence importante entre détruire
un embryon non vivant et tuer un embryon vivant. Dans les deux cas, on met une différence morale entre
deux types d’êtres humains. Est-ce justifiable ou est-ce de la discrimination ? Pour répondre à cette question,
il faut arriver à déterminer le statut du fœtus : est-il un être, analogue aux autres êtres humains (dans ce cas,
l’avortement devra être assimilé à un homicide) ou n’en est-il pas un ?
Dans notre tradition, la manière classique d’aborder ce problème est de se demander si le fœtus est une
personne. Cette notion de personne remonte, dans l’usage que nous lui connaissons encore, au Ve siècle de
notre ère, lorsque le philosophe romain BOECE (470-524) a ainsi défini la personne : Ŗ Une personne est une
substance individuelle de nature rationnelle ŗ.
Cette définition est d’inspiration aristotélicienne : tout être vivant a une âme (l’âme est le principe de la
vie), mais il existe des âmes différentes :
• l’âme végétative : celle qui préside aux fonctions vitales de base
• l’âme sensitive : celle qui préside à la vie sensible et affective
• l’âme rationnelle : celle qui préside à la vie rationnelle et volontaire
Ce que veut alors dire Boèce, c’est que les personnes sont les êtres qui possèdent une âme rationnelle.
Pour Aristote comme pour Boèce, ce que l’homme a de propre parmi tous les animaux, c’est cette troisième
partie de l’âme. Avoir une raison et pouvoir se laisser guider par elle, c’est être proprement humain.
La tradition a ensuite suivi ; en voici trois exemples, qui représentent trois courants philosophiques
importants :
THOMAS D’AQUIN
LOCKE
KANT
Le particulier et l’individu se
vérifient d’une manière encore
plus spéciale et parfaite dans les
substances rationnelles, qui ont
la maîtrise de leurs actes : elles
ne sont pas simplement agies
comme les autres, elles agissent
par elles-mêmes. Et l’on sait
que les actions se situent dans
les singuliers. De là vient que,
parmi les autres substances, les
individus de nature rationnelle
ont un nom spécial, celui de
Ŗ personne ŗ.
(Somme
théologique, 1a, q. 29, a. 1)
Il faut voir ce qu’emporte le mot
de personne. C’est, à ce que je
crois, un Être pensant et
intelligent, capable de raison et
de réflexion, et qui se peut
consulter soi-même comme le
même, comme une même chose
qui pense en différents temps et
en différents lieux ; ce qu’il fait
uniquement par le sentiment
qu’il a de ses propres actions,
lequel est inséparable de la
pensée, et lui est, ce me semble,
entièrement essentiel, étant
impossible à quelque Être que
ce soit d’apercevoir sans
apercevoir qu’il aperçoit (Essai,
II, XXVII, § 9, p. 264).
Posséder le Je dans sa
représentation : ce pouvoir
élève l’homme infiniment audessus de tous les autres êtres
vivants sur la Terre. Par là, il
est une personne ; et grâce à
l’unité de la conscience dans
tous les changements qui
peuvent lui survenir, il est
une seule et même personne,
c’est-à-dire
un
être
entièrement différent, par le
rang et la dignité, de choses
comme le sont les animaux
sans raison, dont on peut
disposer
à
sa
guise.
(Anthropologie, p. 17)
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3.1.3. Le statut du fœ tus
Selon cette tradition Ŗ personnaliste ŗ, pour savoir si un avortement est un homicide, il faut savoir si le
fœtus ou l’embryon est une personne. Si on pense qu’il ne l’est pas dès la conception (à l’instar d’Aristote), il
faudra encore demander quand il le devient.
Notons qu’il existe une autre manière, classique autrefois, de poser cette question même si elle est
tombée en désuétude : c’est la question de l’Ŗ animation ŗ. A l’époque, il s’agissait de savoir quand on devait
pouvoir baptiser un avorton même si il n’était pas viable. On se demandait alors : quand l’âme entre-t-elle
dans le fœtus ? A l’époque médiévale, deux camps se sont affrontés :

les partisans de l’animation immédiate : l’embryon a une âme (rationnelle) dès la fécondation ;

