UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 LE CANCER DU SEIN DE PHENOTYPE BASAL Mémoire du diplôme d’études spécialisées en anatomie pathologique Soutenu par Blandine MORELLON MIALHE Le 29 Septembre 2008 Sous la direction du Dr Isabelle Treilleux Composition du jury : - Madame le Professeur E. BRAMBILLA (CHU Grenoble) - Monsieur le Professeur M. PEOCH (CHU Saint Etienne) - Madame le Professeur M. DEVOUASSOUX-SHISHEBORAN (CHU Lyon) - Madame le Professeur F. THIVOLET-BEJUI (CHU Lyon : coordonnateur interrégional). 1 SOMMAIRE 1. INTRODUCTION..............................................................................p3 2. LE PHENOTYPE BASAL EN IMMUNOHISTOCHIMIE 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 Les cytokératines de t ype basal .....................................................p7 Les récepteurs hormonaux ............................................................p8 La famille HER ............................................................................p9 Marqueurs m yoépithéliaux ............................................................p11 Autres marqueurs étudiés..............................................................p13 Problème des CK8 et 18 ...............................................................p13 S ynthèse immunohistochimie/corrélations au pronostic ...................p14 3. CRITERES MORPHOLOGIQUES ET GRADE SBR ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL 3.1 Carcinomes Sporadiques ...............................................................p16 3.1.1 3.1.2 3.1.3 3.1.4 3.1.5 3.1.6 Forte acti vité mi totique .................................................................. p16 Nécrose tumoral e ........................................................................... p17 Infiltration de t ype « pushing » ....................................................... p17 Stroma l ymphoplas mocytaire .......................................................... p17 Autres caractéristiques morphologi ques ........................................... p18 Grade SBR .................................................................................... p18 3.2 Carcinomes Liés à des mutations de BRCA1 ..................................p19 4. SOUS TYPES HISTOLOGIQUES ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 Carcinomes médullaires et carcinomes médullaires at ypiques ..........p21 Carcinomes métaplasiques de haut grade .......................................p22 Carcinomes de t ype m yoépithélial .................................................p23 Autres t ypes histologiques ............................................................p24 Carcinomes in situ (C IS) de t ype basal ..........................................p24 5. CONCLUSION 5.1 Le phénot ype basal en routine : tumeurs triple négatives ? ..............p26 5.2 Perspectives thérapeutiques pour les tumeurs du sein de mauvais pronostic ...........................................................................................p28 6. REFERENCES ..................................................................................p30 TABLEAUX 2 1. INTRODUCTION Le cancer du sein affecte environ 10% des femmes dans les pays occidentaux et reste une des causes majeures de mortalité et de morbidité dans cette population. En effet, malgré les progrès accomplis, la survie stagne autour de 70% à 5 ans. Grâce à un dépistage de plus en plus précoce, le diagnostic est établi à un stade localisé sans envahissement ganglionnaire pour environ 62% des tumeurs (1). La plupart de ces patientes peuvent alors recevoir un traitement associant chirurgie et radiothérapie locale plus ou moins associées à une hormonothérapie. Une chimiothérapie est proposée aux patientes ayant une tumeur plus agressive. Les groupes à risque nécessitant un tel traitement adjuvant sont habituellement sélectionnés grâce à une combinaison de critères pronostiques cliniques et histologiques classiques et bien connus tels que l’âge, la taille de la tumeur, le statut ganglionnaire, le grade de Scarff-Bloom-Richardson (SBR), le statut hormonal, le statut HER2 (Human Epidermal Growth factor Receptor-2) et les emboles vasculaires. Cependant, la fiabilité de ces facteurs pour prédire l’évolution de la maladie et son issue clinique n’est pas parfaite. En effet, on estime que sur 10 femmes recevant de la chimiothérapie adjuvante pour un cancer mammaire sans envahissement ganglionnaire, seulement une a survécu grâce à cette thérapeutique adjuvante. Deux d’entre elles meurent en dépit du traitement et sept auraient survécu même sans ce traitement. Autrement dit, la chimiothérapie proposée aux patientes sans envahissement ganglionnaire est inutile dans 90% des cas et ne bénéficie qu’à 10% d’entre elles. De nombreuses patientes ne sont donc pas traitées de la manière la plus adaptée. Elles reçoivent des thérapeutiques inutiles qui comportent de nombreux effets secondaires et qui présentent un coût économique non négligeable. Il parait donc indispensable d’identifier de nouveaux critères pouvant s’ajouter ou remplacer les facteurs pronostiques classiques afin de mieux sélectionner les groupes de patientes nécessitant des thérapeutiques adjuvantes. 3 Les progrès récents sur la connaissance du génome humain et l’utilisation des biopuces pour l’étude des tumeurs ont révolutionné la façon dont les chercheurs peuvent étudier la pathogénie d’une maladie (2). L’anal yse simultanée de l’expression de milliers de gènes grâce aux « microarrays à ADN » ou puces à ADN a permis de dégager des profils d’expression génétique permettant de classer les tumeurs mammaires en fonction de leur agressivité. Ainsi par la mesure simultanée du niveau d’expression d’ARNm, les puces à ADN permettent d’aborder la complexité moléculaire des tumeurs et d’établir le support de leur hétérogénéité évolutive. La première classification des tumeurs du sein suivant leur profil d’expression génique a été publiée en 2000 par Perou et al. (3). Les tumeurs du sein étaient classées en quatre catégories définies chacune par le niveau d’expression de groupes de gènes ou « clusters » et par leur pronostic. Par ordre de pronostic du plus favorable au plus défavorable ont été décrits les phénot ypes suivants : luminal A (exprimant le récepteur aux oestrogènes), luminal B (exprimant le récepteur aux oestrogènes mais avec soit un grade de SBR élevé soit une surexpression de HER2), basal et HER2+ (mais sans expression du récepteur aux oestrogènes). Les deux derniers profils (basal et HER2+) montraient une survie globale plus courte que les phénot ypes luminaux A et B. Le phénot ype basal comportait des ARNm exprimés normalement dans les cellules m yoépithéliales du tissu mammaire normal. L’immunohistochimie effectuée sur la contrepartie fixée des tumeurs utilisées pour les puces à ADN confirmait que les protéines correspondantes étaient bien exprimées en montrant une positivité en immunohistochimie avec les anti-cytokératines de type 5/6 ou 17. Le phénot ype luminal lui était associé à l’expression des cytokératines (CK) 8/18 et à un ensemble de facteurs de transcription liés au récepteur aux œstrogènes. Dans une autre approche mais toujours à partir de puces à ADN, Van’t Veer et al. (4) ont identifié une série de 70 gènes dont le profil d’expression permettait de séparer les tumeurs de bon pronostic de celles de mauvais pronostic chez des patientes sans envahissement ganglionnaire. Van de Viger et al. (5) ont validé cette signature de 70 gènes (encore appelée signature 4 d’Amsterdam) pour des patientes présentant un envahissement ganglionnaire. Dans ces deux études il a été montré que le profil d’expression génique d’une tumeur prédisait mieux son pronostic que les critères classiques habituellement utilisés. De façon surprenante, il n’y a pas de concordance entre les gènes identifiés par la signature d’Amsterdam (4,5) et par les phénot ypes non luminaux de Pérou (3). Cependant, une tumeur appartenant au phénot ype basal se retrouve aussi classée dans le groupe des tumeurs de mauvais pronostic selon la signature d’Amsterdam. Quant aux mécanismes de carcinogenèse, ils se sont développés à partir des connaissances concernant la glande mammaire normale qui contient au moins 3 t ypes de « cellules épithéliales » : des cellules luminales situées dans la lumière, des cellules basales ou m yoépithéliales contre la membrane basale et des progéniteurs qui permettraient le renouvellement des tissus. Les différentes lignes de différenciation seraient associées à des expressions différentes des cytokératines. Ainsi les marqueurs définitifs des progéniteurs seraient la CK5/6 et la CK14. Les cellules luminales exprimeraient la CK8/18 et la CK19 à la différence des cellules basales exprimant plus volontiers la CK5/6. Au cours de la maturation ces profils seraient évolutifs et il existerait de nombreux stades intermédiaires d’expression des cytokératines (6). La couche basale dans la glande mammaire qui est faite de cellules cubiques ou fusiformes exprime aussi des marqueurs musculaires lisses tels que l’Actine Musculaire Lisse, la Calponine, la p63 et la PS100 (7,8). C’est pourquoi on parle souvent de phénot ype basal/m yoépithélial. Au terme de ces analyses par biologie moléculaire et des connaissances des différents composants de la glande mammaire normale, les pathologistes ont cherché à définir le profil immunohistochimique du cancer du sein de t ype basal en utilisant les marqueurs dont ils disposaient. Par la suite ils ont essayé de décrire les caractéristiques morphologiques de ces cancers puis d’identifier au sein des carcinomes infiltrants à quels sous-t ypes histologiques correspondaient le phénotype basal. C’est en suivant cette démarche que nous proposons d’exposer l’état actuel de nos connaissances sur le cancer du sein de t ype basal. Puis nous essayerons d’envisager si la mise 5 en évidence de cette entité a des conséquences sur nos