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ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT
Année 2014
LES PROLIFÉRATIONS HISTIOCYTAIRES DU CHAT :
SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
THÈSE
Pour le
DOCTORAT VÉTÉRINAIRE
Présentée et soutenue publiquement devant
LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL
le……………
par
Caroline, Chloé, Renée BENZIMRA
Née le 26 décembre 1989 à Nice (Alpes-Maritimes)
JURY
Président : Pr.
Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL
Membres
Directeur : Edouard REYES GOMEZ
Maître de conférences à l’ENVA
Assesseur : Emmanuel BENSIGNOR
Professeur contractuel de Dermatologie à l'ENVA
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Directeur : M. le Professeur GOGNY Marc
Directeurs honoraires : MM. les Professeurs : COTARD Jean-Pierre, MIALOT Jean-Paul, MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard.
Professeurs honoraires : Mme et MM. : BENET Jean-Jacques, BRUGERE Henri, BRUGERE-PICOUX Jeanne, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CLERC Bernard,
CRESPEAU François, DEPUTTE Bertrand, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, POUCHELON Jean-Louis, ROZIER Jacques.
DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC)
Chef du département par intérim : M. GRANDJEAN Dominique, Professeur - Adjoint : M. BLOT Stéphane, Professeur
UNITE DE CARDIOLOGIE
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DISCIPLINE : SCIENCES DE GESTION ET DE MANAGEMENT
- Mme FOURNEL Christelle, Maître de conférences contractuel
* responsable d’unité
REMERCIEMENTS
Au jury de thèse
Au Professeur………………………………
Professeur de la faculté de médecine de Créteil
qui m’a fait l’honneur d’accepter la présidence de mon jury de thèse.
Hommage respectueux.
Au Docteur Edouard REYES GOMEZ
Maître de conférences à l’ENVA
qui m’a fait l’honneur d’accepter de diriger cette thèse.
Qu’il trouve ici l’expression de ma plus sincère amitié.
Au Docteur Emmanuel BENSIGNOR
Professeur contractuel de Dermatologie à l'ENVA
qui a accepté de participer à cette thèse en tant qu’assesseur.
Sincères remerciements.
A ma mère, son énergie, sa bonté sans limites, son soutien et son amour sans faille.
A mon père. J’ai choisi de marcher dans tes pas, j’espère pouvoir maintenant marcher à côté.
A ma sœur Julie, mon modèle depuis toujours.
A Jack Benzimra, pour son exigence et son humilité. Tu me manques.
A mes grands mères, tantes, oncles, et cousins, pour leur présence et leur amour.
A Laurent, Dan et Alexandra, qui suivent mon parcours avec bienveillance.
A toute la promotion SULNIX, pour ces 5 merveilleuses années passées à vos côtés.
A mon ancien
Pour m’avoir accompagnée dans mes premiers pas dans la grande famille des vétérinaires. Merci d’avoir
été là pour tous les grands moments. Je te souhaite tout le bonheur possible.
A mon poulot
Pour être lui.
A Flora, Pierre, Quentin, Marion, Valérie et Tiphaine
Pour m’avoir accompagnée dans les excellents et les très rares moins bons moments en clinique.
A Laurent
Pour son amitié et son infinie gentillesse. Aie confiance en toi.
A Maman et Papa
Pour m’avoir transmis leur savoir, toujours avec patience et pédagogie (n’est-ce pas Papa…).
Aux POLASSES
Qui ont faire naître chez moi l’amour des traditions alforiennes.
Aux FRANCIX
Qui se sont fait attendre 4 ans, et ont su être à la hauteur de nos exigences.
Aux Fisty, pour les 3 ans de rires, de soirées et de chansons désuètes.
Au groupe de Saint-Hyacinthe, je n’oublierai jamais les 4 mois passés ensemble. Je vous souhaite tout le
bonheur et la réussite que vous méritez.
À tous les enseignants, professeurs, assistants, internes et étudiants qui m’ont transmis leur savoir et leur
amour de la médecine vétérinaire.
Aux vétérinaires et à leurs familles qui m’ont accueillie en stage.
À Alfort, cette merveilleuse école qui m’a offert les plus belles années de ma vie jusqu’ici.
A tous ceux que j’oublie ici…..
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES FIGURES ...........................................................................................................5
TABLE DES TABLEAUX ........................................................................................................7
LISTE DES ABRÉVIATIONS ...................................................................................................9
INTRODUCTION ...............................................................................................................11
PREMIÈRE PARTIE : ORIGINE ET CARACTÉRISTIQUES DES HISTIOCYTES .............................13
I. Définition des histiocytes .......................................................................................... 13
II.
Origine et différenciation des histiocytes ................................................................. 13
A. Origine hématopoïétique de la lignée histiocytaire ............................................... 13
B. Différenciation des différentes populations de cellules histiocytaires.................... 13
III. Caractéristiques morphologiques et fonctionnelles des différentes cellules
histiocytaires .................................................................................................................. 15
A. Les cellules dendritiques....................................................................................... 15
1. Les cellules de Langerhans ........................................................................................ 15
2. Les cellules dendritiques interstitielles ..................................................................... 17
3. Fonction des cellules dendritiques............................................................................ 17
a) Phagocytose des antigènes ................................................................................... 17
b) Présentation des antigènes................................................................................... 17
(1) Exposition de l’antigène via le CMHII .............................................................. 17
(2) Migration de la cellule dendritique vers le nœud lymphatique régional........ 17
(3) Présentation de l’antigène aux lymphocytes T................................................ 18
B. Les macrophages .................................................................................................. 19
1. Origine et caractéristiques morphologiques des macrophages ............................... 19
2. Fonction des macrophages........................................................................................ 22
a) Phagocytose .......................................................................................................... 22
b) Régulation de l’inflammation................................................................................ 22
c) Présentation de l’antigène .................................................................................... 22
IV. Identification des cellules histiocytaires par immunohistochimie ............................ 23
A. Principe de l’immunohistochimie.......................................................................... 23
B. Caractéristiques immunohistochimiques des cellules histiocytaires ...................... 25
1. Caractéristiques immunohistochimiques des cellules dendritiques......................... 25
2. Caractéristiques immunohistochimiques des macrophages .................................... 25
3. Immunophénotypage des proliférations histiocytaires ............................................ 26
DEUXIÈME PARTIE : LES PROLIFÉRATIONS HISTIOCYTAIRES FÉLINES..................................28
I.
Le sarcome histiocytaire felin.................................................................................... 29
A. Classification des sarcomes histiocytaires canins................................................... 29
1. Sarcomes histiocytaires localisé et disséminé canins ............................................... 29
2. Sarcome histiocytaire hémophagocytaire canin....................................................... 30
B. Généralités sur le sarcome histiocytaire félin........................................................ 30
C. Sarcomes histiocytaires félins localisé et disséminé............................................... 31
1. Épidémiologie ............................................................................................................ 31
2. Présentation clinique................................................................................................. 32
1
3. Imagerie médicale ..................................................................................................... 32
4. Anomalies hémato-biochimiques.............................................................................. 33
5. Caractéristiques anatomo-pathologiques................................................................. 34
a) Caractéristiques macroscopiques ......................................................................... 34
b) Caractéristiques microscopiques .......................................................................... 35
c) Profil immunohistochimique................................................................................. 36
6. Traitement et pronostic ............................................................................................ 37
D. Le sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin ................................................. 39
1. Épidémiologie ............................................................................................................ 39
2. Présentation clinique................................................................................................. 39
3. Imagerie médicale ..................................................................................................... 40
4. Anomalies hémato-biochimiques.............................................................................. 40
a) Hématologie .......................................................................................................... 40
b) Biochimie............................................................................................................... 40
5. Caractéristiques anatomo-pathologiques................................................................. 41
a) Caractéristiques macroscopiques ......................................................................... 41
b) Caractéristiques microscopiques .......................................................................... 42
c) Profil immunohistochimique................................................................................. 47
6. Pronostic.................................................................................................................... 47
7. Traitement ................................................................................................................. 48
II.
L’histiocytose progressive féline .............................................................................. 49
Épidémiologie ...................................................................................................... 49
Présentation clinique............................................................................................ 49
Diagnostic différentiel clinique ............................................................................. 50
Caractéristiques anatomo-pathologiques ............................................................. 53
1. Caractéristiques macroscopiques des lésions........................................................... 53
2. Caractéristiques microscopiques des lésions............................................................ 53
3. Profil immunohistochimique..................................................................................... 55
E. Diagnostic différentiel histologique ...................................................................... 57
F. Traitement ........................................................................................................... 58
1. Traitement chirurgical ............................................................................................... 58
2. Traitement médical ................................................................................................... 59
G. Pronostic.............................................................................................................. 59
A.
B.
C.
D.
III.
A.
B.
C.
D.