les p artisans d e l’anim ation m éd iate (tard ive) : l’em bryon acqu iert u ne âm e (rationnelle)
ap rès la fécond ation.
C’est le même débat qu’on retrouve aujourd’hui avec des arguments plus scientifiques !
3.1.4. Quelques arguments personnalistes
Voici maintenant quelques courants importants qui adoptent une position Ŗ personnaliste ŗ et leurs
principaux arguments.
A. Contre-projet : la nouvelle initiative populaire “ Pour la mère et l'enfant ”
Nous avons choisi de présenter en premier lieu la position présentée par l’association Aide suisse pour la
mère et l'enfant dans un contre-projet à l’initiative parlementaire de la Conseillère nationale Barbara
Haering-Binder, dite des délais.
Bien que ce texte ne fasse pas recours explicite à la notion de Ŗ personne ŗ, il s’y réfère implicitement dans
son plaidoyer pour la protection de la dignité humaine et du droit à la vie en général et montre combien le
débat reste contemporain (texte en discussion en juin 2000).
On trouvera le texte en annexe et sur le site http://www.mamma.ch/fr
A la question de savoir si l'enfant n'est qu'un ensemble de cellules, un œuf fécondé ou déjà un être
humain, les auteurs du contre-projet répondent :
Ŗ Les découvertes ont prouvé que l'existence d'un être humain ne se modifie plus une fois que les
noyaux ont fusionné, il ne fait que continuer à se développer (Werner ARBER, prix Nobel). L'embryon est
déjà un Ŗ représentant de l'espèce humaine ŗ. Avec la fusion des noyaux commence un processus qui
continuera jusqu'à un âge avancé, de manière ininterrompue et sans modification et qui ne prendra fin qu'à la
mort. Le 21e jour qui suit la fécondation, le cœur de l'enfant commence à battre. Après sept semaines, tous
les organes sont présents et capables de fonctionner. L'enfant avant sa naissance bénéficie d'une
Ŗappartenance fondamentale à la communauté juridiqueŗ (Prof. M. PEDRAZZINI, Université de Saint Gall).
Il possède tous les caractères humains. C'est pourquoi il a droit à une protection juridique. ŗ
Conséquence pour l’avortement :
L'avortement n'est jamais une solution, et toujours une grande injustice ; c’est pourquoi on doit
accorder à l'enfant une protection juridique adéquate pour respecter la dignité humaine. Dans les
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situations où l’avortement est envisagé, on doit pouvoir l’éviter en mettant à disposition des mères des
aides appropriées.
B. L’Église catholique romaine
Ces arguments, sans doute partagés par des gens qui n’ont pas tous consciemment les mêmes options
philosophiques et religieuses, rejoignent la position officielle de l’Eglise catholique romaine :
Ŗ Tou t être hu m ain, m êm e l’enfant d ans le sein d e sa m ère, tient le d roit à la vie
im m éd iatem ent d e Dieu , et non d es p arents ou d e qu elqu e société ou au torité hu m aine. Donc,
il n’y a au cu n hom m e, au cu ne Ŗ ind ication ŗ m éd icale, eu géniqu e, sociale, économ iqu e,
m orale qu i p u isse exhiber ou d onner u n titre ju rid iqu e valable p ou r d isp oser d irectem ent et
d élibérém ent d ’u ne vie hu m aine innocente, c’est-à-d ire en d isp oser en vu e d e sa d estru ction
envisagée soit com m e bu t, soit com m e m oyen d ’obtenir u n bu t qu i p eu t-être en soi n’est p as
d u tou t illégitim e. […] La vie d ’u n innocent est intangible, et tou t attentat d irect ou agression
contre elle viole u ne d es lois fond am entales sans les qu elles n’est p as p ossible la vie en société
et d ans la sécu rité ŗ. (Pie XII, 1951, BME, p . 19-20)
Conclusion : tout avortement est un homicide, c’est-à-dire un acte gravement immoral, car toute personne
innocente a un droit absolu à la vie. Comment le justifier ? Par l’argument suivant, inspiré d’Aristote :
L’homme est un être vivant, il a donc une âme. Un être humain adulte a une âme rationnelle, mais
comment savoir s’il en va ainsi pour l’embryon ? En prenant garde aux fonctions de l’âme : l’âme est le
principe de la vie ; l’âme rationnelle de l’adulte est donc aussi responsable des fonctions vitales de l’adulte.
Inversement donc, dès qu’un être humain est vivant, il a une âme qui est déjà rationnelle : il n’y a pas de
chair humaine sans âme humaine (non est caro humana sine anima humana) disait déjà Thomas d’Aquin.
Donc l’embryon est une personne.
Deux objections viennent immédiatement à l’esprit :
Un fœtus n’est pas capable de penser.
Réponse : Ŗ Capable ŗ est employé ici en un sens équivoque. Le fœtus n’est pas capable
maintenant d’énoncer des pensées, mais il a une capacité de pensée qui ne pourra s’exercer
que plus tard, quand il se sera suffisamment développé : il a dès maintenant des potentialités
qu’il n’exercera que plus tard.
Comment peut-on être sûr qu’un fœtus est une personne dès la fécondation et qu’il ne le devient pas
plus tard, notamment lorsque son cerveau se forme ?
Réponse : Ce qui compte, c’est que le fœtus soit un vivant humain. A l’appui de cette
intuition, l’Eglise catholique ne manque pas de tirer parti des découvertes récentes de la
génomique humaine : dès la fécondation, tout le patrimoine héréditaire du fœtus est présent.
De cette manière, le point de vue traditionnel catholique se trouve conforté, même si c’est au
prix d’une réduction de l'essence de l'homme à son patrimoine génétique :
Ŗ La science est venue en aide à la foi et à la philosophie : en montrant que le patrimoine génétique de
chaque individu est complet et invariant dès la fécondation de l’ovule, et qu’il détermine déjà la stature
générale, le tempérament et les dons naturels bruts qui ne feront que se manifester par la suite, la
génétique a permis d’affirmer maintenant que l’ovule fécondé est déjà proportionné à la réception d’une
âme humaine. Aussi pouvons-nous dire avec certitude que l’âme est créée dès la fécondation. ŗ
(G. Baumann, in Fideliter, n° 47, 1985, p. 34-35).
Voyons maintenant quelques conséquences de cette position :
Un avortement motivé par un danger vital pour la mère n’est pas justifiable, car on n’a pas le droit de
tuer un être humain innocent pour en sauver un autre.
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Ŗ Ainsi, par exemple, sauver la vie d’une mère est une très noble fin ; mais la suppression directe de
l’enfant comme moyen d’obtenir cette fin n’est pas permise. La destruction directe d’une vie prétendue
Ŗsans valeurŗ, née ou pas encore née, pratiquée, il y a quelques années, en grand, ne peut en aucune
façon se justifier ŗ. (PIE XII, 1951, BME, p. 20)
Un avortement motivé par un viol n’est pas justifiable :
Ŗ Dans ce cas il y a existence d’un nouvel être dont nous avons déjà décrit l’individualité, distinct de
chacun de ses parents et de chacune de leurs cellules. A partir de ce moment, les exigences de la loi
morale, dépassant même les réactions émotionnelles les plus compréhensives, sont claires : l’enfant
nouvellement conçu ne peut à juste titre être condamné à mort pour le viol d’une femme par un
homme. ŗ (Archevêques de Grande-Bretagne, 1980, BME, p. 158)
Certaines méthodes de contraception (stérilet, pilule du lendemain, etc.) sont en fait des méthodes
d’avortement, car elles agissent après la fécondation et entraînent la destruction de l’embryon.
A la réflexion, cette doctrine rencontre deux objections très sérieuses :
Le Ŗ gaspillage d’âmes ŗ.
Plus de la moitié des grossesses connaissent un avortement spontané durant le premier mois
de la gestation. Il paraît peu conforme à la sagesse divine de créer autant de personnes qui ne
verront jamais le jour.
L’existence des jumeaux monozygotes.
Un être ne peut être une personne que s’il est un individu. Or, pendant les deux premières
semaines de la grossesse, chaque embryon peut se diviser et former des jumeaux. Si cela est
possible, c’est que chacune des cellules de l’embryon a une propriété particulière, la
totipotentialité, qui fait qu’elle peut, seule, former un être humain entier. Cette propriété se
perd vers le quatorzième jour (apparition de la ligne primitive) ; dès ce moment, toute division
de l’embryon aboutit à sa destruction : il est devenu un véritable individu (auparavant donc, il
n’en était pas un).
Avant cet événement, l’embryon est plutôt une collection de cellule, possédant une unité
faible (les cellules sont tenues ensemble par une membrane peu solide : la zone pellucide).
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C. Hugo Tristram Engelhardt
Ce second argument a amené certains auteurs catholiques à soutenir que l’embryon n’est une personne qu’à
partir de l’apparition de la ligne primitive. Un avortement très précoce ne serait donc pas un homicide.
Ŗ Ainsi que les textes sur les anges, les dieux et les déesses l’indiquent, pour ne rien dire des spéculations de
la science-fiction concernant des êtres rationnels et conscients de soi sur d’autres planètes, toutes les
personnes ne sont pas nécessairement des êtres humains. L’archange Gabriel apparaissant à Mahomet dans le
désert et E.T. traversant une ville américaine du XXe siècle sont des exemples d’êtres qui sont des personnes,
bien qu’ils ne soient clairement pas humains. Ce qui caractérise les personnes est leur capacité à être
conscientes de soi, rationnelles et sensibles à la valeur du blâme et de la louange. […] D’un autre côté, tous
les humains ne sont pas des personnes. Tous les humains ne sont pas conscients de soi, rationnels et capables
de concevoir la possibilité d’être loués ou blâmés. Les fœtus, les nouveau-nés, les handicapés mentaux
profonds et les comateux végétatifs sont des exemples d’humains qui ne sont pas des personnes. De tels êtres
appartiennent à l’espèce humaine […], mais ils ne peuvent blâmer ou louer, ni être l’objet de louange ou de
blâme. ŗ (Hugo Tristram ENGELHARDT The Foundations of Bioethics, p. 107)
Conclusion : L’avortement n’est pas un homicide, car le fœtus n’est pas une personne. Pour le justifier,
Engelhardt s’appuie sur certains textes de Kant :
Ŗ Posséder le Je dans sa représentation [= avoir conscience de soi] : ce pouvoir élève l’homme infiniment audessus de tous les autres êtres vivants sur la terre […] Par là, il est une personne ŗ, et par là il est encore
autonome, donc responsable de ses actes : Ŗ Une personne est ce sujet, dont les actions sont susceptibles
d’imputation. La personnalité morale n’est rien d’autre que la liberté d’un être raisonnable sous des lois
morales ŗ (Doctrine du droit, p. 98).
Personne psychologique et personne morale, l’homme est Ŗ un être entièrement différent, par le rang et la
dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise ŗ, comme on l’a
vu.
Ainsi, pour Kant, l’ensemble des êtres se partage en deux classes, les personnes et les choses, qui sont, du
point de vue de leur valeur, respectivement des fins et des moyens :
Ŗ Les êtres dont l’existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n’ont cependant,
quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu’une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les
nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les
désigne comme des fins en soi ŗ (Fondements de la métaphysique des mœurs, p. 104).
Dans cette optique, le fœtus est une chose.
Voyons maintenant quelques conséquences de cette position :
Il n’y a aucune raison de condamner l’avortement, puisqu’un embryon et un fœtus sont des choses et
que des choses sont à la libre disposition des personnes. Ainsi, la question des médecins à la Cour dans
le cas mentionné au début est déplacée, mais pour la raison inverse de celle alléguée par l’Église
catholique romaine ; les deux fœtus sont des choses, celui qui est sain tout autant que le handicapé, et
ils peuvent être détruits tous les deux.
Les possesseurs d’un fœtus sont ceux qui l’ont conçu : les parents, et d’abord la mère. Il y a là un droit
de propriété qui ne peut être contesté, car ce serait une atteinte à l’autonomie des seules personnes
concernées : les parents.
Il est au moins recommandé, voire moralement exigé, de ne pas laisser se développer un fœtus atteint
de malformation grave, car même s’il devient une personne, il sera diminué dans son autonomie
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morale. L’avortement sélectif proposé est donc une bonne chose.
Cette doctrine rencontre au moins une objection très sérieuse :
Si une personne est quelqu’un qui doit pouvoir actuellement faire usage de sa raison, que se passe-t-il
au sujet des grands vieillards ou des enfants ?
Réponse. La solution est claire : ce qui vaut pour les avortons vaut pour les nouveau-nés ou
les enfants non doués de raison. Tout comme l’avortement, l’infanticide ne saurait être
prohibé, du moins tant que l’enfant n’est pas un être raisonnable. Toutefois la thèse défendue
ici n’est pas que l’infanticide et l’avortement doivent être légalement autorisés mais qu’ils ne
sont pas moralement condamnables ; or les exigences de la légalité ne sont pas identiques à
celles de la moralité.
Qu’en est-il de celui qui demeure dans le sommeil, lors de syncopes et de narcose ? Dans ces états,
devenons-nous des choses ?
Réponse : Engelhardt répond à l’objection en faisant remarquer que le support de la raison est
le cerveau, et donc qu’on peut toujours s’assurer du statut de personne d’un être humain par
l’examen de son cerveau (électroencéphalogramme,…).
Mais l’objection rebondit : si c’est le cerveau qui compte, pourquoi ne pas accorder le statut
de personne au fœtus dès que son cerveau (ou sa partie supérieure : le néocortex) se forme ?
Et à cela, Engelhardt ne répond rien, mais d’autres auteurs en font leur critère.
D . La possession du Cortex
Carl SAGAN (un astrophysicien) est un représentant de cette position :
Ŗ La qualité particulière de la vie humaine [personnelle] est alors identifiable au développement et au
fonctionnement du néocortex Ŕ même s’il n’est pas pleinement développé, puisque ceci ne se produit que de
nombreuses années après la naissance ŗ. Il propose de choisir le début du développement du néocortex
comme critère de la personnalité : Ŗ Mais peut-être pourrions nous situer le passage à l’état humain au
moment où commence l’activité néocorticale, telle que peut la déterminer l’électroencéphalogramme du
fœtus ŗ (Les dragons de l’Eden, p. 223).
Chez les philosophes, John SEARLE et Thomas NAGEL adoptent une position similaire.
E. Les représentants normaux
Une autre ligne argumentative voit un risque dans l’attribution de la personnalité à partir des capacités
individuelles (cf. Engelhardt) : ne risque-t-on pas ainsi de priver de tout droit les êtres humains qui ne sont
pas rationnels ? D’où la proposition d’un autre critère : tous les membres d’une espèce dont les représentants
normaux sont doués de raison sont des personnes.
AINSI, LES FŒTUS ET LES NOUVEAU-NES NE SONT PEUT-ETRE PAS DES ETRES RATIONNELS, MAIS
CELA N’EMPECHE PAS QU’ILS SOIENT DES PERSONNES ; IL EN EST DE MEME DES SUJETS COMATEUX
ET DES VIEILLARDS SENILES.
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F. L’embryon, personne potentielle
On peut néanmoins être gêné par le caractère de tout ou rien que ces différentes approchent proposent.
Beaucoup estiment que plus un fœtus avance dans l’existence, plus la valeur morale de sa vie augmente.
C’est ce qu’exprime, par exemple, le Dr. théol. Alberto Bondolfi :
Ŗ Un fœtus n’est ni une chose, ni un tissu - il ne peut néanmoins être assimilé à une personne humaine
qu’après sa naissance ŗ (Walliser Bote, 29.3.96).
Entre le tout et le rien s’esquisse ici une conception gradualiste. Contre ceux qui défendent que le
fœtus est pleinement une personne humaine, Hans Saner rappelle la césure décisive que représente la
naissance, ce Ŗ changement fondamental des mondes ŗ : Ŗ L’embryon n’est pas ce qu’il pourrait
devenir. De même qu'une chenille n’est pas un papillon. ŗ (Hans Saner, 1995).
Cette conception gradualiste pourrait avoir la forme suivante : Un être humain passe par plusieurs
stades : il est d’abord une collection de cellules (jusqu’au 14 e jour), puis un individu simplement
humain (jusqu’à l’apparition du néocortex), puis une personne potentielle (jusqu’à la manifestation de
la conscience de soi), et enfin une personne à part entière lorsqu’il naît viable. Parallèlement, sa valeur
et ses droits gagnent en force.
Dans une telle approche, l’évaluation morale d’une interruption volontaire de grossesse ne compare pas
seulement l’intérêt de l’embryon avec un intérêt possiblement supérieur (la mère, etc.) mais va accorder
une importance croissante à l’embryon au fur et à mesure de son développement fœtal. La vie
embryonnaire a une valeur morale croissante en fonction du stade du développement, même si cette
valeur ne sera jamais l’égale de la vie de l'homme dès sa naissance.
G. Récapitulation
En résumé, on dira que pour beaucoup, la question principale, dans la discussion des aspects éthiques de
l'avortement, porte sur le statut moral de l'embryon. L'embryon est-il un humain avec des droits comparables
à ceux d'une personne déjà née ? Pour la plupart des auteurs Ŗ personnalistes ŗ, le fœtus acquiert un statut de
personne quelque part entre la conception et la naissance. Voici quelques seuils proposés :
conception
perte de la
totipotentialité
formation du
cerveau
formation du
néocortex
viabilité
naissance
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En d ép it d e leu r variété, tou tes les p ositions p récéd entes s’accord ent su r u n m êm e p rincip e m oral :
Il est interdit de détruire intentionnellement la vie d’une personne innocente ; m ais elles sont en
d ésaccord su r la qu estion d e savoir qui est u ne p ersonne. C’est p ou rqu oi d ’ailleu rs on p ou rrait d ire
qu e leu r d ésaccord n’est p as d e natu re m orale (qu e doit-on faire ? qu ’est-il bon d e faire ?), m ais d e
natu re m étap hysiqu e (qu i est u ne p ersonne ?).
Synthèse des principales positions examinées
le fœtus
sa valeur
l’avortement est
Représentant :
non admis
Église catholique
Admis
Thomson
Admis
Utilitarisme
Admis
Kantiens (Engelhardt)
est une personne
dépend de
qu’il est
ce
un être sensible
n’est pas une une chose
personne, mais :
il appartient à une
espèce de personnes
non admis
dépend en partie
de ce qu’il est
a des intérêts qui peuvent entrer en conflit
avec ceux de sa mère
Admis
ne dépend pas de
ce qu’il est
est accepté ou non
Admis
Personne potentielle
Le caractère inadmissible de l’avortement est rarement absolu ; en général, il comporte des exceptions.
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3.2. L’intérêt de l’embryon mis en rapport avec d’autres intérêts
Les conceptions que nous avons exposées jusqu’ici accordent une place prépondérante à la mise en évidence
d’une propriété intrinsèque des êtres humains à partir de laquelle on pourrait fonder un droit à la vie ou une
interdiction de l’homicide. Ŗ Être une personne ŗ est une telle propriété, et Ŗ être sensible ŗ entre dans la même catégorie. Il existe d’autres approches qui tout en souscrivant plus ou moins à telle ou telle conception du
statut de l’embryon, estiment que d’autres intérêts ou motifs doivent aussi être avancés pour apprécier si et
quand une interruption volontaire de grossesse peut être justifiée.
3.2.1. Les menaces innocentes
Beaucoup admettent ainsi que, dans certaines situations, et même si on regarde l’embryon comme une
personne innocente, il peut être moralement permis de le tuer intentionnellement. C’est ce qu’on peut
nommer une menace innocente, la situation où la personne innocente menace gravement la vie de tiers.
L’interruption volontaire de grossesse se justifie alors par un droit de défense (mais non de légitime défense
puisque l’Ŗ agresseur ŗ est innocent !).
Ŗ Une menace innocente est quelqu’un qui, innocemment, est un agent causal dans un processus tel qu’il
serait un agresseur s’il avait choisi de devenir un agent de cette sorte. Si quelqu’un prend un troisième
individu et le lance sur vous qui êtes au fond d’un puits profond, le troisième individu est, tout à la fois,
innocent et représente une menace ; s’il avait choisi de se lancer contre vous dans cette trajectoire, ce serait
un agresseur. Même si la personne qui tombe échappait à la mort dans sa chute sur vous, êtes-vous en droit
d’utiliser votre fusil à rayons pour désintégrer le corps en chute libre avant qu’il ne vous écrase et ne vous
tue ? ŗ (Robert NOZICK Anarchie, État et utopie, p. 54)
Robert NOZICK, l’auteur de ce texte, estime que oui.
A propos de l’avortement, on peut fait souvent entrer dans cette catégorie deux situations :
La situation où il faudrait choisir entre la vie de la mère et celle de l’enfant.
Longtemps, lors d’accouchements difficiles, les médecins qui devaient choisir entre la vie de la mère et
celle de l’enfant choisissaient la seconde. Aujourd’hui, ils privilégieront plutôt la première. Même
parmi ceux qui sont en principe contre l’avortement, beaucoup font ainsi une exception en cas de
danger de mort imminent de la mère et lorsque la mort du fœtus est la seule solution pour la sauver.
Plus problématique est la situation où la vie de la mère n’est plus en danger, mais son intégrité
psychologique ; par exemple lorsque la grossesse résulte d’un viol.
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Une fable, imaginée par Judith Thomson, éclaire ce cas :
Une jeune personne Ŕ homme ou femme, peu importe, mais appelons-la Eulalie Ŕ se réveille un matin et
réalise qu’elle est reliée par un appareil à un célèbre violoniste inconscient qui a besoin d’utiliser
momentanément ses reins sous peine de périr. Les Amis de la musique, qui ont enlevé Eulalie, sont désolés
d’avoir dû en venir là ; ils l’assurent toutefois qu’elle ne risque rien et que, dans neuf mois, sa liberté lui sera
rendue. Est-elle moralement tenue d’accepter cette situation et de laisser l’appareil branché ? (d’après Judith
THOMSON, Rights, Restitution, and Risk, p. 2-3)
J. Thomson pense qu’elle ne le doit pas, même si cela est la cause de la mort du violoniste, car ni ce dernier
ni les Amis de la musique qui l’ont enlevée n’ont un droit sur le corps d’Eulalie, indûment utilisé :
débrancher n’a alors pas d’autre valeur morale que ne l’aurait eu un refus antérieur de se brancher.
3.2.2. La qualité de la vie en question
L’argument du conflit qui peut exister entre la protection de la vie du fœtus et la protection de la
vie de la femme est souvent étendu à la question de la qualité de la vie de la mère ou de l’enfant.
La qualité de la vie de l’enfant
Lorsqu’une décision de poursuivre ou non une grossesse est envisagée, on pourra alors
argumenter en disant que ce n’est pas la vie comme telle du fœtus qu’il faut défendre mais la
possibilité pour lui d’avoir une vie heureuse. Ce qui compte, c’est de savoir si le futur enfant
est désiré ou non, s’il sera aimé ou non. C’est la propriété relationnelle d’être accepté par ses
parents qui compte.
Cette approche a le mérite de souligner que la question de l’avortement ne se limite pas à la question
des Ŗ droits ŗ du fœtus, mais prend en compte le tissu de relations dans lequel l’enfant va s’inscrire.
Quel désir précède l’enfant dans son entourage et, particulièrement, chez sa mère ?
La qualité de la vie de la mère
C’est ainsi que la qualité de la vie de l’enfant est liée à la qualité de la vie de sa mère. Mais on
peut aussi parfois évoquer directement la qualité de la vie de la mère pour la mettre en balance
avec la décision ou non d’avorter. On entre alors dans une zone de flou : comment mettre en
rapport la qualité de la vie de la mère, dans ses différentes composantes physiques, mais aussi
psychiques, sociales, relationnelles et économiques, avec la vie et le développement du
fœtus ? Le risque est alors de vouloir comparer des éléments incomparables ou de rendre la
décision de garder ou non un enfant tributaire d’un calcul impossible…
Conclusion.
L’approche sur la qualité de la vie a le mérite de rappeler que, dans certaines situations
difficiles, ne tenir compte que du droit du fœtus ou placer sa vie systématiquement au-dessus
de l’intérêt de la femme paraît unilatéral et rigoriste…
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N éanm oins cette approche se heurte à plusieurs objections :
elle ne vaut que pour autant qu’on renonce à considérer le fœtus comme une personne ;
elle est incertaine ; comment comparer en effet des éléments aussi disparates que la vie embryonnaire
par rapport à la santé physique et psychique de la femme, l'épanouissement de sa personnalité, sa liberté
personnelle et le souci de n'avoir que des enfants désirés, le bien-être social, etc.
elle n’est pas généralisable à tous les êtres humains :
Ŗ Un être humain peut être désiré un jour, rejeté le lendemain. Faut-il accepter que les vieillards dont
nul ne veut plus cessent d’être des personnes ? ŗ (Anne FAGOT-LARGEAULT, p. 372)
3.2.3. Le droit de la femme à disposer de son corps
Une approche libérale
C’est pourquoi, plutôt que de mettre en balance la qualité de la vie de la mère et celle de l’enfant,
nombreux sont ceux qui renoncent à entrer dans ces considérations pour s’en remettre plus simplement
au droit de la mère de disposer de son propre corps.
D’une certaine manière, cette position prend appui sur le constat d’échec de l’approche
précédente. C’est parce que nous vivons dans une société pluraliste dans laquelle aucun
accord n’est trouvé sur le fait de savoir si l’embryon est ou n’est pas une personne humaine ou
comment arbitrer entre des valeurs contradictoires, qu’il faut s’en remettre à la décision de la
femme. Il n’appartient pas à l’État de décider si et dans quels cas une interruption de grossesse
est moralement juste ; le devoir de l’État est de fixer le cadre juridique dans lequel les femmes
concernées pourront prendre librement leur décision. Dans une démocratie pluraliste, il n’y a
qu’une solution au dilemme posé par l’interruption volontaire de grossesse : la tolérance et le
respect de la liberté de conscience des femmes concernées.
Ŗ L'obligation d'enfanter est inacceptable du point de vue éthique ŗ (Andrea ARZ de FALCO,
théologienne catholique, dans Pfarrblatt de l'Eglise catholique du canton de Zurich, 25.6.95).
Le droit à disposer de son propre corps
Mais l’argumentation va au-delà d’une abstention libérale de l’interventionnisme de l’Etat
dans une sphère sur laquelle il n’aurait pas d’accès privilégié à la vérité. Dans cette approche
qui valorise le droit de la femme, on explique pourquoi elle doit pouvoir disposer de son
propre corps : c’est que l’embryon n’est pas une Ŗ vie indépendante ŗ ; il ne peut se
développer que dans et par le corps de la femme. L’histoire fictive d’Eulalie racontée plus
haut allait déjà dans ce sens. Quand bien même le célèbre violoniste a certes théoriquement le
droit de vivre, cela ne lui confère pas le droit d’utiliser le corps d’Eulalie pour sa survie. Et
cela parce que Eulalie ne lui a pas conféré ce droit.
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L'interdiction de l'avortement signifierait une contrainte à la maternité. Elle violerait toute une série de droits
de la femme et porte atteinte à l'essence même de ses libertés fondamentales :