pratiques et de façon plus large sur la prise en charge des patientes ayant un cancer du sein. 6 2. LE PHENOTYPE BASAL EN IMMUNOHISTOCHIMIE Cf. Tableau I Les cancers de t ype basal expriment des protéines caractéristiques des cellules épithéliales détaillerons basales successivement, et/ou des l’expression cellules des CK m yoépithéliales. de type Nous basal, des récepteurs hormonaux, des récepteurs de la famille HER, des marqueurs myoépithéliaux puis d’autres marqueurs anecdotiques. Enfin, nous aborderons le problème des kératines luminales et tenterons de dégager une s ynthèse des données de l’immunohistochimie sur le sujet 2.1 LES CYTOKERATINES DE TYPE BASAL Parmi les cytokératines, on distingue les kératines de bas poids moléculaires comme les CK 8, CK18 et CK19 et les kératines de haut poids moléculaires comme les CK14, CK5/6 et CK17 (9). Classiquement, comme ce qui a été observé au niveau des puces à ADN, les carcinomes de t ype basal expriment une ou plusieurs cytokératines de haut poids moléculaire de t ype basal comme la CK5/6, la CK14 ou la CK17 (8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16). L’expression de la CK5/6 a été anal ysée dans 6 études réunissant au total 320 cas (10, 11, 12, 13, 14, 16). Pour la majorité des auteurs, 60% à 70% des tumeurs de phénot ype basal expriment cette protéine. Les seuils de positivité utilisés sont cependant très variables d’une étude à l’autre. Ainsi trois études (10, 11, 16) considèrent un marquage comme positif dès qu’il existe une seule cellule marquée tandis que d’autres définissent le seuil de positivité respectivement à 1% (12), 5% (13) et 10% (14) de cellules marquées. Pour Laakso et al. (13) l’expression de la CK5/6 est retrouvée dans 100% des tumeurs de t ype basal mais il s’agissait d’un critère de sélection pour identifier les tumeurs de phénot yp e basal au sein d’une population tout 7 venant de carcinomes mammaires. Une autre étude (14) fait état d’un taux de positivité élevé de 86% mais cette série ne comporte que des carcinomes métaplasiques bien connus pour exprimer la CK5/6. L’expression de la CK14 étudiée dans 6 études (8, 12, 13, 14, 15, 16) réunissant au total 694 cas, montre des taux de positivité très disparates dans les tumeurs de phénot ype basal allant de 41% (12) à 82% (14). Là encore les seuils de positivité sont variables : dès une seule cellule marquée (15, 16) ou respectivement, 1% (12), 5% (13) ou 10% (8, 14) de cellules marquées. Les deux études (13, 15) qui montrent des taux positivité de 100% ont un biais de sélection, les tumeurs étant incluses à condition d’exprimer cette protéine. A côté des seuils de positivité, la disparité des résultats pourrait aussi être expliquée par le fait que l’expression de la CK14 varie au cours de la maturation de la glande mammaire et qu’il pourrait donc exister plusieurs profils d’expression du phénot ype basal avec et sans CK14 (6). Ainsi les cellules progénitrices expriment à la fois la CK14 et la CK5/6. Après plusieurs stades de maturation intermédiaire au cours desquels les cellules exprimeraient des combinaisons variées de ces marqueurs, les cellules luminales matures exprimeraient les CK8/18 et les cellules m yoépithéliales la CK14 Seulement deux études (13, 16) totalisant 102 cas ont concerné l’expression de la CK17 et retrouvent des taux de positivité concordants d’environ 65%. 2.2 LES RECEPTEURS HORMONAUX L’expression du récepteur aux oestrogènes alpha (ER) a été anal ysée dans 7 études colligeant au total 655 cas (8, 10, 11, 12, 13, 14, 16) et celle du récepteur à la progestérone (PR) dans 5 études regroupant au total 612 cas (8, 12, 13, 14, 16). Un seuil de positivité de 10% (marquage nucléaire uniquement) était retenu pour le récepteurs aux oestrogènes et pour le récepteur la progestérone dans 3 de ces études (12, 14, 16). Dans les travaux de Livas y et al (11), Laakso et al (13) et Rakha et al. (8) les seuils de 8 positivité ne sont pas clairement définis et pour celle de Nielsen et al. (10), un seuil de 20% est adopté pour le récepteur aux oestrogènes. Toutes ces études sont concordantes et montrent que 67% (8) à 100% (11, 12) des tumeurs de t ype basal n’expriment pas le récepteur aux oestrogènes. 76% (8) à 100% (12) de ces tumeurs n’expriment pas non plus le récepteur à la progestérone. En fait, 3 études sur 7 (11, 12, 14) regroupant 197 cas retrouvent une absence d’expression de ER dans près de 100% des tumeurs de t ype basal et 3 études sur 5 (12, 13, 14) colligeant 142 cas une absence de PR dans plus de 90% des cas. La non expression des récepteurs hormonaux dans les cancers de t ype basal semble donc être un critère discriminant puisque les taux d’expression du récepteur aux oestrogènes et du récepteur à la progestérone dans une population non sélectionnée de cancers du sein sont au contraire très élevés respectivement de 80% pour le récepteur aux oestrogènes et de 68% pour le récepteur à la progestérone sur une série de 4259 cancers du sein opérés au Centre Léon Bérard depuis 1996. 2.3 LA FAMILLE HER La détermination des statuts HER (Human Epidermal Growth factor Receptor) est devenue un enjeu très important avec le développement de thérapeutiques spécifiques ciblant les cellules exprimant ou surexprimant ces protéines. La famille HER comprend 4 récepteurs assez proches dénommés HER1 (récepteur à l’EGF) à HER4. Ces récepteurs ont un domaine extracellulaire capable d’interagir avec des ligands spécifiques sauf HER2 dont le ligand n’est pas connu. L’homo ou l’hétéro-dimérisation de ces récepteurs induit leur activité t yrosine kinase (sauf pour HER3) qui est capable secondairement de stimuler la croissance cellulaire en activant les signaux de transduction intracellulaire (17). La protéine HER2 a été anal ysée dans 7 études regroupant 656 cas (8, 10, 11, 12, 13, 14, 16). L’absence de surexpression de HER2 est retrouvée dans 35% (8) à 100% (10, 11, 12) des tumeurs de phénot ype basal. Il faut souligner cependant que 5 études sur 9 7 (267 cas) qui ont utilisé l’immunohistochimie (anticorps pol yclonal de Dako A0485, kit Herceptest) objectivent une absence de surexpression de HER2 dans près de 100% des tumeurs (10, 11, 12, 14, 16). Dans ces études, une tumeur était considérée comme HER2 + quand il existait un marquage membranaire fort et complet (intensité 3+) sur au moins 10% des cellules tumorales du contingent infiltrant ce qui ne tient pas compte du seuil actuellement recommandé de 30% (18). Les scores ambigus d’intensité 2+ n’étaient pas non plus retenus et il est donc possible que certaines tumeurs aient été classées à tort comme HER2 – puisque environ 25% des scores ambigus ont une amplification de HER2 détectée par h ybridation moléculaire. L’étude de Rakha et al. (8) portant sur 336 cas montre que 66% des tumeurs de t ype basal n’ont pas de surexpression de HER2 immunohistochimie). Dans en immunohistochimie cette étude, une (marquage relation 3+ en statistiquement significative entre phénot ype basal et absence de surexpression de HER2 est retrouvée dans le sous-groupe basal prédominant défini par un marquage de plus de 50% des cellules par l’anti-CK5/6 et/ou par l’anti-CK14. La seule étude (13) dans Hybridization) a laquelle été une utilisée technique regroupe 53 FISH cas. (Fluorescent In Situ Elle un taux montre d’amplification de HER2 de 23% dans les tumeurs de phénot ype basal mais l’amplification ne s’observe que dans un sous-groupe appelé basoluminal pour cette étude. Il est défini par un marquage hétérogène de moins de 70% des cellules tumorales en présence d’un cocktail d’anti- CK5 et d’anti-CK14 ou en présence uniquement d’anti-CK17. Le seuil de positivité de la technique FISH dans ce travail était fixé à au moins six copies HER2 par no yau sur au moins 10% des cellules tumorales. Il diffère peu du seuil actuellement recommandé qui est supérieur strictement à 6 copies (18). En résumé, il semble bien que les tumeurs de phénot ype basal ne surexpriment pas HER2 surtout si les cytokératines de type basal sont diffusément (plus de 50% de cellules) et fortement exprimées. A l’inverse, les rares observations de surexpression/amplification de HER2 seraient associées à une expression hétérogène et focale des cytokératines de type basal. Six études se sont intéressées à l’expression de HER1 avec au total 549 cas (8, 10, 11, 12, 13, 14). Trois d’entre elles (10, 12, 14) présentent des 10 résultats identiques montrant qu’environ 55% des tumeurs basales expriment HER1. Des techniques immunohistochimiques similaires ont été utilisées mais les seuils de positivité étaient différents : à partir d’une seule cellule marquée que le marquage soit faible ou fort (10) ou au moins 10% de cellules avec un marquage membranaire fort et complet (12, 14). Deux études réunissant 331 cas (8, 13) présentent des taux d’expression variable allant de 43% en immunohistochimie sans seuil de positivité défini (8) à 34% lorsque l’on exigeait à la fois une forte expression en immunohistochimie et une amplification de HER1 par FISH (13). Deux études récentes (19, 20) montrent que dans les carcinomes métaplasiques et les tumeurs de phénot ype basal, une amplification de HER1 est retrouvée pour 25% des tumeurs. Elle est associée à une surexpression de HER1 dans 1/3 des cas et se retrouve préférentiellement dans les tumeurs présentant un contingent métaplasique homologue. Aucune mutation de HER1 n’a été recherchée dans les tumeurs de phénot ype basal. Or, on ne dispose pas actuellement de thérapeutiques ciblées pour ces tumeurs qui sont souvent « triples négatives » (pas d’expression des récepteurs hormonaux, pas de surexpression de HER2). On sait par ailleurs que la réponse aux thérapeutiques anti-HER1 (anticorps monoclonaux ou inhibiteurs de t yrosine-kinase) n’est pas liée à la surexpression de HER1 mais plutôt aux mutations activatrices ou à l’amplification génique de ce récepteur (21). Une seule étude (8) colligeant 267 cas pour HER3 et une de 263 cas pour HER4 sont rapportées dans la littérature. Elles ne retrouvent pas d’association significative entre le phénot ype basal et l’expression de ces deux récepteurs. 