Les fausses évidences du discours néolibéral

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Les fausses évidences
du discours néolibéral
avec le
"Manifeste d'Économistes Atterrés"
FAUSSE ÉVIDENCE N°1
LES MARCHÉS
FINANCIERS
SONT EFFICIENTS
Efficience des marchés financiers ?
Permettent-ils un bon ajustement entre la
demande de ceux qui ont besoin de capitaux et
l'offre de ceux qui ont des capitaux à placer ?
La loi de l'offre et de la demande (de biens et de
services) ne peut pas être transposée aux
marchés financiers.
Pour les marchés financiers, c'est l'inverse
- si le prix des titres augmente, la demande
augmente (et inversement)
- création d'une bulle spéculative => Krach
- fonctionnement irrationnel, sans rapport avec
l'économie réelle.
Pour réduire l'inefficience et
l'instabilité des marchés financiers,
quatre mesures sont suggérées :
Mesure n°1 : cloisonner
strictement les marchés financiers
et les activités des acteurs
financiers, interdire aux banques
de spéculer pour leur compte
propre, pour éviter la propagation
des bulles et des krachs.
Mesure n°2 : réduire la liquidité
et la spéculation déstabilisatrice
par des contrôles sur les
mouvements de capitaux et des
taxes sur les transactions
financières.
Mesure n°3 : limiter les
transactions financières à celles
correspondant aux besoins de
l'économie réelle par exemple :
CDS uniquement pour les
détenteurs des titres assurés, etc....
Mesure n°4 : plafonner la
rémunération des traders
FAUSSE ÉVIDENCE N°2
LES MARCHÉS FINANCIERS
SONT FAVORABLES À LA
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Fin du XXème siècle, la globalisation financière crée
la « liquidité » et permet la dernière mutation du
capitalisme : de managérial il devient actionnarial.
L’entreprise et sa gestion s’orientent vers le service
exclusif de l’actionnaire avec des rendements sur
capitaux propres fixés entre 15 et 25 % , ce qui ne
correspond pas à la rentabilité normale de projets
économiques.
• Dirigeants surpayés (300 fois le SMIC) aux intérêts
convergents avec ceux des actionnaires
• Baisse de l’investissement
• Stratégie court termiste et course sans fin aux profits
• Tassement des salaires
Conséquences
Faible croissance économique
zone Euro = croissance faible
=> Hausse du chômage
due aux délocalisations et à « l’intensification » du
travail
Déséquilibre des comptes sociaux (sécurité
sociale, retraites)
car moins de cotisations
Hausse de l’endettement des ménages
Afin de poursuivre une croissance de la
consommation … sans salaire

Forte inhibition de l’investissement
Niveau historiquement bas en Europe et aux USA
Explosion
des inégalités de revenu
La « redistribution à l’envers » crée un excès de liquidités
qui arme la finance dans sa lutte contre le salariat
délitement
de la cohésion sociale
Mais qui s’en soucie ?
Bulles
spéculatives => krachs
L’excès de liquidités crée des bulles spéculatives qui
conduisent à des krachs de plus en plus fréquents et
violents
Pour remédier aux effets négatifs
des marchés financiers sur
l'activité économique, trois
mesures sont mises en débat:
Mesure n°5 : renforcer
significativement les contrepouvoirs dans les entreprises pour
obliger les directions à prendre en
compte les intérêts de l'ensemble
des parties prenantes.
Mesure n°6 : accroître fortement
l'imposition des très hauts revenus
pour décourager la course aux
rendements insoutenables.
Mesure n°7 : réduire la
dépendance des entreprises vis-àvis des marchés financiers, en
développant une politique
publique du crédit (taux
préférentiels pour les activités
prioritaires au plan social et
environnemental).
FAUSSE ÉVIDENCE N°3
LES MARCHÉS FINANCIERS
SONT DE BONS JUGES DE LA
SOLVABILITÉ DES ÉTATS
-
-
-
La valeur d'un titre financier (obligation,...)
dépend de l'estimation de sa valeur dans le futur.
Le prix d'un actif financier est donc une croyance,
un pari sur l'avenir.
L'évaluation financière n'est pas neutre.
La note attribuée par les agences de notation
influence les taux d'intérêt sur le marché
obligataire.
Une dégradation de la note aggrave la situation
financière du pays.
Pour réduire l'emprise de la
psychologie des marchés sur le
financement des États, deux
mesures sont mises en débat :
Mesure n°8 : les agences de
notation financière ne doivent pas
être autorisées à peser
arbitrairement sur les taux
d'intérêt des marchés obligataires
en dégradant la note d'un État : on
devrait réglementer leur activité en
exigeant que cette note résulte
d'un calcul économiquement
transparent.
Mesure n°8 bis : affranchir les
États de la menace des marchés
financiers en garantissant le rachat
des titres publics par la BCE.
