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(IM)PROVE
International Magazine for Spinal Surgeons, by
#2
AUTOUR
du monde
avec les
chirurgiens
qui avancent
les implants
sur-mesure
sont une réalité
le modèle médical du siècle
médEcine
persoNnalisée
customisation
de la santé
( IM ) PROV E
Personalized Spine
«Personalized Spine» ce n’est pas seulement être capable de créer des implants sur-mesure pour les
patients. C’est pouvoir, dans le monde entier, apporter aux chirurgiens un service complet et inédit :
précision de l’analyse avec outil dédié, planification raisonnée et maîtrisée du profil sagittal de chaque
patient, production de l’implant spécifique, livraison en salle d’opération en un temps record, analyse
post-opératoire.
En construisant pour chaque cas une relation de partenariat unique, Medicrea ouvre la voie de la
chirurgie personnalisée de la colonne vertébrale.
leading personalized spine medicrea.com
Bienvenue dans le numéro 2 de notre magazine (IM)PROVE. Vous avez été
nombreux à saluer notre effort d’engagement dans ce type de publication, d’offrir
la parole aux chirurgiens, et de mettre en avant des sujets d’intérêt général.
La Médecine Personnalisée,
modèle médical du 21è siècle
photo Stéphane de Bourgies
EDITO
La médecine personnalisée est le concept novateur qui, progressivement, devient
l’un des plus grands enjeux de la médecine de demain.
Une meilleure connaissance de chaque patient et de leurs pathologies grâce
à des diagnostics de plus en plus précis permet d’orienter un malade vers un
traitement individuel personnalisé. Ce qui rend chaque patient unique est ainsi
plus finement analysé et il peut recevoir le traitement ayant les meilleures chances
d’efficacité. Le monde médical attendait l’arrivée du sur-mesure dans la chirurgie
vertébrale. Avec les progrès des connaissances scientifiques sur l’équilibre sagittal,
la compréhension des déformations de la colonne, les progrès de l’imagerie,
les capacités accrues d’analyse de chaque patient et l’avènement des nouvelles
technologies de fabrication à partir de fichiers numériques, il devenait évident
d’offrir au patient et au chirurgien un implant sur-mesure.
Mais pour comprendre cet enjeu, pour réunir et intégrer toutes les pièces du
puzzle, il fallait engager un processus complexe, mêlant R&D et dimension
industrielle. il fallait faire le pari de l’avenir, et avoir une vision de précurseur.
Cette vision, je suis très fier qu’elle vienne de Medicrea. Nous l’avons fait! Tiges
sur-mesure en 2013, implants 3D morpho-adaptés en 2014, nous apportons les
Denys Sournac, président & CEO, Medicrea
preuves que notre marque est un modèle à suivre. Le concept UNiD représente
une ère nouvelle dans la relation avec nos clients : en devenant partenaire de
la planification, ce que nous proposons désormais aux chirurgiens est un mix
inédit de produits innovants et de services complets, pré et post- opératoires.
Nous sommes une jeune entreprise, nous avons de l’audace, nous voyons loin.
Nous rêvons, mais surtout, nous faisons les choses.
La tête dans les étoiles, les pieds sur terre.
DREAM IT. DO IT.
Améliorons les choses ensemble, et prouvons-le, au quotidien.
(IM)PROVE !
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EDITO
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Sommaire
FOCUS UNiD ROD
Dr Frank Schwab....................................................... P 10
UNiD Lab................................................................... P 14
GUEST-STARS
Pr Cédric Barrey......................................................... P 16
Dr Richard Meyrat.................................................... P 20
Dr Themi Protopsaltis............................................... P 40
Dr Meagan Fernandez.............................................. P 46
Dr Louis Boissiere, Dr Rémi Mariey,
Dr Vincent Challier..................................................... P 50
INSIDE
(IM)prove
#2
INSIDE MEDICREA
L’utilisation
des
systèmes
d’ostéosynthèse
rachidienne fabriqués par Medicrea et présentés dans
ce magazine nécessitent l’avis d’un professionnel
de santé : veuillez lire attentivement les instructions
figurant dans la notice. Le système LigaPASS est de
classe IIb ; IMPIX-C+ et IMPIX-Manta +, de classe
III. Ces dispositifs médicaux sont pris en charge par
l’assurance maladie. CE 0459.
Le système UNiD est un dispositif sur mesure de
classe IIb et ne porte pas, à ce titre, le marquage CE.
Le système GRANVIA est un dispositif cervical
antérieur de non fusion, destiné au traitement des
pathologies dégénératives. Ce dispositif est de classe
IIb et non pris en charge par l’assurance maladie. CE
0459
Rodolphe Dagnaud.................................................... P 24
Distributeurs medicrea
Edwin Key................................................................... P 28
Niels Van Vliet............................................................ P 30
Allen Rasoul................................................................ P 66
INSIDE MEDICREA
Philippe Le Berre....................................................... P 32
MéDecine personnalisée
Dossier spécial............................................................. P 34
FABRICATION ADDITIVE
Thomas Mosnier........................................................ P 56
Dossier spécial............................................................ P 58
Dr Jean-Edouard Loret, UNiD VBR...................... P 62
HANDMADE BY
( IM ) PROV E
(IM)PROVE MAGAZINE, numéro 2, juin 2015, édité par Medicrea International
14 Porte du Grand Lyon - 01700 NEYRON, FRANCE Tel: + 33 (0)4 72 01 87 87 - Fax: + 33 (0)4 72 01 87 88
RCS Bourg en Bresse 393 175 807
Directeur de la publication Denys Sournac.
Rédacteur en chef David Ryan.
Conception et Direction édition Bruno Benchetrit.
Ont collaboré à ce magazine Laurie Seronde, Jamie Page, Channy Em, Sabine Le Maguer, Gordon Fu,
Anne-Laure Salaneuve, Dory Frain, Karine Cauchy.
Crédit photos : iStock photo, Bruno Benchetrit, Medicrea, Stéphane de Bourgies, Ivana Goldstein.
Tous droits de reproductions réservés pour tous pays. Aucun élément de ce magazine
ne peut être reproduit, ni transmis d’aucune manière, off-line ou on-line, sans l’autorisation expresse de Medicrea.
INSIDE MEDICREA USA
Lauren Brown............................................................ P 64
Dino Cotilletta............................................................P 68
C00D04006 v01 Juin 2015
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no
thing
is
imp
oss
ible
dream it
do it
les implants
sur-mesure
sont une réalité
LA première tige sur-mesure
éxécutez votre planification
sans compromis et approximation.
Amélioration de l’équilibre sagittal.
Réduction du risque de cassure de la tige.
GAIN DU TEMPS EN SALLE D’OPération.
medicrea.com
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personalizedspine
spine
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personalized
( IM ) PROV E
Guest-Star
“Nous sommes
fiers d’être les
premiers aux
États-Unis à
utiliser cette tige
révolutionnaire
avec le système de
planification
pré-opératoire
Surgimap. ”
Dr. Frank Schwab est le chef du service rachis à Hospital for Special Surgery (HSS), New York, et Maître de conférences à l’Ecole
de Médecine de l’Université de New York. Il est reconnu pour son expertise en matière de chirurgie complexe de la colonne vertébrale de
l’enfant et de l’adulte. Le Dr. Schwab a axé sa pratique clinique sur les reprises chirurgicales complexes, la déformation du rachis (scoliose/
cyphose) et les techniques peu invasives. C’est un membre important du Groupe d’études sur la Déformation du Rachis, et il siège aux
nombreux comités de la SRS. Il est aussi est co-fondateur de Nemaris, qui développe, entre autres, Surgimap Spine.
Dr FRANK SCHWAB
guest
STAR
La tige sur-mesure UNiD et Surgimap
ont été approuvés par la FDA en 2014,
quelles sont vos premières impressions ?
Nous sommes fiers d’être les premiers aux
États-Unis à utiliser cette tige révolutionnaire
avec le système de planification pré-opératoire
Surgimap. Cette expérience nous a ravis et
nos patients reconnaissent la valeur ajoutée
de cette technologie unique.
Pouvez-vous décrire votre cas UNiD
favori ou le plus gratifiant à ce jour ?
Je crois qu’ils sont tous gratifiants car nous
gagnons du temps dans le bloc opératoire
et les tiges sur-mesure nous assurent un
alignement sagittal correct. Toutefois, les cas
les plus gratifiants sont les plus complexes
où historiquement nous rencontrions des
difficultés à cintrer les tiges de manière
appropriée. Il était également difficile de
déterminer si l’on avait obtenu l’alignement
prévu avant l’opération. Dans ces cas, utiliser
la tige UNiD constitue un atout majeur, car,
d’une part, elle améliore la navigation sagittale
et, d’autre part, elle permet assurément de
gagner en temps et en efficacité dans le bloc
opératoire.
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Pour quels types de patients/indications
cette technologie convient-elle ?
Je dirais que cette technologie UNiD convient
parfaitement à n’importe quel patient, mais
plus particulièrement à un patient ayant
plusieurs niveaux fusionnés. Même pour les
montages courts sur deux ou trois niveaux
uniquement, il est utile de disposer d’une
tige confirmant et indiquant la forme que
l’on avait prévue avant l’opération. Les
avantages sont de plus en plus nombreux et
plus évidents à mesure que l’on pratique de
longues ostéosynthèses. Selon mes critères de
sélection d’un patient approprié, je considère
qu’il n’existe aucun inconvénient lorsque la
fusion compte plus de deux ou trois niveaux.
Pourquoi ne souhaiteriez-vous pas utiliser
une tige dont l’alignement est plus adapté
plutôt que d’avoir à la cintrer manuellement
et à vous préoccuper de sa courbe insuffisante
ou excessive ? Je choisis une tige UNiD
pour mon patient lorsque la fusion compte
plusieurs niveaux.
(…)
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Guest-Star
Dr Frank Schwab
Comment la planification de l’opération a-t-elle
tenu compte de votre pratique avant et après
UNiD ?
Les chirurgiens planifient toujours une opération.
Chacun applique ce principe. Même si le plan
consiste parfois simplement à sélectionner une date
pour pratiquer l’opération et à attribuer un nom à
l’intervention, il s’agit bien de planification. Utiliser
un logiciel de planification comme Surgimap
offre un avantage : on peut désormais parcourir
visuellement les différentes étapes de l’intervention
en déterminant le futur emplacement des implants,
si l’on va utiliser des cages ou des vis, et modifier
l’alignement de la colonne vertébrale. Cette interface
graphique permet de bien mieux me préparer ; je
peux également partager ces images avec les autres
membres de l’équipe chirurgicale afin qu’ils fassent
de même. Je crois que la situation est ainsi bien mieux
maîtrisée dans le bloc opératoire et que les chances
d’obtenir l’alignement approprié pour le patient
après l’opération sont bien plus importantes. La
littérature le démontre au travers d’études cliniques,
dont certaines découlent de notre expérience à
l’Université de New York. Nos opérations sont
planifiées depuis longtemps à l’aide de Surgimap.
Cet outil très simple permet de mettre en place
notre planification opératoire, mais disposer d’une
tige UNiD est très agréable, car il est très facile de la
commander une fois le plan élaboré. Vous obtenez
la forme et le contour de la tige en quelques clics,
et vous pouvez la commander. Il est donc juste
incroyablement simple d’utiliser la tige UNiD une
fois qu’on a fourni un plan.
De quelles manières la tige sur mesure
UNiD est-elle bénéfique à vos planifications
et techniques ? Selon vous, comment ces
avantages se manifestent-ils chez les patients à
court et long terme ?
Comme je l’ai dit précédemment, je considère que
son utilisation est très bénéfique car, une fois qu’on
a défini un objectif d’alignement, il est également
très simple d’obtenir en quelques clics une tige
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propre à ce patient et à cet alignement. C’est là un
avantage majeur et, au vu de sa planification facile, un
véritable retour sur investissement significatif. Ces
avantages devraient se manifester chez les patients
de différentes manières à court et long terme.
L’obtention d’un meilleur alignement dans le bloc
opératoire se traduit par un meilleur alignement après
l’opération. Un meilleur alignement est clairement
lié à la satisfaction du patient et aux bienfaits à long
terme de l’opération. D’autres études révèlent que
l’alignement joue un rôle dans les facteurs de risque
pour la cyphose jonctionnelle proximale et autres
complications. Ainsi, mieux nous pourrons aligner
les patients, plus l’intervention chirurgicale leur
sera bénéfique. Différentes études nous apprennent
également que le taux de reprise augmente en cas
d’alignement sous-corrigé. Je suis intimement
convaincu qu’obtenir l’alignement approprié la
première fois réduit les probabilités d’opérations de
reprise très onéreuses, particulièrement désagréables
pour les patients ou nous-mêmes. Nous devons
réellement utiliser les technologies afin de pouvoir
obtenir l’alignement approprié dès la première fois.
Que pensent vos patients du fait de disposer
d’un appareil fabriqué sur-mesure implanté lors
de l’opération ?
Mes patients sont ravis. Ils apprécient 2 choses:
lorsque je leur montre dans Surgimap leur état
actuel avant opération, et l’apparence qu’ils auront
lorsqu’ils se tiendront debout et l’alignement
obtenu après l’opération ; autre fait surprenant : ils
s’intéressent en réalité aux procédures techniques
que nous allons mettre en œuvre dans le bloc
opératoire. Ils apprécient vraiment de savoir qu’ils
vont recevoir une tige personnalisée en fonction
d’un plan spécifique.
En tant qu’utilisateur, avez-vous observé une
courbe d’apprentissage ? Pouvez-vous nous
faire part de votre expérience concernant
l’utilisation de cette technologie ?
La courbe d’apprentissage est plutôt insignifiante.
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“Quand la tige a la forme appropriée pour un
patient, qu’elle vous permet de gagner du temps
dans le bloc opératoire et d’obtenir de meilleurs
résultats, pourquoi revenir en arrière pour utiliser
une tige droite et devoir la trafiquer ? ”
Il suffit simplement de configurer le logiciel Surgimap
pour partager des données avec l’équipe de la cellule
UNiD Medicrea. Elle joue un rôle vraiment exceptionnel
en matière de participation et de coordination pour les
différentes procédures. Il n’existe donc absolument
aucune courbe d’apprentissage complexe. Les
informations que je peux fournir sur cette technologie
sont plus d’ordre technique. Il est primordial de
calibrer les radios utilisées à des fins de planification.
Nous utilisons des images EOS calibrées mais, si vous
ne pouvez pas calibrer une radio, vous devez veiller à
ajouter des marqueurs type bille de calibrage. Au travers
de notre expérience nous avons également appris que,
si vous modifiez votre plan ou que vous n’êtes pas sûr
à 100 % des niveaux instrumentés, vous devrez vous
assurer de mentionner à la cellule UNiD de Medicrea
de concevoir une tige plus longue en proximal et distal,
afin d’avoir une certaine marge pour modifier votre
plan avant l’opération si nécessaire. Il faut tenir compte
du fait que cette tige est propre au patient. En effet, si
vous spécifiez que vous allez de L1 à L5, mais que vous
changez d’avis et que vous descendez jusqu’à S1, la tige
ne va logiquement plus être adaptée.
Selon vous, quel impact aura la stratégie de
médecine personnalisée UNiD sur l’avenir de la
chirurgie du rachis ?
Je crois qu’elle a déjà un impact significatif, car elle
sensibilise fortement les chirurgiens à la reconnaissance
d’une technologie accessible leur permettant de
personnaliser les soins. Elle devrait avoir de beaux jours
devant elle. Medicrea ou toute société fournissant des
produits innovants est confrontée au problème suivant,
la nécessité d’informer les utilisateurs et le grand public
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sur les avantages qu’ils peuvent en tirer. En matière
de soins de santé, le processus d’adhésion à une
nouvelle technologie est long. Le nombre d’utilisateurs
formés et exposés aux technologies augmentant, ils
reconnaîtront qu’il est impossible de revenir en arrière.
Une fois que la tige a pris la forme appropriée pour un
patient, qu’elle vous permet de gagner du temps dans
le bloc opératoire et d’obtenir de meilleurs résultats,
pourquoi revenir en arrière pour utiliser une tige droite
et devoir la trafiquer ? Je crois qu’il s’agit là d’une
grande avancée, dont la portée prendra du temps à être
unanimement reconnue.
Selon vous, quelle orientation la médecine sur
mesure prend-elle ? Quelle est l’étape suivante ?
La médecine sur mesure va jouer un rôle croissant dans
chaque activité réalisée pour les patients. Concernant
la chirurgie du rachis, non seulement les implants, tels
que la tige, seront plus personnalisés, mais peut-être
également la forme des cages et les produits livrés
dans le bloc opératoire pour rendre ce processus bien
plus efficace, car l’on sait pertinemment qu’un nombre
important de pièces ne sera pas utilisé. De plus, je
crois que le ciblage et l’ajustement des procédures
seront plus personnalisés en fonction des attentes des
patients, et que les déformations ne seront pas toutes
traitées de la même manière, mais qu’elles seront plus
spécifiques selon la douleur et les symptômes précis du
patient. Nous obtiendrons à mon sens une logistique,
des diagnostics, des implants, des traitements et des
plans chirurgicaux plus personnalisés tout au long de
la procédure.
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guest
STAR
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Unid Lab
INN
OVAT
ION
Plus de 200 chirurgies
avec UNiD Lab
Entretien avec
Thomas Mosnier
Directeur Scientifique,
& Thibaut Bastien,
UNiD Lab
Medicrea.
“UNiD Lab
n’est pas une
simple
interface.
C’est un
service
complet”
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Quel bilan peut-on tirer de cette première année
de UNiD LAB ?
Thibaut : Le nombre de chirurgiens utilisateurs du
service UNiD a aujourd’hui dépassé la cinquantaine,
avec des chirurgiens présents aussi bien en Europe
qu’aux Etats-Unis. L’équipe du UNiD LAB s’est
agrandie pour suivre cette croissance et notre service
de planification continue de s’enrichir, notamment
au niveau post-opératoire afin que les chirurgiens
puissent avoir un service optimal.
Nous travaillons par ailleurs en continu sur toutes les
étapes du process pour réduire le délai de livraison:
au delà de la planification elle-même, les phases
de production et de logistique/expédition ont été
décomposées et optimisées pour assurer le meilleur
service en un minimum de temps, en Europe comme
aux Etats-Unis. Nous visons encore à réduire le
temps de traitement parallèlement à la croissance du
nombre de chirurgies afin d’expédier les tiges dans les
meilleurs délais et parer aux éventuelles contraintes
logistiques (notamment passage des frontières) qui
sont hors de notre contrôle.
A combien de chirurgies êtes-vous cette année ?
Nous venons de dépasser le palier de 200 chirurgies.
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Quel est le feedback des chirurgiens aujourd’hui?
A-t-il permis de nouvelles améliorations ?
Thibaut: A chaque chirurgien sa propre stratégie
opératoire. Tous les chirurgiens n’ont pas la même
planification dans le rétablissement de l’équilibre
sagittal chez un patient. Plus nous avons d’utilisateurs
et plus notre vision s’élargit et s’enrichit, permettant
d’évoluer dans la démarche que nous proposons.
Ce que les chirurgiens apprécient, c’est la précision
permise par les données numériques, une meilleure
planification en amont de l’intervention, ainsi qu’un
rendu préalable et précis du résultat post-opératoire
recherché. Le pré-cintrage est apprécié par sa précision
et par le temps gagné. Suit donc le sentiment d’avoir
réalisé une chirurgie selon un plan initial, ce que nos
utilisateurs apprécient particulièrement.
Thomas : Plus globalement je dirais que le mot qui
qualifierait le mieux le travail effectué depuis un an
est la matérialisation des choses. Medicrea n’est plus
seulement une entreprise qui vend des implants,
mais qui propose un service complet, à travers la
création de nouvelles passerelles entre industriels et
chirurgiens, qui ne limitent plus à une simple relation
commerciale. Le UNiD LAB renforce la relation avec
les chirurgiens et, grâce à la maîtrise des données
cliniques et scientifiques disponibles, est susceptible
de les aider dans leur planification chirurgicale.
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Les chirurgiens ont donc une relation directe avec la cellule
UNiD?
Thibaut : Effectivement, il n’y a pas d’intermédiaire. Un chirurgien
peut soumettre un cas et faire évoluer sa stratégie au fur et à
mesure des échanges et des simulations qui lui sont proposées,
d’où l’utilité de l’expertise du UNiD LAB et de la synergie avec
le chirurgien. Concrètement, un cas soumis est analysé dans les
24h par le UNiD LAB pour délivrer aux chirurgiens l’ensemble
des paramètres caractérisant l’équilibre initial du patient. Le geste
opératoire est ensuite simulé selon la stratégie communiquée par
le chirurgien : ostéotomies, insertion d’implants intervertébraux,
fixation postérieure… Ce travail permet de matérialiser l’équilibre
post opératoire recherché, la lordose, la position de l’apex de la
courbure lombaire. Le chirurgien visualise ainsi son plan opératoire
qu’il peut modifier ou valider. L’ensemble de ces échanges se
déroule sur une à deux journées.
Vous leur donnez des conseils ?
Thibaut : Nous ne nous substituons pas aux chirurgiens. Il s’agit
d’un échange sur la stratégie opératoire à adopter au court duquel
nous sommes susceptibles de partager nos connaissances sur le
sujet : connaissances théoriques issues de la littérature scientifique
mais également connaissances pratiques issues des cas réalisés
précédemment.
Thomas : En nous livrant sa stratégie opératoire, nous permettons
au chirurgien de la matérialiser, lui permettant d’étayer sa réflexion
à travers cet échange, et éventuellement la modifier pour plus de
précision du fait de la visualisation que nous lui apportons. Ces
nouveaux utilisateurs, curieux et séduits par le service, enrichissent
par ailleurs toute la société notamment au niveau de la cellule
innovation qui bénéficie en direct du retour d’expérience des
utilisateurs UNiD.
Les chirurgiens ont-ils finalement plus ou moins de travail ?
Ou est-il calibré différemment ?
Thomas : UNiD est là pour améliorer la planification et la
stratégie opératoire du chirurgien de manière générale sans pour
autant lui imposer de surcharge de travail. Il ne s’agit pas d’une
simple interface mais d’un véritable service. Le changement, nous
le voyons nettement au bloc opératoire maintenant. En effet,
avec UNiD, le chirurgien visualise sa planification chirurgicale
en fonction des spécificités du patient avant même de corriger
la colonne vertébrale. D’un point de vue purement pratique, le
chirurgien n’a plus à cintrer ses tiges au bloc avec UNiD. Et on se
rend compte que ce service devient rapidement addictif !
des demandes, assurer nos délais. Offrir toujours la même qualité
de service sur-mesure, adapté à chaque cas. Nous voulons aussi
continuer à offrir plus de services. En effet, le UNiD LAB est
une cellule en constante évolution, non seulement corrélée à une
demande croissante mais aussi à l’amélioration des domaines
d’application auxquels elle est liée. Nous avons une veille très
active, qui travaille au jour le jour pour être toujours à la page
afin d’enrichir nos connaissances et être en mesure d’apporter un
maximum de service au chirurgien.
Les choses ont-elles évolué dans le sens que vous imaginiez ?
Thibaut : L’accueil sur le terrain au quotidien de cette nouvelle offre
est conforme à ce que nous avons ressenti lors des présentations
faites durant des congrès ou des événements spéciaux organisés
en amont du lancement de UNiD. Les praticiens sont, en
grande majorité, convaincus de l’utilité d’une telle démarche de
planification. Cette démarche étant validée dans la littérature
scientifique indépendante. Beaucoup de chirurgiens apprécient
simplement de s’affranchir du cintrage des tiges au bloc opératoire,
pour un gain de temps et de qualité conséquent lors d’une chirurgie
donnée.
