JRANF 2017 L’IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE DANS LE BILAN D’EXTENSION ET LE SUIVI DU CANCER DU COL. A PROPOS DE 54 CAS À LIBREVILLE. SM. KIKI, G. EBINDA MIPINDA, S. ADJADOHOUN, D. AKANNI, IH. KOUMAKPAYI, HP. YEKPE AHOUANSOU, O. BIAOU. [email protected] INTRODUCTION • Le cancer du col est le 4ème cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde, le 1er cancer en terme d’incidence et de mortalité dans les pays en développement soit 34,8 femmes sur 100 000 en Afrique sub-saharienne et 19,9 /100 000 au Gabon [1; 2]. • Le carcinome épidermoïde est de loin le type histologique le plus fréquent [1]. • Le diagnostic positif est basé sur la clinique et l’examen anatomopathologique (FCV / colpobiopsie)[1]. 2 INTRODUCTION • Seule l'IRM, à condition d'être bien réalisée et bien interprétée, offre la fiabilité nécessaire pour la détermination de l'extension locorégionale. • Nos objectifs sont d’abord de décrire l’aspect des lésions rencontrées et le degré d’extension, ensuite de déterminer des spécificités éventuelles à l’Afrique tropicale puis enfin de situer la place de l’IRM dans le suivi post-thérapeutique. 3 MATÉRIELS ET MÉTHODES • Il s’est agit d’une étude descriptive, rétrospective mono-centrique sur une période de 36 mois (Avril 2013 - Mars 2016). • Au total 54 patientes ayant bénéficié d’une IRM pelvienne ont été incluses: • 30 pour le bilan d’extension initial d’un cancer du col utérin histologiquement confirmé. • 24 autres pour un suivi post-thérapeutique (chirurgie, radiothérapie et ou chimiothérapie). • Les examens ont été réalisés avec une IRM de 1,5 Tesla, AVANTO, SIEMENS. Une antenne « Body » a été utilisée chez les patientes installées en décubitus dorsal, vessie en semi réplétion. 4 MATÉRIELS ET MÉTHODES • Protocole: Balisage vaginal ou rectal au gel échographique tant que possible. Séquences pondérées en T2 Spin écho dans les 3 plans, T1 spin écho en coupes sagittale, axiale sans et avec saturation de la graisse, Diffusion, T1 spin écho en coupe axiale après injection de gadolinium en dynamique. • Eléments d’analyse: signal et taille des tumeurs, extension locorégionale (paramètre, vagin, vessie, rectum), extension ganglionnaire. • En cas de suivi post-thérapeutique, on recherche l’existence ou non d’un résidu tumoral, d’une récidive tumorale ou d’une poussée tumorale. 5 RÉSULTATS • La figure1 montre la répartition des patientes en fonction de l’âge. 27 18 Effectifs (n) • L’ âge moyen des patientes était de 55, 52 ans avec des extrêmes de 24 ans et 87 ans. 7 2 20 - 39 ans 40 - 59 ans 60 - 79 ans Tranches d'âge 80 - 100 ans Figure 1: Répartition en fonction de l’âge. 6 RÉSULTATS • Le seuil d’opérabilité (>04 cm) était dépassé dans 66,7% des cas (36 cas). 20 Effectifs (n) • La taille moyenne des tumeurs était de 4,70 cm avec des extrêmes de 0,6 cm et 9,9 cm. 25 25 14 15 10 6 5 4 5 0 0 - 2 cm 2 - 4 cm 4 - 6 cm 6 - 8 cm Taille tumorale > 8 cm Figure 2: Répartition en fonction de la taille 7 tumorale. RÉSULTATS • Signal des tumeurs o T2: Hypersignal modéré contrastant avec l’hyposignal du stroma cervical fibreux (3a) 3a 3b 3c o T1: Isosignal par rapport au col utérin (svt non visible) (3b) o Séquences dynamiques: Rehaussement plus précoce des tumeurs de petite taille par rapport col utérin normal (3c) 8 Figure 3: coupes sagittales en pondération T2 (a), T1 (b) puis T1FS+Gadolinium (c). Tumeur du col utérin RÉSULTATS Tableau I: Répartition des patientes en fonction de Tableau II: Classification FIGO-IRM des l’extension locorégionale et ganglionnaire cancers du col chez nos patientes Extension Effectifs (n) Pourcentage (%) Stade Effectifs (n) Pourcentage (%) [n/54] FIGO I A 1 1,9 Paramètres 42 77,78 FIGO I B1 6 11,11 Vagin 34 62,96 FIGO I B2 3 5,55 Corps utérin 19 35,18 FIGO II A 2 3,7 Vessie 10 18,51 FIGO II B 17 31,5 FIGO III A 5 9,3 Rectum 6 11,11 FIGO III B 11 20,4 uretères 23 42,59 FIGO IV A 9 16,7 Paroi 11 20,37 FIGO IV B 0 0 Total 54 100,0 pelvienne Ganglions 23 42,59 9 RÉSULTATS • FIGO IB1 4a 4b Figure 4: Coupes, sagittale en pondération T2 (a), axiales T2 (b) puis T1FS+Gadolinium (c). Tumeur du col utérin en hypersignal T2 intermédiaire <4 cm, se rehaussant précocement après injection de gadolinium, limité au col. Respect de l’anneau stromal fibreux cervical en hyposignal T2 autour de la tumeur (b). 