Dépression et apathie

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FICHE PRATIQUE
Dépression
PROMOTION DE L’AMÉLIORATION
DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES
5
Dans le cadre du programme MobiQual
CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE
Dépression et apathie
LES POINTS CLÉS
- Apathie et dépression sont parfois difficiles à distinguer : symptômes communs ou proches et
concomitance possible avec la dépression.
- Il est important de les distinguer car leurs prises en charge respectives sont différentes.
- Négliger une apathie ou une dépression peut avoir de graves conséquences.
Qu'est-ce que l'apathie ?
La définition
L’apathie est un déficit de la motivation, caractérisé par un émoussement affectif, une perte d’initiative
et une perte d’intérêt (voir encadré).
Elle peut être observée de façon isolée chez une personne, ou alors au cours d‘affections cérébrales telles que
la maladie d‘Alzheimer (apathie dans plus de 50% des cas), les pathologies vasculaires, la maladie de Parkinson
et les dégénérescences lobaires fronto-temporales. Elle est également un élément clinique central de la
dépression vasculaire(1).
Un manque de stimulation de l’environnement, des déficits auditifs et visuels, certains traitements peuvent
aussi aggraver la perte de motivation.
L’apathie est le symptôme comportemental le plus précoce chez les patients présentant un trouble cognitif
léger (Mild cognitive impairment ou MCI), qui risquent de développer ensuite une maladie d’Alzheimer(2).
LES CRITERES DIAGNOSTIQUES DE L'APATHIE
B. Présence la plupart du temps durant une période de 4 semaines d’au moins 1 symptôme dans au moins
2 des 3 domaines suivants :
• ACTION : perte ou réduction des comportements dirigés vers un but (intérêt) :
- Perte des comportements auto-initiés.
- Perte des comportements en réponse aux sollicitations de l’environnement.
• COGNITION : perte ou réduction des activités cognitives orientées vers un but (initiative) :
- Perte de spontanéité ou de curiosité pour les événements nouveaux ou habituels.
- Perte de réactivité aux commentaires ou questions de l’entourage concernant les événements nouveaux ou habituels.
• ÉMOTION : perte ou diminution des émotions :
- Manque de ressenti émotionnel rapporté par le sujet ou ressenti par les autres.
- Perte de réactivité émotionnelle aux événements positifs ou négatifs de l’environnement.
C. Les critères A et B sont à l’origine d’une souffrance et/ou interfèrent avec la vie sociale et occupationnelle.
D. Les critères A et B ne s’expliquent pas exclusivement par un handicap physique ou des troubles moteurs,
par une réduction du niveau de conscience ou par les effets physiologiques directs d’une substance.
Références :
1. Alexopoulos GS, Meyers BS, Young RC, Campbell S, Silbersweig D, Charlson M. Vascular depression” hypothesis. Arch Gen Psychiatry
1997 ; 54 : 915-922.
2. Robert PH, Berr C, Volteau M, et al. Neuropsychological performance in mild cognitive impairment with and without apathy. Dement
Geriatr Cogn Disord 2006 ; 21 : 192-197
Dépression et apathie
A. Perte ou baisse de motivation comparativement à l’état antérieur ou un fonctionnement normal pour l’âge
et le niveau culturel du patient, rapportée par la personne elle-même ou son entourage.
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Dépression
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Les conséquences de l'apathie
Les conséquences de l'apathie peuvent être graves :
Augmentation de l’atteinte de certaines performances cognitives.
Augmentation du handicap fonctionnel.
Augmentation de la charge fonctionnelle et du stress pour l’accompagnant, surtout au domicile.
Augmentation du risque de maltraitance par négligence en établissement. La personne ne demande jamais
rien, elle est donc oubliée, abandonnée…
Pourquoi différencier apathie et dépression ?
Il est important de différencier apathie et dépression car :
La prise en charge thérapeutique n'est pas la même.
Confondre apathie et dépression expose la personne à des risques importants du fait de l'absence d'une prise
en charge adéquate.
Comment différencier apathie et dépression ?
