(IM)PROVE International Magazine for Spinal Surgeons, by #2 AUTOUR du monde avec les chirurgiens qui avancent les implants sur-mesure sont une réalité le modèle médical du siècle médEcine persoNnalisée customisation de la santé ( IM ) PROV E Personalized Spine «Personalized Spine» ce n’est pas seulement être capable de créer des implants sur-mesure pour les patients. C’est pouvoir, dans le monde entier, apporter aux chirurgiens un service complet et inédit : précision de l’analyse avec outil dédié, planification raisonnée et maîtrisée du profil sagittal de chaque patient, production de l’implant spécifique, livraison en salle d’opération en un temps record, analyse post-opératoire. En construisant pour chaque cas une relation de partenariat unique, Medicrea ouvre la voie de la chirurgie personnalisée de la colonne vertébrale. leading personalized spine medicrea.com Bienvenue dans le numéro 2 de notre magazine (IM)PROVE. Vous avez été nombreux à saluer notre effort d’engagement dans ce type de publication, d’offrir la parole aux chirurgiens, et de mettre en avant des sujets d’intérêt général. La Médecine Personnalisée, modèle médical du 21è siècle photo Stéphane de Bourgies EDITO La médecine personnalisée est le concept novateur qui, progressivement, devient l’un des plus grands enjeux de la médecine de demain. Une meilleure connaissance de chaque patient et de leurs pathologies grâce à des diagnostics de plus en plus précis permet d’orienter un malade vers un traitement individuel personnalisé. Ce qui rend chaque patient unique est ainsi plus finement analysé et il peut recevoir le traitement ayant les meilleures chances d’efficacité. Le monde médical attendait l’arrivée du sur-mesure dans la chirurgie vertébrale. Avec les progrès des connaissances scientifiques sur l’équilibre sagittal, la compréhension des déformations de la colonne, les progrès de l’imagerie, les capacités accrues d’analyse de chaque patient et l’avènement des nouvelles technologies de fabrication à partir de fichiers numériques, il devenait évident d’offrir au patient et au chirurgien un implant sur-mesure. Mais pour comprendre cet enjeu, pour réunir et intégrer toutes les pièces du puzzle, il fallait engager un processus complexe, mêlant R&D et dimension industrielle. il fallait faire le pari de l’avenir, et avoir une vision de précurseur. Cette vision, je suis très fier qu’elle vienne de Medicrea. Nous l’avons fait! Tiges sur-mesure en 2013, implants 3D morpho-adaptés en 2014, nous apportons les Denys Sournac, président & CEO, Medicrea preuves que notre marque est un modèle à suivre. Le concept UNiD représente une ère nouvelle dans la relation avec nos clients : en devenant partenaire de la planification, ce que nous proposons désormais aux chirurgiens est un mix inédit de produits innovants et de services complets, pré et post- opératoires. Nous sommes une jeune entreprise, nous avons de l’audace, nous voyons loin. Nous rêvons, mais surtout, nous faisons les choses. La tête dans les étoiles, les pieds sur terre. DREAM IT. DO IT. Améliorons les choses ensemble, et prouvons-le, au quotidien. (IM)PROVE ! 04 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a EDITO ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 05 Sommaire FOCUS UNiD ROD Dr Frank Schwab....................................................... P 10 UNiD Lab................................................................... P 14 GUEST-STARS Pr Cédric Barrey......................................................... P 16 Dr Richard Meyrat.................................................... P 20 Dr Themi Protopsaltis............................................... P 40 Dr Meagan Fernandez.............................................. P 46 Dr Louis Boissiere, Dr Rémi Mariey, Dr Vincent Challier..................................................... P 50 INSIDE (IM)prove #2 INSIDE MEDICREA L’utilisation des systèmes d’ostéosynthèse rachidienne fabriqués par Medicrea et présentés dans ce magazine nécessitent l’avis d’un professionnel de santé : veuillez lire attentivement les instructions figurant dans la notice. Le système LigaPASS est de classe IIb ; IMPIX-C+ et IMPIX-Manta +, de classe III. Ces dispositifs médicaux sont pris en charge par l’assurance maladie. CE 0459. Le système UNiD est un dispositif sur mesure de classe IIb et ne porte pas, à ce titre, le marquage CE. Le système GRANVIA est un dispositif cervical antérieur de non fusion, destiné au traitement des pathologies dégénératives. Ce dispositif est de classe IIb et non pris en charge par l’assurance maladie. CE 0459 Rodolphe Dagnaud.................................................... P 24 Distributeurs medicrea Edwin Key................................................................... P 28 Niels Van Vliet............................................................ P 30 Allen Rasoul................................................................ P 66 INSIDE MEDICREA Philippe Le Berre....................................................... P 32 MéDecine personnalisée Dossier spécial............................................................. P 34 FABRICATION ADDITIVE Thomas Mosnier........................................................ P 56 Dossier spécial............................................................ P 58 Dr Jean-Edouard Loret, UNiD VBR...................... P 62 HANDMADE BY ( IM ) PROV E (IM)PROVE MAGAZINE, numéro 2, juin 2015, édité par Medicrea International 14 Porte du Grand Lyon - 01700 NEYRON, FRANCE Tel: + 33 (0)4 72 01 87 87 - Fax: + 33 (0)4 72 01 87 88 RCS Bourg en Bresse 393 175 807 Directeur de la publication Denys Sournac. Rédacteur en chef David Ryan. Conception et Direction édition Bruno Benchetrit. Ont collaboré à ce magazine Laurie Seronde, Jamie Page, Channy Em, Sabine Le Maguer, Gordon Fu, Anne-Laure Salaneuve, Dory Frain, Karine Cauchy. Crédit photos : iStock photo, Bruno Benchetrit, Medicrea, Stéphane de Bourgies, Ivana Goldstein. Tous droits de reproductions réservés pour tous pays. Aucun élément de ce magazine ne peut être reproduit, ni transmis d’aucune manière, off-line ou on-line, sans l’autorisation expresse de Medicrea. INSIDE MEDICREA USA Lauren Brown............................................................ P 64 Dino Cotilletta............................................................P 68 C00D04006 v01 Juin 2015 06 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 07 no thing is imp oss ible dream it do it les implants sur-mesure sont une réalité LA première tige sur-mesure éxécutez votre planification sans compromis et approximation. Amélioration de l’équilibre sagittal. Réduction du risque de cassure de la tige. GAIN DU TEMPS EN SALLE D’OPération. medicrea.com leading personalizedspine spine medicrea.com leading personalized ( IM ) PROV E Guest-Star “Nous sommes fiers d’être les premiers aux États-Unis à utiliser cette tige révolutionnaire avec le système de planification pré-opératoire Surgimap. ” Dr. Frank Schwab est le chef du service rachis à Hospital for Special Surgery (HSS), New York, et Maître de conférences à l’Ecole de Médecine de l’Université de New York. Il est reconnu pour son expertise en matière de chirurgie complexe de la colonne vertébrale de l’enfant et de l’adulte. Le Dr. Schwab a axé sa pratique clinique sur les reprises chirurgicales complexes, la déformation du rachis (scoliose/ cyphose) et les techniques peu invasives. C’est un membre important du Groupe d’études sur la Déformation du Rachis, et il siège aux nombreux comités de la SRS. Il est aussi est co-fondateur de Nemaris, qui développe, entre autres, Surgimap Spine. Dr FRANK SCHWAB guest STAR La tige sur-mesure UNiD et Surgimap ont été approuvés par la FDA en 2014, quelles sont vos premières impressions ? Nous sommes fiers d’être les premiers aux États-Unis à utiliser cette tige révolutionnaire avec le système de planification pré-opératoire Surgimap. Cette expérience nous a ravis et nos patients reconnaissent la valeur ajoutée de cette technologie unique. Pouvez-vous décrire votre cas UNiD favori ou le plus gratifiant à ce jour ? Je crois qu’ils sont tous gratifiants car nous gagnons du temps dans le bloc opératoire et les tiges sur-mesure nous assurent un alignement sagittal correct. Toutefois, les cas les plus gratifiants sont les plus complexes où historiquement nous rencontrions des difficultés à cintrer les tiges de manière appropriée. Il était également difficile de déterminer si l’on avait obtenu l’alignement prévu avant l’opération. Dans ces cas, utiliser la tige UNiD constitue un atout majeur, car, d’une part, elle améliore la navigation sagittale et, d’autre part, elle permet assurément de gagner en temps et en efficacité dans le bloc opératoire. 12 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y Pour quels types de patients/indications cette technologie convient-elle ? Je dirais que cette technologie UNiD convient parfaitement à n’importe quel patient, mais plus particulièrement à un patient ayant plusieurs niveaux fusionnés. Même pour les montages courts sur deux ou trois niveaux uniquement, il est utile de disposer d’une tige confirmant et indiquant la forme que l’on avait prévue avant l’opération. Les avantages sont de plus en plus nombreux et plus évidents à mesure que l’on pratique de longues ostéosynthèses. Selon mes critères de sélection d’un patient approprié, je considère qu’il n’existe aucun inconvénient lorsque la fusion compte plus de deux ou trois niveaux. Pourquoi ne souhaiteriez-vous pas utiliser une tige dont l’alignement est plus adapté plutôt que d’avoir à la cintrer manuellement et à vous préoccuper de sa courbe insuffisante ou excessive ? Je choisis une tige UNiD pour mon patient lorsque la fusion compte plusieurs niveaux. (…) m e d i c r e a 11 Guest-Star Dr Frank Schwab Comment la planification de l’opération a-t-elle tenu compte de votre pratique avant et après UNiD ? Les chirurgiens planifient toujours une opération. Chacun applique ce principe. Même si le plan consiste parfois simplement à sélectionner une date pour pratiquer l’opération et à attribuer un nom à l’intervention, il s’agit bien de planification. Utiliser un logiciel de planification comme Surgimap offre un avantage : on peut désormais parcourir visuellement les différentes étapes de l’intervention en déterminant le futur emplacement des implants, si l’on va utiliser des cages ou des vis, et modifier l’alignement de la colonne vertébrale. Cette interface graphique permet de bien mieux me préparer ; je peux également partager ces images avec les autres membres de l’équipe chirurgicale afin qu’ils fassent de même. Je crois que la situation est ainsi bien mieux maîtrisée dans le bloc opératoire et que les chances d’obtenir l’alignement approprié pour le patient après l’opération sont bien plus importantes. La littérature le démontre au travers d’études cliniques, dont certaines découlent de notre expérience à l’Université de New York. Nos opérations sont planifiées depuis longtemps à l’aide de Surgimap. Cet outil très simple permet de mettre en place notre planification opératoire, mais disposer d’une tige UNiD est très agréable, car il est très facile de la commander une fois le plan élaboré. Vous obtenez la forme et le contour de la tige en quelques clics, et vous pouvez la commander. Il est donc juste incroyablement simple d’utiliser la tige UNiD une fois qu’on a fourni un plan. De quelles manières la tige sur mesure UNiD est-elle bénéfique à vos planifications et techniques ? Selon vous, comment ces avantages se manifestent-ils chez les patients à court et long terme ? Comme je l’ai dit précédemment, je considère que son utilisation est très bénéfique car, une fois qu’on a défini un objectif d’alignement, il est également très simple d’obtenir en quelques clics une tige 12 ( i m ) p r o v e propre à ce patient et à cet alignement. C’est là un avantage majeur et, au vu de sa planification facile, un véritable retour sur investissement significatif. Ces avantages devraient se manifester chez les patients de différentes manières à court et long terme. L’obtention d’un meilleur alignement dans le bloc opératoire se traduit par un meilleur alignement après l’opération. Un meilleur alignement est clairement lié à la satisfaction du patient et aux bienfaits à long terme de l’opération. D’autres études révèlent que l’alignement joue un rôle dans les facteurs de risque pour la cyphose jonctionnelle proximale et autres complications. Ainsi, mieux nous pourrons aligner les patients, plus l’intervention chirurgicale leur sera bénéfique. Différentes études nous apprennent également que le taux de reprise augmente en cas d’alignement sous-corrigé. Je suis intimement convaincu qu’obtenir l’alignement approprié la première fois réduit les probabilités d’opérations de reprise très onéreuses, particulièrement désagréables pour les patients ou nous-mêmes. Nous devons réellement utiliser les technologies afin de pouvoir obtenir l’alignement approprié dès la première fois. Que pensent vos patients du fait de disposer d’un appareil fabriqué sur-mesure implanté lors de l’opération ? Mes patients sont ravis. Ils apprécient 2 choses: lorsque je leur montre dans Surgimap leur état actuel avant opération, et l’apparence qu’ils auront lorsqu’ils se tiendront debout et l’alignement obtenu après l’opération ; autre fait surprenant : ils s’intéressent en réalité aux procédures techniques que nous allons mettre en œuvre dans le bloc opératoire. Ils apprécient vraiment de savoir qu’ils vont recevoir une tige personnalisée en fonction d’un plan spécifique. En tant qu’utilisateur, avez-vous observé une courbe d’apprentissage ? Pouvez-vous nous faire part de votre expérience concernant l’utilisation de cette technologie ? La courbe d’apprentissage est plutôt insignifiante. m a g a z i n e b y m e d i c r e a “Quand la tige a la forme appropriée pour un patient, qu’elle vous permet de gagner du temps dans le bloc opératoire et d’obtenir de meilleurs résultats, pourquoi revenir en arrière pour utiliser une tige droite et devoir la trafiquer ? ” Il suffit simplement de configurer le logiciel Surgimap pour partager des données avec l’équipe de la cellule UNiD Medicrea. Elle joue un rôle vraiment exceptionnel en matière de participation et de coordination pour les différentes procédures. Il n’existe donc absolument aucune courbe d’apprentissage complexe. Les informations que je peux fournir sur cette technologie sont plus d’ordre technique. Il est primordial de calibrer les radios utilisées à des fins de planification. Nous utilisons des images EOS calibrées mais, si vous ne pouvez pas calibrer une radio, vous devez veiller à ajouter des marqueurs type bille de calibrage. Au travers de notre expérience nous avons également appris que, si vous modifiez votre plan ou que vous n’êtes pas sûr à 100 % des niveaux instrumentés, vous devrez vous assurer de mentionner à la cellule UNiD de Medicrea de concevoir une tige plus longue en proximal et distal, afin d’avoir une certaine marge pour modifier votre plan avant l’opération si nécessaire. Il faut tenir compte du fait que cette tige est propre au patient. En effet, si vous spécifiez que vous allez de L1 à L5, mais que vous changez d’avis et que vous descendez jusqu’à S1, la tige ne va logiquement plus être adaptée. Selon vous, quel impact aura la stratégie de médecine personnalisée UNiD sur l’avenir de la chirurgie du rachis ? Je crois qu’elle a déjà un impact significatif, car elle sensibilise fortement les chirurgiens à la reconnaissance d’une technologie accessible leur permettant de personnaliser les soins. Elle devrait avoir de beaux jours devant elle. Medicrea ou toute société fournissant des produits innovants est confrontée au problème suivant, la nécessité d’informer les utilisateurs et le grand public ( i m ) p r o v e sur les avantages qu’ils peuvent en tirer. En matière de soins de santé, le processus d’adhésion à une nouvelle technologie est long. Le nombre d’utilisateurs formés et exposés aux technologies augmentant, ils reconnaîtront qu’il est impossible de revenir en arrière. Une fois que la tige a pris la forme appropriée pour un patient, qu’elle vous permet de gagner du temps dans le bloc opératoire et d’obtenir de meilleurs résultats, pourquoi revenir en arrière pour utiliser une tige droite et devoir la trafiquer ? Je crois qu’il s’agit là d’une grande avancée, dont la portée prendra du temps à être unanimement reconnue. Selon vous, quelle orientation la médecine sur mesure prend-elle ? Quelle est l’étape suivante ? La médecine sur mesure va jouer un rôle croissant dans chaque activité réalisée pour les patients. Concernant la chirurgie du rachis, non seulement les implants, tels que la tige, seront plus personnalisés, mais peut-être également la forme des cages et les produits livrés dans le bloc opératoire pour rendre ce processus bien plus efficace, car l’on sait pertinemment qu’un nombre important de pièces ne sera pas utilisé. De plus, je crois que le ciblage et l’ajustement des procédures seront plus personnalisés en fonction des attentes des patients, et que les déformations ne seront pas toutes traitées de la même manière, mais qu’elles seront plus spécifiques selon la douleur et les symptômes précis du patient. Nous obtiendrons à mon sens une logistique, des diagnostics, des implants, des traitements et des plans chirurgicaux plus personnalisés tout au long de la procédure. m a g a z i n e guest STAR b y m e d i c r e a 13 Unid Lab INN OVAT ION Plus de 200 chirurgies avec UNiD Lab Entretien avec Thomas Mosnier Directeur Scientifique, & Thibaut Bastien, UNiD Lab Medicrea. “UNiD Lab n’est pas une simple interface. C’est un service complet” 14 Quel bilan peut-on tirer de cette première année de UNiD LAB ? Thibaut : Le nombre de chirurgiens utilisateurs du service UNiD a aujourd’hui dépassé la cinquantaine, avec des chirurgiens présents aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. L’équipe du UNiD LAB s’est agrandie pour suivre cette croissance et notre service de planification continue de s’enrichir, notamment au niveau post-opératoire afin que les chirurgiens puissent avoir un service optimal. Nous travaillons par ailleurs en continu sur toutes les étapes du process pour réduire le délai de livraison: au delà de la planification elle-même, les phases de production et de logistique/expédition ont été décomposées et optimisées pour assurer le meilleur service en un minimum de temps, en Europe comme aux Etats-Unis. Nous visons encore à réduire le temps de traitement parallèlement à la croissance du nombre de chirurgies afin d’expédier les tiges dans les meilleurs délais et parer aux éventuelles contraintes logistiques (notamment passage des frontières) qui sont hors de notre contrôle. A combien de chirurgies êtes-vous cette année ? Nous venons de dépasser le palier de 200 chirurgies. ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y Quel est le feedback des chirurgiens aujourd’hui? A-t-il permis de nouvelles améliorations ? Thibaut: A chaque chirurgien sa propre stratégie opératoire. Tous les chirurgiens n’ont pas la même planification dans le rétablissement de l’équilibre sagittal chez un patient. Plus nous avons d’utilisateurs et plus notre vision s’élargit et s’enrichit, permettant d’évoluer dans la démarche que nous proposons. Ce que les chirurgiens apprécient, c’est la précision permise par les données numériques, une meilleure planification en amont de l’intervention, ainsi qu’un rendu préalable et précis du résultat post-opératoire recherché. Le pré-cintrage est apprécié par sa précision et par le temps gagné. Suit donc le sentiment d’avoir réalisé une chirurgie selon un plan initial, ce que nos utilisateurs apprécient particulièrement. Thomas : Plus globalement je dirais que le mot qui qualifierait le mieux le travail effectué depuis un an est la matérialisation des choses. Medicrea n’est plus seulement une entreprise qui vend des implants, mais qui propose un service complet, à travers la création de nouvelles passerelles entre industriels et chirurgiens, qui ne limitent plus à une simple relation commerciale. Le UNiD LAB renforce la relation avec les chirurgiens et, grâce à la maîtrise des données cliniques et scientifiques disponibles, est susceptible de les aider dans leur planification chirurgicale. m e d i c r e a Les chirurgiens ont donc une relation directe avec la cellule UNiD? Thibaut : Effectivement, il n’y a pas d’intermédiaire. Un chirurgien peut soumettre un cas et faire évoluer sa stratégie au fur et à mesure des échanges et des simulations qui lui sont proposées, d’où l’utilité de l’expertise du UNiD LAB et de la synergie avec le chirurgien. Concrètement, un cas soumis est analysé dans les 24h par le UNiD LAB pour délivrer aux chirurgiens l’ensemble des paramètres caractérisant l’équilibre initial du patient. Le geste opératoire est ensuite simulé selon la stratégie communiquée par le chirurgien : ostéotomies, insertion d’implants intervertébraux, fixation postérieure… Ce travail permet de matérialiser l’équilibre post opératoire recherché, la lordose, la position de l’apex de la courbure lombaire. Le chirurgien visualise ainsi son plan opératoire qu’il peut modifier ou valider. L’ensemble de ces échanges se déroule sur une à deux journées. Vous leur donnez des conseils ? Thibaut : Nous ne nous substituons pas aux chirurgiens. Il s’agit d’un échange sur la stratégie opératoire à adopter au court duquel nous sommes susceptibles de partager nos connaissances sur le sujet : connaissances théoriques issues de la littérature scientifique mais également connaissances pratiques issues des cas réalisés précédemment. Thomas : En nous livrant sa stratégie opératoire, nous permettons au chirurgien de la matérialiser, lui permettant d’étayer sa réflexion à travers cet échange, et éventuellement la modifier pour plus de précision du fait de la visualisation que nous lui apportons. Ces nouveaux utilisateurs, curieux et séduits par le service, enrichissent par ailleurs toute la société notamment au niveau de la cellule innovation qui bénéficie en direct du retour d’expérience des utilisateurs UNiD. Les chirurgiens ont-ils finalement plus ou moins de travail ? Ou est-il calibré différemment ? Thomas : UNiD est là pour améliorer la planification et la stratégie opératoire du chirurgien de manière générale sans pour autant lui imposer de surcharge de travail. Il ne s’agit pas d’une simple interface mais d’un véritable service. Le changement, nous le voyons nettement au bloc opératoire maintenant. En effet, avec UNiD, le chirurgien visualise sa planification chirurgicale en fonction des spécificités du patient avant même de corriger la colonne vertébrale. D’un point de vue purement pratique, le chirurgien n’a plus à cintrer ses tiges au bloc avec UNiD. Et on se rend compte que ce service devient rapidement addictif ! des demandes, assurer nos délais. Offrir toujours la même qualité de service sur-mesure, adapté à chaque cas. Nous voulons aussi continuer à offrir plus de services. En effet, le UNiD LAB est une cellule en constante évolution, non seulement corrélée à une demande croissante mais aussi à l’amélioration des domaines d’application auxquels elle est liée. Nous avons une veille très active, qui travaille au jour le jour pour être toujours à la page afin d’enrichir nos connaissances et être en mesure d’apporter un maximum de service au chirurgien. Les choses ont-elles évolué dans le sens que vous imaginiez ? Thibaut : L’accueil sur le terrain au quotidien de cette nouvelle offre est conforme à ce que nous avons ressenti lors des présentations faites durant des congrès ou des événements spéciaux organisés en amont du lancement de UNiD. Les praticiens sont, en grande majorité, convaincus de l’utilité d’une telle démarche de planification. Cette démarche étant validée dans la littérature scientifique indépendante. Beaucoup de chirurgiens apprécient simplement de s’affranchir du cintrage des tiges au bloc opératoire, pour un gain de temps et de qualité conséquent lors d’une chirurgie donnée. Que pense le patient de la démarche inhérente à la création d’un implant sur-mesure ? Avez-vous eu des réactions ? Thomas : Nous n’avons pas de contact direct avec les patients. Mais je peux vous faire part d’une anecdote. Il s’agit d’un chirurgien, qui avait entendu parler de UNiD, mais qui n’avait pas encore formalisé de demande. C’est en fait son patient, qui est arrivé en consultation, avec un article qui parlait de la tige UNiD, en disant «C’est super ça, docteur, c’est ce que je veux» La première commande de ce chirurgien s’est faite à la demande du patient. L’aspect sur-mesure semble séduire les chirurgiens comme les patients. INN OVAT ION Thomas Mosnier Thibaut Bastien Quel est le prochain défi de UNiD lab ? Au vu de la croissance générale à venir ? Premièrement, assurer un service optimal sur tous les plans : de la planification à la fabrication des tiges malgré l’accroissement ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 15 Guest-Star Le Professeur Cédric Barrey a réalisé son internat à l’Université Claude Bernard à Lyon, et exerce depuis 2004 dans le service de neurochirurgie et chirurgie du rachis du Professeur G. Perrin à l’hôpital Wertheimer à Lyon. Il a été diplômé professeur des universités en 2013 et pratique environ 350 chirurgies de la colonne chaque année. Durant son internat, il a passé 6 mois dans le service du Professeur Bernard George, de l’hôpital Lariboisière à Paris, dans le but de se perfectionner dans la chirurgie de l’artère vertébrale. Il a rejoint ensuite le service du Dr. Pierre Roussouly, spécialiste en traitement des déformations complexes de la colonne. Les recherches du Professeur Cédric Barrey impliquaient des travaux sur la stabilisation postérieure du rachis cervical, l’alignement spino-pelvien et l’équilibre sagittal, les dispositifs dynamiques lombaires et l’arthroplastie discale cervicale. Cette année, le Professeur Barrey a été gratifié d’une bourse octroyée par l’E-CSRS (cervical spine research society) qui lui a donné la possibilité de visiter 4 centres de la chirurgie du rachis reconnus mondialement. guest STAR “La chirurgie personnalisée est un concept destiné à se développer” PR cédric Barrey Pourquoi êtes-vous devenu un chirurgien spécialiste de la colonne ? Je voulais être chirurgien depuis ma jeunesse, ce qui s’est confirmé par la suite lors de mes années d’études. Et c’est la pratique de la chirurgie du rachis, beau mélange entre neurologie et orthopédie, qui a finalement porté mon choix sur la chirurgie de la colonne. Qui sont vos patients ? Cela va de la déformation type scoliose à des cas plus orientés vers la neurologie, nécessitant des actes chirurgicaux intra-duraux, comme les tumeurs de moelle par exemple. Il n’y a pas de profil type, nous nous occupons de patients de tous les âges, avec divers types de pathologies. Quelle sorte de relation entretenez-vous avec vos patients ? Il est vrai que la ponctualité de l’acte chirurgical est susceptible d’induire une certaine frustration chez le chirurgien, contrairement à un médecin traitant qui peut suivre un patient toute sa vie par exemple, malgré un suivi post-opératoire qui peut durer plusieurs mois. En revanche, une confiance et une honnêteté absolue sont nécessaires à une bonne relation entre le patient et son chirurgien, il faut être réaliste quant aux potentiels résultats qu’un patient peut attendre d’une intervention. Et les relations avec votre équipe ? La chirurgie est un travail d’équipe. Le chirurgien est peut-être le chef d’orchestre, mais chacun doit jouer sa partition. D’où l’importance de la cohésion d’équipe. 