Qui veut faire de la télémédecine ?

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I N F O R M AT I O N S
PROFESSIONNELLES
Technologie et santé : HIT ouvre demain
Qui veut faire de la télémédecine ?
CONFRONTÉ à un grand nombre
de patients touchés par des crises
de fibrillation auriculaire, le Dr Patrick Dary n’a pas hésité une seconde dès qu’il a eu connaissance de
la campagne internationale « Au
cœur de l’AVC ». Le cardiologue limousin a présenté pas moins de
trois dossiers, dont le projet
D.E.TE.C.T. (Dépister En TElé-Cardiologie la Tachycardie), par lequel
il propose d’améliorer le dépistage
de la fibrillation grâce au monitoring
à distance (ECG et automesure tensionnelle). Bien lui en a pris. L’opération, qui consiste à faire voter le
PHANIE
Est-ce que la télémédecine
intéresse vraiment
les médecins ? Dans quelles
disciplines ? « Le Quotidien »
a rencontré quelques-uns
de ses « militants ».
La palette des spécialités touchées par la télémédecine s'est élargie ces dernières années
grand public pour un projet qui sera
ensuite soutenu financièrement, a
très vite remporté les meilleurs suffrages et atteint la 9e place. Il saura
fin juin s’il obtient la bourse de 50
000 euros qui l’aiderait à mettre en
place l’étude de faisabilité et l’analyse médico-économique pour lesquelles il souhaite recruter quelque
500 patients sur deux ans.
« C’est indispensable de pouvoir
proposer autre chose que l’hospita-
lisation systématique, explique le
cardiologue libéral qui exerce également à l’hôpital de Saint-Yrieix-laPerche. Aussi bien en amont qu’en
aval. Avec un dispositif de surveillance à distance, nous pourrions, dans bien des cas, sécuriser
le retour des patients à domicile,
surtout quand ils sortent de l’hôpital un vendredi soir. »
Il l’expérimente déjà au quotidien,
avec un dispositif qu’il prête à ses
patients à risque. « S’ils ont une
crise, ils font un enregistrement de
leur rythme cardiaque, même sur
leur lieu de travail, et je reçois le
tracé 5 minutes après. »
Une décision confortée par l’avis
à distance. Autre domaine d’application emblématique, la prise en
charge des urgences neurochirurgicales. Le Dr Bruno Aesch, praticien
Ces hôpitaux qui innovent
■ iPhone pour tous
les médecins au CH de
Valenciennes
À L’HEURE du grand chantier d’informatisation des unités de soins,
comment motiver le corps médical
et l’intéresser à l’informatique de
l’hôpital ? « Nous avons décidé de
joindre l’utile à l’agréable en offrant
aux 350 médecins du centre hospitalier des iPhone », explique Jean
Guicheteau, directeur des finances
et du système d’information. Le
smartphone était proposé par Zenidoc, fournisseur de la solution de
dictée numérique, en remplacement
des enregistreurs numériques mobiles (1). Une façon de faire d’une
pierre deux coups puisque Cerner,
la société qui informatise les unités
de soins, avait développé la prescription en mobilité à partir d’un
iPhone. L’adoption des smatphones
a permis de faire migrer la solution
développée par le CH de Valenciennes sur PDA pour les cadres
hospitaliers de garde (5 kg de documentations au format numérique).
Les iPhone sont mastérisés avec les
applications « maisons » (lien avec
la dictée vocale, et progressivement
lien avec le SI hospitaliers, liste des
patients présents suivis, réception
des derniers résultats de laboratoire,
dernière prescription médicamenteuse en cours). Le contrat passé
avec Orange offre beaucoup de data
et deux heures d’appels personnels.
La moitié des iPhone ont été distribués. « Certains médecins ont émis
des réserves quant à ce fil à la patte
– c’est vrai que c’est plus facile pour
les joindre rapidement – mais,
dans l’ensemble, ils sont satisfaits.
Je pense que cela donne une bonne
image de l’établissement. »
■ HAD : une box santé
au domicile du patient
La clinique Pasteur de Toulouse
teste depuis février auprès de patients en HAD un nouveau dispositif de coordination des soins, le Medigate (nominé pour le prix HIT
2011, catégorie Communication
ville-hôpital). Cet outil innovant est
le fruit de deux ans de réflexions de
la clinique et d’une start-up toulousaine, MHCOMM, pour maintenir le
lien entre les différents intervenants (équipe soignante, famille)
lorsqu’un patient est admis en
HAD. Toutes les données transmises ou saisies sont tracées dans
le dossier patient informatisé de la
clinique Pasteur. Multifonctions,
l’outil renferme une tablette tactile
pour la saisie d’information avec un
stylet. La tablette se redresse pour
servir d’écran. Le mode scanner
permet de numériser des documents et de les envoyer par fax.
C’est une nouvelle version du traditionnel cahier de liaison. Le test
prévu jusqu’en juin sur une trentaine de patients doit servir à véri-
fier l’ergonomie de l’appareil pour
les patients, qui peuvent aussi s’en
servir pour demander des médicaments. Le système permet également une télésurveillance de l’état
du patient en reliant par exemple
un tensiomètre.