Que pense le patient de la démarche inhérente à la création
d’un implant sur-mesure ? Avez-vous eu des réactions ?
Thomas : Nous n’avons pas de contact direct avec les patients. Mais
je peux vous faire part d’une anecdote. Il s’agit d’un chirurgien, qui
avait entendu parler de UNiD, mais qui n’avait pas encore formalisé
de demande. C’est en fait son patient, qui est arrivé en consultation,
avec un article qui parlait de la tige UNiD, en disant «C’est super
ça, docteur, c’est ce que je veux» La première commande de ce
chirurgien s’est faite à la demande du patient. L’aspect sur-mesure
semble séduire les chirurgiens comme les patients. INN
OVAT
ION
Thomas Mosnier
Thibaut Bastien
Quel est le prochain défi de UNiD lab ? Au vu de la croissance
générale à venir ?
Premièrement, assurer un service optimal sur tous les plans : de
la planification à la fabrication des tiges malgré l’accroissement
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Guest-Star
Le Professeur Cédric Barrey a réalisé son internat à l’Université Claude Bernard à Lyon, et exerce depuis 2004
dans le service de neurochirurgie et chirurgie du rachis du Professeur G. Perrin à l’hôpital Wertheimer à Lyon.
Il a été diplômé professeur des universités en 2013 et pratique environ 350 chirurgies de la colonne chaque année. Durant
son internat, il a passé 6 mois dans le service du Professeur Bernard George, de l’hôpital Lariboisière à Paris, dans le but
de se perfectionner dans la chirurgie de l’artère vertébrale. Il a rejoint ensuite le service du Dr. Pierre Roussouly, spécialiste
en traitement des déformations complexes de la colonne. Les recherches du Professeur Cédric Barrey impliquaient des
travaux sur la stabilisation postérieure du rachis cervical, l’alignement spino-pelvien et l’équilibre sagittal, les dispositifs
dynamiques lombaires et l’arthroplastie discale cervicale. Cette année, le Professeur Barrey a été gratifié d’une bourse
octroyée par l’E-CSRS (cervical spine research society) qui lui a donné la possibilité de visiter 4 centres de la chirurgie du
rachis reconnus mondialement.
guest
STAR
“La chirurgie personnalisée
est un concept destiné
à se développer”
PR cédric Barrey
Pourquoi êtes-vous devenu un chirurgien
spécialiste de la colonne ?
Je voulais être chirurgien depuis ma jeunesse, ce
qui s’est confirmé par la suite lors de mes années
d’études. Et c’est la pratique de la chirurgie du
rachis, beau mélange entre neurologie et orthopédie,
qui a finalement porté mon choix sur la chirurgie de
la colonne.
Qui sont vos patients ?
Cela va de la déformation type scoliose à des cas
plus orientés vers la neurologie, nécessitant des
actes chirurgicaux intra-duraux, comme les tumeurs
de moelle par exemple. Il n’y a pas de profil type,
nous nous occupons de patients de tous les âges,
avec divers types de pathologies.
Quelle sorte de relation entretenez-vous avec
vos patients ?
Il est vrai que la ponctualité de l’acte chirurgical est
susceptible d’induire une certaine frustration chez
le chirurgien, contrairement à un médecin traitant
qui peut suivre un patient toute sa vie par exemple,
malgré un suivi post-opératoire qui peut durer
plusieurs mois. En revanche, une confiance et une
honnêteté absolue sont nécessaires à une bonne
relation entre le patient et son chirurgien, il faut être
réaliste quant aux potentiels résultats qu’un patient
peut attendre d’une intervention.
Et les relations avec votre équipe ?
La chirurgie est un travail d’équipe. Le chirurgien
est peut-être le chef d’orchestre, mais chacun doit
jouer sa partition. D’où l’importance de la cohésion
d’équipe.
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De quelle manière poursuivez-vous votre
formation ?
La formation est quasi quotidienne et multifacette.
Cela peut aller d’échanges entre confrères, à une
démarche plus proactive de recherche, notamment
à travers internet avec la diffusion de conférences
ou autres. Il y a bien sûr le fait de participer à de
nombreux congrès à travers le monde, notamment
ceux concernant la chirurgie du rachis. Il y a une
myriade d’informations à saisir, autant dans le
domaine théorique que pratique.
Dites-nous ce qui transforme une opération en
succès.
Principalement la satisfaction du patient. Du point
de vue du chirurgien, l’aspect technique d’une
intervention déchaîne bien évidemment les passions,
mais le succès d’une opération reste la satisfaction
du patient, cela ne fait aucun doute.
Une belle histoire à raconter ?
Personnellement, le fait de pouvoir proposer une
solution à des patients en « bout de course », ayant
déjà rendu visite à plusieurs chirurgiens, dans le
cadre de ré-opérations notamment. Ce n’est pas tant
la technicité de l’intervention en elle-même, mais
le fait de pouvoir résoudre un problème alors que
l’espoir s’amenuise.
Vous êtes un spécialiste des cas désespérés ?
Je ne me qualifierais pas en tant que tel, mais il
est parfois nécessaire en tant que chirurgien de
reprendre le flambeau dans le cadre de la résolution
d’un problème si je puis dire, qu’il s’agisse du refus
ou de l’erreur d’un confrère.
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Guest-Star
Pr Cédric Barrey
“Avec UNiD, on peut
parler de mini-révolution
dans la chirurgie du rachis”
passage à la mise en place de l’implant par le robot devrait
pouvoir se faire dans les années à venir, en intégrant des
paramètres mécaniques avec un système sécurisé bien
sûr, ce qui serait susceptible de faire gagner beaucoup de
temps au chirurgien. On peut imaginer avoir toutes les
vertèbres instrumentées, seul le réalignement incomberait
au chirurgien lors de l’intervention. Un substantiel gain de
temps et de fiabilité.
Quels sont vos principaux défis quotidiens ?
Trouver un équilibre entre l’enseignement, la recherche,
et mon activité de soin. En effet, j’ai des devoirs
inhérents à ces trois domaines d’application, ce qui
implique un agenda bien rempli ! Equilibrer n’est pas
chose aisée.
Comment l’industrie et une entreprise comme
Medicrea peuvent vous aider au quotidien ?
Il est nécessaire d’avoir un partenariat, que le chirurgien
comprenne le fonctionnement de l’industrie, avec les
contraintes que cela sous-entend, mais également que
l’industriel soit à l’écoute du chirurgien, des remarques
inhérentes à sa pratique du terrain, dans le but de faire
avancer les choses en synergie, autant dans l’élaboration
des implants que dans la pratique chirurgicale, une
relation « gagnant-gagnant ».
Vous vous souvenez de votre premier cas ?
J’étais en premier semestre d’internat en orthopédie, il
s’agissait d’une suture de tendon. Cela faisait quelques
jours à peine que j’étais interne de chirurgie, l’interne
de garde à qui on avait confié cette suture m’a laissé
faire cette intervention sous sa supervision. Je garde un
bon souvenir de cette première petite opération, je me
souviens en avoir été très fier !
De quelles évolutions avez-vous été témoin dans la
chirurgie de la colonne vertébrale ?
Plusieurs choses selon moi, notamment la technicité
de la chirurgie du rachis qui s’est nettement améliorée.
On peut prendre l’exemple des voies antérieures, il
s’agissait en effet d’une lourde intervention il y a 10 ou
15 ans, qui est devenue quasi quotidienne aujourd’hui.
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( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
Même s’il n’y a pas eu d’évolution majeure en terme de
concept, la sécurité dans le cadre de la pratique de ces
techniques chirurgicales a fait un net bond en avant.
Ce qui a fait évoluer la chirurgie du rachis, c’est aussi
l’apport de la bio-mécanique, et des études faites sur
l’équilibre sagittal, notion qui était encore réservée
aux chirurgiens de la déformation il y a 15 ans, 90%
des chirurgiens de la colonne ne s’occupaient pas de
la statique vertébrale ou des paramètres de l’équilibre
sagittal. Nous prenons aujourd’hui en compte ces
paramètres avec importance, même dans le cadre
d’actes chirurgicaux mineurs, permettant une chirurgie
plus personnalisée, plus adaptée au patient.
L’évolution de l’imagerie médicale y est pour beaucoup
aussi. On peut faire référence au système EOS, qui
permet de visualiser l’ensemble du squelette de la tête
aux pieds en position debout, ainsi qu’une visualisation
simultanée de face et de profil, une qualité d’image
exceptionnelle, ce qui nous aide énormément dans la
planification de nos interventions.
Comment envisagez-vous le futur et les progrès de
la chirurgie de la colonne ?
Selon moi, la chirurgie personnalisée est un concept
destiné à se développer, notamment au niveau de la
planification et de l’implant, spécifiques à chaque cas.
C’est le type de projet que nous développons avec
Medicrea, comme la tige personnalisée par exemple. En
ce qui concerne le long terme ou le très long terme on
peut avoir tous les fantasmes possibles ! Je pense que la
chirurgie robotisée sera faisable au niveau de la colonne
vertébrale, on a déjà des robots assez performants pour
guider le geste, avoir un bon repérage spatial, ce sont
en quelque sorte des super-systèmes de navigation. Le
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m e d i c r e a
Vous êtes à l’origine du projet PHRC autour de
UNiD, qu’est-ce qui vous a poussé à vous impliquer
dans ce travail de longue haleine, à développer
ce projet autour de ce produit ? Pourriez-vous le
décrypter ?
Nous avons effectivement mis en place un projet de PHRC
avec Medicrea pour l’évaluation de la tige personnalisée
UNiD, le projet a été retenu et financé à 100% ce qui est
une excellente nouvelle. Nous allons réaliser une étude
française randomisée en double aveugle, multi-centrique,
ce qui est très rare, pour ne pas dire exceptionnel, dans
le milieu de la chirurgie. Ce qui est intéressant avec la
tige UNiD est le fait qu’elle soit parfaitement préformée,
adaptée au patient. Il faut savoir que jusqu’à maintenant la
forme de la tige était donnée par le chirurgien au moment
de l’intervention à l’aide d’une cintreuse, ce qui impliquait
des mesures assez basiques, approximatives. La précision
qu’apporte l’utilisation de la tige personnalisée UNiD est
inégalée. D’un point de vue mécanique, une tige cintrée
manuellement subit des à-coups, alors que le pré-cintrage
apporte un résultat bien plus homogène, plus uniforme,
ce qui implique moins de fragilisation du matériau et donc
une possibilité de correction bien meilleure. On peut
parler de mini-révolution dans la chirurgie du rachis !
Sur combien de temps va se dérouler cette étude ?
Sur quatre ans, avec deux années d’inclusion et deux
années de suivi avec un objectif de 350 patients. Cette
étude sera multi-centrique, avec la participation de 10 à 12
centres en France. C’est une étude en double aveugle, le
patient devra bien évidemment donner son consentement
à participer, mais il n’aura pas connaissance du type de
tige qui lui est implanté. On se contentera de lui dire qu’il
( i m ) p r o v e
existe deux méthodes, et que nous ne savons pas pour
l’instant quelle est la meilleure, mais si nous pensons que
la tige pré-cintrée est meilleure que la tige standard. Le
critère principal de jugement de l’étude sera un critère
radiologique, analysé par un comité indépendant. Il s’agit
d’une étude de haute qualité méthodologique, avec Xavier
Armoirie et Julien Bertillet, épidémiologistes et biostatisticiens qui sont vraiment performants et habitués à la
mise en place de ce type d’étude.C’est une belle aventure
humaine qui commence.
Votre agenda surchargé vous permettra d’y consacrer
tout de même du temps ?
Cela sera chronophage c’est certain, mais nous serons
aidés par des attachés de recherches cliniques qui nous
apporterons un soutien méthodologique, dans l’inclusion
des patients et des données notamment. Il s’agit d’un
projet qui me motive et me tient à cœur. Je m’intéresse à
l’équilibre sagittal depuis plus de 10 ans, j’ai passé ma thèse
avec Pierre Roussouly en 2004 sur l’équilibre sagittal, à
une époque où on en parlait peu. C’était un sujet réservé
à quelques centres spécialisés dans la déformation, ceux
qui faisaient des montages de T3 au sacrum. C’est donc
un sujet important pour moi, dans lequel je serais ravi
de pouvoir éventuellement contribuer à l’évolution des
connaissances à travers cette étude.
guest
STAR
“La précision
qu’apporte la tige
UNiD est
inégalée”
m a g a z i n e
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Guest-Star
Dr Richard Meyrat est neurochirurgien à Dallas, au Texas. Il est le directeur de la neurochirurgie au Methodist
Mansfield Medical Center et est certifié par l’American Board of Neurological Surgeons. Il a obtenu son diplôme de
médecine à l’Université du Texas Medical Branch à Galveston avec les honneurs, et a complété son internat en neurochirurgie
au Baylor College of Medicine à Houston, au Texas, comprenant une formation spécialisée dans le traitement des tumeurs
crâniennes et rachidiennes complexes au MD Anderson Cancer Center. Il a complété sa formation en chirurgie de la
colonne vertébrale au CHU de Bordeaux, France.
“Medicrea a une
belle histoire
à raconter :
comment
simplifier la
correction des
déformations”
Dr RICHARD meyrat
guest
STAR
Pouvez-vous nous dire quand et pourquoi vous
avez décidé de devenir chirurgien du rachis ?
Comme je voulais devenir neurochirurgien, je suis
allé en neurochirurgie. Vous êtes amené à traiter
de nombreux cas de chirurgie du rachis au cours
de cette formation. Au début, je m’y suis moins
intéressé car ce n’était pas ma spécialité, mais plus
j’ai travaillé sur le rachis, plus j’ai trouvé cette activité
très artistique. En fait, lorsque j’ai commencé mes
études de médecine, je voulais être chirurgien
plastique. Ainsi, plus je traitais de cas du rachis,
notamment des cas de déformation rachidienne,
plus je me rendais compte que les compétences et la
créativité requises étaient bien plus importantes que
ce que croyais au départ. Je suis ensuite allé étudier
à Bordeaux grâce à une bourse obtenue auprès du
professeur Jean-Charles Le Huec, qui m’a permis
d’améliorer mes connaissances sur le rachis. La
suite, vous la connaissez.
Qui sont vos patients ?
Mes patients souffrent généralement de douleurs
chroniques qui les empêchent de vivre normalement.
En tant que chirurgien du rachis, je pourrais
dire que je suis une sorte de docteur qui gère les
douleurs. J’aime à le penser. Je traite beaucoup de
traumatismes et de déformations, mais le plus gros
de mon travail consiste à soulager la douleur. C’est
ce qui rend la chirurgie du rachis si complexe : vous
tentez de réparer quelque chose relaté de façon
subjective par le patient. En tant que chirurgien, je
dois m’assurer que : 1) le cas est réel et 2) qu’il a un
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coût objectif. Ainsi, par exemple, la tâche d’autres
types de chirurgiens (cardiologues, spécialistes des
transplantations, voire neurochirurgiens) s’avère
plus facile, car ils ont généralement entre les mains
quelque chose de cassé. Les valves du cœur peuvent
poser problème, ou certaines artères être bouchées,
ou un rein peut mal fonctionner, ce qui implique
de pratiquer une transplantation. Qui dit cassé, dit
réparé. Vous traitez rarement quelque chose de
cassé dans le cas du rachis. C’est juste usé ; vous
devez vous poser la question suivante : « ce cas est-il
normal par rapport à l’âge du patient ou la douleur
est-elle due à autre chose ?» La chirurgie du rachis
est très complexe et nous avons encore beaucoup de
choses à apprendre.
Quelle relation entretenez-vous avez votre
équipe dans le bloc opératoire ?
J’apprécie beaucoup le travail en équipe. Je collabore
avec cinq neurochirurgiens et nous croyons
réellement en cette valeur. Nous avons créé une
sorte d’ambiance d’internes. En d’autres termes,
nous nous entraidons toujours, surtout dans les
cas complexes. Nous ne traitons pas ces cas de
manière isolée pour plusieurs raisons. D’abord,
nous considérons qu’il doit y avoir un copilote dans
le traitement de cas complexe. Il y en a toujours un
qui apprend, même chez les chirurgiens opérant
en clinique privée. Plus vous traiterez des cas
complexes, plus vous améliorerez votre travail de
chirurgien. C’est pourquoi nous traitons toujours
les cas importants ensemble ; cela nous rapproche
m a g a z i n e
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21
Guest-Star
Dr Richard Meyrat
également. L’équipe chirurgicale optimise
l’efficacité du processus chirurgical dans la
mesure du possible. Ce processus collectif est
très dynamique. Le patient constitue toujours
notre préoccupation majeure.
“Les réunions
sponsorisées
par l’industrie
sont positives,
car elles
présentent de
nouvelles
idées et
technologies”
22
motivant mutuellement. En fin de compte,
nous sommes devenus de véritables adeptes
de cette technique, que nous avons commencé
à enseigner aux autres membres du groupe.
Nous avons collaboré pour affiner nos
compétences.
De quelle manière poursuivez-vous votre
formation ?
C’est là une très bonne question. Comme
je l’ai déjà dit, le fait d’avoir des partenaires
permet d’apprendre les uns des autres. Il y
a toujours quelqu’un qui apprend quelque
chose de nouveau et qui est en mesure
d’inciter l’équipe à commencer à utiliser cette
technique. Je crois que c’est de loin la meilleure
manière d’apprendre de nouvelles méthodes
de traitement. Lorsque vous apprenez une
nouvelle technique, cela peut être terrifiant de
l’appliquer tout seul. Sans la mise en place d’un
tutorat efficace, il existe toujours des risques
de complications, de mauvais résultats et de
poursuites judiciaires potentielles.
Je pense qu’il est bénéfique d’assister à des
réunions d’associations professionnelles.
Les réunions sponsorisées par l’industrie
se révèlent positives, car elles présentent et
démontrent de nouvelles idées et technologies.
Les travaux de recherche remontent à 3 ou 4
ans lors de leur publication. Les informations
fournies ont donc tendance à ne pas être à jour.
Si vous souhaitez vous démarquer et réfléchir
à de nouveaux projets, vous devez entretenir
une relation interactive avec les entreprises et
savoir ce qu’elles ont à offrir.
Je vais vous donner un exemple : l’approche
intersomatique latérale directe. Je n’ai jamais
appris à mettre cette technique en œuvre en
tant qu’interne. Je savais que cette technique
existait, mais personne ne m’a appris à
l’appliquer. En fait, je l’ai apprise lorsque
Medtronic nous a envoyés, mon partenaire
et moi, en Oklahoma. Lorsque nous sommes
revenus au Texas, nous avons traité ensemble
les 25/30 premiers cas pour nous assurer
que nous respections bien l’ensemble des
directives et spécificités de cette procédure.
Nous avons appris ensemble à affiner notre
technique et à gagner en assurance en nous
Qu’est-ce qui constitue la réussite d’une
opération ? Quelle est votre meilleure
expérience ?
Ce qui est généralement drôle en chirurgie,
c’est que les chirurgiens se rappellent toujours
de leurs échecs avant leurs réussites, et je ne
déroge pas à la règle. Je me souviens très bien
de mes échecs. Ils vous accompagnent où
que vous alliez, même dans vos cauchemars.
Mais vous éprouvez une sensation gratifiante
lorsque vous songez à vos réussites.
À mon sens, une opération chirurgicale est
réussie lorsque je suis fier du résultat d’un
point de vue artistique. Cela doit se traduire
par d’excellents résultats pour le patient, ce qui
est bien sûr important, mais soyons honnêtes,
un chirurgien ne travaille pas uniquement pour
le patient. C’est un artisan que l’on peut tout
à fait comparer à un charpentier. Il y a donc
un facteur de satisfaction mutuelle. L’objectif
est d’obtenir un résultat satisfaisant pour soimême et pour le patient. Personnellement, je
considère que j’ai réussi lorsque j’ai atteint ces
deux objectifs.
J’ai eu dernièrement un cas de cervicales
avec une déformation complexe de la cage
thoracique. Le patient ne pouvait pas regarder
en l’air. J’ai utilisé plusieurs techniques
faisant intervenir des nouvelles technologies
(Surgimap/modèles de tiges UNiD sur mesure
et système PASS OCT). Le patient a obtenu
d’excellents résultats.
L’utilisation de la technologie proposée par
la plateforme UNiD sur mesure m’a permis
de lui fournir la correction la plus proche
de sa forme initiale. De plus, le système
proposé par Medicrea m’a permis de réduire
la déformation. Je n’aurais pas pu réaliser
une aussi bonne correction avec un système
de tête en tulipe. Ce qui rend la chose un peu
artistique, c’est que j’avais imaginé cette image
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m e d i c r e a
m a g a z i n e
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qui s’est bien concrétisée sur les clichés post-opératoires.
Maintenant, le patient a une apparence normale.
Comment le secteur médical et une société comme
Medicrea vous soutiennent-ils ?
Je considère que la formation est la meilleure chose. J’ai
l’impression que Medicrea a une belle histoire à raconter :
comment simplifier la correction des déformations. Elle
fournit déjà un soutien et des solutions exceptionnels pour
traiter les cas de déformation très complexes. J’ai toujours eu
envie de voir un plus grand nombre de chirurgiens utiliser ses
systèmes.
Quels défis devez-vous relever le plus souvent dans
l’exercice quotidien de votre profession ?
Je pense que l’homme moderne, surtout aux États-Unis, est
de plus en plus inactif et en surpoids, et qu’il n’est pas en
bonne forme. Un grand nombre de patients viennent me
voir en consultation pour des douleurs. Ces personnes sont
clairement en surpoids et ne pratiquent aucun sport. Elles
ne font pas ce qu’il faudrait pour être en bonne santé. Elles
ont une mauvaise alimentation et des problèmes de dos. J’ai
donc le sentiment que le plus grand défi tient à leur opération
et à leur bien-être, mais cela ne résout pas le problème de
base. Face à ce constat, je conseille à mes patients de perdre
du poids et d’avoir une activité physique. C’est un sujet très
sensible. J’ai été formé en France et aux États-Unis. En
France, les gens ont un mode de vie légèrement plus sain et
ont tendance à être plus actifs. Aux États-Unis, notamment
dans la région où je vis, les gens sont en général très sédentaires
et il est difficile de les inciter à changer leur mode de vie. C’est
frustrant pour un médecin parce qu’il sait que ses patients
se sentiraient beaucoup mieux s’ils avaient un meilleur mode
de vie. De plus, si vous faites allusion à la perte de poids, au
sport et/ou à l’arrêt du tabac avant l’opération, les patients
vont souvent consulter un autre chirurgien qui souhaitera
pratiquer l’opération, en dépit de ces habitudes.
Quelle est la meilleure innovation de ces 10 dernières
années ?
La technologie microscopique. C’est incroyable. Comme
pour le télescope Hubble avec des miroirs haute précision, le
microscope permet de voir à travers des canaux très réduits,
de 18 à 22 mm. La technologie de percement électrique a
également évolué pour fournir des outils très esthétiques.
Ceux dont nous disposions auparavant étaient très lourds et
parfois difficiles à manipuler. Maintenant, ils s’apparentent à
de petits stylos et sont angulaires. Vous pouvez réaliser une
très belle laminectomie à travers un tube grâce au microscope.
Il s’agit à mon sens d’inventions exceptionnelles.
( i m ) p r o v e
Comment envisagez-vous l’avenir et les avancées en
matière de chirurgie du rachis ?
La neuro-navigation est la clé de l’avenir, je n’ai aucun doute sur
ce point-là. Le système O-Arm représente une autre invention
exceptionnelle. Je crois que nous allons de moins en moins
utiliser les radiographies. Actuellement, le principal problème
tient à la sécurité du bloc opératoire. L’équipe chirurgicale
est exposée à des niveaux élevés de radiation. J’ai utilisé
un grand nombre de vis percutanées. Je pensais que c’était
mieux pour les patients. Néanmoins, même si ces vis sont
esthétiques et l’incision réduite, le patient et l’équipe du bloc
sont soumis en permanence à des radiations. La protection
contre les radiations devient de plus en plus préoccupante.