L’histiocytose langerhansienne pulmonaire féline................................................... 61
Épidémiologie ...................................................................................................... 61
Présentation clinique............................................................................................ 61
Imagerie médicale ................................................................................................ 61
Caractéristiques anatomo-pathologiques ............................................................. 62
1. Caractéristiques macroscopiques ............................................................................. 62
2. Caractéristiques microscopiques .............................................................................. 63
3. Profil immunohistochimique..................................................................................... 65
E. Traitement et pronostic ........................................................................................ 66
F. Éléments de pathologie comparée : l’histiocytose langerhansienne pulmonaire
humaine ..................................................................................................................... 67
1. Présentation .............................................................................................................. 67
2. Épidémiologie ............................................................................................................ 67
2
3. Présentation clinique................................................................................................. 67
4. Imagerie médicale ..................................................................................................... 67
5. Pathogénie................................................................................................................. 68
6. Caractéristiques anatomo-pathologiques................................................................. 69
7. Pronostic.................................................................................................................... 70
8. Perspectives pour la prise en charge de l’HLP féline ................................................ 70
CONCLUSION ...................................................................................................................73
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................75
3
4
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Voies de différenciation des histiocytes ................................................................... 14
Figure 2 : Cellule dendritique de chat. ..................................................................................... 15
Figure 3 : Cellules de Langerhans épidermiques. ..................................................................... 16
Figure 4 : Granules de Birbeck.................................................................................................. 16
Figure 5 : Présentation de l’antigène aux lymphocytes T ........................................................ 19
Figure 6 : Monocyte de chat. ................................................................................................... 20
Figure 7 : Macrophages de chat. ............................................................................................. 21
Figure 8 : Ultrastructure d’un macrophage. ............................................................................ 21
Figure 9 : Image IRM de l’encéphale d’un chat atteint de sarcome histiocytaire cérébral. .... 33
Figure 10 : Lésions macroscopiques rénales de sarcome histiocytaire disséminé chez un chat.
.................................................................................................................................................. 34
Figure 11 : Caractéristiques histologiques du sarcome histiocytaire félin............................... 35
Figure 12 : Examen cytopathologique d’une métastase cutanée de sarcome histiocytaire. .. 35
Figure 13 : Lésions macroscopiques de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin. ........ 41
Figure 14 : Lésions macroscopiques spléniques de sarcome histiocytaire hémophagocytaire
félin........................................................................................................................................... 42
Figure 15 : Examen cytopathologique d’un cas de sarcome histiocytaire hémophagocytaire
félin........................................................................................................................................... 42
Figure 16 : Erythrophagocytose lors de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin......... 43
Figure 17 : Lésions histopathologiques spléniques lors de sarcome histiocytaire
hémophagocytaire félin. .......................................................................................................... 44
Figure 18 : Lésions histopathologiques spléniques lors de sarcome histiocytaire
hémophagocytaire félin. .......................................................................................................... 45
Figure 19 : Lésions histopathologiques hépatiques lors de sarcome histiocytaire
hémophagocytaire félin. .......................................................................................................... 46
Figure 20 : Lésions cutanées tardives d’histiocytose progressive féline. ................................. 49
Figure 21 : Lésions cutanées faciales lors d’histiocytose progressive féline. ........................... 50
Figure 22 : Diagnostic différentiel clinique de l’histiocytose féline progressive. ..................... 51
Figure 23 : Caractéristiques histopathologiques de l’histiocytose progressive féline. ............ 53
Figure 24 : Caractéristiques histopathologiques de l’histiocytose progressive féline, forme
épithéliotrope. .......................................................................................................................... 54
Figure 25 : Caractéristiques histopathologiques de l’histiocytose progressive féline, forme
non épithéliotrope. ................................................................................................................... 54
Figure 26 : Comparaison des anomalies cytologiques au sein des lésions cutanées précoces et
tardives d’histiocytose progressive féline. ............................................................................... 55
Figure 27 : Expression de CD1c par les histiocytes lors d’histiocytose progressive féline........ 56
Figure 28 : Expression de CD18 par les histiocytes lors d’histiocytose progressive féline. ...... 56
Figure 29 : Lésions radiographiques d’histiocytose langerhansienne pulmonaire. ................ 62
5
Figure 30 : Lésions macroscopiques pulmonaires d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
.................................................................................................................................................. 63
Figure 31 : Lésions histologiques pulmonaires d’histiocytose langerhansienne pulmonaire. . 64
Figure 32 : Infiltrats histiocytaires pulmonaires d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.65
Figure 33 : Expression de CD18 et de l’E-cadhérine par les histiocytes lors d’histiocytose
langerhansienne pulmonaire. .................................................................................................. 65
Figure 34 : Cellule de Langerhans de chat atteint d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
.................................................................................................................................................. 66
Figure 35 : Radiographie d’un fumeur de 55 ans atteint d’histiocytose langerhansienne
pulmonaire. .............................................................................................................................. 68
Figure 36 : Pathogénie de l'HLP humaine. ............................................................................... 69
Figure 37 : Caractéristiques histopathologiques d’une lésion tardive d’histiocytose
langerhansienne pulmonaire humaine. ................................................................................... 70
6
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Immunomarqueurs d’intérêt en pathologie tumorale vétérinaire. ...................... 23
Tableau 2 : Immunophénotype des cellules histiocytaires. ..................................................... 26
Tableau 3 : Immunomarqueurs utilisables pour l’identification des cellules histiocytaires. ... 27
Tableau 4 : Diagnostic différentiel clinique de l'histiocytose progressive féline ..................... 52
Tableau 5 : Diagnostic différentiel histopathologique de l’histiocytose progressive féline.... 58
7
8
LISTE DES ABRÉVIATIONS
CCL : Chemokine Ligand
CCR : C-C Chemokine Receptor
CD : Cluster of Differenciation
CCNU : 1-(2-Chloroéthyl)-3-Clohexyl-1-NitrosoUrée
CLA : Cutaneous Lymphocyte-associated Antigene
CMH : Complexe Majeur d’Histocompatibilité
CPA : Cellule Présentatrice d’Antigène
Fc : Fragment constant
FeSV : Feline Sarcoma Virus
FTL : FMS-like tyrosine kinase ligand
GM-CFS : Granulocyte-Macrophage-Colony Stimulating Factor
HLP : Histiocytose Langerhansienne Pulmonaire
IL : Interleukine
M-CFS : Macrophage Colony-Stimulating Factor
MIP : Macrophage-Inflammatory-Protein
NK : Natural Killer
SHH : Sarcome Histiocytaire Hémophagocytaire
TCR : T Cell Receptor
TGF : Transforming Growth Factor
TNF : Tumor Necrosis Factor
9
10
INTRODUCTION
Le terme « histiocyte » désigne une large population de cellules constituée
principalement par les macrophages, les cellules dendritiques interstitielles et les cellules de
Langerhans. Des proliférations anormales de ces cellules, qu’elles soient de nature
néoplasique ou qu’elles résultent d’une dérégulation de la réponse immunitaire, ont été
décrites aussi bien chez l’homme que chez les animaux, et sont pour la plupart des
affections rares.
Les proliférations histiocytaires regroupent différentes entités qui ont été définies en
fonction de caractéristiques épidémiologiques, cliniques et anatomopathologiques. Plus
récemment, les techniques d’immunophénotypage ont permis d’assigner à chaque
prolifération histiocytaire le type d’histiocyte duquel elle dérive. C’est ainsi que la
classification des proliférations histiocytaires canines a été précisée au cours de ces
dernières années.
Les proliférations histiocytaires canines sont en effet bien connues et ont été
largement documentées dans la littérature. À l’inverse, les proliférations histiocytaires
félines sont de description relativement récente, beaucoup plus rares que chez le chien, et
demeurent à ce titre encore méconnues.
Les premières descriptions de proliférations histiocytaires félines datent de la fin des
années 1980. Depuis, trois types de proliférations histiocytaires félines ont été
individualisées : le sarcome histiocytaire, l’histiocytose progressive féline, et l’histiocytose
langerhansienne pulmonaire féline.
L’objectif de ce travail bibliographique était d’établir une synthèse des connaissances
actuelles concernant non seulement les proliférations histiocytaires félines mais également
les histiocytes, dont la définition a beaucoup évolué au cours des dernières années. Dans
une première partie, nous détaillerons l’origine, les caractéristiques morphologiques, le rôle
et l’immunophénotype des cellules histiocytaires. Dans une seconde partie, les proliférations
histiocytaires félines seront détaillées. Pour chacune d’entre elles, nous en exposerons les
caractéristiques cliniques et anatomo-pathologiques. Nous aborderons également les
perspectives possibles concernant leur diagnostic et leur traitement en les comparant aux
proliférations histiocytaires canines et humaines.