4c 10 RÉSULTATS 5a • FIGO IIA Figure 5: Coupes, axiale en pondération T2 (a), sagittales T2 (b) puis T1FS+Gadolinium (c). 5b 5c Lésion en hypersignal T2 intermédiaire > 4 cm, se rehaussant précocement après injection de gadolinium, suivi d’un lavage sur les coupes tardives (a, c). Extension tumorale au delà du col avec envahissement vaginal du 1/3 sup (b). Interruption localisée de l’hyposignal T2 vaginale +/- épaississement pariétal hypersignal T2 (a). 11 RÉSULTATS • FIGO IIB 6a 6b Figure 6: Coupes, sagittale en pondération T2 (a), axiales T2 (b) puis T1FS+Gadolinium (c). Lésion en hypersignal T2 intermédiaire, avec extension tumorale à l’isthme (a) puis envahissement des paramètres traduit par l’interruption complète de l’hyposignal T2 du col (b). 6c 12 RÉSULTATS 7a • FIGO IIIA Figure 7: Coupes, axiale en pondération T2 (a), sagittales T2 (b) puis T1FS+Gadolinium (c). 7b 7c Lésion cervicale exophytique bombant dans la cavité vaginale avec extension tumorale à l’isthme (a) puis au 1/3 inférieur du vagin. Interruption de l’hyposignal T2 vaginale sur le versant antéro-latéral droit (a). 13 RÉSULTATS • FIGO IV A • Femme, 64 ans Figure 8: Coupes, axiale T2 (a), sagittale T2 (b) T1FS+Gadolinium (c) puis coronale T2. 8a Lésion cervicale exophytique, avec extension tumorale aux paramètres, aux parois vaginales (flèches pleines, b, d) surtout antérieure, et à la paroi vésicale postérieure (flèche blanche, c). Urétéro-hydronéphrose bilatérale (d) avec extension ganglionnaire iliaque bilatérale (Flèches creuses, a). 14 8b 8c 8d RÉSULTATS • FIGO IV A 9a 9b 9d Figure 9: Coupes, sagittale et axiale T2 (a, b), puis axiale et sagittale T1FS+Gadolinium (c, d). Lésion cervicale infiltrante, avec extension tumorale aux parois vaginales (flèche blanche, a) et aux parois, vésicale postérieure puis rectale antérieure. Fistule vésico-vaginale (flèche pleine, b) puis recto-vaginale (flèches creuses, c). 9c 15 RÉSULTATS Tableau III: Distribution des patientes traitées en fonction de la réponse au traitement. • 24 patientes sont adressées pour un suivi post–thérapeutique, (chirurgie, radiothérapie et ou chimiothérapie). Stade Effectifs (n) Pourcentage (%) Résidu tumoral 3 12,5 Récidive 6 25 3 12,5 2 8,33 10 41,67 tumorale Progression • L’objectif était d’apprécier la réponse thérapeutique, consignée dans le tableau IV. tumorale Régression du volume tumoral Rémission complète Total 16 24 100 RÉSULTATS • Rémission complète à 12 mois Après chirurgie Avant traitement 10a 10c Figure 10: Coupes, axiale et sagittale T2 (a, b), puis axiale et sagittales T2 (c, d) et T1FS+Gadolinium (e). Lésion cervicale <4 cm sans atteinte paramétriale, classée FIGO IB1, ayant bénéficié d’une chirurgie. Le contrôle réalisé à 12 mois montre une rémission complète puis un retour de l’hyposignal T2 physiologique homogène du col. 10b 10d 10e 17 RÉSULTATS • Récidive sur moignon 6 mois après chirurgie 18 mois après chirurgie 11c 11a Figure 11: Coupes axiales (a, c) et sagittales T2 (b, d). Lésion cervicale, classée FIGO IIA, ayant bénéficié d’une hystérectomie totale. 11b 11d Le contrôle réalisé à 6 mois ne montre pas de résidu tumoral (flèches creuses). A 18 mois post opératoire on note une récidive sur le moignon (Flèches pleines). 18 DISCUSSION L’Age moyen • 80% des femmes avaient au moins 40 ans avec la moitié de l’effectif compris entre 40 et 59 ans. Un nombre non négligeable de cancer du col (13%) a été retrouvé chez des femmes plus jeunes (24-39 ans). • L’âge moyen des femmes de notre série est supérieur à celui retrouvé dans la littérature en générale. DIOP et al. au Sénégal ont enregistré un âge moyen de 45,7 ans [31; 70 ans] et de même que DIABATE et al. en Côte d’Ivoire avec un âge moyen de 48,42 ans [37-65 ans] [3, 4]. Cette différence pourrait s’expliquer par les âges extrêmes très variables. 19 DISCUSSION Taille tumorale • Le seuil d’opérabilité (>04 cm) était dépassé dans 36 cas, soit 66,7%. Ces chiffres sont inférieurs à ceux obtenus respectivement par DIOP à Dakar et DIABATE à Abidjan qui étaient de 6,2 cm [2 ; 15,2] puis 6,29 cm±0,75 [3, 4]. Ce seuil était dépassé dans 92% dans la série sénégalaise et de 80% dans la série ivoirienne. • Ce qui confirme la découverte au stade avancé du cancer du col de l’utérus en Afrique sub-saharienne. Le nombre élevé de tumeurs non opérables pourrait s’expliqué par le manque d’un dépistage systématique, organisé et accessible pour les femmes sexuellement actives. 