FAUSSE ÉVIDENCE N°4
L'ENVOLÉE DES DETTES
PUBLIQUES RÉSULTE D'UN
EXCÈS DE DÉPENSES
L'augmentation de la dette est liée à la crise :
- Déficit public zone euro
- 2007 : 0,6 % du PIB
- 2010 : 7 % du PIB
- La dette publique passe de 66% à 84 % du PIB
L'augmentation de la dette est liée à la baisse des
recettes (impôts et cotisations sociales):
- Baisse des impôts en France entre 2000 et 2010 :
100 Milliards d'euros
- Exonération de cotisations sociales : 30 Milliards
Pour restaurer un débat public
informé sur l'origine de la dette et
donc les moyens d'y remédier, une
proposition est mise en débat :
Mesure n°9 : réaliser un audit
public et citoyen des dettes
publiques, pour déterminer leur
origine et connaître l'identité des
principaux détenteurs de titres de
la dette et les montants détenus.
FAUSSE ÉVIDENCE N°5
IL FAUT RÉDUIRE LES
DÉPENSES POUR RÉDUIRE
LA DETTE PUBLIQUE
Le niveau de la dette dépend :
- du déficit enregistré
- de l’écart entre le taux d’intérêt et le taux de
croissance
Risque d’effet boule de neige si
taux d'intérêt > taux de croissance
Années 80-90 : taux d’intérêt élevés
=> Accroissement de la dette
En cas de crise : l'accroissement des dépenses
publiques pour soutenir l’économie =
stabilisateurs automatiques
Est-ce grave docteur ?
Cela permet de maintenir des emplois et des
entreprises (donc évite des dépenses
supplémentaires et favorise la reprise)
Si l’ensemble des pays de la zone euro réduisent
leurs dépenses
=> maintien de la récession dans tous les pays qui
échangent essentiellement entre eux
Pour éviter que le rétablissement
des finances publiques ne
provoque un désastre social et
politique, deux mesures sont mises
en débat :
Mesure n°10 : maintenir le
niveau des protections sociales,
voire les améliorer (assurancechômage, logement...).
Mesure n°11 : accroître l'effort
budgétaire en matière d'éducation,
de recherche, d'investissements
dans la reconversion écologique...
pour mettre en place les conditions
d'une croissance soutenable,
permettant une forte baisse du
chômage.
FAUSSE ÉVIDENCE N°6
LA DETTE PUBLIQUE
REPORTE LE PRIX DE NOS
EXCÈS SUR NOS PETITSENFANTS
La dette publique est bien un transfert de
richesse mais des contribuables ordinaires vers
les rentiers
Les baisses d’impôts ont accru la dette
Avec les économies réalisées sur les impôts les
riches ont pu acquérir des titres de la dette
publique qui rapportent des intérêts => 40 mds
d'euros par an en France (soit presque l’impôt
sur le revenu)
=> Redistribution à rebours des classes populaires
vers les classes aisées via la dette publique
Pour redresser de façon équitable
les finances publiques en Europe et
en France , deux mesures sont
mises en débat :
Mesure n°12 : redonner un
caractère fortement redistributif à
la fiscalité directe sur les revenus
(suppression des niches, création
de nouvelles tranches et
augmentation des taux de l'impôt
sur le revenu...).
Mesure n°13 : supprimer les
exonérations consenties aux
entreprises sans effets suffisants
sur l'emploi.
FAUSSE ÉVIDENCE N°7
IL FAUT RASSURER
LES MARCHÉS FINANCIERS
POUR POUVOIR FINANCER
LA DETTE PUBLIQUE
•
•
•
•
•
La montée des dettes publiques liée à la
financiarisation de l'économie
Les grandes entreprises se financent davantage
sur les marchés financiers.
Les ménages investissent en bourse: fonds de
pension, placements proposés par les banques.
Les Etats s'endettent sur les marchés financiers.
Politique de creusement des déficits au bénéfice
des acheteurs de titres de dette publique .
La financiarisation est inscrite dans les traités :
interdiction pour les Etats d'emprunter à la BCE.
Objectif :
• Soumettre les Etats à la discipline de marchés
financiers, sans entraves, supposés omniscients
et efficients.
Résultat :
• Aucune protection pour les Etats, explosion des
dettes, attaques spéculatives.
• La BCE contrainte de déroger à ses règles .
Pour remédier au problème de la
dette publique, deux mesures sont
mises en débat :
Mesure n°14 : autoriser la
Banque Centrale Européenne à
financer directement les États (ou
imposer aux banques
commerciales de souscrire à
l'émission d'obligations publiques)
à bas taux d'intérêts, desserrant
ainsi le carcan dans lequel les
marchés financiers les étreignent.
