Histiocytose langerhansienne thyroïdienne associée à un

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Histiocytose langerhansienne thyroïdienne associée à un carcinome
papillaire multifocal et à des lésions de thyroïdite lymphocytaire
G. Morcrette*, I. Chokri*, P. Bonnichon**, L. Billaud***, M.C. Vacher-Lavenu*, ****, F. Larousserie*, ****,
F. Tissier*, ****
L
* Service d’anatomie
pathologique,
hôpital Cochin.
** Service de chirurgie
générale, hôpital Cochin.
*** Service des maladies
endocriniennes
et métaboliques,
hôpital Cochin, AP-HP.
**** Université ParisDescartes, Paris.
a thyroïde est une localisation rare et inhabituelle
d’histiocytose langerhansienne (HL) [1-5]. Nous
rapportons un cas de carcinome papillaire thyroïdien multifocal associé à des lésions de thyroïdite
lymphocytaire et à une localisation thyroïdienne d’HL.
Une femme tabagique de 50 ans a subi une thyroïdectomie totale devant la découverte d’un nodule palpable
dont la cytoponction était en faveur d’un carcinome
papillaire. L’examen histologique de la pièce opératoire
mettait en évidence 3 foyers de carcinome papillaire
mesurant 0,2 cm pour 2 d’entre eux et 0,8 cm pour le
troisième (figure 1A et B). L’étude immuno-histochimique réalisée sur le plus volumineux foyer montrait
une perte d’expression de la thyroïde peroxydase par les
cellules tumorales et une expression intense et diffuse
de la galectine-3. Il s’y associait des lésions de thyroïdite
lymphocytaire d’intensité légère à modérée (figure 2).
De plus, à distance de ces foyers existait une plage mal
limitée composée de polynucléaires éosinophiles, de
lymphocytes et surtout de cellules histiocytaires aux
noyaux convolutés, incisurés, sans granulome épithélioïde, sans nécrose (figure 3A et B). La nature langerhansienne de ces histiocytes était confirmée par un
immunomarquage positif avec l’anticorps anti-CD1a
permettant d’affirmer le diagnostic de localisation thyroïdienne d’une HL (figure 4). La prise en charge chirurgicale du carcinome papillaire multifocal était complétée
par une cure d’iode131 suivie d’une hormonothérapie
freinatrice et la patiente était adressée en médecine
interne pour recherche d’une atteinte multifocale d’HL.
L’histiocytose langerhansienne est un désordre
affectant les cellules de Langerhans, cellules présen-
tatrices de l’antigène (3). Ces histiocytes présentent
des noyaux incisurés, chiffonnés, réniformes (2-4). En
microscopie électronique, ils comportent des granules de Birbeck (1-5). En immuno-histochimie, ces
histiocytes expriment la protéine S100 et le CD1a (1-5).
À ces histiocytes s’associent des polynucléaires éosinophiles (1, 2, 4, 5).
À notre connaissance, l’étiologie de l’HL demeure inconnue (3). Diverses localisations ont été rapportées, isolées ou intéressant plusieurs organes, tels que l’os, la
peau, les ganglions lymphatiques, le foie, le poumon,
l’hypophyse et la thyroïde (1, 2).
La plupart des cas rapportés d’HL thyroïdienne sont
de découverte fortuite (2). En cytologie thyroïdienne,
cette entité doit être connue, le principal diagnostic
différentiel étant celui d’un carcinome papillaire, en
raison de la morphologie des noyaux des histiocytes
langerhansiens (2, 4). La localisation thyroïdienne est
souvent associée à une forme multiviscérale ou la
précède ; la recherche de l’atteinte d’un autre organe
constitue donc un enjeu majeur (2).
Bien que la plupart des cas soient décrits en association
avec un carcinome papillaire, il n’existe à l’heure actuelle
aucune preuve d’une association non fortuite (2).
Par ailleurs, l’HL est souvent associée à une thyroïdite
lymphocytaire (2, 5). Dans ces 2 situations, l’hypothèse
d’un processus réactionnel plutôt que celle d’une prolifération néoplasique est alors privilégiée (2).
En conclusion, la localisation thyroïdienne de l’HL est
une forme rare d’une maladie rare. Elle requiert une
consultation en milieu spécialisé et son pronostic est
bon si l’atteinte thyroïdienne est isolée (2).
■
Références
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en de
Métabolismes
Diabètes
et Nutrition
- Vol.
XV -2000;4:23-8.
n° 4 - avril 2011
Romdhane K. Histiocytose
langerhansienne
la thyroïde : Hormones
pathologic
correlation.
Ann Diagn
Pathol
Figure 1
A
B
A
B
Figure 2
Légendes
Figure 3
Figure 1.
A. Foyer mal limité de carcinome papillaire thyroïdien (hémalum
éosine safran [HES] × 50).
B. Atypies nucléaires caractéristiques d’un carcinome papillaire
thyroïdien : inclusions intranucléaires (flèche), incisures, phénomène
de chevauchement (HES × 200).
Figure 2. Lésions de thyroïdite lymphocytaire (HES × 25).
Figure 3.
A. Foyer histiocytaire mal limité (HES × 50).
B. Plage d’histiocytes aux noyaux chiffonnés et aux cytoplasmes
éosinophiles associés à quelques lymphocytes et polynucléaires
éosinophiles (HES × 200).
Figure 4. Expression membranaire et cytoplasmique du CD1a
permettant d’affirmer que les histiocytes sont de nature langerhansienne (× 50).
Figure 4
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - n° 4 - avril 2011
121
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