BREVES crédit photo : AAN2017 American Academy of Neurology Fondation pour la recherche sur la sclérose en plaques 14 rue Jules Vanzuppe - 94200 Ivry sur Seine www.arsep.org Brèves issues du 69ème congrès de l’American Academy of Neurology (AAN) – Avril 2017 Histoire naturelle de la grossesse chez les femmes atteintes de SEP D’après Houtchens M et collaborateurs (Etats-Unis) Utilisant les données d’une très large base de données relatives à la grossesse (2006-2015), cette équipe américaine a pu comparer les grossesses de 2 176 femmes atteintes de SEP et de 39 377 femmes non atteintes. Les résultats obtenus sont comparables en terme d’accouchement prématuré (31,44 % versus 27,42 %), d’avortement spontané (20,95 % versus 20,05 %), de diabète gestationnel (17,12 % versus 17,78 %), d’hypertension (13,90 % versus 14,18 %), d’infection (13,33 % versus 10,88 %), d’accouchement tardif (12,44 % versus 16,88 %), de complications à la délivrance (69,03 % versus 66,95 %), de malposition fœtale (52,06 % versus 53,66 %), de lésions du fœtus (27,75 % versus 23,50 %), d’utilisation des forceps (14,52 % versus 15,65 %) ou de malformations fœtales (13,24 % versus 10,31 %). Ces données viennent confirmer l’absence de retentissement de la maladie sur la grossesse, l’accouchement et le fœtus. Troubles associés et SCLéROSE EN PLAQUES D’après Thormann A et collaborateurs (Danemark) L’existence d’un ou de plusieurs troubles associés à la SEP (comorbidité) a un retentissement grave sur le quotidien des malades. En effet, selon le registre danois portant sur plus de 7 600 malades, le risque de séparation d’avec son partenaire de vie avant ou après le début de la maladie est augmenté lorsqu’un ou plusieurs troubles est/sont associé(s) à la maladie. Cela se confirme lorsque l’on étudie individuellement ces troubles associés, comme les maladies cérébrovasculaires, cardiovasculaires, les maladies pulmonaires, auto-immunes ou le cancer. Mais, de façon plutôt étonnante, les troubles psychiatriques associés n’interviennent pas dans le risque de séparation. L’existence de plusieurs troubles associés chez un même patient aggrave encore le phénomène. Par ailleurs, l’existence d’un trouble associé augmente le risque de perte des revenus 5 ans et 10 ans après le début de la maladie. Il est essentiel de repérer ses troubles associés et de les prendre en charge au vu des conséquences délétères qui en résultent. pollution et risque de SEP D’après Palacios N et collaborateurs (Etats-Unis) Le risque de sclérose en plaques a été étudié selon la pollution atmosphérique à l’aide des registres des infirmières américaines des Nurses’ Health Study (NHS) et NHSII. L’exposition aux particules atmosphériques de tailles diverses (≤ 2,5 microns, de 2,5 à 10 microns, ≥ 10 microns) au moins 2 ans avant la maladie a été analysée. De nombreuses variables d’ajustement (âge, tabac, lieu de vie à 15 ans, indice de masse corporelle, lieu de vie, ensoleillement, urbanité, etc.) ont été associées. Dans les 2 registres, aucune association statistique significative n’a pu être retrouvée, quelles que soient les particules étudiées. Ce travail est important et fragilise l’hypothèse d’une augmentation du risque de SEP en milieu urbain comparativement au milieu rural. Brèves issues de l’American Academy of Neurology 2017 Impact à long terme de la thérapie cognitivo-comportementale dans la fatigue D’après Hugos C et collaborateurs (Etats-Unis) En l’absence de thérapeutique médicamenteuse efficace dans la fatigue liée à la SEP, les auteurs de l’étude proposent un programme de thérapie cognitivo-comportementale de 6 séances, visant à améliorer la prise en charge de ce symptôme invalidant. Le programme comprenait les séances suivantes : prise en charge médicale de la fatigue, choix des activités coûteuses en énergie, pratique de l’exercice physique, modification de l’environnement, changement de vie en vue d’une amélioration de la fatigue, et synthèse sur le programme. Les patients devaient avoir un score de handicap physique supérieur à 7 et un score de fatigue élevé. Les patients étaient répartis au hasard soit dans un groupe suivant les 6 semaines du programme, soit dans un groupe contrôle. Les résultats montrent une amélioration significative des scores de fatigue à la fin du programme, mais, surtout, une persistance de ce résultat positif à 6 et 12 mois. migraine et la sclérose en plaques D’après Ahmed S et collaborateurs (Koweit) ; Liu W et collaborateurs (Chine) Les résultats de la 1ère étude confirment la prévalence élevée des céphalées migraineuses chez les patients atteints de SEP (35 % de sa série de 135 patients vus de façon prospective en 2 mois). La seconde étude portant sur une série de 142 syndromes cliniques isolés confirme la présence de ce trouble associé (comorbidité), puisque 57 % des personnes présentaient