Exposé 14 : Nombres décimaux. Applications. Pré requis : - Propriétés de ℕ , ℤ ,ℚ , ℝ - Partie entière : E[x] - Théorème de convergence sur les suites adjacentes. Séries convergentes - On rappelle l'existence et l'unicité de l'écriture d'un entier en base 10. 1) Définition et premières propriétés. Définition : Un nombre décimal d est un nombre réel tel qu'il existe un entier naturel n tel que d.10n appartienne à ℤ . On note ID l'ensemble des nombres décimaux. Propriété : ℤ⊂ID⊂ℚ Preuve : Soit x ∈ℤ , x = x.100 donc x ∈ID d'où ℤ⊂ID Soit d ∈ ID , il existe p ∈ℕ tel que d.10 p∈ ℤ pour un tel p , il existe un k k ∈ℤ tel que d.10 p=k ie d = p ∈ℚ d'où ID⊂ℚ . 10 1 ∉ ID ( par l'absurde supposons que 3 1 10 p ∈ ID alors il existe un entier p et un entier relatif k tel que =k donc 10 p=3.k 3 3 Or pour tout p entier , 10p n'est pas un multiple de 3.) Remarque: ℚ n'est pas inclus dans ID. En effet Conséquence : d est un nombre décimal si et seulement s'il est de la forme la forme 2 a . 5a 1 c où b s'écrit de b 2 N Théorème : Tout nombre décimal d s'écrit de manière unique : d =ε ∑k =0 ak 10 k où N est un entier naturel : 1. ε =1 si d ≥ 0 et -1 sinon 2. a 0 ∈ℕ 3. ∀ k ∈ℕ , 1k N , a k ∈{0,1 ,... ,9} Preuve : Soit d ∈ ID . ∃n tq d.10 n∈ℕ donc ∃b∈ℕ tq 10 n . d =b=b1 b2 b3 ...b p (écriture unique en base 10 d'un nombre entier) p ∈ℕ p b0 b 1 ... b p =∑k =0 b k 10 p−k p => d =∑ k=0 bk 10 p−k −n p−n On pose a 0=∑ k=0 bk 10 p−k− n et pour tout k , a k =b p−n k Convention d'écriture : Dans la pratique , on adapte la convention d'écriture suivante : 31253 =312,53 2 10 Exemple : 1,234 36,0007 et 5 2 Remarque : 23 230 = =2,30 10 102 Pour comparer deux nombres décimaux , il faut le même nombre de chiffres après la virgule : exemple : 2,17<2,3 car 2,3=2,30 et 2,17<2,30 2,3 et 2,30 sont égaux car 2,3= – – Théorème : ( ID , + , . ) est un anneaux commutatif intègre et unitaire. Preuve : -( ID, +, .) est un sous anneau de ( ℚ , + , .) : en effet (ID, +)sous-groupe de ( ℚ , +) car ID non vide ( 1∈ ID et 0∈ ID (neutre +) la différence de 2 décimaux est un décimal (nombre de décimal valant max(n,n') ) Stabilité par . : a = 10n d et b = 10n' d' alors dd' est décimal car 10n+n'dd'=ab ∈ℤ Théorème : Soit x un réel. Les suites décimaux (un) et (vn) définies par : u n= Preuve – – – – 1 E [10n . x ] et v n =u n n sont adjacentes et convergent vers x (pour x ∈ℝ ) n 10 10 Soit x ∈ℝ : E [10n x ]10n xE [10nx ]1 par déf de E[x] D'où u n xv n * 10 E [10n x ]10.10n x10 E [10 n x ]1 E [10n x ] [10 n1 x ] n n1 ⇒10 E [10 x ]E [10 x ]⇔ n n1 10 10 ⇒ u nun 1 D'où (un) est croissante. E [10n1 x ]10 n1 x10 E [ 10n ]1 n1 n ⇒ E [10 ]10 [10 x]9 n1 n ⇒ E [10 ]110[10 x ]10 ⇒ v n1v n D'où (vn) est décroissante 1 lim v n−u n =lim n =0 10 vn et un sont deux suites adjacentes donc elles convergent vers une limites commune et de * on déduit : lim v n=lim −u n=x Corollaire : ID est dense dans ℝ Preuve : Pour tout x réel , on est capable de construire une suite de décimaux convergeant vers x. Définition : Pour un entier naturel n , (un) ( resp.vn) est appelé valeur décimale approchée par défaut ( resp. par excès ) de x à 10n près. ID étant dense dans ℝ cela veut dire que l'on peut approcher tout réel en faisant une erreur aussi petite que l'on veut. 2) Ecriture décimale d'un nombre réel On considère x positif dans la suite de l'exposé. Théorème : La suite (an) définie par : a0=E[x] et an=E[10nx]-10E.