Chapitre V Nombres premiers 1 Nombre premier 1.1 Définition Définition 1 Un nombre premier est un entier naturel qui admet exactement deux diviseurs dans N : 1 et lui-même. Exemple 1 : • 1 n’est pas premier (il n’admet qu’un diviseur dans N). • 2 est le seul nombre premier pair. • Les nombres premiers inférieurs à 100 sont : 2, 3, 5, 7, . . . • Un entier non premier est dit composé. 1.2 Diviseur premier Propriété 1 : Tout entier naturel n ≥ 2 admet un diviseur premier. √ Si n n’est pas premier, alors il admet un diviseur p premier tel que 2 ≤ p ≤ n. Démonstration : Si n est premier, il admet un diviseur premier : lui-même. Sinon, considérons l’ensemble des diviseurs d de n avec 2 ≤ d < n. C’est un ensemble non vide (car n n’est pas premier) et majoré (par n). Il admet donc un plus petit élément que nous notons p. Si p admet un diviseur différent de 1 et de lui-même, alors ce diviseur serait strictement inférieur à p ce qui contredit la minimalité de p. Donc p est premier. Donc√n = p × q avec p ≤ q. En multipliant cette inégalité par p, on a p2 ≤ pq = n c’est-à-dire p≤ n Remarque 1 Pour savoir si 101 est un nombre √ premier, il suffit donc de tester si 101 est divisible par un nombre premier inférieur à 11 ( 101 > 10). ☞ Exercices 1,2,4,5,8,10,13 p 64 1 1.3 Test de primalité, crible d’Eratosthène Algorithme de test de primalité Début FIN Lire N p ←− 2 √ Tant que p 6 N faire R ←− Reste (N/p) Si R = 0 alors Écrire "N n’est pas premier" p ←− N Sinon p ←− p + 1 Fsi Ftq Si p 6= N alors écrire "p est premier" ☞ Activité 40 page 67 (sur T.I avec amélioration de l’algo) On peut améliorer cet algorithme en limitant le nombre de tests comme suit : Début D ←− 1 R ←− 1 Lire N N est entier faire : Tant que 2 Afficher "Erreur ce nombre est pair, rentrer un nombre impair" Lire N Ftq Tant que R 6= 0 et D 2 ≤ N faire : D ←− D + 2 N Reste R ←− D Ftq Si D 2 > N : Alors afficher "Ce nombre est premier" Sinon afficher "Un diviseur de N est D Fsi FIN 2 Le crible d’Eratosthène (IIIè siècle avant J.C) permet de déterminer par exclusion tous les nombres premiers inférieurs à un entier n donné. Voici un exemple avec n = 100 (en bleu les nombres premiers) : 1 11 21 31 41 51 61 71 81 91 1.4 2 12 22 32 42 52 62 72 82 92 3 13 23 33 43 53 63 73 83 93 4 14 24 34 44 54 64 74 84 94 5 15 25 35 45 55 65 75 85 95 6 16 26 36 46 56 66 76 86 96 7 17 27 37 47 57 67 77 87 97 8 18 28 38 48 58 68 78 88 98 9 10 19 20 29 30 39 40 49 50 59 60 69 70 79 80 89 90 99 100 Une infinité de nombres premiers L’exemple du crible précédent montre que les nombres premiers se raréfient. En effet, plus un nombre est grand et plus les candidats diviseurs de ce nombre sont nombreux donc moins il a de chances d’être premier. De nombreuses recherches sur la répartition des nombres premiers sont encore effectuées aujourd’hui. En 1896 a été démontré le théorème des nombres premiers x où π(x) représente le nombre de nombres premiers inférieurs à qui affirme que π(x) ∼ ln x x x. Cela veut dire que ce nombre π(x) se comporte comme la fonction x 7−→ en l’infini ln x (tracer sa courbe sur calculatrice). Mais ceci est compliqué, et largement hors-programme ! Par contre : Théorème 1 Il existe une infinité de nombres premiers. Démonstration : Supposons le contraire et appelons p le plus grand des nombres premiers. Formons le nombre p′ = p! + 1 = p × (p − 1) × (p − 2) × · · · × 2 × 1 + 1. Soit p0 un diviseur premier de p′ (on sait qu’il existe). p0 |p! puisque p! = p × (p − 1) × (p − 2) × · · · × (p0 + 1) × p0 × (p0 − 1) × · · · × 2 × 1. Donc, puisque p0 |p! et p0 |p′ alors p0 |p′ − p! = 1. On en déduit que les seuls diviseurs de p′ sont 1 et lui-même. De plus, p′ > p par construction. Notre hypothèse de départ était fausse. 