En chirurgie du rachis, il est nécessaire de s’aider des images
pour que l’O-Arm et la navigation stéréostatique continuent
à se développer et qu’ils soient plus précis. Je crois que ce
processus deviendra une norme en matière de soins. Je réalise
actuellement la quasi-totalité des vissages corticaux à l’aide
de l’O-Arm. Je peux naturellement faire sans, mais je peux de
cette manière atteindre la perfection en matière de sélection
de vis. J’utilise des vis ayant une longueur et un diamètre
idéaux, ce qui optimise systématiquement la résistance du
montage et réduit les niveaux de radiations.
Je souhaite voir des techniques de fusion intersomatique
appliquées sans radiation au fil de l’évolution de ce type de
technologie, qui sera constante à mon sens.
Je crois que la technologie latérale continuera à se développer
rapidement lorsque ces différentes approches seront
maîtrisées. Elle peut remplacer la méthode ALIF à presque
tous les niveaux. Les chirurgiens réfléchiront à ses approches
latérales en s’attaquant aux cas de déformation.
Que pensez-vous de la personnalisation en médecine et
des implants sur-mesure destinés aux patients ?
Les montages sur-mesure représentent incontestablement la
voie à suivre. Nous tentons de déterminer à ce jour les besoins
des patients et l’alignement de leur colonne vertébrale. Je crois
qu’avec le système O-Arm, Surgimap et UNiD, qui permet
au chirurgien de sélectionner une tige présentant la courbure
précisément adaptée à un patient donné avant l’opération,
nous allons obtenir de bien meilleurs montages et une nette
amélioration des résultats chez ces patients, car nous aurons
réalisé une correction plus proche de l’alignement naturel de
la colonne vertébrale.
m a g a z i n e
guest
STAR
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m e d i c r e a
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Inside Medicrea
INSIDE
medicreA
entretien. Résultat : j’ai été embauché. Je n’ai pas vraiment choisi le
domaine des implants chirurgicaux. C’est plutôt lui qui m’a choisi.
Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La société a-t-elle
changé depuis le début de votre collaboration ?
Début 2014, j’ai reçu un appel de Denys Sournac, présidentdirecteur général et cofondateur de Medicrea. Il m’a exposé
sa vision de l’activité internationale de la société lors de cette
conversation. Il va sans dire que j’ai intégré Medicrea juste après.
C’est vraiment encore tout récent pour moi, mais j’ai déjà observé
et même contribué à mettre en œuvre certains changements
dans la société. Nous disposons à présent d’une équipe
commerciale complète dédiée à l’export. J’ai également tiré parti
de mon expérience antérieure à l’international pour structurer et
rationaliser davantage une partie de nos processus. Notre société
se développe; nous devons donc évoluer de manière cohérente
pour suivre le rythme.
“Le travail d’équipe est la quintessence de l’unification.
Notre mission consiste à aider les employés à être plus
performants dans leur activité et pour la société”
Rodolphe Dagnaud
Medicrea VP International
Après des études en Angleterre
en économie, en marketing
stratégique et en langues,
Rodolphe Dagnaud commence
à travailler dans une start-up
franco-américaine spécialisée
dans l’internet mobile et la
commercialisation du premier
carnet
d’adresse
unifié.
Une première expérience
chez Spine Next en tant que
chef produit puis comme
responsable export Europe
et Amérique latine, lui ouvre
les portes de l’international
chez LDR Medical pendant
cinq ans avant d’être recruté
par Scient’x pour développer
les ventes sur la zone Europe
du Sud. En 2010, il prend la
direction commerciale Europe,
Moyen-Orient, Afrique au sein
de la division Spine & Biologics
chez Integra LifeSciences. Il
rejoint Medicrea en 2014.
24
Comment vous êtes-vous lancé dans la
distribution de dispositifs médicaux ? Vous
rappelez-vous votre premier gros contrat ?
Je travaillais dans les télécommunications avant de
découvrir le secteur des dispositifs médicaux en
2002. J’ai commencé directement dans le domaine
du rachis pour une petite société française, Spine
Next®, ultérieurement rachetée par Abbott®, puis
par Zimmer®. Au début, je ne savais même pas si je
pourrais supporter la vue du sang et du patient ouvert.
J’ai donc déjà relevé un premier défi personnel. J’ai
commencé comme chef de produit pour apprendre
les notions de base en passant un maximum de temps
au bloc opératoire. Puis, je suis devenu responsable
régional couvrant une zone composée de 15 pays.
Je me souviens encore du premier gros contrat que
j’ai décroché. Je travaillais à l’époque pour Scient’x®,
une autre société française spécialisée dans le rachis,
où l’un de nos distributeurs a passé la commande la
plus importante de toute son histoire. J’ai travaillé
avec leur équipe commerciale 6 mois durant pour
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
atteindre ce résultat. C’était vraiment gratifiant de
voir l’aboutissement de ce travail acharné.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans les implants
chirurgicaux, notamment dans le secteur
rachidien ?
C’est une opportunité qui s’est présentée à moi. J’ai
rencontré un chirurgien dans un magasin de guitares
à Bordeaux, ma ville natale. J’étais en train de tester
plusieurs guitares, tout comme lui. Nous avons
commencé à discuter et décidé de monter un groupe
de jazz avant même la fin de la conversation. Il se
produisait déjà avec un percussionniste. L’un de mes
amis était bassiste, tout a commencé comme ça. En
fait, tous les musiciens étaient chirurgiens, sauf moi,
dont un chirurgien du rachis, qui est toujours en
activité. Il collaborait à cette époque avec Spine Next
pour développer des implants et des instruments. J’ai
appris alors que la société recrutait un responsable
régional polyglotte pour diriger son activité en
Amérique latine. J’ai envoyé mon CV et passé un
m e d i c r e a
Quels sont les défis majeurs que l’on rencontre lorsqu’on
évolue sur les différents marchés ?
Depuis la crise économique de 2007/2008, tous les gouvernements
tentent de réduire les dépenses. Le secteur de la santé est l’un des
plus affectés. Nous sommes toujours confrontés à cette réalité
avec la diminution du prix des implants dans la quasi-totalité des
pays. L’environnement réglementaire est également en évolution
constante. Il est actuellement plus difficile et contraignant
d’enregistrer de nouveaux produits. Commercialiser un produit
était plus simple il y a quelques années. Alors bien sûr, pour les
petites entreprises, il peut être difficile de soutenir le développement
de produits, les investissements réglementaires et cliniques
nécessaires, lorsque vous prenez en compte les contraintes de
remboursement. On doit faire preuve de créativité et étudier les
modes les plus économiques de traitement des patients tout en
favorisant l’innovation. Heureusement, je crois que nous avons
toujours une longueur d’avance.
Quel est le plus grand changement de ces dernières années ?
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Il y a 10 ans, un distributeur devait travailler de manière vraiment
exclusive pour un fabricant. Ils nouaient des liens très forts.
Aujourd’hui, parallèlement à l’évolution du marché, cette relation
a changé. Un nombre croissant de distributeurs tentent de ne pas
dépendre entièrement d’un seul et même fabricant, ce que l’on
peut comprendre car le fabricant peut d’un jour à l’autre fusionner
ou être racheté par une autre société. La diversification constitue
la norme actuelle. Un distributeur conclura plusieurs contrats avec
plusieurs fabricants pour chacune de ses gammes. Les prévisions
portant sur le futur du secteur rachidien fusaient autrefois. Je me
rappelle d’une étude publiée en 2000, selon laquelle les techniques
de « non-fusion » représenteraient 90% du marché d’ici 2010, dix
( i m ) p r o v e
ans plus tard : la révolution n’a pas eu lieu. Je crois que des avancées
technologiques exceptionnelles sont réalisées aujourd’hui. Elles
peuvent avoir et auront un impact sur la chirurgie du rachis.
La régénération cellulaire en fait partie. La dégénérescence des
disques et les lésions neurologiques permanentes pourraient bien
un jour appartenir au passé. Une autre avancée est la médecine surmesure, domaine où Medicrea représente l’avenir.
Comment avoir une équipe commerciale soudée ? Comment
décririez-vous votre rôle de leader auprès de ses membres ?
Vous devez d’abord rester fidèle à vous-même pour souder les
autres. Je crois qu’il est essentiel d’avoir une relation vraie avec les
gens. Vous trouverez des milliers d’ouvrages qui vous apprendrons
à bien manager une équipe, mais je ne fais là que relater mon
humble expérience. Vous devez également ne pas vous considérer
comme indispensable en toutes circonstances et faire de la place
aux autres. Le travail d’équipe est la quintessence de l’unification.
Même en instaurant une structure hiérarchique, notre mission
consiste à aider les employés à être plus performants dans leur
activité et pour la société. Telle est la vision que j’ai de ma fonction
et selon laquelle je manage mes équipes depuis 12 ans dans
l’orthopédie.
Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées
sur les différents marchés ? Existe-t-il des divergences entre
les exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ?
On a les « adopteurs précoces », qui représentent le plus faible
pourcentage de la population, et sont à l’affût de toutes les
nouveautés, quelles qu’elles soient. Dans d’autres régions du monde,
l’innovation joue un rôle crucial dans leur culture. Un marché me
vient naturellement à l’esprit : les États-Unis, qui ont su investir
massivement dans l’innovation, car elle est fortement valorisée
dans ce pays. C’est également le cas en Europe. L’innovation est
largement acceptée sur la plupart des marchés. Sans oublier qu’elle
permet d’améliorer les conditions de vie du patient, mais il y a tout
de même des limites. Des barrières à l’entrée au marché existent:
la disponibilité, le coût, l’enregistrement, etc. En général, plus
le produit est innovant, plus les obstacles sont nombreux. Cela
implique qu’il est plus important de collaborer étroitement avec
les chirurgiens et de veiller à proposer les innovations adéquates.
Les chirurgiens sont les véritables pionniers du développement.
Considérez-vous comme nécessaire de disposer d’un
portefeuille complet de produits rachidiens ?
L’objectif est de disposer d’un portefeuille complet pour traiter
tous les différents types de pathologies rachidiennes, mais avec
une gamme de produits adaptée. Il est plus sensé pour une société
de notre envergure de disposer d’un portefeuille de produits
complémentaires et très polyvalents. Ainsi, nous pouvons nous
concentrer sur l’apport de véritables solutions innovantes pour le
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Inside Medicrea
INSIDE
medicreA
“Nous mettons tout en œuvre pour être
considérés comme des experts dans notre
secteur d’activité, plutôt que comme un
énième fabricant d’implants rachidiens ”
patient et d’outils faciles à utiliser pour le chirurgien, plutôt que de
conserver un nombre élevé de produits tout au long de leur cycle
de vie.
Vendre un produit conçu et fabriqué en France ?
C’est un facteur très important à mon sens, car il existe dans notre
pays une tradition en matière d’orthopédie. L’école française de
la chirurgie du rachis est actuellement reconnue. Ces 30 dernières
années, la France a intégré des techniques majeures et a fait
évoluer les implants grâce à des chirurgiens de grand renom. Il
s’agit là d’un héritage durable. Une société comme Medicrea peut
tirer parti de cette force pour se positionner comme leader de la
chirurgie du rachis.
Une entreprise peut ‘IMPROVE EVERY MOVE’?
Une entreprise est créée selon une vision particulière. Je crois que
chaque protagoniste doit partager cette vision et collaborer pour
la concrétiser. Chaque décision doit être conforme à l’éthique de
la société. En l’occurrence, cette vision consistait à fabriquer des
implants très innovants constituant des solutions uniques pour
les chirurgiens et les patients. Nous devons rester fidèles à ce
principe Nous ne tentons pas de ressembler à d’autres sociétés qui
proposent une longue liste de gadgets, au lieu de solution réelles.
Medicrea est très réactive comparée aux plus grandes sociétés
pour s’adapter aux exigences en évolution constante du marché.
Nous avons dernièrement investi dans de nouvelles technologies
de production qui nous permettront d’avancer avec encore plus
de flexibilité.
Quels sont vos principaux souhaits lorsque vous envisagez
l’avenir de votre société ?
Je crois que tous les collaborateurs ont le même souhait : voir
la stratégie de médecine sur-mesure mise en place par Medicrea
réussir. Les implants « patient-specific » que nous fabriquons
actuellement peuvent être utiles à des millions de personnes. Il est
sensé d’un point de vue économique et pour le bienfait du patient,
d’éviter la chirurgie de reprise. Au mieux nous comprendrons et
adapterons les implants aux besoins uniques de chaque patient,
au mieux nous nous rapprocherons de cet objectif. Je crois
sincèrement qu’il s’agit d’une avancée majeure dans le domaine des
26
( i m ) p r o v e
soins rachidiens. Participer à l’intégration d’innovations qui, à mon
sens, deviendront une référence dans le secteur, tout comme les
vis pédiculaires à leurs débuts, constituerait un accomplissement
majeur.
Comment une société peut-elle tirer parti de collaborer avec
des distributeurs au lieu de se positionner avec une force de
vente directe ?
La connaissance du marché et de l’environnement local est un
facteur essentiel, que vous traitiez directement ou via des réseaux
de distribution. Les distributeurs permettent immédiatement
d’acquérir des connaissances et de tisser des liens au niveau
local, alors qu’une société peut prendre du temps et engager des
frais en les développant directement. Chaque marché dispose
de ses propres méthodes de travail et structure de soins de
santé, sans oublier les nuances culturelles. Les prix, les exigences
réglementaires, les délais de passage en douane, les taxes sur les
importations, etc. varient tous, et cela même au sein de l’UE.
J’ai été impressionné par la réactivité de nos distributeurs sur
le terrain. Ils sont disponibles 24 heures/24 et 7 jours/7. Nous
pouvons leur faire confiance pour fournir des services d’excellente
qualité. Nos activités sont liées, tout comme nos avenirs respectifs.
Nous choisissons nos distributeurs avec beaucoup d’attention et
collaborons avec un grand nombre d’entre eux depuis plus de dix
ans.
Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme
un prestataire de services pour vos clients ?
Nous mettons tout en œuvre pour être considérés comme des
experts dans notre secteur d’activité, plutôt que comme un énième
fabricant d’implants rachidiens. Le soutien clinique est essentiel à
notre réussite et l’excellente qualité de nos services représente notre
marque de fabrique. Lorsque nous avons développé UNiD, nous
avons créé en parallèle un service spécial d’assistance technique.
L’équipe du UNiD Lab composée d’ingénieurs biomécaniques a
été mise en place pour superviser la planification, la production et
le suivi clinique de chaque tige sur-mesure implantée.
m a g a z i n e
faster
safer
better
DES IMPLANTS PRÊTS À L’EMPLOI
LIVRÉS SUR LEUR PRÉHENSEUR SINGLE USE
UNE GAMME D’INSTRUMENTS « 100% STERILE »
GARANTISSANT UNE PARFAITE TRACABILITÉ
DES DISPOSITIFS UTILISÉS
UN ABORD = DEUX SOLUTIONS
PERMETTANT DE TRAITER LES INDICATIONS
DE FUSION ET DE NON FUSION
INSIDE
medicreA
medicrea.com leading personalized spine
b y
m e d i c r e a
( IM ) PROV E
Distributeur
km séparaient nos deux petites sociétés. Lors du rachat de DePuy
par J&J, nous avons choisi de conserver la gamme de produits
rachidiens Medicrea. C’était une décision importante, mais nous
étions bien plus heureux de travailler avec Medicrea qui nous a
considérés comme des partenaires commerciaux, et non comme
de simples distributeurs. La raison pour laquelle je travaille
toujours avec Medicrea est simple : elle tient aux PERSONNES
qui font vivre cette société. 20 ans plus tard, nous partageons une
croissance commune.
parte
naire
Edwin Key
directeur
du
développement
commercial pour la société Medi-Care
Products depuis 4 ans. Il a managé son
équipe afin de faire de son entreprise
l’une des meilleures du secteur
médical, tant au niveau logistique
que distribution, de Malaisie. Il est
un ingénieur pleinement qualifié,
accrédité de IHEEM (Institute of
Healthcare Engineers) et a aidé à
construire, développer, tester et
Pourquoi vous êtes-vous d’abord lancé dans la
commissionner 38 nouveaux hôpitaux
distribution de dispositifs médicaux ?
en Malaisie (dans les systèmes de gaz
Mon père a crée la société Medi-Care Malaisie en
médicaux) sur une période de 16 ans.
1974. Je suis l’aîné et le seul fils de la famille. Dans la
culture chinoise, le fils aîné reprend généralement les
rênes de l’entreprise familiale. C’est donc ce que j’ai
fait ! J’ai commencé comme représentant commercial
dans le domaine orthopédique après avoir obtenu
mon diplôme en 1998. C’était très dur au début. Je
me suis lancé juste après la crise financière en Asie
du Sud-Est. Notre division orthopédie, mise en place
en 1995, avait à peine trouvé un équilibre financier.
Le premier gros contrat que j’ai signé, je l’ai obtenu
auprès d’un hôpital public de ma ville. Il m’a fallu un
an de travail acharné pour convaincre les chirurgiens
locaux de l’excellence de nos produits, identique
voire supérieure à ceux des marques établies, d’autant
plus que nous venions d’arriver sur le marché. J’ai
éprouvé une grande joie lorsque le chirurgien m’a dit:
« Edwin, j’ai un cas pour vous ». Je m’en souviens
encore. C’était une opération pratiquée suite à un
traumatisme avec une fracture vertébrale au niveau
T10.
“Ma première
expérience en
chirurgie de
déformations
m’a bouleversé.
Je me suis rendu
compte que je
pouvais combiner
mes connaissances
cliniques et
d’ingénieur”
28
Qu’est-ce qui vous a attiré dans les implants
chirurgicaux, et dans le secteur rachidien ?
J’adore les projets de construction. C’est pour ça
d’ailleurs que j’ai fait des études d’ingénieur. J’ai été
séduit dès que j’ai découvert le domaine orthopédique.
L’ingénieur qui est en moi était comblé, ce qui m’a
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
permis d’assouvir ma curiosité dans la discipline
chirurgicale. J’apprécie la chirurgie du rachis car
elle est en évolution constante. Je m’intéresse
particulièrement aux planifications et aux exigences
cliniques de la chirurgie de la scoliose. De plus, les
résultats obtenus sont spectaculaires et vraiment
visibles. Ma première expérience en chirurgie de
déformations m’a bouleversé. Je me suis rendu
compte que je pouvais combiner mes connaissances
cliniques et d’ingénieur. C’est d’abord la passion qui
m’anime.
Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La
société a-t-elle changé depuis le début de votre
collaboration ?
Medi-Care a été le premier distributeur de Johnson
& Johnson en Malaisie, mais ne proposait à l’époque
aucun produit rachidien (mais des produits pour
la hanche et le genou). Il nous fallait intégrer les
produits rachidiens à notre portefeuille de solutions
orthopédiques. Nous avons donc commencé en
1995 à travailler avec un très jeune fabricant français,
Medicrea. J’étudiais en Europe à la Queen’s University
de Belfast ; j’ai visité le siège de la société pour la
première fois une fois mon diplôme en poche. J’ai
suivi une formation d’une semaine animée par mon
mentor, Jean-Philippe Caffiero, qui est devenu par la
suite un excellent ami. Cette formation a constitué
une étape décisive dans ma carrière. La situation a
été difficile pour nous deux au départ. Plus de 8 000
m e d i c r e a
Quels grands défis avez-vous rencontrés lors du
développement de la distribution ?
Promouvoir notre marque est le défi numéro un en tant que
distributeur. Notre collaboration avec les chirurgiens repose
principalement sur les relations tissées au fil des années de travail
dans ce domaine et mon expérience sur le terrain. Mais rappeler
que nous sommes présents et être visible s’avèrent de plus en
plus crucial. Comme tous les produits ou sociétés, la gestion de
la marque est très importante, mais nous avons du retard dans
ce domaine. Nous sommes une société de petite taille et nos
ressources sont limitées. Nous devons donc traiter ce problème et
nous montrer plus innovants pour surmonter ces obstacles.
Considérez-vous que le marché national ait changé ces
dernières années ?
Le marché malaisien devient actuellement de plus en plus difficile.
Les fabricants occidentaux souhaitent se développer en Asie, ce qui
n’était pas du tout le cas il y a de cela 10/15 ans. Nous faisions le
travail de distribution pour eux. Ils ne s’adressaient pas directement
au marché, mais aujourd’hui ils sont tous en concurrence les uns
avec les autres pour augmenter leurs parts de marché. De plus, un
nombre croissant de fabricants locaux gagnent en importance sur
le marché. Leurs prix sont 30 % à 40 % inférieurs aux nôtres. Il
est presque impossible de leur faire concurrence. L’argument de la
qualité inférieure ne tiendra peut-être plus très longtemps. Je crois
que, dans quelques années, la différence de qualité sera négligeable
entre les produits fabriqués en Occident et ceux provenant
d’Asie. Nous devons réagir dès maintenant et nous montrer plus
innovants pour fournir des technologies plus performantes et
conserver ainsi nos parts de marché.
De quelle manière échangez-vous avec vos clients ? Comment
décririez-vous votre rôle de soutien auprès d’eux ?
Comme dans beaucoup de cultures asiatiques, nous accordons
beaucoup d’importance aux bonnes manières et à l’hospitalité.
99 % de nos clients sont des amis et sont aussi devenus ceux
de Medicrea. Telle est la culture que je tente de transmettre au
personnel : être le meilleur ami du client. Si vous êtes ami avec le
client, vous devez vous investir à 110 % en matière de service et de
soutien PARCE QU’il est votre ami. Être un très bon ami revient à
( i m ) p r o v e
être un représentant commercial performant. Cette méthodologie
a largement porté ses fruits dans la région et constitue l’un des
secrets de notre réussite.
Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées
dans votre région ? Existe-t-il des divergences entre les
exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ?
Historiquement, le marché malaisien a été très exposé aux
technologies médicales en raison d’un manque d’exigences
d’enregistrement (cela va bientôt changer), mais je ne sais
pas si cela a été positif ou négatif. Une certitude : ce marché a
traditionnellement accès à tous les types de produits et formations.
L’anglais est comme notre deuxième langue. Ainsi, pour répondre
à la question de savoir si l’innovation est très appréciée en
Malaisie : oui, c’est véritablement le cas. Mais, quant à savoir si
cela permet de se positionner, c’est une autre histoire. Tous les
produits sont évalués par rapport à bien d’autres produits. Il
est un peu plus difficile d’impressionner les clients dans cette
région. L’innovation est excellente mais, lorsque les produits sont
comparables, c’est le support fourni au client qui fait la différence.
Il existe probablement pour cette raison moins de différences
sur le marché, mais les divergences concernant les exigences des
chirurgiens sont naturellement toujours d’actualité... Comme pour
un mariage ! Nous devons traiter ce problème. La communication
joue donc un rôle crucial.
Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme
un prestataire de services ?
Je me considère davantage comme un prestataire de services, voire
comme un « fournisseur de solutions ». Le terme «solution» convient
le mieux à mon sens. Il inclut tous les aspects, lorsqu’un chirurgien
vous appelle pour vous dire qu’il a un cas à vous soumettre et qu’il
vous demande de prendre les mesures nécessaires. Nous ne nous
contentons pas de fournir le produit à l’hôpital. Nous veillons à
disposer de tous les éléments nécessaires pour le cas concerné,
ce qui implique de s’approvisionner en équipement extérieur, de
fournir un soutien clinique et parfois même de gérer le processus
de recouvrement pour le chirurgien exerçant dans le secteur
public. Vous êtes la solution à tous les problèmes. Les chirurgiens
avec lesquels je collabore sont mes amis et je suis ravi de toujours
faire plus pour eux. Si vous répondez aux besoins et aux souhaits
de vos clients, vous réussirez quel que soit votre secteur d’activité.
