Pharmacologie clinique en oncologie mé médicale -- Bases fondamentales -- PRINCIPAUX OBJECTIFS Connaître... Dr. Olivier Mir Unité Unité d’Oncologie médicale Groupe Hospitalier Cochin, Paris, France PREAMBULE Il importe de considérer le « processus thérapeutique » comme un tout, en décloisonnant les différentes disciplines (pharmacocinétique, pharmacogénomique, pharmacodynamie, mesure de la réponse, etc.) les principaux outils de la pharmacocinétique les principaux domaines d’investigation : pharmacocinétique, pharmacodynamie, pharmacogénétique, pharmacogénomique les principaux apports de la pharmacocinétique en oncologie clinique le rationnel de l ’adaptation posologique d ’un médicament couramment utilisé (carboplatine (carboplatine)) Cinétique tumorale 1 cellule 106 cellules ~ 1 mg Imagerie Protéomique Nous ne traiterons pas spécifiquement des questions de pharmacogénétique/génomique 109 cellules ~ 1 g = détection Finalité clinique : ciblage thérapeutique 1012 cellules ~1 kg = létal clinique 1 Cycle Cellulaire G0 Cellules hors cycle = arrêt temporaire en G0 ou différentiation terminale M 0.5-2h G1 2-∞h G2 2-32h G1 : préparation à la phase S (élargissement , synthèse de protéines) R : Restriction (la cellule décide ou non de compléter le cycle) S : duplication de l’ADN G2 : préparation à la mitose M : Mitose R S 2-6h Contrôle du nombre et de la taille des cellules Croissance Exponentielle : N(t) = N(0).exp(bt) le temps de doublement est constant avec Td = ln2/b 9000 10000 8000 Cycle cellulaire Tumeur vs tissu sain durée du cycle cellulaire équivalente proportion de cellules malignes en cycle plus importante = fraction de cellules proliférantes (Growth Fraction) très variable en fonction du type tumoral conditionne le temps de doublement influence la thérapeutique (Rx (Rx,, CT) Croissance Gompertzienne : le temps de doublement s’allonge lorsque la tumeur (ou le tissu) augmente de volume. 3 Volume tumoral (mm ) 7000 N = nombre de cellules t = temps b = constante 1000 6000 5000 N(t) = N(0).exp{k.[1-exp(-bt)]} avec k = ln[N(inf)/N(0)] 4000 N = nombre de cellules t = temps b = constante N(inf) = nombre limite 100 3000 2000 1000 10 0 0 10 20 30 40 Temps 50 60 70 0 10 20 30 40 50 60 70 Temps 2 Croissance Gompertzienne Cancer du sein (données cinétiques moyennes) 45 mois 13.5 mois 5.5 mois 8 mois 18 mois 104 à 1012 (1 litre ou kg) 104 à 109 109 à 1010 1010 à 1011 1011 à 1012 Les Agents anticancéreux Cytotoxiques Cytostatiques et/ou différenciants versus 3.5 mois de 102 à 104 ADN Les nouvelles classes d’agents anticancéreux en développement INHIBITEURS de TOPOISOMERASE ARN AGENTS ALKYLANTS et PLATINES ADN Réplication ANTIMETABOLITES Protéine Bléomycine ARN Asparaginase Protéine INHIBITEURS de RTK* POISONS du FUSEAU Inhibiteurs de Transduction du signal Inhibiteurs du Cycle Cellulaire Agents pro-apoptotiques Inhibiteurs de l ’Angiogenèse Inhibiteurs de Métalloprotéases 3 Agents Cytotoxiques et Cycle Cellulaire Antimétabolites Inhibiteurs de topoisomérase S (2-6h) G2 (2-32h) M (0.52h) Vincaalcaloïdes Taxoïdes Agents alkylants G1 (2-∞h) busulfan G0 Modèle de Goldie et Coldman (1970s) considérer l’émergence de la résistance dans le design des schémas de chimiothérapie hétérogénéité intratumorale, intratumorale, hétérogénéité interinter-patient Modélisation