LES MECANISMES DE L`HYPERTROPHIE Claude CAYRAC

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DES préparation physique – LE CESA
LES MECANISMES DE L'HYPERTROPHIE
Claude CAYRAC
Au chapitre des composantes physiologiques, il est nécessaire de « disséquer » les mécanismes
de l'hypertrophie musculaire, au cœur de nos préoccupations. Nombreuses études scientifiques ont mis
en évidence cinq champs d'action au plan de ces dits mécanismes :
1) Augmentation des myofibrilles :
Le muscle contient des faisceaux de fibres eux-mêmes composés de myofibrilles qui sont une
succession de sarcomères alignés en série et solidaires dans la contraction. Lors d'un travail en
force strict (à partir de 60 % et surtout au-delà de 75 % de 1 R.M.), on constate un accroissement
des myofibrilles en taille et en nombre (travaux de SALE et Mac DOUGALL).
L'augmentation de la taille des myofibrilles est la cause principale de l'hypertrophie. Elle est due à
une fissuration longitudinale consécutive à un déséquilibre entre la bande Anisotrope (actine,
myosine) et la bande Isotrope. Lors de l'effort, la bande A se retrouve dilatée, ce qui entraîne une
forte traction sur la strie Z qui rompt sous la contrainte mécanique et donne naissance à deux
myofibrilles.
2) Développement du tissu conjonctif :
Le tissu conjonctif ou aponévroses (enveloppes musculaires et tendons) représente 13 % du poids
total du muscle. Cette proportion est constante chez les culturistes, ce qui tend à prouver que le
tissu conjonctif se développe au prorata du tissu musculaire. Des études scientifiques ont mis en
évidence qu'un entraînement en concentrique en amplitudes maximales et en pliométrie avait des
conséquences favorables sur le tissu conjonctif en termes d'élasticité et de plasticité POUSSON
M. (1990), THEPAUTMATHIEU C., VAN HOECKE J., MATON B. (1998), GOUBEL F. (1999).
3) Augmentation de la vascularisation :
Le nombre de capillaires par fibre est deux fois plus important chez le culturiste que chez le
sédentaire. Ceci est dû à un travail en séries longues et intermédiaires (charges inférieures ou
égales à 50 % de 1 R.M.) qui favorisent un afflux sanguin localisé appelé congestion, d'où une
vasodilatation des capillaires périphériques.
En revanche, on observe un nombre de capillaires moins important chez les haltérophiles. Ceci
est dû à l'utilisation préférentielle de la filière anaérobie alactique lors d'efforts brefs et
maximaux. En effet, on observe sous l'action de contraction., à partir d'une charge supérieure
ou égale à 50 % de 1 R.M., une stase veineuse intramusculaire par compression, des voies
sanguines. Ce qui a pour effet de limiter considérablement les échanges.
4) Augmentation de liquide intracellulaire (sarcoplasme) :
L'entraînement de type culturiste engendre une accumulation d'acide lactique. Cette acidose
abaisse le PH de la cellule. Ce qui entraîne une perturbation de la perméabilité membranaire et
une augmentation de liquide intracellulaire. De plus, opère une rétention glycogénique qui
nécessite 2,7 g d'eau/g de glycogène, induisant une volumisation importante de glycogène par
rétention intracellulaire. Ceci est particulièrement effectif chez des sujets soumis à une
alimentation excédentaire régulière, ce qui est le cas de bon nombre de culturistes.
5) Augmentation du nombre de fibres ou hyperplasie :
Selon TESCH, l'hyperplasie serait due à une fissuration longitudinale des fibres consécutive aux
tensions subies lors d'un entraînement de force.
Mac DOUGALL émet une autre hypothèse qui consiste à révéler que chaque fibre musculaire possède
des cellules satellites qui, au cours de certains types de sollicitations, se solidarisent afin de créer une
fibre nouvelle en parallèle à leur fibre mère.
Ces hypothèses sont extrapolées d'études chez le rat et le chat, mais la difficulté de procéder à de
telles investigations sur des « cobayes » humains interdit, aujourd'hui, toute affirmation péremptoire.
Cela dit, les mécanismes précis par lesquels les contraintes de l'entraînement avec charges
additionnelles engendrent une hypertrophie sont encore plus ou moins à explorer.
On ne peut que tenter d'élaborer une réponse en faisant la synthèse de ces constats physiologiques
scientifiques...
Nous décrirons tout de même l'hypertrophie comme un phénomène d'adaptation anabolique suite aux
dommages musculaires engendrés par l'entraînement intense.
