Magazine E-PaperWorld Editions Yodéa : L’avenir est dans le lien communautaire Israël Laurent Alhady Interview Eric Le ray Salon du livre Mars 2010 182 EPC : Quel est l’impact de la numérisation et d’Internet sur votre métier d’éditeur ? Yodéa : Internet nous donne un second souffle. J’ai moi-même un site Web, mais je ne veux pas nécessairement vendre sur Internet, je donne toutes les infos, mais je les donne plutôt en direction des libraires et des journaux. Aussi, elles sont reprises dans d’autres sites Internet. Je crois d’avantage dans le bouche à oreille qui pousse à l’achat, et c’est moins mon action personnelle sur mon site qui va faire déclencher les choses. J’ai besoin que les infos soient reprises par d’autres, lesquels vont mieux encourager les ventes. Si je vous vends mon livre vous allez penser que je vous pousse à l’achat, alors que si c’est une tierce personne qui vous le recommande, l’impact sera plus grand. EPC : Les liens de proximité ont-ils plus d’influence que les technologies ? Yodéa : Tout a fait. J’ai peur qu’avec la numérisation complète entre l’éditeur, l’auteur et le lecteur, avec tout le circuit de distribution, on assiste à une crise des médiations où l’auteur pourra devenir aussi son propre éditeur. EPC : Le danger éventuel serait aussi l’apparition de monopole dans le numérique ! Yodéa : A priori le numérique semble séduisant, en clamant qu’il n’y a rien de mieux que le B to B, mais dans les faits je pense que cela risque LA TRIBUNE DE L’OBS@ E-PAPER de tout casser. Quelques romans vont avoir une couverture médiatique. Quand on voit que peu de livres font 85 % des ventes, car la FNAC investit énormément question publicité et marketing sur ces livres là, et les libraires ne veulent pas que l’on casse la chaîne du livre car ils ne sont pas seulement vendeurs mais aussi les prescripteurs qui permettent aux petits romans d’exister. EPC : D’où l’enjeux de la plateforme pour les libraires que veux fonder le Syndicat de la librairie française afin de permettre aux gros libraires comme au petits de pouvoir distribuer leurs ouvrages dans les mêmes conditions... Sans oublier la défense d’un métier ! Yodéa : Je suis juste éditeur, mais on constate que les petits romans, au début de leur sortie, n’ont aucune presse, ils sont souvent sauvés par quelques libraires qui les mettent en avant, ce qui provoque un effet « boule de neige », et cela marche bien. Alors imaginez leur passage par le circuit traditionnel avec le distributeur qui prend au passage son pourcentage… c’est à exclure ! Quand vous êtes sur le meilleur site Web de la terre, que pouvez-vous mettre en « facing » ? Cinq à dix titres… c’est rien ! En nouveauté, en news, dans nos coups de cœur, ça n’est rien, surtout si vous avez en face un fond de plusieurs milliers d’ouvrages comme la FNAC ou Edens livre, ou Numilog avec ses 40 000 ouvrages.z 183