de l’effet de la chimiothérapie Développée pour la chimiothérapie cytotoxique Utile pour la chimiothérapie cytostatique Modèle de Goldie et Coldman (1970s) modèle tumoral d’hétérogénéité cellulaire résistance «la présence de clones résistants, avant toute exposition à la drogue, dépend du taux de mutation* et de la taille de la tumeur» *lié à l’instabilité génétique propre à chaque tumeur. événement rare entre 103 et 106 cellules taux de mutation 10-6 : au moins 1 cellule mutée dans 109 cellules 4 Modèle de Goldie et Coldman Modèle de Goldie et Coldman (1970s) (1970s) Guérison = A et B pour traiter une tumeur hypothèse la tumeur contient 4 types de cellules : S : RA : RB : RAB : sensible à A et B résistante à A, sensible à B résistante à B, sensible à A double résistante tuer les cellules S, RA et RB prévenir l’émergence de RAB Quelle est la meilleure stratégie? séquentielle? alternée? combinée? Hypothèse avec 12 cycles Dose cumulative Schéma A B 12 0 12A (AAAAAAAAAAAA) 9 3 9A3B (AAAAAAAAABBB) 9 3 3AB (AAABAAABAAAB) 9 3 B3A (BAAABAAABAAA) 9 3 3B9A (BBBAAAAAAAAA) 6 6 3A3B (AAABBBAAABBB) 6 6 AB (ABABABABABAB) 6 6 Associées (A/2 + B/2) x 12 6 6 BA (BABABABABABA) 6 6 3B3A (BBBAAABBBAAA) 6 6 6B6A (BBBBBBAAAAAA) 3 9 3A9B (AAABBBBBBBBB) 3 9 A3B (ABBBABBBABBB) 3 9 3BA (BBBABBBABBBA) 3 9 9B3A (BBBBBBBBBAAA) 0 12 12B (BBBBBBBBBBBB) A=B, mutation 10)=0.25 10-8, TD égaux, K(S,Rautre K(S,Rautre)) = 2, K(Rid K(Rid)=0.25 Taux de Guérison 0.0003 0.15 0.23 0.40 0.41 0.44 0.52 0.62 0.52 0.44 0.32 0.41 0.40 0.23 0.15 0.0003 Modèle de Goldie et Coldman (1970s) hypothèses et limites taux de mutation stable cinétique de prolifération équivalente hypothèse du loglog-kill en croissance exponentielle A et B sont également efficaces (drogues «symétriques») Absence stricte de résistance croisée 5 Dose densité Dose densité Prendre en compte la cinétique de prolifération des cellules « résiduelles » en situation de croissance Gompertzienne Administrer la chimiothérapie conventionnelle en réduisant l’intervalle entre cures = comprimer Norton, L. Oncologist 2001;6:30-35 PHARMACOLOGIE CLINIQUE Etude des différentes étapes du processus thérapeutique : « du Patient médicament au DNA tumoral » Tumeur A partir d ’un constat clinique : la variabilité de l ’effet thérapeutique - notion d ’index thérapeutique - incertitudes sur les relations dosedoseeffet (problématique générale des intensifications) Pharmaco génétique Pharmaco génomique Pharmacodynamie Pharmacocinétique Médicament 6 RELATIONS DOSEDOSE-EFFET : DIFFICULTES CONCEPTUELLES h DoseDose-effet et effeteffet-dose Dose et dosedose-intensité (Hryniuk (Hryniuk)) Q1 (mg/m²) Q2 Q3 / / / T1 T2 cycle 1 cycle 2 D.I = Q1+ Q2 T1 + T2 Problème non résolu (partiellement pour les hémopathies malignes) Concentrations mesurées Concentration plasmatique (mg/l) h Cl = Dose/ASC retard 2.000 Concentrations résiduelles 1.000 ASC ou AUC 0.500 0.250 0.125 0 2 4 6 8 10 12 14 Heures Biodisponibilité Biodisponibilité ASCorale F= lumière digestive système porte muqueuse digestive Dose IV foie X ASC IV F = FFxFDxFH Dose orale métabolisme métabolisme fecès 7 ETUDE DE LA VARIABILITE PHARMACOCINETIQUE veines sus-hépatiques ClMET QH=1.5 L/min ClBILE a. hépatique veine porte 75% 25% FACTEURS DE VARIABILITE PHARMACOCINETIQUE Estimation (variabilité CL, AUC…) Permet