Les courbatures, signes de catabolisme musculaire, appuient cette théorie. Par ailleurs, on constate
une élévation de Créatine PhosphoKinase sérique (CPK), signe d'une activité enzymatique accrue,
ainsi qu'une quantité importante de myoglobine dans les urines, signe de dommages causés aux
protéines contractiles. Et la présence urinaire d'hydroxyproline qui suggère une atteinte des tissus
conjonctifs, après des entraînements intenses.
On peut donc conclure que l'hypertrophie se traduit par « détruire pour mieux reconstruire ». Autrement
dit, une phase catabolique suivie d'une phase anabolique supérieure, ce qui correspond en tous points
à ce que l'on appelle la surcompensation.
Selon ce principe, chaque séance constitue donc une déstabilisation de l'état homéostatique musculaire
qui engendre un phénomène adaptatif d'augmentation des capacités de force et d'endurance
nécessitant une augmentation du volume des fibres.
Ce phénomène étant réversible, les séances ne doivent pas être trop éloignées sans quoi chaque
phase d'évolution serait suivie d'un retour au niveau initial. Toutefois, le contenu de la séance
déterminera la place et le contenu de la séance suivante. Les effets d'un entraînement en concentrique
avec une charge modérée ne sont pas comparables à ceux d'une séance d'excentrique supra maximal,
par exemple.
Au plan biochimique, on constate, chez les sujets entraînés en force maxi, une augmentation globale de
tous les substrats : glycogène, Adénosine Tri Phosphate (ATP), créatine et phosphocréatines, d'où
l'intérêt d'inclure des efforts maximaux (charges supérieures ou égales à 80 % de 1 R.M.) dans les
stratégies d'entraînement culturiste.
De plus, ce type d'entraînement induit des modifications positives concernant les principales sécrétions
hormonales.
Sont principalement concernées :
- Les hormones anabolisantes comme l'hormone de croissance (STH) et la testostérone, même si le
taux d'insuline diminue, ce qui s'explique par les besoins accrus en glycogène qu'engendre l'exercice
physique.
- Les catécholamines (adrénaline et noradrénaline), hormones de l'action, et le glucagon qui vont
mobiliser les réserves énergétiques et donc avoir un retentissement favorable sur l'exercice physique.
- L'érythropoïétine qui, avec un entraînement à dominante aérobie aura une action favorable sur la
synthèse des érythrocyte (globules rouges) transporteurs potentiels de l'oxygène.
- La parathormone et la calcitonine qui régulent le taux de calcium circulant indispensable au
mécanisme de contraction musculaire et à la croissance osseuse notamment.
- L'hormone antidiurétique (ADH), rénine, angiotensine, aldostérone qui favorisent les équilibres
électrolytiques, régulent la pression sanguine et la thermorégulation par une action directe sur l'équilibre
hydrique.
- Les hormones thyroïdiennes qui, par une augmentation de la température corporelle, favorisent les
facteurs de performance musculaire et ont une action directe sur la lipolyse...
II apparaît donc que la meilleure stimulation hormonale est l'entraînement.
Toutefois, il convient cependant d'émettre une réserve riche d'enseignements :
Au-delà d'une heure à une heure trente, suivant les individus, un entraînement intense provoque
les effets inverses de ceux exposés précédemment, à savoir que la plupart des concentrations
hormonales utiles à l'effort chutent de façon notable.
C'est ce que l'on appelle un facteur de surentraînement. Ceci aura pour effet d'épuiser l'organisme et ira
à l'encontre des effets recherchés ; d'où la nécessité d'aménager des plages de récupérations
indispensables.
D'autre part, l'observation scientifique a révélé que des séances brèves et intenses modifient le rapport
testostérone/cortisol au bénéfice du premier, ce qui entraîne une augmentation de la masse maigre et
une diminution corollaire de la masse grasse.
Chez la femme, l'entraînement lourd engendre le même type de réponse en accentuant notamment sa
production de progestérone, ce qui aura pour effet principal de diminuer sa masse adipeuse. C'est
pourquoi, il n'y a pas de raison physiologique à préconiser à ces dames un entraînement en séries
longues et charges légères, bien au contraire...
Nous avons plus avant analysé les paramètres de l'hypertrophie au plan des facteurs physiologiques.
Cependant, il existe deux types différents d'hypertrophie correspondant à deux types de sollicitations
mécaniques :
- L'hypertrophie en parallèle qui correspond plutôt à des mouvements réalisés en amplitude médiane où
l'épaisseur musculaire augmente par ajouts de sarcomères à la périphérie.
- L'hypertrophie en série générée par des mouvements en amplitude distale qui augmente plutôt la
longueur du muscle en ajoutant des sarcomères aux extrémités.
Source : Claude CAYRAC
« Les mécanismes de l'hypertrophie »
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