12 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e De quelle manière poursuivez-vous votre formation ? La formation est quasi quotidienne et multifacette. Cela peut aller d’échanges entre confrères, à une démarche plus proactive de recherche, notamment à travers internet avec la diffusion de conférences ou autres. Il y a bien sûr le fait de participer à de nombreux congrès à travers le monde, notamment ceux concernant la chirurgie du rachis. Il y a une myriade d’informations à saisir, autant dans le domaine théorique que pratique. Dites-nous ce qui transforme une opération en succès. Principalement la satisfaction du patient. Du point de vue du chirurgien, l’aspect technique d’une intervention déchaîne bien évidemment les passions, mais le succès d’une opération reste la satisfaction du patient, cela ne fait aucun doute. Une belle histoire à raconter ? Personnellement, le fait de pouvoir proposer une solution à des patients en « bout de course », ayant déjà rendu visite à plusieurs chirurgiens, dans le cadre de ré-opérations notamment. Ce n’est pas tant la technicité de l’intervention en elle-même, mais le fait de pouvoir résoudre un problème alors que l’espoir s’amenuise. Vous êtes un spécialiste des cas désespérés ? Je ne me qualifierais pas en tant que tel, mais il est parfois nécessaire en tant que chirurgien de reprendre le flambeau dans le cadre de la résolution d’un problème si je puis dire, qu’il s’agisse du refus ou de l’erreur d’un confrère. m a g a z i n e b y m e d i c r e a 17 Guest-Star Pr Cédric Barrey “Avec UNiD, on peut parler de mini-révolution dans la chirurgie du rachis” passage à la mise en place de l’implant par le robot devrait pouvoir se faire dans les années à venir, en intégrant des paramètres mécaniques avec un système sécurisé bien sûr, ce qui serait susceptible de faire gagner beaucoup de temps au chirurgien. On peut imaginer avoir toutes les vertèbres instrumentées, seul le réalignement incomberait au chirurgien lors de l’intervention. Un substantiel gain de temps et de fiabilité. Quels sont vos principaux défis quotidiens ? Trouver un équilibre entre l’enseignement, la recherche, et mon activité de soin. En effet, j’ai des devoirs inhérents à ces trois domaines d’application, ce qui implique un agenda bien rempli ! Equilibrer n’est pas chose aisée. Comment l’industrie et une entreprise comme Medicrea peuvent vous aider au quotidien ? Il est nécessaire d’avoir un partenariat, que le chirurgien comprenne le fonctionnement de l’industrie, avec les contraintes que cela sous-entend, mais également que l’industriel soit à l’écoute du chirurgien, des remarques inhérentes à sa pratique du terrain, dans le but de faire avancer les choses en synergie, autant dans l’élaboration des implants que dans la pratique chirurgicale, une relation « gagnant-gagnant ». Vous vous souvenez de votre premier cas ? J’étais en premier semestre d’internat en orthopédie, il s’agissait d’une suture de tendon. Cela faisait quelques jours à peine que j’étais interne de chirurgie, l’interne de garde à qui on avait confié cette suture m’a laissé faire cette intervention sous sa supervision. Je garde un bon souvenir de cette première petite opération, je me souviens en avoir été très fier ! De quelles évolutions avez-vous été témoin dans la chirurgie de la colonne vertébrale ? Plusieurs choses selon moi, notamment la technicité de la chirurgie du rachis qui s’est nettement améliorée. On peut prendre l’exemple des voies antérieures, il s’agissait en effet d’une lourde intervention il y a 10 ou 15 ans, qui est devenue quasi quotidienne aujourd’hui. 18 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e Même s’il n’y a pas eu d’évolution majeure en terme de concept, la sécurité dans le cadre de la pratique de ces techniques chirurgicales a fait un net bond en avant. Ce qui a fait évoluer la chirurgie du rachis, c’est aussi l’apport de la bio-mécanique, et des études faites sur l’équilibre sagittal, notion qui était encore réservée aux chirurgiens de la déformation il y a 15 ans, 90% des chirurgiens de la colonne ne s’occupaient pas de la statique vertébrale ou des paramètres de l’équilibre sagittal. Nous prenons aujourd’hui en compte ces paramètres avec importance, même dans le cadre d’actes chirurgicaux mineurs, permettant une chirurgie plus personnalisée, plus adaptée au patient. L’évolution de l’imagerie médicale y est pour beaucoup aussi. On peut faire référence au système EOS, qui permet de visualiser l’ensemble du squelette de la tête aux pieds en position debout, ainsi qu’une visualisation simultanée de face et de profil, une qualité d’image exceptionnelle, ce qui nous aide énormément dans la planification de nos interventions. Comment envisagez-vous le futur et les progrès de la chirurgie de la colonne ? Selon moi, la chirurgie personnalisée est un concept destiné à se développer, notamment au niveau de la planification et de l’implant, spécifiques à chaque cas. C’est le type de projet que nous développons avec Medicrea, comme la tige personnalisée par exemple. En ce qui concerne le long terme ou le très long terme on peut avoir tous les fantasmes possibles ! Je pense que la chirurgie robotisée sera faisable au niveau de la colonne vertébrale, on a déjà des robots assez performants pour guider le geste, avoir un bon repérage spatial, ce sont en quelque sorte des super-systèmes de navigation. Le b y m e d i c r e a Vous êtes à l’origine du projet PHRC autour de UNiD, qu’est-ce qui vous a poussé à vous impliquer dans ce travail de longue haleine, à développer ce projet autour de ce produit ? Pourriez-vous le décrypter ? Nous avons effectivement mis en place un projet de PHRC avec Medicrea pour l’évaluation de la tige personnalisée UNiD, le projet a été retenu et financé à 100% ce qui est une excellente nouvelle. Nous allons réaliser une étude française randomisée en double aveugle, multi-centrique, ce qui est très rare, pour ne pas dire exceptionnel, dans le milieu de la chirurgie. Ce qui est intéressant avec la tige UNiD est le fait qu’elle soit parfaitement préformée, adaptée au patient. Il faut savoir que jusqu’à maintenant la forme de la tige était donnée par le chirurgien au moment de l’intervention à l’aide d’une cintreuse, ce qui impliquait des mesures assez basiques, approximatives. La précision qu’apporte l’utilisation de la tige personnalisée UNiD est inégalée. D’un point de vue mécanique, une tige cintrée manuellement subit des à-coups, alors que le pré-cintrage apporte un résultat bien plus homogène, plus uniforme, ce qui implique moins de fragilisation du matériau et donc une possibilité de correction bien meilleure. On peut parler de mini-révolution dans la chirurgie du rachis ! Sur combien de temps va se dérouler cette étude ? Sur quatre ans, avec deux années d’inclusion et deux années de suivi avec un objectif de 350 patients. Cette étude sera multi-centrique, avec la participation de 10 à 12 centres en France. C’est une étude en double aveugle, le patient devra bien évidemment donner son consentement à participer, mais il n’aura pas connaissance du type de tige qui lui est implanté. On se contentera de lui dire qu’il ( i m ) p r o v e existe deux méthodes, et que nous ne savons pas pour l’instant quelle est la meilleure, mais si nous pensons que la tige pré-cintrée est meilleure que la tige standard. Le critère principal de jugement de l’étude sera un critère radiologique, analysé par un comité indépendant. Il s’agit d’une étude de haute qualité méthodologique, avec Xavier Armoirie et Julien Bertillet, épidémiologistes et biostatisticiens qui sont vraiment performants et habitués à la mise en place de ce type d’étude.C’est une belle aventure humaine qui commence. Votre agenda surchargé vous permettra d’y consacrer tout de même du temps ? Cela sera chronophage c’est certain, mais nous serons aidés par des attachés de recherches cliniques qui nous apporterons un soutien méthodologique, dans l’inclusion des patients et des données notamment. Il s’agit d’un projet qui me motive et me tient à cœur. Je m’intéresse à l’équilibre sagittal depuis plus de 10 ans, j’ai passé ma thèse avec Pierre Roussouly en 2004 sur l’équilibre sagittal, à une époque où on en parlait peu. C’était un sujet réservé à quelques centres spécialisés dans la déformation, ceux qui faisaient des montages de T3 au sacrum. C’est donc un sujet important pour moi, dans lequel je serais ravi de pouvoir éventuellement contribuer à l’évolution des connaissances à travers cette étude. guest STAR “La précision qu’apporte la tige UNiD est inégalée” m a g a z i n e b y m e d i c r e a 19 Guest-Star Dr Richard Meyrat est neurochirurgien à Dallas, au Texas. Il est le directeur de la neurochirurgie au Methodist Mansfield Medical Center et est certifié par l’American Board of Neurological Surgeons. Il a obtenu son diplôme de médecine à l’Université du Texas Medical Branch à Galveston avec les honneurs, et a complété son internat en neurochirurgie au Baylor College of Medicine à Houston, au Texas, comprenant une formation spécialisée dans le traitement des tumeurs crâniennes et rachidiennes complexes au MD Anderson Cancer Center. Il a complété sa formation en chirurgie de la colonne vertébrale au CHU de Bordeaux, France. “Medicrea a une belle histoire à raconter : comment simplifier la correction des déformations” Dr RICHARD meyrat guest STAR Pouvez-vous nous dire quand et pourquoi vous avez décidé de devenir chirurgien du rachis ? Comme je voulais devenir neurochirurgien, je suis allé en neurochirurgie. Vous êtes amené à traiter de nombreux cas de chirurgie du rachis au cours de cette formation. Au début, je m’y suis moins intéressé car ce n’était pas ma spécialité, mais plus j’ai travaillé sur le rachis, plus j’ai trouvé cette activité très artistique. En fait, lorsque j’ai commencé mes études de médecine, je voulais être chirurgien plastique. Ainsi, plus je traitais de cas du rachis, notamment des cas de déformation rachidienne, plus je me rendais compte que les compétences et la créativité requises étaient bien plus importantes que ce que croyais au départ. Je suis ensuite allé étudier à Bordeaux grâce à une bourse obtenue auprès du professeur Jean-Charles Le Huec, qui m’a permis d’améliorer mes connaissances sur le rachis. La suite, vous la connaissez. Qui sont vos patients ? Mes patients souffrent généralement de douleurs chroniques qui les empêchent de vivre normalement. En tant que chirurgien du rachis, je pourrais dire que je suis une sorte de docteur qui gère les douleurs. J’aime à le penser. Je traite beaucoup de traumatismes et de déformations, mais le plus gros de mon travail consiste à soulager la douleur. C’est ce qui rend la chirurgie du rachis si complexe : vous tentez de réparer quelque chose relaté de façon subjective par le patient. En tant que chirurgien, je dois m’assurer que : 1) le cas est réel et 2) qu’il a un 26 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e coût objectif. Ainsi, par exemple, la tâche d’autres types de chirurgiens (cardiologues, spécialistes des transplantations, voire neurochirurgiens) s’avère plus facile, car ils ont généralement entre les mains quelque chose de cassé. Les valves du cœur peuvent poser problème, ou certaines artères être bouchées, ou un rein peut mal fonctionner, ce qui implique de pratiquer une transplantation. Qui dit cassé, dit réparé. Vous traitez rarement quelque chose de cassé dans le cas du rachis. C’est juste usé ; vous devez vous poser la question suivante : « ce cas est-il normal par rapport à l’âge du patient ou la douleur est-elle due à autre chose ?» La chirurgie du rachis est très complexe et nous avons encore beaucoup de choses à apprendre. Quelle relation entretenez-vous avez votre équipe dans le bloc opératoire ? J’apprécie beaucoup le travail en équipe. Je collabore avec cinq neurochirurgiens et nous croyons réellement en cette valeur. Nous avons créé une sorte d’ambiance d’internes. En d’autres termes, nous nous entraidons toujours, surtout dans les cas complexes. Nous ne traitons pas ces cas de manière isolée pour plusieurs raisons. D’abord, nous considérons qu’il doit y avoir un copilote dans le traitement de cas complexe. Il y en a toujours un qui apprend, même chez les chirurgiens opérant en clinique privée. Plus vous traiterez des cas complexes, plus vous améliorerez votre travail de chirurgien. C’est pourquoi nous traitons toujours les cas importants ensemble ; cela nous rapproche m a g a z i n e b y m e d i c r e a 21 Guest-Star Dr Richard Meyrat également. L’équipe chirurgicale optimise l’efficacité du processus chirurgical dans la mesure du possible. Ce processus collectif est très dynamique. Le patient constitue toujours notre préoccupation majeure. “Les réunions sponsorisées par l’industrie sont positives, car elles présentent de nouvelles idées et technologies” 22 motivant mutuellement. En fin de compte, nous sommes devenus de véritables adeptes de cette technique, que nous avons commencé à enseigner aux autres membres du groupe. Nous avons collaboré pour affiner nos compétences. De quelle manière poursuivez-vous votre formation ? C’est là une très bonne question. Comme je l’ai déjà dit, le fait d’avoir des partenaires permet d’apprendre les uns des autres. Il y a toujours quelqu’un qui apprend quelque chose de nouveau et qui est en mesure d’inciter l’équipe à commencer à utiliser cette technique. Je crois que c’est de loin la meilleure manière d’apprendre de nouvelles méthodes de traitement. Lorsque vous apprenez une nouvelle technique, cela peut être terrifiant de l’appliquer tout seul. Sans la mise en place d’un tutorat efficace, il existe toujours des risques de complications, de mauvais résultats et de poursuites judiciaires potentielles. Je pense qu’il est bénéfique d’assister à des réunions d’associations professionnelles. Les réunions sponsorisées par l’industrie se révèlent positives, car elles présentent et démontrent de nouvelles idées et technologies. Les travaux de recherche remontent à 3 ou 4 ans lors de leur publication. Les informations fournies ont donc tendance à ne pas être à jour. Si vous souhaitez vous démarquer et réfléchir à de nouveaux projets, vous devez entretenir une relation interactive avec les entreprises et savoir ce qu’elles ont à offrir. Je vais vous donner un exemple : l’approche intersomatique latérale directe. Je n’ai jamais appris à mettre cette technique en œuvre en tant qu’interne. Je savais que cette technique existait, mais personne ne m’a appris à l’appliquer. En fait, je l’ai apprise lorsque Medtronic nous a envoyés, mon partenaire et moi, en Oklahoma. Lorsque nous sommes revenus au Texas, nous avons traité ensemble les 25/30 premiers cas pour nous assurer que nous respections bien l’ensemble des directives et spécificités de cette procédure. Nous avons appris ensemble à affiner notre technique et à gagner en assurance en nous Qu’est-ce qui constitue la réussite d’une opération ? Quelle est votre meilleure expérience ? Ce qui est généralement drôle en chirurgie, c’est que les chirurgiens se rappellent toujours de leurs échecs avant leurs réussites, et je ne déroge pas à la règle. Je me souviens très bien de mes échecs. Ils vous accompagnent où que vous alliez, même dans vos cauchemars. Mais vous éprouvez une sensation gratifiante lorsque vous songez à vos réussites. À mon sens, une opération chirurgicale est réussie lorsque je suis fier du résultat d’un point de vue artistique. Cela doit se traduire par d’excellents résultats pour le patient, ce qui est bien sûr important, mais soyons honnêtes, un chirurgien ne travaille pas uniquement pour le patient. C’est un artisan que l’on peut tout à fait comparer à un charpentier. Il y a donc un facteur de satisfaction mutuelle. L’objectif est d’obtenir un résultat satisfaisant pour soimême et pour le patient. Personnellement, je considère que j’ai réussi lorsque j’ai atteint ces deux objectifs. J’ai eu dernièrement un cas de cervicales avec une déformation complexe de la cage thoracique. Le patient ne pouvait pas regarder en l’air. J’ai utilisé plusieurs techniques faisant intervenir des nouvelles technologies (Surgimap/modèles de tiges UNiD sur mesure et système PASS OCT). Le patient a obtenu d’excellents résultats. L’utilisation de la technologie proposée par la plateforme UNiD sur mesure m’a permis de lui fournir la correction la plus proche de sa forme initiale. De plus, le système proposé par Medicrea m’a permis de réduire la déformation. Je n’aurais pas pu réaliser une aussi bonne correction avec un système de tête en tulipe. Ce qui rend la chose un peu artistique, c’est que j’avais imaginé cette image ( i m ) p r o v e m e d i c r e a m a g a z i n e b y qui s’est bien concrétisée sur les clichés post-opératoires. Maintenant, le patient a une apparence normale. Comment le secteur médical et une société comme Medicrea vous soutiennent-ils ? Je considère que la formation est la meilleure chose. J’ai l’impression que Medicrea a une belle histoire à raconter : comment simplifier la correction des déformations. Elle fournit déjà un soutien et des solutions exceptionnels pour traiter les cas de déformation très complexes. J’ai toujours eu envie de voir un plus grand nombre de chirurgiens utiliser ses systèmes. Quels défis devez-vous relever le plus souvent dans l’exercice quotidien de votre profession ? Je pense que l’homme moderne, surtout aux États-Unis, est de plus en plus inactif et en surpoids, et qu’il n’est pas en bonne forme. Un grand nombre de patients viennent me voir en consultation pour des douleurs. Ces personnes sont clairement en surpoids et ne pratiquent aucun sport. Elles ne font pas ce qu’il faudrait pour être en bonne santé. Elles ont une mauvaise alimentation et des problèmes de dos. J’ai donc le sentiment que le plus grand défi tient à leur opération et à leur bien-être, mais cela ne résout pas le problème de base. Face à ce constat, je conseille à mes patients de perdre du poids et d’avoir une activité physique. C’est un sujet très sensible. J’ai été formé en France et aux États-Unis. En France, les gens ont un mode de vie légèrement plus sain et ont tendance à être plus actifs. Aux États-Unis, notamment dans la région où je vis, les gens sont en général très sédentaires et il est difficile de les inciter à changer leur mode de vie. C’est frustrant pour un médecin parce qu’il sait que ses patients se sentiraient beaucoup mieux s’ils avaient un meilleur mode de vie. De plus, si vous faites allusion à la perte de poids, au sport et/ou à l’arrêt du tabac avant l’opération, les patients vont souvent consulter un autre chirurgien qui souhaitera pratiquer l’opération, en dépit de ces habitudes. Quelle est la meilleure innovation de ces 10 dernières années ? La technologie microscopique. C’est incroyable. Comme pour le télescope Hubble avec des miroirs haute précision, le microscope permet de voir à travers des canaux très réduits, de 18 à 22 mm. La technologie de percement électrique a également évolué pour fournir des outils très esthétiques. Ceux dont nous disposions auparavant étaient très lourds et parfois difficiles à manipuler. Maintenant, ils s’apparentent à de petits stylos et sont angulaires. Vous pouvez réaliser une très belle laminectomie à travers un tube grâce au microscope. Il s’agit à mon sens d’inventions exceptionnelles. ( i m ) p r o v e Comment envisagez-vous l’avenir et les avancées en matière de chirurgie du rachis ? La neuro-navigation est la clé de l’avenir, je n’ai aucun doute sur ce point-là. Le système O-Arm représente une autre invention exceptionnelle. Je crois que nous allons de moins en moins utiliser les radiographies. Actuellement, le principal problème tient à la sécurité du bloc opératoire. L’équipe chirurgicale est exposée à des niveaux élevés de radiation. J’ai utilisé un grand nombre de vis percutanées. Je pensais que c’était mieux pour les patients. Néanmoins, même si ces vis sont esthétiques et l’incision réduite, le patient et l’équipe du bloc sont soumis en permanence à des radiations. La protection contre les radiations devient de plus en plus préoccupante. En chirurgie du rachis, il est nécessaire de s’aider des images pour que l’O-Arm et la navigation stéréostatique continuent à se développer et qu’ils soient plus précis. Je crois que ce processus deviendra une norme en matière de soins. Je réalise actuellement la quasi-totalité des vissages corticaux à l’aide de l’O-Arm. Je peux naturellement faire sans, mais je peux de cette manière atteindre la perfection en matière de sélection de vis. J’utilise des vis ayant une longueur et un diamètre idéaux, ce qui optimise systématiquement la résistance du montage et réduit les niveaux de radiations. Je souhaite voir des techniques de fusion intersomatique appliquées sans radiation au fil de l’évolution de ce type de technologie, qui sera constante à mon sens. Je crois que la technologie latérale continuera à se développer rapidement lorsque ces différentes approches seront maîtrisées. Elle peut remplacer la méthode ALIF à presque tous les niveaux. Les chirurgiens réfléchiront à ses approches latérales en s’attaquant aux cas de déformation. Que pensez-vous de la personnalisation en médecine et des implants sur-mesure destinés aux patients ? Les montages sur-mesure représentent incontestablement la voie à suivre. Nous tentons de déterminer à ce jour les besoins des patients et l’alignement de leur colonne vertébrale. Je crois qu’avec le système O-Arm, Surgimap et UNiD, qui permet au chirurgien de sélectionner une tige présentant la courbure précisément adaptée à un patient donné avant l’opération, nous allons obtenir de bien meilleurs montages et une nette amélioration des résultats chez ces patients, car nous aurons réalisé une correction plus proche de l’alignement naturel de la colonne vertébrale. m a g a z i n e guest STAR b y m e d i c r e a 23 Inside Medicrea INSIDE medicreA entretien. Résultat : j’ai été embauché. Je n’ai pas vraiment choisi le domaine des implants chirurgicaux. C’est plutôt lui qui m’a choisi. Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La société a-t-elle changé depuis le début de votre collaboration ? Début 2014, j’ai reçu un appel de Denys Sournac, présidentdirecteur général et cofondateur de Medicrea. Il m’a exposé sa vision de l’activité internationale de la société lors de cette conversation. Il va sans dire que j’ai intégré Medicrea juste après. C’est vraiment encore tout récent pour moi, mais j’ai déjà observé et même contribué à mettre en œuvre certains changements dans la société. Nous disposons à présent d’une équipe commerciale complète dédiée à l’export. J’ai également tiré parti de mon expérience antérieure à l’international pour structurer et rationaliser davantage une partie de nos processus. Notre société se développe; nous devons donc évoluer de manière cohérente pour suivre le rythme. “Le travail d’équipe est la quintessence de l’unification. Notre mission consiste à aider les employés à être plus performants dans leur activité et pour la société” Rodolphe Dagnaud Medicrea VP International Après des études en Angleterre en économie, en marketing stratégique et en langues, Rodolphe Dagnaud commence à travailler dans une start-up franco-américaine spécialisée dans l’internet mobile et la commercialisation du premier carnet d’adresse unifié. Une première expérience chez Spine Next en tant que chef produit puis comme responsable export Europe et Amérique latine, lui ouvre les portes de l’international chez LDR Medical pendant cinq ans avant d’être recruté par Scient’x pour développer les ventes sur la zone Europe du Sud. En 2010, il prend la direction commerciale Europe, Moyen-Orient, Afrique au sein de la division Spine & Biologics chez Integra LifeSciences. Il rejoint Medicrea en 2014. 24 Comment vous êtes-vous lancé dans la distribution de dispositifs médicaux ? Vous rappelez-vous votre premier gros contrat ? Je travaillais dans les télécommunications avant de découvrir le secteur des dispositifs médicaux en 2002. J’ai commencé directement dans le domaine du rachis pour une petite société française, Spine Next®, ultérieurement rachetée par Abbott®, puis par Zimmer®. Au début, je ne savais même pas si je pourrais supporter la vue du sang et du patient ouvert. J’ai donc déjà relevé un premier défi personnel. J’ai commencé comme chef de produit pour apprendre les notions de base en passant un maximum de temps au bloc opératoire. Puis, je suis devenu responsable régional couvrant une zone composée de 15 pays. Je me souviens encore du premier gros contrat que j’ai décroché. Je travaillais à l’époque pour Scient’x®, une autre société française spécialisée dans le rachis, où l’un de nos distributeurs a passé la commande la plus importante de toute son histoire. J’ai travaillé avec leur équipe commerciale 6 mois durant pour ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y atteindre ce résultat. C’était vraiment gratifiant de voir l’aboutissement de ce travail acharné. Qu’est-ce qui vous a attiré dans les implants chirurgicaux, notamment dans le secteur rachidien ? C’est une opportunité qui s’est présentée à moi. J’ai rencontré un chirurgien dans un magasin de guitares à Bordeaux, ma ville natale. J’étais en train de tester plusieurs guitares, tout comme lui. Nous avons commencé à discuter et décidé de monter un groupe de jazz avant même la fin de la conversation. Il se produisait déjà avec un percussionniste. L’un de mes amis était bassiste, tout a commencé comme ça. En fait, tous les musiciens étaient chirurgiens, sauf moi, dont un chirurgien du rachis, qui est toujours en activité. Il collaborait à cette époque avec Spine Next pour développer des implants et des instruments. J’ai appris alors que la société recrutait un responsable régional polyglotte pour diriger son activité en Amérique latine. J’ai envoyé mon CV et passé un m e d i c r e a Quels sont les défis majeurs que l’on rencontre lorsqu’on évolue sur les différents marchés ? Depuis la crise économique de 2007/2008, tous les gouvernements tentent de réduire les dépenses. Le secteur de la santé est l’un des plus affectés. Nous sommes toujours confrontés à cette réalité avec la diminution du prix des implants dans la quasi-totalité des pays. L’environnement réglementaire est également en évolution constante. Il est actuellement plus difficile et contraignant d’enregistrer de nouveaux produits. Commercialiser un produit était plus simple il y a quelques années. Alors bien sûr, pour les petites entreprises, il peut être difficile de soutenir le développement de produits, les investissements réglementaires et cliniques nécessaires, lorsque vous prenez en compte les contraintes de remboursement. On doit faire preuve de créativité et étudier les modes les plus économiques de traitement des patients tout en favorisant l’innovation. Heureusement, je crois que nous avons toujours une longueur d’avance. Quel est le plus grand changement de ces dernières années ? Comment envisagez-vous l’avenir ? Il y a 10 ans, un distributeur devait travailler de manière vraiment exclusive pour un fabricant. Ils nouaient des liens très forts. Aujourd’hui, parallèlement à l’évolution du marché, cette relation a changé. Un nombre croissant de distributeurs tentent de ne pas dépendre entièrement d’un seul et même fabricant, ce que l’on peut comprendre car le fabricant peut d’un jour à l’autre fusionner ou être racheté par une autre société. La diversification constitue la norme actuelle. Un distributeur conclura plusieurs contrats avec plusieurs fabricants pour chacune de ses gammes. Les prévisions portant sur le futur du secteur rachidien fusaient autrefois. Je me rappelle d’une étude publiée en 2000, selon laquelle les techniques de « non-fusion » représenteraient 90% du marché d’ici 2010, dix ( i m ) p r o v e ans plus tard : la révolution n’a pas eu lieu. Je crois que des avancées technologiques exceptionnelles sont réalisées aujourd’hui. Elles peuvent avoir et auront un impact sur la chirurgie du rachis. La régénération cellulaire en fait partie. La dégénérescence des disques et les lésions neurologiques permanentes pourraient bien un jour appartenir au passé. Une autre avancée est la médecine surmesure, domaine où Medicrea représente l’avenir. Comment avoir une équipe commerciale soudée ? Comment décririez-vous votre rôle de leader auprès de ses membres ? Vous devez d’abord rester fidèle à vous-même pour souder les autres. Je crois qu’il est essentiel d’avoir une relation vraie avec les gens. Vous trouverez des milliers d’ouvrages qui vous apprendrons à bien manager une équipe, mais je ne fais là que relater mon humble expérience. Vous devez également ne pas vous considérer comme indispensable en toutes circonstances et faire de la place aux autres. Le travail d’équipe est la quintessence de l’unification. Même en instaurant une structure hiérarchique, notre mission consiste à aider les employés à être plus performants dans leur activité et pour la société. Telle est la vision que j’ai de ma fonction et selon laquelle je manage mes équipes depuis 12 ans dans l’orthopédie. Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées sur les différents marchés ? Existe-t-il des divergences entre les exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ? On a les « adopteurs précoces », qui représentent le plus faible pourcentage de la population, et sont à l’affût de toutes les nouveautés, quelles qu’elles soient. Dans d’autres régions du monde, l’innovation joue un rôle crucial dans leur culture. Un marché me vient naturellement à l’esprit : les États-Unis, qui ont su investir massivement dans l’innovation, car elle est fortement valorisée dans ce pays. C’est également le cas en Europe. L’innovation est largement acceptée sur la plupart des marchés. Sans oublier qu’elle permet d’améliorer les conditions de vie du patient, mais il y a tout de même des limites. Des barrières à l’entrée au marché existent: la disponibilité, le coût, l’enregistrement, etc. En général, plus le produit est innovant, plus les obstacles sont nombreux. Cela implique qu’il est plus important de collaborer étroitement avec les chirurgiens et de veiller à proposer les innovations adéquates. Les chirurgiens sont les véritables pionniers du développement. Considérez-vous comme nécessaire de disposer d’un portefeuille complet de produits rachidiens ? L’objectif est de disposer d’un portefeuille complet pour traiter tous les différents types de pathologies rachidiennes, mais avec une gamme de produits adaptée. Il est plus sensé pour une société de notre envergure de disposer d’un portefeuille de produits complémentaires et très polyvalents. Ainsi, nous pouvons nous concentrer sur l’apport de véritables solutions innovantes pour le m a g a z i n e b y m e d i c r e a 25 Inside Medicrea INSIDE medicreA “Nous mettons tout en œuvre pour être considérés comme des experts dans notre secteur d’activité, plutôt que comme un énième fabricant d’implants rachidiens ” patient et d’outils faciles à utiliser pour le chirurgien, plutôt que de conserver un nombre élevé de produits tout au long de leur cycle de vie. Vendre un produit conçu et fabriqué en France ? C’est un facteur très important à mon sens, car il existe dans notre pays une tradition en matière d’orthopédie. L’école française de la chirurgie du rachis est actuellement reconnue. Ces 30 dernières années, la France a intégré des techniques majeures et a fait évoluer les implants grâce à des chirurgiens de grand renom. Il s’agit là d’un héritage durable. Une société comme Medicrea peut tirer parti de cette force pour se positionner comme leader de la chirurgie du rachis. Une entreprise peut ‘IMPROVE EVERY MOVE’? Une entreprise est créée selon une vision particulière. Je crois que chaque protagoniste doit partager cette vision et collaborer pour la concrétiser. Chaque décision doit être conforme à l’éthique de la société. En l’occurrence, cette vision consistait à fabriquer des implants très innovants constituant des solutions uniques pour les chirurgiens et les patients. Nous devons rester fidèles à ce principe Nous ne tentons pas de ressembler à d’autres sociétés qui proposent une longue liste de gadgets, au lieu de solution réelles. Medicrea est très réactive comparée aux plus grandes sociétés pour s’adapter aux exigences en évolution constante du marché. Nous avons dernièrement investi dans de nouvelles technologies de production qui nous permettront d’avancer avec encore plus de flexibilité. Quels sont vos principaux souhaits lorsque vous envisagez l’avenir de votre société ? Je crois que tous les collaborateurs ont le même souhait : voir la stratégie de médecine sur-mesure mise en place par Medicrea réussir. Les implants « patient-specific » que nous fabriquons actuellement peuvent être utiles à des millions de personnes. Il est sensé d’un point de vue économique et pour le bienfait du patient, d’éviter la chirurgie de reprise. Au mieux nous comprendrons et adapterons les implants aux besoins uniques de chaque patient, au mieux nous nous rapprocherons de cet objectif. Je crois sincèrement qu’il s’agit d’une avancée majeure dans le domaine des 26 ( i m ) p r o v e soins rachidiens. Participer à l’intégration d’innovations qui, à mon sens, deviendront une référence dans le secteur, tout comme les vis pédiculaires à leurs débuts, constituerait un accomplissement majeur. Comment une société peut-elle tirer parti de collaborer avec des distributeurs au lieu de se positionner avec une force de vente directe ? La connaissance du marché et de l’environnement local est un facteur essentiel, que vous traitiez directement ou via des réseaux de distribution. Les distributeurs permettent immédiatement d’acquérir des connaissances et de tisser des liens au niveau local, alors qu’une société peut prendre du temps et engager des frais en les développant directement. Chaque marché dispose de ses propres méthodes de travail et structure de soins de santé, sans oublier les nuances culturelles. Les prix, les exigences réglementaires, les délais de passage en douane, les taxes sur les importations, etc. varient tous, et cela même au sein de l’UE. J’ai été impressionné par la réactivité de nos distributeurs sur le terrain. Ils sont disponibles 24 heures/24 et 7 jours/7. Nous pouvons leur faire confiance pour fournir des services d’excellente qualité. Nos activités sont liées, tout comme nos avenirs respectifs. Nous choisissons nos distributeurs avec beaucoup d’attention et collaborons avec un grand nombre d’entre eux depuis plus de dix ans. Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme un prestataire de services pour vos clients ? Nous mettons tout en œuvre pour être considérés comme des experts dans notre secteur d’activité, plutôt que comme un énième fabricant d’implants rachidiens. Le soutien clinique est essentiel à notre réussite et l’excellente qualité de nos services représente notre marque de fabrique. Lorsque nous avons développé UNiD, nous avons créé en parallèle un service spécial d’assistance technique. L’équipe du UNiD Lab composée d’ingénieurs biomécaniques a été mise en place pour superviser la planification, la production et le suivi clinique de chaque tige sur-mesure implantée. m a g a z i n e faster safer better DES IMPLANTS PRÊTS À L’EMPLOI LIVRÉS SUR LEUR PRÉHENSEUR SINGLE USE UNE GAMME D’INSTRUMENTS « 100% STERILE » GARANTISSANT UNE PARFAITE TRACABILITÉ DES DISPOSITIFS UTILISÉS UN ABORD = DEUX SOLUTIONS PERMETTANT DE TRAITER LES INDICATIONS DE FUSION ET DE NON FUSION INSIDE medicreA medicrea.com leading personalized spine b y m e d i c r e a ( IM ) PROV E Distributeur km séparaient nos deux petites sociétés. Lors du rachat de DePuy par J&J, nous avons choisi de conserver la gamme de produits rachidiens Medicrea. C’était une décision importante, mais nous étions bien plus heureux de travailler avec Medicrea qui nous a considérés comme des partenaires commerciaux, et non comme de simples distributeurs. La raison pour laquelle je travaille toujours avec Medicrea est simple : elle tient aux PERSONNES qui font vivre cette société. 20 ans plus tard, nous partageons une croissance commune. parte naire Edwin Key directeur du développement commercial pour la société Medi-Care Products depuis 4 ans. Il a managé son équipe afin de faire de son entreprise l’une des meilleures du secteur médical, tant au niveau logistique que distribution, de Malaisie. Il est un ingénieur pleinement qualifié, accrédité de IHEEM (Institute of Healthcare Engineers) et a aidé à construire, développer, tester et Pourquoi vous êtes-vous d’abord lancé dans la commissionner 38 nouveaux hôpitaux distribution de dispositifs médicaux ? en Malaisie (dans les systèmes de gaz Mon père a crée la société Medi-Care Malaisie en médicaux) sur une période de 16 ans. 1974. Je suis l’aîné et le seul fils de la famille. Dans la culture chinoise, le fils aîné reprend généralement les rênes de l’entreprise familiale. C’est donc ce que j’ai fait ! J’ai commencé comme représentant commercial dans le domaine orthopédique après avoir obtenu mon diplôme en 1998. C’était très dur au début. Je me suis lancé juste après la crise financière en Asie du Sud-Est. Notre division orthopédie, mise en place en 1995, avait à peine trouvé un équilibre financier. Le premier gros contrat que j’ai signé, je l’ai obtenu auprès d’un hôpital public de ma ville. Il m’a fallu un an de travail acharné pour convaincre les chirurgiens locaux de l’excellence de nos produits, identique voire supérieure à ceux des marques établies, d’autant plus que nous venions d’arriver sur le marché. J’ai éprouvé une grande joie lorsque le chirurgien m’a dit: « Edwin, j’ai un cas pour vous ». Je m’en souviens encore. C’était une opération pratiquée suite à un traumatisme avec une fracture vertébrale au niveau T10. “Ma première expérience en chirurgie de déformations m’a bouleversé. Je me suis rendu compte que je pouvais combiner mes connaissances cliniques et d’ingénieur” 28 Qu’est-ce qui vous a attiré dans les implants chirurgicaux, et dans le secteur rachidien ? J’adore les projets de construction. C’est pour ça d’ailleurs que j’ai fait des études d’ingénieur. J’ai été séduit dès que j’ai découvert le domaine orthopédique. L’ingénieur qui est en moi était comblé, ce qui m’a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y permis d’assouvir ma curiosité dans la discipline chirurgicale. J’apprécie la chirurgie du rachis car elle est en évolution constante. Je m’intéresse particulièrement aux planifications et aux exigences cliniques de la chirurgie de la scoliose. De plus, les résultats obtenus sont spectaculaires et vraiment visibles. Ma première expérience en chirurgie de déformations m’a bouleversé. Je me suis rendu compte que je pouvais combiner mes connaissances cliniques et d’ingénieur. C’est d’abord la passion qui m’anime. Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La société a-t-elle changé depuis le début de votre collaboration ? Medi-Care a été le premier distributeur de Johnson & Johnson en Malaisie, mais ne proposait à l’époque aucun produit rachidien (mais des produits pour la hanche et le genou). Il nous fallait intégrer les produits rachidiens à notre portefeuille de solutions orthopédiques. Nous avons donc commencé en 1995 à travailler avec un très jeune fabricant français, Medicrea. J’étudiais en Europe à la Queen’s University de Belfast ; j’ai visité le siège de la société pour la première fois une fois mon diplôme en poche. J’ai suivi une formation d’une semaine animée par mon mentor, Jean-Philippe Caffiero, qui est devenu par la suite un excellent ami. Cette formation a constitué une étape décisive dans ma carrière. La situation a été difficile pour nous deux au départ. Plus de 8 000 m e d i c r e a Quels grands défis avez-vous rencontrés lors du développement de la distribution ? Promouvoir notre marque est le défi numéro un en tant que distributeur. Notre collaboration avec les chirurgiens repose principalement sur les relations tissées au fil des années de travail dans ce domaine et mon expérience sur le terrain. Mais rappeler que nous sommes présents et être visible s’avèrent de plus en plus crucial. Comme tous les produits ou sociétés, la gestion de la marque est très importante, mais nous avons du retard dans ce domaine. Nous sommes une société de petite taille et nos ressources sont limitées. Nous devons donc traiter ce problème et nous montrer plus innovants pour surmonter ces obstacles. Considérez-vous que le marché national ait changé ces dernières années ? Le marché malaisien devient actuellement de plus en plus difficile. Les fabricants occidentaux souhaitent se développer en Asie, ce qui n’était pas du tout le cas il y a de cela 10/15 ans. Nous faisions le travail de distribution pour eux. Ils ne s’adressaient pas directement au marché, mais aujourd’hui ils sont tous en concurrence les uns avec les autres pour augmenter leurs parts de marché. De plus, un nombre croissant de fabricants locaux gagnent en importance sur le marché. Leurs prix sont 30 % à 40 % inférieurs aux nôtres. Il est presque impossible de leur faire concurrence. L’argument de la qualité inférieure ne tiendra peut-être plus très longtemps. Je crois que, dans quelques années, la différence de qualité sera négligeable entre les produits fabriqués en Occident et ceux provenant d’Asie. Nous devons réagir dès maintenant et nous montrer plus innovants pour fournir des technologies plus performantes et conserver ainsi nos parts de marché. De quelle manière échangez-vous avec vos clients ? Comment décririez-vous votre rôle de soutien auprès d’eux ? Comme dans beaucoup de cultures asiatiques, nous accordons beaucoup d’importance aux bonnes manières et à l’hospitalité. 99 % de nos clients sont des amis et sont aussi devenus ceux de Medicrea. Telle est la culture que je tente de transmettre au personnel : être le meilleur ami du client. Si vous êtes ami avec le client, vous devez vous investir à 110 % en matière de service et de soutien PARCE QU’il est votre ami. Être un très bon ami revient à ( i m ) p r o v e être un représentant commercial performant. Cette méthodologie a largement porté ses fruits dans la région et constitue l’un des secrets de notre réussite. Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées dans votre région ? Existe-t-il des divergences entre les exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ? Historiquement, le marché malaisien a été très exposé aux technologies médicales en raison d’un manque d’exigences d’enregistrement (cela va bientôt changer), mais je ne sais pas si cela a été positif ou négatif. Une certitude : ce marché a traditionnellement accès à tous les types de produits et formations. L’anglais est comme notre deuxième langue. Ainsi, pour répondre à la question de savoir si l’innovation est très appréciée en Malaisie : oui, c’est véritablement le cas. Mais, quant à savoir si cela permet de se positionner, c’est une autre histoire. Tous les produits sont évalués par rapport à bien d’autres produits. Il est un peu plus difficile d’impressionner les clients dans cette région. L’innovation est excellente mais, lorsque les produits sont comparables, c’est le support fourni au client qui fait la différence. Il existe probablement pour cette raison moins de différences sur le marché, mais les divergences concernant les exigences des chirurgiens sont naturellement toujours d’actualité... Comme pour un mariage ! Nous devons traiter ce problème. La communication joue donc un rôle crucial. Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme un prestataire de services ? Je me considère davantage comme un prestataire de services, voire comme un « fournisseur de solutions ». Le terme «solution» convient le mieux à mon sens. Il inclut tous les aspects, lorsqu’un chirurgien vous appelle pour vous dire qu’il a un cas à vous soumettre et qu’il vous demande de prendre les mesures nécessaires. Nous ne nous contentons pas de fournir le produit à l’hôpital. Nous veillons à disposer de tous les éléments nécessaires pour le cas concerné, ce qui implique de s’approvisionner en équipement extérieur, de fournir un soutien clinique et parfois même de gérer le processus de recouvrement pour le chirurgien exerçant dans le secteur public. Vous êtes la solution à tous les problèmes. Les chirurgiens avec lesquels je collabore sont mes amis et je suis ravi de toujours faire plus pour eux. Si vous répondez aux besoins et aux souhaits de vos clients, vous réussirez quel que soit votre secteur d’activité. Un point, c’est tout. m a g a z i n e parte naire b y m e d i c r e a 29 Distributeur parte naire Niels van Vliet a commencé à étudier à la fois aux Pays-Bas et aux Etats-Unis (BBA et MBA). Le 8 novembre 2007, il envoie son premier e-mail à Medicrea, demandant à devenir partenaire pour le marché mexicain. Il vit au Mexique et travaille chez BR Medical, une entreprise active dans la distribution et la commercialisation de produits et services dans le domaine médical. Travailler étroitement avec les médecins et les hôpitaux lui a offert peu à peu les connaissances nécessaires pour comprendre l’orthopédie et la colonne vertébrale. “Notre société a changé du tout au tout lorsque nous avons commencé la distribution pour Medicrea. Enfin, nous pouvions traiter toutes les indications et fournir une véritable innovation” 30 Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La société a-t-elle changé depuis le début de votre collaboration ? Je peux vous donner la date exacte : c’était le 8 novembre 2007. C’est la première fois que j’ai contacté Medicrea pour leur faire part de notre intérêt à devenir leur distributeur. Nous venions juste de nous rencontrer brièvement à l’Eurospine, un événement organisé à Bruxelles cette année-là. Je m’étais rendu sur le stand Medicrea parce qu’un des chirurgiens avec lequel nous travaillions m’avait confié avoir remarqué une technologie intéressante pour la fusion cervicale. Le lendemain, je suis donc allé voir l’implant en question, mais j’ai surtout remarqué le système de vis pédiculaires Medicrea, dont je suis en quelque sorte tombé amoureux. Notre système était réellement obsolète à l’époque. Vous n’allez pas me croire, mais pour les cas de scoliose, par exemple, nous avions fini par recommander à nos médecins d’utiliser un système concurrent parce que le nôtre ne faisait pas l’affaire. Notre société a changé du tout au tout lorsque nous avons commencé la distribution pour Medicrea. Enfin, nous pouvions traiter toutes les indications et fournir une véritable innovation. L’image et la réputation de notre société ont changé, ce qui a eu un impact très significatif. Auparavant, nous soumettions nos offres aux chirurgiens seulement du point de vue du coût, alors que nous pouvons désormais avoir des échanges cliniques avec les médecins. ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y Quels grands défis avez-vous rencontrés lors du développement de la distribution ? Eh bien, je pense que la conjoncture économique et la structure globale du système de santé nous ont mis en difficultés, notamment ces 2 dernières années. Ce ne sont pas les seuls facteurs, mais les grands défis à relever au Mexique. Un grand nombre d’hôpitaux disposent d’un budget insuffisant pour pratiquer autant d’opérations que nécessaire pour un nombre élevé de patients, et seuls 50 % de la population bénéficient d’une couverture médicale. Sur ces 50 %, seuls environ 8 % souscrivent à une assurance privée. En moyenne, l’investissement en matière de soins de santé pour chaque patient est inférieur à d’autres grands marchés latino-américains, tels que l’Argentine, le Brésil et la Colombie. Le Mexique dispose actuellement d’un «Seguro Popular» (assurance maladie nationale), mais il couvre une infime partie des soins et ne prend pas en charge les implants rachidiens. Ma société a dû relever le défi de trouver un moyen de mettre nos produits à la disposition du grand public dans ce pays. Nous ne pourrons jamais concurrencer les produits locaux de qualité inférieure. Nous devons plutôt convaincre le patient et l’État qu’investir dans du matériel d’excellente qualité et qu’obtenir de meilleurs résultats permettront de réaliser des économies à long terme. Je dirais qu’il s’agit là du plus grand défi auquel nous devons faire face actuellement. m e d i c r e a Le marché national a changé ces dernières années ? À votre sens, quelles sont les perspectives d’évolution ? D’importantes avancées ont été réalisées ces dernières années pour étendre le Seguro Popular à d’autres couches de la population. La deuxième étape consistera à généraliser cette extension, pour ainsi dire. En 2012, les Mexicains ont élu un nouveau président qui s’est engagé lors de sa campagne à doubler le budget de la santé publique. Il n’a pas respecté cet engagement, mais l’on sait au moins que le budget actuel est insuffisant. L’économie mexicaine est encore en phase de développement, mais elle est considérée comme l’une des plus importantes à l’avenir. Je crois que cette évolution se traduira par une amélioration des services de santé publique et un nombre croissant de souscripteurs d’assurances privées. Nous avons également observé dernièrement une augmentation des cas d’obésité au sein de la population mexicaine, ce qui peut constituer un facteur de croissance pour les produits rachidiens, mais qui peut s’avérer négatif pour améliorer le système de santé publique. Nous avons commencé à prendre les mesures nécessaires pour contrôler cette épidémie. « La Reforma », l’une des principales avenues de Mexico, est régulièrement fermée pour permettre aux vélos de circuler ; les publicités pour les sodas ont été bannies du petit écran. Je crois qu’il existe une tendance générale de sensibilisation de la population sur des thèmes de santé publique et son financement au Mexique. De quelle manière échangez-vous avec vos clients ? Comment décririez-vous votre rôle de soutien auprès d’eux ? Nous assistons toujours nos chirurgiens en bloc opératoire, cela ne représente que de 4 à 5 opérations par mois et par chirurgien, compte tenu du nombre limité de patients pouvant s’offrir un traitement chirurgical. La plupart du temps, nous sommes avec eux dans leur cabinet, lorsqu’ils sont en consultation avec leurs patients. Nous disposons d’un groupe de médecins avec lesquels nous avons établi un excellent rapport de confiance, et avec qui nous pouvons vraiment discuter au cas par cas de la meilleure combinaison de produits pour obtenir une solution optimale avec les moyens mis à la disposition du patient. Nous apprécions également de nous rendre avec eux à des congrès nationaux et internationaux, de suivre des cours de formation et de visiter des centres de référence. Il est essentiel pour nous de soutenir la formation continue de nos médecins. J’apprécie également de connaître personnellement les clients. Cette relation nous permet de collaborer plus efficacement et d’obtenir les meilleurs résultats chez les patients. est placée très haute ; les médecins adorent concevoir et utiliser de nouvelles technologies, notamment avec les fabricants européens. Les contacts entre les marchés américain et mexicain sont déjà nombreux ; il est donc intéressant de rechercher de nouveaux partenaires. J’ai en tête un exemple récent qui illustre parfaitement cette tendance dans le secteur rachidien. Un protocole a été appliqué pour une nouvelle prothèse de disque cervical, fabriquée en Europe, mais testée au Mexique. Cela démontre qu’il existe un lien entre certains médecins et des entreprises européennes pour stimuler l’innovation. Naturellement, cela n’est pas toujours possible, notamment pour des raisons économiques. L’innovation est généralement onéreuse, ce qui peut être un facteur technologique favorisant la distorsion entre fabricants et chirurgiens. Considérez-vous comme nécessaire de disposer d’un portefeuille complet de produits rachidiens ? Je crois que l’idée est de proposer à nos clients de collaborer avec eux en faisant partie de leur équipe pour les aider à obtenir de meilleurs résultats. C’est là le plus important. Voilà pourquoi nous n’avons pas besoin de disposer de tous les implants que les fabricants proposent sur le marché. Nous sommes persuadés que les produits que nous fournissons seront innovants, faciles à installer et aussi personnalisés que possible pour optimiser les résultats chez les patients. Plus les résultats seront diversifiés dans l’installation des différents produits, plus les probabilités d’obtenir des résultats négatifs seront élevées. Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme un prestataire de services ? Techniquement, nous sommes bien sûr des importateurs, mais notre qualité de service est ce qui nous différencie en tant que société auprès de nos médecins. Que pouvons-nous améliorer ? Que vous faut-il pour obtenir de meilleurs résultats ? Qu’est-ce qui peut vous aider à mieux travailler ? Il faut veiller à toujours être ponctuel, à la mise à disposition d’un grand nombre d’implants dans le bloc opératoire, etc. Il faut fournir d’excellents services, avoir une idée précise des besoins du médecin et, si le médecin ne demande que des vis et que nous savons qu’il va poser une longue fixation, s’assurer de pouvoir proposer d’autres solutions (non parce que le médecin l’a demandé, mais parce que le problème se posera peut-être). Ce que je veux dire par là, c’est que notre objectif est de fournir simultanément des produits innovants et les meilleurs services possibles. Chaque opération que nous pratiquons constitue un nouveau défi. Nous ne considérons rien comme acquis et proposons une offre la plus complète possible. Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées dans votre région ? Existe-t-il des divergences entre les exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ? Au Mexique, du moins pour le secteur rachidien, distribuer des produits innovants est primordial, héritage du Dr Luque. La barre ( i m ) p r o v e m a g a z i n e parte naire b y m e d i c r e a 31 Inside Medicrea en charge par notre système de santé, tout cela dans l’intérêt du patient. Nous travaillons malgré tout sur un marché en croissance chaque année, avec la possibilité d’opérer des patients de plus en plus âgés, grâce à l’amélioration des techniques. Comment imaginez-vous le futur ? La relation de confiance qui existe ou doit exister entre le chirurgien et le fabricant est au cœur de notre activité… et celle-ci se développe à présent de plus en plus avec le personnel de santé et l’environnement du chirurgien en général, dans les cliniques privées et les hôpitaux. Pour faire simple c’est le service global que l’on apporte qui fait la différence. Il y a donc le produit et le service, c’est un tout. Je pense que le service est très important car le chirurgien qui a confiance sait que le service va suivre et donc qu’il peut se reposer totalement sur toi. C’est un peu comme le pilote de l’Airbus A380 qui sait que son chef de cabine a tout géré pour que le voyage se passe pour le mieux pour les 400-500 passagers. INSIDE medicreA “La relation de confiance qui existe entre le chirurgien et le fabriquant est au cœur de notre activité ” Philippe Le Berre Directeur des ventes et marketing Medicrea Passionné par les sciences, Philippe Le Berre obtient un DEA de Pharmacologie et Toxicologie Moléculaire, suivi d’un diplôme de gestion des entreprises. Il rejoint le groupe BioMérieux en 1993 où il évolue rapidement d’un poste de technicocommercial, jusqu’au poste de responsable grands comptes. C’est en 2004 qu’il intègre le monde du dispositif médical et plus particulièrement de l’orthopédie avant de rejoindre Medicrea en 2011. 32 Comment avez-vous débuté dans le secteur médical ? Mon orientation vers le secteur médical est liée à mon intérêt pour les sciences en général. C’est après des études de biologie moléculaire et un master en gestion des entreprises que j’intègre Biomérieux en tant que technico-commercial en 1993, en biochimie. Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter vers les dispositifs médicaux implantables et plus particulièrement le rachis ? J’ai débuté dans le diagnostic chez Biomérieux où j’ai occupé plusieurs postes. Puis j’ai été attiré par quelque chose de nouveau qui faisait son apparition au bloc opératoire : l’arthroplastie rachidienne. J’ai été recruté par Synthes pour vendre les prothèses cervicales et lombaires. Synthes m’a formé et j’ai trouvé cette expérience très enrichissante. La notion de proximité patient m’a plu, là j’étais au cœur de la maladie, pour soigner. Cette ambiance bloc m’a passionné. L’arthroplastie c’était très novateur. J’ai ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y appris le rachis durant 3 années. Après cette première expérience, j’ai été chassé par Zimmer qui cherchait à monter sa division rachis. J’ai vite eu la responsabilité de la division et nous avons eu de belles réussites, une belle croissance. C’est ensuite que ma route à croisée Medicrea. Lors des entretiens, j’ai compris que je partageais beaucoup de valeurs avec cette entreprise ambitieuse et innovante. La vie, ce sont des rencontres. J’attache beaucoup d’importance aux hommes. Si vous ne travaillez pas en harmonie, cela ne peut pas marcher. Selon vous, quels sont les plus grands challenges à affronter sur le marché français ? En 2015, l’innovation seule n’est plus suffisante. Il faut composer avec les nouvelles contraintes législatives, réglementaires et économiques. Pourtant le marché – le chirurgien - est toujours en recherche d’innovation. Nous savons que l’innovation, la recherche coûtent très cher. Il faut donc trouver l’implant qui soit attendu par les chirurgiens et qui puisse être pris m e d i c r e a On a tendance à croire, à tort ou à raison, que les grands laboratoires en termes de services ne sont pas très bons. Les laboratoires américains ont une force importante car ils ont opéré des regroupements de services et de structures, ils présentent une offre plus globale dans les blocs opératoires. Plus les cliniques et hôpitaux seront de taille importante, plus ils sont incités à choisir une solution complète qui dépasse le cadre simple du rachis. Nous restons compétitifs notamment grâce à notre réactivité, en parvenant à coller à la réalité du besoin du chirurgien. Nous savons faire des kits produits customisés, sur-mesure, on peut ajouter des instruments, en enlever, en bref offrir plus de services qu’ils ne le souhaitent. Nous devons conserver ce point singulier. Comment parvenez-vous à garder une équipe unifiée ? Comment décrirais-tu ton rôle de manager ? On gère une équipe de vente comme on gère une équipe de sport de haut niveau. L’entraineur d’une équipe est là pour défendre les intérêts communs et c’est l’image d’une équipe qui gagne et non une seule personne. Existe-t-il souvent des écarts entre ce que les chirurgiens veulent et ce que le laboratoire offre ? Les chirurgiens ont beaucoup d’idées. Il y a l’innovation parce qu’ils ont envie que la chirurgie aille plus vite, qu’elle soit plus sûre, qu’ils puissent opérer plus, que le patient soit mieux soigné. Il faut toujours trouver l’adéquation entre le bénéfice pour le patient, pour le chirurgien et pour la société. Mais globalement, souvent ce qu’ils reprochent aussi aux sociétés, américaines notamment, c’est que les implants sont le fait de l’ingénieur et non pas des « gens de terrain », souvent l’implant est pensé et marche en théorie sur ( i m ) p r o v e des techniques de faisabilité, mais c’est de la théorie. En chirurgie on oublie que le patient est allongé sur la table, qu’il y a des saignements, qu’il y a des tissus, des nerfs, c’est surtout là où se joue l’écart. Les chirurgiens aiment bien que les labos s’investissent, que des gens du marketing, de la R&D soient proches d’eux, et parlent le même langage qu’eux. Nous avons des chirurgiens partenaires depuis le début, nous nous sommes attachés en France à muscler et à consolider ces partenariats avec de jeunes chirurgiens, et pour moi c’est important qu’il y ait cette interaction qui se développe. Régulièrement, des chirurgiens viennent visiter notre siège et sont en contact avec le directeur de la R&D pour qu’ils puissent échanger. On constitue aussi des groupes de travail sur des projets bien spécifiques de cas, 6 chirurgiens, sur lesquels ils avancent et qu’on ne perde pas ces possibilités d’innovation et d’amélioration. Notre force actuelle est cette proximité que l’on a avec les chirurgiens, il ne faut en aucun cas la perdre. Pourquoi pensez-vous qu’il est indispensable de proposer un portefeuille complet de produits dédiés rachis (répondant au maximum de pathologies) ? Je ne sais pas s’il faut proposer un portefeuille complet, c’est une image que l’on propose. Après on peut être très bien générique sur certains produits et être innovants sur d’autres. Le PASS LP et ses spécificités c’est une force pour Medicrea de pouvoir présenter des produits différenciateurs. Si on fait la même chose que tous les autres c’est moins attractif. Quand tu as été formé par une grosse boîte américaine ou suisse, la référence c’est le top-loading, et en fait, on se rend compte que ce n’est pas parce que c’est la référence historique que cela soigne mieux ! Vous considèrez-vous comme un fournisseur pur ou un fournisseur de services pour les clients ? Nous vendons des implants. Mais cette vente n’est possible que si nous nous intéressons à la demande du client, l’analysons et comprenons son besoin pour répondre au mieux à ses attentes tout en se différenciant des autres. Comme on disait, apporter un système top loading pour être 10ème ou 15ème sur le marché… ce n’est pas ce qui nous intéresse. Pouvoir développer un partenariat durable est primordial. Nous vendons des implants et en aval il ne faut pas oublier que ça pourrait être quelqu’un de votre famille sur la table et donc il faut proposer le meilleur service avec le meilleur implant. Toutes les personnes de l’équipe sont éduquées, formées pour savoir, gérer et aider le chirurgien sur une scoliose. m a g a z i n e INSIDE medicreA b y m e d i c r e a 33 Modèle médical du siècle Médecine personnalisée Pour le grand public, la médecine personnalisée peut apparaître comme exotique et abstraite, tel un idéal futuriste, alors que le principe de base existe depuis des millénaires. Il a été introduit à maintes reprises dans diverses disciplines médicales ou paramédicales, allant des produits pharmaceutiques aux prothèses de hanche en passant par les compléments alimentaires. Ces dernières décennies, les avancées scientifiques visant à mieux comprendre l’être humain, notamment en matière de génie génétique, sont à l’origine d’un changement radical dans la manière de traiter la maladie, mais également en amont dans la façon d’analyser la pathologie dans son ensemble en privilégiant la prévention au traitement. Il semble plus naturel de vouloir préserver un état de santé plutôt que de le restaurer, mais ce n’est pas une tâche aisée. En effet, un très grand nombre de facteurs environnementaux peuvent avoir des répercussions sur la santé faisant ainsi obstacle à l’homéostasie naturelle. DOSSIER SPECIAL De nombreuses contributions significatives à la médecine moderne et relatives à la médecine sur mesure en particulier sont considérées comme acquises quasiment aussi rapidement qu’elles sont découvertes. En 1907, un médecin new-yorkais, Reuben Ottenberg, a mis au point un test de compatibilité sanguine permettant d’établir la compatibilité optimale entre les patients et les donneurs dans le cadre de transfusions. Bien entendu, le groupe sanguin du patient joue un rôle crucial dans la réussite d’un tel traitement. Aujourd’hui, personne n’oserait remettre en question ce concept tant il a été adopté dans la pratique de manière rapide et à grande échelle. La science reconnaît plus que jamais la complexité du corps humain et l’impact de la constitution génétique unique d’un individu sur ses fonctions biologiques, anatomiques, ainsi que sur sa prédisposition à contracter une maladie ou encore à réagir à certains traitements. Lorsque le rôle de l’environnement, des choix de vie sociaux et culturels, tels que l’alimentation et le sport, sont pris en compte, plus aucune fatalité scientifique ne subsiste. Reste à comprendre les interactions complexes de ces facteurs environnementaux et socio-culturels et d’en déduire des solutions thérapeutiques tels que de nouveaux produits et services afin d’améliorer la qualité de vie du patient. En définitive, l’objectif d’approcher la médecine du point de vue du patient n’a pas changé depuis l’Antiquité, voici plus de 2 000 ans, époque où le médecin grec Hippocrate stipulait, qu’il était plus important de savoir quel type d’individu avait une maladie plutôt que de savoir quel type de maladie avait un individu. Avec une telle vision, il n’est pas surprenant qu’il soit considéré comme le fondateur de la médecine occidentale et qu’il continue à être honoré à travers le serment éponyme que les médecins du monde entier prêtent encore aujourd’hui. médecine personalisée par Jamie Page customisation de la santé 34 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 35 Médecine personnalisée DOSSIER SPECIAL “la médecine du point de vue du patient n’a pas changé depuis l’Antiquité, époque où Hippocrate stipulait qu’il était plus important de savoir quel type d’individu avait une maladie plutôt que de savoir quel type de maladie avait un individu” La médecine personnalisée est une quête perpétuelle de la combinaison idéale diagnostic/traitement, ou autrement dit, selon les termes de l’Union européenne, la médecine personnalisée consiste à « administrer le bon traitement au bon patient, à la bonne dose et au bon moment ». Beaucoup d’institutions ont leurs propres définitions de la médecine personnalisée. L’association médicale américaine définit la médecine personnalisée comme « des soins de santé adaptés en fonction des données cliniques, génétiques et environnementales du patient ». Ce concept est quasiment aussi personnel et varié que les réalisations potentielles qui en découlent. Sa définition réelle peut être considérée dans un sens bien plus général ou, inversement, dans un sens bien plus restreint, selon la personne à qui l’on pose la question et ses principaux intérêts. La médecine personnalisée évoque des choses différentes en fonction des personnes. Quoi qu’il en soit, chacun semble vouloir bénéficier d’une médecine sur mesure, et ce à juste titre. A travers ses applications qui en découlent, la médecine personnalisée est un vaste domaine, potentiellement rémunérateur pour les acteurs industriels qui y trouveraient une place. Selon les estimations proposées par PricewaterhouseCoopers, ce vaste marché, portant sur des produits aussi divers que des solutions diagnostics, des implants chirurgicaux ou encore des services nutritionnels personnels, s’élève à plus de 344 milliards de dollars en 2015. Cependant pour comprendre et maitriser les facteurs complexes et interdépendants qui tissent cette toile, il est avant tout chose nécessaire de réaliser des investissement massifs dans la recherche pour réaliser de véritables avancées et autant pour démontrer l’efficacité et la fiabilité des solutions thérapeutiques - pharmaceutiques ou technologiques - développées. 