2.4 MARQUEURS MYOEPITHELIAUX Certaines études ont anal ysé l’expression de marqueurs m yo épithéliaux tels que l’actine musculaire lisse et p63 indépendamment (11, 13, 14) : une étude de 18 cas pour l’actine musculaire lisse (11) et trois études pour la p63 réunissant 136 cas (11, 13, 14). L’actine musculaire lisse a été retrouvée dans 4 tumeurs de t ype basal sur 18. Le seuil de positivité n’était pas très 11 clairement défini. Le faible nombre de cas anal ysés ne permet pas d’interprétation pertinente. Les résultats obtenus pour l’expression de la protéine p63 sont très disparates avec des taux de positivité allant de 11% (13) à 80% (14). Le seuil de positivité est différent d’une étude à l’autre ou pas très clairement défini (11) : un seul no yau marqué (14) ou au moins 20% de no yaux marqués (13). Le taux très élevé d’expression de p63 dans l’étude de Reis-Filho et al. (14) s’explique en partie par le seuil de positivité très bas mais il est certainement aussi secondaire à un biais dans la sélection des tumeurs. En effet cette série ne comporte que des carcinomes métaplasiques pour lesquels l’expression de la protéine p63 fait partie du faisceau des éléments du diagnostic positif. Dans une autre approche (8) il a été recherché un phénot ype myoépithélial (actine musculaire lisse et/ou p63) sur une série de 1841 tumeurs mammaires incluses dans des blocs de TMA (Tissue Micro Array). Cette étude a permis aussi d’identifier trois sous-t yp es de tumeurs « basales » : des tumeurs de sous-t ype basal « pur » exprimant des CK basales (14%), des tumeurs de sous-t ype m yoépithélial exprimant des marqueurs myoépithéliaux (9%) et des tumeurs de sous-t ype basal/m yoépithélial exprimant à la fois des CK basales et des marqueurs m yoépithéliaux (5%). Ces trois sous-t yp es partageraient des caractéristiques morphologiques communes : massifs cribriformes creusés de k ystes mucoïdes, différenciation canalaire focale uniquement et pléomorphisme cellulaire. Leur phénot ype immunohistochimique « associé » serait superposable : perte d’expression des récepteurs hormonaux, expression de p53 et de HER1. Enfin, ils auraient des facteurs pronostiques communs : fréquence accrue de grade SBR3, index de Nottingham élevé et métastases à distance fréquentes. Par contre, ces soustypes auraient des particularités morphologiques mais surtout un profil immunohistochimique qui permettraient de les distinguer. Le phénot ype basal serait défini par l’expression de CK5/6 et/ou de CK14, le phénot ype myoépithélial par l’expression d’actine musculaire lisse et/ou de p63. Dans le groupe des tumeurs de phénot ype basal, il existerait des formes avec différenciation luminale exprimant aussi les marqueurs comme la CK7/8 ou la CK18. Dans le groupe des tumeurs m yo épithéliales, il y aurait des formes 12 luminales mais aussi des formes basales coexprimant les marqueurs myoépithéliaux et les marqueurs de t ype basal. 2.5 AUTRES MARQUEURS ETUDIES Différents marqueurs ont été testés pour caractériser le profil immunohistochimique des tumeurs de t ype basal. Certains représentent des gènes exprimés dans les puces à ADN comme la protéine p53 (22, 23) ou la protéine Bcl2 (23). D’autres ont été étudiés car ils étaient considérés comme des marqueurs m yoépithéliaux comme le CD10 (11) et d’autres sans raison bien particulière. Ces études sont peu représentatives. Trois études (10, 12, 13 ) regroupant un total de 81 cas ont montré que les tumeurs de t ype basal exprimaient le CD117 dans 19% (12) à 36% (13) des cas. L’expression de la vimentine (11, 13) a été retrouvée dans 94% (11) à 49% (13) des tumeurs au cours de deux études regroupant au total 71 cas. Le CD10 et p53 (11, 13) ont été étudiés chacun dans deux études comportant respectivement 18 et 53 tumeurs avec des taux de positivité de respectivement 11% et 46%. Bcl2 étudié dans 53 tumeurs (13) était au contraire absent ou faiblement exprimé dans 66% des tumeurs de t ype basal. Il existait également des taux de positivité plus élevés pour la E-Cadhérine (88%) et pour la protéine MUC1 (90%) dans les tumeurs de phénot ype basal (8). Tous ces marqueurs paraissent anecdotiques et ne semblent pas bien spécifiques du phénotype de t ype basal. 2.6 PROBLEME DES CK8 et CK18 Ces marqueurs sont habituellement exprimés dans les puces à ADN (24) dans le phénot ype luminal. Cependant, quelques études ont montré que les CK8/18 pouvaient aussi être exprimées dans les carcinomes de t ype basal. Ce marqueur ne peut donc pas être considéré comme exclusif du phénot ype luminal. Trois études (11, 12, 13) réunissant 185 tumeurs de t ype basal ont 13 montré un taux de positivité avec l’anti-CK18 de 83% (11) à 100% (13). Ceci n’est pas très cohérent avec les données issues des puces à ADN et montre bien qu’il existe une grande hétérogénéité des tumeurs mammaires qui peuvent avoir des phénot ypes intermédiaires et qu’il n’y a pas toujours concordance entre les ARNm et les protéines. D’ailleurs Rakha et al. (8) dans une série de 292 tumeurs de t ype basal sélectionnées sur l’expression de CK5/6 et/ou de CK14 retrouvent un phénot ype luminal concomitant attesté par l’expression de CK7/8 ou de CK18 dans près de 96% des cas. Le niveau d’expression des marqueurs luminaux était cependant faible à modéré en termes d’intensité du marquage et de pourcentage de cellules marquées ( « Hscore ») dans la moitié des cas. Il faut noter qu’il existe dans la littérature une terminologie ambiguë. Le terme basoluminal emplo yé par Laakso et al (13) est lié à une expression non homogène des CK de t ype basales (CK5, CK14 et CK17) alors que pour tous les autres auteurs on parle de phénotype luminal associé lorsque des CK de t ype luminal sont exprimées (CK18 et CK8). 2.7 SYNTHESE IMMUNOHISTOCHIMIE / CORRELATIONS AU PRONOSTIC Il n’existe pas de marqueurs immunohistochimiques qui permettent de détecter de façon fiable tous les carcinomes de t ype basal. En effet, ces tumeurs constituent une population hétérogène ce que ne laissait pas supposer l’anal yse des puces à ADN. Cependant Nielsen et al. (10) suggèrent qu’au moins pour les adénocarcinomes canalaires, le phénot ype suivant permettrait d’identifier correctement les carcinomes de t ype basal avec une excellente spécificité : non expression du récepteur aux oestrogènes et de HER2, expression de CK5/6 et/ou de HER1. Ce phénot ype serait aussi associé à l’absence d’expression du récepteur à la progestérone. Le phénot ype basal serait donc très souvent retrouvé dans des cancers du sein dits « triple négatifs » c’est-à-dire ER-, PR- et HER2-. 14 Une étude récente (25) montre qu’à 3 ans, il existe une différence significative de survie entre des tumeurs « triple négatives » et des tumeurs non « triples négatives ». Il en est de même lorsque l’on compare des tumeurs ayant le phénot ype basal (ER-, HER2-, CK5/6+ et/ou HER1+) défini par Nielsen et al. (10) à des tumeurs « non triple négatives ». Ces différences de survie s’estompent avec le temps et disparaissent à 10 ans. En revanche les tumeurs qui expriment la CK5/6 ou HER1 ont un pronostic plus mauvais que celles qui n’expriment aucun de ces marqueurs, ceci indépendamment du statut hormonal. Cette différence de survie s’observe à 3 ans et s’accentue avec le temps (10 ans). Une autre étude (8) confirme que l’expression des CK de t ype basal serait importante pour le pronostic. La survie globale et la survie sans rechute est diminuée dans les sous-t ypes, basal «p ur» (expression de CK5/6 et/ou CK14) et basal/m yoépithélial (expression d’actine musculaire lisse et/ou de p63) mais pas dans le sous-t ype m yoépithélial. Le pronostic est plus péjoratif lorsque le pourcentage de cellules exprimant les CK basales augmente : 63 mois de survie lorsque plus de 50% des cellules expriment des CK de t ype basal (« basal prédominant »), 86 mois lorsque l’expression des CK basales concerne moins de 50% des cellules et 114 mois pour les tumeurs n’exprimant par les CK basales. Les données de la littérature concernant le profil immunohistochimique des tumeurs basales et sur leur pronostic sont donc contradictoires. Pour certains, ces tumeurs sont ER-, PR- et HER2- et peuvent ou non exprimer la CK5/6 et/ou HER1. Pour d’autres, l’expression de CK5/6 et/ou de HER1 serait le critère le plus important notamment en terme de pronostic. 15 3. CRITERES MORPHOLOGIQUES ET GRADE SBR ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL Cf. Tableau II Nous détaillerons les aspects morphologiques des tumeurs de type basal tels qu’ils ont été définis pour les cancers du sein sporadiques mais aussi pour ceux développés dans un contexte familial de mutation de BRCA1 (Breast Cancer 1 early onset). 3.1 CARCINOMES SPORADIQUES Les études histopathologiques des carcinomes de t ype basal auraient montré une plus grande fréquence de certaines caractéristiques morphologiques sans que celles-ci ne soient considérées comme des critères diagnostiques permettant de les identifier de façon formelle (8, 11, 15). 3.1.1 Forte activité mitotique Livas y et al. (11) dans une série de 23 tumeurs infiltrantes de t ype basal identifiées par biologie moléculaire ont montré une forte activité mitotique qui se traduisait par une mo yenne de 45 mitoses pour 10 champs au fort grossissement dans toutes les tumeurs. Fulford et al. (15) dans une série de 88 tumeurs ont également estimé que pour 86% d’entre elles, le compte mo yen de mitose était supérieur à 40 mitoses pour 10 champs au fort grossissement. L’index de prolifération estimé à l’aide de l’anti Ki67 (26) a été considéré comme élevé (marquage nucléaire fort d’au moins 10% des cellules tumorales) dans 12 carcinomes in situ de t ype basal sur 19. Avec une telle activité mitotique on aurait pu penser que les tumeurs de type basal seraient de plus grande taille mais ce n’est pas le cas (16). En 16 revanche, ces tumeurs sont surreprésentées dans les cancers de l’intervalle considérés comme des tumeurs plus agressives car développées entre deux mammographies de dépistage (27). Ainsi, la CK5/6 a 2,5 fois plus de chance d’être exprimée dans les cancers de l’intervalle que dans ceux diagnostiqués de façon classique par des mammographies de dépistage. 