Extrait d’article de la revue Mutuelle et Santé n° 23 Prévention PRÉVENTION ET ALIMENTATION Nutrition : comment préserver son capital santé (2e partie) Avec le concours de Philippe Moulin, professeur des universités, praticien hospitalier à l’hôpital de l’Antiquaille à Lyon La première partie de cet article, consacrée au lien entre alimentation équilibrée et prévention cardio-vasculaire, abordait le problème du cholestérol et des graisses. Dans cette seconde partie, nous évoquerons des sujets aussi complémentaires que le rôle des fruits et légumes, les vitamines, le vin, les nouvelles pratiques alimentaires… Il est vivement recommandé de consommer des fruits et des légumes. Riches en éléments nutritionnels et en vitamines ; ils ont aussi un rôle antioxydant appréciable. Les tomates, les carottes et les brocolis sont particulièrement riches en micronutriments antioxydants, de même que l’ail et l’oignon. Les fruits et légumes sont également riches en fibres, qui sont indispensables à l’organisme, stimulent l’action intestinale et aident à réduire les risques de cancer du côlon. Les fibres ne sont pas digérées et sont préservées intactes dans les fruits et légumes, ce qui permet d’en conserver tous les avantages. Les petits pois, les crudités, les pommes, les kiwis sont des aliments présentant de forts apports en fibres. Le rôle de la vitamine E Presque toutes les vitamines sont impliquées dans la défense de l’organisme. La vitamine E, antioxydante et très utile en termes de prévention cardiovasculaire et de prévention des cancers (côlon, seins, utérus), est fortement présente dans les fruits et légumes. Elle est contenue dans le carotène des fruits et des légumes (épinards, brocolis) et la peau des fruits. On trouve également la Extrait d’article de la revue Mutuelle et Santé n° 23 vitamine E dans d’autres aliments : huiles végétales, jaune d’œuf, oignon, maquereau… Tous les apports en vitamines sont encore meilleurs quand ils se présentent sous forme naturelle. En effet, une étude a démontré qu’une consommation de vitamine E ou d’antioxydants sous forme artificielle (gélules, ampoules…) ne semblait pas avoir d’effet bénéfique particulier. Les vitamines B6, C et D La vitamine B6, présente dans les viandes, le poisson, les céréales complètes, les légumes frais, est importante pour l’organisme. Elle aide à conserver la masse musculaire. La vitamine D contrôle l’absorption du calcium et sa fixation sur l’os. Elle aide à la prévention de l’ostéoporose… Elle est présente dans le poisson et elle est également fabriquée par réaction du soleil sur la peau. Ce sont souvent les personnes âgées qui souffrent de carences en vitamine D. La vitamine C, enfin, renforce les défenses naturelles de l’organisme. Indispensable, elle est très présente dans les fruits et légumes frais : kiwis, poivrons, chou-fleur… Les vitamines… en boîte Une mode récente dans notre pays a vu la prolifération des suppléments en vitamines ou minéraux. Il s’agit là de toute une gamme de gélules contenant des compléments nutritionnels censés agir de façon préventive. Comme nous l’avons dit, la consommation de ce type de produits n’apporte à ce jour aucune preuve tangible d’amélioration. Le vin Sujet à la fois passionnant et paradoxal, la place du vin dans nos pratiques alimentaires suscite plusieurs analyses. S’il est démontré que les Français présentent un risque cardio-vasculaire plus faible que leurs voisins européens, ils le doivent avant tout aux habitudes d’une alimentation équilibrée et variée. La consommation de vin à dose modérée peut jouer un effet préventif en favorisant l’augmentation du bon cholestérol, mais ce bénéfice, hélas ! ne s’accroît pas en proportion de la quantité absorbée… Au-delà d’une dose très raisonnable, en effet, les éléments nocifs deviennent prédominants. Le vin contient des micro-nutriments dans les tanins qui pourraient présenter un effet antioxydant mais il n’y a que peu de certitudes en la matière. La consommation d’alcool ne peut faire l’objet, en tout cas, d’aucune recommandation. Extrait d’article de la revue Mutuelle et Santé n° 23 Le sel Nos besoins quotidiens en sel ne dépassent pas 4 g. Or nous en consommons en moyenne entre 8 et 12 g ! Selon les études les plus récentes, cet excès, inhérent à nos habitudes alimentaires, n’est pas systématiquement générateur d’hypertension. Pourtant, il y a encore quelques années, face à un problème cardio-vasculaire, le sel était systématiquement mis à l’index. Aujourd’hui, les régimes proposés sont, en ce domaine, bien plus nuancés. Les alicaments Parmi les produits en vogue, on peut citer les fameux « alicaments », qui connaissent un succès commercial croissant. On parle ici des aliments renforcés en vitamines, protéines et oligo-éléments : le lait enrichi en vitamine D, les margarines enrichies en micro-nutriments, les biscuits et les boissons survitaminés… L’effet et le bénéfice réels sur la santé ne sont pas prouvés de façon significative, mais le développement de ces produits témoigne d’une préoccupation – parfois un peu obsessionnelle – de l’équilibre alimentaire. En revanche, afin de limiter les apports néfastes de certains aliments (notamment au plan des graisses), il est possible d’intégrer des composants chimiques capables de réduire fortement le cholestérol. La recherche permettra bientôt cette avancée pour les margarines. Coupe-faim et substituts de repas Citons aussi le cas des pilules « coupe-faim ». Ces médicaments sont souvent néfastes car ils jouent artificiellement sur le comportement alimentaire tout en n’apportant aucune solution positive. Il faut rappeler que la nourriture doit aussi être source de plaisir. Les substituts de repas, également très en vogue, peuvent être d’une aide ponctuelle appréciable, mais ils ne doivent pas constituer un programme alimentaire en soi. Alimentation et hygiène de vie Il faut naturellement souligner qu’une hygiène de vie bénéfique en termes de prévention cardio-vasculaire doit combiner bonne nutrition et activité physique. L’excès de sédentarité contribue à renforcer le risque cardio-vasculaire. Des repas équilibrés s’analysent aussi en apports caloriques. On considère par exemple qu’une femme sédentaire a besoin de 1 700 à 1 800 calories par jour. Attention : tout régime visant à réduire cet apport calorique doit simultanément éviter les carences qu’il risque d’induire. Une alimentation doit rester équilibrée pour apporter à l’organisme tous les nutriments nécessaires capables d’aider à la prévention des risques de santé. Extrait d’article de la revue Mutuelle et Santé n° 23 A propos des OGM Les fameux OGM, organismes génétiquement modifiés, ne présentent pas d’effets nutritionnels néfastes prouvés. Mais les risques potentiels dont ils sont porteurs impliquent une extrême vigilance : risque écologique affectant la biodiversité et ignorance totale des effets potentiels, à terme, pour la santé du consommateur. Quelques chiffres • 80 % des Français ne consomment du poisson qu’une fois par semaine, alors que la recommandation est de trois fois au moins. • Un adulte sur deux recevrait moins de l’apport quotidien en vitamine C conseillé (80 mg), alors que bon nombre d’entre nous ont des besoins accrus : fumeurs, citadins, femmes enceintes, personnes subissant une attaque infectieuse, plus de 60 ans… • Plus de 80 % des Français ont un apport en vitamine B6 inférieur aux recommandations, et 30 à 50 % des femmes consomment moins des deux tiers des apports conseillés. • 100 % des adultes français n’atteignent pas les apports recommandés en vitamine E.