36 ( i m ) p r o v e Alors qu’il semble évident qu’un individu ne se résume pas à ses symptômes, il existe en médecine une tendance historique à traiter les symptômes sans tenir compte de la complexité de l’individu dans son ensemble. Ce phénomène est peut-être lié à la perception de la maladie dans la médecine contemporaine et à son système de classification. Le diagnostic repose principalement sur un processus limité sans intégrer d’autres indicateurs qui désigne un problème ou d’autres anomalies qui pourraient provoquer un problème. Phénomène d’autant plus étrange que les médecins et les chercheurs ont connaissance des marqueurs anatomiques et physiologiques pertinents, et qu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils n’en découvrent d’autres pour enrichir leur capacité d’analyse : ce sont des méthodes quantifiables et fiables permettant, entre autres, de signaler une pathologie préclinique et d’anticiper la réponse à l’intervention thérapeutique. Ces dernières années, la sophistication de la médecine sur-mesure est essentiellement liée aux avancées scientifiques rendues possibles grâce aux logiciels et technologies de calcul modernes, notamment l’analyse de big data. En substance, l’analyse de données massives, domaine complexe de l’informatique, permet de dégager des tendances dans de grands ensembles. Toutefois, dans le contexte de la protection des données personnelles, il s’agit d’un sujet controversé possédant une connotation négative quand il est associé, par exemple, au marketing personnalisé et aux efforts de promotion basés sur les habitudes de consommation d’un individu. Les informations et préférences personnelles laissées sur la toile durant la navigation ou sur les réseaux sociaux peuvent entraîner des sollicitations indésirables contre lesquelles tout un chacun se protège naturellement. Tout internaute fait de grands efforts pour préserver et protéger ses données personnelles… parfois en vain. Toutefois, pour m a g a z i n e b y m e d i c r e a la communauté médicale, l’exploration des dossiers médicaux électroniques serait une belle opportunité et un vecteur clé pour l’identification et de la compréhension des facteurs multiples agissant sur l’état de santé global d’un individu. Cette opportunité que représente la mise à disposition des dossiers médicaux électroniques a été permise et protégée juridiquement notamment par la Cour suprême des États-Unis. En 2011, une décision concernant Sorrell v. IMS Health, Inc. stipule que les pharmacies peuvent échanger des informations avec des sociétés externes. Cette décision a permis de justifier l’élaboration de plusieurs lois visant à lancer et soutenir l’utilisation des dossiers médicaux électroniques, notamment ceux régis par la loi sur les technologies d’information médicale à des fins de santé économique et clinique (Health Information Technology for Economic and Clinical Health, HITECH). Cette loi, votée aux États-Unis en 2009, a ouvert la voie à l’exploration des données médicales. Depuis son approbation, l’exhaustivité et la facilité de transmission des dossiers médicaux électroniques vers des banques de données médicales anonymes a permis de fournir une source importante pour l’analyse de données médicales et l’exploration de ces données. Les paramètres biologiques collectés provenant des banques de dossiers médicaux électroniques ne sont cependant pas le seul moyen de faire progresser la médecine sur-mesure. Des progrès ont naturellement été faits, avant même l’avènement du big data et de ses moyens d’analyse. La recherche scientifique et médicale demeure le socle sur lequel les progrès médicaux se font. Un traitement n’a jamais été appliqué au hasard à un patient. Il résulte toujours de décennies de recherche découlant sur la méthodologie permettant de délivrer les soins appropriés. Avec des dizaines de milliers de publications médicales produites chaque année, il est à noter qu’il y a toujours eu un accent mis sur l’amélioration des soins et sur la capacité à delivrer les bons soins, au bon patient, au bon moment. La médecine personnalisée va continuer à transformer la pratique de la médecine en commençant par la customisation du traitement et en avançant vers l’amélioration de la prévention. Dans ce contexte le rôle du fabricant de solution thérapeutique change nécessairement. Les entreprises les plus avant-gardistes sont celles qui voient au-delà de leur champ d’action actuel en tant que fournisseur pour devenir un véritable partenaire dans la recherche des produits et services qui seront adaptés aux soins personnalisés de chaque patient. Ensemble, l’industrie et les professionnels de santé seront en mesure de définir une stratégie rationnelle de traitement qui produira de meilleurs taux de succès clinique et une satisfaction des patients plus grande, grâce à une meilleure compréhension du patient et des facteurs qui contribuent à leur état. Une stratégie de traitement rationalisé signifiant la réduction du temps d’application et du coût engagé par le patient. En étudiant le domaine des implants chirurgicaux orthopédiques, il apparaît assez clairement que les traitements actuels bénéficieraient d’une approche diagnostic personnalisée approfondie. Certains résultats cliniques non satisfaisant peuvent être le résultat direct d’un dimensionnement et / ou d’un placement inappropriée du dispositif prothétique qui peuvent conduire à échec thérapeutique nécessitant une chirurgie de révision. Ce constat, décourageant pour le patient et le chirurgien sur le plan intellectuel, l ‘est également sur le plan économique si l’on considère les coûts associés à ce type de chirurgie. Aux Etats-Unis par exemple, une intervention “la sophistication de la médecine sur-mesure est essentiellement liée aux avancées scientifiques rendues possibles à l’analyse de big data” ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 37 Médecine personnalisée DOSSIER SPECIAL de révision pour le traitement des déformations de la colonne vertébrale a été évaluée, en moyenne, à plus de $ 80 000 USD. Les paramètres uniques de l’appareil musculo-squelettique d’un individu ont un impact évident sur le résultat clinique et affectent directement la qualité de vie d’une personne opérée. Un individu qui peut se tenir debout et marcher sans difficulté se sentira mieux qu’une personne dont la mobilité est réduite. Gardant ce postulat simple à l’esprit, exploiter toutes les ressources cliniques et technologiques disponibles afin d’appliquer directement le bon traitement est primordial – et pour ce faire une stratégie de traitement personnalisé est essentielle. Certains domaines de la chirurgie orthopédique ont déjà largement profité des avancées de la médecine personnalisée. Plusieurs technologies chirurgicales «sur-mesure» sont couramment utilisées et certaines sont petit à petit en train de prendre une place important dans la pratique courante notamment dans le domaine des arthroplasties totales. Les techniques d’imagerie avancées sont en effet utilisées pour concevoir et fabriquer des instrumentations sur mesure permettant le placement optimal de l’implant ; ledit placement étant un facteur clé du succès chirurgical. Dans le domaine de la chirurgie rachidienne des techniques de navigation ont été développées ces dernières décennies afin d’assister les chirurgiens lors de leurs visées pédiculaires. Ces premières approches de personnalisation du traitement visaient à fiabiliser le geste opératoire en tenant compte de l’anatomie précise du patient. Toujours dans le domaine de la chirurgie rachidienne, des avancées considérables ont été faites dans la compréhension de l’équilibre sagittal et des déformations de la colonne touchant la population pédiatrique d’une part et adulte d’autre part. La majorité des scolioses juvéniles sont dites idiopathiques, ce qui, par définition, signifie que l’origine de la déformation est inconnue. Cependant, depuis la formulation des types de classification, de nombreux progrès ont été faits pour déterminer qui souffrait de cette pathologie et pourquoi. Les médecins peuvent prédire avec quelques certitudes quelles sortes de courbures rachidiennes évolueront en fonction de paramètres patients. Très récemment, des recherches menées sur le modèle Zebrafish fournissent des informations essentielles pour expliquer de nouvelles origines moléculaires des maladies idiopathiques et congénitales et les liens génétiques entre ces deux formes. Grâce à ces progrès diagnostiques il devient imaginable d’adapter le traitement chirurgical au patient. Cependant malgré ces avancées spectaculaires de la recherche, aucun dispositif spécialement conçu et fabriqué de manière spécifique et personnalisée n’avait été implanté. Comprenant l’intérêt de s’engager dans ce processus complexe mêlant la recherche et développement, le clinique à l’industriels et à la logistique, Medicrea a décidé de s’engager dans une démarche nouvelle : celle de proposer des implants conçus et fabriqués pour chaque patient. Exploitant les connaissances scientifiques sur l’équilibre sagittal, la compréhension des déformations de la colonne, les progrès de l’imagerie, les capacités accrues d’analyse de chaque patient et l’avènement des nouvelles technologies de fabrication à partir de fichiers numériques, Medicrea est devenu précurseur dans le domaine des implants sur mesure destinés au traitement de la colonne vertébrale en proposant dans un premier temps la technologie UNiD. La première tige «patient spécifique» a été implantée avec succès en septembre 2013 à Lyon, France, par le Docteur Vincent Fière. Depuis, plus de 200 chirurgies ont été réalisées utilisant cette stratégie de traitement personnalisée et impliquant la production d’implants sur mesure. Avec le projet UNiD, c’est un rêve qui est devenu réalité et un grand pas vers la médecine personnalisée s’est concrétisé. Toutes les ressources de Medicrea sont mobilisées afin de fabriquer des tiges sur-mesure en amont de la chirurgie, conformes à la pratique chirurgicale du chirurgien, s’inscrivant dans la planification du traitement, et le tout acheminé en quelques jours seulement au bloc opératoire. “Medicrea est devenu précurseur dans le domaine des implants sur-mesure destinés au traitement de la colonne vertébrale en proposant dans un premier temps la technologie UNiD.” 38 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a La médecine personnalisée avait clairement un rôle à jouer dans la chirurgie du rachis, dès lors que les chirurgiens ont commencé à adapter eux-mêmes le profil sagittal des tiges ; mais, aucun fabriquant n’avait apporter son savoir faire pour accompagner cette tendance. L’expertise de Medicrea pour proposer des solutions innovantes dans le traitement des pathologies rachidiennes complexes, lui a permis de devenir le premier fabricant acteur dans ce domaine. Jusqu’à ce jour, les chirurgiens devaient cintrer la tige en per-opératoire sans outils adéquates pour prédire l’efficacité de leurs gestes. Alors que l’analyse de l’alignement spino-pelvien a été initiée voici plus de 30 ans, l’impact clinique de ces paramètres n’est évoqué que depuis quelques années grâce aux recherches visant à étudier la relation entre les instruments QLVS (Qualité de vie liée à la santé) et les mesures radiographiques. D’un point ( i m ) p r o v e de vue pragmatique, il a été prouvé que 80 % des patients présentant une lordose avec une incidence pelvienne de 10° obtiennent un alignement spino-pelvien global acceptable et par conséquent de meilleurs résultats cliniques. UNiD concrétise cette recherche en fournissant un tuteur implantable, conçu et fabriqué pour un patient donné et s’inscrivant dans le plan de traitement propre au chirurgien. Medicrea se positionne en précurseur dans ce domaine partageant son savoir faire et son support dans les domaines technique, clinique et logistique. Elle accompagne les chirurgiens dans leur stratégie de traitement personnalisé de chaque patient et en donnant accès à ces nouvelles technologies qui deviendront rapidement incontournables. m a g a z i n e DOSSIER SPECIAL b y m e d i c r e a 39 Guest-Star Themistocle Protopsaltis est un chirurgien du rachis et professeur adjoint du service de chirurgie orthopédique au NYU Langone Medical Center à New York. Il est membre de l’International Spine Study Group, composé de grands médecins de plusieurs centres universitaires qui étudient la chirurgie de déformation cervicale et thoraco-lombaire. Il est également membre de l’American Academy of Orthopaedic Surgeons, de la Cervical Spine Research Society ainsi que de la Scoliosis Research Society. Dr Themi Protopsaltis guest STAR “Utiliser une cage sur-mesure imprimée en 3D implique que vous pouvez en optimiser l’empreinte pour l’adapter aux vertèbres” 40 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez décidé de devenir chirurgien du rachis ? Croyez-le ou non, j’ai toujours su que je serais chirurgien et que ma spécialité aurait un lien avec le système nerveux. J’avais déjà une petite idée, mais j’ignorais qu’il s’agirait de la chirurgie du rachis. L’idée a fait son chemin. Au final, plus on se forme et plus on se spécialise, plus on parvient à réaliser son objectif. J’ai toujours voulu améliorer la vie des gens. Nombreuses sont les disciplines médicales qui y tendent, et à mon sens, encore plus la chirurgie orthopédique et du rachis. C’est ainsi que je me suis lancé ; cette chirurgie repose sur la capacité des praticiens à améliorer certaines fonctions de leurs patients et leur permettre d’avoir de meilleures conditions de vie. C’est ce côté-là qui m’a vraiment séduit. De plus, je m’intéresse beaucoup à l’aspect neurologique qu’il y a derrière, en étudiant les problèmes nerveux et en posant un diagnostic approprié. Qui sont vos patients ? Mes patients sont très diversifiés. Je peux recevoir un jeune enfant atteint d’une déformation ou d’une anomalie cervicale susceptible de provoquer une compression nerveuse, ou un patient plus âgé qui présente une déformation plus importante du rachis, qui est courbé, qui se penche vers l’avant, qui ne peut pas se tenir droit, voire qui ne peut pas bien marcher. Il peut s’agir d’un médecin, avocat, électricien ou ouvrier, qui vient en consultation pour un nerf coincé au niveau du cou ou du bas du dos, ce qui l’empêche de vaquer normalement à ses occupations quotidiennes. J’ai donc un éventail complet de patients, du plus invalide au plus âgé, ainsi que toutes autres personnes se trouvant entre les deux. Ils sont tous très différents, ce qui rend mon métier très intéressant. Je vois donc défiler l’humanité. Quel type de relation entretenez-vous avec eux ? Je crois que la relation entre le praticien et le patient est très spéciale, c’est l’un des aspects de mon métier que j’apprécie le plus. C’est comme si on tissait un nouveau lien ( i m ) p r o v e pour la vie, car on se rencontre, une alchimie se produit, on diagnostique et tente de soigner sans opérer. Au final, si le traitement ne donne aucun résultat et qu’il faut recourir à la chirurgie, alors c’est l’une des choses les plus intimes qu’un chirurgien puisse faire, à savoir opérer le patient et tenter de l’aider à se sentir mieux. Une période de convalescence et de rééducation vient après ; il faut également soutenir le patient à ce moment-là. Cette période est un peu difficile pour lui mais, lorsqu’il commence à aller mieux, son état ne cesse de s’améliorer, et ce pour la vie. Il devra peut-être recevoir entre temps une autre intervention s’il développe un autre problème à un autre endroit. C’est donc une relation durable qui s’instaure, presque un lien familial. Je continue à voir des patients que j’ai commencé à soigner la première année où j’ai exercé. Si l’on est bienveillant avec les patients et que l’on entretient cette relation spéciale, ils viendront nous voir spontanément lorsqu’ils auront un problème, où que l’on soit, afin qu’on puisse le traiter et le résoudre. Qu’en est-il de la relation avec votre équipe et du travail en équipe dans le bloc opératoire ? C’est vraiment un travail d’équipe. Rien ne remplace une équipe unie. Vous pouvez l’observer dans la vie en général, dans la vie de l’entreprise ou dans les compétitions sportives. Une équipe fonctionnant à merveille où chacun soutient l’autre et joue bien son rôle est plus performante qu’une équipe d’élite montée pour la toute première fois. Si chacun connaît son rôle, qu’il remplit bien sa mission et qu’il comprend que le but ultime est d’aider le patient à se sentir mieux, on finit alors par obtenir les meilleurs résultats. Le travail d’équipe commence dès le début, lorsque le patient appelle pour prendre rendez-vous, cela va de l’infirmier praticien qui va évaluer et diagnostiquer le problème et traiter le patient, au personnel du bloc opératoire : infirmier, anesthésiste, circulante, technicien ou agent d’entretien. Chacun joue son rôle de manière appropriée et efficace ; à partir de ce moment-là, les meilleurs soins sont prodigués au patient. m a g a z i n e b y m e d i c r e a 41 Guest-Star Dr Themi Protopsaltis De quelle manière poursuivez-vous votre formation ? Mes patients représentent le meilleur mode de formation. Et lorsque je dis cela, c’est avec une grande importance. J’effectue de nombreuses recherches et questionne beaucoup mes patients. Ils remplissent des questionnaires, qui nous permettent d’évaluer leurs résultats par rapport à leurs homologues présentant un problème similaire. Je consulte donc systématiquement leurs résultats, avant et après l’opération, et je les compare avec ceux des autres patients présentant un problème similaire. Je regroupe ensuite toutes ces données. Nous avons un comité institutionnel qui nous autorise à mener des études avec plusieurs chirurgiens de notre établissement et à collaborer avec d’autres établissements pour étudier, par exemple, les déformations rachidiennes chez les adultes dans 12 centres aux États-Unis. Nous consultons les données que nous regroupons et mettons en place un classement, pour savoir qui a obtenu de bons ou mauvais résultats, et pourquoi. C’est là la meilleure formation, car nous réalisons toujours une sorte d’évaluation interne, vérifions les points forts et les points faibles et présentons nos travaux à nos confrères dans la discipline concernée, lors des congrès nationaux et internationaux, où les données et les techniques sont examinées, au même titre que l’objectif de ces travaux. Il s’agit d’un autre niveau d’évaluation et de formation. C’est le seul moyen de s’améliorer et d’innover en matière de traitement des patients. Nous pratiquons les mêmes activités depuis de nombreuses années, mais certaines sont entièrement nouvelles cette année. Nous mettons toujours tout en œuvre pour déterminer les meilleures procédures pour nos patients. Qu’est-ce qui fait la réussite d’une opération ? Une opération est réussie lorsqu’on est à l’écoute du patient et que l’on est vraiment sensible à son problème pour le diagnostiquer et le traiter. Divers problèmes ou pathologies peuvent exister. Il peut souffrir d’une déformation ou d’une compression nerveuse, voire être incapable de marcher ou de tenir en équilibre. Beaucoup de choses peuvent se passer, mais une opération réussie permet de bien traiter le problème majeur et de choisir l’intervention la plus adéquate. Pouvez-vous nous faire part de l’une de vos meilleures expériences ? J’avais un patient qui souffrait d’une déformation cervicale assez importante. Il ne pouvait pas tenir sa tête droite. Elle était baissée, à proximité du torse et orientée vers la droite. Il devait se tourner sur le côté pour vous regarder. Il avait des problèmes de déglutition, ne pouvait pas vraiment conduire et souffrait beaucoup. Son état était tel 42 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y que nous l’avons amené directement au bloc opératoire. Sa santé laissait aussi à désirer. Il avait des antécédents de cancer, fumait et déprimait énormément du fait de tous ces problèmes. Naturellement, l’état de ses cervicales pesait lourdement sur son état mental. Je l’ai convaincu que l’opération qui allait être pratiquée serait importante et risquée mais, encore plus important, qu’il devait reprendre sa vie en main, arrêter de fumer avant tout et être plus optimiste. Un an après, j’ai été très surpris de voir qu’il avait bien suivi mes recommandations. Il a vraiment dû prendre sur lui pour améliorer son état de santé et son état mental. Il en était à un stade où il souhaitait réellement que je pratique l’opération, qui a donc eu lieu. Il avait subi antérieurement une fusion C3-C6, puis au niveau des segments en cyphose, et avait développé une cyphose adjacente sous-jacente. J’ai donc pratiqué une fusion de C2 à T5. Il a fait l’objet d’une ostéotomie sur 3 colonnes par rupture du cou afin que nous puissions l’étendre à la vertèbre C7. Lui qui regardait vers le bas à droite a pu redresser la tête et regarder droit devant lui sans le moindre effort. Sa joie était immense. Cette expérience m’a vraiment donné envie de traiter les cas de déformation. Quels défis devez-vous souvent relever dans l’exercice quotidien de votre profession ? Il tient à mon souhait de fournir les meilleurs soins possibles à mes patients. Je les considère comme des membres de ma famille. Telle est l’approche que j’adopte. Lorsque certains patients ont un problème et que l’on sait qu’une opération peut les aider à se sentir mieux, mais que les compagnies d’assurance ou d’autres formalités administratives y font obstacle, c’est frustrant. La tendance est à la limitation des frais. Les compagnies d’assurance tentent de protéger les intérêts du patient tout en cherchant à réaliser des bénéfices, ce qui peut parfois être une source de tension. L’un des principaux problèmes rencontrés dans l’exercice quotidien de ma profession est de prodiguer au patient les soins qu’il mérite tout en tenant compte des difficultés liées aux soins de santé. Comment le secteur médical et une société comme Medicrea peuvent-ils vous soutenir au quotidien ? Les entreprises exceptionnelles sont celles dont l’activité tourne réellement autour du patient. Leur donner la priorité, telle est l’attitude à avoir. Les représentants doivent réellement souhaiter aider le praticien à aider les patients. Cette philosophie et l’aspect service client doivent prédominer. Un patient peut avoir un problème un samedi à minuit et nécessiter une opération chirurgicale. La disponibilité, la qualité de service et la réactivité aux problèmes du chirurgien, comme la reconception d’un m e d i c r e a instrument qu’il souhaiterait légèrement différent. Le fait de pouvoir modifier cet instrument pour répondre à ses besoins et compétences, etc. Ce sont autant de facteurs qui perdurent réellement. Vous souvenez-vous de votre premier cas ? Je me souviens de l’un des premiers patients que j’ai soigné, une fillette de 8 ans née avec plusieurs fusions au niveau cervicale et plusieurs anomalies congénitales. Seuls un ou deux disques des cervicales étaient mobiles; l’un d’eux présentait une hernie et appuyait sur la moelle épinière. Elle était si jeune que je ne disposais pas d’implants appropriés. Je n’avais que des implants pour adultes. On ne fabrique pas des plaques cervicales de cette taille, car les enfants ne présentent pas en général de fusions cervicales, mais j’ai bien dû trouver une solution. J’ai finalement découpé les plus petites vis disponibles à l’aide d’un grand coupe-boulons, parce qu’elles étaient trop longues. C’est l’un des premiers cas que j’ai traité et je m’en rappelle parfaitement. Lorsque j’ai débuté ma formation médicale et que je l’ai finie, le remplacement de disques commençait juste à se développer et venait d’être approuvé par la FDA. On observe la même chose sur d’autres techniques émergentes aujourd’hui, cette discipline est très innovante et naturellement passionnante. Un grand nombre de laboratoires tentent actuellement d’utiliser des dispositifs préservant la mobilité, qui font à mon sens un peu plus figure de nouveauté. Les disques sont remplacés, des praticiens posent des agrafes pour les jeunes patients atteints de scoliose afin de modifier la progression de la courbe rachidienne, et d’autres utilisent des liens, des tiges flexibles ou des techniques autres que la fusion. Il existe également les implants « patient-specific » qui sont très intéressants. Quelle est la meilleure innovation de ces dix dernières années ? Je crois que certains dispositifs préservant la mobilité sont très utiles. En chirurgie de déformations, il convient de donner au patient le meilleur moyen de se tenir droit sans exercer trop de pression sur l’organisme, ce qui implique d’utiliser le calibre et le type de tige appropriés. Je pense également que la tige sur-mesure Medicrea est un excellent concept qui permet de réaliser l’objectif souhaité en matière de correction des déformations, sans trop en faire ou pas assez, et d’élaborer une tige correspondant à un plan, ce qui implique que vous avez réfléchi, tenu compte des problèmes du patient, traité le problème majeur, fait vos calculs et produit un plan que vous pouvez consulter sous forme de tige. Vous pouvez alors évaluer la réussite de ce plan dans le bloc opératoire. Comment envisagez-vous l’avenir ? En opérant moins ou en pratiquant d’autres types d’opérations. Je crois que, dans le cas des jeunes patients, un grand nombre d’interventions va s’orienter vers une pseudo-préservation de la motricité. Un patient trentenaire ou au début de la quarantaine choisira définitivement cette option. Par exemple, si un ou plusieurs disques ont été remplacés lorsque le patient était plus jeune, il peut entre temps développer de l’arthrite et nécessiter une réopération visant à atténuer la douleur. Je ( i m ) p r o v e ne crois donc pas que l’on ne pratiquera aucune opération mais que, plutôt que de réaliser une fusion lorsque le patient est plus jeune, puis d’autres fusions ultérieurement, il convient peut-être de procéder à ces fusions lorsqu’il est beaucoup plus âgé. Pour les patients âgés dont l’arthrite s’est bien établie et