son droit à la vie, à la santé et à l'intégrité physique ; être obligée de porter à terme une
grossesse non désirée contredirait le droit de chaque personne humaine à disposer de son
propre corps ;

sa liberté de conscience, son autonomie morale et son droit à prendre librement ses décisions ;

son droit à une maternité librement choisie ; nulle ne peut être contrainte, contre sa volonté, de
prêter son corps à une grossesse non-voulue.
Autrement dit, le droit de la femme de disposer de son corps, la défense de sa santé physique et
psychique, l’emportent sur le Ŗ droit à la vie ŗ du fœtus. Ainsi, selon Judith Thomas, un enfant à
naître n’a le droit d’utiliser le corps de la mère que si celle-ci lui en a donné le droit.
L’interruption volontaire de grossesse n’est pas un homicide
Les termes de meurtre, d'homicide et les comparaisons à d'autres délits ne tiennent pas lorsqu'il s'agit
d'interruption de grossesse. Il ne s'agit pas d'un acte agressif dirigé contre une tierce personne.
L'embryon n'est pas un Ŗ autre ŗ. Il se situe dans le corps de la femme qui le porte et se trouve dans une
dépendance corporelle totale vis-à-vis de celle-ci. C'est pourquoi la décision d'interrompre une
grossesse non désirée ne saurait être assimilée à un homicide. Il s'agit d'un refus de laisser grandir le
fruit de la conception dans son propre corps, du refus d'assumer - à un moment et dans des
circonstances données - l'immense responsabilité liée à la maternité.
Quelle protection de la vie ?
Aux yeux des partisans des droits de la femme, l'interdiction de l'avortement n'est pas un moyen
adéquat de protection de la vie. Au contraire, des lois rigoureuses poussent les femmes dans l'illégalité,
où elles risquent leur vie et leur santé. Protéger la vie ne peut se résumer à la protection de l'embryon
envers et contre tout ; cela signifie plutôt :

protéger les aspirations des femmes ;

prévenir les grossesses non désirées et veiller à ce que tout enfant puisse être un enfant désiré ;

créer les conditions, par la politique sociale, pour que la maternité puisse être vécue en toute
conscience et responsabilité.
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Ce point de vue se heurte néanmoins à plusieurs objections :
Ce serait (disent les adversaires de l’avortement) entériner le droit du plus fort contre le plus faible :
L'enfant n'est pas la propriété de la femme. La femme ne peut appliquer son droit de décision qu'à sa
propre personne (son propre ventre mais pas à l'enfant). Dire Ŗ mon ventre m'appartient ŗ signifie que
l'enfant avant la naissance n'a pas le droit d'exiger le ventre de sa mère. Or cette façon de voir les choses
est en contradiction avec le sens général du droit ; si même le droit de la faillite et des poursuites
prévoit que le débiteur insolvable est autorisé à conserver un lit, une table, des vêtements, le minimum
vital, etc., a fortiori l'enfant avant la naissance a le droit lui aussi de disposer du minimum sans lequel
il ne peut pas vivre (le ventre de sa mère).
Une objection moins fondamentale s’interroge sur la responsabilité de la femme.
Soit, la femme ne doit pas supporter contre son gré une grossesse non désirée mais cela n’écarte pas
toute notion de responsabilité de la femme. Si l’avortement peut ainsi être justifiée dans le cas d’une
grossesse subie, à la suite d’un viol par exemple, il n’en est pas de même d’une grossesse qui résulterait
d’un usage irresponsable de sa sexualité. Le risque sinon serait de mettre sur le même plan
l’avortement, qui reste un acte grave même si il est parfois moralement excusable comme le veut le
droit suisse, et n’importe quel moyen contraceptif.
Mais tout n’est pas clair dès lors qu’on introduit l’idée d’une responsabilité de la mère : qu’en
est-il par exemple de l’échec, toujours possible, d’une contraception non réussie ;
d’expériences sexuelles juvéniles ou non réfléchies ; ou plus fondamentalement, peut-on
exiger que dans la sexualité la raison aille de pair avec la passion ?
Judith THOMSON distingue entre l’avortement juste et injuste. Un avortement juste serait celui où la
mère n’a pas Ŗ invité ŗ l’enfant à naître d’utiliser son corps. Un avortement est possible, selon
Thomson, quand la vie de la mère est en cause. Dans ce cas, la mère à un droit à disposer de son corps.
Ce droit serait supérieur au droit de l’enfant à naître. Dans le cas d’un viol, le droit de disposer de son
corps de la mère peut également légitimer un avortement. De même, toujours selon Thomson, un
avortement peut être envisagé quand des mesures raisonnables ont été entreprises pour éviter une
grossesse (contraception non réussie) ou quand l’ignorance est la cause de la grossesse. Par contre, il
n’est pas légitime d’avorter un enfant quand la mère lui a consciemment donné le droit d’utiliser son
corps. Ainsi serait-il illégitime d’avorter un enfant qui a été conçue volontairement, dans le seul but de
pouvoir partir tranquillement en vacance.
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Enfin on peut se demander si à force de vouloir que la grossesse soit voulue, choisie, pensée, on ne
risque pas de passer à côté du bouleversement, de l’inattendu, du Ŗ non pensable ŗ que représentera de
toute façon la venue de l’enfant. Bien des femmes témoignent du fait qu’une grossesse et une naissance
relèvent toujours de la démaîtrise de la vie de la femme comme du couple. Et, pour le moins, on pourra
juger discutable l’affirmation selon laquelle une grossesse programmée serait la condition sine qua non
pour qu’elle puisse être vécue dans la joie, et pour que les familles puissent mener une vie épanouie.
3.2.4. L’utilitarisme
Une grande école philosophique occidentale depuis deux siècles raisonne autrement qu’à partir du sujet et de
ses droits. Selon elle, la communauté morale n’est pas formée des personnes seulement (comme le pensent
des auteurs aussi différents que Kant ou Engelhardt), mais de tous les êtres qui sont capables d’éprouver du
plaisir et de la douleur, c’est-à-dire pour tous les êtres doués de sensibilité. S’il y a une position éthique ou
morale à défendre, celle-ci ne peut consister en autre chose que de faire en sorte que le plaisir l’emporte sur
la douleur. La solution la meilleure dans tout dilemme moral sera celle qui
maximisera la somme
arithmétique des plaisirs, ou des utilités, personnels ; c’est pourquoi cette école s’appelle l’utilitarisme.
Comme le dit Peter SINGER :
Ŗ L’utilitarisme classique, tel que l’expose Jeremy Bentham, son père fondateur, et tel qu’il a été ensuite
affiné par des philosophes comme John Stuart Mill et Henry Sidgwick, juge les actions en fonction de leur
tendance à maximiser le plaisir et la joie, et à minimiser la souffrance et la tristesse. Des mots comme plaisir
et joie manquent tous deux de précision, mais il est évident qu’ils font référence à quelque chose dont on fait
l’expérience, que l’on ressent, en d’autres termes à des états de conscience. ŗ (Questions d’éthique pratique,
p. 95-96)
On peut qualifier la position utilitariste de Ŗ pathocentriste ŗ, en opposition à l’Ŗ anthropocentrisme ŗ qui met
la personne au centre (le terme n’est pas très judicieux, car Ŗ homme ŗ et Ŗ personne ŗ ne sont pas forcément
coextensifs, mais l’expression est consacrée).
Qu’en serait-il d’une approche utilitariste de l’avortement ?

Le critère de la sensibilité fait que tous les êtres sensibles comptent même si ils ne sont pas
rationnels, notamment les animaux ou les fœtus, dès qu’ils peuvent expérimenter plaisir et
douleur, c’est-à-dire dès qu’ils possèdent un système nerveux suffisant à cet effet.

A partir de là, le principe moral veut qu’on maximise le bonheur-plaisir de tous les êtres
sensibles. En tout état de cause, les réactions ou les perceptions conscientes (perception de la
douleur par exemple) sont impossibles avant la 22e semaine, l’écorce du cerveau fœtal n’étant
pas fonctionnelle avant, et il n'existe pas non plus d'ondes cérébrales régulières avant ce stade du
développement. L’avortement ne posera donc pas de véritable question morale.

