Kyste hydatique calcifié du septum inter-ventriculaire du cœur Ouechtati w, Antit S, Allouche E, Bezdeh L, Jaouadi F, Mahmoud S, B.Ahmed H, Fradi I, Sidhom S, Baccar H Service de cardiologie Hôpital Charles Nicolles, Tunis, Tunisie Introduction: L’hydatidose cardiaque est rare même dans les pays endémiques, elle constitue 0,5 à 2% de l’ensemble des localisations. Elle est caractérisée par son polymorphisme clinique, paraclinique et radiologique. Il a un pronostic réservé du fait du risque de rupture et de dissémination hématogène. Observation: Nous rapportons l'observation d'une femme âgée de 81 ans, cholécystectomisée et suivie pour hydatidose hépatique, hospitalisée pour insuffisance cardiaque globale avec découverte à l'échocardiographie d'une masse échogène à contours calcifiés, s'insérant sur la partie basale du septum inter-ventriculaire, non obstructive; avec présence d'une insuffisance mitrale moyenne. Devant l'origine rurale, la positivité de la sérologie hydatique et les antécédents d'hydatidose hépatique, le diagnostic du kyste hydatique du cœur a été retenu. Un scanner thoraco-abdominal et une IRM cardiaque ont été faits, ont permis d'étayer le diagnostic et de faire un bilan d'extension de l'hydatidose qui est localisée au foie et au cœur. Un holter rythmique a été fait n'a pas montré de troubles conductifs. Devant le risque opératoire pour notre patiente et l'aspect calcifié du kyste, on a opté de ne pas l'opérer. Radiographie du thorax: calcifications sous diaphragmatiques droites ECG de base: pas de troubles conductifs Masse échogène à contours calcifiés vue en ETT ( à gauche) et en ETO (à droite) Kyste hydatique vue en IRM Discussion: - Le kyste hydatique du cœur (KHC) est secondaire au développement intracardiaque d’Echinococcus granulosis. Ce tænia sévit dans l'intestin grêle du chien, hôte définitif, qui contracte ce tænia en absorbant des viscères d'herbivores parasités. L'homme sert d'hôte intermédiaire des larves hydatiques quand les embryophores provenant de matières fécales des chiens sont accidentellement ingérés. - La distribution des localisations kystiques est parallèle à l’importance du débit sanguin coronaire : 60 % au niveau du VG, 15 % au niveau du ventricule droit et 15 % au niveau du septum interventriculaire. L’atteinte auriculaire est rare. Le péricarde est atteint dans 2 à 10 % des cas. - La présentation clinique du KHC est très peu spécifique. La notion d’exposition aux chiens et aux moutons, le contexte endémique ou les antécédents personnels d’autres localisations hydatiques doivent faire évoquer le diagnostic. - La sérologie hydatique est d’un grand apport diagnostique mais elle souffre de faux négatifs et de réactions croisées avec d’autres parasitoses. - La radiographie du thorax peut montrer diverses anomalies (cardiomégalie, déformation d’un arc, calcifications, localisation kystique intrapulmonaire, etc.). - L’échographie cardiaque (ETT) est l’examen de référence et représente un moyen simple pour le diagnostic du KHC; celui-ci se présente sous forme d’une masse trans-sonore contenant fréquemment des vésicules filles ou des trabéculations. Plus rarement, un kyste rompu se présente comme une masse pleine, ce qui rend la différenciation des autres tumeurs cardiaques plus difficile. L’ETT permet aussi de préciser le nombre, la taille et les localisations des kystes. L’apport de l’échographie transœsophagienne (ETO) a été souligné dans les localisations intra-auriculaires. - La tomodensitométrie est utile dans le bilan des échinococcoses polyviscérales ainsi que des atteintes cardiaques multiples. Cependant, des faux négatifs ont été rapportés du fait d’artefacts osseux ou des mouvements cardiaques. L’IRM cardiaque est actuellement d’un grand apport pour le diagnostic. Elle fournit une image plus complète de l’anatomie cardiovasculaire, sans irradiation ni injection de produit de contraste. - L’évolution du KHC peut être grevée de complications sévères telles que : • rupture intracardiaque avec des accidents emboliques systémiques ou pulmonaires, choc anaphylactique, • rupture intrapéricardique, • troubles conductifs (surtout localisation septale), • ischémie myocardique. - Pour cela, le traitement du KHC doit être rapide. Il repose sur l’exérèse chirurgicale. - Un traitement postopératoire par albendazole pendant 3 à 6 mois est recommandé afin de minimiser le risque de récidive locale. - L’option du traitement médical isolé a été proposée comme alternative à la chirurgie dans certains cas tels que le kyste calcifié ou de petite taille ou chez le sujet âgé ou encore en cas de refus de la chirurgie. Conclusion: L’hydatidose est une maladie ubiquitaire pouvant atteindre tout les organes et en premier lieu le foie et les poumons. La localisation cardiaque est inhabituelle et pose de vrais problèmes de diagnostic différentiel avec d’autres masses intracardiaques. L’imagerie doit s’acharner à rechercher des signes sémiologiques qui, confrontés à la sérologie hydatique, permettent d’évoquer le diagnostic surtout dans un pays d’endémie hydatique.