d ’expliquer la variabilité des effets toxiques pour la majorité des cytotoxiques L’étude des relations PK - efficacité est beaucoup plus complexe mais possible (Evans, Gamelin, Chatelut) Permet de déterminer une exposition plasmatique optimale, donc une « cible » pour l ’adaptation posologique Doxorubicin (C1), Etoposide (C2) and Ifosfamide (C3) AUC versus Body-Surface Area. 7 6 5 Fig. C1 Données physiologiques : âge, masse grasse… Données physiopathologiques : fonction rénale, fonction hépatique, hypoprotidémie, hypoprotidémie, troisième secteur, absorption digestive Interactions médicamenteuses et chimiothérapies à hautes doses Et surtout : adaptation des doses à la surface corporelle ! 4 3 2 1 0 1. 5 1.6 1. 7 1.8 1. 9 2. 0 2.1 Body-Surfac e Area (m²) 140 120 Fig. C2 100 80 60 40 1. 5 1.6 1.5 1.6 1. 7 1.8 1.9 Bod y-Surface Area (m²) 2. 0 1. 7 2. 0 2.1 1600 1400 1200 Fig. C3 1000 800 600 400 200 1. 8 1.9 2. 1 Body-Surfac e Area (m²) 8 Obésité … Obésité et Cancer… Wolin, Oncologist 2010 Chimiothérapie: prescription en fonction de la surface corporelle Pinkel, Pinkel, Cancer Res 1958 Kleiber, Kleiber, Hilgardia 1932 Wolin, Oncologist 2010 Chimiothérapie: prescription en fonction de la surface corporelle Felici, Felici, Eur J Cancer 2002 9 Obésité et Chimiothérapie… Obésité et Chimiothérapie… Calcul de la dose (mg/m²) basé sur le poids idéal depuis les années années 1970 Calcul de la dose (mg/m²) basé sur le poids idéal Hunter, Cancer Treat Rev 2009 Hunter, Cancer Treat Rev 2009 Relation PKPK-PD ? Obésité et Chimiothérapie… Efficacité moindre… Patient A : CL = 66 (200 mg) thérapeutique toxique Toxicité Inacceptable AUC = 3 Patient B : CL = 100 AUC = 2 Patient C : CL = 200 Effet (%) Même Dose Plasma concentrations Toxicité moindre… 1 2 3 AUC Grisberg, Grisberg, JNCI 1980 Poikonen, Poikonen, Acta Oncol 2001 Wright, Gynecol Oncol 2008 AUC = 1 Temps 10 LAL de l ’enfant : traitement adapté versus traitement conventionnel RELATIONS PHARMACOCINETIQUE EFFET PUBLIEES (Evans et al, N Engl J Med, 1998; 338 : 499 - 505 1998) Peu nombreuses : 12 agents, 19 publications (1983 - 1997) Effectifs réduits Rares analyses multivariées ASC prédominante Rares corrélations PK - survie Consolidation : MTX / AraAra-C + VMVM-26 (alternance) Estimation clairances : 2 prélèvements Ajustement : temps réel (MTX), d ’une cure à l ’autre (Ara(Ara-C, VMVM-26) Intervalles ASCASC-cibles : 5050-90 èmes percentiles 188 patients (135 < 10 ans) 5-FLUOROURACILE ET CANCER COLORECTAL RESULTATS ASCASC-cible MTX atteinte : 92 % (vs 48 %, p=0.001) LAL type B (n=144) : supériorité du traitement adapté % RC Persistante à 5 ans : 76 vs 66 %, p = 0.02 Analyse multivariée : ASC MTX seul facteur indépendant Première démonstration randomisée convaincante Cas du 5 FU continu (Gamelin) - Première étape : Phase II (1996) - 40 patients - 5 FU 1 g/m² (8 H) + AF Traitement hebdomadaire - Escalade de dose 2 mg/l < Css optimale < 3 mg/l Deuxième étape : Phase III (1998) - 208 patients Traitement adapté versus dose fixe (1.3 g/m²) Réponse 34% vs 17% (p = 0.0004) Survie 16 mois vs 13 mois (NS) 11 Analogues du platine... H3N Cl H3N Cl H3N H3N OCO H3N OCO CISPLATINE CARBOPLATINE Cis-diammine dichloro platinum Cis-diammine, 1-1 cyclobutane dicarboxylato platinum (II) O NH2 O C O C Cl OCO Pt Cl H3N OCO OH