11
12
PREMIÈRE PARTIE : ORIGINE ET CARACTÉRISTIQUES
DES HISTIOCYTES
I. DÉFINITION DES HISTIOCYTES
Les histiocytes, ou cellules histiocytaires, sont des cellules d’origine hématopoïétique
résidant dans les tissus conjonctifs. Plus généralement, le terme « histiocyte » est utilisé
pour désigner les cellules issues de deux lignées, celle des monocytes-macrophages et celle
des cellules dendritiques (Moore, 2014).
II. ORIGINE ET DIFFÉRENCIATION DES HISTIOCYTES
A. Origine hématopoïétique de la lignée histiocytaire
Les histiocytes sont issus de la lignée myéloïde de la moelle osseuse
hématopoïétique. À l’origine de cette lignée, la cellule progénitrice myéloïde donne
naissance à plusieurs sous-lignées, parmi lesquelles la sous-lignée granulo-monocytaire, dont
sont issus les granulocytes neutrophiles, les macrophages et les cellules dendritiques (Weiss
et Wardrop, 2010).
Au sein de la sous-lignée granulo-monocytaire, des cellules précurseurs exprimant le
cluster of différenciation (CD) 34 (cellules CD34+), sont à l’origine des macrophages et des
cellules dendritiques qui constituent la population des cellules histiocytaires. Les cellules
dendritiques recouvrent les cellules de Langerhans, les cellules dendritiques interstitielles et
les cellules dendritiques interdigitées (Affolter et Moore, 2002).
B. Différenciation des différentes populations de cellules histiocytaires
Seules seront détaillées ici les étapes des différenciations des macrophages, des
cellules dendritiques interstitielles et des cellules de Langerhans.
Sous l’influence des cytokines Granulocyte-Macrophage-Colony Stimulating Factor
(GM-CSF) et Macrophage-Colony Stimulating Factor (M-CSF), la cellule précurseur CD34+ se
différencie successivement en monoblaste, en promonocyte puis en monocyte, qui constitue
la forme circulante et immature des macrophages. Les monocytes sanguins se différencient
en cellules dendritiques en présence de GM-CFS et l’interleukine (IL) 4, ou en macrophages
suite à une stimulation par le M-CFS (Weiss et Wardrop, 2010).
Une autre voie de différenciation des cellules CD34+ en cellules dendritiques est
décrite par Affolter et Moore depuis 2002. La différenciation des cellules CD34+ en cellules
13
dendritiques est stimulée par les cytokines FMS-Like tyrosine kinase 3 ligand (Flt3l), GM-CSF,
Tumor Necrosis Factor alpha (TNFα) et IL-4 (Affolter et Moore, 2002 ; Moore, 2014).
Sous l’action de GM-CSF, IL4 et TNFα, le précurseur CD34+ se différencie en deux
populations de cellules intermédiaires. La première exprime le CD34 et le Cutaneous
Lymphoid-associated Antigen (CLA) et constitue l’origine des cellules de Langerhans. La
seconde, CD34+ et CLA-, donne naissance aux cellules dendritiques interstitielles (Affolter et
Moore, 2002).
Les cellules de Langerhans sont issues de cellules CD34+ CLA+. La différenciation des
cellules CD34+ en cellules de Langerhans dépend de la présence de TGF-β1, sécrété entre
autres par les kératinocytes.
Les cellules de Langerhans expriment les récepteurs CCR10 et CCR6, capables de se
lier à des chémokines sécrétées par les kératinocytes, et sont ainsi guidées par
chimiotactisme jusqu’aux épithéliums (Affolter et Moore, 2002).
La figure 1 résume les voies de différenciation des différentes populations de cellules
histiocytaires.
Figure 1 : Voies de différenciation des histiocytes (d'après Affolter et Moore, 2002)
14
III.
CARACTÉRISTIQUES
MORPHOLOGIQUES
ET
FONCTIONNELLES
DES
DIFFÉRENTES CELLULES HISTIOCYTAIRES
A. Les cellules dendritiques
Les cellules dendritiques tiennent leur nom de leurs longs prolongements
cytoplasmiques, appelés dendrites, qui facilitent la capture des antigènes exogènes avant
leur présentation (Figure 2). Toutes les sous-populations de cellules dendritiques possèdent
la fonction de cellules présentatrices d’antigène « professionnelles » aux lymphocytes. Ainsi,
les cellules dendritiques sont les premiers inducteurs de la réponse immunitaire spécifique.
La présentation d’antigène exogène est permise par l’expression du complexe majeur
d’histocompatibilité de classe II, ou CMHII. Les cellules dendritiques n’ayant pas eu de
contact avec un antigène sont qualifiées d’immatures. À ce stade, elles n’expriment que très
peu le CMHII (Weiss et Wardrop, 2010 ; Tizard, 2013). Nous nous intéresserons ici aux
cellules de Langerhans et aux cellules dendritiques interstitielles.
Figure 2 : Cellule dendritique de chat.
Cellule résultant de la mise en culture in vitro de monocytes CD14+ en présence d’analogue de l’IL-4
et du GM-CSF. Noter la présence des longs prolongements cytoplasmiques caractéristiques des
cellules dendritiques. Coloration May-Grünwald et Giemsa. (Objectif 100) (Sprague et al., 2005).
1. Les cellules de Langerhans
Le terme de cellule de Langerhans désigne les cellules dendritiques des épithéliums.
Elles sont présentes dans l’épiderme (Figure 3) ainsi que dans les épithéliums des tractus
digestif, respiratoire et reproducteur (Moore, 2014).
La différenciation des cellules de Langerhans est stimulée par le TGF-β1, responsable
de l’expression de la langherine à la surface des cellules de Langerhans. Chez le chat, les
cellules de Langerhans contiennent des granules de Birbeck, organites en forme de raquette
15
(Figure 4), présents également chez l’homme mais absents chez le chien. Leur fonction n’est
pas encore élucidée (Saint-André Marchal et al., 1997).
Figure 3 : Cellules de Langerhans épidermiques.
Coupe histologique de la peau d’un chien de race Akita Inu atteint de syndrome uvéodermatologique, avec marquage immunohistochimique pour le CMHII. Noter l’expression de CMHII
par les cellules de Langerhans épidermiques (flèches) et les macrophages du derme superficiel. Barre
= 50 μm (Carter et al., 2005).
Figure 4 : Granules de Birbeck.
Cliché de microscopie électronique à transmission obtenu à partir de prélèvements d’un chat atteint
d’histiocytose langerhansienne pulmonaire féline. Noter la forme en raquette typique. Barre = 100
nm (Busch et al., 2008).
16
2. Les cellules dendritiques interstitielles
Les cellules dendritiques interstitielles sont présentes en région péri-vasculaire de
tous les tissus hormis le système nerveux central (on en trouve cependant dans les plexus
choroïdes et les méninges). Parmi elles, on peut citer les cellules dendritiques dermiques et
les cellules dendritiques interdigitées présentes dans les nœuds lymphatiques et la rate
(Moore, 2014). Les cellules dendritiques interdigitées ont deux origines distinctes : la
majorité d’entre elles sont des cellules dendritiques non activées, issues de la moelle
osseuse et acheminées par voie sanguine. Les autres cellules interdigitées sont des cellules
dendritiques interstitielles ou cellules de Langerhans activées ayant migré par voie
lymphatique suite à la capture d’un antigène (Shortman et Naik, 2007).
3. Fonction des cellules dendritiques
a) Phagocytose des antigènes
Les cellules dendritiques possèdent des récepteurs membranaires (récepteur au
mannose pour les cellules dendritiques interstitielles, langerhine pour les cellules de
Langerhans) capables de se lier aux antigènes exogènes. Le complexe récepteur-antigène est
ensuite internalisé par phagocytose ou pinocytose (Affolter et Moore, 2002).
b) Présentation des antigènes
(1) Exposition de l’antigène via le CMHII
L’internalisation de l’antigène par phagocytose donne naissance à un endosome.
Celui-ci fusionne avec un lysosome, au sein duquel des protéases vont dissocier l’antigène en
fragments peptidiques de taille variable.
Les endolysosomes contenant les fragments d’antigènes fusionnent ensuite avec
d’autres endosomes contenant le CMHII lié à un fragment invariant, fragment dont la
fonction est d’empêcher la translocation prématurée du CMHII vers la membrane de la
cellule dendritique. Une fois la fusion des endosomes effectuée, le fragment invariant est
remplacé par les peptides d’origine antigénique. Par la suite, l’endosome fusionne avec la
membrane de la cellule dendritique, exposant ainsi le complexe CMHII-peptide à la surface
de la cellule dendritique (Tizard, 2013).