Un point, c’est tout.
m a g a z i n e
parte
naire
b y
m e d i c r e a
29
Distributeur
parte
naire
Niels van Vliet
a commencé à étudier à la fois aux
Pays-Bas et aux Etats-Unis (BBA et
MBA). Le 8 novembre 2007, il envoie
son premier e-mail à Medicrea,
demandant à devenir partenaire pour
le marché mexicain. Il vit au Mexique
et travaille chez BR Medical, une
entreprise active dans la distribution
et la commercialisation de produits
et services dans le domaine médical.
Travailler étroitement avec les
médecins et les hôpitaux lui a
offert peu à peu les connaissances
nécessaires
pour
comprendre
l’orthopédie et la colonne vertébrale.
“Notre société a
changé du tout
au tout lorsque
nous avons commencé la distribution pour Medicrea. Enfin, nous
pouvions traiter
toutes les indications et fournir
une véritable
innovation”
30
Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La
société a-t-elle changé depuis le début de votre
collaboration ?
Je peux vous donner la date exacte : c’était le 8
novembre 2007. C’est la première fois que j’ai
contacté Medicrea pour leur faire part de notre
intérêt à devenir leur distributeur. Nous venions
juste de nous rencontrer brièvement à l’Eurospine,
un événement organisé à Bruxelles cette année-là. Je
m’étais rendu sur le stand Medicrea parce qu’un des
chirurgiens avec lequel nous travaillions m’avait confié
avoir remarqué une technologie intéressante pour la
fusion cervicale. Le lendemain, je suis donc allé voir
l’implant en question, mais j’ai surtout remarqué le
système de vis pédiculaires Medicrea, dont je suis en
quelque sorte tombé amoureux. Notre système était
réellement obsolète à l’époque. Vous n’allez pas me
croire, mais pour les cas de scoliose, par exemple,
nous avions fini par recommander à nos médecins
d’utiliser un système concurrent parce que le nôtre
ne faisait pas l’affaire. Notre société a changé du tout
au tout lorsque nous avons commencé la distribution
pour Medicrea. Enfin, nous pouvions traiter toutes
les indications et fournir une véritable innovation.
L’image et la réputation de notre société ont changé,
ce qui a eu un impact très significatif. Auparavant,
nous soumettions nos offres aux chirurgiens
seulement du point de vue du coût, alors que nous
pouvons désormais avoir des échanges cliniques avec
les médecins.
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
Quels grands défis avez-vous rencontrés lors du
développement de la distribution ?
Eh bien, je pense que la conjoncture économique
et la structure globale du système de santé nous
ont mis en difficultés, notamment ces 2 dernières
années. Ce ne sont pas les seuls facteurs, mais les
grands défis à relever au Mexique. Un grand nombre
d’hôpitaux disposent d’un budget insuffisant pour
pratiquer autant d’opérations que nécessaire pour
un nombre élevé de patients, et seuls 50 % de la
population bénéficient d’une couverture médicale.
Sur ces 50 %, seuls environ 8 % souscrivent à une
assurance privée. En moyenne, l’investissement en
matière de soins de santé pour chaque patient est
inférieur à d’autres grands marchés latino-américains,
tels que l’Argentine, le Brésil et la Colombie. Le
Mexique dispose actuellement d’un «Seguro Popular»
(assurance maladie nationale), mais il couvre une
infime partie des soins et ne prend pas en charge les
implants rachidiens. Ma société a dû relever le défi
de trouver un moyen de mettre nos produits à la
disposition du grand public dans ce pays. Nous ne
pourrons jamais concurrencer les produits locaux
de qualité inférieure. Nous devons plutôt convaincre
le patient et l’État qu’investir dans du matériel
d’excellente qualité et qu’obtenir de meilleurs résultats
permettront de réaliser des économies à long terme.
Je dirais qu’il s’agit là du plus grand défi auquel nous
devons faire face actuellement.
m e d i c r e a
Le marché national a changé ces dernières années ? À votre
sens, quelles sont les perspectives d’évolution ?
D’importantes avancées ont été réalisées ces dernières années pour
étendre le Seguro Popular à d’autres couches de la population. La
deuxième étape consistera à généraliser cette extension, pour ainsi
dire. En 2012, les Mexicains ont élu un nouveau président qui s’est
engagé lors de sa campagne à doubler le budget de la santé publique.
Il n’a pas respecté cet engagement, mais l’on sait au moins que le
budget actuel est insuffisant. L’économie mexicaine est encore en
phase de développement, mais elle est considérée comme l’une
des plus importantes à l’avenir. Je crois que cette évolution se
traduira par une amélioration des services de santé publique et
un nombre croissant de souscripteurs d’assurances privées. Nous
avons également observé dernièrement une augmentation des cas
d’obésité au sein de la population mexicaine, ce qui peut constituer
un facteur de croissance pour les produits rachidiens, mais qui
peut s’avérer négatif pour améliorer le système de santé publique.
Nous avons commencé à prendre les mesures nécessaires pour
contrôler cette épidémie. « La Reforma », l’une des principales
avenues de Mexico, est régulièrement fermée pour permettre aux
vélos de circuler ; les publicités pour les sodas ont été bannies
du petit écran. Je crois qu’il existe une tendance générale de
sensibilisation de la population sur des thèmes de santé publique
et son financement au Mexique.
De quelle manière échangez-vous avec vos clients ? Comment
décririez-vous votre rôle de soutien auprès d’eux ?
Nous assistons toujours nos chirurgiens en bloc opératoire, cela
ne représente que de 4 à 5 opérations par mois et par chirurgien,
compte tenu du nombre limité de patients pouvant s’offrir un
traitement chirurgical. La plupart du temps, nous sommes avec
eux dans leur cabinet, lorsqu’ils sont en consultation avec leurs
patients. Nous disposons d’un groupe de médecins avec lesquels
nous avons établi un excellent rapport de confiance, et avec qui
nous pouvons vraiment discuter au cas par cas de la meilleure
combinaison de produits pour obtenir une solution optimale
avec les moyens mis à la disposition du patient. Nous apprécions
également de nous rendre avec eux à des congrès nationaux et
internationaux, de suivre des cours de formation et de visiter
des centres de référence. Il est essentiel pour nous de soutenir
la formation continue de nos médecins. J’apprécie également de
connaître personnellement les clients. Cette relation nous permet
de collaborer plus efficacement et d’obtenir les meilleurs résultats
chez les patients.
est placée très haute ; les médecins adorent concevoir et utiliser de
nouvelles technologies, notamment avec les fabricants européens.
Les contacts entre les marchés américain et mexicain sont déjà
nombreux ; il est donc intéressant de rechercher de nouveaux
partenaires. J’ai en tête un exemple récent qui illustre parfaitement
cette tendance dans le secteur rachidien. Un protocole a été
appliqué pour une nouvelle prothèse de disque cervical, fabriquée
en Europe, mais testée au Mexique. Cela démontre qu’il existe
un lien entre certains médecins et des entreprises européennes
pour stimuler l’innovation. Naturellement, cela n’est pas toujours
possible, notamment pour des raisons économiques. L’innovation
est généralement onéreuse, ce qui peut être un facteur technologique
favorisant la distorsion entre fabricants et chirurgiens.
Considérez-vous comme nécessaire de disposer d’un
portefeuille complet de produits rachidiens ?
Je crois que l’idée est de proposer à nos clients de collaborer
avec eux en faisant partie de leur équipe pour les aider à obtenir
de meilleurs résultats. C’est là le plus important. Voilà pourquoi
nous n’avons pas besoin de disposer de tous les implants que
les fabricants proposent sur le marché. Nous sommes persuadés
que les produits que nous fournissons seront innovants, faciles
à installer et aussi personnalisés que possible pour optimiser les
résultats chez les patients. Plus les résultats seront diversifiés dans
l’installation des différents produits, plus les probabilités d’obtenir
des résultats négatifs seront élevées.
Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme
un prestataire de services ?
Techniquement, nous sommes bien sûr des importateurs, mais
notre qualité de service est ce qui nous différencie en tant que
société auprès de nos médecins. Que pouvons-nous améliorer ?
Que vous faut-il pour obtenir de meilleurs résultats ? Qu’est-ce
qui peut vous aider à mieux travailler ? Il faut veiller à toujours être
ponctuel, à la mise à disposition d’un grand nombre d’implants
dans le bloc opératoire, etc. Il faut fournir d’excellents services,
avoir une idée précise des besoins du médecin et, si le médecin ne
demande que des vis et que nous savons qu’il va poser une longue
fixation, s’assurer de pouvoir proposer d’autres solutions (non
parce que le médecin l’a demandé, mais parce que le problème
se posera peut-être). Ce que je veux dire par là, c’est que notre
objectif est de fournir simultanément des produits innovants
et les meilleurs services possibles. Chaque opération que nous
pratiquons constitue un nouveau défi. Nous ne considérons rien
comme acquis et proposons une offre la plus complète possible.
Comment les technologies « innovantes » sont-elles acceptées
dans votre région ? Existe-t-il des divergences entre les
exigences des chirurgiens et les produits des fabricants ?
Au Mexique, du moins pour le secteur rachidien, distribuer des
produits innovants est primordial, héritage du Dr Luque. La barre
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m a g a z i n e
parte
naire
b y
m e d i c r e a
31
Inside Medicrea
en charge par notre système de santé, tout cela dans l’intérêt du
patient. Nous travaillons malgré tout sur un marché en croissance
chaque année, avec la possibilité d’opérer des patients de plus en
plus âgés, grâce à l’amélioration des techniques.
Comment imaginez-vous le futur ?
La relation de confiance qui existe ou doit exister entre le
chirurgien et le fabricant est au cœur de notre activité… et celle-ci
se développe à présent de plus en plus avec le personnel de santé
et l’environnement du chirurgien en général, dans les cliniques
privées et les hôpitaux. Pour faire simple c’est le service global que
l’on apporte qui fait la différence.
Il y a donc le produit et le service, c’est un tout. Je pense que le
service est très important car le chirurgien qui a confiance sait que
le service va suivre et donc qu’il peut se reposer totalement sur
toi. C’est un peu comme le pilote de l’Airbus A380 qui sait que
son chef de cabine a tout géré pour que le voyage se passe pour le
mieux pour les 400-500 passagers.
INSIDE
medicreA
“La relation de confiance qui existe
entre le chirurgien et le fabriquant
est au cœur de notre activité ”
Philippe Le Berre
Directeur des ventes
et marketing Medicrea
Passionné par les sciences,
Philippe Le Berre obtient
un DEA de Pharmacologie
et Toxicologie Moléculaire,
suivi d’un diplôme de gestion
des entreprises. Il rejoint le
groupe BioMérieux en 1993
où il évolue rapidement
d’un poste de technicocommercial, jusqu’au poste de
responsable grands comptes.
C’est en 2004 qu’il intègre le
monde du dispositif médical
et plus particulièrement de
l’orthopédie avant de rejoindre
Medicrea en 2011.
32
Comment avez-vous débuté dans le secteur
médical ?
Mon orientation vers le secteur médical est liée à
mon intérêt pour les sciences en général. C’est après
des études de biologie moléculaire et un master en
gestion des entreprises que j’intègre Biomérieux en
tant que technico-commercial en 1993, en biochimie.
Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter vers
les dispositifs médicaux implantables et plus
particulièrement le rachis ?
J’ai débuté dans le diagnostic chez Biomérieux où
j’ai occupé plusieurs postes. Puis j’ai été attiré par
quelque chose de nouveau qui faisait son apparition
au bloc opératoire : l’arthroplastie rachidienne. J’ai
été recruté par Synthes pour vendre les prothèses
cervicales et lombaires. Synthes m’a formé et j’ai
trouvé cette expérience très enrichissante. La notion
de proximité patient m’a plu, là j’étais au cœur de
la maladie, pour soigner. Cette ambiance bloc m’a
passionné. L’arthroplastie c’était très novateur. J’ai
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
appris le rachis durant 3 années. Après cette première
expérience, j’ai été chassé par Zimmer qui cherchait à
monter sa division rachis. J’ai vite eu la responsabilité
de la division et nous avons eu de belles réussites,
une belle croissance. C’est ensuite que ma route à
croisée Medicrea. Lors des entretiens, j’ai compris
que je partageais beaucoup de valeurs avec cette
entreprise ambitieuse et innovante. La vie, ce sont
des rencontres. J’attache beaucoup d’importance aux
hommes. Si vous ne travaillez pas en harmonie, cela
ne peut pas marcher.
Selon vous, quels sont les plus grands challenges
à affronter sur le marché français ?
En 2015, l’innovation seule n’est plus suffisante. Il faut
composer avec les nouvelles contraintes législatives,
réglementaires et économiques. Pourtant le marché –
le chirurgien - est toujours en recherche d’innovation.
Nous savons que l’innovation, la recherche coûtent
très cher. Il faut donc trouver l’implant qui soit
attendu par les chirurgiens et qui puisse être pris
m e d i c r e a
On a tendance à croire, à tort ou à raison, que les grands
laboratoires en termes de services ne sont pas très bons.
Les laboratoires américains ont une force importante car ils
ont opéré des regroupements de services et de structures, ils
présentent une offre plus globale dans les blocs opératoires. Plus
les cliniques et hôpitaux seront de taille importante, plus ils sont
incités à choisir une solution complète qui dépasse le cadre simple
du rachis. Nous restons compétitifs notamment grâce à notre
réactivité, en parvenant à coller à la réalité du besoin du chirurgien.
Nous savons faire des kits produits customisés, sur-mesure, on
peut ajouter des instruments, en enlever, en bref offrir plus de
services qu’ils ne le souhaitent. Nous devons conserver ce point
singulier.
Comment parvenez-vous à garder une équipe unifiée ?
Comment décrirais-tu ton rôle de manager ?
On gère une équipe de vente comme on gère une équipe de sport
de haut niveau. L’entraineur d’une équipe est là pour défendre les
intérêts communs et c’est l’image d’une équipe qui gagne et non
une seule personne.
Existe-t-il souvent des écarts entre ce que les chirurgiens
veulent et ce que le laboratoire offre ?
Les chirurgiens ont beaucoup d’idées. Il y a l’innovation parce
qu’ils ont envie que la chirurgie aille plus vite, qu’elle soit plus
sûre, qu’ils puissent opérer plus, que le patient soit mieux soigné. Il
faut toujours trouver l’adéquation entre le bénéfice pour le patient,
pour le chirurgien et pour la société. Mais globalement, souvent ce
qu’ils reprochent aussi aux sociétés, américaines notamment, c’est
que les implants sont le fait de l’ingénieur et non pas des « gens
de terrain », souvent l’implant est pensé et marche en théorie sur
( i m ) p r o v e
des techniques de faisabilité, mais c’est de la théorie. En chirurgie
on oublie que le patient est allongé sur la table, qu’il y a des
saignements, qu’il y a des tissus, des nerfs, c’est surtout là où se joue
l’écart. Les chirurgiens aiment bien que les labos s’investissent, que
des gens du marketing, de la R&D soient proches d’eux, et parlent
le même langage qu’eux. Nous avons des chirurgiens partenaires
depuis le début, nous nous sommes attachés en France à muscler
et à consolider ces partenariats avec de jeunes chirurgiens, et pour
moi c’est important qu’il y ait cette interaction qui se développe.
Régulièrement, des chirurgiens viennent visiter notre siège et
sont en contact avec le directeur de la R&D pour qu’ils puissent
échanger. On constitue aussi des groupes de travail sur des projets
bien spécifiques de cas, 6 chirurgiens, sur lesquels ils avancent et
qu’on ne perde pas ces possibilités d’innovation et d’amélioration.
Notre force actuelle est cette proximité que l’on a avec les
chirurgiens, il ne faut en aucun cas la perdre.
Pourquoi pensez-vous qu’il est indispensable de proposer
un portefeuille complet de produits dédiés rachis (répondant
au maximum de pathologies) ?
Je ne sais pas s’il faut proposer un portefeuille complet, c’est une
image que l’on propose. Après on peut être très bien générique
sur certains produits et être innovants sur d’autres. Le PASS LP et
ses spécificités c’est une force pour Medicrea de pouvoir présenter
des produits différenciateurs. Si on fait la même chose que tous les
autres c’est moins attractif. Quand tu as été formé par une grosse
boîte américaine ou suisse, la référence c’est le top-loading, et en
fait, on se rend compte que ce n’est pas parce que c’est la référence
historique que cela soigne mieux !
Vous considèrez-vous comme un fournisseur pur ou un
fournisseur de services pour les clients ?
Nous vendons des implants. Mais cette vente n’est possible que
si nous nous intéressons à la demande du client, l’analysons et
comprenons son besoin pour répondre au mieux à ses attentes
tout en se différenciant des autres. Comme on disait, apporter un
système top loading pour être 10ème ou 15ème sur le marché… ce
n’est pas ce qui nous intéresse. Pouvoir développer un partenariat
durable est primordial. Nous vendons des implants et en aval il ne
faut pas oublier que ça pourrait être quelqu’un de votre famille sur
la table et donc il faut proposer le meilleur service avec le meilleur
implant. Toutes les personnes de l’équipe sont éduquées, formées
pour savoir, gérer et aider le chirurgien sur une scoliose.
m a g a z i n e
INSIDE
medicreA
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m e d i c r e a
33
Modèle
médical
du
siècle
Médecine personnalisée
Pour le grand public, la médecine
personnalisée peut apparaître comme
exotique et abstraite, tel un idéal
futuriste, alors que le principe de
base existe depuis des millénaires.
Il a été introduit à maintes reprises
dans diverses disciplines médicales
ou paramédicales, allant des produits
pharmaceutiques aux prothèses de
hanche en passant par les compléments
alimentaires. Ces dernières décennies,
les avancées scientifiques visant à mieux
comprendre l’être humain, notamment
en matière de génie génétique, sont
à l’origine d’un changement radical
dans la manière de traiter la maladie,
mais également en amont dans la
façon d’analyser la pathologie dans son
ensemble en privilégiant la prévention
au traitement. Il semble plus naturel de
vouloir préserver un état de santé plutôt
que de le restaurer, mais ce n’est pas
une tâche aisée. En effet, un très grand
nombre de facteurs environnementaux
peuvent avoir des répercussions
sur la santé faisant ainsi obstacle à
l’homéostasie naturelle.
DOSSIER
SPECIAL
De nombreuses contributions significatives
à la médecine moderne et relatives à la
médecine sur mesure en particulier sont
considérées comme acquises quasiment
aussi rapidement qu’elles sont découvertes.
En 1907, un médecin new-yorkais, Reuben
Ottenberg, a mis au point un test de
compatibilité sanguine permettant d’établir
la compatibilité optimale entre les patients et
les donneurs dans le cadre de transfusions.
Bien entendu, le groupe sanguin du patient
joue un rôle crucial dans la réussite d’un tel
traitement. Aujourd’hui, personne n’oserait
remettre en question ce concept tant il a été
adopté dans la pratique de manière rapide et
à grande échelle. La science reconnaît plus
que jamais la complexité du corps humain et
l’impact de la constitution génétique unique
d’un individu sur ses fonctions biologiques,
anatomiques, ainsi que sur sa prédisposition
à contracter une maladie ou encore à réagir
à certains traitements. Lorsque le rôle de
l’environnement, des choix de vie sociaux et
culturels, tels que l’alimentation et le sport,
sont pris en compte, plus aucune fatalité
scientifique ne subsiste. Reste à comprendre
les interactions complexes de ces facteurs
environnementaux et socio-culturels et d’en
déduire des solutions thérapeutiques tels
que de nouveaux produits et services afin
d’améliorer la qualité de vie du patient.
En définitive, l’objectif d’approcher la
médecine du point de vue du patient
n’a pas changé depuis l’Antiquité, voici
plus de 2 000 ans, époque où le médecin
grec Hippocrate stipulait, qu’il était plus
important de savoir quel type d’individu
avait une maladie plutôt que de savoir quel
type de maladie avait un individu. Avec
une telle vision, il n’est pas surprenant qu’il
soit considéré comme le fondateur de la
médecine occidentale et qu’il continue à
être honoré à travers le serment éponyme
que les médecins du monde entier prêtent
encore aujourd’hui.
médecine
personalisée
par Jamie Page
customisation
de la santé
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m e d i c r e a
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Médecine personnalisée
DOSSIER
SPECIAL
“la médecine du point de vue du patient
n’a pas changé depuis l’Antiquité,
époque où Hippocrate stipulait
qu’il était plus important de savoir
quel type d’individu avait une maladie
plutôt que de savoir quel type
de maladie avait un individu”
La médecine personnalisée est une quête perpétuelle de la
combinaison idéale diagnostic/traitement, ou autrement
dit, selon les termes de l’Union européenne, la médecine
personnalisée consiste à « administrer le bon traitement au
bon patient, à la bonne dose et au bon moment ». Beaucoup
d’institutions ont leurs propres définitions de la médecine
personnalisée. L’association médicale américaine définit la
médecine personnalisée comme « des soins de santé adaptés en
fonction des données cliniques, génétiques et environnementales
du patient ». Ce concept est quasiment aussi personnel et varié
que les réalisations potentielles qui en découlent. Sa définition
réelle peut être considérée dans un sens bien plus général ou,
inversement, dans un sens bien plus restreint, selon la personne
à qui l’on pose la question et ses principaux intérêts. La médecine
personnalisée évoque des choses différentes en fonction des
personnes. Quoi qu’il en soit, chacun semble vouloir bénéficier
d’une médecine sur mesure, et ce à juste titre.
A travers ses applications qui en découlent, la médecine
personnalisée est un vaste domaine, potentiellement rémunérateur
pour les acteurs industriels qui y trouveraient une place. Selon
les estimations proposées par PricewaterhouseCoopers, ce vaste
marché, portant sur des produits aussi divers que des solutions
diagnostics, des implants chirurgicaux ou encore des services
nutritionnels personnels, s’élève à plus de 344 milliards de dollars
en 2015. Cependant pour comprendre et maitriser les facteurs
complexes et interdépendants qui tissent cette toile, il est avant
tout chose nécessaire de réaliser des investissement massifs dans
la recherche pour réaliser de véritables avancées et autant pour
démontrer l’efficacité et la fiabilité des solutions thérapeutiques
- pharmaceutiques ou technologiques - développées.
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( i m ) p r o v e
Alors qu’il semble évident qu’un individu ne se résume pas à
ses symptômes, il existe en médecine une tendance historique
à traiter les symptômes sans tenir compte de la complexité de
l’individu dans son ensemble. Ce phénomène est peut-être lié
à la perception de la maladie dans la médecine contemporaine
et à son système de classification. Le diagnostic repose
principalement sur un processus limité sans intégrer d’autres
indicateurs qui désigne un problème ou d’autres anomalies qui
pourraient provoquer un problème. Phénomène d’autant plus
étrange que les médecins et les chercheurs ont connaissance
des marqueurs anatomiques et physiologiques pertinents, et
qu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils n’en découvrent d’autres
pour enrichir leur capacité d’analyse : ce sont des méthodes
quantifiables et fiables permettant, entre autres, de signaler une
pathologie préclinique et d’anticiper la réponse à l’intervention
thérapeutique.