H3N Pt Pt NH2 H3N Pt Pt Pt H3N Métabolisme des dérivés de platine H3N O OH Diaquato-diamminoplatinum OXALIPLATINE Trans, 1 oxalato-1,2 diaminocyclohexane platinum Activité cytotoxique: NCI drug screening CARBOPLATINE ET CANCER DE L’OVAIRE Première étape : AUC Carboplatine et cancer de l ’ovaire Jodrell, Jodrell, 1992 Etude rétrospective des corrélations entre l’AUC du carboplatine et : - les toxicités hématologiques observées - l’efficacité 12 Relation PKPK-PD : CARBOPLATINE ET CANCER DE L’OVAIRE Carboplatine et cancer de l’ovaire Non traitées antérieurement Traitées antérieurement Toxicity Toxicity Difficulté de l ’évaluation clinique prospective Essai GINECO Vincent, 1998 : Carboplatine AUC 6 + Paclitaxel 175 mg/m² Efficacy versus Efficacy AUC Cible Jodrell et al, J Clin Oncol 1992 Carboplatine 300 mg/m² + Paclitaxel 175 mg/m² Réponse : 45% vs 32% (p = 0.16) Survie médiane : 20 mois vs 17 mois (p = 0.19) Analyse PK Individuelle : Facteurs limitants Pat Pat 11 Cl1, V1… DIFFICULTES DES ETUDES PHARMACOCINETIQUES INDIVIDUELLES ET INTERET DE LA PHARMACOCINETIQUE DE POPULATION Calcul pour chaque sujet : • Cl (=Dose/ASC), Vd… Moyenne des n valeurs : • Clmoy ± sd • Vdmoy ± sd Pat Patnn Cln, Vn… Moyennes (± sd) si insuf rénale (Cl. Créat. 30,60, 90 ml/mn) : - dose fonction du Cockcroft ? Moyenne (± sd) si 70, 80, 90 ans : - dose fonction de l’âge ? INFAISABLE EN ROUTINE CLINIQUE 13 Analyse PK - PD : Analyse PK - PD : Approche de Population Approche de Population - Variabilité T1/2pop,Vpop… Pat 1 Paramètres PK de population Concentration (ng/ml) 70 Pat 2 Variabilité inter-individuelle T1/2pop,Vpop… 60 50 40 30 Variabilité non expliquée= 50% 20 10 Cl = 20 ml/h ± 10 0 0 2 4 6 8 10 12 Time (Hour) Covariables expliquant une part de variabilité Pat n Cl = a. [âge] + b.[fct rénale] + c Variabilité Finale = 16% Cl = 24 ml/h ± 4 si 70 ans et 50 ml/mn Analyse PK - PD : NONMEM (Non Linear Mixed Effect Model) en oncologie : principaux travaux Approche de Population estimation bayésienne Pat 1 Pat 1 T1/21, V1… Paramètres PK de population T1/2pop,Vpop… Concentration (ng/ml) 70 Pat 2 60 50 Pat 2 T1/22, V2… 40 30 Carboplatine (Paraplatine) Paraplatine) E. Chatelut et al Etude sur 36 cycles, 34 patients Cl = 0.00802 * poids + [13.1 * poids * (1(1- 0.00457 * âge) * (1(1- 0.0314 * sexe) ] / créatininémie 20 10 0 0 2 4 6 8 10 12 Time (Hour) Pat n Pat n T1/2 n, Vn… Validation prospective (JNCI, 1995) Equivalence Calvert - GFR EDTA Supériorité Calvert - GFR calculée (Gault et Cockroft) Cockroft) 14 NONMEM en oncologie : principaux travaux CONCLUSIONS - PERSPECTIVES Docetaxel - Taxotère (R. Bruno et al) Données de phase I,II (640 patients) Covariables : CL : SC CL : cytolyse + cholestase, cholestase, âge, AAG Relations PK - PD Risque de neutropénie grade 4 : AUC 1ère cure Cancer du sein métastatique : aucune relation Cancer du poumon NPC, temps à progression : AUC (C > 0.08 mg/l : réponse) Malgré deux décennies d’avancées technologiques, l’adaptation de posologie guidée par la pharmacocinétique est un échec Persistance de l’ADP / SC Ignorance – par les cliniciens – des possibilités offertes en phase I (escalade pharmacopharmaco-guidée) Echec des programmes d’intensification de la chimiothérapie des tumeurs solides NonNon-prise en compte de la variabilité pharmacodynamique 15