Santé : les chirurgiens font bloc A l’appel des différents syndicats, les chirurgiens du privé se sont mis en grève depuis hier, et ce jusqu’au 19 octobre. Ils demandent plus de moyens, se positionnant en patrons de petites entreprises. Mais refusent toutefois que ce soient les patients qui paient l’addition. Présent hier à Lyon, nous avons rencontré le Dr. Caton, président du SNCO. « C’est un front uni » se félicite Jacques Caton, Président du Syndicat National des Chirurgiens Orthopédistes (SNCO). Effectivement, les principaux syndicats de chirurgiens, (SNCO, SNCVD, et UCDF) ont décidé une semaine de grève. Dans le privé, elle est suivie à 80%, même si les urgences sont assurées. Leurs revendications ? Le maintien de la liberté tarifaire, c'est-à-dire qu’ils veulent pouvoir fixer le prix qu’ils veulent à la consultation. Mais pas à n’importe quel prix. Ils dénoncent une Sécurité Sociale qui ne rembourse pas assez les patients. En somme, ils accusent l’Etat de leur faire payer ce que lui ne veut pas payer. « Un chirurgien, ce n’est pas quelqu’un qui travaille avec ses deux mains, c’est quelqu’un qui travaille avec 3 ou 4 autres personnes », explique M. Caton. Un chirurgien est un peu comme un patron de PME, et ces personnes qui travaillent avec lui (instrumentaliste, aide opératoire, secrétaire médicale, etc.), il doit les rémunérer. C’est ainsi qu’ils justifient les fameux dépassements d’honoraires (qu’ils préfèrent appeler « compléments ». Mais pour eux, pas question que ces frais soient imputés aux patients. C’est pourquoi ils demandent à l’Etat que la Sécurité Sociale prenne en charge le remboursement de ces honoraires. D’ailleurs, tout le gouvernement en prend pour son grade : « François Fillon (Premier ministre) m’a promis, les yeux dans les yeux, que les accords de 2004 seraient intégralement respectés, mais rien n’a bougé. (…) Mme Bachelot (Ministre de la Santé) n’a jamais rencontré un seul représentant des syndicats de chirurgie, malgré nos nombreuses sollicitations », ou encore : « Xavier Bertrand et Douste-Blazy (Ministre du Travail et ex-Ministre de la Santé) nous ont fait des promesses qu’ils n’ont jamais tenues », s’agace M. Caton. Et l'inquiétude ne s’arrête pas là. Pour les syndicats, du fait de ces problèmes, les étudiants en médecine rechignent à se spécialiser en chirurgie, autrefois la filière des premiers aux concours. Et comme pour devenir chirurgien, il faut 14 années d’études (pour un salaire compris entre 4 000 et 7 000 euros mensuels), ils craignent une sérieuse pénurie dans les années à venir : « on est déjà en train de vider les pays d’Europe de l’Est de leurs chirurgiens, pour les faire venir ici. Là-bas, ce sont des Chinois qui reprennent les places libres » s’inquiète le président du SNCO. Car selon lui, leur formation n’est pas aussi bonne que celle des chirurgiens français. Et de rappeler que « la France est le pays où un patient atteint d’un cancer a le plus de chances de guérir ». Avant de mettre en garde : « On n’a pas envie que ce qui se passe au niveau des généralistes se passe au niveau des chirurgiens dans 5 ans. » La balle est dans le camp du Gouvernement, passé maître dans l’art de monter les différentes catégories de la population les unes contre les autres. Gageons que ce dernier jouera sur les difficultés économiques de la plupart des Français pour décrédibiliser les revendications d’une profession qui touche entre 4 000 et 7 000 euros par mois. En attendant, la FPSH (Fédération de la Permanence des Soins Hospitaliers), organisme qui regroupe les syndicats des urgentistes, du SAMU et des anesthésistes, a appelé à une grève des médecins du service public pour les journées de jeudi et vendredi. ! 15/10/08 par : Stéphane ROUSSET