3.1.2 Nécrose tumorale Livas y et al. (11) et Fulford et al. (15) ont évalué respectivement la présence ou non de nécrose centrale géographique ou d’une nécrose supérieure à 50% de la surface tumorale. Leurs résultats sur un total de 101 tumeurs sont identiques montrant que de la nécrose tumorale est observée dans environ 75% des tumeurs de t ype basal ce qui plaide aussi pour leur agressivité. 3.1.3 Infiltration de type « pushing » Deux groupes (11, 15) ont anal ysé le comportement de la tumeur vis-à-vis du tissu de voisinage. Ils ont défini le type « pushing » par des contours qui refoulent le parenchyme sain adjacent sans l’infiltrer. Malgré une définition identique, les résultats sont relativement discordants. Pour Livas y et al. (11), le mode d’infiltration de t ype « pushing » est retrouvé dans 57% des tumeurs de t ype basal alors que Fulford et al. (15) ne l’observent que dans 27% des cas. Bien que cette dernière série soit plus importante (88 cas contre 23), les critères de sélection des tumeurs de t ype basal ont été faits sur l’expression de la CK14 qui n’est probablement pas le marqueur le plus pertinent. La série (11) qui rapporte les taux plus élevés d’infiltration de t ype « pushing » bien que plus réduite en nombre comporte des tumeurs dont le phénot ype basal a été déterminé en biologie moléculaire et ce résultat paraît plus fiable. 3.1.4 Stroma lymphoplasmocytaire Deux études réunissant 101 tumeurs ont montré un infiltrat lymphocytaire dans 57% (11) et dans 84% (15) des tumeurs de t ype basal. La définition de 17 ce stroma l ymphocytaire n’est pas clairement établie pour l’étude de Livas y et al. (11) qui le désigne sous le terme de « réponse stromale lymphocytaire ». Il n’y a en effet pas d’estimation semi-quantitative ou quantitative de l’infiltrat ni de précision concernant la topographie de l’infiltrat. Fulford et al. (15) définissent l’infiltrat l ymphocyt aire en terme de réponse l ymphocytaire qu’ils essaient de quantifier en trois catégories : absente, modérée ou prédominante. Il semble que ces deux groupes n’aient pas pris en compte les mêmes paramètres. Le pourcentage le plus élevé (15) pourrait s’expliquer par le fait que tout infiltrat l ymphocytaire est noté quel que soit son abondance alors que l’infiltrat l ymphocytaire n’est individualisé par l’autre équipe que lorsqu’il est assez dense (11). 3.1.5 Autres caractéristiques morphologiques La plupart des carcinomes de t ype basal se présentent comme des carcinomes canalaires peu différentiés caractérisés par des plages cellulaires sans ou avec peu de structure glandulaire. Ainsi, Fulford et al. (15) montrent que 85% des 88 carcinomes de phénot ype basal présentent une architecture solide sans structure canalaire. Cependant Rakha et al. (8) ont montré qu’il existait dans ces tumeurs une fréquence accrue de massifs cribriformes avec des cavités k ystiques mucoïdes. Fulford et al. (15) ont mis en avant dans leur étude de 88 cas quelques autres critères morphologiques statistiquement plus fréquents dans les tumeurs de t ype basal comme la présence d’une cicatrice centrale (42%), de zones de métaplasie malpighienne (6%), d’un rapport nucléo-cytoplasmique élevé (87%) et la présence de cellules fusiformes (15%). 3.1.6 Grade SBR Pour les adénocarcinomes sans autre précision, le phénot ype basal se retrouve plutôt au sein des tumeurs de haut grade (11, 12, 15). Les études non sélectives (8, 11, 12) qui colligent au total 484 cas ont montré que 72% (8) à 100% (11) des tumeurs de t ype basal étaient de grade SBR3. Ce paramètre est 18 probablement important puisqu’il a été utilisé dans certaines études sur les tumeurs de t ype basal comme un critère permettant de faire un premier tri dans des tumeurs mammaires non sélectionnées (15, 16). Parmi les différents éléments du grade de SBR, l’activité mitotique (11, 16) et les at ypies nucléaires (12) semblent être les plus pertinents. 3.2 CARCINOMES LIES A DES MUTATIONS DE BRCA1 Les formes héréditaires de cancer du sein, qui représentent environ 5 à 10% de tous les cas de cancer du sein, impliquent principalement les mutations des gènes BRCA1 ou BRCA2. Les femmes porteuses du gène mutant BRCA1 ou BRCA2 présentent un risque de développer un cancer du sein de 80 %. Les cancers mammaires liés à des mutations de BRCA1 semblent partager de nombreuses caractéristiques morphologiques, immunohistochimiques et moléculaires avec les cancers de phénot ype basal (28, 29). Ils sont souvent de haut grade, peu différenciés, avec un index mitotique élevé et un important pléomorphisme nucléaire. Ils n’expriment classiquement pas les récepteurs hormonaux et ne surexpriment pas la protéine HER2. Lakhani et al. (30) ont également montré une expression fréquente des cytokératines basales dans ce t ype de cancer. Dans une série de 182 tumeurs développées dans un contexte de mutation de BRCA1 comparées à des tumeurs survenant en dehors de ce contexte, la CK5/6 est exprimée dans 58% des cas contre 7%, la CK14 dans 61% contre 12% et la CK17 dans 53% contre 10%. HER1 est également plus souvent exprimé : 67% versus 21%. En comparant le profil moléculaire de 20 cas de carcinomes liés à des mutations de BRCA1 à celui de cancers de phénot ype basal, Sorlie et al. (31) ont même retrouvé des similitudes moléculaires. Ainsi, l’addition de marqueurs immunohistochimiques de t ype basal à l’histoire familiale et au statut hormonal pourrait considérablement augmenter notre capacité à cibler les patientes à qui on pourrait proposer de rechercher une mutation de BRCA1. Ces tests de recherche de mutation génétique sont en effet coûteux et ont un impact ps ychologique personnel et familial. Il ne faut cependant pas oublier que tous les carcinomes de t ype basal ne sont pas liés 19 aux mutations de BRCA1 et que les cancers se développant chez les porteuses de la mutation BRCA1 ne sont pas tous de t ype basal. 20 4. SOUS TYPES HISTOLOGIQUES ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL Cf. Tableau III Nous décrirons les sous-t ypes histologiques associés au phénot ype basal par ordre chronologique de description en commençant par le t ype médullaire et les carcinomes métaplasiques de haut grade. Puis nous montrerons que les carcinomes m yoépithéliaux ont aussi été rapprochés de ce groupe de tumeur. Pour finir, nous verrons que la majorité des tumeurs de type basal correspondent en fait à des sous-t ypes histologiques plus communs et qu’il existerait une composante in situ de ce t ype tumoral. 4.1 CARCINOMES MEDULLAIRES ET CARCINOMES MEDULLAIRES ATYPIQUES Certains critères morphologiques des carcinomes de type basal rappellent ceux des carcinomes médullaires : des contours qui refoulent le parench yme voisin (61% des cas), un stroma l ymphocytaire (57% des cas) et un arrangement s yncitial des cellules tumorales (17% des cas) (11). Rakha et al. (8) montrent dans leur série de 1841 adénocarcinomes invasifs que 6% des tumeurs de phénot yp e basal sont de t ype médullaire alors que les carcinomes médullaires ne représentent que 2% de l’ensemble de leurs tumeurs. De ce fait, certains auteurs (23, 31) ont recherché le phénotype basal par immunohistochimie dans des cancers médullaires. Ainsi Tot et al. (32) montrent dans une série de 31 carcinomes médullaires que 12% d’entre eux expriment la CK14. Par ailleurs, 25% des carcinomes médullaires t ypiques, 43% des carcinomes médullaires at ypiques et 20% des carcinomes médullaires avec métastases expriment la CK5/6. Jacquemier et al. (23) montrent dans une série récente de 44 carcinomes médullaires que plus de 50% d’entre eux expriment des marqueurs basaux ou m yoépithéliaux comme la P-cadhérine, l’actine musculaire lisse, la PS100 ou des cytokératines de t ype basal comme 21 la CK5/6. Enfin Bertucci et al. (33) ont montré que les tumeurs de t ype basal et les carcinomes médullaires partageaient certaines caractéristiques moléculaires. Ainsi dans son étude réunissant 22 carcinomes médullaires, 95% présentaient un profil moléculaire de t ype basal. Inversement, dans deux études (12, 13) regroupant au total 167 tumeurs de phénot ype basal, des résultats très différents ont été trouvés. Ainsi, les carcinomes médullaires ne représentaient qu’entre 2% et 3% des sous-t ypes histologiques et les carcinomes médullaires at ypiques qu’environ 1% (12). Une étude (11) qui ne comporte que 23 cas ne retrouve aucun carcinome médullaire classique ou at ypique mais il s’agit d’un biais lié au faible nombre de tumeurs. 