Au-delà, un avortement ne sera moralement justifié que s’il maximise le bonheur de tous les
êtres sensibles en présence. Comme il faut tenir compte de la grande différence qui existe entre
la capacité de souffrir d’un fœtus et celle d’êtres humains adultes, vu la différence de leur niveau
de conscience, l’avortement sera légitime. À moins qu’on s’approche du terme de la grossesse…
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3.2.5. Les intérêts des tiers
Potentiellem ent l’ap p roche u tilitariste p rop ose d e p rend re en com p te l’intérêt d e tou s les concernés
à la d écision : la fam ille, le p artenaire, d ’au tres p arents qu i p ou rraient vou loir ad op ter l’enfant, la
société qu i p ou rrait m anqu er d ’enfants et d e fu tu rs citoyens ou contribu ables, etc. Mêm e si il est
d ifficile d e qu antifier le p laisir et la d ou leu r d e chacu n selon qu e l’avortem ent a lieu ou n’a p as lieu
et su rtou t d e m ettre en rap p ort ces d ifférents p laisirs et p eines, l’ap p roche u tilitariste a le m érite d e
sortir ainsi d e la bip olarité m ère/ enfant, ou fem m e/ fœ tu s p ou r introd u ire les au tres p rotagonistes
qu i p ou rraient avoir leu r m ot à d ire d ans u ne telle situ ation.
Mais jusqu’où faut-il prendre en compte ces avis extérieurs à la femme et l’enfant ?
Éviter les pressions
Lorsqu’une femme doit décider de poursuivre ou d’interrompre une grossesse, son partenaire, son mari,
sa famille ou son entourage estiment souvent que la décision leur incombe à eux aussi. Mais faut-il leur
reconnaître d’avoir part à la décision ?
On entre ici dans une zone de flou entre ce qui relève de l’éthique et ce qui relève de la psychologie.
Empiriquement, lorsqu’on s’interroge sur les raisons qui poussent une femme à avorter, on trouve
toutes sortes de motifs : le fardeau psychologico-physique, la situation financière très précaire, la peur
de la responsabilité et de l’avenir, l’absence de désir d’enfant, des difficultés avec le partenaire ou avec
ses propres parents, la peur de prétériter sa situation professionnelle, etc.
Ce qui est certain, c’est que le regard des autres et les pressions que peuvent exercer les proches sont
souvent déterminants. Or dans une perspective éthique, une décision ne peut être justifiée si elle n’est
pas libre ; la liberté est la condition de possibilité de l’éthique. Autrement dit, tant mieux si le
partenaire, la famille, les tiers prennent au sérieux sa responsabilité et parviennent avec la femme à une
décision commune, mais il est essentiel que la femme, à cette occasion, ne subisse pas de pressions de
son entourage ou de contraintes sociales. En dernier ressort, la décision ne doit incomber qu’à elle.
Ŗ Une décision éthique ne peut être prise que par la personne qui, dans la réalité, doit en supporter les
conséquences et en répondre. ŗ (Hans SANER).
Sans doute le partenaire de la femme enceinte a-t-il le droit de dire s'il a envie de devenir père ou non.
Par contre, il n'a pas le droit de forcer la femme à avorter ou au contraire à mener à terme sa grossesse.
L’éthique rejoint ainsi le verdict du droit : les tribunaux de plusieurs pays ainsi que la Commission
européenne des droits de l'Homme ont refusé toutes les plaintes émanant de Ŗ pères ŗ potentiels qui
voulaient empêcher leur partenaire d'avorter.
Bien sou vent, le conflit d e l’avortem ent est, p ou r la fem m e, u n conflit d e loyau té et/ ou
d ’id entité. La loyau té envers l’enfant à naître ne lu i p araît p as com p atible ave c la loyau té
envers, p ar exem p le, son p artenaire qu i refu se l’enfant. La m ère risqu e d e p erd re l’am ou r et la
relation avec son p artenaire, qu i la m enace d e la qu itter si elle gard e l’enfant. Au tre cas d e
figu re : la loyau té d e la m ère avec l’enfant est en conflit avec la loyau té d e la m ère avec ses
p arents qu i refu sent le p ère, qu i p ayent la form ation d e la m ère et qu i ont d es attentes p récises
envers leu r fille. De m êm e est-il p ossible qu ’il y ait u n conflit d e loyau té envers les enfants
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d éjà existants d e la m ère, au xqu els elle ne p ense ne p ou voir p lu s d onner assez d ’attention et
d ’am ou r.
Eviter l’enfant substitut
A l’inverse, la liberté de la femme ne doit pas être un dogme au point de refuser de toute interrogation
critique sur ses motifs. Accorder une place centrale à la liberté de la femme ne signifie pas que toute
raison sera légitime du moment qu’elle sera sincère sur le moment de prendre sa décision.
Au sein même des mouvements qui sont les plus sensibles à la liberté de la femme (par exemple, le
Planning familial ; consulter les réflexions à l'intention d'un groupe d'adultes responsables d'éducation,
http ://www.ping.be/planning-familial/etremere.html), on insiste sur les mauvaises raisons qui peuvent
inciter la femme à vouloir une grossesse : par exemple, l'adolescente en rupture avec sa famille, où la
grossesse survient sur un coup de tête comme un cri d'alarme, comme une solution à un besoin de
reconnaissance sociale, comme la compensation possible d’une carence affective, ou comme le
substitut d’un décrochage scolaire… A l’inverse, on doit aussi se demander s’il n’y a pas de mauvaises
raisons de ne pas vouloir garder un enfant : le sentiment de n’être pas prêt, le bouleversement que
l’enfant va représenter dans ses plans, la peur du regard des autres, etc.
Pour éviter ces deux risques (la pression de l’entourage et l’enfant substitut) est donc souhaitable que la
femme qui est confrontée au dilemme de l’avortement puisse clarifier les enjeux par des conseils et
accompagnements professionnels.
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3.3. D’autres positions religieuses
Nous avons évoqué plus haut la position officielle de l’Eglise catholique romaine ainsi que l’avis d’autres
penseurs catholiques (Engelhart, Bondolfi, etc.). Il nous a paru bon, dans un souci d’équilibre et de
pluralisme, de mentionner aussi ici les positions d’autres Eglises ou traditions religieuses.
3.3.1. Les Eglises protestantes
Les Eglises issues de la Réforme présentent, tout comme l’Eglise catholique, aussi une variété d’opinions :
certaines défendent au nom d’arguments bibliques une position intransigeante contre l’avortement (cf. par
exemple, site Religious Coalition for Reproductive Choice).
De nombreuses Églises protestantes défendent toutefois une position différente.
La Fédération protestante de France, par exemple, qui regroupe les principales Eglises et communautés
protestantes en France s’exprime ainsi :
Ŗ Dans un souci de Ŗ moindre mal ŗ, la Fédération Protestante s’est à plusieurs reprises exprimée en
faveur d’une loi permettant l’avortement médical en cas de détresse, parce qu’il lui semblait impossible
de refuser le secours de la médecine à une femme dans la détresse, ou refusant la naissance d’un enfant
gravement handicapé. ŗ (Livre blanc de la commission d’éthique, p. 7)
La position de ces Eglises est donc de refuser de banaliser l’avortement mais aussi de
reconnaître la situation de détresse dans laquelle la femme peut se trouver. D’où la thématique
du Ŗ moindre mal ŗ : l’embryon est une vie potentielle et non une chose mais ce qui est
premier, c’est la femme. Ainsi, dans la décision à prendre, ce qui compte avant tout, ce n’est
pas la question métaphysique du statut des êtres en présence, mais que l’action soit entreprise
en toute responsabilité vis-à-vis de soi-même, des autres, de l’enfant dont la vie est en jeu, et
ultimément de Dieu.
La Fédération des Eglises protestantes de la Suisse (FEPS) partage cette position et considère la
grossesse comme une situation de transition : d’un côté, il y a des couples qui entretiennent des
relations sexuelles dans les années où ils sont féconds ; il leur incombe - aux deux, et non seulement à
la femme - de faire un usage responsable des moyens contraceptifs. De l’autre, il y a l’enfant à naître,
qui a incontestablement droit à la vie. Pour la réglementation juridique de cette situation de transition
entre la fécondation et la naissance, la FEPS formule le principe suivant :
Ŗ Plus le développement de la vie de l’embryon est avancé, plus on doit attacher de poids à sa
protection. Concrètement, nous voyons la gradation suivante : dans le premier tiers de la grossesse, la
femme enceinte (ou le couple) doit pouvoir décider sous sa propre responsabilité ; dans le deuxième
tiers, les avortements doivent être autorisés lorsque la santé de la mère est gravement menacée ; dans le
dernier tiers de la grossesse, une fois que le fœtus est viable, les interruptions de grossesse doivent être
interdites. ŗ (Grossesse : la dignité de la femme et la protection de la vie, FEPS, Berne, 1997, p. 3)
Nombreux sont les catholiques en Suisse qui sont proches de cette position.
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3.3.2. Le Judaïsme
Le texte le plus cité dans le Judaïsme pour penser la question de l’avortement vient du livre de l’Exode
chapitre 21, versets 22 à 25 :
Ŗ Lorsque des hommes, au cours d’une rixe, bousculeront une femme enceinte qui de ce fait avortera, mais
sans en mourir, l’auteur de l’accident devra payer l’indemnité imposée par le maître de cette femme et il la
paiera par l’intermédiaire d’arbitres. Mais si elle en meurt, tu donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour
dent, pied pour pied, brûlure pour brûlure, meurtrissure pour meurtrissure, plaie pour plaie ŗ.
Les commentateurs juifs en déduisent qu’il y a une différence de statut entre un fœtus et un être humain né.
Ceci autorise l’avortement lorsque la vie ou la santé de la mère sont menacées ou lorsque l’enfant risque
d’être malformé. Dans les autres cas, l’avortement est généralement jugé contraire à la volonté divine.
3.3.3. L’Islam
L’impératif de protéger la vie humaine dès la conception est plus mis en avant aujourd’hui que dans la
période classique. Le principe est que l’enfant qui doit naître est la propriété de Dieu et qu’il n’est donc pas
laissé à la disposition de ses parents. Ainsi la première conférence internationale pour la médecine islamique
tenue à Koweït en 1981 a proscrit toute dépénalisation de l’avortement.
Cette position de principe ne doit pas masquer de nombreuses exceptions. En Egypte, en Algérie, en Iran, au
Pakistan et en Turquie, où l’avortement est interdit par principe, on accorde des exceptions si la vie de la
mère est en danger. En Tunisie et au Maroc, l’indication médicale est prise en sens plus large. Sont acceptés
non seulement les cas où la vie de la mère est en danger, mais ceux où sa santé est en cause. La Tunisie
admet un avortement jusqu’au troisième mois de la grossesse.
Par ailleurs, dans différents pays musulmans, indépendamment des mouvements laïques qui cherchent à faire
valoir des arguments non religieux (l’avortement serait légitime tant que les femmes ne seraient pas
suffisamment informées sur leur sexualité), existent des débats internes à l’Islam lui-même sur le statut qu’il
faut accorder à l’enfant. Beaucoup pensent ainsi, à la suite d’une position traditionnelle, qu’un embryon n’est
une personne humaine que lorsque ses membres sont développés et que son âme lui a été insufflé. Selon ce
courant, l’avortement serait donc moralement acceptable en deçà de ce seuil que certains placent au 120ème
jour ou plus tôt selon d’autres autorités.
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3.3.4. Le Bouddhisme
Le Bouddhisme interdit toute forme d’homicide de manière plus radicale encore que dans les religions du
Livre (judaïsme, christianisme, Islam) : détruire une vie, même embryonnaire, est ainsi condamné. C’est
pourquoi les mines bouddhistes du Japon font par exemple des prières pour les enfants morts avant leur
naissance et leur rendent même une forme de culte. Toutefois, la morale bouddhiste est une morale de la vertu,
non de l’obligation : elle se veut un guide, non un recueil de devoirs stricts et d’interdits.
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3.4. La Législation en Suisse et dans le monde
Pour le texte de loi en vigueur et les différentes modifications proposées, se référer aux différents sites
pour ou contre la solution dite Ŗ des délais ŗ (interruption de grossesse légalisée dans les premiers mois
de la grossesse) et les annexes qui se trouvent à la fin de ce dossier.
L'embryon a-t-il un droit à la vie ?
La Cour constitutionnelle allemande est le seul tribunal occidental qui, en 1993, a reconnu un droit à la
vie à l'embryon. Néanmoins, elle a déclaré admissible une solution du délai accompagnée d'un entretien
de conseil obligatoire.
Par contre, les Cours suprêmes de Belgique, de France, d'Angleterre, d'Autriche, des USA et du Canada
ont retenu que le droit à la vie ne s'applique pas à l'embryon. Les tribunaux des USA (1973) et du
Canada (1988) ont reconnu à la femme concernée le droit fondamental, protégé par la Constitution, de
prendre une décision libre et autonome.
La Commission européenne des droits de l'Homme a précisé que l'expression Ŗ toute personne ŗ à
l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'Homme, qui garantit le droit à la vie, ne
s'applique pas à l'enfant à naître (décisions du 13.5.1980 et du 19.5.1992).
En Suisse, jusqu’à présent, Ŗ la doctrine ne reconnaît des droits fondamentaux qu'aux êtres humains
déjà nés ŗ (Message du Conseil fédéral sur la révision de la Constitution fédérale, 1996).
De manière générale, partout dans le monde, la tendance à la libéralisation des lois sur l'avortement se
poursuit. Au début de 1997, l’Afrique du Sud s'est ralliée aux pays pratiquant le Ŗ régime du délai ŗ. En
juin 1998, le peuple portugais a rejeté de justesse un tel régime, qui avait été adopté par le Parlement,
tandis que l'Australie occidentale a mis en vigueur une telle solution. Aujourd'hui,

41 % de la population mondiale environ vit dans des pays où la loi autorise l'interruption
volontaire de grossesse à la demande de la femme, dans un certain délai ou sans restrictions dans
le temps.

20% de la population vit dans des pays qui autorisent l'interruption volontaire de grossesse pour
des motifs sociaux.

39 % de la population, principalement dans le Tiers Monde, vit dans des pays où l'interruption
de grossesse n'est autorisée que si la vie ou la santé de la femme se trouve menacée.
La plupart des pays européens, les États-Unis, l'Australie occidentale ainsi que la Chine et quelques
autres pays en voie de développement connaissent, parfois depuis plus de 25 ans, une solution du délai.
Le Canada a abrogé toute disposition concernant l'avortement dans le Code pénal.
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Ceci étant, cette évolution patente des mœurs ne dit encore rien sur le plan de l’éthique. On devra
rappeler aux élèves la différence qui existe entre l’état des mœurs et ce que nous estimons bon ou
juste, entre faits et valeur, entre ce qui est et ce qui doit être.
Ni le droit, ni les mœurs, ni même les connaissances scientifiques ne prouvent que l'embryon est
ou n’est pas une personne humaine. La biologie nous permet aujourd'hui de décrire ce qui se
passe exactement dans les différents stades du développement de l'embryon. Par contre, quelles
sont les caractéristiques qui font l'homme, la personne humaine, quelle est la valeur morale de la
vie embryonnaire en comparaison avec d'autres valeurs, ce sont là des questions éthiques et
philosophiques auxquelles les sciences humaines ou biologiques ne peuvent répondre.
Sur le plan empirique (non normatif) les adversaires de la solution des délais soulignent souvent
que l'introduction d'un régime du délai conduise à une augmentation sensible du nombre
d’avortements et à négliger la contraception. Il semble que cela soit faux.
La situation en Allemagne, Belgique, Hollande, Norvège et Suède, avant que ces pays
n'introduisent le régime du délai, était très semblable à celle que nous connaissons en Suisse :
la libéralisation de l’avortement s'était déjà instaurée et la contraception était déjà largement
ancrée dans la population. Or, dans aucun de ces pays, le nombre d'interruption volontaire de
grossesse n'a augmenté de manière sensible après la libéralisation.
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IV Reprise des cas
4.1 Cas 1 : article de journal
On voit dans ce cas se heurter frontalement la position de l'Eglise catholique et celle des
militantes féministes.
On pourra aider les élèves à développer chacun des arguments.
Mais on sera aussi sensible à la manière dont se polarise le débat sur deux positions antagonistes,
en laissant de côté toutes sortes d’autres arguments,… et surtout l’avis de la principale
intéressée.
D’autres pensent pour elle : ses parents, la porte parole de l'organisation Pro-choice (Ŗ Cette
adolescente ne peut avoir une idée de ce que représente la naissance d'un bébé. Elle a
probablement aussi une idée fausse de ce qu'est un avortement ŗ), comme le porte parole de
l’Eglise catholique (Ŗ L'indignation devrait plutôt être dirigée vers la société qui incite les jeunes
à considérer l'activité sexuelle comme un jeu. Même les magazines pour adolescents sont pleins
de conseils pour avoir des relations sexuelles. ŗ)
4.2 Cas 2 : Marthe, Lucille et Stéphane : trois positions antagonistes
Le cas présente trois positions typiques concernant l’avortement. Il nous est maintenant plus
facile de situer leurs arguments.
La position de Marthe est celle d’une conception de la loi et du contrat social qui trouvent ses
antécédents chez John Locke (1632-1704) et dans la philosophie du droit naturel anglaise. Chacun a des
droits sur sa propre personne, y compris sur son corps. Le règlement social par les lois (contrat social)
peut autoriser l’avortement. C’est aussi la position en partie défendue par Judith THOMSON et d’autres
femmes. Ce sont les droits individuels qui sont au centre de l’argumentation. On peut mettre à
disposition son corps à quelqu’un d’autre (l’enfant), mais uniquement par consentement libre. Si ce
consentement libre n’est pas garanti, on a le droit d’avorter.
Une des objections majeures que l’on peut faire à la position du contrat par des lois est la suivante :
Comment le contrat peut-il être juste, si un des concerné directement, c’est-à-dire l’enfant, n’a pas pu
dire oui ou non au contrat ? Ne décide-t-on pas au-dessus de la tête d’un enfant ? Cette objection seraitelle vaine, car l’enfant à naître n’est pas encore une personne ? Quand commence la vie humaine ?
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Cette position se heurte aussi à la problématique de l’universalisation, qui est défendue par Stéphane.
La position de Stéphane est la suivante. Il ne peut souhaiter que sa mère ait avorté quand elle était
enceinte de lui. Mais s’il ne peut le vouloir dans son propre cas, comment peut-il en toute cohérence
priver autrui du droit à la vie qu’il réclame pour lui ? Stéphane se conduit selon la Règle d’Or : Ŗ Ne
fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse à toi-même ŗ. Cela veut dire qu’il doit refuser à
toutes mères le droit d’avorter, sans que cela l’engage toute fois à vouloir faire interdire l’avortement
par la loi.La règle de réciprocité et d’universalisation est inspirée par l’éthique déontologique de Kant.
L’impératif catégorique, qui stipule qu’il ne faut jamais utiliser autrui uniquement comme un moyen,
mais toujours aussi comme une fin, peut vouloir dire que, dans un cas d’avortement, l’embryon est
abusé uniquement comme un moyen. Par contre, si l’on considère l’enfant à naître non pas comme une
personne humaine, alors personne n’est utilisé uniquement comme un moyen, et l’avortement est
considéré comme moralement légitime.
L’avis de Lucille est inspirée par une éthique des vertus. Sa hiérarchie des valeurs est claire. Ŗ Tuer est
mal. C’est priver de la vie un innocent. ŗ C’est dans une large mesure la position de l’église catholique
et des partisans du Ŗ droit à la vie ŗ. Elle se base sur le critère qu’un embryon est un individu
identifiable. Seul son stade de développement le distingue du nouveau-né sur la longue route qui mène
vers l’age adulte.
Les Eglises protestantes, par exemple, voient aussi dans l’embryon un stade du développement, mais
elles en tirent d’autre conséquences, moins absolues. On pourrait aussi qualifier cette position de
déontologique. Elle donne à l’embryon le statut d’un être humain, que l’on ne doit absolument pas tuer.
L’obligation est absolue : il faut défendre la vie de l’enfant à naître ; la position déontologique
n’envisage pas les conséquences de cette interdiction (la mort éventuelle de la mère, la non-acceptation
de l’enfant, la naissance d’un enfant gravement handicapé).
Il est important de souligner la distinction qui est faite aussi bien par Marthe et par Stéphane. La
légalité juridique d’un acte n’est pas forcément équivalent avec la justification ou la considération
éthique. Un acte peut être légitime sur le plan juridique, mais non souhaité du point de vue de l’éthique.
Ainsi, Marthe pense que l’avortement est un acte éthiquement justifiable et devrait être permis par la
loi. Pour Stéphane, par contre, l’acte d’avorter n’est pas universalisable, donc éthiquement pas justifié.
Cela ne conduit pas Stéphane à vouloir interdire l’avortement par la loi. Lucille, elle, condamne
moralement l’avortement. Selon son argumentation, il faudrait aussi l’interdire par la loi.
Quand bien même les avis divergent, les trois sont d’accord qu’il faut faire une distinction entre le
moment éthique et le moment juridique. Ainsi, dans les cas suivants, la question de la loi et le rôle de
l’état est au centre : l’Etat, a-t-il le devoir moral, et donc l’obligation de légiférer pour ou contre
l’avortement ? Doit-il s’ingérer dans les affaires et les vœux privés des gens pour défendre les droits de
l’enfant (Ŗ Bébé Doe ŗ) ?
Ces positions sont des positions de type Ŗ idéal ŗ. Dans la vie quotidienne, les arguments peuvent se
compléter. Il est même possible que dans une seule et même personne Ŗ habitent ŗ deux ou trois
positions qui sont en tensions interne dans la conscience morale.
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V Elargissements
Il est important, pour conclure, de remarquer que la décision d’avorter ou non est de toute façon une décision
lourde, parfois dramatique et déchirante.
Différents points sont à souligner :
Une gestion responsable de la sexualité
Il y a moins d’interruptions de grossesse lorsque les femmes et les hommes sont bien informés et que
les deux peuvent gérer leur sexualité en étant conscients de leurs responsabilités. Les pouvoirs publics,
donc aussi les écoles, doivent s’efforcer en premier lieu de susciter cette conscience des responsabilités.
Une société accueillante à l’égard des familles, des enfants et des jeunes
Toutes sortes de mesures socio-politiques - assurance maternité, allocations familiales suffisantes, prise
en charge extra-familiale des enfants, nouveaux modèles d’horaires de travail, villes adaptées à des
enfants, etc. - contribuent à créer une société où les enfants sont bien accueillis et où le nombre des
interruptions de grossesse peut diminuer.
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VI Démarche(s) didactique(s)
6.1 Remarques préliminaires
Contexte
et références
D'une manière générale, les propositions développées dans ce document, de nature
pédagogique ou didactique, respectent le libre choix des méthodes, les objectifs et les
principes "pédagogico-didactiques" exprimés dans le PEC, comme par exemple le
développement de la capacité d'action ou la transversalité des domaines d'enseignement.
Elles sont à prendre comme autant de suggestions susceptibles d'aider les enseignants qui
abordent l'éthique.
Organisation
du dossier
Le document est divisé en deux parties, la première étant rédigée pour les enseignants,
la seconde pour les élèves.
Le dossier des enseignants sert autant de base de recherche et de réflexion, que de guide
méthodologique offrant un approfondissement des sujets abordés, des situations
d'apprentissage ainsi que des solutions aux problèmes posés. A ce titre, il ne convient pas
pour les élèves.
Les extraits cités, tout comme les travaux proposés, sont tirés à part pour constituer le
dossier des élèves. Les enseignants ont ainsi la liberté de choisir ceux qui leur semblent les
plus pertinents et les mieux adaptés à leurs élèves, en abandonnant les autres ou en les
utilisant pour des activités différentes. Bien évidemment, ils peuvent en utiliser d'autres
pour animer le débat éthique ou illustrer une situation-problème.
Utilisation
du dossier
Implications
dans l'ECG
Les enseignants sont invités à choisir avec leurs collègues les éléments du document
qu'ils entendent utiliser dans leur enseignement.
S'ils n'ont pas un caractère obligatoire, les contenus et démarches d'apprentissage
proposés ci-après devraient toutefois être intégrés à l'ensemble des choix pédagogiques
effectués par l'établissement, notamment dans le cadre du PEE, et par l'enseignant.
Ainsi, le développement des compétences langagières et de communication, ainsi que
des compétences personnelles et sociales, est étroitement associé à celui de l'éthique. Par
exemple, la réflexion et le débat éthique (domaine société), qui découlent de l'analyse des
cas présentés, devraient être abordés après ou en même temps que l'argumentation
Domaines
(domaine L&C), cette dernière étant un élément constitutif de l'éthique contemporaine.
Bien que les sujets abordés le soient essentiellement d'un point de vue éthique, ils
offrent aussi d'autres perspectives. Ainsi les auteurs de ces documents ont-ils jeté parfois un
bref regard juridique, historique, politique, psychologique ou encore sociologique sur les
Aspects
problèmes soulevés. Il appartient aux enseignants de développer et de croiser plus ou moins
ces différents points de vue, selon le temps qu'ils souhaitent consacrer à ces apprentissages.
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Démarche
Les activités proposées sont combinables entre elles, ce qui incite les enseignants à
didactique
composer eux-mêmes leurs séquences d'enseignement et déterminer librement la durée, le
rythme, l'alternance de ces activités d'apprentissage et d'en prévoir aussi la planification et
l'évaluation.
Chaque cas fait l'objet d'une brève recherche rédigée dans le but d'aider les élèves à en
comprendre le sens. Cette recherche peut être survolée ou au contraire étendue, suivant le
niveau de compétence déjà atteint par les élèves. Elle peut aussi faire l'objet d'une
pédagogie différenciée.
Précautions
indispensables
Les cas analysés ont été, soit tirés de la réalité, soit rendus très vraisemblables par les
auteurs, afin de confronter, dans une perspective éthique, les jeunes gens avec des questions
et des problèmes essentiels liés à la réalité et correspondant à leurs intérêts (cf. PEC pp. 67). De ce fait, suivant le contexte, ils peuvent éventuellement placer certains d'entre eux
dans une situation psychologique difficile, parce que faisant ressurgir des expériences
douloureuses. Les enseignants seront donc particulièrement attentifs aux réactions de leurs
élèves et renonceront à un sujet le cas échéant ou si le doute s'installe.
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6.2 Objectifs généraux
Les élèves sont capables :
 de découvrir derrière leurs réactions spontanées, la nature de leurs
convictions, de
développer leurs argumentations et d’élargir leurs connaissances sur le sujet.
 de prendre conscience de leurs propres opinions et de celles des autres
 d’exercer leurs facultés critiques, y compris sur leurs propres convictions et à se préparer
aux contradictions inhérentes à notre société