2 Divisibilité et nombre premier Le théorème de Gauss permet d’écrire le résultat suivant : Propriété 2 : Soit p un nombre premier et a et b deux entiers. Si p|ab alors p|a ou p|b. 3 Démonstration : En effet, supposons p|ab. Si p|a, la propriété est vraie. Si p ne divise pas a alors p et a sont premiers entre eux (les seuls diviseurs de p sont 1 et p). Donc p|b d’après le théorème de Gauss. Conséquences : • Si p premier divise une puissance ak alors p|a donc pk |ak . • Si p premier divise un produit de facteurs premiers, alors p est l’un de ces facteurs premiers. 3 Décomposition en produit de facteurs premiers Le théorème qui suit est parfois appelé "Théorème fondamental de l’arithmétique" : Théorème 2 Tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 se décompose en produit de facteurs premiers. Cette décomposition est unique, à l’ordre près des facteurs. On note n = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r où p1 , p2 , . . . , pr sont des nombres premiers et α1 , α2 , . . . αr des entiers naturels non nuls. Démonstration : Existence : Si n est premier, le théorème est vérifié. Supposons donc n non premier (on dit aussi que n est composé). Le plus petit diviseur de n est premier (voir propriété 1). n < n. On le nomme p1 et on définit l’entier n1 = p1 Si n1 est premier, la propriété est établie puisque n = n1 × p1 . n1 Sinon, on réitère le processus en définissant n2 = < n1 où p2 est premier. p2 On a donc n = n1 × p1 = n2 × p2 × p1 On construit ainsi une suite d’entiers naturels (nk ) strictement décroissante. Cette suite est donc finie et son dernier terme nr est premier. En regroupant les facteurs égaux, on obtient n = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r . Unicité : L’unicité se démontre par récurrence : Si n = 2, l’unicité est claire. Supposons que la décomposition est unique pour tout entier naturel strictement inférieur à n. On va alors montrer l’hérédité c’est-à-dire l’unicité de la décomposition pour n. Supposons donc que n admette deux décompositions : n = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r = q1β1 × q2β2 × · · · × qsβs p1 divise donc un produit de facteurs premiers. D’après la conséquence de la propriété 2, il existe 1 ≤ i ≤ s tel que p1 = qi et α1 = βi . n Soit n1 = . On a donc : p1 β β i−1 i+1 × qi+1 × qsβs n1 = pα2 2 × pα3 3 × . . . pαr r = q1β1 × q2β2 × · · · × qi−1 On a donc deux décompositions distinctes pour n1 ce qui contredit l’hypothèse de récurrence. n admet donc une décomposition unique. 4 Exemple 2 : 16758 2 8379 3 2793 3 931 7 7 133 19 19 1 16758 = 2 × 32 × 72 × 19 Corollaire 1 Soit n = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r . Alors les diviseurs de n sont les pβ1 1 × pβ2 2 × · · · × pβr r où 0 ≤ βi ≤ αi pour tout 1 ≤ i ≤ r. Exemple 3 : On a 300 = 22 × 3 × 52 . Les diviseurs de 300 sont donc de la forme 2i × 3j × 5k avec i = 0; 1; 2, j = 0; 1 et k = 0; 1; 2. Il y en a donc 3 × 2 × 3. 300 a 18 diviseurs. ☞ Exercices 15, 16, 20, 21(unicité invoquée), 25a, 26b, 29 page 65 5