20 DISCUSSION Atteinte ganglionnaire • Elle était présente dans 42,59%. Les ganglions suspects de malignité ont été retenus en cas de taille > 1 cm, avec une prise de contraste et ou un hypersignal diffusion. L’envahissement ganglionnaire était retrouvé chez 43,39% des patientes dans la série de Chastan et al. [5] et de 41% dans celle de DIABATE et al. Il était plus élevé dans la série de DIOP et al. (60%) [3; 4]. • L’IRM grâce à ses séquences de diffusion est supérieure à d’autres techniques comme le scanner pour la détection d’adénopathies, notamment pelviennes [6; 7]. 21 DISCUSSION Atteinte ganglionnaire • Roudaut et al. ont montré une sensibilité de 100% et une spécificité de 86% pour l’IRM de diffusion à 1,5 Tesla par rapport au TEP-Scan dans l’évaluation des ganglions envahis lors d’un cancer du col utérin [8]. • Le statut ganglionnaire conditionne le pronostic et le choix du traitement adjuvant. • Le taux de survie à 5 ans en cas de cancer localement avancé est d’environ 57% si ganglions indemnes, 34% en cas d’envahissement ganglionnaire pelvien puis à 12% en cas d’envahissement ganglionnaire lombo-aortique [9]. 22 DISCUSSION Classification FIGO-IRM des cancers du col utérin • Les tumeurs non opérables (IIB et plus) étaient retrouvées dans 87 % des cas. Ces données sont supérieures à celles de DIOP et al. (84%) et Roudaut et al. (75%) [ 3; 8]. • Le stade IIB (31,5%) était le plus représentatif, suivi du stade IIIB (20,4%). DIOP et al., DIABATE et al. puis Chastan et al. ont fait le même constat mais dans des proportions plus élevées, soient respectivement 56%, 73% et 45,28% [3; 4; 5]. • Dans la plus part des séries africaines, les cancers sont découverts à un stade avancé [3; 4; 10; 11]. La vaccination contre l’HPV, le dépistage organisé et une prise en charge disponible et accessible pourraient inverser la tendance. 23 DISCUSSION IRM et suivi post-thérapeutique • Le délai de réalisation de l’IRM de contrôle était variable d’une patiente à une autre [3-24 mois] avec un délai moyen de 9,85 mois. • Le premier et le dernier examen en date ont été considéré pour toutes les patientes. • De façon globale, nous avons enregistré dix cas de rémission complète soit 41,67%. • Dans les sept cas de résidu tumoral enregistrés, il y avait eu une radiothérapie première associée ou non à la chimiothérapie. Aucune chirurgie n’avait encore été pratiquée. • Dans les cas de progression et de récidive tumorale, il s’agissait des tumeurs d’un stade supérieur ou égal à IIIA. 24 DISCUSSION IRM et suivi post-thérapeutique • Dans le suivi post thérapeutique des tumeurs du col, se pose essentiellement le diagnostic différentiel entre la récidive locale, le résidu tumoral et la fibrose inflammatoire. L’acquisition de coupes en séquence dynamique après injection de Gadolinium est la technique la plus sensible en mettant en évidence sur la zone suspecte un rehaussement de signal précoce inférieur à une minute en cas de lésion tumorale. • Par contre, un rehaussement de signal plus tardif et se majorant sur les coupes les plus tardives est plutôt en faveur d’une fibrose inflammatoire. La comparaison des examens successifs aident également à apprécier la réponse tumorale. 25 CONCLUSION • Le cancer du col-utérin reste un problème de santé publique dans les pays en développement en général. Le diagnostic est souvent posé à un stade tarif au moment où la prise en charge adéquate nécessite une radiothérapie ou un traitement palliatif. L’IRM est devenu incontournable dans son bilan d’extension loco-régional et dans le suivi post-thérapeutique afin d’apprécier la réponse tumorale. • La réduction de la mortalité liée à cette pathologie devra passer par la lutte contre les facteurs favorisants, le dépistage organisé et le traitement adapté au stade FIGO. 26 CONCLUSION • L’arrivée de L’IRM dans notre pratique courante oblige les radiologues à s’approprier les éléments d’analyse du cancer du col, indispensable pour la codification de sa prise en charge. • Les pouvoirs publics sont interpellés à rendre accessible le dépistage systématique, et les moyens de prise en charge (IRM, Radiothérapie, Chimiothérapie….). • C’est le lieux de saluer l’effort consenti par Institut de cancérologie de Libreville dans cette lutte contre le cancer du col. 27 RÉFÉRENCES 1. 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