de prendre en compte la complexité du sujet dans l’aspect du droit, du social et du
psychologique.
6.3 Objectifs spécifiques au thème
Les élèves sont capables :
 de rendre conscience des positions pour ou contre l’avortement qui mettent jeu des valeurs
morales essentielles et contradictoires s’inscrivant dans une dimension historique et
culturelle.

de relier le sujet avec des questions de prévention sous-jacentes à l’interruption de Grossesse
comme l’éducation sexuelle, la contraception, la qualité de la relation.
6.4 Tranversalité des compétences
Domaine Langue & Communication
 compétences langagières (lectures, discussion et débat argumentés, rédaction de point de vue
personnel, de synthèse)
 compétences personnelles et sociales (respect de l'opinion d'autrui, respect de soi-même,
responsabilité)
 compétences méthodologiques (analyse de cas, recherche sur Internet)
Domaine Société

autres aspects concernés : droit, histoire et politique, identité et socialisation, technologies
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6.5. Analyse de situation
A travers des situations (cas1. cas2) présentées à l’élève, on posera la problématique de la prise de
décision par rapport au sujet interruption de grossesse et avortement. Ces cas particuliers mettent
en évidence la complexité de la prise de décision. Ces situations demandent une analyse et
permettent de retarder la prise de décision rapide contrairement à des situations qui seraient plus
proches du vécu de l’élève, qui elles pourraient être traitées dans le prolongement de ces cas
d’écoles.
6.6 Données du problème
Cette étape permet de présenter les différents acteurs (protagonistes) de la situation.
A. Pour le cas1, cette situation présente les protagonistes suivants :

une adolescente de 12ans, enceinte

le père de l’enfant âgé de 15 ans, alcoolique

milieux sociaux défavorisés

la famille de l’adolescente
B. Quels sont les intervenants qui agissent dans la situation ?

association pro life

organisation Pro-choice

les travailleurs sociaux

C. A compléter éventuellement.




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6.7.
Suggestions d'activités
L’enseignant(e) choisira une ou plusieurs activités en fonction des objectifs qu’il se sera fixé avec
ses élèves.
6.7.1
Recherche sur Internet
Surf en eau trouble (fiche élève n° 1)
 Cette activité donne l'occasion aux élèves de comparer les informations qu'ils recueillent sur
Internet, de les valider, pour construire ainsi leur propre savoir. Il s'agit en priorité pour eux de
distinguer les données vérifiables des données invérifiables, la fiabilité des données étant capitale
pour affirmer leur position dans le débat éthique.
 Le but de cette activité est d'identifier la position des auteurs des sites par rapport au débat
éthique, et non de porter un jugement sur ce qu'ils présentent. En effet, un auteur peut clairement
exprimer sa propre position tout en communiquant celles des autres, même opposées à la sienne.
 Les instruments d'évaluation proposés sont simples et peuvent être utilisés collectivement
ou individuellement, ensemble ou séparément. Ils ne constituent pas une fin en soi, mais
incitent les élèves à considérer l'origine de leur source comme constitutive de leur
argumentation, donc de leur position.
Analyse de textes
Argumentations
A partir des données de la situation (cas1,cas2), on incitera l’élève à clarifier les positions et à
développer les arguments de chacun des intervenants en présence.
Exemple pour le cas 1 :
 Certains arguments sont présents dans le cas lui-même, d’autres pourront être introduits
par l’enseignant ( ref : développement théorique et éthique) comme la position de l’église
catholique, le droit de la femme à disposer de son corps.
 Les élèves feront la lecture de ces textes de référence et les replaceront chez les différents
intervenants
 Comme prolongement à la réflexion sur les positions idéologiques des intervenants on
mettra en évidence des questions fondamentales, comme le droit de la mère et le fœtus at-il un statut de personne ?
 L'intérêt pédagogique de cette démarche est la décentration des élèves par rapport à leurs
connaissances, leurs représentations, leurs certitudes. La mise en question doit être le
résultat d'une mise en doute et non simplement d'une mise en forme interrogative.
L'activité devrait favoriser un processus de déblocage, d'ouverture.