qui nécessitent une reconstruction de la moelle épinière, le problème est de les faire se tenir droits, ce qui implique invariablement de réduire leur mobilité, mais de leur donner une position plus fonctionnelle pour leur activité professionnelle en général et d’une manière leur éviter de subir ultérieurement d’autres opérations. Cette initiative est difficile à mettre en œuvre, même si elle est tout à fait possible. Je crois que les avancées réalisées pour cette tranche de patients âgés présentant les déformations les plus importantes seront possibles en évaluant les corrections à apporter et en déterminant les besoins du patient à long terme pour lui permettre de faire tout ce qu’il souhaite. Que pensez-vous de la médecine sur-mesure et des applications utilisées en chirurgie du rachis, par exemples les tiges UNiD et les cages imprimées en 3D ? Elles représentent réellement l’avenir. Nous observons cette évolution pour le remplacement complet des articulations. Certains patients étant plus petits et d’autres très grands, il n’est pas très prudent de dire que vous disposez de 3 tailles adaptées à tous les patients. À mon sens, le fait d’utiliser une cage sur mesure imprimée en 3D implique que vous pouvez en optimiser l’empreinte pour l’adapter aux vertèbres, ainsi que le périmètre de fusion de la cage. Vous avez donc plus de chances d’obtenir un implant qui optimisera la fusion et la décompression du rachis chez ce patient. Dans le cas de la tige UNiD, tige sur-mesure, vous pouvez planifier les tâches pré-opératoires en pratiquant des incisions pour les ostéotomies afin de rechercher l’alignement qui vous semble le plus fonctionnel pour le patient, à partir des expériences que nous avons recueillies et des recherches que nous avons effectuées sur les déformations. La tige qui va permettre d’adapter toutes ces ostéotomies est celle qu’il faudra utiliser. Il ne faut pas survoler cet aspect de l’opération. Les ostéotomies doivent atteindre le contour prévu avant l’opération. C’est là que réside toute la puissance de la tige UNiD et, en fait, du système PASS LP, qui permet de réduire progressivement le rachis vers une tige prédéfinie propre au patient. On ne peut pas planifier une opération en consultant simplement une radio. Il est évident qu’il faut également prendre en considération toutes les caractéristiques du patient, à savoir son âge, la qualité de ses os, ses activités personnelles ou professionnelles, et une partie des autres problèmes médicaux qu’il présente. Vous vous appropriez toutes ces données non seulement pour la radiographie, mais également afin de connaître le patient proprement dit. m a g a z i n e guest STAR b y m e d i c r e a 43 Lab TEAM EQUIPE D’INGÉNIEURS BIOMEDICAUX EXPERIMENTéS FORMÉS À LA LECTURE ET ANALYSE DE L’IMAGERIE MEDICALE PAR LES CHIRURGIENS your sagittal code personalized spinal implants are a reality ET CHERCHEURS EXPERTS DU DOMAINE SURGIMAP PLUG-IN Lab SERVICES 1. MESURE PRÉ-OP SUR RADIOGRAPHIE 2. SUPPORT EN PHASE DE PLANIFICATION 3. ANALYSE RADIOGRAPHIQUE POST-OP international CONTACT [email protected] or +33 4 27 86 45 23 medicrea.com leading personalized spine US CONTACT [email protected] or +1 (646) 490-2360 medicrea.com medicrea.com leading leading personalized spine spine (personalized IM ) PROV E Guest-Star Meagan D. Fernandez, est une chirurgienne orthopédique pédiatrique certifiée à Geisinger Medical Center. Elle se concentre sur la chirurgie de la colonne vertébrale et la médecine du sport. Elle a obtenu son diplôme à l’Université de Médecine Ostéopathique de Philadelphie et a complété son internat au Pinnacle Health System à Harrisburg, en Pennsylvanie. Elle a complété sa formation en chirurgie orthopédique pédiatrique à l’hôpital pour enfants Atlanta Scottish Rite à Atlanta (Georgie). “Je souhaiterais que l’on puisse en savoir plus sur l’origine réelle de la scoliose” Dr meagan fernandez guest STAR Pouvez-vous nous dire quand et pourquoi vous avez décidé de devenir chirurgien du rachis ? J’ai pris cette décision en devenant chirurgien orthopédiatrique. J’apprécie vraiment de travailler dans le rachis et dans l’orthopédique en général. L’orthopédie pédiatrique a été un excellent tremplin, qui m’a permis de me spécialiser en chirurgie du rachis et de la scoliose. Qui sont vos patients ? Comment tissez-vous des liens avec eux ? La plupart sont des adolescentes. Je peux développer une relation solide avec elles. Je crois que le fait d’être une femme me facilite la tâche. Elles sont effectivement plus à l’aise avec moi lors des consultations. Il est vraiment plus facile de nouer un lien avec elles que pour mes confrères. Quelle relation entretenez-vous avec votre équipe et comment vivez-vous le travail en équipe dans le bloc opératoire ? La relation avec mon équipe nous permet d’aller de l’avant. Chacun doit travailler main dans la main. Nous sommes une équipe organisée, ce qui nous permet d’obtenir d’excellents résultats. Le personnel présent dans le bloc opératoire change parfois, mais il s’agit en général des mêmes personnes. Ce facteur est important car toute l’équipe connaît l’étape suivante et sait exactement ce dont je vais avoir besoin. La procédure complète se déroule ainsi sans problème. 30 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e De quelle manière poursuivez-vous votre formation ? Je m’auto-forme en assistant aux congrès pendant l’année. J’assiste également à la SRS, ainsi qu’à des congrès moins importants axés sur les déformations rachidiennes chez les enfants. Cela me permet de rester au fait des dernières techniques et tendances. Voyager pour observer les cas d’autres chirurgiens est un autre moyen efficace de formation. Certains chirurgiens utilisent des techniques différentes que l’on peut apprendre et appliquer au final à sa propre pratique. Selon vous, qu’est-ce qui garantit la réussite d’une opération ? J’ai le sentiment de réussir lorsque je parviens à bien corriger la scoliose et les courbes rachidiennes. Les patients retrouvent alors les fonctions qu’ils avaient avant l’opération. La plupart de mes patients pratiquent de nouveau leur sport favori sans aucune douleur. Il est possible de réussir si l’on définit clairement ses attentes avant l’opération. Je prends toujours le temps de discuter avec chaque patient des objectifs de la correction. En général, j’apporte des corrections significatives, mais tout dépend de l’état du patient et de l’évolution de la courbe les années précédentes. Le rachis se déforme après bien des années ; il faut donc prévoir du temps pour qu’il retrouve une structure normale. m a g a z i n e b y m e d i c r e a 47 guest STAR Dr Meagan Fernandez Pouvez-vous nous faire part de l’une de vos meilleures expériences ? J’ai comme patiente une fillette qui a dû arrêter toutes ses activités sportives. Elle excellait en danse et participait à des concours. C’était également une très bonne joueuse de tennis. Elle a au final subi une opération, ainsi qu’une correction significative, et pu reprendre la compétition dans toutes ses disciplines sportives. Obtenir de tels résultats est toujours gratifiant. Comme je l’ai dit tout à l’heure, il faut beaucoup de temps pour un retour à la normale. Je recommande en général de patienter en moyenne 6 mois avant de reprendre une activité intense. Quels défis devez-vous relever le plus souvent dans l’exercice quotidien de votre profession ? Je dirais que les parents sont toujours un défi majeur. Je dois m’assurer qu’ils nourrissent des attentes sensées par rapport à l’opération et à la correction de la déformation pour que les résultats obtenus donnent entière satisfaction à chacun. Traiter un adolescent implique de traiter toute la famille, dont les parents et les grandsparents. “Traiter un adolescent implique de traiter toute la famille” Qu’est-ce qu’une société comme Medicrea entreprend pour mieux vous soutenir ? Avant tout, il est primordial que les entreprises spécialisées dans les solutions rachidiennes continuent de fournir des instruments/ équipements de haute qualité répondant aux besoins des patients. Il est également primordial qu’elles continuent de soutenir les réunions éducatives mises en place pour les praticiens. À mon sens, promouvoir et organiser des réunions dédiées au rachis et à l’orthopédie, c’est donner un grand coup de pouce aux professionnels de santé. Je souhaiterais également voir les conférences à plus petite échelle bénéficier d’un meilleur soutien. Elles nous donnent l’opportunité de nous former et d’écouter les interventions de spécialistes sur les nouvelles techniques. Vous souvenez-vous de votre premier cas ? Que faites-vous différemment aujourd’hui ? Tout à fait. Il s’agissait d’un adolescent. C’était un cas neuromusculaire très complexe ; le patient 48 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y présentait une très grande déformation. Il faut dire que c’était impressionnant, surtout pour un premier cas, mais tout s’est très bien passé. Dans l’ensemble, j’appliquerais aujourd’hui les mêmes procédures qu’à mes débuts, néanmoins, plus on acquiert de l’expérience, plus on a tendance à pratiquer des incisions plus petites et plus courtes, en tentant d’être moins invasif, même pour une longue intervention de déformation. Pour le reste, je ne changerais pas grand-chose. dream it do it Quelle est la meilleure innovation de ces 10 dernières années ? Je répondrais certainement les vis pédiculaires, mais cette innovation remonte à bien plus longtemps. Cela étant dit, elles ont révolutionné la chirurgie du rachis. Je répondrais autrement la navigation chirurgicale. Comment envisagez-vous l’avenir et les avancées en matière de chirurgie du rachis ? J’espère que nous réaliserons d’autres avancées en matière de techniques et pour les technologies concernées, afin de toujours améliorer les fonctions et les résultats du patient. De plus, je souhaiterais que l’on puisse en savoir plus sur l’origine réelle de la scoliose et au final en empêcher l’apparition. Ce serait vraiment génial de pouvoir prévoir le développement de scolioses pour savoir à quelle période commencer l’appareillage et naturellement s’il existe un moyen d’éviter cette situation. no thing is imp oss ible Pourquoi compromettre l’équilibre sagittal ? Dans les scolioses idiopathiques de l’adolescent, si la majorité des systèmes produisent une correction frontale équivalente1, le PASS LP restaure aussi l’équilibre sagittal2. Que pensez-vous de la médecine sur-mesure et des applications concernant le rachis ? C’est fantastique. Tout tourne actuellement autour du patient et est réalisé sur-mesure. C’est une très bonne chose. Qu’est-ce que cela fait pour une femme d’exercer en chirurgie du rachis ? Les hommes prédominent toujours au sein de cette communauté. La seule fois où je m’en rends vraiment compte, c’est lorsque je donne un discours ; je réalise soudain que je suis la seule femme présente dans la salle. Il est néanmoins plus difficile pour une femme de concilier la vie professionnelle avec la vie de famille. m e d i c r e a guest STAR 1 • Compared to published articles1−2. Coronal thoracic curve correction was 67% for Lenke 1-3 patients in US clinical trial3 and 69% in European trial4. 2 • Multi-US-site clinical trial showed significant improvement of 9° of thoracic kyphosis on the average in hypokyphotic patients (TK<20°) and no reduction of thoracic kyphosis in normal kyphotic patients3. European clinical trial significantly improved TK by 23° in hypokyphotic patients and 8° in normal kyphotic patients4. 1. Lykissas MG, Jain VV, et al. Mid- to Long-Term Outcomes in Adolescent Idiopathic Scoliosis After Instrumented Posterior Spinal Fusion. (Spine) 2. Maruyama T, Takeshita K. Surgical Treatment of scoliosis: a review of techniques currently applied. (Scoliosis) 3. Devito DP, King A, Willits MB, Aminian A. Submitted for SRS/IMAST 2013. 4. Clement JL, Chau E, Geoffray A, et al. Simultaneous Translation on Two Rods to Treat Adolescent Idiopathic Scoliosis: Radiographic Results in Coronal, Sagittal, and Transverse Plane of a Series of 62 Patients With a Minimum Follow-up of Two Years. (Spine) medicrea.com medicrea.com leading leading personalized personalized spine ( IMspine ) PROV E medicrea.com leading personalized spine Guest-Star guest STAR Dr Louis Boissière a effectué ses études de médecine à Lyon. Internat et clinicat dans le service du Pr Vital à Bordeaux où il a appris la chirurgie de la colonne vertébrale. Il a obtenu un master de biomécanique dans le laboratoire du Pr Skalli à Paris (Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers). Il s’est spécialisé dans la chirurgie des Déformations de l’enfant et de l’adulte et a publié de nombreuses études dans ce domaine. Il a notamment décrit l’Indice de Lordose Lombaire et publié dans le New England Journal of Medecine Il est un membre actif du GES (Groupe d’Etude des Scolioses) et du Groupe Européen d’Etude des Déformations Rachidiennes (ESSG). 3 Après une première partie de ses études à la faculté de médecine de Nancy, le Dr Rémi Mariey a effectué son internat à Bordeaux, porté par les conseils d’amis chirurgiens du rachis afin de rejoindre l’équipe réputée du Professeur Vital. Il y a reçu une formation complète, tant sur la prise en charge du rachis dégénératif, que de la tumeur, de la traumatologie rachidienne ou de la déformation. Il a également eu la chance de pouvoir travailler avec une entité dirigée par le Professeur Le Huec qui lui a apporté une vision différente et pourtant complémentaire de cette spécialité. Il est à présent au milieu de son clinicat chez Monsieur Vital et il se félicite chaque jour de la grande liberté laissée par ses Maîtres qui l’encouragent à toujours progresser et à se lancer des défis chirurgicaux de plus en plus ambitieux. mousquetaires “UNiD est une innovation très stimulante. Le sur-mesure est dans l’air du temps” 50 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a Dr Louis BOISSIERE DR Rémi Mariey DR Vincent challier Pourquoi êtes vous devenu chirurgien spécialiste de la colonne ? (Dr Boissière) J’ai fait mes études de médecine à Lyon, qui est l’un des gros centres de la chirurgie orthopédique, puis je suis allé à Bordeaux, centre spécialisé dans la chirurgie de la colonne vertébrale dans l’idée de faire de la chirurgie. En passant interne dans le service, on bénéficie d’un environnement très stimulant, il y a une activité scientifique de pointe dans ce service, celui du Professeur Vital, qui donne envie de se spécialiser dans le domaine de la colonne, soutenu par une équipe et une dynamique de travail motivante. (Dr Mariey) Je voulais devenir chirurgien, déjà attiré par l’orthopédie. Je trouvais qu’il y avait de l’enjeu dans la chirurgie du rachis, notamment au niveau neurologique, en terme de variété opératoire, j’avais l’impression que c’était plus complet. J’ai eu l’exemple d’un proche qui était chirurgien du rachis à Nancy qui m’avait donné un peu le goût de la chose, et on m’a orienté vers Bordeaux. Je n’ai pas été déçu par ce que j’ai appris ni par l’accueil que j’ai reçu ! Pourquoi Bordeaux est-il un centre référent ? Le service a pris son envol avec le Professeur Sénégas qui était le maître du Professeur Vital. En effet, le Professeur Sénégas avait une aura nationale et internationale assez importante. Le Professeur Vital ( i m ) p r o v e a repris le flambeau et l’a fait évoluer positivement en le développant. C’est comme ça que Bordeaux est devenu centre référent au niveau national avec une reconnaissance internationale réelle. C’est cet héritage qui nous a donné envie de faire ça. Qui sont vos patients ? Des urgences dans tout ce qui est le domaine de la traumatologie de la colonne vertébrale, des patients qui nous sont confiés sur des atteintes métastatiques dans le cadre de cancers divers et variés, ainsi que nos propres patients qui nous sont confiés par des rhumatologues ou des médecins traitants de la grande région Aquitaine avec des problèmes dégénératifs du rachis plus classiques, que ce soit cervical, lombaire ou thoracique. Notre seule limite est de ne pas empiéter sur le travail des neurochirurgiens avec notamment la prise en charge des pathologies intra-durales. Qu’est ce qui transforme une opération en succès ? C’est la satisfaction du patient. Il y a beaucoup de façons différentes de mesurer le succès d’une prise en charge chirurgicale, avec des échelles de qualité de vie ou autres mais je trouve que le meilleur baromètre reste le petit questionnaire destiné à mesurer la satisfaction du patient avec des questions toutes simples comme « Si c’était à refaire, vous le referiez ? », « Est-ce que vous conseilleriez cette intervention à un ami ? » Je trouve cela bien plus m a g a z i n e b y m e d i c r e a 51 Guest-Star Dr Boissiere, Dr Mariey, Dr Challier parlant que d’autres données telles que celles inhérentes à l’activité physique ou au douleurs résiduelles du patient. S’il est content et soulagé par l’intervention, c’est un succès. Pouvez-vous nous faire partager une belle success story ? (Dr Boissiere) En traumatologie, j’ai des exemples de patients qui sont arrivés avec des fractures du rachis thoracique et un tableau de paraplégie incomplète et que je revois maintenant marcher et reprendre leurs activités malgré quelques petits troubles neurologiques mineurs. On a vraiment l’impression d’avoir accompli quelque chose pour eux. (Dr Mariey) Je voudrais rajouter qu’il y a deux choses à identifier en terme de « success story » liées à notre jeune âge et à notre inexpérience, c’est soit un challenge chirurgical qui s’est bien passé, duquel on peut tirer une satisfaction personnelle, ou cela peut-être les premiers patients pris en charge et qui nous témoignent leur satisfaction ; ce sont des moments que l’on retient également. Comment une entreprise comme Medicrea peut vous aider au quotidien ? (Dr Boissiere) De plusieurs manières, premièrement du fait de notre statut de centre référent, nous sommes privilégiés dans l’utilisation de nouveau matériel, on nous permet aussi de participer à différents congrès et donc de continuer notre formation, d’être confronté à ce qui se fait ailleurs. (Dr Mariey) L’aide vient aussi d’un point de vue technique indéniable au bloc opératoire, on a la chance de faire partie d’un centre important et donc de travailler avec tout le monde sans contraintes, ce que j’ai toujours trouvé très agréable. Une très bonne entente sans aucune pression de la part des industriels. On a le choix de nos implants, ils le comprennent très bien, le rapport est toujours assez sain avec eux. L’industrie nous permet de continuer notre formation en participant à différents congrès à travers le monde, de rencontrer d’autres intervenants, d’autres techniques qui enrichissent nos compétences. Parlons futur et innovation. (Dr Boissière) Des chirurgies moins invasives, que nous commençons à toucher un peu du doigt. La planification pré-opératoire aussi, qui se fait beaucoup pour la chirurgie de hanche et peut être moins pour la chirurgie du rachis, c’est une innovation intéressante. (Dr Mariey) Une autre innovation, c’est que la chirurgie du dos, qui avait mauvaise réputation car considérée comme source de handicap, se généralise. Même si elle reste la solution d’exception parmi d’autres moins lourdes, la demande augmente et les gens sont globalement satisfaits, preuve qu’elle est plus efficace que par le passé. Avec des implants sur-mesure type UNiD la chirurgie personnalisée entre dans le monde du rachis comme elle est entrée dans d’autres domaines de l’orthopédie il y a quelques années. Que pensez-vous du concept ? Quelles sont vos attentes ? Vous avez posé vos premières tiges UNiD, c’est ça ? (De Boissière) Là où le concept est intéressant, c’est qu’il nous impose une planification pré-opératoire et de réfléchir avec précision aux objectifs qu’on se fixe puis de se donner les moyens d’y répondre, avec un cahier des charges fixé à l’avance qu’on s’impose. C’est difficile d’avoir du recul après une première intervention, mais on peut dire que c’est une innovation qui est stimulante, le sur-mesure est dans l’air du temps. (Dr Mariey) UNiD est un vrai plan de route, même s’il me semble impossible de faire une planification pré-opératoire inflexible du fait des nombreux facteurs qui rentrent en compte dans une chirurgie du rachis - la position des implants, la qualité de la libération - mais cela donne un bon point de départ. L’autre intérêt réside dans le fait que la tige est préformée et ne nécessite pas ou peu de travail à l’instant T, ce qui permet de moins la fragiliser. ( i m ) p r o v e m a g a z i n e (Dr Mariey) Je m’oriente plutôt vers une activité libérale, dans le domaine de la chirurgie de la colonne exclusivement, et j’espère pouvoir rester assez pluri-disciplinaire, m’occuper de rachis dégénératifs lombaires ou cervicaux standards, mais j’aimerais bien pouvoir avoir aussi autour de moi une équipe qui me permette de m’occuper de chirurgie de déformation si le cas se présente. guest STAR Dr Vincent Challier, chirurgien orthopédiste, spécialiste de la colonne vertébrale. Actuellement Assistant Régional Spécialiste au sein de l’équipe du professeur Jean-Marc Vital au CHU de Bordeaux, il a travaillé en tant qu’assistant de recherche au New York University Spine Research Institute aux côtés de Virginie Lafage, Frank Schwab et Jean-Pierre Farcy. Il a été nominé lors du 49e congrès annuel de la Scoliosis Research Society au titre de meilleur poster de science fondamentale et a participé à plusieurs publications sur le défaut d’alignement spino-pelvien et la myélopathie cervicarthrosique. Dr Challier, pourquoi êtes-vous devenu chirurgien spécialiste de la colonne ? Je viens d’une famille de médecins, mais je suis le premier chirurgien ! Je pense que la vocation vient par les rencontres et le compagnonnage. Le Dr Olivier Selva, à qui je voudrais rendre hommage, est vraiment le premier qui m’a formé, qui m’a ouvert la voie de la chirurgie orthopédique. La chirurgie de la colonne en tant que telle c’est bien sûr le Professeur Jean-Marc Vital qui m’a accueilli ici à Bordeaux. Dans notre promo, les 4 de la promo d’orthopédie font tous de la colonne vertébrale parce qu’on a rencontré les Professeurs Vital, Gille et Pointillart qui sont aussi trois mousquetaires de la génération de nos maîtres et ont tous des qualités complémentaires qui nous permettent d’avancer, d’une part pendant l’internat et d’autre part maintenant en tant que chefs de clinique dans le service. Qu’est-ce qui transforme une opération en succès ? Il est vrai que nous sommes tous centrés sur la satisfaction du patient, qu’on fasse de la recherche ou de la chirurgie. Le bien-être du patient, la résolution des douleurs sont questions de prédilection. Un succès, c’est aussi une intervention qui s’est passée dans l’apaisement, avec une ambiance particulière au bloc opératoire. “UNiD est un vrai plan de route” 52 Comment voyez-vous votre avenir ? (Dr Boissière) Autour de la chirurgie de la déformation de la colonne des adultes et des adolescents. C’est un domaine d’application qui me plait, corrélé à l’activité scientifique que je poursuis en parallèle et qui m’impose de continuer à réfléchir et m’améliorer. b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y Avez-vous donc une belle success story à nous raconter ? Au niveau où j’en suis, les plus belles histoires que j’ai eues sont en tant qu’aide opératoire de mes maîtres. Par exemple vendredi dernier, nous avons réalisé une ostéotomie thoracique avec le Professeur Gille, intervention planifiée avec SURGIMAP et c’est toujours intéressant de voir comment on peut faire le lien entre un planning virtuel et la réalisation de ce planning au bloc. Je pense que ce sont des interventions vraiment intéressantes dans le sens où elles permettent de mesurer la maîtrise de l’outil technologique, la préparation de l’intervention et puis aussi la qualité technique de nos maîtres ici à Bordeaux. Comment l’industrie et une entreprise comme Medicrea peuvent vous aider au quotidien ? Personnellement, je pense que le contact doit être productif, créatif, gagnant-gagnant. Ce que j’attends d’une entreprise comme Medicrea, c’est de prendre des risques. C’est à dire de