[10n-1x] ∀ n∈ℕ ∗ vérifie les propriétés suivantes : ∗ 1) ∀ n∈ℕ , 2) 10 n =un −u n−1 ∀ k ∈〚1, N 〛 , a k ∈{0,1 , ...,8 ,9} ∞ 3) an x=∑ n=0 an 10n Preuve : 1. evident 2. b) E [10n x ]10n x10 E [10 n−1 x]1 ⇒ E [10n x ]10.E[10n−1 x ]9 n n−1 ⇒ E [10 x ]−10 E [10 x ]9 De plus , (un) est croissante donc an ≥0 n ∞ ak an 3. Or ∑ k =u n et lim u n=x d'où x=∑ n k =0 10 n=0 10 Définition: On obtient ainsi un développement décimal illimité du réel positif x et l'on commodément x=a0,a1a2a3....... Remarque : – On prolonge l'écriture des nombres décimaux aux nombres réels – Le développement décimal obtenu n'est pas unique Exemple 1,999... et 2,0000 désigne le même réel.On dit que 1,99.... est l'écriture décimale impropre de 2. ∞ Théorème : On obtient l'unicité du développement décimal de x=∑ n=0 an 10n , où pour tout n∈ℕ , a n ∈{0,1,2 ,... ,9} en imposant à la suite (an) la condition : “il n'existe pas d'entier N telque an=9 pour tout n≥N ”. Preuve : Lemme : Il existe une unique suite (an) d'entier naturels tq : b a a a a 1 ∀ i∈ℕ , a i ∈{0,1 ,2 ,... ,9} et ∀ n∈ℕ , a o 1 ... nn x a o 1 ... nn n 10 10 10 10 10 Preuve lemme: existence , les suites un et vn . m unicité soit m un entier tq u n= n où m∈ℕ . On a 10 a a m 1 n n n −1 =a 0 ... n ⇔m=a 0 .10 a 1. 10 ...a n n 10 10 10 l'unicité de l'écriture des entier en base 10 nous amène une unique solution. Pour achever la preuve il faut vérifier que les coefficients ai sont les même aux rang n et n+1. On suppose : b1 bn1 b1 b n1 1 b0 ... n1 xb0 ... n1 n1 10 10 10 10 10 Puisque : b n1 b1 bn b1 bn 1 1 1 n1 n alors b 0 ... n xb 0 ... n n l'unicité au rang n1 10 10 10 1O 10 10 10 10 n de (a0,a1,a2,...,an) montre que ∀ i∈{0,... , n}, b i=a i Preuve th : Soit S l'ensemble des suites (an) vérifiant : ∀∈ℕ ∗ , 0a n9 et « il n'existe pas d'entier N tq an=9 pour tout n≥N » L'application f : S ℝ qui à la suite (an) associe a0,a1a2a3...an est une bijection ( car cette ∞ an application est bien définie d'après la convergence de la série ∑ n . n=0 10 Elle est surjective d'après le lemme. Elle est injective : Soit f((an))=x alors ∞ a1 an a1 an 9 ∀ n∈ℕ , a o ... n xa o ... n ∑ 10 10 10 10 k=n 1 10 k ∞ ∞ ∞ 9 10−1 1 1 1 = = − k= n comme ∑ ∑ ∑ k k k−1 10 10 k =n1 10 k =n1 10 k =n1 10 an vérifie le lemme précédent et est donc unique. Définition : Pour un réel x négatif on a l'écriture décimale de -x=a0,a1a2a3..... et on pose x=-a0,a1a2a3..... 3) Autres applications a) Non dénombrabilité de IR Preuve : procédé diagonal : On suppose par l'absurde que IR est dénombrable . On pourrait alors écrire ℝ ={x i ,i∈ℕ} On pose x i= x i ,0 , x i ,1 x i ,2 x i ,3 ... et on créé le réel x= x 0,0 , x 1,1 x 2,2 x 3,3 ... , le nombre x n'est donc pas dans IR+ ce qui est une contradiction, donc IR n'est pas dénombrable. b) Algorithme donnant l'écriture décimale d'un rationnel A l'aide d'une suite de division euclidienne ( c'est ce que l'on fait quand on pose une division dans IN ) Démonstration : a Soit x= ∈ℚ avec a , b∈ℕ×ℕ ∗ b r - a=b.qr avec 0rb⇒ x=q b 10r=bq1r 1 avec 0r 1b et q1 ∈{0,... ,9} car – q1 qn 010r =bq 1r 110b⇒0bq1b−1 et bq110b⇒0q 110 et x=q ... n 10 10 q1 qn rn 10r n−1=bqn r n , 0r n b et où ... n – Par récurrence : x=q n avec 10 10 b10 q i ∈{0,1 ,... ,9}∀i ∈ℕ x=q , q1 q 2 q3 ... est l'écriture décimale illimité de x car (qn) vérifie le lemme du 2) – c) Caractérisation des nombres rationnels Définition : Une suite décimale illimité b0, b 1 b 2 b3 ... est dite périodique s'il existe deux entiers naturels N et m tous deux supérieurs à 1 tels que ∀ n N , b nm=b n Théorème : Un nombre réel x est rationnel si et seulement si son écriture décimale illimité est périodique Preuve : <= On suppose x réel positif qui a un développement décimal périodique x=b0, b1 b2 b3 ... b N b N 1 ... b N m b N 1 ... B N m ⇒ y= x−b 0, b1 b2 b3 ...b N −1=10− N−1 . 0,b N b N 1 ... b N m On peut toujours se ramener à ce cas 10m y=b N b N 1 ... b N m−1 y ⇒10m −1 y=b N b N 1 ... b N m−1 ⇒ y∈ℚ ⇒ x −b0, b 1 b 2 ... b N −1∈ℚ a => Soit x= ∈ℚ avec a , b∈ℕ×ℕ ∗ Comme r k ∈ [0,b[ , rk ne prend b qu'un nombre fini de valeurs et .......... C'est dur !!