Dans ce cas, le travail par groupe présente un grand intérêt, car il stimule la créativité tout
en posant certaines exigences de tolérance.
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6.7.3
Synthèse des positions
Thèse, antithèse et… synthèse (6.8.3)
L'objectif de cette activité est de représenter par une vue d'ensemble les différents points de vue sur la
(les problématiques) abordées. L'exemple que nous donnons au point 6.8.3 s'applique à la question de
la valeur accordée à la vie du fœtus. Mais d'autres problématiques peuvent être abordées ainsi.
L'accent sera mis sur la logique.
6.7.4
Développement des arguments
Le café des philosophes (6.8.4)
L'argumentation est capitale dans le débat éthique. L'activité que nous proposons ici vise la
construction d'une argumentation et d'une contre argumentation par rapport aux positions
(propositions) émises à propos des cas. L'objectif final est de trouver un maximum d'arguments pour
et contre chacune des positions, afin d'affiner la sienne et d'enrichir le débat. Cette démarche présente
un intérêt méthodologique indéniable, notamment parce qu'elle introduit une systématique dans
l'argumentation.
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6.7.5
Examen des propositions
D'accord – pas d'accord (6.8.5)
Le jeu consiste à examiner individuellement ou collectivement une liste propositions en rapport avec
le cas analysé. Cette liste, non-exhaustive, peut être dressée par l'enseignant(e), par les élèves ou par
toute la classe. Des propositions peuvent être ajoutées au cours du débat pour autant qu'elles soient
retenues.
Chaque proposition est numérotée de manière aléatoire. Le but de l'activité est de discuter chacune
d'entre elles. Cette discussion doit avoir lieu au sein de groupes qu'on aura pris la peine de constituer
auparavant. L'enseignant(e) peut construire la synthèse à partir des positions de chacun ou de celle des
groupes. La deuxième solution présente l'avantage d'obtenir des groupes qu'ils expriment une position
collective, ce qui incite les élèves à défendre leur position face au groupe. Sous la conduite de
l'enseignant(e), la classe réfléchira aux principes et règles du débat éthique et l'appliquera au mieux
dans les discussions de groupe.
Afin de suivre le débat et de pouvoir affirmer sa position, chaque élève (ou chaque groupe) a sous les
yeux les propositions examinées sous la forme d'une grille. Pendant ou à la suite de la discussion du
groupe, il place une pastille de couleur en regard de la proposition discutée (par exemple verte s'il est
en accord avec la proposition ou rouge s'il manifeste son désaccord). Bien sûr, les positions n'étant
que rarement aussi tranchées, les élèves sont amenés à expliciter, argumenter et parfois nuancer leur
position. Le choix d'une couleur les oblige cependant à effectuer un choix, comme la vie le leur
commande souvent, mais en connaissances de cause. Un choix peut être changé à tout moment, mais
une consultation sur la position de chacun (ou de chaque groupe) peut être ouverte pour connaître
l'état de la réflexion ou encore effectuer une synthèse.
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6.7.6
Débat public
La commission d'éthique
Le jeu de rôles consiste à participer au débat d'une commission d'éthique en défendant une idée qui
n'est pas forcément la sienne. L'activité se concentre essentiellement sur la qualité de l'argumentation,
sur l'élaboration et le respect des règles de fonctionnement de la commission. Les idées à défendre
sont inscrites sur des cartes tirées au sort par les participants. On peut imaginer que le débat se déroule
entre les représentants (élus ou tirés au sort) de groupes préalablement formés.
Les arguments sont affûtés dans chaque groupe avant d'être exprimés dans le cadre du débat. ( voir
document de référence :position des églises et des associations) Un temps mort peut permettre aux
participants de compléter leurs arguments, de nuancer leur propos ou d'être relayés par un autre
représentant du groupe.
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6.7.7 Mise en situation
Précaution à prendre :
La mise en situation met l’élève en jeu sur un sujet délicat. Il s’agit donc de préciser au
préalable qu’il faut présenter la situation afin d’amener des points de discussion et non de se
mettre personnellement en scène.
Pour ce type de démarche, il peut être intéressant d’associer l’assistant social, l’infirmière
scolaire, un intervenant extérieur dont la compétence est reconnue.
Deux démarches vous sont proposées ci-dessous, classées en fonction des difficultés de
réalisation dans l’ordre croissant.
A partir d’un des cas choisis, on pourra demander aux élèves d’imaginer les conflits internes vécus
par différents protagonistes directement concernés par l’avortement. On amènera l’élève par ce jeu de
mise en situation à développer une position empathique ( se mettre à la place de l’autre) plutôt que de
chercher à émettre un jugement ou à faire un choix entre une position fondamentale ou une autre. Par
exemple pour le cas1. amener les élèves à formuler les conflits moraux , et la situation
psychologique de la principale intéressée, l’adolescente de 12 ans, ainsi que de sa famille et
du père de l’enfant.
Les élèves travaillant en groupe par 2 ou 3 imaginent un cas. Imaginé Ils restituent par écrit
sous la forme d’un texte narratif d’une page A4 la situation qu’ils ont choisie. Au sein de la
classe parmi les 3 ou 4 propositions écrites, un cas est choisi. On pourra alors demander aux
élèves de joueur le rôle des différents protagonistes en préparant toujours les dialogues par le biais
de la médiation de l’écrit. La mise en situation doit être courte et être suivie d’un débat avec
les élèves qui vise à replacer dans leur contexte et à clarifier les dialogues entre les acteurs.
Cette activité a pour objectif de mettre en forme les questionnements individuels qui sous-tendent la
problématique de l'IVG. et d’introduire des questions de prévention comme l’éducation sexuelle,
l’information sur la contraception.
6.7.8 Analyse d’un document visuel
Le document visuel est souvent apprécié par les élèves pour introduire un sujet. Dans le cas de notre
sujet tout document visuel sera à manier avec précaution, celui-ci doit clairement poser une question
en relation avec l’éthique et non pas être une suite de témoignages personnels déjà orientés.
En annexe nous proposons un document récent (octobre2000) avec le résumé du sujet qui nous
semble correspondre à ce critère.
En plus de l’approche didactique habituelle d’un document audiovisuel, les activités des points 5.4,
5.5,5.6 pourront être réalisées en prolongement de la vision de ce documentaire.
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6.8
Situations d'apprentissage
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6.8.1
Surf en eau trouble
Evaluation des sites WEB traitant de l'avortement (IVG), réalisée selon trois critères :
1.
Importance de l'avortement par rapport aux sujets traités sur le site
le sujet de l'avortement
le sujet de l'avortement (IVG) est
(IVG) est très développé
peu développé
+
le contenu du site porte exclusivement ou
essentiellement sur l'avortement
le contenu du site porte aussi sur d'autres sujets
importants
2. Position par rapport à l'avortement
Il s'agit d'indiquer ici les évidences, sans se perdre en conjecture. En effet, on peut toujours
suspecter un auteur ou un groupe d'auteurs d'adopter telle position, en fonction de critères
idéologiques, politiques ou économiques. Si le doute subsiste quant à sa position (choix des
textes, des images, du graphisme, etc.), on l'indiquera par une position neutre. Cela ne devrait
toutefois pas être le cas souvent.
++
+
nettement en faveur de l'IVG
o
neutre
--
plutôt en faveur de l'IVG
plutôt contre l'IVG
nettement contre l'IVG
Exemple :
nom
du site
n
adresse du site
auteur(s)
++
+
o
-
--
°
L'avortement
est un crime in
1
Notre-Dame de Fatima
perso.infonie.fr/saura/vie.ht
ml
2 Avortement – interruption
de grossesse
www.svssuspda.ch/index.htm
3 L'IVG
site.voila.fr/ivg-epidemio
4 Interruption volontaire de
grossesse
matweb.hcuge.ch/matweb/en
do/cours_4e_MREG/Interruption_
grossesse_liens.htm
X
Union suisse pour
décriminaliser
l'avortement
HUG - Département de
gynécologie et
d'obstétrique
Maternité de Genève
X
X
X
3. Importance de la prise en compte d'autres positions par l'auteur du site
Si l'auteur du site communique clairement d'autres positions que la sienne, on l'indiquera sur le
tableau ci-dessus, par une couleur plus claire par exemple.
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6.8.2 Analyse de textes
Exemple pour le cas 1.
mettre à plat les données du problème
evaluer avec les élèves les différentes opinions en présence
association Pro-Life ; travailleurs sociaux ; association Pro-choice
classer les opinions des protagonistes et distribuer un choix de textes présentant les
théories fondamentales sous jacentes à ces positions ( voir développement théorique et
éthique) comme le statut de l’embryon, et les positions de l’église catholique et d’autres
positions religieuses. D’autres articles récents ou écrits littéraires peuvent aussi être
rajoutés.
Les élèves pourront présenter un résumé de ces textes et ensuite revenir au cas et
s’interroger sur la situation personnelle de l’adolescente enceinte, le père de l’enfant et les
familles impliquées.
Exemple pour le cas 2.
Cette situation se prête particulièrement bien à une analyse de texte.
Comme noté dans la reprise des cas, il s’agit ici de 3 positions typiques concernant
l’avortement dont vous trouverez les fondements théoriques dans le document de
référence.
On pourra conclure par une comparaison entre ces 3 positions.
Pour cette activité les élèves seront répartis en 3 groupes et travailleront chacun sur une de
ces positions pour terminer par la mise en commun.
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6.8.3
Thèses, antithèses et…. synthèse
Postulat de départ
Valeur accordée à la vie du fœtus
sa valeur…
le fœtus…
Point de vue sur
l'avortement
Courants de
pensée
l'avortement est…
ceux qui
l'expriment
injustifiable
Eglise
catholique
justifiable
Thomson
un être sensible
justifiable
Utilitarisme
une chose
justifiable
Kantiens
est une personne
dépend de ce qu'il
est
n'est pas une
personne, mais :
(Engelhardt)
appartient à
injustifiable
une espèce de
personnes
ne dépend pas de
ce qu'il est
est accepté ou non
justifiable
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6.8.4 Le café des philosophes
Tableau des propositions, arguments et contre-arguments
1
L'embryon est une personne
L'embryon n'est pas une personne
car il possède une âme comme celle de ses
congénères
car l'âme vient seulement à la naissance, au
premier cri
car son âme est rationnelle dès lors qu'elle
commande les fonctions vitales de l'embryon
car cette âme n'est pas rationnelle, elle est
végétative
car il est une substance individuelle
car à ce stade, il ne se distingue en rien des
autres
car il n'agit pas par lui-même
2
L'embryon a une âme
car toute chaire vivante a une âme
L'embryon n'a pas d'âme
car pendant les deux premières semaines,
l'embryon peut encore se diviser en deux
personnes, donc deux âmes
car la partie supérieure du cerveau
(néocortex)n'est pas encore formée (Sagan,
Searle, Nagel)
3
Le fœtus est une personne
Le fœtus n'est pas une personne
car il possède en lui les potentialités qui lui
permettront plus tard d'exprimer sa pensée
car il n'est pas capable d'exprimer sa pensée
car son statut de personne peut être vérifié par
électroencéphalogramme (Engelhardt)
car son cerveau n'est pas encore formé
car il possède un génome humain dès la
fécondation
car son patrimoine génétique est déjà complet
: avec la fusion des noyaux, se trouve fixé tout
le programme pour le développement de l'être
jusqu'à sa mort - sans la moindre césure
car l'essence de l'homme ne se réduit pas à son
patrimoine génétique
car la naissance est une césure décisive un
"changement fondamental des mondes"
(Saner)
car son patrimoine génétique est unique
car il est dans un état comparable au sommeil,
lequel ne nous transforme pas en chose
car le fœtus est une chose (cf. Kant)
car tous les membres d'une espèce dont les
représentants normaux sont doués de raison sont
des personnes
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4
Il appartient à la mère de décider
Il n'appartient pas à la mère de décider
si elle veut avorter
si la mère veut avorter
car les "possesseurs" d'un fœtus sont ceux qui
l'ont conçus
car toute vie vient de Dieu et doit être
protégée à ce titre
car l'interdiction d'interrompre une grossesse
(donc l'obligation d'enfanter) porte atteinte
massivement aux droits élémentaires de la
personnalité de la femme et à sa dignité humaine.
L’avortement doit être de la seule décision de la
mère
5
Tout avortement est un homicide
L’avortement ne peut être un choix de la
mère uniquement
L'avortement n'est pas un homicide
car toute personne innocente a un droit absolu à
la vie
car le fœtus n'est pas une personne
car il est un "autre" : il fabrique son propre sang
qui n'entre jamais en contact direct avec celui de
sa mère
car l'embryon n'est pas un "autre". Il se
situe dans le corps de la femme qui le porte
et se trouve dans une dépendance corporelle
totale vis-à-vis de celle-ci.
car il s'agit d'un refus d'assumer - à un
moment donné, dans des conditions
données - la responsabilité que représente la
maternité
s'il maximise le bonheur de tous les êtres
sensibles en présence (cf. Singer)
si l'intérêt de la mère est plus fort que la
valeur de la vie du fœtus à ce stade de
développement
6
Un avortement motivé par un danger vital
pour la mère est justifiable
car il s'agit d'une menace, certes innocente, mais
une menace néanmoins pour la vie de la mère
(Nozick)
7
Un avortement motivé par un viol
est justifiable
car le bien-être de la mère et en conséquence
celui du futur enfant est menacé (cf. Thomson)
Un avortement motivé par un danger vital
pour la mère n'est pas justifiable
car on n'a pas le droit de tuer un être
humain pour en sauver un autre
Un avortement motivé par un viol
n'est pas justifiable
car l'avortement est un homicide
car l'intérêt de la mère est plus fort que la valeur
de la vie du fœtus à ce stade de développement
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8
9
Un avortement motivé par l'existence d'une
malformation grave est justifiable (cf.
Soranus)
Un avortement motivé par l'existence
d'une malformation grave n'est pas
justifiable
car la personne sera profondément atteinte dans
son autonomie
car l'avortement est un homicide
Certaines méthodes de contraception sont en fait
des méthodes d'avortement (stérilet, pilule du
lendemain)
Ces méthodes ne sont pas assimilables à des
méthodes d'avortement
car elles agissent après la fécondation
car le nombre des avortements spontanés
(plus de la moitié des grossesses durant le
premier mois)…
car pendant les deux premières semaines,
l'embryon peut encore se diviser
(totipotentialité des cellules)
10
L'avortement est une méthode de contraception
L'avortement n'est pas une méthode de
contraception
car il permet de contrôler la procréation
11
car l'avortement implique une souffrance
L'avortement doit être interdit par la loi
(choix collectif d'un Etat)
L'avortement doit être un choix
personnel de la femme
car l'obligation de mener une grossesse à terme
et d'enfanter est une sorte d'esclavage (Harrison,
1991), une violation de la dignité humaine
car l'expérience montre que les femmes qui
veulent le faire, peuvent le faire et le font, en
risquant leur santé