4.2 CARCINOMES METAPLASIQUES DE HAUT GRADE Les cancers de phénot ype basal et les carcinomes métaplasiques partagent plusieurs caractères morphologiques : présence de cellules fusiformes, métaplasie malpighienne ou production de matrice (34). De même en immunohistochimie, ils expriment des marqueurs m yoépithéliaux comme la protéine p63, la CK14, l’actine musculaire lisse ou la vimentine. Fulford et al. (15) ont montré qu’au sein d’un groupe d’adénocarcinome infiltrant SBR3, la présence de cellules fusiformes était plus fréquemment retrouvée dans les carcinomes de t ype basal (15%) que dans les carcinomes de t ype non basal (5%). Il en était de même de la métaplasie malpighienne (6% versus 0.4%). Livas y et al. (11) ont montré que 2 de leurs 23 cas de carcinome de t ype basal présentaient une métaplasie malpighienne et une production de matrice. Reis-Filho et al. (14) ont démontré que les 65 carcinomes métaplasiques de haut grade de leur série exprimaient des marqueurs de différenciation basale comme la CK5/6 (86% des cas), la CK14 (82% des cas) et HER1 (57%des cas), ou des marqueurs de différenciation myoépithéliale comme la p63 (80% des cas). Sur 65 carcinomes métaplasiques, 59 avaient un profil immunohistochimique de t ype basal identique à celui défini par Nielsen et al. (10) c'est-à-dire non expression du récepteur aux oestrogènes et de 22 HER2, expression de CK5/6 et/ou de HER1. Si dans cette série, l’expression de p63 ou de CK14 en soi était considérée comme un marqueur de tumeur basale, alors 61 des 65 carcinomes métaplasiques avaient un phénot ype basal en immunohistochimie. Inversement, 3 études (11, 12, 13) regroupant au total 190 tumeurs de type basal, rapportent que les carcinomes métaplasiques ne représenteraient que 2% (13) à 9% (11) des sous t ypes histologiques. Dans les deux études qui font état des pourcentages les plus élevés de 5% (12) et 9% (11), la sélection du phénot ype basal s’est effectuée sur la base de la biologie moléculaire alors que ce sont des critères d’expression des CK5/6 et CK14 en immunohistochimie qui étaient utilisés pour l’étude rapportant le taux le plus bas (13). 4.3 CARCINOMES DE TYPE MYOEPITHELIAL Dans cette rubrique, la classification OMS 2003 englobe les carcinomes myoépithéliaux et le carcinome adénoïde k ystique. Le carcinome adénosquameux de bas grade est pour certains auteurs rattaché à ce groupe de tumeurs, pour d’autres aux carcinomes métaplasiques. La plupart des carcinomes de t ype myoépithélial, y compris ceux de bon pronostic comme le carcinome adénoïde k ystique sont classés comme des carcinomes de t ype basal suivant leurs caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques. Ces tumeurs sont souvent triple négatives. De plus, les carcinomes adénoïdes k ystiques ou les carcinomes m yoépithéliaux sont connus pour exprimer la CK5, l’actine musculaire lisse ou la CK14 (35, 36, 37). Le carcinome adénoïde k ystique est décoré par l’anti-CD117 ou l’antip63 (38). Dans leur étude de 348 tumeurs de phénot ype basal Rakha et al. (8) retrouvent 5 carcinomes adénoïdes k ys tiques. Les tumeurs myoépithéliales sont donc rattachées immunohistochimique au mais t ype il n’a basal par jamais été leur profil rapporté d’expression de carcinome adénosquameux de bas grade ni de carcinome m yoépithélial dans les séries publiées car ces tumeurs sont probablement trop rares. 23 4.4 AUTRES TYPES HISTOLOGIQUES Du fait des caractéristiques morphologiques des tumeurs de type basal qui ressemblaient aux carcinomes médullaires (ou médullaires at ypiques) ou aux carcinomes métaplasiques de haut grade, les pathologistes ont cherché le phénot ype basal tout d’abord dans ces catégories mais la proportion de ces sous-t ypes histologiques ne rend compte que de 1% (8) à 9% (11) des tumeurs de t ype basal lorsque l’on compile toutes les séries. Par ailleurs, comme il est connu que les carcinomes de t ype m yoépithélial expriment certains marqueurs communs à ceux exprimés par les tumeurs de t ype basal, les carcinomes myoépithéliaux, les carcinomes adénosquameux de bas grade et les carcinomes adénoïdes k ystiques y avaient été rattachés. En fait 4 études (8, 11, 12, 13) regroupant 538 tumeurs se sont attachées à évaluer à quels soustypes histologiques correspondaient les tumeurs de t ype basal. Toutes montrent que 81% (8) à 96% (13) d’entre elles sont des adénocarcinomes canalaires infiltrants de t ype commun. Deux études sur 4 qui rapportent les taux les plus élevés de 91% (11) et 96% (13) n’ont retrouvé comme autres sous-t ypes histologiques que des carcinomes métaplasiques (respectivement 9% et 2%) de haut grade et des carcinomes médullaires (respectivement 0% et 2%). De façon anecdotique, dans les deux plus importantes séries (8, 12) comportant 462 tumeurs de t ype basal, 81% (8) à 87% (12) correspondaient à des carcinomes canalaires communs mais d’autres sous-t ypes histologiques étaient rapportés : carcinome lobulaire (1% et 4% respectivement), carcinome mixte lobulaire/canalaire (1% et 3% respectivement), carcinome mucineux (2% et 0% respectivement), carcinome tubuleux (1% et 0% respectivement), carcinome papillaire infiltrant (1% et 0%) et carcinome cribriforme infiltrant (0% et 1%). 4.5. CARCINOMES IN SITU (CIS) DE TYPE BASAL Jusqu’à récemment, il n’était pas clairement décrit de composante in situ pour le phénot yp e basal. Deux études (26, 39) ont montré qu’environ 10% des carcinomes canalaires in situ possédaient des critères morphologiques 24 (haut grade nucléaire, infiltrat lymphocytaire, nécrose) et immunohistochimiques (ER-, PR-, HER2-, CK14+, CK5/6+, E-Cadhérine+, HER1+) de carcinome de t ype basal. On ignore si ces lésions représentent de véritables précurseurs de la tumeur infiltrante ou une simple ligne de différenciation divergente dans un carcinome in situ classique. 25 5. CONCLUSION Au terme de ce travail, nous avons essayé de déterminer si la mise en évidence en biologie moléculaire du phénot ype basal avait eu des conséquences sur l’activité diagnostique du pathologiste. Après avoir répondu à cette question, nous verrons comment ces études ont permis d’attirer l’attention sur un groupe de tumeurs de mauvais pronostic non accessibles aux thérapeutiques ciblées usuelles et pour lesquelles des essais thérapeutiques sont en cours. 5.1 LE PHENOTYPE BASAL EN ROUTINE = TUMEURS TRIPLE NEGATIVES ? Dans une population de cancers non sélectionnés (tableau I), les fréquences estimées du phénot ype basal varient de 10% en biologie moléculaire (15) à 19% en immunohistochimie (8, 13). En fait la proportion la plus exacte semble être de 15% puisque l’étude de Kim et al. (12) réunissant 776 cas de cancers tout venant retrouve 114 cas de phénot ypes basales prouvés en biologie moléculaire. Les deux autres études retrouvant des taux un peu plus élevés de 19% pour Fulford et al. (15) et de 17% pour Barnegee et al. (16) présentent un biais de sélection puisque qu’elles n’incluent que des carcinomes de grade SBR3. Rakha et al. (8) isolent trois sous-t ypes, le t ype basal (exprimant la CK5/6 et/ou la CK14), le t ype myoépithélial (exprimant p63 et/ou l’actine musculaire lisse) et le t ype basal/m yoépithélial (exprimant des CK basales et des marqueurs myoépithéliaux. Les données initiales de la littérature avaient attribué un mauvais pronostic au carcinome de t ype basal défini de façon moléculaire (3). Ceci a été confirmé en IHC (8) mais l’évolution défavorable était observée pour les sous-t ypes basal et basal/m yoépithélial mais pas pour le sous-t ype myoépithélial. Il existe donc une hétérogénéité (8, 13) de la survie globale et 26 de la survie sans rechute au sein des tumeurs de t ype basal qui dépendrait entre autres du niveau d’expression des CK de t ype basal et de la coexpression ou non des marqueurs m yoépithéliaux. Les disparités concernant le pronostic des tumeurs basales tiennent aussi à l’utilisation de techniques différentes pour identifier le phénot ype basal (biologie moléculaire versus immunohistochimie) mais surtout pour une technique donnée à l’absence de consensus sur les marqueurs diagnostiques et les seuils de positivité. De nombreuses tentatives visant à faire correspondre des sous-t ypes histologiques des cancers du sein ou des formes cliniques particulières (cancers héréditaires) de cancers du sein au phénot ype basal se sont révélées infructueuses. Ainsi certaines tumeurs qui feraient partie du phénot ype basal sont habituellement considérées de bon pronostic (carcinome adénosquameux de bas grade ou carcinome adénoïde k ystique) ou de meilleur pronostic qu’un carcinome infiltrant commun SBR3 (carcinome médullaire). Les études plus récentes (8) montrent que les tumeurs de phénot ype basal constituent un groupe de tumeurs hétérogènes qui n’est pas restreint à des sous-t ypes histologiques, ni aux cancers du sein liés aux mutations de BRCA1. Ce phénot ype et le pronostic qu’il conditionne sont certainement mieux appréhendés par le profil d’expression en immunohistochimie de marqueurs qu’il convient de définir. Les données des profils moléculaires et les études immunohistochimiques semblent indiquer que si un phénot yp e basal doit être retenu dans le cancer du sein, c’est bien dans le groupe des tumeurs « triple négatives » qu’il faut le rechercher c'est-à-dire des tumeurs qui n’expriment pas les récepteurs hormonaux et ne surexpriment pas HER2 (10). Il ne se dégage cependant pas de consensus concernant les marqueurs que l’on doit exiger pour classer une tumeur en t ype basal, surtout si l’on souhaite identifier celles qui sont de plus mauvais pronostic. Par exemple, pour certaines études (12, 40) le caractère triple négatif des tumeurs est indispensable mais pas pour d’autres (41). L’expression de cytokératines basales telles que la CK5/6 et/ou l’expression de HER1 serait pour certains (25) plus importantes pour définir le phénot ype basal associé au mauvais 27 pronostic que le caractère triple négatif des tumeurs. Pour d’autres, la coexpression de marqueurs m yoépithéliaux et de CK basales serait plus péjorative que l’expression isolée de CK basales (8). Par ailleurs lorsqu’un nombre élevé de cellules expriment la CK5/6 (plus de 50%) le pronostic serait plus péjoratif (8). Pour l’instant, il n’est donc pas utile de rechercher l’expression de CK basales, de HER1 et des marqueurs m yoépithéliaux en routine car elle ne conditionne pas la décision thérapeutique. Les autres marqueurs associés au phénot ype basal (récepteurs hormonaux et HER2) sont eux évalués de façon s ystématique. L’identification en biologie moléculaire du phénot ype basal n’a donc actuellement pas de conséquence sur nos pratiques quotidiennes mais il est possible que dans l’avenir, la recherche de l’expression de CK5/6 voire de marqueurs m yoépithéliaux fasse partie du panel de marqueurs à anal yser. Les études moléculaires ont donc permis d’attirer l’attention sur un groupe de tumeurs, les « triple négatives » qui bien qu’hétérogènes restent dans leur grande majorité de mauvais pronostic peut-être du fait de leur biologie propre mais surtout car il n’existe pas de thérapeutiques ciblées pour ces patientes comme celles utilisées pour les tumeurs ER+ (thérapeutiques hormonales) ou HER2+ (thérapeutiques ciblant HER2). De fait, leur pronostic ne peut pas être amélioré. De nombreuses études cherchent donc à identifier de nouvelles options thérapeutiques plus appropriées pour ces patientes. 