Ces dernières années, la sophistication de la médecine sur-mesure
est essentiellement liée aux avancées scientifiques rendues
possibles grâce aux logiciels et technologies de calcul modernes,
notamment l’analyse de big data. En substance, l’analyse de
données massives, domaine complexe de l’informatique, permet
de dégager des tendances dans de grands ensembles. Toutefois,
dans le contexte de la protection des données personnelles, il
s’agit d’un sujet controversé possédant une connotation négative
quand il est associé, par exemple, au marketing personnalisé
et aux efforts de promotion basés sur les habitudes de
consommation d’un individu. Les informations et préférences
personnelles laissées sur la toile durant la navigation ou sur les
réseaux sociaux peuvent entraîner des sollicitations indésirables
contre lesquelles tout un chacun se protège naturellement. Tout
internaute fait de grands efforts pour préserver et protéger
ses données personnelles… parfois en vain. Toutefois, pour
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m e d i c r e a
la communauté médicale, l’exploration des dossiers médicaux
électroniques serait une belle opportunité et un vecteur clé pour
l’identification et de la compréhension des facteurs multiples
agissant sur l’état de santé global d’un individu.
Cette opportunité que représente la mise à disposition des
dossiers médicaux électroniques a été permise et protégée
juridiquement notamment par la Cour suprême des États-Unis.
En 2011, une décision concernant Sorrell v. IMS Health, Inc.
stipule que les pharmacies peuvent échanger des informations
avec des sociétés externes. Cette décision a permis de justifier
l’élaboration de plusieurs lois visant à lancer et soutenir
l’utilisation des dossiers médicaux électroniques, notamment
ceux régis par la loi sur les technologies d’information médicale
à des fins de santé économique et clinique (Health Information
Technology for Economic and Clinical Health, HITECH).
Cette loi, votée aux États-Unis en 2009, a ouvert la voie à
l’exploration des données médicales. Depuis son approbation,
l’exhaustivité et la facilité de transmission des dossiers
médicaux électroniques vers des banques de données médicales
anonymes a permis de fournir une source importante pour
l’analyse de données médicales et l’exploration de ces données.
Les paramètres biologiques collectés provenant des banques
de dossiers médicaux électroniques ne sont cependant pas le
seul moyen de faire progresser la médecine sur-mesure. Des
progrès ont naturellement été faits, avant même l’avènement du
big data et de ses moyens d’analyse. La recherche scientifique
et médicale demeure le socle sur lequel les progrès médicaux
se font. Un traitement n’a jamais été appliqué au hasard à un
patient. Il résulte toujours de décennies de recherche découlant
sur la méthodologie permettant de délivrer les soins appropriés.
Avec des dizaines de milliers de publications médicales produites
chaque année, il est à noter qu’il y a toujours eu un accent mis
sur l’amélioration des soins et sur la capacité à delivrer les bons
soins, au bon patient, au bon moment.
La médecine personnalisée va continuer à transformer la
pratique de la médecine en commençant par la customisation du
traitement et en avançant vers l’amélioration de la prévention.
Dans ce contexte le rôle du fabricant de solution thérapeutique
change nécessairement. Les entreprises les plus avant-gardistes
sont celles qui voient au-delà de leur champ d’action actuel en
tant que fournisseur pour devenir un véritable partenaire dans
la recherche des produits et services qui seront adaptés aux
soins personnalisés de chaque patient. Ensemble, l’industrie
et les professionnels de santé seront en mesure de définir une
stratégie rationnelle de traitement qui produira de meilleurs
taux de succès clinique et une satisfaction des patients plus
grande, grâce à une meilleure compréhension du patient et des
facteurs qui contribuent à leur état. Une stratégie de traitement
rationalisé signifiant la réduction du temps d’application et du
coût engagé par le patient.
En étudiant le domaine des implants chirurgicaux
orthopédiques, il apparaît assez clairement que les traitements
actuels bénéficieraient d’une approche diagnostic personnalisée
approfondie. Certains résultats cliniques non satisfaisant
peuvent être le résultat direct d’un dimensionnement et /
ou d’un placement inappropriée du dispositif prothétique
qui peuvent conduire à échec thérapeutique nécessitant une
chirurgie de révision. Ce constat, décourageant pour le patient
et le chirurgien sur le plan intellectuel, l ‘est également sur le
plan économique si l’on considère les coûts associés à ce type
de chirurgie. Aux Etats-Unis par exemple, une intervention
“la sophistication
de la médecine sur-mesure
est essentiellement liée
aux avancées
scientifiques rendues
possibles à l’analyse
de big data”
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Médecine personnalisée
DOSSIER
SPECIAL
de révision pour le traitement des déformations de la colonne
vertébrale a été évaluée, en moyenne, à plus de $ 80 000 USD.
Les paramètres uniques de l’appareil musculo-squelettique d’un
individu ont un impact évident sur le résultat clinique et affectent
directement la qualité de vie d’une personne opérée. Un individu
qui peut se tenir debout et marcher sans difficulté se sentira
mieux qu’une personne dont la mobilité est réduite. Gardant ce
postulat simple à l’esprit, exploiter toutes les ressources cliniques
et technologiques disponibles afin d’appliquer directement le
bon traitement est primordial – et pour ce faire une stratégie de
traitement personnalisé est essentielle.
Certains domaines de la chirurgie orthopédique ont déjà largement
profité des avancées de la médecine personnalisée. Plusieurs
technologies chirurgicales «sur-mesure» sont couramment utilisées
et certaines sont petit à petit en train de prendre une place
important dans la pratique courante notamment dans le domaine
des arthroplasties totales. Les techniques d’imagerie avancées sont
en effet utilisées pour concevoir et fabriquer des instrumentations
sur mesure permettant le placement optimal de l’implant ; ledit
placement étant un facteur clé du succès chirurgical. Dans le
domaine de la chirurgie rachidienne des techniques de navigation
ont été développées ces dernières décennies afin d’assister les
chirurgiens lors de leurs visées pédiculaires. Ces premières
approches de personnalisation du traitement visaient à fiabiliser le
geste opératoire en tenant compte de l’anatomie précise du patient.
Toujours dans le domaine de la chirurgie rachidienne, des
avancées considérables ont été faites dans la compréhension de
l’équilibre sagittal et des déformations de la colonne touchant
la population pédiatrique d’une part et adulte d’autre part. La
majorité des scolioses juvéniles sont dites idiopathiques, ce qui, par
définition, signifie que l’origine de la déformation est inconnue.
Cependant, depuis la formulation des types de classification, de
nombreux progrès ont été faits pour déterminer qui souffrait
de cette pathologie et pourquoi. Les médecins peuvent prédire
avec quelques certitudes quelles sortes de courbures rachidiennes
évolueront en fonction de paramètres patients. Très récemment,
des recherches menées sur le modèle Zebrafish fournissent des
informations essentielles pour expliquer de nouvelles origines
moléculaires des maladies idiopathiques et congénitales et les liens
génétiques entre ces deux formes. Grâce à ces progrès diagnostiques
il devient imaginable d’adapter le traitement chirurgical au patient.
Cependant malgré ces avancées spectaculaires de la recherche,
aucun dispositif spécialement conçu et fabriqué de manière
spécifique et personnalisée n’avait été implanté. Comprenant
l’intérêt de s’engager dans ce processus complexe mêlant la
recherche et développement, le clinique à l’industriels et à la
logistique, Medicrea a décidé de s’engager dans une démarche
nouvelle : celle de proposer des implants conçus et fabriqués
pour chaque patient. Exploitant les connaissances scientifiques
sur l’équilibre sagittal, la compréhension des déformations de la
colonne, les progrès de l’imagerie, les capacités accrues d’analyse
de chaque patient et l’avènement des nouvelles technologies de
fabrication à partir de fichiers numériques, Medicrea est devenu
précurseur dans le domaine des implants sur mesure destinés au
traitement de la colonne vertébrale en proposant dans un premier
temps la technologie UNiD. La première tige «patient spécifique»
a été implantée avec succès en septembre 2013 à Lyon, France,
par le Docteur Vincent Fière. Depuis, plus de 200 chirurgies ont
été réalisées utilisant cette stratégie de traitement personnalisée et
impliquant la production d’implants sur mesure. Avec le projet
UNiD, c’est un rêve qui est devenu réalité et un grand pas vers la
médecine personnalisée s’est concrétisé.
Toutes les ressources de Medicrea sont mobilisées afin de fabriquer
des tiges sur-mesure en amont de la chirurgie, conformes à la
pratique chirurgicale du chirurgien, s’inscrivant dans la planification
du traitement, et le tout acheminé en quelques jours seulement au
bloc opératoire.
“Medicrea est devenu précurseur dans le
domaine des implants sur-mesure
destinés au traitement de la colonne
vertébrale en proposant dans
un premier temps la technologie UNiD.”
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La médecine personnalisée avait clairement un rôle à jouer
dans la chirurgie du rachis, dès lors que les chirurgiens ont
commencé à adapter eux-mêmes le profil sagittal des tiges ;
mais, aucun fabriquant n’avait apporter son savoir faire pour
accompagner cette tendance. L’expertise de Medicrea pour
proposer des solutions innovantes dans le traitement des
pathologies rachidiennes complexes, lui a permis de devenir le
premier fabricant acteur dans ce domaine. Jusqu’à ce jour, les
chirurgiens devaient cintrer la tige en per-opératoire sans outils
adéquates pour prédire l’efficacité de leurs gestes.
Alors que l’analyse de l’alignement spino-pelvien a été initiée
voici plus de 30 ans, l’impact clinique de ces paramètres n’est
évoqué que depuis quelques années grâce aux recherches visant
à étudier la relation entre les instruments QLVS (Qualité de
vie liée à la santé) et les mesures radiographiques. D’un point
( i m ) p r o v e
de vue pragmatique, il a été prouvé que 80 % des patients
présentant une lordose avec une incidence pelvienne de 10°
obtiennent un alignement spino-pelvien global acceptable et par
conséquent de meilleurs résultats cliniques. UNiD concrétise
cette recherche en fournissant un tuteur implantable, conçu et
fabriqué pour un patient donné et s’inscrivant dans le plan de
traitement propre au chirurgien.
Medicrea se positionne en précurseur dans ce domaine
partageant son savoir faire et son support dans les domaines
technique, clinique et logistique. Elle accompagne les
chirurgiens dans leur stratégie de traitement personnalisé de
chaque patient et en donnant accès à ces nouvelles technologies
qui deviendront rapidement incontournables.
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DOSSIER
SPECIAL
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Guest-Star
Themistocle Protopsaltis est un chirurgien du rachis et professeur adjoint du service de chirurgie orthopédique
au NYU Langone Medical Center à New York. Il est membre de l’International Spine Study Group, composé de grands
médecins de plusieurs centres universitaires qui étudient la chirurgie de déformation cervicale et thoraco-lombaire. Il est
également membre de l’American Academy of Orthopaedic Surgeons, de la Cervical Spine Research Society ainsi que de
la Scoliosis Research Society.
Dr Themi Protopsaltis
guest
STAR
“Utiliser une cage sur-mesure imprimée
en 3D implique que vous pouvez en
optimiser l’empreinte pour l’adapter
aux vertèbres”
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Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez décidé de
devenir chirurgien du rachis ?
Croyez-le ou non, j’ai toujours su que je serais chirurgien
et que ma spécialité aurait un lien avec le système nerveux.
J’avais déjà une petite idée, mais j’ignorais qu’il s’agirait de la
chirurgie du rachis. L’idée a fait son chemin. Au final, plus on
se forme et plus on se spécialise, plus on parvient à réaliser
son objectif. J’ai toujours voulu améliorer la vie des gens.
Nombreuses sont les disciplines médicales qui y tendent,
et à mon sens, encore plus la chirurgie orthopédique et du
rachis. C’est ainsi que je me suis lancé ; cette chirurgie repose
sur la capacité des praticiens à améliorer certaines fonctions
de leurs patients et leur permettre d’avoir de meilleures
conditions de vie. C’est ce côté-là qui m’a vraiment séduit.
De plus, je m’intéresse beaucoup à l’aspect neurologique
qu’il y a derrière, en étudiant les problèmes nerveux et en
posant un diagnostic approprié.
Qui sont vos patients ?
Mes patients sont très diversifiés. Je peux recevoir un jeune
enfant atteint d’une déformation ou d’une anomalie cervicale
susceptible de provoquer une compression nerveuse, ou
un patient plus âgé qui présente une déformation plus
importante du rachis, qui est courbé, qui se penche vers
l’avant, qui ne peut pas se tenir droit, voire qui ne peut pas
bien marcher. Il peut s’agir d’un médecin, avocat, électricien
ou ouvrier, qui vient en consultation pour un nerf coincé au
niveau du cou ou du bas du dos, ce qui l’empêche de vaquer
normalement à ses occupations quotidiennes. J’ai donc un
éventail complet de patients, du plus invalide au plus âgé,
ainsi que toutes autres personnes se trouvant entre les deux.
Ils sont tous très différents, ce qui rend mon métier très
intéressant. Je vois donc défiler l’humanité.
Quel type de relation entretenez-vous avec eux ?
Je crois que la relation entre le praticien et le patient est
très spéciale, c’est l’un des aspects de mon métier que
j’apprécie le plus. C’est comme si on tissait un nouveau lien
( i m ) p r o v e
pour la vie, car on se rencontre, une alchimie se produit, on
diagnostique et tente de soigner sans opérer. Au final, si le
traitement ne donne aucun résultat et qu’il faut recourir à la
chirurgie, alors c’est l’une des choses les plus intimes qu’un
chirurgien puisse faire, à savoir opérer le patient et tenter de
l’aider à se sentir mieux. Une période de convalescence et de
rééducation vient après ; il faut également soutenir le patient
à ce moment-là. Cette période est un peu difficile pour lui
mais, lorsqu’il commence à aller mieux, son état ne cesse
de s’améliorer, et ce pour la vie. Il devra peut-être recevoir
entre temps une autre intervention s’il développe un autre
problème à un autre endroit. C’est donc une relation durable
qui s’instaure, presque un lien familial. Je continue à voir des
patients que j’ai commencé à soigner la première année où
j’ai exercé. Si l’on est bienveillant avec les patients et que
l’on entretient cette relation spéciale, ils viendront nous voir
spontanément lorsqu’ils auront un problème, où que l’on
soit, afin qu’on puisse le traiter et le résoudre.
Qu’en est-il de la relation avec votre équipe et du travail
en équipe dans le bloc opératoire ?
C’est vraiment un travail d’équipe. Rien ne remplace
une équipe unie. Vous pouvez l’observer dans la vie en
général, dans la vie de l’entreprise ou dans les compétitions
sportives. Une équipe fonctionnant à merveille où chacun
soutient l’autre et joue bien son rôle est plus performante
qu’une équipe d’élite montée pour la toute première fois. Si
chacun connaît son rôle, qu’il remplit bien sa mission et qu’il
comprend que le but ultime est d’aider le patient à se sentir
mieux, on finit alors par obtenir les meilleurs résultats. Le
travail d’équipe commence dès le début, lorsque le patient
appelle pour prendre rendez-vous, cela va de l’infirmier
praticien qui va évaluer et diagnostiquer le problème et
traiter le patient, au personnel du bloc opératoire : infirmier,
anesthésiste, circulante, technicien ou agent d’entretien.
Chacun joue son rôle de manière appropriée et efficace ; à
partir de ce moment-là, les meilleurs soins sont prodigués
au patient.
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Guest-Star
Dr Themi Protopsaltis
De quelle manière poursuivez-vous votre formation ?
Mes patients représentent le meilleur mode de formation.
Et lorsque je dis cela, c’est avec une grande importance.
J’effectue de nombreuses recherches et questionne
beaucoup mes patients. Ils remplissent des questionnaires,
qui nous permettent d’évaluer leurs résultats par rapport
à leurs homologues présentant un problème similaire. Je
consulte donc systématiquement leurs résultats, avant et
après l’opération, et je les compare avec ceux des autres
patients présentant un problème similaire. Je regroupe
ensuite toutes ces données. Nous avons un comité
institutionnel qui nous autorise à mener des études avec
plusieurs chirurgiens de notre établissement et à collaborer
avec d’autres établissements pour étudier, par exemple, les
déformations rachidiennes chez les adultes dans 12 centres
aux États-Unis. Nous consultons les données que nous
regroupons et mettons en place un classement, pour savoir
qui a obtenu de bons ou mauvais résultats, et pourquoi.
C’est là la meilleure formation, car nous réalisons toujours
une sorte d’évaluation interne, vérifions les points forts et
les points faibles et présentons nos travaux à nos confrères
dans la discipline concernée, lors des congrès nationaux
et internationaux, où les données et les techniques sont
examinées, au même titre que l’objectif de ces travaux.
Il s’agit d’un autre niveau d’évaluation et de formation.
C’est le seul moyen de s’améliorer et d’innover en matière
de traitement des patients. Nous pratiquons les mêmes
activités depuis de nombreuses années, mais certaines sont
entièrement nouvelles cette année. Nous mettons toujours
tout en œuvre pour déterminer les meilleures procédures
pour nos patients.
Qu’est-ce qui fait la réussite d’une opération ?
Une opération est réussie lorsqu’on est à l’écoute du
patient et que l’on est vraiment sensible à son problème
pour le diagnostiquer et le traiter. Divers problèmes
ou pathologies peuvent exister. Il peut souffrir d’une
déformation ou d’une compression nerveuse, voire être
incapable de marcher ou de tenir en équilibre. Beaucoup
de choses peuvent se passer, mais une opération réussie
permet de bien traiter le problème majeur et de choisir
l’intervention la plus adéquate.
Pouvez-vous nous faire part de l’une de vos meilleures
expériences ?
J’avais un patient qui souffrait d’une déformation cervicale
assez importante. Il ne pouvait pas tenir sa tête droite.
Elle était baissée, à proximité du torse et orientée vers la
droite. Il devait se tourner sur le côté pour vous regarder.
Il avait des problèmes de déglutition, ne pouvait pas
vraiment conduire et souffrait beaucoup. Son état était tel
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m a g a z i n e
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que nous l’avons amené directement au bloc opératoire.
Sa santé laissait aussi à désirer. Il avait des antécédents de
cancer, fumait et déprimait énormément du fait de tous
ces problèmes. Naturellement, l’état de ses cervicales
pesait lourdement sur son état mental. Je l’ai convaincu
que l’opération qui allait être pratiquée serait importante et
risquée mais, encore plus important, qu’il devait reprendre
sa vie en main, arrêter de fumer avant tout et être plus
optimiste. Un an après, j’ai été très surpris de voir qu’il
avait bien suivi mes recommandations. Il a vraiment dû
prendre sur lui pour améliorer son état de santé et son état
mental. Il en était à un stade où il souhaitait réellement
que je pratique l’opération, qui a donc eu lieu. Il avait
subi antérieurement une fusion C3-C6, puis au niveau
des segments en cyphose, et avait développé une cyphose
adjacente sous-jacente. J’ai donc pratiqué une fusion de
C2 à T5. Il a fait l’objet d’une ostéotomie sur 3 colonnes
par rupture du cou afin que nous puissions l’étendre
à la vertèbre C7. Lui qui regardait vers le bas à droite a
pu redresser la tête et regarder droit devant lui sans le
moindre effort. Sa joie était immense. Cette expérience
m’a vraiment donné envie de traiter les cas de déformation.
Quels défis devez-vous souvent relever dans l’exercice
quotidien de votre profession ?
Il tient à mon souhait de fournir les meilleurs soins possibles
à mes patients. Je les considère comme des membres de ma
famille. Telle est l’approche que j’adopte. Lorsque certains
patients ont un problème et que l’on sait qu’une opération
peut les aider à se sentir mieux, mais que les compagnies
d’assurance ou d’autres formalités administratives y font
obstacle, c’est frustrant. La tendance est à la limitation
des frais. Les compagnies d’assurance tentent de protéger
les intérêts du patient tout en cherchant à réaliser des
bénéfices, ce qui peut parfois être une source de tension.
L’un des principaux problèmes rencontrés dans l’exercice
quotidien de ma profession est de prodiguer au patient
les soins qu’il mérite tout en tenant compte des difficultés
liées aux soins de santé.
Comment le secteur médical et une société comme
Medicrea peuvent-ils vous soutenir au quotidien ?
Les entreprises exceptionnelles sont celles dont l’activité
tourne réellement autour du patient. Leur donner la
priorité, telle est l’attitude à avoir. Les représentants
doivent réellement souhaiter aider le praticien à aider
les patients. Cette philosophie et l’aspect service client
doivent prédominer. Un patient peut avoir un problème un
samedi à minuit et nécessiter une opération chirurgicale.
La disponibilité, la qualité de service et la réactivité aux
problèmes du chirurgien, comme la reconception d’un
m e d i c r e a
instrument qu’il souhaiterait légèrement différent. Le fait de pouvoir
modifier cet instrument pour répondre à ses besoins et compétences,
etc. Ce sont autant de facteurs qui perdurent réellement.
Vous souvenez-vous de votre premier cas ?
Je me souviens de l’un des premiers patients que j’ai soigné, une fillette
de 8 ans née avec plusieurs fusions au niveau cervicale et plusieurs
anomalies congénitales. Seuls un ou deux disques des cervicales
étaient mobiles; l’un d’eux présentait une hernie et appuyait sur la
moelle épinière. Elle était si jeune que je ne disposais pas d’implants
appropriés. Je n’avais que des implants pour adultes. On ne fabrique
pas des plaques cervicales de cette taille, car les enfants ne présentent
pas en général de fusions cervicales, mais j’ai bien dû trouver une
solution. J’ai finalement découpé les plus petites vis disponibles
à l’aide d’un grand coupe-boulons, parce qu’elles étaient trop
longues. C’est l’un des premiers cas que j’ai traité et je m’en rappelle
parfaitement. Lorsque j’ai débuté ma formation médicale et que je l’ai
finie, le remplacement de disques commençait juste à se développer
et venait d’être approuvé par la FDA. On observe la même chose
sur d’autres techniques émergentes aujourd’hui, cette discipline est
très innovante et naturellement passionnante. Un grand nombre de
laboratoires tentent actuellement d’utiliser des dispositifs préservant
la mobilité, qui font à mon sens un peu plus figure de nouveauté. Les
disques sont remplacés, des praticiens posent des agrafes pour les
jeunes patients atteints de scoliose afin de modifier la progression
de la courbe rachidienne, et d’autres utilisent des liens, des tiges
flexibles ou des techniques autres que la fusion. Il existe également
les implants « patient-specific » qui sont très intéressants.
Quelle est la meilleure innovation de ces dix dernières années ?
Je crois que certains dispositifs préservant la mobilité sont très utiles.
En chirurgie de déformations, il convient de donner au patient le
meilleur moyen de se tenir droit sans exercer trop de pression sur
l’organisme, ce qui implique d’utiliser le calibre et le type de tige
appropriés. Je pense également que la tige sur-mesure Medicrea est
un excellent concept qui permet de réaliser l’objectif souhaité en
matière de correction des déformations, sans trop en faire ou pas
assez, et d’élaborer une tige correspondant à un plan, ce qui implique
que vous avez réfléchi, tenu compte des problèmes du patient, traité
le problème majeur, fait vos calculs et produit un plan que vous
pouvez consulter sous forme de tige. Vous pouvez alors évaluer la
réussite de ce plan dans le bloc opératoire.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
En opérant moins ou en pratiquant d’autres types d’opérations. Je crois
que, dans le cas des jeunes patients, un grand nombre d’interventions
va s’orienter vers une pseudo-préservation de la motricité. Un patient
trentenaire ou au début de la quarantaine choisira définitivement cette
option. Par exemple, si un ou plusieurs disques ont été remplacés
lorsque le patient était plus jeune, il peut entre temps développer de
l’arthrite et nécessiter une réopération visant à atténuer la douleur. Je
( i m ) p r o v e
ne crois donc pas que l’on ne pratiquera aucune opération mais que,
plutôt que de réaliser une fusion lorsque le patient est plus jeune, puis
d’autres fusions ultérieurement, il convient peut-être de procéder à
ces fusions lorsqu’il est beaucoup plus âgé. Pour les patients âgés
dont l’arthrite s’est bien établie et qui nécessitent une reconstruction
de la moelle épinière, le problème est de les faire se tenir droits, ce qui
implique invariablement de réduire leur mobilité, mais de leur donner
une position plus fonctionnelle pour leur activité professionnelle en
général et d’une manière leur éviter de subir ultérieurement d’autres
opérations. Cette initiative est difficile à mettre en œuvre, même si
elle est tout à fait possible. Je crois que les avancées réalisées pour
cette tranche de patients âgés présentant les déformations les plus
importantes seront possibles en évaluant les corrections à apporter et
en déterminant les besoins du patient à long terme pour lui permettre
de faire tout ce qu’il souhaite.