une céphalée (17,6 %, une migraine). Le caractère modéré (pour 7,4 %) ou sévère (pour 21,0 %) justifie l’importance d’une prise en charge spécifique. Impact du sel dans la sclérose en plaques D’après Linker R et collaborateurs (Allemagne) Il n’existe pas de consensus sur le rôle aggravant du sel dans la SEP. L’équipe allemande a étudié le rôle du sel sur le microbiote intestinal dans un modèle murin de SEP). Dans les selles des souris recevant un régime très salé, il a été observé un excès de sel et la diminution d’une certaine bactérie de la flore intestinale. Ces 2 évènements étaient associés à une sévérité accrue de la maladie chez l’animal et à des changements du profil immunologique dans l’intestin. Ces changements induits par l’excès de sel n’étaient plus observés si les animaux recevaient un traitement cette bactérie en complément. Cette analyse montre que l’influence négative du sel pourrait être due à des modifications du microbiote. Greffes de cellule souches mésenchymateuses dans la sclérose en plaques D’après Harris V et collaborateurs (Etats-Unis) Les résultats d’une étude de phase I ayant reçu l’accord de la Food and Drug Administration (FDA) ont été présentés. Cette étude analysait l’évolution clinique de 20 personnes atteintes de SEP progressive et traitées par 3 injections de cellules souches mésenchymateuses, chacune espacées de 3 mois. La tolérance était bonne en dehors des céphalées fréquentes mais transitoires. L’analyse, réalisée après 3 et 6 mois, a montré une amélioration des paramètres du handicap, notamment une diminution du Brèves issues de l’American Academy of Neurology 2017 score de handicap chez 8 malades, une amélioration significative des scores de vitesses de marche et de la fonction urinaire. L’état de 2 patients s’est aggravé. Stress et la sclérose en plaques D’après Obeidat A et collaborateurs (Etats-Unis) De multiples études ont tenté de clarifier l’effet du stress sur le déroulement de la maladie. Dans ce travail, les auteurs ont analysé 22 études examinant l’impact des conflits sur la maladie. Parmi ces études, 17 concernaient la 2ème guerre mondiale, 3 la guerre du Golfe (1990-1991), et 2 études, la guerre Israélo-Libanaise de 2006. Deux théories sont développées dans ces études : • le rôle d’un agent infectieux • le rôle du stress aigu. Ainsi, les observations épidémiologiques réalisées dans les îles Féroé, à Orkney and Shetland et en Islande apportent des arguments favorables au rôle d’un agent transmissible en raison du développement important de la SEP après la guerre et l’occupation par les troupes britanniques. Durant la guerre du Golfe, le fait de rester au Koweit pendant l’invasion a été associé à un risque augmenté de développer une SEP. En Israël, les bombardements n’ont pas eu d’impact sur la fréquence des poussées chez les personnes atteintes de SEP, contrairement à l’observation faite lors de la guerre du Liban, où l’activité clinique et radiologique chez les personnes atteintes de SEP augmentait. Utilité des traitements de fond chez les personnes de plus de 60 ans D’après Le Hua H et collaborateurs (Etats-Unis) L’équipe américaine a comparé l’évolution clinique chez des personnes atteintes de SEP âgées de plus de 60 ans dont 224 ayant arrêté leur traitement et 513 l’ayant poursuivi. Tous les malades ont été traités durant plus de 2 ans avant l’arrêt. Les raisons de l’arrêt étaient multiples : lassitude, notamment pour les injections, effets indésirables ou survenue d’une poussée, associée ou non à une évolution du handicap. Ceux qui ont interrompu leur traitement étaient un peu plus âgés (69 versus 66 ans) et la durée de la maladie était plus prolongée (21 versus 18 ans). Seulement 2 poussées ont été observées après l’arrêt du traitement. Une activité en IRM est apparue chez certaines personnes, incitant à reprendre un traitement de fond chez moins de 10 % d’entre elles. Ces résultats suggèrent que l’arrêt du traitement peut être envisagé au-delà de 60 ans chez de nombreux malades. Les modifications du système immunitaire avec l’âge contribuent sans doute à cette faible activité. Perte de poids au cours de la sep : quel régime ? D’après Fitzgerald K et collaborateurs (Etats-Unis) Les personnes atteintes de SEP sont exposées à une augmentation de leur poids en raison de la sédentarité provoquée par le handicap et la fatigue ou aux prises de corticoïdes. Les auteurs de l’étude ont comparé l’impact de 2 types de régime : soit une réduction quotidienne de 22 % des apports caloriques, soit une réduction de 75 % des apports caloriques 2 fois par semaine. Le régime durait 8 semaines. Les 2 régimes ont montré une perte de poids de près de 3 kg ainsi qu’une diminution de la circonférence abdominale comparativement aux personnes ne faisant pas de régime ◢ Brèves issues de l’American Academy of Neurology 2017