(2) Migration de la cellule dendritique vers le nœud lymphatique régional
La phagocytose et la présentation de l’antigène via le CMHII effectuées, la cellule
dendritique est dite activée (ou mature), elle est alors en mesure de migrer vers le nœud
lymphatique régional en vue de la stimulation des lymphocytes T. Nous détaillerons le
17
processus de migration de la cellule de Langerhans épidermique, qui est actuellement le
mieux connu.
Une fois activée, la cellule de Langerhans libère de l’IL-1β, qui stimule la production
par les kératinocytes voisins de TNF-α. TNF-α entraîne une diminution de l’expression de l’Ecadhérine à sa surface. L’expression des C-C Chemokine-Receptor (CCR) CCR6, CCR1 et CCR5
diminue également, la cellule de Langerhans devient alors moins sensible aux chémokines
sécrétées par les kératinocytes et les tissus inflammatoires. Ainsi libérée de son attache aux
kératinocytes, la cellule de Langerhans est capable de migrer vers le nœud lymphatique
régional (Affolter et Moore, 2002).
Au cours de leur migration par voie lymphatique, les cellules de Langerhans activées
expriment le CCR7, le récepteur du macrophage-inflammatory-protein-3-beta (MIP-3β et le
Secondary Lymphoid tissu Cytokine (SLC), chémokines qui attirent la cellule vers le nœud
lymphatique régional. La cellule de Langerhans sécrète en parallèle des enzymes dirigées
contre la matrice extracellulaire et exprime de nouvelles molécules d’adhésion, ce qui
facilite sa progression.
Lors de la migration, la cellule de Langerhans achève sa différenciation en cellule
présentatrice d’antigène professionnelle. L’expression de CMHI, CMHII et CD1 augmente. La
cellule commence également à exprimer les CD80 et CD86, molécules de costimulation
intervenant dans la présentation de l’antigène aux lymphocytes T, ainsi que les protéines
d’adhésion ICAM et β-intégrines. D’autre part, elle cesse d’exprimer les récepteurs
intervenant dans la capture des antigènes, et perd ainsi sa fonction de phagocytose.
L’interaction entre les cellules dendritiques et les lymphocytes T a lieu dans la zone
para-corticale du ganglion lymphatique. La présentation de l’antigène se déroule en
plusieurs étapes.
(3) Présentation de l’antigène aux lymphocytes T
Elle commence par la liaison entre le complexe CMHII-antigène de la cellule
dendritique et le récepteur TCR-CD3 du lymphocyte T, qui induit l’expression de CD40L
(ligand du CD40) par le lymphocyte. La liaison entre CD40 et CD40L constitue le premier
signal à l’origine de la réponse immunitaire. Suite à ce signal, la cellule dendritique
augmente son expression de CMHII, CD58, CD80 et CD86, et sécrète des cytokines (IL-1,
TNFα) et chémokines (IL-8, MIP-1α, MIP-1β…) qui attirent d’autres lymphocytes. D’autre
part, la liaison entre CD40 et CD40L entraîne chez le lymphocyte l’augmentation de
l’expression de CD28, ligand de CD80 et CD86, ainsi que l’expression de CTLA-4. L’interaction
entre CD80 ou CD86 et CD28 est un second signal pour l’initiation de la réponse
immunitaire.
L’affinité de CD80 et CD86 pour CLA-4 est supérieure à celle pour CD28, c’est
pourquoi une fois que le lymphocyte a commencé à exprimer CLA-4, CD80 et CD86 vont s’y
18
lier préférentiellement. Cette nouvelle liaison initie la réponse immunitaire spécifique par les
lymphocytes T (Figure 5) (Affolter et Moore, 2002).
Figure 5 : Présentation de l’antigène aux lymphocytes T (d’après Affolter et Moore, 2002)
Molécules d’adhésion
CELLULE
DENDRITIQUE
LYMPHOCYTE T
CMHII
Antigène
TCR (CD3)
CD4
er
Stimulation de
l’expression de
CD40L
1 signal
CD40
CD40L
ème
2
signal
CD80 ou CD86
CD28
ème
3
CD80 ou CD86
signal
CTLA-4
B. Les macrophages
1. Origine et caractéristiques morphologiques des macrophages
Les macrophages appartiennent au système des phagocytes mononucléés. Celui-ci
inclut également les monocytes et leurs cellules précurseurs.
Le nom donné aux macrophages diffère selon le tissu dans lequel ils résident. Ainsi,
les cellules de Küpffer, la microglie, les ostéoclastes et les macrophages intravasculaires
pulmonaires désignent respectivement les macrophages spécialisés retrouvés dans le foie, le
système nerveux central, les os et les poumons. Le terme « macrophage » est conservé pour
ceux localisés dans les tissus lymphoïdes (Tizard, 2013).
Les monocytes sont des cellules rondes de 15-25 μm de diamètre. Sur un frottis
sanguin coloré par le May-Grünwald et Giemsa, ces cellules sont caractérisées par leur
grande taille, leur cytoplasme abondant gris-bleu à basophile (en « ciel d’orage ») richement
vacuolisé, et leur noyau rond, multilobé, réniforme ou indenté à chromatine peignée (Figure
6). En microscopie électronique, on observe dans le cytoplasme un grand nombre de
lysosomes et de mitochondries, ainsi qu’un réticulum endoplasmique granuleux et un
appareil de Golgi bien développés (Weiss et Wardrop, 2010).
19
Figure 6 : Monocyte de chat.
Frottis sanguin coloré par le May-Grünwald et Giemsa. Objectif 100 (Laboratoire d’anatomie
pathologique de l’ENVA). Noter le cytoplasme gris-bleuté abondant, les vacuoles et le noyau indenté.
Les monocytes restent en circulation pendant trois jours, puis migrent par diapédèse
dans les tissus grâce à la fixation de leurs β-intégrines membranaires aux molécules
intracellulaires d’adhésion (ICAM-1) des cellules endothéliales.
Une fois dans les tissus, les monocytes, devenus macrophages, sont attirés vers les
sites de l’inflammation par les constituants bactériens, les molécules du complément ainsi
que par les Damage-Associated Molecular Pattern (DAMPc) libérés par les tissus
endommagés. D’autres molécules telles que l’azurocidine, les défensines et les cathélicidines
sécrétées par les neutrophiles, ou la protéine CCL2 produite par les cellules endothéliales,
exercent également un chimiotactisme sur les macrophages, et stimulent leur migration vers
les sites de l’inflammation (Tizard, 2013).
Au cours de la différenciation des monocytes en macrophages, le diamètre cellulaire
augmente jusqu’à atteindre 20 μm. On observe également une augmentation de la taille de
l’appareil de Golgi, du nombre de mitochondries et de lysosomes et de l’activité des
enzymes lysosomiales (Weiss et Wardrop, 2010).
Les macrophages sont des cellules volumineuses de 15 à 20 μm de diamètre. Ils
présentent généralement un noyau réniforme ainsi qu’un cytoplasme abondant et
richement vacuolisé (lysosomes, phagolysosomes, vésicules de pinocytose). Les
macrophages possèdent des pseudopodes, prolongements cytoplasmiques qui permettent
la phagocytose et confèrent une certaine mobilité à la cellule (Weiss et Wardrop, 2010). Les
figures 8 et 9 montrent respectivement l’aspect des macrophages en microscopie optique et
électronique.
20
Figure 7 : Macrophages de chat.
Cellules observées lors de l’examen cytologique d’un épanchement chyleux chez un chat. Noter le
cytoplasme abondant et riche en vacuoles. Pastille de cytocentrifugation colorée au May-Grünwald
et Giemsa. Barre = 20 µm (Laboratoire d’Anatomie Pathologique de l’ENVA).
Figure 8 : Ultrastructure d’un macrophage.
Macrophage de chien en microscopie électronique à transmission (Day, 2012).
21
2. Fonction des macrophages
a) Phagocytose
Par leur fonction de phagocytose, les macrophages constituent la deuxième ligne de
défense de l’immunité innée après les granulocytes neutrophiles. Les macrophages
possèdent à leur surface plusieurs récepteurs capables de reconnaître des
lipopolysaccharides bactériens, des ARN viraux, les facteurs du complément ou encore le
fragment constant (Fc) des anticorps impliqués dans des complexes antigène-anticorps.
Une fois qu’un ligand est fixé sur un des récepteurs, l’association récepteur-ligand est
internalisée par le macrophage par phagocytose ou endocytose. Les phagosomes ainsi
formés fusionnent avec les lysosomes, donnant des phagolysosomes dans lesquels les
pathogènes seront lysés par des protéases.
Les macrophages sécrètent également des collagénases, élastases et activateurs de
plasminogène, qui permettent de diminuer la cohésion du tissu endommagé, ce qui facilite
leur déplacement (Weiss et Wardrop, 2010 ; Tizard, 2013).
b) Régulation de l’inflammation
La nature du stimulus à l’origine de l’activation des macrophages détermine leur rôle
dans la régulation de l’inflammation.