5.2 PERSPECTIVES THERAPEUTIQUES POUR LES TUMEURS DU SEIN DE MAUVAIS PRONOSTIC Il existe deux façons différentes d’aborder les tumeurs du sein de mauvais pronostic, soit en utilisant la signature pronostique des 70 gènes d’Amsterdam pour définir des thérapeutiques adjuvantes déjà validées soit en essayant de nouvelles approches thérapeutiques pour les tumeurs de phénot ype basal « triple négatives » pour lesquelles ni l’hormonothérapie ni les anti-HER2 ne sont possibles. 28 Les signatures pronostiques multi géniques semblent largement aussi performantes que les facteurs histo-cliniques classiques. Des études de validation sur de grandes séries prospectives sont en cours. Ainsi, l’essai MINDACT EORTC 10041 évalue la valeur de la signature moléculaire de 70 gènes d’Amsterdam par rapport aux critères usuels clinico-pathologiques pour préconiser un traitement adjuvant par chimiothérapie conventionnelle chez des patientes ayant un cancer du sein sans envahissement ganglionnaire. L’autre approche consiste à essayer de nouveaux protocoles thérapeutiques pour les tumeurs de mauvais pronostic « triple négatives » pour lesquelles on ne peut proposer ni d’hormonothérapie ni de traitement anti-HER2. L’essai PACS 8 multicentrique, de phase III, randomisé, évalue chez des patientes présentant un cancer du sein de mauvais pronostic (tumeurs « triple négatives » ou tumeurs HER2- et RP-) avec ou sans envahissement ganglionnaire, l’efficacité d’une chimiothérapie adjuvante classique couplée à une nouvelle molécule l’Ix abépilone. Une seconde étude (Béatrice) évalue l’efficacité de l’administration concomitante d’un anti-angiogénique l’Avastin (bevazizumab) et d’une chimiothérapie adjuvante standard chez des patientes « triple négatives ». 29 6. REFERENCES 1. INVS Estimation de l’impact du dépistage organisé sur la mortalité par cancer du sein. Contexte, méthodologie et faisabilité. http ://www.invs.sante.fr/publications/2007/depistage_cancer_sein/index.html 2. Pease AC, Solas D, Sullivan EJ, Cronin MT, Holmes CP, Fodor SP.Lightgenerated oligonucleotide arrays for rapid DNA sequence analysis. Proc Natl Acad Sci U S A. 1994;91:5022-6. 3. Perou CM, Sorlie T, Eisen MB, van de Rijn M, Jeffrey SS, Rees CA, Pollack JR, Ross DT, Johnsen H, Akslen LA, Fluge O, Pergamenschikov A, Williams C, Zhu SX, Lonning PE, Borresen-Dale AL, Brown PO, Botstein D. Molecular portraits of human breast tumours. 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Type d’article : mise au point Ordre des auteurs : Blandine Morellon-Mialhe (1), Isabelle Treilleux (1) (1) Centre Léon-Bérard 28, rue Laennec 69373 Lyon Cédex 08 France Auteur responsable de la correspondance : Docteur Isabelle Treilleux Service d’anatomie pathologique, Centre Léon-Bérard 28, rue Laennec 69373 Lyon Cédex 08 France Tél : 33-(0)4-78-78-28-39 Fax : 33- (0)4-78-78-27-13 Email : treilleu@l yon.fnclcc.fr 39 RESUME : L’anal yse moléculaire du transcriptome a mis en évidence des sous-t ype de carcinomes mammaires, dont celui de t yp e basal de mauvais pronostic. Cette revue de la littérature expose leurs caractéristiques morphologiques et détaille leur profil d’expression en immunohistochimie : négativité des récepteurs hormonaux et de HER2, expression des cytokératines basales (CK5/6, CK14), de marqueurs m yoépithéliaux (p63, Actine Musculaire Lisse) et de HER1. Ce phénot ype qui n’est pas restreint à des t ypes histologiques de cancer est divisé en 3 sous-t ypes définis par leur pronostic et leur profil d’expression. Les sous-t ypes basal pur et basal/m yoépithélial seraient associés à un pronostic péjoratif à la différence du sous-t ype myoépithélial. MOTS CLES : cancer du sein, phénot yp e basal, cytokératines basales, marqueurs m yoépithéliaux, immunohistochimie, pronostic SUMMARY : Basal breast cancers individualized b y molecular profiling are associated with a poor prognosis. This review describes the morphological characteristics of these tumors and focuses on their profiling using immunohistochemistry : negative hormone receptors and HER2, expression of basal cytokeratins (CK5/6, CK14), m yoepithelial markers (p63, Smooth Muscle Actin) and HER1. All histological t ypes of breast cancer belong to this phenot ype which is further divided in 3 subt ypes according to the prognosis and the protein profiling. Both pure basal and basal/myoepithelial subt ypes have a poor prognosis in contrast to the m yoepithelial subt ype. KEY WORDS : breast cancer, basal phenot ype, basal cytokeratins, myoepithelial markers, immunohistochemistry, prognosis 40 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION CRITERES MORPHOLOGIQUES ET GRADE SBR ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL LE PHENOTYPE BASAL EN IMMUNOHISTOCHIMIE LES CYTOKERATINES DE TYPE BASAL LES RECEPTEURS HORMONAUX LA FAM ILLE HER MARQUEURS MYOEPITHELIAUX AUTRES MARQUEURS ETUDIES PROBLEME DES CK8 et CK18 SOUS TYPES HISTOLOGIQUES ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL LE PHENOTYPE BASAL POUR LE PATHOLOGISTE LE PRONOSTIC DES CANCERS DU SEIN DE PHENOTYPE BASAL CONCLUSIONS REFERENCES 41 INTRODUCTION Le cancer du sein affecte environ 10% des femmes dans les pays occidentaux. Malgré des progrès thérapeutiques et un diagnostic plus précoce, le taux de survie à 10 ans stagne autour de 72% (1). En dehors du contrôle locorégional de la maladie, un traitement adjuvant est proposé en fonction des critères histopronostiques tels que la taille, le grade de SBR (Scarff-BloomRichardson), le statut ganglionnaire, les embols vasculaires, la surexpression de HER2 (Human Epidermal growth factor Receptor) et le statut hormonal. Le développement des puces à ADN a permis de proposer (2) une classification moléculaire des cancers du sein en quatre catégories définies par le niveau d’expression de groupes de gènes et par leur pronostic. Les tumeurs de phénot ype basal qui expriment les mêmes ARNm que les cellules basales/m yoépithéliales du tissu mammaire normal ont le pronostic le plus défavorable (1). D’ailleurs, ces tumeurs sont surreprésentées dans les cancers de l’intervalle qui se développent entre deux mammographies de dépistage (3). L’immunohistochimie effectuée sur la contrepartie fixée des tumeurs utilisées pour les puces à ADN confirme que les protéines correspondantes (CK 5/6 ou CK17) sont exprimées dans ces tumeurs. Les fréquences estimées des cancers du sein de phénot ype basal varient de 10% en biologie moléculaire (4) à 19% en immunohistochimie (5, 6). L’étude de Kim et al. rapporte un taux de 15% dans une série de 776 tumeurs mammaires non sélectionnées dont le phénot ype a été déterminé en biologie moléculaire. Les caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques des cancers du sein de phénot ype basal seront présentées. Nous verrons que ce phénot ype n’est pas restreint à des sous t ypes histologiques. Nous tenterons enfin de 42 voir comment le pathologiste peut identifier le phénot ype basal avec ses outils et quelles sont les conséquences sur le pronostic. CRITERES MORPHOLOGIQUES ET GRADE SBR ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL Qu’il s’agisse des cancers du sein sporadiques ou des cancers familiaux liés à BRCA1, les carcinomes de t ype basal ont des caractéristiques morphologiques qui témoignent de leur agressivité mais ces aspects ne constituent pas des critères diagnostiques en eux mêmes (4, 5, 8, 9, 10). Ainsi, l’activité mitotique mo yenne est élevée, de 45 mitoses pour 10 champs au fort grossissement dans l’étude de Livas y et al. (8). Fulford et al. (4) estiment également que 86% des tumeurs basales comportent plus de 40 mitoses pour 10 champs au fort grossissement. Pour autant, ces tumeurs ne sont pas de plus grande taille (11). Une nécrose centrale géographique (8) ou une nécrose supérieure à 50% de la surface tumorale (4) est observée dans environ 75% des cas. Des contours de t ype « pushing » définis par un refoulement du parench yme adjacent ont été retrouvés respectivement dans 57% (23 tumeurs seulement sélectionnées en biologie moléculaire) (8) et 27% (88 tumeurs sélectionnées par l’expression en IHC de CK14) (4) de ces tumeurs. Un infiltrat l ymphocytaire a été observé respectivement dans 57% (8) et 84% (4) des tumeurs de t ype basal. Ces taux variables sont à mettre sur le compte d’une interprétation différente, l’essai de quantification de l’infiltrat lymphocytaire (4) aboutissant à une recherche s ystématique de tumeurs faiblement infiltrées. 