Que pensez-vous de la médecine sur-mesure et des applications
utilisées en chirurgie du rachis, par exemples les tiges UNiD et
les cages imprimées en 3D ?
Elles représentent réellement l’avenir. Nous observons cette
évolution pour le remplacement complet des articulations. Certains
patients étant plus petits et d’autres très grands, il n’est pas très
prudent de dire que vous disposez de 3 tailles adaptées à tous les
patients. À mon sens, le fait d’utiliser une cage sur mesure imprimée
en 3D implique que vous pouvez en optimiser l’empreinte pour
l’adapter aux vertèbres, ainsi que le périmètre de fusion de la cage.
Vous avez donc plus de chances d’obtenir un implant qui optimisera
la fusion et la décompression du rachis chez ce patient. Dans le cas
de la tige UNiD, tige sur-mesure, vous pouvez planifier les tâches
pré-opératoires en pratiquant des incisions pour les ostéotomies
afin de rechercher l’alignement qui vous semble le plus fonctionnel
pour le patient, à partir des expériences que nous avons recueillies
et des recherches que nous avons effectuées sur les déformations.
La tige qui va permettre d’adapter toutes ces ostéotomies est celle
qu’il faudra utiliser. Il ne faut pas survoler cet aspect de l’opération.
Les ostéotomies doivent atteindre le contour prévu avant l’opération.
C’est là que réside toute la puissance de la tige UNiD et, en fait,
du système PASS LP, qui permet de réduire progressivement le
rachis vers une tige prédéfinie propre au patient. On ne peut pas
planifier une opération en consultant simplement une radio. Il est
évident qu’il faut également prendre en considération toutes les
caractéristiques du patient, à savoir son âge, la qualité de ses os, ses
activités personnelles ou professionnelles, et une partie des autres
problèmes médicaux qu’il présente. Vous vous appropriez toutes ces
données non seulement pour la radiographie, mais également afin de
connaître le patient proprement dit.
m a g a z i n e
guest
STAR
b y
m e d i c r e a
43
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Guest-Star
Meagan D. Fernandez, est une chirurgienne orthopédique pédiatrique certifiée à Geisinger Medical Center. Elle
se concentre sur la chirurgie de la colonne vertébrale et la médecine du sport. Elle a obtenu son diplôme à l’Université
de Médecine Ostéopathique de Philadelphie et a complété son internat au Pinnacle Health System à Harrisburg, en
Pennsylvanie. Elle a complété sa formation en chirurgie orthopédique pédiatrique à l’hôpital pour enfants Atlanta Scottish
Rite à Atlanta (Georgie).
“Je souhaiterais
que l’on puisse
en savoir plus
sur l’origine
réelle de
la scoliose”
Dr meagan fernandez
guest
STAR
Pouvez-vous nous dire quand et pourquoi vous
avez décidé de devenir chirurgien du rachis ?
J’ai pris cette décision en devenant chirurgien
orthopédiatrique. J’apprécie vraiment de travailler
dans le rachis et dans l’orthopédique en général.
L’orthopédie pédiatrique a été un excellent tremplin,
qui m’a permis de me spécialiser en chirurgie du
rachis et de la scoliose.
Qui sont vos patients ? Comment tissez-vous
des liens avec eux ?
La plupart sont des adolescentes. Je peux développer
une relation solide avec elles. Je crois que le fait
d’être une femme me facilite la tâche. Elles sont
effectivement plus à l’aise avec moi lors des
consultations. Il est vraiment plus facile de nouer un
lien avec elles que pour mes confrères.
Quelle relation entretenez-vous avec votre
équipe et comment vivez-vous le travail en
équipe dans le bloc opératoire ?
La relation avec mon équipe nous permet d’aller de
l’avant. Chacun doit travailler main dans la main.
Nous sommes une équipe organisée, ce qui nous
permet d’obtenir d’excellents résultats. Le personnel
présent dans le bloc opératoire change parfois, mais
il s’agit en général des mêmes personnes. Ce facteur
est important car toute l’équipe connaît l’étape
suivante et sait exactement ce dont je vais avoir
besoin. La procédure complète se déroule ainsi sans
problème.
30
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
m e d i c r e a
( i m ) p r o v e
De quelle manière poursuivez-vous votre
formation ?
Je m’auto-forme en assistant aux congrès pendant
l’année. J’assiste également à la SRS, ainsi qu’à des
congrès moins importants axés sur les déformations
rachidiennes chez les enfants. Cela me permet de
rester au fait des dernières techniques et tendances.
Voyager pour observer les cas d’autres chirurgiens
est un autre moyen efficace de formation. Certains
chirurgiens utilisent des techniques différentes que
l’on peut apprendre et appliquer au final à sa propre
pratique.
Selon vous, qu’est-ce qui garantit la réussite
d’une opération ?
J’ai le sentiment de réussir lorsque je parviens à
bien corriger la scoliose et les courbes rachidiennes.
Les patients retrouvent alors les fonctions qu’ils
avaient avant l’opération. La plupart de mes patients
pratiquent de nouveau leur sport favori sans aucune
douleur. Il est possible de réussir si l’on définit
clairement ses attentes avant l’opération. Je prends
toujours le temps de discuter avec chaque patient
des objectifs de la correction. En général, j’apporte
des corrections significatives, mais tout dépend de
l’état du patient et de l’évolution de la courbe les
années précédentes. Le rachis se déforme après bien
des années ; il faut donc prévoir du temps pour qu’il
retrouve une structure normale.
m a g a z i n e
b y
m e d i c r e a
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guest
STAR
Dr Meagan Fernandez
Pouvez-vous nous faire part de l’une de vos
meilleures expériences ?
J’ai comme patiente une fillette qui a dû arrêter
toutes ses activités sportives. Elle excellait en
danse et participait à des concours. C’était
également une très bonne joueuse de tennis.
Elle a au final subi une opération, ainsi qu’une
correction significative, et pu reprendre la
compétition dans toutes ses disciplines sportives.
Obtenir de tels résultats est toujours gratifiant.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, il faut beaucoup
de temps pour un retour à la normale. Je
recommande en général de patienter en moyenne
6 mois avant de reprendre une activité intense.
Quels défis devez-vous relever le plus
souvent dans l’exercice quotidien de votre
profession ?
Je dirais que les parents sont toujours un défi
majeur. Je dois m’assurer qu’ils nourrissent des
attentes sensées par rapport à l’opération et
à la correction de la déformation pour que les
résultats obtenus donnent entière satisfaction à
chacun. Traiter un adolescent implique de traiter
toute la famille, dont les parents et les grandsparents.
“Traiter un
adolescent
implique de
traiter toute la
famille”
Qu’est-ce qu’une société comme Medicrea
entreprend pour mieux vous soutenir ?
Avant tout, il est primordial que les entreprises
spécialisées dans les solutions rachidiennes
continuent de fournir des instruments/
équipements de haute qualité répondant aux
besoins des patients. Il est également primordial
qu’elles continuent de soutenir les réunions
éducatives mises en place pour les praticiens. À
mon sens, promouvoir et organiser des réunions
dédiées au rachis et à l’orthopédie, c’est donner
un grand coup de pouce aux professionnels
de santé. Je souhaiterais également voir les
conférences à plus petite échelle bénéficier
d’un meilleur soutien. Elles nous donnent
l’opportunité de nous former et d’écouter les
interventions de spécialistes sur les nouvelles
techniques.
Vous souvenez-vous de votre premier cas ?
Que faites-vous différemment aujourd’hui ?
Tout à fait. Il s’agissait d’un adolescent. C’était
un cas neuromusculaire très complexe ; le patient
48
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
présentait une très grande déformation. Il faut
dire que c’était impressionnant, surtout pour un
premier cas, mais tout s’est très bien passé. Dans
l’ensemble, j’appliquerais aujourd’hui les mêmes
procédures qu’à mes débuts, néanmoins, plus
on acquiert de l’expérience, plus on a tendance
à pratiquer des incisions plus petites et plus
courtes, en tentant d’être moins invasif, même
pour une longue intervention de déformation.
Pour le reste, je ne changerais pas grand-chose.
dream it
do it
Quelle est la meilleure innovation de ces 10
dernières années ?
Je répondrais certainement les vis pédiculaires,
mais cette innovation remonte à bien plus
longtemps. Cela étant dit, elles ont révolutionné
la chirurgie du rachis. Je répondrais autrement la
navigation chirurgicale.
Comment envisagez-vous l’avenir et les
avancées en matière de chirurgie du rachis ?
J’espère que nous réaliserons d’autres avancées
en matière de techniques et pour les technologies
concernées, afin de toujours améliorer les
fonctions et les résultats du patient. De plus,
je souhaiterais que l’on puisse en savoir plus
sur l’origine réelle de la scoliose et au final en
empêcher l’apparition. Ce serait vraiment
génial de pouvoir prévoir le développement de
scolioses pour savoir à quelle période commencer
l’appareillage et naturellement s’il existe un
moyen d’éviter cette situation.
no
thing
is
imp
oss
ible
Pourquoi compromettre
l’équilibre sagittal ?
Dans les scolioses idiopathiques
de l’adolescent, si la majorité des systèmes
produisent une correction frontale équivalente1,
le PASS LP restaure aussi l’équilibre sagittal2.
Que pensez-vous de la médecine sur-mesure
et des applications concernant le rachis ?
C’est fantastique. Tout tourne actuellement
autour du patient et est réalisé sur-mesure. C’est
une très bonne chose.
Qu’est-ce que cela fait pour une femme
d’exercer en chirurgie du rachis ?
Les hommes prédominent toujours au sein de
cette communauté. La seule fois où je m’en
rends vraiment compte, c’est lorsque je donne
un discours ; je réalise soudain que je suis la seule
femme présente dans la salle. Il est néanmoins
plus difficile pour une femme de concilier la vie
professionnelle avec la vie de famille.
m e d i c r e a
guest
STAR
1 • Compared to published articles1−2. Coronal thoracic curve correction was 67% for Lenke 1-3
patients in US clinical trial3 and 69% in European trial4.
2 • Multi-US-site clinical trial showed significant improvement of 9° of thoracic kyphosis on the
average in hypokyphotic patients (TK<20°) and no reduction of thoracic kyphosis in normal kyphotic patients3. European clinical trial significantly improved TK by 23° in hypokyphotic patients and
8° in normal kyphotic patients4. 1. Lykissas MG, Jain VV, et al. Mid- to Long-Term Outcomes in
Adolescent Idiopathic Scoliosis After Instrumented Posterior Spinal Fusion. (Spine) 2. Maruyama
T, Takeshita K. Surgical Treatment of scoliosis: a review of techniques currently applied. (Scoliosis)
3. Devito DP, King A, Willits MB, Aminian A. Submitted for SRS/IMAST 2013. 4. Clement JL, Chau E,
Geoffray A, et al. Simultaneous Translation on Two Rods to Treat Adolescent Idiopathic Scoliosis:
Radiographic Results in Coronal, Sagittal, and Transverse Plane of a Series of 62 Patients With a
Minimum Follow-up of Two Years. (Spine)
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Guest-Star
guest
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Dr Louis Boissière a effectué ses études de médecine à Lyon. Internat et clinicat dans le service du Pr Vital à
Bordeaux où il a appris la chirurgie de la colonne vertébrale. Il a obtenu un master de biomécanique dans le laboratoire
du Pr Skalli à Paris (Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers). Il s’est spécialisé dans la chirurgie des Déformations
de l’enfant et de l’adulte et a publié de nombreuses études dans ce domaine. Il a notamment décrit l’Indice de Lordose
Lombaire et publié dans le New England Journal of Medecine Il est un membre actif du GES (Groupe d’Etude des
Scolioses) et du Groupe Européen d’Etude des Déformations Rachidiennes (ESSG).
3
Après une première partie de ses études à la faculté de médecine de Nancy, le Dr Rémi Mariey a effectué son internat
à Bordeaux, porté par les conseils d’amis chirurgiens du rachis afin de rejoindre l’équipe réputée du Professeur Vital. Il
y a reçu une formation complète, tant sur la prise en charge du rachis dégénératif, que de la tumeur, de la traumatologie
rachidienne ou de la déformation. Il a également eu la chance de pouvoir travailler avec une entité dirigée par le Professeur
Le Huec qui lui a apporté une vision différente et pourtant complémentaire de cette spécialité. Il est à présent au milieu de
son clinicat chez Monsieur Vital et il se félicite chaque jour de la grande liberté laissée par ses Maîtres qui l’encouragent à
toujours progresser et à se lancer des défis chirurgicaux de plus en plus ambitieux.
mousquetaires
“UNiD est une innovation très
stimulante. Le sur-mesure
est dans l’air du temps”
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( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
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m e d i c r e a
Dr Louis BOISSIERE
DR Rémi Mariey
DR Vincent challier
Pourquoi êtes vous devenu chirurgien
spécialiste de la colonne ?
(Dr Boissière)
J’ai fait mes études de médecine à Lyon, qui est
l’un des gros centres de la chirurgie orthopédique,
puis je suis allé à Bordeaux, centre spécialisé dans la
chirurgie de la colonne vertébrale dans l’idée de faire
de la chirurgie. En passant interne dans le service,
on bénéficie d’un environnement très stimulant,
il y a une activité scientifique de pointe dans ce
service, celui du Professeur Vital, qui donne envie
de se spécialiser dans le domaine de la colonne,
soutenu par une équipe et une dynamique de travail
motivante.
(Dr Mariey)
Je voulais devenir chirurgien, déjà attiré par
l’orthopédie. Je trouvais qu’il y avait de l’enjeu
dans la chirurgie du rachis, notamment au niveau
neurologique, en terme de variété opératoire,
j’avais l’impression que c’était plus complet. J’ai eu
l’exemple d’un proche qui était chirurgien du rachis
à Nancy qui m’avait donné un peu le goût de la
chose, et on m’a orienté vers Bordeaux. Je n’ai pas
été déçu par ce que j’ai appris ni par l’accueil que
j’ai reçu !
Pourquoi Bordeaux est-il un centre référent ?
Le service a pris son envol avec le Professeur Sénégas
qui était le maître du Professeur Vital. En effet,
le Professeur Sénégas avait une aura nationale et
internationale assez importante. Le Professeur Vital
( i m ) p r o v e
a repris le flambeau et l’a fait évoluer positivement
en le développant. C’est comme ça que Bordeaux
est devenu centre référent au niveau national avec
une reconnaissance internationale réelle. C’est cet
héritage qui nous a donné envie de faire ça.
Qui sont vos patients ?
Des urgences dans tout ce qui est le domaine de la
traumatologie de la colonne vertébrale, des patients
qui nous sont confiés sur des atteintes métastatiques
dans le cadre de cancers divers et variés, ainsi que
nos propres patients qui nous sont confiés par
des rhumatologues ou des médecins traitants de
la grande région Aquitaine avec des problèmes
dégénératifs du rachis plus classiques, que ce soit
cervical, lombaire ou thoracique. Notre seule limite
est de ne pas empiéter sur le travail des neurochirurgiens avec notamment la prise en charge des
pathologies intra-durales.
Qu’est ce qui transforme une opération en
succès ?
C’est la satisfaction du patient. Il y a beaucoup de
façons différentes de mesurer le succès d’une prise
en charge chirurgicale, avec des échelles de qualité
de vie ou autres mais je trouve que le meilleur
baromètre reste le petit questionnaire destiné à
mesurer la satisfaction du patient avec des questions
toutes simples comme « Si c’était à refaire, vous le
referiez ? », « Est-ce que vous conseilleriez cette
intervention à un ami ? » Je trouve cela bien plus
m a g a z i n e
b y
m e d i c r e a
51
Guest-Star
Dr Boissiere, Dr Mariey, Dr Challier
parlant que d’autres données telles que celles inhérentes à
l’activité physique ou au douleurs résiduelles du patient. S’il
est content et soulagé par l’intervention, c’est un succès.
Pouvez-vous nous faire partager une belle success story ?
(Dr Boissiere)
En traumatologie, j’ai des exemples de patients qui sont
arrivés avec des fractures du rachis thoracique et un tableau
de paraplégie incomplète et que je revois maintenant marcher
et reprendre leurs activités malgré quelques petits troubles
neurologiques mineurs. On a vraiment l’impression d’avoir
accompli quelque chose pour eux.
(Dr Mariey)
Je voudrais rajouter qu’il y a deux choses à identifier en
terme de « success story » liées à notre jeune âge et à notre
inexpérience, c’est soit un challenge chirurgical qui s’est bien
passé, duquel on peut tirer une satisfaction personnelle, ou
cela peut-être les premiers patients pris en charge et qui nous
témoignent leur satisfaction ; ce sont des moments que l’on
retient également.
Comment une entreprise comme Medicrea peut vous
aider au quotidien ?
(Dr Boissiere)
De plusieurs manières, premièrement du fait de notre statut
de centre référent, nous sommes privilégiés dans l’utilisation
de nouveau matériel, on nous permet aussi de participer
à différents congrès et donc de continuer notre formation,
d’être confronté à ce qui se fait ailleurs.
(Dr Mariey)
L’aide vient aussi d’un point de vue technique indéniable au bloc
opératoire, on a la chance de faire partie d’un centre important
et donc de travailler avec tout le monde sans contraintes, ce
que j’ai toujours trouvé très agréable. Une très bonne entente
sans aucune pression de la part des industriels. On a le choix
de nos implants, ils le comprennent très bien, le rapport est
toujours assez sain avec eux. L’industrie nous permet de
continuer notre formation en participant à différents congrès à
travers le monde, de rencontrer d’autres intervenants, d’autres
techniques qui enrichissent nos compétences.
Parlons futur et innovation.
(Dr Boissière)
Des chirurgies moins invasives, que nous commençons à
toucher un peu du doigt. La planification pré-opératoire
aussi, qui se fait beaucoup pour la chirurgie de hanche et peut
être moins pour la chirurgie du rachis, c’est une innovation
intéressante.
(Dr Mariey)
Une autre innovation, c’est que la chirurgie du dos, qui avait
mauvaise réputation car considérée comme source de handicap,
se généralise. Même si elle reste la solution d’exception parmi
d’autres moins lourdes, la demande augmente et les gens sont
globalement satisfaits, preuve qu’elle est plus efficace que par
le passé.
Avec des implants sur-mesure type UNiD la chirurgie
personnalisée entre dans le monde du rachis comme elle
est entrée dans d’autres domaines de l’orthopédie il y a
quelques années. Que pensez-vous du concept ? Quelles
sont vos attentes ? Vous avez posé vos premières tiges
UNiD, c’est ça ?
(De Boissière)
Là où le concept est intéressant, c’est qu’il nous impose une
planification pré-opératoire et de réfléchir avec précision
aux objectifs qu’on se fixe puis de se donner les moyens d’y
répondre, avec un cahier des charges fixé à l’avance qu’on
s’impose. C’est difficile d’avoir du recul après une première
intervention, mais on peut dire que c’est une innovation qui
est stimulante, le sur-mesure est dans l’air du temps.
(Dr Mariey)
UNiD est un vrai plan de route, même s’il me semble
impossible de faire une planification pré-opératoire inflexible
du fait des nombreux facteurs qui rentrent en compte dans
une chirurgie du rachis - la position des implants, la qualité
de la libération - mais cela donne un bon point de départ.
L’autre intérêt réside dans le fait que la tige est préformée et
ne nécessite pas ou peu de travail à l’instant T, ce qui permet
de moins la fragiliser.
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
(Dr Mariey)
Je m’oriente plutôt vers une activité libérale, dans le domaine de la
chirurgie de la colonne exclusivement, et j’espère pouvoir rester assez
pluri-disciplinaire, m’occuper de rachis dégénératifs lombaires ou
cervicaux standards, mais j’aimerais bien pouvoir avoir aussi autour
de moi une équipe qui me permette de m’occuper de chirurgie de
déformation si le cas se présente.
guest
STAR
Dr Vincent Challier,
chirurgien orthopédiste, spécialiste de la colonne vertébrale. Actuellement
Assistant Régional Spécialiste au sein de l’équipe du professeur Jean-Marc Vital au CHU de Bordeaux, il a
travaillé en tant qu’assistant de recherche au New York University Spine Research Institute aux côtés de Virginie Lafage, Frank Schwab et Jean-Pierre Farcy. Il a été nominé lors du 49e congrès annuel de la Scoliosis
Research Society au titre de meilleur poster de science fondamentale et a participé à plusieurs publications
sur le défaut d’alignement spino-pelvien et la myélopathie cervicarthrosique.
Dr Challier, pourquoi êtes-vous devenu
chirurgien spécialiste de la colonne ?
Je viens d’une famille de médecins, mais je suis le
premier chirurgien ! Je pense que la vocation vient
par les rencontres et le compagnonnage. Le Dr
Olivier Selva, à qui je voudrais rendre hommage, est
vraiment le premier qui m’a formé, qui m’a ouvert la
voie de la chirurgie orthopédique. La chirurgie de la
colonne en tant que telle c’est bien sûr le Professeur
Jean-Marc Vital qui m’a accueilli ici à Bordeaux.
Dans notre promo, les 4 de la promo d’orthopédie
font tous de la colonne vertébrale parce qu’on a
rencontré les Professeurs Vital, Gille et Pointillart
qui sont aussi trois mousquetaires de la génération de
nos maîtres et ont tous des qualités complémentaires
qui nous permettent d’avancer, d’une part pendant
l’internat et d’autre part maintenant en tant que
chefs de clinique dans le service.
Qu’est-ce qui transforme une opération en
succès ?
Il est vrai que nous sommes tous centrés sur la
satisfaction du patient, qu’on fasse de la recherche ou
de la chirurgie. Le bien-être du patient, la résolution
des douleurs sont questions de prédilection. Un
succès, c’est aussi une intervention qui s’est passée
dans l’apaisement, avec une ambiance particulière au
bloc opératoire.
“UNiD est un
vrai plan de route”
52
Comment voyez-vous votre avenir ?
(Dr Boissière)
Autour de la chirurgie de la déformation de la colonne des adultes et
des adolescents. C’est un domaine d’application qui me plait, corrélé
à l’activité scientifique que je poursuis en parallèle et qui m’impose de
continuer à réfléchir et m’améliorer.
b y
m e d i c r e a
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
Avez-vous donc une belle success story à nous
raconter ?
Au niveau où j’en suis, les plus belles histoires que
j’ai eues sont en tant qu’aide opératoire de mes
maîtres. Par exemple vendredi dernier, nous avons
réalisé une ostéotomie thoracique avec le Professeur
Gille, intervention planifiée avec SURGIMAP et
c’est toujours intéressant de voir comment on peut
faire le lien entre un planning virtuel et la réalisation
de ce planning au bloc. Je pense que ce sont des
interventions vraiment intéressantes dans le sens
où elles permettent de mesurer la maîtrise de l’outil
technologique, la préparation de l’intervention et
puis aussi la qualité technique de nos maîtres ici à
Bordeaux.
Comment l’industrie et une entreprise comme
Medicrea peuvent vous aider au quotidien ?