Les lipopolysaccharides bactériens et l’interféron gamma (INF-γ), stimulateurs
« classiques » de l’inflammation, orientent les macrophages vers un rôle pro-inflammatoire.
Ces macrophages, dits macrophages M1, possèdent une activité antimicrobienne accrue, par
augmentation de leur capacité de phagocytose et de l’expression membranaire de CMHII et
de molécules de costimulation. Les macrophages M1 sécrètent des cytokines proinflammatoires, telles que IL-12, TNF-α ou IL-1, ainsi que des métabolites dérivés de l’azote
et de l’oxygène qui contribuent au développement de l’inflammation et au recrutement de
neutrophiles et cellules Natural Killers (NK) (Weiss et Wardrop, 2010 ; Tizard, 2013).
De plus, par la sécrétion de IL-12, ils favorisent le développement d’une réponse
immunitaire Th1 (à médiation cellulaire). Inversement, IL-13, TGF-β et IL-4 ou encore les
glucocorticoïdes entraînent le développement de macrophages M2, à l’activité antiinflammatoire et intervenant dans la réparation des tissus endommagés. Les macrophages
M2 favorisent une réponse immunitaire à médiation humorale en sécrétant de l’IL-10 (Weiss
et Wardrop, 2010).
c) Présentation de l’antigène
Les macrophages sont également capables d’initier une réponse immunitaire
spécifique par la présentation des antigènes phagocytés par l’intermédiaire des CMH I et II
aux lymphocytes T. Cependant, ils sont 100 fois moins efficaces que les cellules dendritiques
dans ce rôle (Affolter et Moore, 2002).
22
IV.
IDENTIFICATION DES CELLULES HISTIOCYTAIRES PAR IMMUNOHISTOCHIMIE
A. Principe de l’immunohistochimie
L’immunohistochimie est une technique histologique permettant de mettre en
évidence des antigènes (généralement des protéines) au sein d’une coupe histologique par
le biais d’anticorps spécifiques de cet antigène. L’anticorps est soit couplé à un fluorochrome
produisant un signal fluorescent sous une longueur d’onde donnée, soit couplé à une
enzyme (généralement la peroxydase) produisant à partir d’un substrat un précipité coloré.
Le signal fluorescent ou le précipité coloré révèlent la présence et la localisation de
l’antigène au sein du tissu (Ramos-Vara, 2005). Cette technique est maintenant la plus
couramment utilisée pour déterminer l’immunophénotype des cellules histiocytaires et des
proliférations associées.
Si l’immunohistochimie permet d’identifier la nature des cellules, elle ne permet
généralement pas à elle seule de déterminer le caractère néoplasique, et a fortiori malin,
d’une lésion ; un examen histologique conventionnel doit toujours lui être associé.
L’immunophénotypage peut être réalisé sur tissus fixés en formol, congelés ou
encore sur des coupes ultrafines destinées à la microscopie électronique. Si la fixation des
tissus par le formol facilite la conservation et l’acheminement des échantillons, elle entraîne
néanmoins un changement de conformation des macromolécules, ce qui peut rendre
difficile voire impossible la reconnaissance des antigènes par les anticorps (Ramos-Vara,
2005). Le Tableau 1 répertorie les principaux marqueurs immunohistochimiques utilisables
en pathologie tumorale vétérinaire.
Tableau 1 : Immunomarqueurs d’intérêt en pathologie tumorale vétérinaire.
Les marqueurs présentés sont utilisables pour le diagnostic des proliférations histiocytaire ou pour
leur diagnostic différentiel (Moore et al., 1998 ; Gross et al., 2005).
IMMUNOMARQUEUR
CD1
CD2
CD3
CD4
FONCTION
Glycoprotéine intervenant dans la
présentation de l’antigène
Renforce la liaison entre les
lymphocytes T et les CPA
Composant du TRC des lymphocytes T
Récepteur du CMHII
CD8
CD11a
CD11b
CD11c
CD11d
S’associe avec CD18 pour former les
β-intégrines (molécule d’adhésion)
CELLULES IDENTIFIEES
Cellules dendritiques, cellules de
Langerhans
Lymphocytes T, NK
Lymphocytes T
Lymphocytes T
Lymphocytes T cytotoxiques,
sous-populations de NK
Monocytes, granulocytes,
lymphocytes
Cellules dendritiques, granulocytes
macrophages, lymphocytes
Lymphocytes CD8+, macrophages
23
CD14
Récepteur de lipopolysacharides
Monocytes, macrophages,
lymphocytes B
CD18
S’associe avec CD11 pour former les
béta intégrines (molécule d’adhésion)
Tous les leucocytes
CD21
Récepteur à C3d et CD23
Lymphocytes B matures, cellules
dendritiques folliculaires
CD45
CD79
ICAM
CMHII
Thy-1
Lysozyme
Estérase non
spécifique
Phosphatase acide
α-1-antitrypsine
α-1-antichymotrypsine
Vimentine
Cytokératine
Langerhine
S100
Mac387
24
Récepteur membranaire intervenant
Tous les leucocytes
dans l’activation des leucocytes
Composant du BRC des lymphocytes B Lymphocytes B, plasmocytes
Ligand de CD11
Complexe majeur
d’histocompatibilité : présentation
Cellules dendritiques, macrophages
d’antigènes exogènes aux
lymphocytes T
Cellules dendritiques dermiques,
monocytes, éosinophiles
Clivage de l’acide muramique des
Monocytes, macrophages,
parois bactériennes
neutrophiles, cellules exocrines
Monocytes, macrophages, cellules
dendritiques
Monocytes, cellules dendritiques
plasmocytes, mégacaryocytes
Glycoprotéine inhibitrice de l’élastase,
Monocytes, histiocytes, mastocytes
des collagénases et de la
chymotrypsine
Inhibiteur des protéases plasmatiques Histiocytes
Monocytes, macrophages, cellules
Filaments intermédiaires des cellules
de Langerhans, cellules
mésenchymateuses
mésenchymateuses
Protéines structurales cytoplasmiques
Cellules épithéliales
(filaments intermédiaires)
Mélanocytes, cellules de
Langerhans, macrophages
Histiocytes, adipocytes,
chondrocytes, cellules
Régulation du cycle cellulaire
myoépithéliales, mélanocytes,
cellules gliales…
Histiocytes
Historiquement, des enzymes cytoplasmiques telles que le lysozyme immunoréactif,
l’α-1-antitrypine et l’α-1-antichymotrypsine ont longtemps été utilisées pour identifier les
histiocytes. Plusieurs études ont été menées au cours des années 1980 afin d’évaluer la
fiabilité de ces marqueurs dans le diagnostic des proliférations histiocytaires, et plus
particulièrement celle du lysozyme (Nathrath et Meister, 1981 ; Moore, 1986a, 1986b ;
Sandusky et al., 1987). Le lysozyme est actuellement considéré comme un marqueur
spécifique des macrophages. Il est cependant peu sensible et il peut exister des faux-négatifs
même sur des cellules identifiées comme macrophagiques par d’autres marqueurs (Moore,
1986a). Pour cette raison, le lysozyme immunoréactif peut être utilisé comme complément à
une étude morphologique classique pour l’identification des macrophages mais une absence
de marquage ne permet pas d’écarter la nature macrophagique de la cellule ou de la lésion.
Non exprimé par les cellules dendritiques folliculaires et interdigitées, le lysozyme
peut être utile pour distinguer macrophages et cellules dendritiques au sein des organes
lymphoïdes (Moore, 1986b).
Bien que les marqueurs cytoplasmiques puissent être utilisés en pratique, ce sont
principalement les marqueurs membranaires, et notamment les CD, globalement plus
spécifiques et sensibles, qui sont actuellement utilisés pour identifier les populations
histiocytaires. Nous proposons maintenant de détailler ces marqueurs en fonction des
différentes populations histiocytaires.
B. Caractéristiques immunohistochimiques des cellules histiocytaires
1. Caractéristiques immunohistochimiques des cellules dendritiques
Toutes les cellules dendritiques expriment le CD45, commun à tous les leucocytes,
ainsi que le CMHII et le CD1a, qui permettent la présentation des antigènes aux lymphocytes
T. Elles expriment également CD11/CD18, correspondant aux β-intégrines membranaires,
avec une prédominance de la forme CD11c par rapport à la forme CD11b (Moore et al.,
1998). Une fois activées, les cellules dendritiques expriment le CD80 et le CD86 (Affolter et
Moore, 2002).
La distinction entre les différents types de cellules dendritiques repose
principalement sur deux marqueurs : l’E-cadhérine et le Thy-1 (CD90). En effet, les cellules
dendritiques interstitielles expriment Thy-1 mais pas l’E-cadhérine. On observe le profil
d’expression inverse pour les cellules de Langerhans (tableau 2).