■ La reconnaissance vocale
dans le « cloud »
Nuance va profiter d’ HIT pour annoncer la sortie de sa plate-forme
en ligne (dans le « cloud ») pour
Dragon Medical, son logiciel de reconnaissance vocale assorti d’un
dictionnaire médical qui convient
à toutes les spécialités (dans 90 %
des cas). Une telle version sera
plus facile à déployer pour les établissements, qui sont encore très
peu nombreux à profiter de la reconnaissance vocale. Nuance évalue à 8 000 le nombre total de ses
utilisateurs (Dragon et Speech
Magic) dans le domaine de la
santé en France (contre 150 000 à
200 000 clients dans le monde). La
tendance est cependant à la
hausse. En 2010, Nuance Healthcare a gagné 1 800 nouveaux
clients dont 60 % dans le secteur
public et 40 % dans le secteur
privé (cliniques et libéraux). Les
logiciels de gestion des dictées
(workflow) l’intègrent aujourd’hui
pratiquement tous. SpeechExec
Enterprise de Philips l’associe depuis sa récente version 4.0.
■ Aide à la décision après AVC
130 000 AVC par an et autant de situations d’urgence dont l’évolution
dépend de la rapidité de la prise de
décision. D’où l’initiative du Pr Nicoli, à l’hôpital de la Timone à Marseille, de réaliser avec l’aide de trois
ingénieurs une suite logicielle pour
aider les praticiens dans leur prise
de décision. Une société, Olea medical, a été créée pour commercialiser les suites diagnostiques IRM et
CT-Scan PerfScape NeuroScape
AVC permettant une analyse
d’image en moins d’une minute et
un diagnostic en temps réel. Les
suites d’AVC sont utilisées en routine clinique dans de nombreux
centres CHU de Besançon, et aussi
aux États-Unis. Les résultats cliniques et fonctionnels des patients
pris en charge ont été améliorés,
78 % de guérison totale depuis l’utilisation des logiciels contre 58 % auparavant. Ces outils s’intègrent dans
les systèmes de télémédecine. (Nominé pour le prix HIT 2011, catégorie Système d’information décisionnel).
> MARIE-FRANÇOISE DE PANGE
(1) Philips Speech processing vient de
lancer son enregistreur de dictées pour
iPhone à intégrer dans sa solution de
gestion de dictées SpeechExec Enterprise,
adoptée par nombre d’établissements
(institut Montsouris par exemple).
L’enregistrement s’active en secouant
l’iPhone.
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30 millions d’euros
en 2011
Le Fonds pour la modernisation des
établissements de santé publics et
privés (FMESPP) viendra en soutien
des projets Télémédecine pour un
montant de 26 millions d’euros. Les
ARS auront à sélectionner les dossiers, sachant que la priorité doit aller à la prise en charge de l’AVC (11,6
millions d’euros), l’imagerie en
termes de permanence des soins et
la santé des détenus. Mais la circulaire ouvre le périmètre à « des
chantiers à caractère plus innovant :
la prise en charge d’une maladie
chronique (insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque ou diabète) et les soins dans les structures médico-sociales ou en HAD ».
5,8 millions d’euros sur trois ans
sont également mobilisés sous la
forme de subventions directes de
l’ASIP Santé dans le cadre de son appel à projets 2011 (cinq projets de «
grande qualité » seront retenus).
hospitalier au CHRU de Tours, a
commencé, en 2008, par formaliser
des réunions de formation et des
consultations avancées avec les CH
de Châteauroux, Blois, Bourges et
Chartres. « Ces rencontres se sont
rapidement traduites par l’intérêt
d’organiser une garde de neurochirurgie au CHU, qui s’appuie sur la
télétransmission d’images envoyées par les urgentistes de ces
centres hospitaliers », raconte-t-il.
Aujourd’hui, avec un rythme de près
de 1 000 avis de télé-expertise par
an, assurés par une garde de 7 neurochirurgiens seniors, le médecin
– qui assume également la responsabilité du pôle tête et cou du CHU –
se félicite d’une organisation bénéfique à la fois à l’établissement (qui
avait tendance à conseiller les transferts vers le CHU par excès), aux patients, aux urgentistes… Et à l’ensemble de la région, qui limite ainsi
le taux de « fuite » des patients vers
les régions limitrophes. Du coup, le
réseau s’étend actuellement au CH
de Chinon, et prochainement de Romorantin. Tandis que les urgentistes
– et les institutions régionales – souhaiteraient l’élargir à la prise en
charge des AVC. « Dans un hôpital
comme le nôtre, les patients peuvent avoir l’impression qu’on ne
leur offre pas le maximum. Il nous
est désormais plus facile d’étayer
une décision de non-transfert car
elle est confortée par l’avis du neurochirurgien à distance », souligne
par exemple le Dr Louis Soulat, du
pôle médecine d’urgence au CH de
Châteauroux.
Jusqu’à la psychiatrie. Le
champ des disciplines concernées
par la télémédecine s’est considérablement élargi ces dernières années, même si les pratiques sont
restées expérimentales. L’organisation de journées annuelles telle que
Télésanté 2011 (1) ou, en novembre, les rencontres de l’ANTEL (2), en témoigne. Les pratiques médicales à distance ont
même conquis les psychiatres, qui
observent que « ce nouveau cadre
d’exercice a pu modifier de manière significative le déroulement
de l’acte, avec des particularismes
susceptibles de prendre un sens
clinique intéressant », comme le
souligne le Dr Didier Robin, chef
du service psychiatrie à l’EPSMMorbihan et président de CATEL
Réseau.
> DOMINIQUE LEHALLE
(1) http://www.journee-telesante.com/
(2) Association nationale de télémédecine,
http://www.antel.fr/
À noter, journée de télémédecine le 19 mai au
salon Hit Paris 2011. Palmarès des prix Hit
Télémédecine annoncé le 17 mai à 15 h 30.
http://www.health-it.fr/congres/congresprogramme.asp?theme=39
4 - LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - N° 8963 - LUNDI 16 MAI 2011 - www.lequotidiendumedecin.fr
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