Personnellement, je pense que le contact doit être
productif, créatif, gagnant-gagnant. Ce que j’attends
d’une entreprise comme Medicrea, c’est de prendre
des risques. C’est à dire de créer, de pousser vers
l’innovation, d’écouter non seulement les chirurgiens
chevronnés, les pionniers, mais aussi l’enthousiasme
et la créativité des plus jeunes.
m e d i c r e a
(…)
53
Guest-Star
Dr Boissiere, Dr Marriey, Dr Challier
“Virginie Lafage a ouvert une porte dans le
big data concernant la chirurgie de la colonne
vertébrale : ça fait partie de l’avenir”
Que pensez-vous d’ailleurs de l’entrée de la chirurgie
personnalisée dans le domaine du rachis avec notamment des
implants comme UNiD ? Quelles sont vos attentes ?
Ce qui a été une utopie au départ, le sur-mesure, est aujourd’hui
une réalité, je pense que c’est l’avenir. Je me souviens d’avoir vu les
premières radios découpées du Professeur Farcy sur les diapos. Je
me souviens aussi de Virginie Lafage qui avait développé son propre
outil pour découper les radios sans l’aide de ciseaux via Photoshop
et c’est devenu ce superbe outil qui est SURGIMAP qui je pense
va révolutionner les choses mais ce qui est important c’est mettre
l’accent sur le plan. La tige UNiD met l’accent sur le plan, elle force
le chirurgien à réfléchir en amont de la chirurgie et c’est ça qui est
important dans les chirurgies de déformations rachidiennes complexes
avec des troubles de l’alignement. La tige UNiD est extraordinaire
dans le fait qu’elle sert de tuteur pour le chirurgien, c’est elle qui
va guider la correction. J’ai discuté avec Vincent Fière de cette tige
UNiD : c’est une grande leçon d’humilité pour les chirurgiens. On
dit toujours le mieux est l’ennemi du bien mais la tige UNiD guide
la correction et lorsque les libérations ne sont pas suffisantes, cette
dernière sanctionne immédiatement cet état de fait. Je pense que c’est
vraiment une avancée significative et positive chez le patient, et c’est
aussi reconnaître que chaque patient a son alignement idéal, c’est un
concept qui m’attire vraiment, cette idée de « tailor-made ».
Comment envisagez-vous le futur dans la chirurgie de la
colonne ? Dans le sur-mesure alors ?
Dans le sur-mesure et le mouvement. Pour envisager le futur il faut
discuter avec les anciens. Et on sait que Paul Harington a toujours
dit que la fusion n’était pas l’avenir, mais dans la restauration de
l’alignement et de la mobilité. Je pense qu’il faut écouter nos anciens,
parler avec des gens comme Jean Dubousset, Jean-Pierre Farcy qui
eux voient l’équilibre comme la stabilité dans le mouvement.
Vous avez passé du temps aux Etats-Unis avec Frank Schwab
entre autres, c’était un élément essentiel de votre formation
d’aller échanger, partager des expériences à l’international ?
C’est vrai que l’aventure avec Virginie Lafage et Franck Schwab à
NYC m’a ouvert énormément de perspectives et me permet de rendre
hommage aux pionniers. J’ai beaucoup travaillé l’année dernière avec
Jean-Pierre Farcy - qui est extraordinaire parce qu’on peut prendre
le temps de développer les petites histoires dans la grande histoire
- et le fait de travailler avec Virginie m’a permis de rencontrer Jean
Dubousset qui est un être vraiment à part, extraordinaire lui aussi.
Il faut remettre cette aventure dans son contexte, connaître les
pionniers, les premiers à publier.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Je vois mon avenir à l’international c’est sûr, parce que cette fenêtre a
été ouverte avec Virginie, Franck et Renaud Lafage ; bien qu’en tant
que français mon avenir réside en France sur le plan chirurgical : c’est
la France qui m’a vu naître, qui m’a formé, mes maîtres sont français
et ma pratique sera française. Je pense aussi que Virginie a ouvert une
porte dans le big data concernant la chirurgie de la déformation et
plus généralement la chirurgie de la colonne vertébrale, ça fait partie
de l’avenir d’être capable de récolter ses propres données de manière
exhaustive pour tous ses patients et de les échanger dans un système
de type open source avec tous les autres chirurgiens de la colonne
dans le monde. C’est ce qui a été initié depuis quelques années par
Virginie et Franck, et je pense que c’est ce qu’on doit faire en Europe
et dans le monde, échanger des statistiques, pouvoir apprendre des
autres, accepter l’échange.
guest
STAR
“Cette tige UNiD, c’est une grande leçon d’humilité pour les
chirurgiens. La tige UNiD guide la correction et lorsque les
libérations ne sont pas suffisantes cette dernière sanctionne
immédiatement cet état de fait”
54
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19
Impression
3D:
quand
la réalité
dépasse
la fiction
INN
OVAT
ION
Tout le monde parle
du 3D printing
dans le domaine du médical,
mais y a-t-il déjà de véritables
expertises révélées,
aussi bien chez Medicrea
qu’ailleurs dans le monde ?
Rencontre avec Thomas Mosnier
Chief Scientific Officer,
Medicrea
«Le monde de l’orthopédie touche du doigt le 3D
printing depuis déjà quelques années car cette
méthode de fabrication offre des possibilités
extrêmement intéressantes. C’est encore plus
récent dans le domaine du rachis et Medicrea
a décidé d’investir de manière importante
en internalisant toutes les compétences et
tous moyens nécessaires à la conception et
à la production de dispositifs implantables
imprimés… chose assez unique dans le domaine
de l’orthopédie pour une société de cette taille.
L’intérêt réside dans la possibilité d’obtenir
des géométries de pièces tout simplement
impossibles à obtenir en usinage. Une illustration
assez simple : la création d’une éponge. En effet,
seule une machine comme celle-ci permettrait la
création d’une telle forme, car il est impossible
en usinage traditionnel de travailler la structure
interne de l’objet. L’impression 3D construit
l’objet couche par couche, ce qui permet de
créer une structure complexe. Dans le cadre
de l’orthopédie, l’intérieur de vos vertèbres a
une structure alvéolaire qui peut s’apparenter
56
à l’éponge visuellement. Voilà le premier
intérêt du 3D printing, obtenir des pièces
que l’on ne pourrait obtenir par d’autres
procédés tout simplement.
Ce type de machine permet une grande
marge de manœuvre, on peut changer
une partie de la pièce sans modifier tout le
process simplement à partir du fichier 3D.
D’où l’intérêt de Medicrea dans le cadre
du déploiement de son offre sur mesure,
où chaque pièce est dédiée au patient et
unique dans sa fabrication. La souplesse
qu’apporte cette machine en terme
d’industrialisation notamment nous permet
de réduire nos stocks, de travailler en flux
quasi-tendu, chose impossible en usinage.
Du fait de l’absence d’outils, outre le laser et
le changement de programmation en CAO
il nous est possible de fabriquer plusieurs
pièces différentes sur un même run en
un temps record, prouesse également
infaisable en usinage.
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
Nous en sommes donc au début de
l’histoire. Medicrea pourra présenter
bientôt une offre commerciale sur le
marché ?
Nous sommes déjà en mesure de réaliser
des pièces via le 3D printing. Pour l’instant
les procédés sont en cours de certification,
et nous planifions de commercialiser les
premiers implants réalisés via le 3D printing
au cours du deuxième semestre 2015, qu’il
s’agisse d’implants innovants au niveau de
leur structure grâce aux potentialités de
cette machine ou dans la veine du « patient
specific » .
plusieurs. Nous avons d’ailleurs été les premiers à implanter un
implant de ce type pour remplacer plusieurs niveaux vertébraux (en
l’occurrence deux vertèbres au niveau cervical).
Y’a t-il déjà eu des produits issus du 3D
printing implantés ?
Nous avons réalisé la première pose
mondiale d’une cage issue de l’impression
3D en avril 2014. Nous avons ensuite
investi le marché des VBR (vertebral body
replacement) qui sont des implants destinés
à remplacer un corps vertébral entier voire
C’est un sujet qui nous préoccupe depuis longtemps, nous y
travaillons en amont au niveau conception et nous détenons
maintenant les moyens de disposer d’un service global alors que
nous faisions appel à des sous-traitants par le passé, avec tous
les difficultés que cela entraine, notamment en terme de délais.
Actuellement, nous disposons de délais records entre le moment du
dessin et de la pièce sortie, inférieurs à une semaine ce qui convient
parfaitement à une planification et une utilisation clinique.
m e d i c r e a
“Nous avons réalisé la
première pose mondiale
d’une cage issue de
l’impression 3D
en avril 2014. ”
( i m ) p r o v e
Quel est l’engouement des praticiens par rapport à ces
nouvelles technologies ?
Les médecins sont très férus de technologie en général, nous
leur apportons de nouvelles potentialités en terme de design
d’implants, nous ouvrons des perspectives auxquelles ils n’avaient
pas forcément réfléchi. A présent il nous faut laisser le champ libre
à l’imaginaire. Il reste beaucoup de travail de réflexion quant aux
potentiels domaines d’application de cette nouvelle technologie.
Le chirurgien apprécie le bénéfice immédiat offert par un
implant sur-mesure dans toute chirurgie : le gain de temps dû à la
parfaite adaptabilité au patient est d’ores et déjà une amélioration
conséquente dans des chirurgies complexes où le temps est un
facteur clef de réussite. Nous sentons par ailleurs l’engouement des
chirurgiens quant aux possibilités de proposer une offre toujours
plus spécifique au patient, qui pourrait prendre en compte toutes
les particularités de chacun de sorte à toujours mieux s’intégrer au
corps humain et à son unicité.
Donc avec cette technologie et dans le domaine de la chirurgie
de la colonne, Medicrea a une véritable avance d’un point de
vue concurrentiel ?
Dans le domaine du rachis nous sommes à ma connaissance les
premiers à nous pencher de manière aussi intensive et à explorer
m a g a z i n e
b y
m e d i c r e a
57
Fabrication Additive
INN
OVAT
ION
toutes les potentialités de cette technologie.
Jusqu’à présent nous avons observé sur le marché
que la plupart de nos concurrents font appel à
des tiers pour fabriquer leurs implants plutôt que
d’intégrer cette technologie. Ils se sont focalisés
sur ce qui fait l’attrait des imprimantes 3D dans
d’autres domaines de l’industrie, l’aéronautique
notamment, les pièces qu’on ne peut pas usiner.
Ils ont vu qu’il était bien de faire des structures
un peu poreuses, spongieuses dans le domaine
de l’orthopédie et se cantonnent à ça. Chez
Medicrea nous voulons voir plus loin, diversifier
notre offre future car les potentialités à offrir
aux chirurgiens sont nombreuses et encore à
imaginer … mais pour ce faire il nous semble
indispensable de maîtriser toute la chaine qui va
de la conception à la livraison en passant par la
production.
Avec l’évolution des potentialités de cette
nouvelle technologie, on peut s’attendre à
une concurrence rude sur votre marché ?
Effectivement, nous sommes convaincus chez
Medicrea que la médecine personnalisée est la
prochaine grande étape dans l’innovation et
l’amélioration du geste chirurgical et tôt ou tard
nos concurrents s’y pencheront. C’est pour cette
raison que nous investissons des ressources
considérables depuis plusieurs années afin de
garder notre temps d’avance dans ce domaine.
Au delà d’un simple implant nous offrons un
service d’analyse, d’imagerie et d’expertise.
Maintenant que nous maîtrisons la technologie
adéquate, nous nous donnons les moyens
de mettre en œuvre les équipes et l’expertise
nécessaires à une démarche propre à chaque
patient.
Une ère nouvelle
pour l’industrie
par Jamie Page
Les technologies industrielles d’impression 3D sont en train de
révolutionner le monde… de la santé. Elles ont le potentiel d’infléchir
la direction stratégique suivie par l’industrie en impactant de manière
spectaculaire l’environnement économique existant et en rendant
accessible au plus grand nombre les dispositifs de pointe ainsi produits.
Ces nouveaux outils de production sont les abeilles ouvrières du
monde robotique médical. Elles permettent de générer des dispositifs
complexes et variés, parmi lesquels des prothèses auditives, des trachées
bio résorbables, des couronnes dentaires et des implants rachidiens
personnalisés, alors que jusqu’alors les robots existants ne servaient
qu’à fournir une assistance au geste opératoire.
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ION
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Les imprimantes 3D, que l’on peut considérer comme des robots du point
de vue technique puisqu’elles sont gérées par des programmes informatiques
spécialisés pour réaliser certaines tâches, ont recours à la technologie de
fabrication additive (FA). En d’autres termes, elle permet de fabriquer des
objets généralement dans le cadre d’un processus de jonction de la matière
couche par couche, pour reproduire un modèle numérique 3D. Elle diffère du
procédé de fabrication par soustraction plus conventionnel, qui implique de
réduire ou manipuler un matériau déjà usiné pour élaborer un objet. En 2012,
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m e d i c r e a
les technologies médicales représentaient plus de 16 % du chiffre
d’affaires global généré sur le marché de la fabrication additive,
estimé à 2,2 milliards de dollars. La taille et la part de ce marché
évoluant de manière soutenues. Cette position forte dans le secteur
de la santé ne relève pas du hasard. 4 principales raisons confèrent à
la FA et aux dispositifs médicaux une synergie naturelle. La première
étant que ces dispositifs médicaux tendent à être relativement
compacts. Cela implique que leurs dimensions ne dépassent pas
les capacités maximales du plateau de production de l’imprimante
3D. Deuxième raison : les dispositifs médicaux ont une valeur
intrinsèque forte liée au poids de la conception et des tests réalisés
dans le cadre du développement, ainsi qu’au coût des matériaux
utilisés. Le retour sur investissement est donc bien plus rapide
pour chaque dispositif produit. Troisième raison : les fabricants
de dispositifs médicaux valorisent davantage les investissements
dans les nouvelles technologies en comparaison à d’autres secteurs
d’activité. Cela implique que les entreprises sont plus disposées
et aptes à acheter des imprimantes 3D leur permettant de suivre
des orientations stratégiques ambitieuses. Quatrième raison : la
fabrication additive laisse davantage de place à la personnalisation,
qui rend cette technologie idéale dans le cadre de la médecine sur
mesure pour élaborer des dispositifs conçus pour un patient donné,
garantissant une plus grande efficacité clinique.
Pour comprendre comment le secteur médical peut tirer profit
des avantages offerts par la technologie de FA, il faut avant tout
comprendre les économies d’échelle auxquelles les industriels
accèderont. Grâce à cette technologie, il n’est plus nécessaire
de fabriquer une quantité minimale de dispositifs, car les coûts
demeurent assez similaires pour une production de 1 ou 1000
exemplaires. Ce principe permet à la FA de parfaitement s’adapter à
la personnalisation des implants. Il n’est pas non plus nécessaire de
prévoir un stock de sécurité, car la production de lots de taille réduite
est possible de manière instantanée. Par ailleurs, les modifications
de design augmentant la complexité d’une pièce n’ont aucun impact
sur le délai ou le coût de production. Cela implique qu’un nombre
bien plus élevé d’objets peut être généré instantanément. Certaines
entreprises peuvent choisir d’avoir recours à la FA simplement pour
rationaliser la chaîne logistique, alors que d’autres envisagent un
tout nouveau champ de possibilités liées aux caractéristiques du
produit en lui même. L’accès aux soins de meilleure qualité pour les
soldats de l’armée US constitue un parfait exemple de l’utilisation
stratégique de la FA par l’armée américaine permettant de limiter
les coûts et donnant accès aux patients au meilleur soin possible.
La réalisation d’interventions chirurgicales en zone de combat
s’accompagne de difficultés majeures ayant un impact sur la qualité
des soins dispensés. Historiquement, la meilleure option possible
était de confier les soins spécifiques aux hôpitaux militaires
centralisés, mais les risques et les coûts liés aux transferts des
patients d’un établissement à l’autre n’étaient pas négligeables.
L’utilisation de la technologie de fabrication additive à allégé la
chaîne logistique et a permis d’atténuer considérablement les
limites atteintes précédemment. L’armée est ainsi en mesure de
réduire de façon spectaculaire le nombre d’équipements, les stocks
de sécurité et les frais de transport, et de fournir des soins améliorés
aux soldats sur le champ de bataille. La solution que représente
la fabrication additive permet aux chirurgiens militaires d’accéder
à des milliers d’instruments médicaux juste en rendant les plans
numérisés accessibles et de les fabriquer rapidement sur place. Il est
même possible de stocker les données de fabrication d’équipements
dans une base de données dans le cloud régulièrement actualisable
avec les nouvelles technologies améliorées ou personnalisable à
distance à des fins de production locale.
“MEDICREA confirme son avance comme un acteur
pionnier et leader dans la réalisation d’une nouvelle
génération d’implants intelligents,
parfaitement adaptés à la morphologie de la colonne
vertébrale de chaque patient et conçus de manière
rationnelle et planifiée pour restaurer les équilibres
mécaniques fondamentaux du corps humain.”
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Fabrication Additive
INN
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En dehors de ces avantages évidents permettant d’alléger la chaîne logistique,
l’impression 3D est utilisée par les entreprises spécialisées dans la fabrication de
dispositifs médicaux pour réaliser des prototypes rapide et/ou la production complète
de certains produits. Toutefois, le concept de personnalisation des implants n’a été
que très peu étudié, notamment en ce qui concerne la fabrication sur mesure d’un
dispositif médical pour l’adapter parfaitement aux spécificités uniques du corps d’un
patient. Medicrea, en qualité de fabricant innovant et dynamique d’implants rachidiens,
a instantanément envisagé la possibilité d’améliorer et de personnaliser des produits
pour fournir de meilleurs avantages aux chirurgiens et aux patients. Il a investi dans la
technologie FA et développé simultanément une plateforme technologique d’implant
propre au patient, UNiD (dénomination s’inspirant de l’« ID »entité « UN »ique de
chaque patient), afin d’améliorer les résultats cliniques, de gagner du temps au bloc
opératoire et de réduire les frais connexes d’hospitalisation et de traitement.
Après avoir posé la première tige spécifique patient UNiD produite pour répondre à
un besoin donné et visant à rétablir l’équilibre sagittal optimal du patient, Medicrea
a étendu cette plateforme pour développer le premier dispositif anatomique
intersomatique UNiD ALIF au monde, produit grâce au procédé de fabrication
additive. Le Dr Vincent FIERE qui a réalisé cette première pose témoigne : « La
cage intersomatique spécifiquement « imprimée » par MEDICREA pour mon patient
s’est auto-positionnée dans son espace naturel entre les corps vertébraux. Cet implant
sur-mesure a totalement fait corps avec la colonne en prenant parfaitement appui
sur les plateaux vertébraux malgré leur relative dissymétrie et leurs irrégularités ». La
conception d’implant propre au patient a été élaborée à partir de l’extraction et du
traitement de scanners pré-opératoires du patient concerné via un processus interne
mis au point par les équipes de Recherche et Développement de Medicrea. Les
méthodes de conception de production et d’homologation de la société ouvrent la
voie à de nombreux développements ultérieurs de dispositifs implantables encore plus
personnalisés.
“La cage
intersomatique
spécifiquement imprimée par
Medicrea pour
mon patient s’est
auto-positionnée
dans son espace
naturel entre les
corps vertébraux”
La demande importante et croissante d’applications médicales personnalisées ayant
recours à la FA correspond parfaitement à l’évolution stratégique de Medicrea en
matière de gestion des solutions rachidiennes personnalisées. Les propos du présidentdirecteur général de la société, Denys Sournac, soulignent bien ce fait : « Dans la
continuité du lancement (…) des tiges d’ostéosynthèse PASS LP UNID réalisées sur
mesure pour chaque patient, MEDICREA confirme son avance et son positionnement
comme un acteur pionnier et leader dans la réalisation d’une nouvelle génération
d’implants intelligents, parfaitement adaptés à la morphologie de la colonne vertébrale
de chaque patient et conçus de manière rationnelle et planifiée pour restaurer les
équilibres mécaniques fondamentaux du corps humain. » À l’instar des tests génétiques
contribuant à la popularité de la médecine sur-mesure qui tient compte du pronostic
et des antécédents médicaux complets des patients pour choisir un traitement, les
technologies d’impression 3D et de planification chirurgicale continuent à ouvrir de
nouveaux horizons en matière de dispositifs médicaux personnalisés dans le secteur
rachidien. C’est une excellente nouvelle pour les chirurgiens et les patients. INN
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Fabrication Additive
Première mondiale
ION
Dr. Jean Edouard Loret,
neurochirurgien passionné de chirurgie du rachis, formé à Tours et Nantes, en
neurochirurgie et chirurgie orthopédique. Très investi dans la prise en charge des pathologies rachidiennes dégénératives
et tumorales, il participe activement à la création d’une unité rachidienne au sein de la clinique de l’Alliance à Saint
Cyr sur Loire et est praticien attaché au CHU de Tours. Ses centres d’intérêt sont la myélopathie cervicarthrosique, les
techniques de préservation de la mobilité et la scoliose. Il est actuellement investigateur principal d’un protocole de
recherche fondamentale sur l’éthiopathogénie de la scoliose idiopathique de l’adolescent soutenu par le Fondation Yves
Cotrel Institut de France, et d’un essai prospectif randomisé sur l’arthroplastie discale cervicale.
Dr JEAn edouard loret
“La
simplification
de la
technique
de pose
est
évidente”
VBR sur mesure
coporectomie
C5-C6
world
premiere
Qu’est-ce qui vous a séduit dans votre
partenariat avec Medicrea ?
Ouverture d’esprit et qualité d’écoute, réactivité de
UNiD Lab. Même si l’idée des tiges sur mesure était
dans l’air, c’est Medicrea qui a été le premier à se
positionner sur le patient specific dans la chirurgie
de la colonne.
La chirurgie personnalisée appliquée à la
colonne vous semble pertinente aujourd’hui ?
Le patient-specific trouve parfaitement sa place dans
les problèmes d’équilibre sagittal qui sont désormais
récurrents pour les chirurgiens du rachis, le non
respect de cet équilibre conduisant fréquemment à
des échecs thérapeutiques. Les implants spécifiques
diminuent en outre les procédures invasives, les
temps opératoires, et potentiellement les risques.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de poursuivre
avec Medicrea dans ce nouveau projet UNiD ?
Tout d’abord l’impression positive au sujet de
l’utilisation des tiges UNiD, la disponibilité et la
réactivité du laboratoire UNiD. Ensuite, l’application
de la chirurgie personnalisée aux implants de
corporectomie semble particulièrement pertinente,
étant donné le panel de solutions limité offert par les
implants disponibles sur le marché. Enfin, à l’heure
du 3D print, c’est aussi la volonté de profiter de
cette technologie dont on entend beaucoup parler.
Votre sentiment au moment de l’utilisation de
ce premier implant ?
Comme dans toute première, un peu de stress. Au
final, beaucoup de positif. Certes des contraintes
existent - la nécessité de faire une libération
chirurgicale large au niveau des corps vertébraux
et de bien respecter les plateaux de part et d’autre
de la zone de corporectomie, mais en contrepartie,
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m e d i c r e a
( i m ) p r o v e
j’ai pu apprécier un réel confort de positionnement
de l’implant, sa facilité d’installation et une stabilité
immédiate en « stand alone ». Enfin, une impression
de réduction du temps opératoire sensible.
Le nouveau process alourdit-il la pratique
habituelle ?
Oui et non. Non dans la mesure où le geste est
guidé par la planification. C’est plus simple en
per-opératoire, parce qu’on s’est fixé des repères
anatomiques à respecter lors de la planification. Le
geste est plus rapide, on constate une diminution des
problèmes qu’on peut rencontrer avec une cage en
titane standard qu’il faut préparer en per-opératoire.
Et une réelle réduction du temps opératoire. Mais
oui, c’est plus lourd en analyse pré-opératoire, une
fois que l’indication de corporectomie a été retenue.
Et en termes de logistique, la nécessité d’avoir du
matériel de remplacement, en tous cas pour les
premières chirurgies, en cas d’échec de pause – ce
qui n’a pas été le cas !