2. Caractéristiques immunohistochimiques des macrophages
Les macrophages expriment à leur surface le CD45, ainsi que le CD11/18
correspondant aux β-intégrines. Les macrophages spléniques et de la moelle osseuse
25
présentent majoritairement la forme CD11d, tous les autres présentent essentiellement la
forme CD11b. Les macrophages expriment également le CMHII, de manière moins
importante que les cellules dendritiques (Affolter et Moore, 2002) (tableau 2).
Tableau 2 : Immunophénotype des cellules histiocytaires.
Pour chaque type cellulaire, l’immunophénotype est indiqué en précisant si l’anticorps utilisé réagit
sur tissus frais congelés et/ou fixés dans le formol (Gross et al., 2005).
IMMUNOPHENOTYPE
TYPE CELLULAIRE
TISSU FRAIS CONGELE
Macrophages
Cellule dendritiques
CD45, CD18, CD11b,
CMHII, CD68
CD1, CD45, CD18, CD11c,
CMHII, ICAM1
Cellules de Langerhans
E-cadhérine
Cellules dendritiques interstitielles
CD90
Cellules dendritiques interstitielles
activées
CD4
TISSU FIXE (FORMOL)
CD45, CD18
CD45, CD18
E-cadhérine
3. Immunophénotypage des proliférations histiocytaires
L’immunohistochimie est actuellement un outil incontournable pour le diagnostic des
proliférations histiocytaires. En effet, celles-ci ont souvent des caractéristiques
histopathologiques proches. Par ailleurs, un diagnostic différentiel peut se poser avec
d’autres proliférations notamment lymphoïdes (lymphomes). L’immunohistochimie permet
donc d’une part de confirmer l’origine histiocytaire de la lésion, d’autre part d’identifier la
sous-population histiocytaire impliquée.
Il est important de noter que la plupart des antigènes membranaires des histiocytes
sont dénaturés par le formol et ne sont donc pas réactifs lors d’un examen
histopathologique conventionnel (Tableau 2). C’est pourquoi une analyse sur tissu frais ou
congelé doit être anticipée lors de suspicion de prolifération histiocytaire (Gross et al.,
2005). Le tableau 3 répertorie les marqueurs permettant l’identification des sous-lignées
histiocytaires.
En médecine vétérinaire, des anticorps ont été spécifiquement développés
(notamment par Peter Moore) pour le diagnostic et la catégorisation des proliférations
histiocytaires canines. Si des recherches sont en cours pour le développement de marqueurs
félins, ces derniers restent moins nombreux et peu disponibles.
26
Tableau 3 : Immunomarqueurs utilisables pour l’identification des cellules histiocytaires.
CELLULES DENDRITIQUES
MARQUEUR
MACROPHAGES
INTERSTITIELLES
CELLULES DE
LANGERHANS
+
+
-
CD11b
+/-
-
+
CD11c
+
+
-
CD14
-
-
+/-
CD80
+ (activées)
+ (activées)
-
CD86
+ (activées)
- (activées)
-
CMH II
+
+
+/-
Thy1 (CD90)
+
-
-
E-cadhérine
-
+
-
Langherine
-
+
-
CD1
CELLULES DENDRITIQUES
CD11
Les histiocytes constituent donc une population hétérogène de cellules aux
caractéristiques immunohistochimiques distinctes. Ces caractéristiques ont été utilisées
pour classer les différents types de proliférations histiocytaires, d’abord chez l’homme, puis
chez le chien et, plus récemment, chez le chat.
Nous allons à présent nous intéresser aux différents types de proliférations
histiocytaires félines décrites dans la littérature en apportant des éléments de comparaison
avec les proliférations histiocytaires humaines et canines.
27
28
DEUXIÈME PARTIE : LES PROLIFÉRATIONS
HISTIOCYTAIRES FÉLINES
En médecine vétérinaire, les proliférations histiocytaires sont mieux connues et plus
documentées chez le chien, notamment grâce aux travaux des pathologistes Peter Moore et
Verona Affolter de l’Université de Davis (Californie). Chez le chien, on reconnaît des
proliférations histiocytaires néoplasiques et réactionnelles. Ces dernières, appelées
histiocytoses réactionnelles, résultent d’une dérégulation du système immunitaire.
Les proliférations histiocytaires félines sont beaucoup plus rares et méconnues, et
leur documentation se limite à quelques descriptions de cas, dont les premières datent des
années 1980. À ce jour, trois formes de proliférations histiocytaires félines ont pu être
identifiées. La première est le sarcome histiocytaire, dont la présentation clinique est proche
de celle du chien. Les deux autres types de proliférations histiocytaires, l’histiocytose
progressive féline et l’histiocytose langheransienne pulmonaire féline, sont propres à
l’espèce féline. Aucune forme d’histiocytose réactionnelle n’a été rapportée à ce jour chez le
chat (Moore, 2014).
I. LE SARCOME HISTIOCYTAIRE FELIN
Le sarcome histiocytaire correspond à une prolifération néoplasique maligne
d’histiocytes, d’évolution rapide et possédant un fort potentiel métastatique. Les sarcomes
histiocytaires ayant été particulièrement bien décrits chez le chien, la classification des
sarcomes histiocytaires félins emprunte beaucoup à celle de leur homologue canin, et a
évolué parallèlement. Pour cette raison, nous décrirons brièvement dans un premier temps
la classification et les caractéristiques du sarcome histiocytaire canin avant d’aborder le
sarcome histiocytaire félin.
A. Classification des sarcomes histiocytaires canins
Chez le chien, on distingue le sarcome histiocytaire stricto sensu et le sarcome
histiocytaire hémophagocytaire. Le premier reconnait une forme localisée et une forme
disséminée.
1. Sarcomes histiocytaires localisé et disséminé canins
Le sarcome histiocytaire est une prolifération maligne de cellules dendritiques qui
peut être classée en forme localisée ou disséminée selon le nombre d’organes atteints : la
forme localisée correspond ainsi à une lésion initialement unique alors que la forme
disséminée correspond à des lésions d’emblée multicentriques. La forme localisée atteint le
plus souvent le tissu sous-cutané, le poumon, la peau, les os ou encore les articulations
29
(Affolter et Moore, 2002 ; Fidel et al., 2006). Dans la forme disséminée, longtemps appelée
« histiocytose maligne », les organes initialement atteints sont la rate, le poumon et la
moelle osseuse. Les lésions s’étendent ensuite au foie et aux nœuds lymphatiques, mais
d’autres organes peuvent être affectés (Affolter et Moore, 2002).
Si ces deux entités ont longtemps été dissociées, on suspecte actuellement que la
forme disséminée résulte de la dissémination précoce d’une forme viscérale localisée
(Moore, 2014).
Pour ces deux formes, les signes cliniques sont peu spécifiques et dépendent des
organes touchés. Lors d‘un diagnostic de sarcome histiocytaire disséminé, il est souvent
difficile de déterminer l’organe ou les organes initialement touchés.
2. Sarcome histiocytaire hémophagocytaire canin
Le sarcome histiocytaire hémophagocytaire (SHH) canin est une forme agressive de
sarcome histiocytaire, caractérisé par une atteinte de la rate et de la moelle osseuse,
associée à une érythrophagocytose marquée. Les histiocytes responsables sont les
macrophages de la pulpe rouge splénique, ce qui fait du SHH la seule prolifération
histiocytaire trouvant son origine dans des macrophages (Moore et al., 2006).
Lors de SHH, les premiers organes atteints sont la rate et la moelle osseuse. Les
signes cliniques classiquement associés au SHH comprennent une anémie régénérative
modérée à sévère, une hémolyse et une thrombocytopénie. Les animaux atteints présentent
généralement une hyperbilirubinémie, une hypoalbuminémie et une hypocholestérolémie
(Moore et al., 2006).
Les caractéristiques cliniques et anatomo-pathologiques des sarcomes histiocytaires,
hémophagocytaire ou disséminé non hémophagocytaire, sont proches. De ce fait, le
diagnostic de certitude implique nécessairement une identification, par
immunophénotypage, des cellules dendritiques pour le sarcome histiocytaire disséminé non
hémophagocytaire, et des macrophages spléniques CD11d+ pour la forme
hémophagocytaire.
B. Généralités sur le sarcome histiocytaire félin
L’incidence du sarcome histiocytaire est encore plus faible chez le chat que chez le
chien. En effet, jusqu’en 2014, 19 cas seulement avaient été décrits dans la littérature.
La majorité des cas de sarcome histiocytaire félin ont été publiés sous le nom
d’histiocytose maligne, par analogie avec l’espèce canine. Actuellement, le terme
d’histiocytose maligne n’est cependant plus utilisé et a été remplacé par celui de sarcome
histiocytaire disséminé. L’étude rétrospective des cas d’ « histiocytose maligne » féline
montre qu’ils sont aussi bien compatibles avec une forme disséminée ou hémophagocytaire
30
de sarcome histiocytaire. En revanche, les cas répertoriés comme « sarcome histiocytaire »
concernaient généralement des chats atteints de sarcome histiocytaire localisé.