car se décider contre la venue d'un enfant,
c'est aussi se décider pour sa propre vie,
pour celle de sa famille, pour procréer plus
tard, dans des conditions plus favorables
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6.8.5
D'accord – pas d'accord
Liste de propositions concernant le cas n°1 (à modifier ou compléter)
N°
1
Proposition
Position
L’avortement est motivé par l’âge de la patiente ici 12
ans.
2
Tout avortement est un homicide
3
L'embryon est une personne
4
La situation financière est insatisfaisante pour la venue
d’un enfant
5
Il appartient à la mère âgée de 12 ans de décider si elle
veut avorter
6
Le fœtus est une personne
7
L’avortement doit être autorisé par la loi dans des délais
définis
8
L'embryon a une âme
9
L'avortement doit être interdit par la loi
10
L'avortement est une méthode de contraception
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6.8.6 Débat public
L’enseignante adaptera l’organisation spatiale de la classe afin de favoriser les échanges. Pour
faciliter le développement de l’argumentation et la prise en compte de l’avis de l’autre, il sera
utile de varier les modes d’expression. Par exemple, outre l’argumentation orale, la technique
de médiation par l’écrit (une carte de couleur par argument, tri et mise en commun dans un
deuxième temps) peut être utilisé.
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6.8.7 Mise en situation
Exemple de situation simple à mettre en situation
Une jeune fille de 17 ans en 2ème année d’apprentissage, vivant chez ses parents. Elle fréquente
depuis quelques mois un garçon de 18 ans en fin d’apprentissage vivant lui aussi chez ses
parents. Leur relation est récente et ils n’ont pas encore fait de projets d’avenir.
Ensemble ils ont discuté de contraception. Suite à un oubli de pilules la jeune fille est enceinte.
Imaginez la discussion possible entre les deux protagonistes.
On peut aussi faire intervenir les familles vu que les deux protagonistes vivent chez leurs
parents et que la jeune fille n’est pas encore majeure.
A partir de cette situation on peut demander aux élèves spectateurs de définir les questions
fondamentales qui sont sous-jacentes à la discussion entre les protagonistes.
Par exemple : à partir de ces questions on pourra reprendre des activités comme 6.8.5, 6.8.4.
Questions
A partir de quand sommes-nous de personnes, des êtres humains ?
Du moment que la mère porte l'enfant, peut-elle décider seule
d'avorter ou non ?
La société a-t-elle le droit d'intervenir dans le choix d'une femme
d'avorter ou non ?
L'avortement est-il un homicide ?
L’embryon est-il une personne ?
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Interruption de grossesse / Avortement
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6.8.8 Analyse d’un document visuel
Le monde du 29 septembre 2000
L’avortement, une première à la télévision
Treize minutes, pas plus Treize Minutes d'images et de Mots lourds d'émotion de pudeur et de questions,
Ŗ Le Magazine de la santé ŗ. nouvelle émission hebdomadaire de La Cinquième animée par Michel Cymes et
Marina Carrère d’Encausse diffuse un reportage sur deux interruptions volontaires de grossesse
(IVG). Réalisé par Julie Zwoboda et produit par 17 juin Production, Avortement : les images pour le dire est
une première à ta télévision. Par le sujet lui-même, que le petit écran préfère traiter dans des débats -, par son
importance, (220'000 IVG en France chaque année), mais Surtout par la façon dont il est abordé sans
fioritures, sans a priori et sans leçon de morale. Ce documentaire témoigne de la souffrance et des
intériorisations des femmes contraintes de recourir à l’IVG, et de leurs angoisses avant et après.
Deux IVG ont été filmées au centre hospitalier d'Arras, où l’on procède à 500 avortements par an : par
aspiration ou par pilule abortive (le Ŗ RU ŗ. comme on l’y appelle), Mais cet hôpital n'a rien d’une Ŗ usine ŗ.
Le personnel hospitalier est à l'écoute des patientes. Un médecin évoque la “ Maltraitance ” subie par les
femmes et dit “ vivre sa pratique de l’IVG comme un engagement, pour que cela se passe mieux ”. On suit
les patientes, dans le cabinet médical, pendant l’échographie (- elles sont libres de regarder ou pas -) et l’on
assiste à l’opération proprement dite. Des gestes et des sons abruptes. L’assistante sociale du service,
Christelle Manessez, est omniprésente. Elle accompagne les futures opérées, leur parle pendant l'IVG puis
les conseille sur là meilleure contraception. Pour elle, deux sentiments rongent les femmes, Ŗ la culpabilité et
la honte ŗ. Son sourire et son humanité sont la meilleure des thérapies pour les adoucir.
Yves Marie Labé.
Samedi 30 septembre 2000 à 218h.00 sur la cinquième
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6. 9 Dossier de l'élève
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Surf en eau trouble
Fiche n° 1
Evaluation des sites trouvés sur Internet traitant de l'avortement (IVG)
1.
Indiquez par un cercle foncé la position de l'auteur du site par rapport à l'IVG
++
nettement en faveur de l'IVG
+
plutôt en faveur de l'IVG
o
neutre
-
plutôt contre l'IVG
--
nettement contre l'IVG
n°
nom du site
adresse du site
auteur(s)
++ +
o
-
--
1
www.
2
www.
3
www.
4
www.
5
www.
6
www.
7
www.
8
www.
9
www.
www.
www.
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2.
Sur la même grille, indiquez par une ou plusieurs croix, la prise en compte d'autres positions par
l'auteur du site
3.
Evaluer pour chaque site l'importance donnée à la problématique de l'avortement (IVG), en
plaçant sur la grille le numéro du site correspondant au tableau précédent
le sujet de l'avortement (IVG) le sujet de l'avortement (IVG)
est très développé
est peu développé
le contenu du site porte
exclusivement ou
essentiellement sur
l'avortement
le contenu du site porte aussi
sur d'autres sujets
importants
-
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Le café des philosophes
Fiche n° 2
Propositions, arguments et contre-arguments
1.
Relevez les propositions à débattre et leur contraire dans les lignes numérotées du tableau cidessous. Sous chacune d'elles notez les arguments. Votre position personnelle ne doit pas
ressortir. Aussi, faites en sorte, dans la mesure du possible, d'opposer un contre-argument à
chaque argument.
1
2
3
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4
5
6
7
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D'accord Ŕ pas d'accord
1.
Fiche n° 3
Relevez les propositions à débattre dans le tableau ci-dessous, en évitant la forme négative. En regard de
chaque proposition, indiquez si vous êtes d'accord ou pas d'accord. Bien entendu, votre position peut
évoluer en fonction du débat. Dans ce cas, corrigez-la au fur et à mesure.
Vous devez vous déterminer, mais pouvez nuancer votre choix, en émettant des conditions par exemple.
L'essentiel est d'écouter et de pouvoir communiquer les arguments en présence.
N°
Proposition
Position
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
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VII Lexique
Amniocentèse
prélèvement de liquide amniotique (liquide dans lequel baigne le fœtus)
dans l’abdomen maternel à des fins d’analyse, notamment pour déceler une
trisomie 21 (mongolisme).
Animation (moment de
l’)
moment où l’âme entre dans le corps.
Anthropocentrisme
doctrine éthique selon laquelle l’homme est le seul être qui possède un
statut et une valeur moraux.
Cellules totipotentes :
cellules non différenciées.
Chimères :
embryon dans lequel on a introduit des cellules ES provenant d’un autre
embryon ; il possède donc deux patrimoines génétiques.
Clonage :
création d’êtres aux mêmes patrimoines génétiques.
Embryon
Dans l'espèce humaine, produit de la conception à partir du troisième mois
de développement dans l'utérus.
Eugénisme
projet visant à influencer la transmission des caractères héréditaires afin
d’améliorer l’espèce humaine.
Exposition des
infanticide pratiqué dans l’Antiquité sur les enfants que leur père refusait
d’accepter comme membres de la famille.
Nouveau-nés
Fécondation
rencontre de l’ovule, féminin, et du spermatozoïde, masculin, suivie de leur
fusion et de la formation d’un zygote.
Fécondation in vitro
(FIV) :
La fécondation in vitro est la rencontre en tube à essai d’un ovocyte et de
spermatozoïdes afin d’obtenir un œuf fécondé puis un embryon qui sera
transféré deux jours plus tard dans l’utérus maternel. L’utilisation
d’hormones permet de stimuler les follicules ovariens afin d’obtenir une
super ovulation. Plusieurs ovocytes sont recueillis et donnent, après
fécondation, plusieurs embryons dont trois au maximum seront réimplantés
afin d’éviter les grossesses multiples.
Fœtus
Chez l'homme, produit de la segmentation de l'œuf jusqu'à la huitième
semaine du développement dans l'utérus.
Fœtus/embryon/enfant
avant la nidation, on parle d'ovule fécondé. Le stade suivant est celui de
l'embryon (jusqu'à 8 à 10 semaines après la fécondation). Après, on parle
de fœtus. Légalement on ne peut parler d'enfant qu'à partir de la naissance.
IVG
Interruption volontaire de grossesse
IVG met l'accent sur le caractère volontaire de l'accent (choix de la femme).
Alors que l'avortement peut être accidentel. Le langage courant a une
locution pour désigner l'avortement accidentel : la " fausse-couche ".
Le langage courant a donc tendance aujourd'hui à différencier nettement les
deux interruptions.
Le mot avortement avait pris un sens péjoratif. IVG, par son caractère
d'appellation technique, rétablissait la neutralité morale et juridique de
l'acte. On parlera de " commandos anti-IVG " pour désigner les militants "
anti-avortement ". Dans les expressions faisant référence aux personnes
hostiles à la loi en vigueur on retrouve concurremment les deux expression
Jumeaux monozygotes
ou Ŗ vraisŗ jumeaux ; ils proviennent de la fécondation d’un seul ovule par
un seul spermatozoïde.
Ligne primitive
ligne qui apparaît sur l’embryon et qui marque la fin de la totipotentialité.
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Morale de l’obligation
morale qui considère que ce qui compte, c’est d’accomplir son devoir. Si
on agissait par sentiments ou par des penchants, cela reviendrait vite à
l’arbitraire (nous n’avons pas tous les mêmes sentiments, ni les mêmes
penchants ).
Morale de la vertu
morale qui considère que ce qui compte, c’est de rendre les personnes
vertueuses. Une vertu est une habitude acquise de faire le bien (ex. la
générosité, le courage).
Mort embryonnaire :
La mort embryonnaire est définie par l’arrêt de la circulation sanguine
générale et par l’arrêt des fonctions cérébrales.
Néocortex
partie supérieure du cerveau, siège des fonctions nerveuses les plus
élaborées (pensée, volonté).
Nidation
la nidation a lieu lorsque l'ovule fécondé s'est fixé dans la matrice, c'est-àdire 7-14 jours après la fécondation. Du point de vue du droit pénal, la
nidation marque le début de la grossesse.
Oncogène :
gène du développement, qui suite à une altération, provoque un retour de la
cellule à son programme initial de multiplication.
Pathocentrisme
Position éthique selon laquelle un statut et une valeur moraux sont attribués
à tous les êtres doués de sensibilité (homme et animaux).
Personne potentielle
être humain qui n’est pas encore une personne, mais qui le deviendra
d’elle-même si on ne fait pas obstacle à son développement.
Placenta
organe responsable des échanges entre le fœtus et la mère, expulsé après
l’accouchement.
Propriété intrinsèque
caractère que possède un être en fonction de ce qu’il est, par opposition aux
caractères qu’il a en vertu de ses relations avec son environnement.
Régime des délais
Régime qui permet l’avortement dans un délai prescrit. Du point de vue
médical, la durée de la grossesse se calcule à partir du 1er jour de la
dernière menstruation. Par contre, la fécondation n'a lieu que 14 jours plus
tard. Dans le régime du délai, les 14 semaines concernent donc un fœtus de
12 semaines au maximum.
Règle d’Or
Ŗ Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse à toi-même. ŗ
Règle qui se base sur la réciprocité.
Sac amniotique
sac formé d’une membrane (amnios) rempli de liquide (liquide amniotique)
dans lequel se trouve le fœtus tout au long de la grossesse.
Totipotentialité
propriété que possède chaque cellule de l’embryon de pouvoir se
développer en un être humain complet.
Trisomie 21
ou mongolisme. Anomalie chromosomique (existence d’un chromosome
surnuméraire de la paire 21), qui provoque notamment un handicap mental.
Utilitarisme
doctrine morale selon laquelle une conduite est bonne lorsqu’elle maximise
le bien-être de tous.
Zone pellucide
membrane qui entoure l’embryon pendant les premiers temps de son
développement.
Zygote
ou œuf fécondé. Cellule résultant de l’union du spermatozoïde et de
l’ovule.
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VIII Bibliographie
En français et en anglais
Fernando SAVATER, Ehtique à l’usage de mon fils, Paris, collection Point (P510) 1998
Annie ERNAUX, “ L’événement ” Paris Gallimard, 2000
Thomas d’AQUIN, Somme théologique, Paris, Cerf.
ARISTOTE, La Politique, trad. J. Tricot, Paris, Vrin, 1970.
BAERTSCHI, Bernard, La valeur de la vie humaine et l’intégrité de la personne, Paris, PUF, 1995.
COOK R.J. : International Protection of Women's Reproductive Rights, JILP, New York University
24 : 645-727, 1992
ENGELHARDT, H. T., The Foundations of Bioethics, Oxford. OUP, 1986.
FAGOT-LARGEAULT, Anne, Ŗ Les droits de l'embryon humain et la notion de personne humaine
potentielle ŗ, in Revue de Métaphysique et de Morale, no 3/1987, 361-385
FAVRE Maurice : Ŗ Les deux morales de l'avortement ŗ, Revue neuchâteloise, 1973
FEDERATION PROTESTANTE DE FRANCE, Livre blanc de la commission d’éthique, Paris, 1999.
FEDERATION DES ÉGLISES PROTESTANTES DE LA SUISSE : La dignité de la femme et la
protection de la vie ; orientation éthique sur la nouvelle réglementation juridique de
l'interruption de grossesse, Mai 1997.
GRIMM R. : L'avortement - pour une décision responsable, L'Age d'Homme, 1972
HERMEREN G. : Nature et statut de l'embryon : aspects philosophiques. 3e Symposium sur la
bioéthique, Conseil de l'Europe, 1996
HOTTOIS, Gilbert & PARIZEAU, Marie-Hélène, dir., Les mots de la bioéthique, Bruxelles, De Boeck,
1993.
KANT, Emmanuel, Anthropologie du point de vue pragmatique, trad. M. Foucault, Paris, Vrin, 1984.
ŕ Doctrine du droit, trad. A. Philonenko, Paris, Vrin, 1986.
ŕ Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. V. Delbos, Paris, Vrin, 1980.
LOCKE, John, Essai philosophique concernant l’entendement humain, trad. Coste, Paris, Vrin-reprise,
1972.
NOZICK, Robert, Anarchie, État et utopie, trad. É. d’Auzac de Lamartine, Paris, PUF, 1988.
PLATON, La République, trad. R. Baccou, Paris, GF, 1966.
SAGAN, Carl, Les dragons de l’Eden, Paris, Seuil, 1980.
SINGER, Peter, Questions d’éthique pratique, trad. M. Marcuzzi, Paris, Bayard, 1997.
STEINBOCK B. : Life before birth - The Moral snd Legal Status of Embryos and Fetuses, Oxford
University Press, 1992
THEVOZ J.-M. : Entre nos mains l'embryon - Recherche bioéthique, Edition Labor et Fides, 1990
THOMSON, Judits, Rights, Restitution, and Risk, Londres Harvard UP, 1986.
VERSPIEREN, Patrick, dir., Biologie, médecine et éthique, [abrégé BME], Paris, Le Centurion, 1987.
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In italiano :
I titoli sono riuniti secondo un ordine cronologico a partire dai più recenti. In linea di principio si
tratta di libri tuttora in commercio (inizio 2001).
Perchinu nno, F.: Interruzione della gravidanza e diritto alla vita. Profili costituzionali. Cacu cci ed . 2000.
LONG Franca : Bioetica, aborto, eutanasia. A cura del “ Gruppo di lavoro sui problemi etici posti dalla
scienza ” delle chiese valdesi e metodiste. Claudiana, 1998
Fam eli, M.: Diritto alla vita e interruzione volontaria della gravidanza. Una bibliografia specialistica analitica e
ragionata. N ap oli: Ed izioni Scientifiche Italiane 1996.
Mori, M.: A borto e morale: un manuale per capire, un saggio per riflettere. Milano: Il Saggiatore ed . 1996.
Dw orkin, R.: Il dominio della vita. Milano: Ed . d i Com u nità 1994.
AAVV: L’aborto. Rom a: Società ed itrice Dante Alighieri 1994 (=Monografie d i orientam en to
bibliografico).
Benciolini, P.: L’interruzione volontaria della gravidanza: compiti, problemi, responsabilità. Pad ova: Liviana
ed . 1990.
Giu s, E.-Cavanna, D.: M aternità negata. Ricerca su vissuti e atteggiamenti nell’interruzione di gravidanza.
Milano: Giu ffrè ed . 1988.
Carini, R.: A borto volontario ripetuto e desiderio di gravidanza. Contributi alla prevenzione. Milano: F.
Angeli ed . 1988.
L’aborto nella discussione teologica cattolica. A cu ra d i G. Palo. Brescia: Qu eriniana ed . 1977.
Sard i, P.: L’aborto ieri e oggi. Brescia: Paid eia ed . 1975.
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En allemand :
BARCZAY G. : Für die Fristenlösung. In Ringeling H./Ruh H. (Hrg) : Zur Frage Schwangerschaftsabbruch, Reinhardt, 1974
BRINER M. : Menschenrechte und Reproduktionsautonomie für die Frau. Akzessarbeit evang.-theol.
Fakultät Uni Bern, 1987
COLLECTIF, Schwangerschaftsabbruch ; Eine Kontroverse, utzinger/stemmle verlag, CH-Rieden bei
Baden, 1995.
DEUTSCHER BUNDESTAG : Zur Sache - Themen parlamentarischer Beratung. “ Schutz des
ungeborenen Lebens ”, Bonn 1/92
DWORKIN R. : Die Grenzen des Lebens, Abtreibung, Euthanasie und persönliche Freiheit. Rowohlt
Verlag 1994
FROMMEL M. : Ŗ Frauen müssen nicht gebären ŗ, in : Die Zeit, 16.8.91
HARRISON B.W. : Die neue Ethik der Frau. Kraftvolle Beziehungen statt blossen Gehorsams, Kreuz
Verlag, 1991
HOERSTER N. : Abtreibung im säkularen Staat ; Argumente gegen den § 218. Suhrkamp Verlag,
1991
KLÖCKER, Michael et al. (éd.), Wörterbuch Ethik der Weltreligionen, Gütersloh, Gütersloher
Verlagshaus, 1996.
KUHLMANN A. : Abtreibung und Selbstbestimmung - Die Intervention der Medizin, Fischer Verlag,
1996
LEIST A. : Eine Frage des Lebens - Ethik der Abtreibung und künstlichen Befruchtung. Campus
Verlag, 1990
RÜPKE G. : Ŗ Persönlichkeitsrecht und Schwangerschaftsunterbrechung ŗ, ZRP 4. 73-77,1974
SANER H. : Geburt und Phantasie - Von der natürlichen Dissidenz des Kindes, Lenos Verlag, 1995
WOOPEN, Christiane et al., art. Ŗ Schwangerenberatung/Schwangerschaftskonflikt ŗ in Lexikon der
Bioethik, Korff, Wilhelm et al. (éd.), Gütersloh, Gütersloher Verlagshaus, 1998, vol. 3, p. 252260
Sites Internet
www.svss-uspda.ch/index.htm
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IX Annexes
Annexe 1.
Deux autres cas possibles à discuter :
Cas 3. Un avortement sélectif
Une femme, âgée de 40 ans, n’ayant jamais eu d’enfant et ayant souffert de stérilité, tombe enceinte. Étant
donné son âge, elle demande une amniocentèse, qui est pratiquée après 17 semaines de gestation. Un examen