Combien de chirurgies depuis le 9 janvier 2015 ?
Nous avons réalisé 4 procédures, qui se sont très
bien déroulées, le dernier patient avec 45 jours de
recul. Deux procédures sont programmées. Nous
avons aussi envie d’utiliser ce type d’implant dans
des chirurgies de reprise avec des patients qui ont
déjà eu des greffes ou des fusions et qui sont en
échec.
3 arguments pour ?
Planification et donc anticipation. Simplification de
la technique et confort per-opératoire accru. Et pour
l’instant, une satisfaction post-opératoire totale. La
personnalisation des implants a donc selon moi
toute sa place dans ce type de chirurgie…
m a g a z i n e
guest
STAR
b y
m e d i c r e a
63
Entretien avec
Lauren Brown,
Spinal Deformity
Consultant (SDC)
chez Medicrea USA.
Lauren Brown travaille chez Medicrea
depuis deux ans et demi en tant que
spécialiste des déformations rachidiennes.
Elle a commencé sa carrière professionnelle
il y a 13 ans, mais s’est passionnée pour le
domaine en 2008 en vendant des implants
rachidiens pour DePuy Spine et plus tard,
K2M Spine. Elle aime promouvoir les
technologies innovantes de Medicrea qui
sont adaptées aux traitement des pathologies
complexes de la colonne vertébrale et
apporter son soutien aux chirurgiens et leurs
équipes du bloc opératoire afin d’obtenir les
meilleurs résultats opératoires possibles.
INSIDE
medicreA
USA
Pouvez-vous nous relater votre parcours ?
Vous n’allez pas me croire, mais j’ai débuté ma
carrière dans le commerce de détail ! Avant d’obtenir
mon diplôme de l’USC en 2002, j’ai été sélectionnée
pour participer à un programme de formation des
cadres pour une grande chaîne de distribution dans
l’Ouest des États-Unis. Ce programme a sélectionné
20 candidats sur 1 500 provenant des cinq meilleures
universités de Californie du Sud comme acheteurs
adjoints au siège de la société. Durant les quatre années
que j’y ai passées, j’ai évolué pour devenir responsable
de la formation, mais notre bureau basé à Los Angeles
a été fermé suite à la fusion avec une autre société. J’ai
décidé d’emprunter une autre voie au lieu de suivre
mes collaborateurs à San Francisco.
Je m’étais toujours intéressée à la médecine ; c’était le
moment idéal dans ma carrière pour tenter de percer
dans ce domaine. J’ai fini par travailler deux ans pour
Pfizer Pharmaceuticals. J’étais en contact avec les
médecins généralistes, les chirurgiens orthopédistes et
les neurochirurgiens. Un jour de 2008, j’ai rencontré
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( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
dans le bureau d’un neurochirurgien le représentant
d’un des principaux laboratoires spécialisés dans le
rachis qui recrutait dans la région. Je savais que ce poste
me plairait et ai tout mis en œuvre pour l’obtenir. Au
bout de quelques semaines, je me suis retrouvée pour
la première fois en tant que représentante dans un bloc
opératoire et je n’en ai pas perdu une miette.
Qu’implique la fonction de SDC chez Medicrea ?
Quels sont vos rôle et responsabilités ?
Les consultants en déformations rachidiennes (SDC)
jouent un rôle crucial dans la réussite de Medicrea.
Nous n’avons pas seulement pour responsabilité
d’expliquer aux chirurgiens pourquoi nos produits
sont plus performants que ceux de la concurrence
et en quoi ils peuvent fournir de meilleurs résultats
chez les patients, mais nous devons également remplir
plusieurs autres fonctions. C’est ce qui rend notre
métier aussi complexe et épanouissant. Le travail
ne fait que commencer une fois que le chirurgien
commence à utiliser les implants rachidiens Medicrea.
m e d i c r e a
Inside Medicrea
Nous devons gérer un tas de choses car notre mission est de veiller au
bon déroulement des cas les plus complexes auxquels le chirurgien
est confronté. Nous devons collaborer avec les membres de son
équipe clinique et le personnel de l’hôpital pour fournir la sélection
d’implants adaptée à l’opération pratiquée sur le patient. Nous
planifions, préparons et anticipons les obstacles que le chirurgien
pourrait rencontrer et la manière dont il peut les contourner.
Pendant l’opération, certains chirurgiens nous demandent conseil et
d’autres attendent de nous un support sans faille à leur équipe, pour
toujours garder une longueur d’avance. Il s’agit d’analyser la situation,
d’être proactif et de tenir compte des besoins du chirurgien. Une
fois l’opération terminée, nous devons procéder à l’inventaire des
produits implantés et regrouper nos plateaux d’instruments pour
l’opération suivante. Chaque détail a une importance capitale, mais
la passion vouée au produit et un service client d’excellente qualité
sont deux facteurs incontournables.
Quel type de relation avez-vous tissé au fil des années avec
les professionnels de soins de santé et les spécialistes en
déformations rachidiennes ?
Malgré la présence au bloc de plusieurs membres de l’équipe, seul
le chirurgien est responsable en dernière instance des résultats de
l’opération. Nous faisons partie de l’équipe chirurgicale en charge
de chaque opération ; à ce titre, nous devons veiller à ce que
tout se passe au mieux. Le chirurgien compte beaucoup sur son
représentant: c’est là une grande responsabilité. Je prends cette
responsabilité très au sérieux et les chirurgiens avec lesquels je
collabore apprécient mon investissement. Je m’efforce de rendre leur
travail aussi simple et paisible que possible, qu’il s’agisse d’aider à la
planification de l’opération, de permettre à son instrumentiste de
respecter les délais au cours de l’opération, ou d’aider les panseuses
(infirmières circulantes). Je réfléchis toujours à ce que je peux faire
en plus pour être utile. J’ai développé des relations professionnelles
solides basées sur le respect mutuel, la confiance et la rigueur.
N’oublions pas qu’avant tout, nous soignons un patient. Je m’écarte
de mon rôle stricto sensu pour nouer des liens avec le personnel
de l’hôpital : les infirmières, les instrumentistes, les coordinateurs,
les auxiliaires médicaux, les internes, les employés de la stérilisation,
car ils contribuent à notre réussite et à nous forger une réputation
auprès du chirurgien. J’ai également toujours intérêt à être aimable
avec les autres représentants commerciaux, car vous ne savez jamais
quand vous aurez besoin de leur aide pour des cas d’ablation de
matériel ou de les recruter en tant que collaborateurs. Le monde est
petit et l’amabilité rend souvent bien service.
Une de vos meilleures expériences ?
C’est difficile de mettre le doigt sur un cas en particulier, car je suis très
heureuse du rôle que je joue « en coulisses » dans les soins prodigués
aux patients. Je dirais que j’apprécie chaque moment de « ah ha »,
c’est-à-dire lorsqu’un chirurgien s’aperçoit à quel point votre produit
peut l’aider pendant une opération et combien il peut changer la vie
du patient. Voici l’une de mes anecdotes préférées : le LigaPass est un
produit dont les chirurgiens perçoivent immédiatement l’avantage.
J’adore les entendre dire « c’est tellement simple et indolore, cela m’a
sauvé la mise parce que je n’arrivais pas à placer la vis pédiculaire,
et je n’ai pas à sacrifier la fixation ou la dérotation ! ». Un chirurgien
qui utilisait le PASS LP pour la première fois, après avoir fait glisser
les tiges dans les dispositifs flexibles sans recourir à un instrument
de réduction, s’est interpellé : « Vraiment, c’est tout ? ». Ce qui m’a
personnellement fait le plus plaisir avec le PASS LP, c’est d’entendre
dire : « Oh non, j’ai coupé ma tige trop courte », de tendre simplement
un connecteur angulé au chirurgien et de résoudre le problème. J’ai
l’impression d’avoir rempli mon devoir lorsque je peux mettre un
système de pointe entre les mains du chirurgien et l’animer de la
même passion qui m’habite. Cette année, je suis ravie parce que j’ai
vécu beaucoup de moments intenses grâce à nos tiges personnalisées
destinées aux patients ! INSIDE
medicreA
USA
“Le LigaPass est un produit dont les
chirurgiens perçoivent immédiatement
l’avantage. J’adore les entendre dire
« c’est tellement simple, cela m’a sauvé la mise
parce que je n’arrivais pas à placer la vis, et je
n’ai pas à sacrifier la fixation
ou la dérotation ! ”
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Distributeur
“Aujourd’hui la
question essentielle
n’est plus de savoir ce
qu’il y a de nouveau,
mais de savoir ce qu’il
y a de mieux”
parte
naire
Entretien avec
Allen Rasoul
Allen Rasoul est le président
de Surgical Solutions. Il
a étudié à l’Université
Christian Brothers, avec une
spécialisation en biologie et
une mineure en philosophie.
Il a été recruté par Medline,
puis Biomet, il a ensuite
décidé de monter sa propre
entreprise et a lancé Surgical
Solutions en 2006. Avec l’aide
d’une belle équipe, Surgical
Solutions s’est développée et
est passée d’une entreprise de
1 à 18 collaborateurs.
Dr Kimball
Allen Rasoul
Quelle est votre histoire avec Medicrea ? La
société a-t-elle changé depuis le début de votre
collaboration ?
J’ai dû commencer à travailler avec Medicrea dès la
création de la filiale aux États-Unis fin 2006. À l’époque,
j’ignorais tout de cette société, mais le Dr Julius Fernandez
et moi-même assistions à l’Eurospine cette année-là.
Nous avons rencontré les représentants de Medicrea sur
un petit stand. Une Thaïlandaise portant des anneaux
traditionnels autour du cou apparaissait sur un écran de
télévision dans le cadre d’un spot de promotion pour
C-Jaws. Nous regardions cet écran depuis le hall et avons
fini par discuter avec un représentant de Medicrea sur
ce produit. Le concept de C-Jaws semblait prendre tout
son sens. De retour aux États-Unis, j’ai pu rencontrer les
représentants américains lors d’une réunion ; nous avons
parlé pendant des heures de Medicrea, ses produits et son
statut d’entreprise française, orientée vers les nouvelles
technologies et les solutions uniques.
Selon vous, le marché national a-t-il évolué ces
dernières années ? Dans quel sens ?
À mes débuts, la chirurgie mini-invasive (MIS) faisait le
buzz et il y avait un débat autour de ce qu’était le MIS
ou ce qui ne l’était pas. C’est toujours le cas aujourd’hui,
mais tout n’est pas si clair et net comme les chirurgiens
avaient tendance à le penser auparavant, notamment sur
mon marché. Autrefois, pratiquer une incision n’était
pas considéré comme du MIS. Tout tournait autour
du système Sextant, car il s’utilise en percutané. Cela a
commencé à changer lorsque les chirurgiens ont étudié
leurs techniques et leurs résultats. Les avis sur le MIS
ne sont plus aussi tranchés. Aujourd’hui, les praticiens
étudient davantage le concept global de perte de sang
et de temps dans le bloc opératoire, pas seulement le
66
( i m ) p r o v e
dans votre bureau sans évoquer les problèmes que les chirurgiens
ou votre équipe rencontrent. Ma société est Surgical Solutions. Le
terme « solution » est important, car il ne désigne pas uniquement
un produit ou un implant. Il peut s’agir de bien d’autres choses.
Un hôpital peut rencontrer des difficultés pour traiter un plateau
d’instrumentation ; il s’agit d’une solution si mon équipe peut
apporter une aide. C’est vraiment une question d’engagement
auprès des clients à tous les niveaux.
m a g a z i n e
b y
type d’incision nécessaire. On accordait beaucoup
d’importance aux nouvelles technologies. La question
était alors de connaître la prochaine nouveauté, mais elle
se pose moins aujourd’hui ; il s’agit plus de définir ce
qui sera le mieux pour le patient. Ces 10-12 dernières
années, les professionnels du secteur étaient sans cesse à
l’affût de la prochaine nouveauté révolutionnaire. C’était
peut-être trop en faire ; nous étudiions également un
nombre excessif de techniques. J’espère que, dans les 2
ou 3 prochaines années, et j’appelle les entreprises à agir
dans ce sens, nous saurons trouver un juste milieu. Nous
continuerons à rechercher de nouvelles techniques pour
aider les patients sans toutefois renoncer aux standards
qui fonctionnent pour trouver un moyen d’améliorer les
normes actuelles sans prendre trop de risques. Qu’on
ne se méprenne pas, nous avons encore beaucoup de
chemin à parcourir.
Comment formez-vous une équipe commerciale
soudée ? Comment décririez-vous votre rôle ?
En qualité de distributeur et de président de société,
je tente de regarder en arrière à l’époque où j’ai atterri
dans ce secteur en travaillant pour d’autres personnes.
Je crois avoir commis l’erreur de passer trop de temps
dans les bureaux, loin des blocs opératoires, sans être
constamment en contact avec les clients. Oui, diriger
l’entreprise implique qu’il est impossible d’être au bloc
tous les jours, mais j’essaie de le faire chaque semaine.
Sinon, je ne peux pas savoir ce qui se passe sur le terrain.
Je me rends toujours dans les services de stérilisation,
rendre visite et parler aux équipes sur place. Vous devez
considérer chacun comme votre client et pas simplement
le chirurgien. Vous devez comprendre que chacun de
vos actes atteste de votre engagement. Vous ne faites
pas votre travail si vous vous contentez de vous asseoir
m e d i c r e a
Comment les technologies « innovantes » sont-elles
acceptées sur les différents marchés ?
Nous aimons employer l’expression « technologies innovantes »
et souhaitons tous être à l’avant-garde du progrès. Je crois que le
vrai problème est de prouver qu’elles peuvent être bénéfiques au
patient. Elles peuvent être innovantes dans le sens où elles font le
bonheur du chirurgien, parce qu’elles sont plus faciles à utiliser ou
qu’elles sont « cool ». Prenons simplement les exemples du robot
ou de la navigation. Ils sont très cools, mais sont-ils nécessaires?
Trouver un équilibre entre les technologies innovantes et les
normes de soins améliorera réellement les soins de santé. Ce n’est
pas parce qu’un système ou une technologie sont plus esthétiques
ou brillants qu’ils vont réellement être utiles au patient. Vous devez
prouver que ce système ou cette technologie lui sont bénéfiques
afin de convaincre les clients.
Existe-t-il des divergences entre les exigences des
chirurgiens et les produits des fabricants ?
Tout à fait. Vous obtiendrez 10 avis différents si vous montrez
une radiographie à 10 chirurgiens. C’est le problème que nous
rencontrons dans notre secteur. Nous sommes tous assujettis à
des pratiques régionales. Je sais également que Memphis, la région
où ma société est basée, n’est pas du tout un marché ALIF. Il
s’agit d’un marché TLIF, mais l’Oklahoma n’en reste pas moins
un marché ALIF important. Si l’on prend cette problématique au
niveau national ou international en tant qu’entreprise, comment
savoir quelle orientation prendre ? Comment savoir où mobiliser
les ressources dans le cadre du développement des produits ? Je
crois que les fabricants doivent avoir une flexibilité régionale.
On ne peut regrouper la R&D et toutes ses ressources dans
une stratégie globale unique, parce qu’un chirurgien nous a dit
une fois que le patient le plus important était le sien ! Je dois
me le rappeler en qualité de distributeur dans ce secteur. Le
patient le plus important sera toujours le patient de ce chirurgien.
À moins de tenter de trouver une solution pour ce patient, on
ne va pas vraiment faire ce qu’il faut pour son chirurgien. Les
entreprises disposées à le faire réussiront. La situation commence
actuellement à changer.
( i m ) p r o v e
Pourquoi considérez-vous comme nécessaire de fournir un
portefeuille complet de produits rachidiens ?
Il est là encore question de SOLUTIONS. Les produits peuvent
être similaires mais, lorsque vous pouvez faire passer un
hôpital, un service ou un chirurgien à une norme supérieure,
ils ont suffisamment confiance en vous pour faire de nouveau
appel à vous. Ils croient en la qualité de vos services et de vos
connaissances, et en la valeur ajoutée que vous apportez à leur
procédure ou pratique. Vous souhaitez maintenir cette situation.
Décliner une offre parce que vous ne disposez pas du produit
concerné met fin à cette confiance. La gamme de produits
complète vous permet de continuer à fournir ces services.
Qu’est-ce qu’implique utiliser un produit conçu et fabriqué
en France ?
Les Américains apprécient le concept « Made in USA », mais
beaucoup de personnes croient que les technologies provenant
d’Europe - comme pour les voitures BMW, Mercedes ou Audi sont plus performantes. À mon sens, les praticiens partagent cette
croyance, mais en tant que distributeur, elle présente certains défis.
Les marchés européen et américain sont différents, cependant, tant
qu’il y a des personnes compétentes pour superviser le produit et
son développement, cette différence est aisément traitée.
L’avenir de votre société ?
Je consacre personnellement beaucoup de temps à la formation
de mes employés. Il est gratifiant de voir que les personnes pour
lesquelles vous avez investi de votre temps et amitié peuvent
atteindre leurs objectifs et réussir. C’est pour moi une récompense
personnelle. Sur le plan professionnel, nous créons actuellement
des succursales à l’échelle nationale ; je souhaite continuer dans ce
sens, voire peut-être un jour à l’échelle internationale.
Vous considérez-vous plus comme un fournisseur ou comme
un prestataire de services pour vos clients ?
Services. Nous proposons des « solutions ». Nous devons garder à
l’esprit que le patient est l’utilisateur final, quel que soit le système
vendu à l’hôpital. En procédant ainsi, on vend notre produit
parce que le chirurgien a confiance en nous et dans le produit
que nous proposons. Trouver le produit adapté à ce patient est un
exemple de service d’excellente qualité ! Cela suppose parfois que
le meilleur service peut consister à informer le chirurgien qu’on
ne dispose pas du meilleur produit pour un patient donné.
m a g a z i n e
parte
naire
b y
m e d i c r e a
67
Inside Medicrea
entière pendant 3 mois, puis je suis devenu DR
à proprement parler avant de prendre les rênes
de ce poste de direction.
Qu’implique la fonction de DR chez
Medicrea ?
Ce que cela implique à mon sens: Vous devez
être très flexible. Vous devez être en mesure de
comprendre que vous travaillez pour une petite
société à la croissance extrêmement rapide.
Vous devez être en mesure de vous adapter à
différentes situations jour après jour, ce qui peut
signifier diriger vos CDR ou les distributeurs
qui ne vous répondent pas nécessairement.
Dans ce cas, il s’agit plus d’une relation relevant
du partenariat. Vous devez faire preuve d’un
peu plus de tact et d’une plus grande diplomatie
pour pouvoir réaliser vos objectifs.
INSIDE
medicreA
USA
Entretien avec
Dino Cotilletta,
Directeur Régional
Medicrea USA.
Dino est diplômé de l’Académie militaire des
États-Unis à West Point. Après son diplôme, il
a servi dans l’armée des États-Unis. Quand il a
quitté l’armée, il a occupé divers emplois dans la
vente. Il y a 6 ans, il a décroché un emploi chez
Synthes Spine, maintenant Depuy-Synthes. C’est
là qu’il a acquis de vastes connaissances dans tous
les domaines de la colonne vertébrale. Lorsque
Synthes a fusionné avec Depuy-Synthes, Dino a
compris qu’il n’y aurait aucune carrière possible
en tant que manager alors qu’il souhaitait un poste
de leader. C’est là qu’il a découvert Medicrea qui
recherchait des commerciaux à New York et
Dino a été embauché à ce poste. Il a passé un
certain temps en tant que représentant et a été en
mesure de construire des ventes rapidement. Il a
ensuite été promu au poste de Directeur Régional
du Nord-Est, poste qu’il occupe actuellement.
68
Pouvez-vous nous relater votre parcours ?
J’ai débuté dans l’armée américaine comme
officier de char, donc aucun rapport avec ma
profession actuelle ! Je dirigeais un groupe de
soldats et étais responsable de quatre chars.
À mon départ de l’armée, j’ai travaillé dans la
gestion de contrats, toujours pour la défense.
J’étais responsable de la vente de produits
militaires avec une autre société française,
Hutchinson Industries. Notre spécialité était
la vente de pneus à roulage à plat pour les
véhicules militaires. J’ai ensuite intégré une
autre société, HILTI, spécialisée dans la
fabrication d’ancres, d’outils de construction
et de systèmes de fixation, secteur d’activité
dont elle est leader mondial. Comme vous
pouvez l’imaginer, l’ancrage dans le béton est
très comparable à l’ancrage dans l’os : ils ont
de nombreux principes communs, tels que le
taraudage et perçage. Ces deux domaines sont
très apparentés, la composante ingénierie
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
était très prononcée. Puis, une société,
Synthes, m’a invité à passer un entretien. Je
ne souhaitais pas particulièrement m’orienter
vers les dispositifs médicaux ou rachidiens,
mais j’ai réussi l’entretien et intégré la société
basée à New York voici six ans. J’ai fini par
adorer ce secteur d’activité.
Comment êtes-vous devenu directeur
régional ?
J’ai toujours eu une âme de leader depuis
mon passage dans l’armée. J’ai toujours eu
ce désir d’encadrer à nouveau des personnes,
une opportunité que Medicrea m’a permis
de saisir. La direction m’a informée que je
pouvais être promu directeur régional (DR)
si je m’avérais performant en qualité de
consultant en déformations rachidiennes
(CDR). J’ai eu l’opportunité de faire mes
preuves assez rapidement et ai obtenu cette
promotion. J’ai travaillé comme CDR à part
m e d i c r e a
d’excellentes relations. Prenez l’exemple de
Medicrea : chaque collaborateur est un véritable
expert du rachis ou suit une formation pour
le devenir, afin de toujours mieux servir nos
partenaires, les professionnels de santé.
Une de vos meilleures expériences ?
Lorsque j’ai pris mes fonctions de DR de
la région Nord-Est, la région ne bénéficiait
d’aucune couverture directe. Après avoir
contacté et discuté avec les distributeurs
locaux, j’ai identifié deux chirurgiens dont je
savais qu’ils nous appréciaient et ai commencé
à remettre la société sur pied. Cela a demandé
beaucoup de persévérance, d’expertise et de
savoir-faire commercial pour reconquérir les
clients, mais nous y sommes parvenus. INSIDE
medicreA
USA
Quel type de relation avez-vous tissé au
fil des années avec les professionnels de
santé?
Vous devez là encore vous montrer très
flexible. Chaque relation est différente, comme
c’est le cas des relations que vous entretenez
chez vous ou au sein de votre communauté.
Certains chirurgiens ne se fient principalement
à moi que pour mon expertise concernant
les produits Medicrea, sans s’intéresser au
reste. Ma présence est seulement nécessaire
pour garantir le bon déroulement de chaque
opération. Au fil de l’évolution de notre société,
notre portefeuille de produits se diversifie et fait
davantage place à l’innovation. L’essentiel, la
véritable base, c’est de bien connaître le rachis
pour réussir dans ce domaine et entretenir
“Chez Medicrea, chaque
collaborateur est un
véritable expert du rachis”
( i m ) p r o v e
m a g a z i n e
b y
m e d i c r e a
69
100,000
+
chirurgies
réalisées
24,2
CA 2014
en millions
euros
20%
croissance
annuelle
depuis 2006
140
60%
25
salariés
dans
le monde
Des ventes
réalisées
aux USA
distributeurs
exclusifs
dans le monde
25
31
gammes
de
produits
homologations
aux USA
40
familles de
brevets
déposés
key figures
(IM)PROVE
Le monde a besoin d’utopies. Parce que nous avons la conviction que
rien n’est impossible, nous voulons produire les meilleurs implants et
instruments pour la chirurgie du rachis. Améliorer, toujours améliorer,
c’est la promesse que partage Medicrea avec ses partenaires chirurgiens du
monde entier.
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êtes-vous prêts à l’essayer ?
( IM ) PROV E
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