créer, de pousser vers l’innovation, d’écouter non seulement les chirurgiens chevronnés, les pionniers, mais aussi l’enthousiasme et la créativité des plus jeunes. m e d i c r e a (…) 53 Guest-Star Dr Boissiere, Dr Marriey, Dr Challier “Virginie Lafage a ouvert une porte dans le big data concernant la chirurgie de la colonne vertébrale : ça fait partie de l’avenir” Que pensez-vous d’ailleurs de l’entrée de la chirurgie personnalisée dans le domaine du rachis avec notamment des implants comme UNiD ? Quelles sont vos attentes ? Ce qui a été une utopie au départ, le sur-mesure, est aujourd’hui une réalité, je pense que c’est l’avenir. Je me souviens d’avoir vu les premières radios découpées du Professeur Farcy sur les diapos. Je me souviens aussi de Virginie Lafage qui avait développé son propre outil pour découper les radios sans l’aide de ciseaux via Photoshop et c’est devenu ce superbe outil qui est SURGIMAP qui je pense va révolutionner les choses mais ce qui est important c’est mettre l’accent sur le plan. La tige UNiD met l’accent sur le plan, elle force le chirurgien à réfléchir en amont de la chirurgie et c’est ça qui est important dans les chirurgies de déformations rachidiennes complexes avec des troubles de l’alignement. La tige UNiD est extraordinaire dans le fait qu’elle sert de tuteur pour le chirurgien, c’est elle qui va guider la correction. J’ai discuté avec Vincent Fière de cette tige UNiD : c’est une grande leçon d’humilité pour les chirurgiens. On dit toujours le mieux est l’ennemi du bien mais la tige UNiD guide la correction et lorsque les libérations ne sont pas suffisantes, cette dernière sanctionne immédiatement cet état de fait. Je pense que c’est vraiment une avancée significative et positive chez le patient, et c’est aussi reconnaître que chaque patient a son alignement idéal, c’est un concept qui m’attire vraiment, cette idée de « tailor-made ». Comment envisagez-vous le futur dans la chirurgie de la colonne ? Dans le sur-mesure alors ? Dans le sur-mesure et le mouvement. Pour envisager le futur il faut discuter avec les anciens. Et on sait que Paul Harington a toujours dit que la fusion n’était pas l’avenir, mais dans la restauration de l’alignement et de la mobilité. Je pense qu’il faut écouter nos anciens, parler avec des gens comme Jean Dubousset, Jean-Pierre Farcy qui eux voient l’équilibre comme la stabilité dans le mouvement. Vous avez passé du temps aux Etats-Unis avec Frank Schwab entre autres, c’était un élément essentiel de votre formation d’aller échanger, partager des expériences à l’international ? C’est vrai que l’aventure avec Virginie Lafage et Franck Schwab à NYC m’a ouvert énormément de perspectives et me permet de rendre hommage aux pionniers. J’ai beaucoup travaillé l’année dernière avec Jean-Pierre Farcy - qui est extraordinaire parce qu’on peut prendre le temps de développer les petites histoires dans la grande histoire - et le fait de travailler avec Virginie m’a permis de rencontrer Jean Dubousset qui est un être vraiment à part, extraordinaire lui aussi. Il faut remettre cette aventure dans son contexte, connaître les pionniers, les premiers à publier. Comment voyez-vous votre avenir ? Je vois mon avenir à l’international c’est sûr, parce que cette fenêtre a été ouverte avec Virginie, Franck et Renaud Lafage ; bien qu’en tant que français mon avenir réside en France sur le plan chirurgical : c’est la France qui m’a vu naître, qui m’a formé, mes maîtres sont français et ma pratique sera française. Je pense aussi que Virginie a ouvert une porte dans le big data concernant la chirurgie de la déformation et plus généralement la chirurgie de la colonne vertébrale, ça fait partie de l’avenir d’être capable de récolter ses propres données de manière exhaustive pour tous ses patients et de les échanger dans un système de type open source avec tous les autres chirurgiens de la colonne dans le monde. C’est ce qui a été initié depuis quelques années par Virginie et Franck, et je pense que c’est ce qu’on doit faire en Europe et dans le monde, échanger des statistiques, pouvoir apprendre des autres, accepter l’échange. guest STAR “Cette tige UNiD, c’est une grande leçon d’humilité pour les chirurgiens. La tige UNiD guide la correction et lorsque les libérations ne sont pas suffisantes cette dernière sanctionne immédiatement cet état de fait” 54 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 19 Impression 3D: quand la réalité dépasse la fiction INN OVAT ION Tout le monde parle du 3D printing dans le domaine du médical, mais y a-t-il déjà de véritables expertises révélées, aussi bien chez Medicrea qu’ailleurs dans le monde ? Rencontre avec Thomas Mosnier Chief Scientific Officer, Medicrea «Le monde de l’orthopédie touche du doigt le 3D printing depuis déjà quelques années car cette méthode de fabrication offre des possibilités extrêmement intéressantes. C’est encore plus récent dans le domaine du rachis et Medicrea a décidé d’investir de manière importante en internalisant toutes les compétences et tous moyens nécessaires à la conception et à la production de dispositifs implantables imprimés… chose assez unique dans le domaine de l’orthopédie pour une société de cette taille. L’intérêt réside dans la possibilité d’obtenir des géométries de pièces tout simplement impossibles à obtenir en usinage. Une illustration assez simple : la création d’une éponge. En effet, seule une machine comme celle-ci permettrait la création d’une telle forme, car il est impossible en usinage traditionnel de travailler la structure interne de l’objet. L’impression 3D construit l’objet couche par couche, ce qui permet de créer une structure complexe. Dans le cadre de l’orthopédie, l’intérieur de vos vertèbres a une structure alvéolaire qui peut s’apparenter 56 à l’éponge visuellement. Voilà le premier intérêt du 3D printing, obtenir des pièces que l’on ne pourrait obtenir par d’autres procédés tout simplement. Ce type de machine permet une grande marge de manœuvre, on peut changer une partie de la pièce sans modifier tout le process simplement à partir du fichier 3D. D’où l’intérêt de Medicrea dans le cadre du déploiement de son offre sur mesure, où chaque pièce est dédiée au patient et unique dans sa fabrication. La souplesse qu’apporte cette machine en terme d’industrialisation notamment nous permet de réduire nos stocks, de travailler en flux quasi-tendu, chose impossible en usinage. Du fait de l’absence d’outils, outre le laser et le changement de programmation en CAO il nous est possible de fabriquer plusieurs pièces différentes sur un même run en un temps record, prouesse également infaisable en usinage. ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y Nous en sommes donc au début de l’histoire. Medicrea pourra présenter bientôt une offre commerciale sur le marché ? Nous sommes déjà en mesure de réaliser des pièces via le 3D printing. Pour l’instant les procédés sont en cours de certification, et nous planifions de commercialiser les premiers implants réalisés via le 3D printing au cours du deuxième semestre 2015, qu’il s’agisse d’implants innovants au niveau de leur structure grâce aux potentialités de cette machine ou dans la veine du « patient specific » . plusieurs. Nous avons d’ailleurs été les premiers à implanter un implant de ce type pour remplacer plusieurs niveaux vertébraux (en l’occurrence deux vertèbres au niveau cervical). Y’a t-il déjà eu des produits issus du 3D printing implantés ? Nous avons réalisé la première pose mondiale d’une cage issue de l’impression 3D en avril 2014. Nous avons ensuite investi le marché des VBR (vertebral body replacement) qui sont des implants destinés à remplacer un corps vertébral entier voire C’est un sujet qui nous préoccupe depuis longtemps, nous y travaillons en amont au niveau conception et nous détenons maintenant les moyens de disposer d’un service global alors que nous faisions appel à des sous-traitants par le passé, avec tous les difficultés que cela entraine, notamment en terme de délais. Actuellement, nous disposons de délais records entre le moment du dessin et de la pièce sortie, inférieurs à une semaine ce qui convient parfaitement à une planification et une utilisation clinique. m e d i c r e a “Nous avons réalisé la première pose mondiale d’une cage issue de l’impression 3D en avril 2014. ” ( i m ) p r o v e Quel est l’engouement des praticiens par rapport à ces nouvelles technologies ? Les médecins sont très férus de technologie en général, nous leur apportons de nouvelles potentialités en terme de design d’implants, nous ouvrons des perspectives auxquelles ils n’avaient pas forcément réfléchi. A présent il nous faut laisser le champ libre à l’imaginaire. Il reste beaucoup de travail de réflexion quant aux potentiels domaines d’application de cette nouvelle technologie. Le chirurgien apprécie le bénéfice immédiat offert par un implant sur-mesure dans toute chirurgie : le gain de temps dû à la parfaite adaptabilité au patient est d’ores et déjà une amélioration conséquente dans des chirurgies complexes où le temps est un facteur clef de réussite. Nous sentons par ailleurs l’engouement des chirurgiens quant aux possibilités de proposer une offre toujours plus spécifique au patient, qui pourrait prendre en compte toutes les particularités de chacun de sorte à toujours mieux s’intégrer au corps humain et à son unicité. Donc avec cette technologie et dans le domaine de la chirurgie de la colonne, Medicrea a une véritable avance d’un point de vue concurrentiel ? Dans le domaine du rachis nous sommes à ma connaissance les premiers à nous pencher de manière aussi intensive et à explorer m a g a z i n e b y m e d i c r e a 57 Fabrication Additive INN OVAT ION toutes les potentialités de cette technologie. Jusqu’à présent nous avons observé sur le marché que la plupart de nos concurrents font appel à des tiers pour fabriquer leurs implants plutôt que d’intégrer cette technologie. Ils se sont focalisés sur ce qui fait l’attrait des imprimantes 3D dans d’autres domaines de l’industrie, l’aéronautique notamment, les pièces qu’on ne peut pas usiner. Ils ont vu qu’il était bien de faire des structures un peu poreuses, spongieuses dans le domaine de l’orthopédie et se cantonnent à ça. Chez Medicrea nous voulons voir plus loin, diversifier notre offre future car les potentialités à offrir aux chirurgiens sont nombreuses et encore à imaginer … mais pour ce faire il nous semble indispensable de maîtriser toute la chaine qui va de la conception à la livraison en passant par la production. Avec l’évolution des potentialités de cette nouvelle technologie, on peut s’attendre à une concurrence rude sur votre marché ? Effectivement, nous sommes convaincus chez Medicrea que la médecine personnalisée est la prochaine grande étape dans l’innovation et l’amélioration du geste chirurgical et tôt ou tard nos concurrents s’y pencheront. C’est pour cette raison que nous investissons des ressources considérables depuis plusieurs années afin de garder notre temps d’avance dans ce domaine. Au delà d’un simple implant nous offrons un service d’analyse, d’imagerie et d’expertise. Maintenant que nous maîtrisons la technologie adéquate, nous nous donnons les moyens de mettre en œuvre les équipes et l’expertise nécessaires à une démarche propre à chaque patient. Une ère nouvelle pour l’industrie par Jamie Page Les technologies industrielles d’impression 3D sont en train de révolutionner le monde… de la santé. Elles ont le potentiel d’infléchir la direction stratégique suivie par l’industrie en impactant de manière spectaculaire l’environnement économique existant et en rendant accessible au plus grand nombre les dispositifs de pointe ainsi produits. Ces nouveaux outils de production sont les abeilles ouvrières du monde robotique médical. Elles permettent de générer des dispositifs complexes et variés, parmi lesquels des prothèses auditives, des trachées bio résorbables, des couronnes dentaires et des implants rachidiens personnalisés, alors que jusqu’alors les robots existants ne servaient qu’à fournir une assistance au geste opératoire. INN OVAT ION 58 Les imprimantes 3D, que l’on peut considérer comme des robots du point de vue technique puisqu’elles sont gérées par des programmes informatiques spécialisés pour réaliser certaines tâches, ont recours à la technologie de fabrication additive (FA). En d’autres termes, elle permet de fabriquer des objets généralement dans le cadre d’un processus de jonction de la matière couche par couche, pour reproduire un modèle numérique 3D. Elle diffère du procédé de fabrication par soustraction plus conventionnel, qui implique de réduire ou manipuler un matériau déjà usiné pour élaborer un objet. En 2012, ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a les technologies médicales représentaient plus de 16 % du chiffre d’affaires global généré sur le marché de la fabrication additive, estimé à 2,2 milliards de dollars. La taille et la part de ce marché évoluant de manière soutenues. Cette position forte dans le secteur de la santé ne relève pas du hasard. 4 principales raisons confèrent à la FA et aux dispositifs médicaux une synergie naturelle. La première étant que ces dispositifs médicaux tendent à être relativement compacts. Cela implique que leurs dimensions ne dépassent pas les capacités maximales du plateau de production de l’imprimante 3D. Deuxième raison : les dispositifs médicaux ont une valeur intrinsèque forte liée au poids de la conception et des tests réalisés dans le cadre du développement, ainsi qu’au coût des matériaux utilisés. Le retour sur investissement est donc bien plus rapide pour chaque dispositif produit. Troisième raison : les fabricants de dispositifs médicaux valorisent davantage les investissements dans les nouvelles technologies en comparaison à d’autres secteurs d’activité. Cela implique que les entreprises sont plus disposées et aptes à acheter des imprimantes 3D leur permettant de suivre des orientations stratégiques ambitieuses. Quatrième raison : la fabrication additive laisse davantage de place à la personnalisation, qui rend cette technologie idéale dans le cadre de la médecine sur mesure pour élaborer des dispositifs conçus pour un patient donné, garantissant une plus grande efficacité clinique. Pour comprendre comment le secteur médical peut tirer profit des avantages offerts par la technologie de FA, il faut avant tout comprendre les économies d’échelle auxquelles les industriels accèderont. Grâce à cette technologie, il n’est plus nécessaire de fabriquer une quantité minimale de dispositifs, car les coûts demeurent assez similaires pour une production de 1 ou 1000 exemplaires. Ce principe permet à la FA de parfaitement s’adapter à la personnalisation des implants. Il n’est pas non plus nécessaire de prévoir un stock de sécurité, car la production de lots de taille réduite est possible de manière instantanée. Par ailleurs, les modifications de design augmentant la complexité d’une pièce n’ont aucun impact sur le délai ou le coût de production. Cela implique qu’un nombre bien plus élevé d’objets peut être généré instantanément. Certaines entreprises peuvent choisir d’avoir recours à la FA simplement pour rationaliser la chaîne logistique, alors que d’autres envisagent un tout nouveau champ de possibilités liées aux caractéristiques du produit en lui même. L’accès aux soins de meilleure qualité pour les soldats de l’armée US constitue un parfait exemple de l’utilisation stratégique de la FA par l’armée américaine permettant de limiter les coûts et donnant accès aux patients au meilleur soin possible. La réalisation d’interventions chirurgicales en zone de combat s’accompagne de difficultés majeures ayant un impact sur la qualité des soins dispensés. Historiquement, la meilleure option possible était de confier les soins spécifiques aux hôpitaux militaires centralisés, mais les risques et les coûts liés aux transferts des patients d’un établissement à l’autre n’étaient pas négligeables. L’utilisation de la technologie de fabrication additive à allégé la chaîne logistique et a permis d’atténuer considérablement les limites atteintes précédemment. L’armée est ainsi en mesure de réduire de façon spectaculaire le nombre d’équipements, les stocks de sécurité et les frais de transport, et de fournir des soins améliorés aux soldats sur le champ de bataille. La solution que représente la fabrication additive permet aux chirurgiens militaires d’accéder à des milliers d’instruments médicaux juste en rendant les plans numérisés accessibles et de les fabriquer rapidement sur place. Il est même possible de stocker les données de fabrication d’équipements dans une base de données dans le cloud régulièrement actualisable avec les nouvelles technologies améliorées ou personnalisable à distance à des fins de production locale. “MEDICREA confirme son avance comme un acteur pionnier et leader dans la réalisation d’une nouvelle génération d’implants intelligents, parfaitement adaptés à la morphologie de la colonne vertébrale de chaque patient et conçus de manière rationnelle et planifiée pour restaurer les équilibres mécaniques fondamentaux du corps humain.” ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 59 Fabrication Additive INN OVAT ION En dehors de ces avantages évidents permettant d’alléger la chaîne logistique, l’impression 3D est utilisée par les entreprises spécialisées dans la fabrication de dispositifs médicaux pour réaliser des prototypes rapide et/ou la production complète de certains produits. Toutefois, le concept de personnalisation des implants n’a été que très peu étudié, notamment en ce qui concerne la fabrication sur mesure d’un dispositif médical pour l’adapter parfaitement aux spécificités uniques du corps d’un patient. Medicrea, en qualité de fabricant innovant et dynamique d’implants rachidiens, a instantanément envisagé la possibilité d’améliorer et de personnaliser des produits pour fournir de meilleurs avantages aux chirurgiens et aux patients. Il a investi dans la technologie FA et développé simultanément une plateforme technologique d’implant propre au patient, UNiD (dénomination s’inspirant de l’« ID »entité « UN »ique de chaque patient), afin d’améliorer les résultats cliniques, de gagner du temps au bloc opératoire et de réduire les frais connexes d’hospitalisation et de traitement. Après avoir posé la première tige spécifique patient UNiD produite pour répondre à un besoin donné et visant à rétablir l’équilibre sagittal optimal du patient, Medicrea a étendu cette plateforme pour développer le premier dispositif anatomique intersomatique UNiD ALIF au monde, produit grâce au procédé de fabrication additive. Le Dr Vincent FIERE qui a réalisé cette première pose témoigne : « La cage intersomatique spécifiquement « imprimée » par MEDICREA pour mon patient s’est auto-positionnée dans son espace naturel entre les corps vertébraux. Cet implant sur-mesure a totalement fait corps avec la colonne en prenant parfaitement appui sur les plateaux vertébraux malgré leur relative dissymétrie et leurs irrégularités ». La conception d’implant propre au patient a été élaborée à partir de l’extraction et du traitement de scanners pré-opératoires du patient concerné via un processus interne mis au point par les équipes de Recherche et Développement de Medicrea. Les méthodes de conception de production et d’homologation de la société ouvrent la voie à de nombreux développements ultérieurs de dispositifs implantables encore plus personnalisés. “La cage intersomatique spécifiquement imprimée par Medicrea pour mon patient s’est auto-positionnée dans son espace naturel entre les corps vertébraux” La demande importante et croissante d’applications médicales personnalisées ayant recours à la FA correspond parfaitement à l’évolution stratégique de Medicrea en matière de gestion des solutions rachidiennes personnalisées. Les propos du présidentdirecteur général de la société, Denys Sournac, soulignent bien ce fait : « Dans la continuité du lancement (…) des tiges d’ostéosynthèse PASS LP UNID réalisées sur mesure pour chaque patient, MEDICREA confirme son avance et son positionnement comme un acteur pionnier et leader dans la réalisation d’une nouvelle génération d’implants intelligents, parfaitement adaptés à la morphologie de la colonne vertébrale de chaque patient et conçus de manière rationnelle et planifiée pour restaurer les équilibres mécaniques fondamentaux du corps humain. » À l’instar des tests génétiques contribuant à la popularité de la médecine sur-mesure qui tient compte du pronostic et des antécédents médicaux complets des patients pour choisir un traitement, les technologies d’impression 3D et de planification chirurgicale continuent à ouvrir de nouveaux horizons en matière de dispositifs médicaux personnalisés dans le secteur rachidien. C’est une excellente nouvelle pour les chirurgiens et les patients. INN OVAT ION 60 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 61 INN OVAT Fabrication Additive Première mondiale ION Dr. Jean Edouard Loret, neurochirurgien passionné de chirurgie du rachis, formé à Tours et Nantes, en neurochirurgie et chirurgie orthopédique. Très investi dans la prise en charge des pathologies rachidiennes dégénératives et tumorales, il participe activement à la création d’une unité rachidienne au sein de la clinique de l’Alliance à Saint Cyr sur Loire et est praticien attaché au CHU de Tours. Ses centres d’intérêt sont la myélopathie cervicarthrosique, les techniques de préservation de la mobilité et la scoliose. Il est actuellement investigateur principal d’un protocole de recherche fondamentale sur l’éthiopathogénie de la scoliose idiopathique de l’adolescent soutenu par le Fondation Yves Cotrel Institut de France, et d’un essai prospectif randomisé sur l’arthroplastie discale cervicale. Dr JEAn edouard loret “La simplification de la technique de pose est évidente” VBR sur mesure coporectomie C5-C6 world premiere Qu’est-ce qui vous a séduit dans votre partenariat avec Medicrea ? Ouverture d’esprit et qualité d’écoute, réactivité de UNiD Lab. Même si l’idée des tiges sur mesure était dans l’air, c’est Medicrea qui a été le premier à se positionner sur le patient specific dans la chirurgie de la colonne. La chirurgie personnalisée appliquée à la colonne vous semble pertinente aujourd’hui ? Le patient-specific trouve parfaitement sa place dans les problèmes d’équilibre sagittal qui sont désormais récurrents pour les chirurgiens du rachis, le non respect de cet équilibre conduisant fréquemment à des échecs thérapeutiques. Les implants spécifiques diminuent en outre les procédures invasives, les temps opératoires, et potentiellement les risques. Qu’est-ce qui vous a convaincu de poursuivre avec Medicrea dans ce nouveau projet UNiD ? Tout d’abord l’impression positive au sujet de l’utilisation des tiges UNiD, la disponibilité et la réactivité du laboratoire UNiD. Ensuite, l’application de la chirurgie personnalisée aux implants de corporectomie semble particulièrement pertinente, étant donné le panel de solutions limité offert par les implants disponibles sur le marché. Enfin, à l’heure du 3D print, c’est aussi la volonté de profiter de cette technologie dont on entend beaucoup parler. Votre sentiment au moment de l’utilisation de ce premier implant ? Comme dans toute première, un peu de stress. Au final, beaucoup de positif. Certes des contraintes existent - la nécessité de faire une libération chirurgicale large au niveau des corps vertébraux et de bien respecter les plateaux de part et d’autre de la zone de corporectomie, mais en contrepartie, 62 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e j’ai pu apprécier un réel confort de positionnement de l’implant, sa facilité d’installation et une stabilité immédiate en « stand alone ». Enfin, une impression de réduction du temps opératoire sensible. Le nouveau process alourdit-il la pratique habituelle ? Oui et non. Non dans la mesure où le geste est guidé par la planification. C’est plus simple en per-opératoire, parce qu’on s’est fixé des repères anatomiques à respecter lors de la planification. Le geste est plus rapide, on constate une diminution des problèmes qu’on peut rencontrer avec une cage en titane standard qu’il faut préparer en per-opératoire. Et une réelle réduction du temps opératoire. Mais oui, c’est plus lourd en analyse pré-opératoire, une fois que l’indication de corporectomie a été retenue. Et en termes de logistique, la nécessité d’avoir du matériel de remplacement, en tous cas pour les premières chirurgies, en cas d’échec de pause – ce qui n’a pas été le cas ! Combien de chirurgies depuis le 9 janvier 2015 ? Nous avons réalisé 4 procédures, qui se sont très bien déroulées, le dernier patient avec 45 jours de recul. Deux procédures sont programmées. Nous avons aussi envie d’utiliser ce type d’implant dans des chirurgies de reprise avec des patients qui ont déjà eu des greffes ou des fusions et qui sont en échec. 