préalable aux ultrasons révèle qu’elle porte des jumeaux, chacun dans son propre sac amniotique, mais avec
un seul placenta. L’amniocentèse révèle qu’elle est enceinte de deux garçons ; l’un est normal, mais l’autre
souffre d’une trisomie 21 (mongolisme).
Les parents sont alors confrontés à une décision difficile : soit avorter, et perdre les deux fœtus, soit laisser la
grossesse se poursuivre. La mère désire à tout prix garder l’enfant normal, mais ne peut supporter l’idée
d’avoir à s’occuper d’un enfant handicapé pendant le reste de sa vie. Ayant été informée qu’en Suède, on
avait réussi un avortement sélectif dans un cas analogue, qui avait toutefois provoqué un accouchement
prématuré de l’autre fœtus, la mère demande de pouvoir bénéficier du même procédé. En cas de refus, elle
préfère un avortement pratiqué sur les deux fœtus.
Les médecins la renseignent sur les risques encourus : avortement accidentel du second fœtus, accouchement
prématuré du second enfant, erreur sur le fœtus avorté, car il est difficile de distinguer les deux sacs
amniotiques, mort du second fœtus dans l’utérus entraînant de graves menaces sur la santé ou la vie de la
mère. Après avoir mûrement réfléchi, la patiente demande que le procédé d’avortement sélectif soit tout de
même entrepris. Comme il ne l’avait encore jamais été aux USA, les médecins demandent l’autorisation de
le pratiquer à une Cour de justice, afin qu’elle décide si la décision des parents n’empiétait pas sur les droits
du fœtus normal.
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Cas 4 : Bébé Doe
Un nouveau-né connu dans le public seulement sous le nom de Ŗ bébé Doe ŗ, était né affligé d’un syndrome
de Down (trisomie 21) et d’une fistule (ouverture) entre la trachée et l’œsophage, qui empêchait l’ingestion
de tout aliment. Les parents du bébé furent informés qu’une opération chirurgicale destinée à corriger la
fistule avait une grande chance de réussite ; par contre, si on ne l’entreprenait pas, le bébé mourrait
rapidement, soit de faim, soit d’une pneumonie due aux sécrétions de l’estomac parvenant dans les poumons.
Les parents, qui avaient déjà deux enfants en bonne santé, choisirent de refuser au nouveau-né toute
nourriture et tout traitement, et de Ŗ laisser la nature suivre son cours ŗ.
Une action en justice pour retirer aux parents la garde de l’enfant fut entreprise par le Ministère public, afin
de permettre l’intervention chirurgicale. Cette action fut rejetée par la Cour, et la Cour suprême de l’Indiana
refusa de revenir sur ce jugement. Bébé Doe mourut, à l’âge de six jours, alors que les autorités de l’Indiana
avaient saisi la Cour suprême des États-Unis. L’avocat des parents révéla que la mère était avec son enfant
lors de son décès : Ŗ Ce ne fut pas un cas d’abandon. Ce fut un cas d’amour ŗ, conclut-il. Le 18 mai 1982, le
Département de la santé publique des États-Unis envoya une lettre aux 6800 hôpitaux bénéficiant de subsides
fédéraux, leur rappelant que, selon la section 504 de l’Acte de Réhabilitation de 1973, Ŗ il est illégal… de
refuser à un nouveau-né handicapé une assistance nutritionnelle ou un traitement médical ou chirurgical
nécessaire pour sa survie, si : 1° le refus est basé sur le fait que le nouveau-né est handicapé, et 2° son
handicap n’est pas une contre-indication au traitement ou à l’assistance nutritionnelle. ŗ Le Secrétaire du
centre de la santé publique, Richard Schweiker, ajoutait que, Ŗ en rappelant ces directives,… nous
réaffirmons le ferme engagement du peuple américain et de ses lois en faveur de la protection de la vie
humaine. ŗ
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Annexe 2
Manifeste en faveur de l'initiative pour la solution du délai
Votation fédérale des 24 et 25 septembre 1977
I. La liberté de la maternité
Chaque naissance mérite la joie.
Tous les enfants ont le droit d'être des enfants désirés.
Les parents doivent choisir librement le nombre de leurs enfants et le moment des naissances.
La décision n'appartient pas à ceux qui n'en supportent pas les conséquences, qu'ils soient juges ou
médecins.
La responsabilité des parents est trop importante pour leur être confiée malgré eux.
Leurs objections méritent attention même lorsqu'elles paraissent superficielles, car elles révèlent une
maturité insuffisante pour la tâche qui doit être accomplie.
II. La priorité à la contraception
Nous ne recommandons pas l'avortement.
La santé s'y oppose, ainsi que le respect dû au cours de la vie.
Car la vie ne débute pas avec la naissance, ni même avec la conception. Elle existe dès l'apparition des
premières cellules destinées à la fécondation. Elle devient ensuite de plus en plus complexe et établit
progressivement des liens avec l'entourage.
S'il faut interrompre son cours, on doit le faire le plus tôt possible, avant qu'il ait pris un trop grand
développement.
Plus on attend, plus grand sera le trouble.
C'est pourquoi nous recommandons la contraception et espérons que ses progrès permettront de
renoncer toujours plus à l'avortement.
C'est aussi pourquoi nous désirons que l'avortement, s'il se révèle malheureusement indispensable, soit
pratiqué dans les premières semaines.
III. Le début de la vie humaine inviolable
Par contre, nous n'admettons pas que la loi punisse l'avortement. L'embryon ne mérite pas la même
protection que la personne, car la naissance est à nos yeux le moment déterminant du cours de la vie.
Depuis des siècles le droit en fait dépendre l'existence de la personne.
L'Eglise en fait de même, puisqu'elle ne baptise pas les fœtus et ne les enterre pas non plus.
Il est donc juste et naturel que la loi attende la naissance pour protéger la vie humaine de façon
absolue.
IV. La liberté de conscience
Nous admettons que d'autres estiment la vie humaine inviolable dès la conception ou dès tout autre
moment.
Mais en échange nous leur demandons le droit de penser différemment.
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Dans un domaine qui relève à ce point des convictions personnelles, la justice pénale doit faire place à
la liberté de conscience.
Cette liberté est l'un des droits fondamentaux sur lesquels repose l'existence de la Suisse.
V. Les prétextes de la répression
Ceux qui veulent néanmoins punir l'avortement invoquent des arguments inacceptables.
Ils proclament le respect de la vie mais oublient qu'il existe plusieurs sortes de vie. Ils veulent la vie
des enfants non désirés et des maternités forcées, alors que nous voulons celle des enfants désirés et
des familles heureuses.
Ils invoquent la défense de la personne alors qu'ils prennent le parti du fœtus contre celui de la
personne, qu'il s'agisse de la mère, du père, des enfants déjà nés ou de tous ceux qui pourraient naître
en de meilleures conditions.
Ils parlent de l'âme, comme si cela leur donnait le droit d'augmenter la peine des humains.
Enfin ils craignent pour la moralité mais dissimulent qu'il existe différentes morales. Celle qu'ils
défendent fait de la maternité une peine, dont la menace ferait obéir et l'application expier. Il est
odieux que l'une des joies les plus pures données par la nature devienne un mal. La morale qui l'admet
ne peut qu'être une fausse morale.
VI. Les vraies causes de la répression
En réalité la punition de l'avortement est un produit absurde de l'imagination.
Depuis des siècles, on condamne la sexualité au lieu de la discipliner. Une exagération regrettable en
fait une faute. Certains y voient même le symbole de la faute.
Un aveuglement comparable fait de la maternité la punition de la faute.
L'idée est d'autant plus facilement acceptée que les femmes sont seules punies.
Ces deux principes d'une prétendue morale condamnent l'avortement et la contraception. Mais tandis
que les échecs de la contraception conservent à la maternité sa fonction de punition, l'avortement la
fait disparaître.
C'est la raison pour laquelle les partisans de la répression sexuelle refusent obstinément de tolérer
l'avortement.
Ils croient qu'une loi fondamentale est violée si la maternité n'est plus une peine naturelle. Ils craignent
un affreux désordre et leur imagination égarée leur suggère l'idée ridicule d'une dépravation qui
décompose la société.
Ils ne veulent pas voir que dans tous les pays qui les acceptent, la planification familiale et la tolérance
de l'avortement ne causent aucun dommage à la santé ni à la moralité.
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VII. L'exploitation par la tyrannie
L'erreur serait dénoncée depuis longtemps si elle ne profitait à ceux qui veulent régner de façon
autoritaire sur les conduites et les consciences.
En raison de la facilité avec laquelle elle est acceptée, la répression sexuelle habitue à d'autres formes
de répression et légitime le pouvoir qui l’exerce.
Elle est donc l'arme par excellence du pouvoir totalitaire, alors que les régimes libéraux l'abandonnent.
La lutte pour que l'avortement soit toléré n'est pas seulement la cause des femmes et celle de la
famille.
Elle rallie tous les combattants de la liberté, qui admettent une discipline mais refusent l'oppression.
Maurice FAVRE, Vice-président du comité de l'initiative
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Annexe 3
Déclaration d’intention à propos de l’initiative pour la mère et l’enfant
Contre la solution des délais en Suisse
Position présentée par l’association Aide suisse pour la mère et l'enfant dans un contre-projet à l’initiative
parlementaire de la Conseillère nationale Barbara Haering-Binder, dite des délais.
Situation de départ
La principale motivation des initiateurs et initiatrices est le souci du droit à la vie de l’enfant à naître et du
fréquent manque d’aide pour la mère en détresse.
Quoique la dignité humaine et le droit à la vie constituent des piliers fondamentaux de tout ordre social d’un
État de droit et soient expressément garantis dans la nouvelle Constitution fédérale de la Suisse - de même
qu’une protection particulière des enfants et des mineurs - à l’art. 7, à l’art. 10 al. 1 et à l’art. 11 al. 1, la
situation de fait, par rapport à l’enfant à naître, est toute autre. Même si l’art. 120 ch. 1 al. 1 du Code pénal
exige, comme condition pour l’impunité de l’interruption de grossesse, qu’il y ait chez la femme enceinte Ŗ
un danger impossible à détourner autrement et menaçant la vie de la mère ou menaçant sérieusement sa santé
d’une atteinte grave et permanente ŗ, constaté par avis médical, ce n’est un secret pour personne que sur les
12’000 avortements enregistrés en Suisse chaque année (malheureusement, des statistiques plus précises ne
sont pas à disposition!), beaucoup sont effectués sur la base d’avis médicaux faciles à obtenir, qui
n’apportent aucune preuve de l’existence de l’indication médicale grave prévue à l’art. 120 CP. Cette
situation, dans laquelle le droit à la vie de l’enfant à naître est souvent remis en question et des décisions
politiques considérables sont prises sans base scientifique, est extrêmement insatisfaisante.
Situation politique actuelle
L’initiative parlementaire de la Conseillère nationale Barbara Haering Binder (actuellement Ŕ juin 2000 - en
discussion) qui envisage la solution dite Ŗ des délais ŗ comme issue, doit être considérée comme un pas dans
la mauvaise direction. La protection de l’enfant à naître - et ce dès la conception (!)- est une conséquence
naturelle de la protection des intérêts garantis par la constitution (protection de la dignité humaine et du droit
à la vie en général, et protection des enfants et des mineurs en particulier).
Si cette protection n’est pas systématiquement appliquée dans la pratique aujourd’hui, ce n’est certainement
pas une raison pour la supprimer complètement durant un nombre donné de semaines en début de grossesse.
En cas d’adoption de la Ŗ solution des délais ŗ, il faudrait au contraire craindre que les femmes enceintes
soient encore plus fréquemment qu’actuellement poussées à avorter par leur propre entourage et livrées à
elles-mêmes dans leur détresse du moment. Pour la même raison, il convient de rejeter également le dit
Ŗ modèle de protection ŗ qui à l’instar d’un modèle étranger exige que la femme présente à son admission
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dans la clinique pour l’avortement une attestation de consultation préalable. A l’exception de cette
consultation préalable, le Ŗ modèle de protection ŗ ne présente aucune différence d’avec la Ŗ solution des
délais ŗ.
L’initiative pour la mère et l’enfant
1. Protection pour l’enfant à naître
Aujourd’hui il est grand temps de lancer un message clair contre toutes les tendances visant à affaiblir la
protection de la vie humaine. A l’avenir il faut donc contraindre le législateur à continuer de garantir
totalement la protection de l’enfant à naître (qui constitue le chaînon le plus faible de la société !). La loi doit
punir avant tout le médecin qui effectue l’acte et qui est en tant que tel l’auteur du délit, tandis que la femme
enceinte encourt dans le cas d’une telle intervention le reproche d’y avoir prêté assistance. Il convient
également de faire répondre de leurs actes les tiers (tels que le compagnon ou des membres de la famille de
l’intéressée, etc.) qui font pression sur la femme enceinte afin qu’elle fasse supprimer son enfant à naître. Le
législateur devra définir les peines applicables. Il ne doit y avoir impunité de l’avortement que dans le cas
d’une indication vitale : Si la poursuite de la grossesse devait entraîner un danger physique imminent,
impossible à détourner autrement et menaçant la vie de la mère (ce qui, dans l’état actuel de la médecine,
n’est pourtant pratiquement plus jamais le cas), il y a absence de la culpabilité qui constitue un élément
indispensable pour qu’il y ait sanction.
2. Assistance à la mère en détresse
Mais la nouvelle législation ne doit pas s’arrêter à la protection pénale de l’enfant à naître. L’idée générale
d’une protection englobe également des prestations d’aide humanitaire et matérielle. Elle doit éviter que les
femmes enceintes puissent se retrouver dans une situation qui leur paraît subjectivement sans issue à tel point
qu’elles décident de donner leur accord à une intervention diamétralement opposée à la responsabilité d’une
mère. La responsabilité de cette assistance doit incomber (sur la base d’une loi-cadre fédérale) aux cantons.
Ceux-ci peuvent faire appel à la coopération d’institutions privées. Un des objectifs poursuivi par l’initiative
est une solidarité de population tout entière avec la mère en détresse. Ainsi, l’aide prévue (également après la
naissance de l’enfant) ne viendrait ni grever le budget public, ni faire peser des charges sur les intéressées.
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3. Faciliter l’accord à l’adoption dans le cas d’actes de violence
L’initiative envisage également une réglementation spéciale pour les situations (statistiquement extrêmement
rare) d’une grossesse issue d’un acte de violence. Contrairement à une certaine opinion, le droit à la vie de
l’enfant à naître prime sur les éventuels intérêts contraires de la mère.
Pourquoi l’enfant innocent devrait-il être puni pour le crime de son père ? D’autant plus que l’expérience
nous montre que dans de tels cas, la détresse psychique de la femme enceinte ne fait qu’empirer du fait d’un
avortement et que cette intervention n’a donc pas le moindre effet thérapeutique. Dans pareille situation, la
mère doit toujours avoir la possibilité de donner son accord à l’adoption de l’enfant dès que la grossesse est
établie. A ce stade précoce, la déclaration ne saurait naturellement être irrévocable. Cette possibilité permet
l’expression d’un amour maternel véritable : une femme se sentant incapable, du fait d’une situation
tragique, d’élever son enfant auprès d’elle, doit avoir l’opportunité de confier l’enfant - par amour
authentique - à d’autres parents et ce de manière aussi peu bureaucratique que possible.
4. L’initiative populaire aspire à un changement de mentalité
Pour conclure, retenons encore une fois que l’initiative populaire Ŗ Pour la mère et l'enfant - pour la
protection de l'enfant à naître et pour l'aide à sa mère dans la détresse ŗ vise à générer, dans le cadre de la
révision proposée de la Constitution, un changement de mentalité à faveur des mères et des enfants dans
l’ensemble de la population. Puisque même la vie humaine se trouve prise dans l’engrenage d’une perte
répandue du respect des valeurs, il faut opposer résolument à cela l’affirmation que tout être humain est une
personnalité unique, qui a un droit à la vie et donc aussi à la protection et à la solidarité de la société
humaine. Donc il résulte la nécessité absolue d’une protection conséquente de l’enfant à naître et d’une aide
efficace pour sa mère en détresse.
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Annexe 4
Initiative populaire fédérale
Contre-projet : “ Pour la mère et l'enfant - pour la protection de l'enfant à naître et pour l'aide à sa mère
dans la détresse ”
La constitution fédérale est complétée comme suit:
Art. 4bis (nouveau)
1.
La Confédération protège la vie de l'enfant à naître et édicte des directives sur l'aide nécessaire à
apporter à sa mère dans la détresse.
2. La législation fédérale respecte ce qui suit :
a.
Quiconque cause la mort d'un enfant à naître ou y contribue de manière décisive est
punissable, à moins que la continuation de la grossesse ne mette la vie de la mère en
danger et que ce danger, imminent et de nature physique, soit impossible à écarter d'une
autre manière.
b.
Toute forme de pression tendant à faire supprimer la vie d'un enfant à naître est
inadmissible.
c.
Si la grossesse est la conséquence d'un acte de violence, la mère peut, dès que la
grossesse a été constatée, donner son accord, le seul nécessaire, à l'adoption de l'enfant.
d.
Les cantons accordent l'aide nécessaire à la mère qui, en raison de sa grossesse se trouve
dans la détresse. Ils peuvent confier cette tâche à des institutions privées.
Les dispositions transitoires de la constitution fédérale sont complétées comme suit :
Art. 24 (nouveau)
Jusqu'à ce qu'une nouvelle réglementation légale entre en vigueur, toutes les dispositions du Code
pénal suisse (CP) qui prévoient l'interruption non punissable de la grossesse sont remplacées par
la réglementation de l'article 4bis 2e alinéa, lettre a, de la constitution fédérale.
(Version approuvée par la chancellerie fédérale le 19 mai 1998)
(Nota Bene :Le texte existe aussi en allemand et en italien sur le site http://www.mamma.ch/fr )
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X Table des matières
AUCUNE ENTREE DE TABLE DES
MATIERES N'A ETE TROUVEE.
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