La littérature rapporte un cas de sarcome histiocytaire félin dont les caractéristiques
cliniques et lésionnelles étaient identiques à celles observées lors de SHH canin, et dont
l’origine macrophagique a été identifiée par immunophénotypage (Friedrichs et Young,
2008). De ce fait, on suspecte que le SHH félin, comme son équivalent canin, prend son
origine dans les macrophages (Moore, 2014).
Cependant, la majorité des cas de sarcome histiocytaire félin décrits dans les
publications présentaient des signes cliniques et caractéristiques anatomo-pathologiques
hybrides entre le SHH et le sarcome histiocytaire disséminé. De plus, la faible disponibilité de
marqueurs immunohistochimiques des macrophages chez le chat rend délicate la
classification rétrospective de ces cas en SHH ou en sarcome histiocytaire disséminé non
hémophagocytaire.
C. Sarcomes histiocytaires félins localisé et disséminé
À l’heure actuelle, six cas compatibles avec un sarcome histiocytaire localisé ont été
décrits dans la littérature. Parmi eux, seul un concernait une masse unique, localisée à
l’encéphale, sans signe d’extension à d’autres organes (Ide et al., 2010). Les cinq autres cas
semblaient concerner des sarcomes histiocytaires initialement localisés, avec une suspicion
de dissémination métastatique plus tardive. Les organes initialement atteints étaient le tarse
(Pinard et al., 2006), le fémur (Austin et Henderson, 2003), l’œil (Scurrell et al., 2013), les
cavités nasales (Wong et al., 2012) et le médiastin (Smoliga et al., 2005). La dissémination
métastatique s’étendait aux nœuds lymphatiques régionaux (Austin et Henderson, 2003 ;
Pinard et al., 2006), à la peau, aux poumons (Scurrell et al., 2013), ou encore à la moelle
osseuse (Wong et al., 2012).
Les cinq cas de sarcome histiocytaire félin disséminé décrits mentionnaient
fréquemment une atteinte de la rate, du foie, du poumon, de la moelle osseuse et plus
rarement du rein (Austin et Henderson, 2003 ; Bell et al., 2006 ; Trost et al., 2008). Des cas
de sarcomes histiocytaires disséminés impliquant la trachée (Bell et al., 2006) et le médiastin
(Walton et al., 1997) ont également été rapportés.
1. Épidémiologie
Le sarcome histiocytaire affecte des chats âgés; en effet les 11 cas répertoriés dans la
littérature concernaient des chats de plus de huit ans, dont six étaient âgés de plus de 12
ans. Aucune prédisposition raciale ou sexuelle n’a été mise en évidence.
31
2. Présentation clinique
Le sarcome histiocytaire localisé se traduit par des signes non spécifiques, en relation
avec l’organe atteint. Parmi eux, on recense des troubles de la vigilance lors de sarcome
histiocytaire cérébral (Ide et al., 2010), une ataxie et parésie des membres pelviens associées
à une masse médiastinale s’étendant jusqu’au canal vertébral de la première vertèbre
thoracique (Smoliga et al., 2005), une boiterie associée à un sarcome histiocytaire fémoral
(Austin et Henderson, 2003) ou tarsal (Pinard et al., 2006), ou encore une uvéite et un
hyphéma associés à un sarcome histiocytaire oculaire (Scurrell et al., 2013). Des masses
cutanées (métastases) ont également été rapportées suite à la dissémination d’un sarcome
histiocytaire localisé (Scurrell et al., 2013).
Les chats atteints de sarcome histiocytaire disséminé présentent des signes plus
généraux, et tout aussi peu spécifiques. Un abattement, une dysorexie allant parfois jusqu’à
l’anorexie ainsi qu’une perte de poids chronique sont presque systématiques. Ces signes
généraux sont fréquemment accompagnés de vomissements sporadiques et d’une pâleur
des muqueuses. À ces signes généraux peuvent s’ajouter des symptômes plus évocateurs
des organes atteints, tels qu’un collapsus trachéal dynamique associé à une masse trachéale
(Bell et al., 2006).
3. Imagerie médicale
La radiographie thoracique peut révéler des nodules pulmonaires (Walton et al.,
1997), une adénopathie médiastinale (Trost et al., 2008), ou encore un épanchement pleural
(Walton et al., 1997). Un cas de sarcome histiocytaire médiastinal visualisable par
radiographie thoracique a également été rapporté (Walton et al., 1997). Plus rarement, la
radiographie peut mettre en évidence des lésions d’ostéolyse lors de sarcome histiocytaire
osseux (Austin et Henderson, 2003). Des effets de masse, tels qu’un collapsus trachéal
associé à un sarcome histiocytaire trachéal, peuvent également être observés (Bell et al.,
2006).
Les anomalies échographiques les plus fréquentes sont une hépatomégalie et une
splénomégalie soit diffuse, soit associée à des masses spléniques, ainsi qu’une adénopathie
hépatique, rénale ou mésentérique (Trost et al., 2008).
Dans le cas d’atteintes du système nerveux central ou de structures intra-crâniennes,
l’IRM ou le scanner ont révélé des masses d’aspect non spécifique (Figure 9) (Ide et al., 2010
; Wong et al., 2012).
32
Figure 9 : Image IRM de l’encéphale d’un chat atteint de sarcome histiocytaire cérébral.
Coupe transverse d’encéphale en pondération T1, après contraste. Une masse (délimitée ici par les
flèches blanches) est présente dans la région du foramen interventriculaire gauche. Le chat
présentait de la somnolence, une cécité, une marche en cercle. L’analyse histologique de la masse a
révélé un sarcome histiocytaire cérébral (Ide et al., 2010).
4. Anomalies hémato-biochimiques
Les anomalies biologiques rencontrées lors de sarcome histiocytaire localisé
dépendent de l’organe initialement atteint. Les cas de sarcome histiocytaire localisé félin
concernaient des atteintes des membres, du médiastin, de l’oeil et des cavités nasales, et de
ce fait ne s’accompagnaient généralement pas d’anomalies hématologiques ou
biochimiques. Seul le chat atteint d’un sarcome histiocytaire fémoral présentait une
hypercalcémie et une élévation des créatines kinases (Austin et Henderson, 2003),
probablement en rapport avec la lyse osseuse et l’agressivité locale de la tumeur.
Les anomalies fréquentes lors de sarcome histiocytaire disséminé canin incluent une
anémie, le plus souvent non régénérative (Abadie et al., 2009 ; Moore et Rosin, 1986). Un
seul cas de sarcome histiocytaire disséminé félin s’accompagnait d’une anémie, mais elle
était régénérative (Trost et al., 2008). À l’inverse, l’anémie était systématique dans tous les
cas de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin.
L’hypoprotéinémie modérée constitue l’anomalie biochimique la plus fréquente lors
de sarcome histiocytaire disséminé félin (Austin et Henderson, 2003 ; Bell et al., 2006 ; Trost
et al., 2008). En fonction des organes atteints, on peut aussi observer une
hyperbilirubinémie (Trost et al., 2008), une élévation de l’urémie, (Bell et al., 2006 ; Trost et
al., 2008), des taux sanguins d’aspartate aminotransférases, ou encore une hypercalcémie et
une augmentation des taux sanguins de créatine kinase (Austin et Henderson, 2003). Une
33
hypercalcémie a été rapportée dans un cas de sarcome histiocytaire fémoral associé à une
lyse osseuse (Austin et Henderson, 2003).
5. Caractéristiques anatomo-pathologiques
a) Caractéristiques macroscopiques
Les sarcomes histiocytaires localisé ou disséminé prennent la forme de masses
fermes blanchâtres, souvent mal délimitées. Une infiltration plus diffuse de la rate et du foie,
sans formation de nodules visibles, peut également être observée (Reed et al., 2006). Les
organes les plus fréquemment atteints lors de sarcome histiocytaire disséminé sont la rate,
le foie, le poumon et le rein (Figure 10).
Les lésions spléniques consistent en une splénomégalie et un envahissement du
parenchyme par des nodules blanchâtres de taille variant de quelques millimètres (Walton
et al., 1997) à trois centimètres (Trost et al., 2008).
Lors d’atteinte hépatique ou pulmonaire, on observe au sein du parenchyme des
nodules semblables à ceux observés dans la rate (Reed et al., 2006 ; Trost et al., 2008;
Walton et al., 1997). Des lésions plus rares, telles que des épanchements cavitaires peuvent
également être observées (Walton et al., 1997 ; Cortese et al., 2008).
Figure 10 : Lésions macroscopiques rénales de sarcome histiocytaire disséminé chez un chat.