Mesure n°15 : si nécessaire,
restructurer la dette publique à un
certain pourcentage du PIB, et en
opérant une discrimination entre les
créanciers selon le volume des titres
qu'ils détiennent : les très gros rentiers
(particuliers ou institutions) doivent
consentir un allongement sensible du
profil de la dette, voire des annulations
partielles ou totales. Il faut aussi
renégocier les taux d'intérêts exorbitants
émis par les pays en difficulté depuis la
FAUSSE ÉVIDENCE N°8
L'UNION EUROPÉENNE
DÉFEND LE
MODÈLE SOCIAL EUROPÉEN
Deux visions de l'Europe :
1. Sociale démocrate : promouvoir un modèle
social et économique européen, rempart face à la
mondialisation libérale.
- protection sociale
- services publics
- harmonisation fiscale
- politiques industrielles
- régulation
donc niveau élevé des dépenses publiques.
2. Libérale: adapter les sociétés aux exigences de
la mondialisation, la construction européenne est
l'occasion de remettre en cause le modèle social
européen .
- prééminence du droit de la concurrence
- libre circulation : marchandises, personnes,
services, capitaux .
- indépendance de la banque centrale
- pas d'objectifs communs en matière de
croissance ou d'emploi
Pour que l'Europe puisse
promouvoir véritablement un
modèle social européen, deux
mesures sont mises en débat :
Mesure n°16 : remettre en cause
la libre circulation des capitaux et
des marchandises entre l'Union
Européenne et le reste du monde,
en négociant des accords
multilatéraux ou bilatéraux si
nécessaire.
Mesure n°17 : au lieu de la politique
de concurrence, faire de
« l'harmonisation dans le progrès »
le fil directeur de la construction
européenne. Mettre en place des
objectifs communs à portée
contraignante en matière de progrès
social comme en matière
macroéconomique (des GOPS,
Grandes Orientations de Politique
Sociale).
FAUSSE ÉVIDENCE N°9
L'EURO EST UN BOUCLIER
CONTRE LA CRISE
Il aurait dû l'être, mais :
- l'Union Monétaire impose des politiques macroéconomiques semblables pour des pays dans des
situations différentes.
- Ajustement par la flexibilité et l'austérité salariale
=> creusement des déséquilibres entre Pays du
Nord et Pays de la Périphérie.
- Absence de coordination et d'un vrai budget
européen.
Pour que l'euro puisse réellement
protéger les citoyens européens de
la crise, trois mesures sont mises
en débat :
Mesure n°18 : assurer une
véritable coordination des
politiques macroéconomiques et
une réduction concertée des
déséquilibres commerciaux entre
pays européens.
Mesure n°19 : compenser les
déséquilibres de paiement en
Europe par une Banque de
règlements (organisant les prêts
entre pays européens).
Mesure n°20 : si la crise de l'Euro
mène à son éclatement, et en
attendant la montée en régime du
budget européen, établir un
régime monétaire intra-européen
(monnaie commune de type
bancor) qui organise la résorption
des déséquilibres des balances
commerciales au sein de l'Europe.
FAUSSE ÉVIDENCE N°10
LA CRISE GRECQUE A ENFIN
PERMIS D'AVANCER VERS UN
GOUVERNEMENT
ÉCONOMIQUE ET UNE VRAIE
SOLIDARITÉ EUROPÉENNE
- Contrairement aux autres pays (RU, EU) les pays
de la zone euro ne peuvent pas se financer
auprès de la BCE, mais doivent le faire auprès des
marchés financiers.
=> Les marchés financiers spéculent donc sur la
dette.
- Création en 2010 d'un fonds de stabilisation
européen pour aider les pays menacés en contre
partie de politiques d'austérité budgétaire.
- Sous la pression du FMI et de la CE, privatisation
en Grèce des services publics et flexibilisation du
marché du travail espagnol.
-
Durcissement du pacte de stabilité : faire inscrire
dans les constitutions le principe d'un budget
équilibré.
Stratégie de choc qui permet de radicaliser
l'agenda néolibéral :
Baisse des investissements pour l'avenir :
recherche, éducation, famille, économie verte.
Réduction des dépenses sociales.
Baisse des recettes fiscales, faute de croissance.
Accroissement des déficits.
=> Risque de repli sur soi des pays.
Pour avancer vers un véritable
gouvernement économique et une
solidarité européenne, deux
mesures sont mises en débat :
Mesure n°21 : développer une
fiscalité européenne (taxe carbone,
impôt sur les bénéfices...) et un
véritable budget européen pour
aider à la convergence des
économies et tendre vers une
égalisation d'accès aux services
publics et sociaux dans les divers
États membres, sur la base des
meilleures pratiques.
Mesure n°22 : lancer un vaste
emprunt européen, financé par
souscription auprès du public, à
taux d'intérêt faible mais garanti,
et/ou par création monétaire de la
BCE, pour engager la reconversion
écologique de l'économie
européenne.
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