85% des tumeurs de t ype basal (4) ont l’aspect de carcinomes canalaires peu différenciés (architecture solide sans structure canalaire). Cependant Rakha et al. (5) ont montré qu’il existerait une 43 fréquence accrue de massifs cribriformes avec des cavités k ystiques mucoïdes. D’autres critères morphologiques sont plus fréquemment rapportés (4) tels qu’une cicatrice centrale (42%), des zones de métaplasie malpighienne (6%), un rapport nucléo-cytoplasmique élevé (87%) et la présence de cellules fusiformes (15%). Le phénot ype basal correspond donc plutôt à des tumeurs de haut grade (4, 7, 8) comme en atteste le grade de SBR qui est de 3 dans 72% (5) à 100% (8) des cas (4, 7, 8). Ce paramètre pronostique a d’ailleurs été utilisé dans certaines études comme un critère permettant de faire un premier tri pour sélectionner les tumeurs basales (4, 11). Parmi les différents éléments du grade de SBR, l’activité mitotique (8, 11) et les at ypies nucléaires (7) semblent être les plus pertinents. Plus récemment un phénot ype basal des carcinomes in situ a été décrit (12, 13) dans lequel il est signalé un haut grade nucléaire, des infiltrats lymphocytaires et de la nécrose. LE PHENOTYPE BASAL EN IMMUNOHISTOCHIMIE Cf. Tableau Les cancers de t yp e basal expriment des protéines caractéristiques des cellules épithéliales détaillerons basales successivement, et/ou des l’expression cellules des CK m yoépithéliales. de type basal, Nous des récepteurs hormonaux, des récepteurs de la famille HER, des marqueurs myoépithéliaux puis d’autres marqueurs anecdotiques. Enfin, nous aborderons le problème des kératines luminales. LES CYTOKERATINES DE TYPE BASAL Parmi les cytokératines, on distingue les kératines de bas poids moléculaires comme les CK 8, CK18 et CK19 et les kératines de haut poids moléculaires 44 comme les CK14, CK5/6 et CK17 (14). Classiquement, comme ce qui a été observé au niveau des puces à ADN, les carcinomes de t ype basal expriment une ou plusieurs cytokératines de haut poids moléculaire de type basal (4, 5, 6, 7, 8, 11, 15, 16, 18). L’expression de la CK5/6 a été anal ys ée dans 6 études réunissant au total 320 cas (6, 7, 8, 11, 15, 16). 60 à 70% des tumeurs de phénot ype basal expriment cette protéine mais les seuils de positivité sont très variables d’une étude à l’autre. Ainsi trois études (8, 11, 15) considèrent un marquage comme positif dès qu’il existe une seule cellule marquée tandis que d’autres définissent le seuil de positivité respectivement à 1% (7), 5% (6) et 10% (16) de cellules marquées. Pour Laakso et al. (6) l’expression de la CK5/6 est retrouvée dans 100% des tumeurs de t ype basal mais il s’agissait d’un critère de sélection pour identifier les tumeurs de phénot ype basal au sein d’une population tout venant de carcinomes mammaires. Une autre étude (16) fait état d’un taux de positivité élevé de 86% mais cette série ne comporte que des carcinomes métaplasiques bien connus pour exprimer la CK5/6. L’expression de la CK14 étudiée dans 6 études (4, 5, 6, 7, 11, 16) réunissant au total 694 cas, montre des taux de positivité très disparates allant de 41% (7) à 82% (16). Les seuils de positivité sont variables : dès une seule cellule marquée (4, 11) ou respectivement, 1% (7), 5% (6) ou 10% (5, 16) de cellules marquées. Les deux études (4, 6) qui montrent des taux positivité de 100% ont un biais de sélection, les tumeurs étant incluses à condition d’exprimer cette protéine. A côté des seuils de positivité, la disparité des résultats pourrait aussi être expliquée par le fait que l’expression de la CK14 varie au cours de la maturation de la glande mammaire et qu’il pourrait donc exister plusieurs profils d’expression du phénot ype basal avec et sans CK14 45 (17). Seulement deux études (6, 11) totalisant 102 cas ont concerné l’expression de la CK17 et retrouvent des taux de positivité concordants d’environ 65%. LES RECEPTEURS HORMONAUX L’expression du récepteur aux oestrogènes alpha (ER) a été anal ysée dans 7 études colligeant au total 655 cas (5, 6, 7, 8, 11, 15, 16) et celle du récepteur à la progestérone (PR) dans 5 études regroupant au total 612 cas (5, 6, 7, 11, 16). Un seuil de positivité de 10% (marquage nucléaire uniquement) était retenu pour le récepteur aux oestrogènes et pour le récepteur à la progestérone dans 3 de ces études (7, 11, 16). Dans les travaux de Livas y et al (8), Laakso et al (6) et Rakha et al. (5) les seuils de positivité ne sont pas clairement définis et pour celle de Nielsen et al. (15), un seuil de 20% est adopté pour le récepteur aux oestrogènes. Toutes ces études sont concordantes et montrent que 67% (5) à 100% (7, 8) des tumeurs de t ype basal n’expriment pas le récepteur aux oestrogènes. 76% (5) à 100% (7) de ces tumeurs n’expriment pas non plus le récepteur à la progestérone. En fait, 3 études sur 7 (7, 8, 16) regroupant 197 cas retrouvent une absence d’ex pression de ER dans près de 100% des tumeurs de t ype basal et 3 études sur 5 (6, 7, 16) colligeant 142 cas une absence de PR dans plus de 90% des cas. La non expression des récepteurs hormonaux dans les cancers de t ype basal semble donc être un critère discriminant puisque les taux d’expression du récepteur aux oestrogènes et du récepteur à la progestérone dans une population non sélectionnée de cancers du sein sont au contraire très élevés autour de 70% (1). 46 LA FAM ILLE HER La détermination des statuts HER est devenue un enjeu très important avec le développement de thérapeutiques spécifiques ciblant les cellules exprimant ou surexprimant ces protéines. Les quatre récepteurs de cette famille ont été évalués dans les tumeurs basales mais plus particulièrement HER2 et HER1. La protéine HER2 a été anal ysée dans 7 études regroupant 656 cas (5, 6, 7, 8, 11, 15, 16). L’absence de surexpression de HER2 est retrouvée dans 35% (5) à 100% (7, 8, 15) des tumeurs basales. Il faut souligner cependant que 5 études sur 7 (267 cas) qui ont utilisé l’immunohistochimie (anticorps pol yclonal de Dako A0485, kit Herceptest) objectivent une absence de surexpression de HER2 dans près de 100% de ces tumeurs (7, 8, 11, 15, 16). Dans ces études, une tumeur était considérée comme HER2 + quand il existait un marquage membranaire fort et complet (intensité 3+) sur au moins 10% des cellules tumorales du contingent infiltrant ce qui ne tient pas compte du seuil actuellement recommandé de 30% (19). Les scores ambigus d’intensité 2+ n’étaient pas non plus retenus et il est donc possible que certaines tumeurs aient été classées à tort comme HER2 – puisque environ 25% des scores ambigus ont une amplification de HER2 détectée par h ybridation moléculaire. L’étude de Rakha et al. (5) portant sur 336 cas montre que 66% des tumeurs de t ype basal n’ont pas de surexpression de HER2 en immunohistochimie (marquage 3+). Une relation statistiquement significative entre phénot ype basal et absence de surexpression de HER2 est retrouvée dans le sous-groupe basal prédominant défini par un marquage de plus de 50% des cellules par l’anti-CK5/6 et/ou par l’anti-CK14. La seule étude (6) dans laquelle une technique FISH (Fluorescent In Situ Hyb ridization) a été utilisée regroupe 53 47 cas. Elle montre un taux d’amplification de HER2 de 23% dans les tumeurs basales mais l’amplification ne s’observe que dans un sous-groupe basoluminal défini dans cette étude par un marquage hétérogène de moins de 70% des cellules tumorales en présence d’un cocktail d’anti- CK5 et d’antiCK14 ou en présence uniquement d’anti-CK17. Le seuil de positivité de la technique FISH dans ce travail était fixé à au moins six copies HER2 par no yau sur au moins 10% des cellules tumorales. Il diffère peu du seuil actuellement recommandé qui est supérieur strictement à 6 copies (19). En résumé, il semble bien que les tumeurs de phénot ype basal ne surexpriment pas HER2 surtout si les cytokératines de type basal sont diffusément (plus de 50% de cellules) et fortement exprimées. A l’inverse, les rares observations de surexpression/amplification de HER2 seraient associées à une expression hétérogène et focale des cytokératines de type basal. Six études se sont intéressées à l’expression de HER1 avec au total 549 cas (5, 6, 7, 8, 15, 16). Trois d’entre elles (7, 15, 16) présentent des résultats identiques montrant qu’environ 55% des tumeurs basales expriment HER1. Des techniques immunohistochimiques similaires ont été utilisées mais les seuils de positivité étaient différents : à partir d’une seule cellule marquée que le marquage soit faible ou fort (15) ou au moins 10% de cellules avec un marquage membranaire fort et complet (7, 16). Deux études réunissant 331 cas (6, 11) présentent des taux d’expression variable allant de 43% en immunohistochimie sans seuil de positivité défini (5) à 34% lorsque l’on exigeait à la fois une forte expression en immunohistochimie et une amplification de HER1 par FISH (6). Deux études récentes (20, 21) montrent que dans les carcinomes métaplasiques et les tumeurs de phénot ype basal, une 48 amplification de HER1 est retrouvée pour 25% des tumeurs. Elle est associée à une surexpression de HER1 dans 1/3 des cas et se retrouve préférentiellement dans les tumeurs présentant un contingent métaplasique homologue. Aucune mutation activatrice de HER1 permettant de prédire la réponse aux thérapeutiques ciblant HER1 n’a été recherchée dans les tumeurs de phénot ype basal (22). Une seule étude (5) colligeant 267 cas pour HER3 et une de 263 cas pour HER4 sont rapportées dans la littérature. Elles ne retrouvent pas d’association significative entre le phénot ype basal et l’expression de ces deux récepteurs. MARQUEURS MYOEPITHELIAUX Certaines études ont anal ysé l’expression de marqueurs m yo épithéliaux tels que l’actine musculaire lisse et p63 indépendamment (6, 8, 16) : une étude de 18 cas pour l’actine musculaire lisse (8) et trois études pour la p63 réunissant 136 cas (6, 8, 16). L’actine musculaire lisse a été retrouvée dans 4 tumeurs de type basal sur 18. Le seuil de positivité n’était pas très clairement défini. Le faible nombre de cas anal ysés ne permet pas d’interprétation pertinente. Les résultats obtenus pour l’expression de la protéine p63 sont très disparates avec des taux de positivité allant de 11% (6) à 80% (16). Le seuil de positivité est différent d’une étude à l’autre ou pas très clairement défini (8) : un seul no yau marqué (16) ou au moins 20% de no yaux marqués (6). Le taux très élevé d’expression de p63 dans l’étude de Reis-Filho et al. (16) s’explique en partie par le seuil de positivité très bas mais il est certainement aussi secondaire à un biais dans la sélection des tumeurs qui sont des carcinomes métaplasiques bien connus pour exprimer cette protéine. 