3 arguments pour ? Planification et donc anticipation. Simplification de la technique et confort per-opératoire accru. Et pour l’instant, une satisfaction post-opératoire totale. La personnalisation des implants a donc selon moi toute sa place dans ce type de chirurgie… m a g a z i n e guest STAR b y m e d i c r e a 63 Entretien avec Lauren Brown, Spinal Deformity Consultant (SDC) chez Medicrea USA. Lauren Brown travaille chez Medicrea depuis deux ans et demi en tant que spécialiste des déformations rachidiennes. Elle a commencé sa carrière professionnelle il y a 13 ans, mais s’est passionnée pour le domaine en 2008 en vendant des implants rachidiens pour DePuy Spine et plus tard, K2M Spine. Elle aime promouvoir les technologies innovantes de Medicrea qui sont adaptées aux traitement des pathologies complexes de la colonne vertébrale et apporter son soutien aux chirurgiens et leurs équipes du bloc opératoire afin d’obtenir les meilleurs résultats opératoires possibles. INSIDE medicreA USA Pouvez-vous nous relater votre parcours ? Vous n’allez pas me croire, mais j’ai débuté ma carrière dans le commerce de détail ! Avant d’obtenir mon diplôme de l’USC en 2002, j’ai été sélectionnée pour participer à un programme de formation des cadres pour une grande chaîne de distribution dans l’Ouest des États-Unis. Ce programme a sélectionné 20 candidats sur 1 500 provenant des cinq meilleures universités de Californie du Sud comme acheteurs adjoints au siège de la société. Durant les quatre années que j’y ai passées, j’ai évolué pour devenir responsable de la formation, mais notre bureau basé à Los Angeles a été fermé suite à la fusion avec une autre société. J’ai décidé d’emprunter une autre voie au lieu de suivre mes collaborateurs à San Francisco. Je m’étais toujours intéressée à la médecine ; c’était le moment idéal dans ma carrière pour tenter de percer dans ce domaine. J’ai fini par travailler deux ans pour Pfizer Pharmaceuticals. J’étais en contact avec les médecins généralistes, les chirurgiens orthopédistes et les neurochirurgiens. Un jour de 2008, j’ai rencontré 64 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y dans le bureau d’un neurochirurgien le représentant d’un des principaux laboratoires spécialisés dans le rachis qui recrutait dans la région. Je savais que ce poste me plairait et ai tout mis en œuvre pour l’obtenir. Au bout de quelques semaines, je me suis retrouvée pour la première fois en tant que représentante dans un bloc opératoire et je n’en ai pas perdu une miette. Qu’implique la fonction de SDC chez Medicrea ? Quels sont vos rôle et responsabilités ? Les consultants en déformations rachidiennes (SDC) jouent un rôle crucial dans la réussite de Medicrea. Nous n’avons pas seulement pour responsabilité d’expliquer aux chirurgiens pourquoi nos produits sont plus performants que ceux de la concurrence et en quoi ils peuvent fournir de meilleurs résultats chez les patients, mais nous devons également remplir plusieurs autres fonctions. C’est ce qui rend notre métier aussi complexe et épanouissant. Le travail ne fait que commencer une fois que le chirurgien commence à utiliser les implants rachidiens Medicrea. m e d i c r e a Inside Medicrea Nous devons gérer un tas de choses car notre mission est de veiller au bon déroulement des cas les plus complexes auxquels le chirurgien est confronté. Nous devons collaborer avec les membres de son équipe clinique et le personnel de l’hôpital pour fournir la sélection d’implants adaptée à l’opération pratiquée sur le patient. Nous planifions, préparons et anticipons les obstacles que le chirurgien pourrait rencontrer et la manière dont il peut les contourner. Pendant l’opération, certains chirurgiens nous demandent conseil et d’autres attendent de nous un support sans faille à leur équipe, pour toujours garder une longueur d’avance. Il s’agit d’analyser la situation, d’être proactif et de tenir compte des besoins du chirurgien. Une fois l’opération terminée, nous devons procéder à l’inventaire des produits implantés et regrouper nos plateaux d’instruments pour l’opération suivante. Chaque détail a une importance capitale, mais la passion vouée au produit et un service client d’excellente qualité sont deux facteurs incontournables. Quel type de relation avez-vous tissé au fil des années avec les professionnels de soins de santé et les spécialistes en déformations rachidiennes ? Malgré la présence au bloc de plusieurs membres de l’équipe, seul le chirurgien est responsable en dernière instance des résultats de l’opération. Nous faisons partie de l’équipe chirurgicale en charge de chaque opération ; à ce titre, nous devons veiller à ce que tout se passe au mieux. Le chirurgien compte beaucoup sur son représentant: c’est là une grande responsabilité. Je prends cette responsabilité très au sérieux et les chirurgiens avec lesquels je collabore apprécient mon investissement. Je m’efforce de rendre leur travail aussi simple et paisible que possible, qu’il s’agisse d’aider à la planification de l’opération, de permettre à son instrumentiste de respecter les délais au cours de l’opération, ou d’aider les panseuses (infirmières circulantes). Je réfléchis toujours à ce que je peux faire en plus pour être utile. J’ai développé des relations professionnelles solides basées sur le respect mutuel, la confiance et la rigueur. N’oublions pas qu’avant tout, nous soignons un patient. Je m’écarte de mon rôle stricto sensu pour nouer des liens avec le personnel de l’hôpital : les infirmières, les instrumentistes, les coordinateurs, les auxiliaires médicaux, les internes, les employés de la stérilisation, car ils contribuent à notre réussite et à nous forger une réputation auprès du chirurgien. J’ai également toujours intérêt à être aimable avec les autres représentants commerciaux, car vous ne savez jamais quand vous aurez besoin de leur aide pour des cas d’ablation de matériel ou de les recruter en tant que collaborateurs. Le monde est petit et l’amabilité rend souvent bien service. Une de vos meilleures expériences ? C’est difficile de mettre le doigt sur un cas en particulier, car je suis très heureuse du rôle que je joue « en coulisses » dans les soins prodigués aux patients. Je dirais que j’apprécie chaque moment de « ah ha », c’est-à-dire lorsqu’un chirurgien s’aperçoit à quel point votre produit peut l’aider pendant une opération et combien il peut changer la vie du patient. Voici l’une de mes anecdotes préférées : le LigaPass est un produit dont les chirurgiens perçoivent immédiatement l’avantage. J’adore les entendre dire « c’est tellement simple et indolore, cela m’a sauvé la mise parce que je n’arrivais pas à placer la vis pédiculaire, et je n’ai pas à sacrifier la fixation ou la dérotation ! ». Un chirurgien qui utilisait le PASS LP pour la première fois, après avoir fait glisser les tiges dans les dispositifs flexibles sans recourir à un instrument de réduction, s’est interpellé : « Vraiment, c’est tout ? ». Ce qui m’a personnellement fait le plus plaisir avec le PASS LP, c’est d’entendre dire : « Oh non, j’ai coupé ma tige trop courte », de tendre simplement un connecteur angulé au chirurgien et de résoudre le problème. J’ai l’impression d’avoir rempli mon devoir lorsque je peux mettre un système de pointe entre les mains du chirurgien et l’animer de la même passion qui m’habite. Cette année, je suis ravie parce que j’ai vécu beaucoup de moments intenses grâce à nos tiges personnalisées destinées aux patients ! INSIDE medicreA USA “Le LigaPass est un produit dont les chirurgiens perçoivent immédiatement l’avantage. J’adore les entendre dire « c’est tellement simple, cela m’a sauvé la mise parce que je n’arrivais pas à placer la vis, et je n’ai pas à sacrifier la fixation ou la dérotation ! ” ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 65 Distributeur “Aujourd’hui la question essentielle n’est plus de savoir ce qu’il y a de nouveau, mais de savoir ce qu’il y a de mieux” parte naire Entretien avec Allen Rasoul Allen Rasoul est le président de Surgical Solutions. Il a étudié à l’Université Christian Brothers, avec une spécialisation en biologie et une mineure en philosophie. Il a été recruté par Medline, puis Biomet, il a ensuite décidé de monter sa propre entreprise et a lancé Surgical Solutions en 2006. Avec l’aide d’une belle équipe, Surgical Solutions s’est développée et est passée d’une entreprise de 1 à 18 collaborateurs. Dr Kimball Allen Rasoul Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La société a-t-elle changé depuis le début de votre collaboration ? J’ai dû commencer à travailler avec Medicrea dès la création de la filiale aux États-Unis fin 2006. À l’époque, j’ignorais tout de cette société, mais le Dr Julius Fernandez et moi-même assistions à l’Eurospine cette année-là. Nous avons rencontré les représentants de Medicrea sur un petit stand. Une Thaïlandaise portant des anneaux traditionnels autour du cou apparaissait sur un écran de télévision dans le cadre d’un spot de promotion pour C-Jaws. Nous regardions cet écran depuis le hall et avons fini par discuter avec un représentant de Medicrea sur ce produit. Le concept de C-Jaws semblait prendre tout son sens. De retour aux États-Unis, j’ai pu rencontrer les représentants américains lors d’une réunion ; nous avons parlé pendant des heures de Medicrea, ses produits et son statut d’entreprise française, orientée vers les nouvelles technologies et les solutions uniques. Selon vous, le marché national a-t-il évolué ces dernières années ? Dans quel sens ? À mes débuts, la chirurgie mini-invasive (MIS) faisait le buzz et il y avait un débat autour de ce qu’était le MIS ou ce qui ne l’était pas. C’est toujours le cas aujourd’hui, mais tout n’est pas si clair et net comme les chirurgiens avaient tendance à le penser auparavant, notamment sur mon marché. Autrefois, pratiquer une incision n’était pas considéré comme du MIS. Tout tournait autour du système Sextant, car il s’utilise en percutané. Cela a commencé à changer lorsque les chirurgiens ont étudié leurs techniques et leurs résultats. Les avis sur le MIS ne sont plus aussi tranchés. Aujourd’hui, les praticiens étudient davantage le concept global de perte de sang et de temps dans le bloc opératoire, pas seulement le 66 ( i m ) p r o v e dans votre bureau sans évoquer les problèmes que les chirurgiens ou votre équipe rencontrent. Ma société est Surgical Solutions. Le terme « solution » est important, car il ne désigne pas uniquement un produit ou un implant. Il peut s’agir de bien d’autres choses. Un hôpital peut rencontrer des difficultés pour traiter un plateau d’instrumentation ; il s’agit d’une solution si mon équipe peut apporter une aide. C’est vraiment une question d’engagement auprès des clients à tous les niveaux. m a g a z i n e b y type d’incision nécessaire. On accordait beaucoup d’importance aux nouvelles technologies. La question était alors de connaître la prochaine nouveauté, mais elle se pose moins aujourd’hui ; il s’agit plus de définir ce qui sera le mieux pour le patient. Ces 10-12 dernières années, les professionnels du secteur étaient sans cesse à l’affût de la prochaine nouveauté révolutionnaire. C’était peut-être trop en faire ; nous étudiions également un nombre excessif de techniques. J’espère que, dans les 2 ou 3 prochaines années, et j’appelle les entreprises à agir dans ce sens, nous saurons trouver un juste milieu. Nous continuerons à rechercher de nouvelles techniques pour aider les patients sans toutefois renoncer aux standards qui fonctionnent pour trouver un moyen d’améliorer les normes actuelles sans prendre trop de risques. Qu’on ne se méprenne pas, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. Comment formez-vous une équipe commerciale soudée ? Comment décririez-vous votre rôle ? En qualité de distributeur et de président de société, je tente de regarder en arrière à l’époque où j’ai atterri dans ce secteur en travaillant pour d’autres personnes. Je crois avoir commis l’erreur de passer trop de temps dans les bureaux, loin des blocs opératoires, sans être constamment en contact avec les clients. Oui, diriger l’entreprise implique qu’il est impossible d’être au bloc tous les jours, mais j’essaie de le faire chaque semaine. Sinon, je ne peux pas savoir ce qui se passe sur le terrain. Je me rends toujours dans les services de stérilisation, rendre visite et parler aux équipes sur place. Vous devez considérer chacun comme votre client et pas simplement le chirurgien. Vous devez comprendre que chacun de vos actes atteste de votre engagement. Vous ne faites pas votre travail si vous vous contentez de vous asseoir m e d i c r e a Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées sur les différents marchés ? Nous aimons employer l’expression « technologies innovantes » et souhaitons tous être à l’avant-garde du progrès. Je crois que le vrai problème est de prouver qu’elles peuvent être bénéfiques au patient. Elles peuvent être innovantes dans le sens où elles font le bonheur du chirurgien, parce qu’elles sont plus faciles à utiliser ou qu’elles sont « cool ». Prenons simplement les exemples du robot ou de la navigation. Ils sont très cools, mais sont-ils nécessaires? Trouver un équilibre entre les technologies innovantes et les normes de soins améliorera réellement les soins de santé. Ce n’est pas parce qu’un système ou une technologie sont plus esthétiques ou brillants qu’ils vont réellement être utiles au patient. Vous devez prouver que ce système ou cette technologie lui sont bénéfiques afin de convaincre les clients. Existe-t-il des divergences entre les exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ? Tout à fait. Vous obtiendrez 10 avis différents si vous montrez une radiographie à 10 chirurgiens. C’est le problème que nous rencontrons dans notre secteur. Nous sommes tous assujettis à des pratiques régionales. Je sais également que Memphis, la région où ma société est basée, n’est pas du tout un marché ALIF. Il s’agit d’un marché TLIF, mais l’Oklahoma n’en reste pas moins un marché ALIF important. Si l’on prend cette problématique au niveau national ou international en tant qu’entreprise, comment savoir quelle orientation prendre ? Comment savoir où mobiliser les ressources dans le cadre du développement des produits ? Je crois que les fabricants doivent avoir une flexibilité régionale. On ne peut regrouper la R&D et toutes ses ressources dans une stratégie globale unique, parce qu’un chirurgien nous a dit une fois que le patient le plus important était le sien ! Je dois me le rappeler en qualité de distributeur dans ce secteur. Le patient le plus important sera toujours le patient de ce chirurgien. À moins de tenter de trouver une solution pour ce patient, on ne va pas vraiment faire ce qu’il faut pour son chirurgien. Les entreprises disposées à le faire réussiront. La situation commence actuellement à changer. ( i m ) p r o v e Pourquoi considérez-vous comme nécessaire de fournir un portefeuille complet de produits rachidiens ? Il est là encore question de SOLUTIONS. Les produits peuvent être similaires mais, lorsque vous pouvez faire passer un hôpital, un service ou un chirurgien à une norme supérieure, ils ont suffisamment confiance en vous pour faire de nouveau appel à vous. Ils croient en la qualité de vos services et de vos connaissances, et en la valeur ajoutée que vous apportez à leur procédure ou pratique. Vous souhaitez maintenir cette situation. Décliner une offre parce que vous ne disposez pas du produit concerné met fin à cette confiance. La gamme de produits complète vous permet de continuer à fournir ces services. Qu’est-ce qu’implique utiliser un produit conçu et fabriqué en France ? Les Américains apprécient le concept « Made in USA », mais beaucoup de personnes croient que les technologies provenant d’Europe - comme pour les voitures BMW, Mercedes ou Audi sont plus performantes. À mon sens, les praticiens partagent cette croyance, mais en tant que distributeur, elle présente certains défis. Les marchés européen et américain sont différents, cependant, tant qu’il y a des personnes compétentes pour superviser le produit et son développement, cette différence est aisément traitée. L’avenir de votre société ? Je consacre personnellement beaucoup de temps à la formation de mes employés. Il est gratifiant de voir que les personnes pour lesquelles vous avez investi de votre temps et amitié peuvent atteindre leurs objectifs et réussir. C’est pour moi une récompense personnelle. Sur le plan professionnel, nous créons actuellement des succursales à l’échelle nationale ; je souhaite continuer dans ce sens, voire peut-être un jour à l’échelle internationale. Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme un prestataire de services pour vos clients ? Services. Nous proposons des « solutions ». Nous devons garder à l’esprit que le patient est l’utilisateur final, quel que soit le système vendu à l’hôpital. En procédant ainsi, on vend notre produit parce que le chirurgien a confiance en nous et dans le produit que nous proposons. Trouver le produit adapté à ce patient est un exemple de service d’excellente qualité ! Cela suppose parfois que le meilleur service peut consister à informer le chirurgien qu’on ne dispose pas du meilleur produit pour un patient donné. m a g a z i n e parte naire b y m e d i c r e a 67 Inside Medicrea entière pendant 3 mois, puis je suis devenu DR à proprement parler avant de prendre les rênes de ce poste de direction. Qu’implique la fonction de DR chez Medicrea ? Ce que cela implique à mon sens: Vous devez être très flexible. Vous devez être en mesure de comprendre que vous travaillez pour une petite société à la croissance extrêmement rapide. Vous devez être en mesure de vous adapter à différentes situations jour après jour, ce qui peut signifier diriger vos CDR ou les distributeurs qui ne vous répondent pas nécessairement. Dans ce cas, il s’agit plus d’une relation relevant du partenariat. Vous devez faire preuve d’un peu plus de tact et d’une plus grande diplomatie pour pouvoir réaliser vos objectifs. INSIDE medicreA USA Entretien avec Dino Cotilletta, Directeur Régional Medicrea USA. Dino est diplômé de l’Académie militaire des États-Unis à West Point. Après son diplôme, il a servi dans l’armée des États-Unis. Quand il a quitté l’armée, il a occupé divers emplois dans la vente. Il y a 6 ans, il a décroché un emploi chez Synthes Spine, maintenant Depuy-Synthes. C’est là qu’il a acquis de vastes connaissances dans tous les domaines de la colonne vertébrale. Lorsque Synthes a fusionné avec Depuy-Synthes, Dino a compris qu’il n’y aurait aucune carrière possible en tant que manager alors qu’il souhaitait un poste de leader. C’est là qu’il a découvert Medicrea qui recherchait des commerciaux à New York et Dino a été embauché à ce poste. Il a passé un certain temps en tant que représentant et a été en mesure de construire des ventes rapidement. Il a ensuite été promu au poste de Directeur Régional du Nord-Est, poste qu’il occupe actuellement. 68 Pouvez-vous nous relater votre parcours ? J’ai débuté dans l’armée américaine comme officier de char, donc aucun rapport avec ma profession actuelle ! Je dirigeais un groupe de soldats et étais responsable de quatre chars. À mon départ de l’armée, j’ai travaillé dans la gestion de contrats, toujours pour la défense. J’étais responsable de la vente de produits militaires avec une autre société française, Hutchinson Industries. Notre spécialité était la vente de pneus à roulage à plat pour les véhicules militaires. J’ai ensuite intégré une autre société, HILTI, spécialisée dans la fabrication d’ancres, d’outils de construction et de systèmes de fixation, secteur d’activité dont elle est leader mondial. Comme vous pouvez l’imaginer, l’ancrage dans le béton est très comparable à l’ancrage dans l’os : ils ont de nombreux principes communs, tels que le taraudage et perçage. Ces deux domaines sont très apparentés, la composante ingénierie ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y était très prononcée. Puis, une société, Synthes, m’a invité à passer un entretien. Je ne souhaitais pas particulièrement m’orienter vers les dispositifs médicaux ou rachidiens, mais j’ai réussi l’entretien et intégré la société basée à New York voici six ans. J’ai fini par adorer ce secteur d’activité. Comment êtes-vous devenu directeur régional ? J’ai toujours eu une âme de leader depuis mon passage dans l’armée. J’ai toujours eu ce désir d’encadrer à nouveau des personnes, une opportunité que Medicrea m’a permis de saisir. La direction m’a informée que je pouvais être promu directeur régional (DR) si je m’avérais performant en qualité de consultant en déformations rachidiennes (CDR). J’ai eu l’opportunité de faire mes preuves assez rapidement et ai obtenu cette promotion. J’ai travaillé comme CDR à part m e d i c r e a d’excellentes relations. Prenez l’exemple de Medicrea : chaque collaborateur est un véritable expert du rachis ou suit une formation pour le devenir, afin de toujours mieux servir nos partenaires, les professionnels de santé. Une de vos meilleures expériences ? Lorsque j’ai pris mes fonctions de DR de la région Nord-Est, la région ne bénéficiait d’aucune couverture directe. Après avoir contacté et discuté avec les distributeurs locaux, j’ai identifié deux chirurgiens dont je savais qu’ils nous appréciaient et ai commencé à remettre la société sur pied. Cela a demandé beaucoup de persévérance, d’expertise et de savoir-faire commercial pour reconquérir les clients, mais nous y sommes parvenus. INSIDE medicreA USA Quel type de relation avez-vous tissé au fil des années avec les professionnels de santé? Vous devez là encore vous montrer très flexible. Chaque relation est différente, comme c’est le cas des relations que vous entretenez chez vous ou au sein de votre communauté. Certains chirurgiens ne se fient principalement à moi que pour mon expertise concernant les produits Medicrea, sans s’intéresser au reste. Ma présence est seulement nécessaire pour garantir le bon déroulement de chaque opération. Au fil de l’évolution de notre société, notre portefeuille de produits se diversifie et fait davantage place à l’innovation. L’essentiel, la véritable base, c’est de bien connaître le rachis pour réussir dans ce domaine et entretenir “Chez Medicrea, chaque collaborateur est un véritable expert du rachis” ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 69 100,000 + chirurgies réalisées 24,2 CA 2014 en millions euros 20% croissance annuelle depuis 2006 140 60% 25 salariés dans le monde Des ventes réalisées aux USA distributeurs exclusifs dans le monde 25 31 gammes de produits homologations aux USA 40 familles de brevets déposés key figures (IM)PROVE Le monde a besoin d’utopies. Parce que nous avons la conviction que rien n’est impossible, nous voulons produire les meilleurs implants et instruments pour la chirurgie du rachis. Améliorer, toujours améliorer, c’est la promesse que partage Medicrea avec ses partenaires chirurgiens du monde entier. leading personalized spine medicrea.com 70 ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a ( i m ) p r o v e m a g a z i n e b y m e d i c r e a 71 6X plus d’ OPTIONS leading personalized spine medicrea.com Après 5000+ utilisations réussies, la famille LigaPASS s’agrandit et propose 6 combinaisons de liens et connecteurs pour adresser les scolioses idiopatiques et neuromusculaires pédiatriques êtes-vous prêts à l’essayer ? ( IM ) PROV E