Les signes cliniques
Distinguer apathie et dépression est difficile pour plusieurs raisons :
L'apathie est associée à une symptomatologie dépressive dans environ la moitié des cas.
Apathie et dépression partagent un symptôme : la perte d’intérêt. Cette dernière est l’un des cinq symptômes
retenus par le DSM-IV pour le diagnostic de dépression.
Apathie et dépression peuvent survenir dans les mêmes situations, notamment en cas de maladie neurologique.
DES ÉLÉMENTS CLINIQUES CLÉS POUR DISTINGUER APATHIE ET DÉPRESSION
- Le diagnostic de dépression ne peut pas être établi sur l'existence d'un ralentissement
isolé. Le ralentissement doit s'accompagner d'autres signes de dépression (tristesse, douleur
morale, etc.) qu'il faut rechercher car ils ne sont pas toujours exprimés spontanément.
- En cas de démotivation, d'émoussement affectif, la présence d'une anhédonie est en faveur
d'une dépression plutôt qu'une apathie.
L'Inventaire apathie (IA)
L'IA est l'outil de référence pour établir un diagnostic d'apathie.
Le but de l’Inventaire apathie est de recueillir des informations sur la présence d’apathie chez des patients
souffrant de pathologies cérébrales.
Les trois dimensions évaluées sont l'émoussement affectif, la perte d’initiative et la perte d’intérêt.
Il en existe 4 versions : patient (auto-évaluation), accompagnant, soignant en ambulatoire, soignant en institution.
La version Patient permet d’obtenir directement l’avis du sujet. La version accompagnant se base sur les
réponses obtenues d’un accompagnant informé, de préférence vivant avec le patient. La version soignant a pour
objectif de donner au clinicien des repères pour son évaluation et permet aussi d’obtenir une évaluation dans
des situations où l’évaluation par l’accompagnant n’est pas possible.
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5.1
Quelle prise en soins ?
La présence d'une apathie doit faire rechercher une cause somatique ou environnementale.
Le traitement médicamenteux
Il n'existe pas de traitement médicamenteux spécifique de l'apathie.
En cas de maladie d'Alzheimer, les traitements spécifiques de la maladie d’Alzheimer (anticholinestérasiques, mémantine) ont une action modérée sur l’ensemble des troubles du comportement. Certains
antidépresseurs stimulants ont aussi un intérêt, notamment en cas de dépression associée.
Les thérapies non médicamenteuses
La prise en charge de l'apathie est essentiellement non médicamenteuse. De façon générale, il s'agit
de solliciter la personne avec bienveillance et sans excès. Mais le risque de harcèlement est bien moindre
que celui d'abandon…
Quelques principes généraux
Discuter avec la personne de son vécu, de son passé, de ses intérêts, des activités proposées.
Proposer et valoriser sa participation aux actes de la vie quotidienne, aux ateliers, aux activités, sans pour autant
la forcer.
Privilégier l’autonomie dans les actes de la vie quotidienne, sans faire à sa place.
Ne pas la solliciter de façon incessante.
Ne pas aller trop vite ni faire ou proposer plusieurs choses à la fois.
Ne pas lui faire la morale, ni de remarques humiliantes ou infantilisantes.
Éviter de laisser la personne seule dans sa chambre.
En cas d’émoussement affectif
Vérifier si la personne exprime ses sentiments spontanément, ou après une sollicitation extérieure.
Permettre l’expression des émotions.
Mettre des mots sur les émotions ressenties dans le quotidien, lors d’une activité, d’une visite.
Discuter avec la personne sur ce qu’elle ressent mais n’exprime pas.
En cas de perte d’initiative
Vérifier si la personne prend des initiatives spontanément ou en réponse à une sollicitation extérieure.
Favoriser les situations d’interaction sociale avec une autre personne.
En cas de perte d’intérêt
Vérifier si la personne exprime ses intérêts spontanément ou après sollicitation.
Favoriser les projets à court terme.
Discuter avec la personne de l’actualité, générale et personnelle.
Annoncer dès que possible les visites à venir et en discuter ensuite avec la personne.
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