49 Dans une autre approche (5) il a été recherché un phénot ype m yoépithélial (actine musculaire lisse et/ou p63) sur une série de 1841 tumeurs mammaires incluses dans des blocs de TMA (Tissue Micro Array). Cette étude a permis d’identifier trois sous-t ypes de tumeurs « basales » : des tumeurs de sous-t ype basal « pur » exprimant des CK basales (CK5/6 et/ou CK14) (14%), des tumeurs de sous-t yp e m yoépithélial exprimant des marqueurs m yoépithéliaux (p63 et/ou AML) (9%) et des tumeurs de sous-t ype basal/m yoépithélial exprimant à la fois des CK basales et des marqueurs m yoépithéliaux (5%). AUTRES MARQUEURS ETUDIES Des marqueurs anecdotiques ont été testés pour caractériser le profil immunohistochimique des tumeurs de type basal. Trois études (6, 7, 15) regroupant un total de 81 cas ont montré que les tumeurs de t ype basal exprimaient le CD117 dans 19% (7) à 36% (6) des cas. L’expression de la vimentine (6, 8) a été retrouvée dans 94% (8) à 49% (6) des tumeurs dans 2 études regroupant au total 71 cas. Le CD10 et p53 (6, 8) ont été étudiés dans deux études de respectivement 18 et 53 tumeurs avec des taux de positivité de 11% et 46%. Bcl2 étudié dans 53 tumeurs (6) était au contraire absent ou faiblement exprimé dans 66% des tumeurs de t ype basal. Il existait également des taux de positivité plus élevés pour la E-Cadhérine (88%) et pour la protéine MUC1 (90%) dans les tumeurs de phénot ype basal (5). PROBLEME DES CK8 et CK18 Ces marqueurs sont habituellement exprimés sur les puces à ADN (23) dans le phénot ype luminal. Cependant, quelques études ont montré que les CK8/18 pouvaient aussi être exprimées dans les carcinomes de type basal. Ce marqueur ne peut donc pas être considéré comme exclusif du phénot ype 50 luminal. Trois études (6, 7, 8) réunissant 185 tumeurs de type basal ont montré un taux de positivité avec l’anti-CK18 de 83% (8) à 100% (6). Ceci n’est pas très cohérent avec les données issues des puces à ADN. Ces incohérences sont peut-être liées à l’hétérogénéité des tumeurs mammaires qui peuvent avoir des phénot ypes intermédiaires ou peuvent s’expliquer par une concordance imparfaite entre l’expression des ARNm et des protéines correspondantes. D’ailleurs Rakha et al. (5) dans une série de 292 tumeurs de type basal sélectionnées sur l’expression de CK5/6 et/ou de CK14 retrouvent aussi un phénot ype luminal concomitant attesté par l’expression de CK7/8 ou de CK18 dans près de 96% des cas. Le niveau d’expression des marqueurs luminaux était cependant faible à modéré en termes d’intensité du marquage et de pourcentage de cellules marquées (« H-score ») dans la moitié des cas. Il faut noter qu’il existe dans la littérature une terminologie ambiguë. Le terme basoluminal emplo yé par Laakso et al (6) est lié à une expression non homogène des CK de t ype basales (CK5, CK14 et CK17) alors que pour tous les autres auteurs on parle de phénot ype luminal associé lorsque des CK de type luminal sont ex primées (CK18 et CK8). SOUS TYPES HISTOLOGIQUES ASSOCIES AU PHENOTYPE BASAL Du fait des caractéristiques morphologiques des tumeurs de t ype basal qui ressemblaient aux carcinomes médullaires (ou médullaires at ypiques) (24, 25, 26, 27) ou aux carcinomes métaplasiques de haut grade (4, 8, 15, 16, 28), les pathologistes ont cherché le phénot ype basal tout d’abord dans ces sous-t ypes de tumeur qui ne rendent compte que de 1% (5) à 9% (8) des tumeurs de t ype 51 basal lorsque l’on compile toutes les séries. Par ailleurs, comme il est connu que les carcinomes de t ype m yoépithélial expriment certains marqueurs communs à ceux exprimés par les tumeurs de t ype basal, les carcinomes myoépithéliaux, les carcinomes adénosquameux de bas grade et les carcinomes adénoïdes k ystiques y avaient été rattachés. En fait 4 études (5, 6, 7, 8) regroupant 538 tumeurs se sont attachées à évaluer à quels sous-t ypes histologiques correspondaient les tumeurs de t ype basal. Toutes montrent que 81% (5) à 96% (6) d’entre elles sont des adénocarcinomes canalaires infiltrants de t ype commun. Deux études sur 4 qui rapportent les taux les plus élevés de 91% (8) et 96% (6) n’ont retrouvé comme autres sous-t ypes histologiques que des carcinomes métaplasiques (respectivement 9% et 2%) de haut grade et des carcinomes médullaires (respectivement 0% et 2%). De façon anecdotique, dans les deux plus importantes séries (5, 7) comportant 462 tumeurs de t ype basal, 81% (5) à 87% (7) correspondaient à des carcinomes canalaires communs mais d’autres sous-t ypes histologiques étaient rapportés : carcinome lobulaire (1% et 4% respectivement), carcinome mixte lobulaire/canalaire (1% et 3% respectivement), carcinome mucineux (2% et 0% respectivement), carcinome tubuleux (1% et 0% respectivement), carcinome papillaire infiltrant (1% et 0%) et carcinome cribriforme infiltrant (0% et 1%). On peut donc retrouver le phénot ype basal dans quasiment tous les sous-t ypes histologiques. LE PHENOTYPE BASAL POUR LE PATHOLOGISTE Les tumeurs de t ype basal constituent une population hétérogène de tumeurs qui ne se superpose pas aux sous-t ypes histologiques. Elles pourraient être 52 mieux définie par leur profil d’expression en immunohistochimie. Nielsen et al. (15) suggèrent que la non expression du récepteur aux oestrogènes et de HER2 couplée à l’expression de CK5/6 et/ou de HER1 permettrait d’identifier les tumeurs basales. Ce phénot ype serait aussi associé à l’absence d’expression du récepteur à la progestérone. Le phénot ype basal serait donc très souvent retrouvé dans des cancers du sein dits « triple négatifs » c'est-àdire ER-, PR- et HER2-. Pour Rakha et al. (5), il serait important d’identifier le sous-t ype basal pur par l’expression des CK 5/6 et/ou CK 14 et le sous-t ype basal/m yoépithélial par l’expression de la protéine p63 et/ou de l’AM L car leur pronostic est péjoratif. Ces différents marqueurs ne sont pas indiqués dans la pratique quotidienne car les tumeurs basales sont déjà plus ou moins identifiées par leur caractère triple négatif et qu’il n’y a pas de prise en charge specifique. Néanmoins il est possible à l’avenir que de nouveaux marqueurs tels que les cytokératines basales et les marqueurs m yoépithéliaux soient introduits dans le panel des anticorps dits de routine afin de mieux identifier ce t ype de tumeur. La survie globale et la survie sans rechute sont en effet diminuées dans les sous-t ypes, basal «pur» (expression de CK5/6 et/ou CK14) et basal/m yoépithélial (expression d’actine musculaire lisse et/ou de p63) mais pas dans le sous-t ype myoépithélial. Le pronostic est plus péjoratif lorsque le pourcentage de cellules exprimant les CK basales augmente : 63 mois de survie lorsque plus de 50% des cellules expriment des CK de t ype basal (« basal prédominant »), 86 mois lorsque l’expression des CK basales concerne moins de 50% des cellules et 114 mois pour les tumeurs n’exprimant par les CK basales. Plus récemment, Rahul et al. (29) ont 53 suggéré que la non expression de CK 19 qui est corrélée au caractère triple négatif pourrait être un facteur pronostic péjoratif chez les femmes jeunes. LE PRONOSTIC DES CANCERS DU SEIN DE PHENOTYPE BASAL Les données initiales de la littérature avaient attribué un mauvais pronostic au carcinome de type basal défini de façon moléculaire puis en immunohistochimie (5, 29, 30, 31). A 3 ans (30), il ex iste une baisse significative de survie pour les tumeurs « triple négatives » comparées aux tumeurs non « triples négatives » (30, 31). Ces différences de survie s’estompent avec le temps et disparaissent à 10 ans. En revanche dans cette même série l’expression de la CK 5/6 et/ou de HER1 est associée à un pronostic péjoratif à 3 ans qui s’accentue à 10 ans ceci indépendamment du statut hormonal. CONCLUSION Les études moléculaires en identifiant le phénot ype basal ont donc permis d’attirer l’attention sur un groupe de tumeurs, les tumeurs « t riple négatives » qui bien qu’hétérogènes restent dans leur grande majorité de mauvais pronostic peut-être du fait de leur biologie propre mais surtout car il n’existe pas de thérapeutiques ciblées pour ces patientes comme celles utilisées pour les tumeurs ER+ (thérapeutiques hormonales) ou HER2+ (thérapeutiques ciblant HER2). De fait, leur pronostic ne peut pas être amélioré. De nombreuses études cherchent donc à identifier thérapeutiques plus appropriées pour ces patientes. 54 de nouvelles options REFERENCES 1. Soerjomataram I, Louwman MW, Ribot JG, Roukema JA, Coebergh JW. An overview of prognostic factors for long-term survivors of breast cancer. Breast Cancer Res Treat. 2008;107:309-30. 2. 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Am J Surg. 2008;195:153-8. 60 Tableau : phénotype basal en immunohistochimie Cytokératines basales Nb de cas Phénotyp e basal en biologie molécula i- re Phénotype basal en IHC Récepteurs hormonaux HER Marqueurs myoépithéliaux Aut res ma rqu eu rs étudi és CK 5/6 CK 14 CK 17 ER PR HER 2 HER 1 AML p63 CD 117 + + + - - - + + + + Vimentine CD 10 + + 17/18 2/18 p53 Bcl2 CK 8/18 + - + Nielsen (15) 21 13/21 18/21 21/21 12/21 Livasy (8) 23 11/18 18/18 18/18 13/18 114/776 77/114 47/114 114/114 114/114 114/114 52/114 22/114 (15%) (68%) (41%) (100%) (100%) (100%) (56%) (19%) (84%) 158 101/153 153/153 77/153 28/135 111/132 Kim (7) 776 Σ 150/153 (66%) Laakso (6) 506 (98%) 6/21 4/18 4/18 15/18 96/114 (100%) (50%) 53/506 53/53 53/53 36/53 47/53 48/53 41/53 18/53 6/53 (21%) 19/53 26/53 24/53 35/53 (84%) 53/53 (CK 5 + et CK 14+) (100%) (100%) (68%) (89%) (91%) (77%) (34%) (11%) (36%) (49%) (46%) (66%) (100%) (10%) ReisFilho (16) Fu lfo rd (4) Banerj ee (11) Σ Rakha (5) 65 56/65 53/65 63/65 60/65 63/65 37/65 52/65 car cino mes mét aplas iqu es (86%) (82%) (97%) (92%) (97%) (57%) (80%) 453 88/453 88/88 car cino mes SBR III (CK1 4 +) (100%) 282 49/282 32/49 32/49 31/49 40/49 39/49 45/49 car cino mes SBR III (17%) (65%) (65%) (63%) (82%) (80%) (92%) (19%) 735 137/735 120/137 car cino mes SBR III (19%) (88%) 1841 CK 5/6+ et /o u CK14 + 280/325 208/325 230/335 250/331 220/336 119/278 (86%) (64%) (67%) (76%) (66%) (43%) AML et/ou p63+ 345/1841 89/343 CK7 /8 et/ou CK1 8+ (19%) (26%) 281/292 (96%) 61