Il s’agissait d’un chat de neuf ans présentant une atteinte trachéale et rénale. Noter la présence de
nombreux nodules pâles et fermes au sein de la corticale rénale. L’aspect est non spécifique (Bell et
al.,. 2006).
34
b) Caractéristiques microscopiques
En examens histopathologique et cytopathologique, le sarcome histiocytaire se
caractérise par une population de cellules histiocytaires pléomorphes, rondes à fusiformes,
et au cytoplasme abondant et vacuolisé. Les cellules présentent une anisocytose et
anisocaryose souvent prononcées, ainsi que de nombreuses atypies telles que des cellules
géantes pouvant être multinucléees (Figure 11), des noyaux pycnotiques et des figures de
mitoses nombreuses et parfois anormales. On observe fréquemment des images
d’érythrophagocytose (Figure 12) et dans une moindre mesure de leucophagocytose
(Smoliga et al., 2005 ; Reed et al., 2006 ; Trost et al., 2008).
Figure 11 : Caractéristiques histologiques du sarcome histiocytaire félin.
Il s’agit d’une lésion médiastinale. On observe une population d’histiocytes pléomorphes. Noter
l’anisocytose et anisocaryose ainsi que la présence de cellules géantes multinucléées et de débris
cellulaires (tête de flèche). Coloration hémalun-éosine ; barre = 15 μm (Smoliga et al., 2005).
Figure 12 : Examen cytopathologique d’une métastase cutanée de sarcome histiocytaire.
Il s’agissait d’une lésion oculaire chez un chat de 13 ans. Noter les nombreuses figures
d’érythrophagocytose par des histiocytes néoplasiques (flèche). Coloration Giemsa-Wright modifiée ;
barre = 50 μm (Scurrell et al., 2013).
35
Les lésions spléniques se manifestent sous la forme de nodules ou d’une infiltration
diffuse par des histiocytes néoplasiques. Lors d’infiltration diffuse, on observe une
destruction de l’architecture splénique avec déplétion de la pulpe blanche (Reed et al.,
2006). Les figures d’érythrophagocytose et leucophagocytose par des histiocytes
néoplasiques sont fréquentes (Reed et al., 2006 ; Trost et al., 2008).
Lors d’envahissement hépatique, on observe des lésions comparables à celles
observées dans la rate (Cortese et al., 2008 ; Reed et al., 2006). Les publications ne
mentionnaient pas de localisation préférentielle des histiocytes au sein du parenchyme.
Lors atteinte pulmonaire, le parenchyme est envahi par des nodules composés
d’histiocytes néoplasiques, parfois associés à des neutrophiles, plasmocytes et lymphocytes
(Reed et al., 2006). L’envahissement du parenchyme peut s’accompagner d’une oblitération
des sacs alvéolaires par des histiocytes néoplasiques (Trost et al., 2008) et d’une présence
d’histiocytes dans la lumière des bronches et bronchioles (Reed et al., 2006).
Lors d’atteinte de la moelle osseuse, on observe une augmentation de la cellularité
ainsi que la présence de nombreux histiocytes néoplasiques (Cortese et al., 2008 ; Wong et
al., 2012). Une hyperplasie de la lignée érythrocytaire associée à une érythrophagocytose
peut être observée (Cortese et al., 2008).
Des infiltrations par des histiocytes néoplasiques peuvent être retrouvées dans la
corticale rénale (Scurrell et al., 2013) ou les nœuds lymphatiques.
c) Profil immunohistochimique
Les cellules dendritiques interstitielles ont été identifiées comme étant à l’origine des
sarcomes histiocytaires localisé et disséminé canins. De ce fait, l’immunophénotype attendu
des histiocytes néoplasiques du sarcome histiocytaire félin est CMHII+/CD1a+/CD1b-/CD1c+.
Cependant, du fait de la faible disponibilité des marqueurs pour
l’immunophénotypage des histiocytes dans l’espèce féline, la majorité des sarcomes
histiocytaires félins ont été mis en évidence par l’utilisation d’une combinaison de
marqueurs immunohistochimiques. Ainsi, les histiocytes néoplasiques des cas de sarcome
histiocytaire félin exprimaient le lysozyme, la vimentine, le Mac 387, la α-1-antitrypsine, le
CD18 et le CMHII. Si ces marqueurs confortent l’hypothèse de la nature histiocytaire des
cellules néoplasiques, ils ne permettent ni un diagnostic de certitude, ni l’identification du
sous-lignage histiocytaire en cause. Ainsi, bien que l’on suspecte que le sarcome histiocytaire
félin trouve son origine dans les cellules dendritiques interstitielles, cette hypothèse n’a pas
encore pu être confirmée.
Un cas de sarcome histiocytaire localisé atteignant les cavités nasales, décrit par
Wong et al. en 2012, présentait un immunophénotype CMHII+/CD18+/CD1a-/CD1b-/CD11c-,
36
vimentine+ et lysozyme+. Les auteurs concluent que ce sarcome histiocytaire dérive de
macrophages et non de cellules de Langerhans (Wong et al., 2012).
6. Traitement et pronostic
Le pronostic du sarcome histiocytaire félin est mauvais. La durée de survie après
l’apparition des signes cliniques varie de quelques jours, à neuf mois (Austin et Henderson,
2003; Reed et al., 2006 ; Scurrell et al., 2013). La majorité des chats atteints de sarcome
histiocytaire disséminé ont été euthanasiés peu de temps après la présentation.
Les chats atteints de sarcome histiocytaire localisé présentaient des durées de survie
plus longues que ceux atteints de la forme disséminée. Le chat atteint d’une forme oculaire
a présenté une durée de survie de huit mois après énucléation (Scurrell et al., 2013), et le
cas de sarcome histiocytaire localisé au fémur avec extension aux nœuds lymphatiques
poplité et iliaque a présenté une durée de survie de neuf mois après amputation et sans
chimiothérapie adjuvante (Austin et Henderson, 2003).
L’efficacité des molécules de chimiothérapie sur le sarcome histiocytaire félin n’a pas
été étudiée. Un protocole de chimiothérapie composé de cytosine arabinoside et
doxorubicine a été décrit chez un chat atteint de sarcome histiocytaire cérébral. L’animal est
décédé 43 jours plus tard (Ide et al., 2010). Une tentative de traitement par radiothérapie à
également été rapportée, mais l’animal a été euthanasié quelques jours après le début du
traitement (Walton et al., 1997).
Dans l’espèce canine, le pronostic du sarcome histiocytaire disséminé et localisé
atteignant des organes internes est sombre. Les sarcomes histiocytaires localisés souscutané ou péri-articulaire possèdent un meilleur pronostic, et l’exérèse chirurgicale ou la
radiothérapie semblent en retarder la dissémination métastatique (Affolter et Moore, 2002).
Une étude menée en 2011 sur 40 chiens a montré que le sarcome histiocytaire périarticulaire localisé présente un meilleur pronostic que les formes non péri-articulaires. Il a
également été montré qu’indépendamment de la présence de métastases, le pronostic est
meilleur lors de la prise en charge par thérapie agressive, incluant chimiothérapie, chirurgie,
radiothérapie ou une combinaison de ces méthodes thérapeutiques.
Les chiens atteints d’un sarcome histiocytaire péri-articulaire présentaient une
médiane de survie de 391 jours contre 128 jours pour les chiens atteints de sarcome
histiocytaire autre. Parmi les chiens atteints de la forme péri-articulaire, ceux présentant des
métastases avant le traitement présentaient une médiane de survie de 253 jours contre 980
jours chez les autres (Klahn et al., 2011).
37
Un seul cas de sarcome histiocytaire articulaire a été rapporté chez le chat.
Malheureusement, ce dernier a été euthanasié suite à la forte suspicion de processus
néoplasique et avant que le diagnostic de sarcome histiocytaire ne soit posé (Pinard et al.,
2006). De ce fait, aucune donnée concernant l’évolution et le pronostic du sarcome
histiocytaire articulaire ou péri-articulaire félin n’est disponible actuellement.
À l’heure actuelle, le 1-(2-Chloroéthyl)-3-Clohexyl-1-nitrosoUrée (CCNU) est la
molécule ayant démontré le plus d’efficacité sur les sarcomes histiocytaires localisé et
disséminé canin. En effet, une étude portant sur l’effet du CCNU a montré un taux de
réponse de 46 %, et une période médiane de rémission de 85 jours pour les animaux ayant
présenté une réponse complète. Les chiens ayant répondu au traitement (ayant présenté
une diminution de plus de 50 % du volume de la tumeur) ont présenté une médiane de
survie de 172 jours, contre 60 pour les animaux n’ayant pas répondu (Skorupski et al., 2007).
La littérature ne mentionne pas de tentative de traitement de sarcome histiocytaire localisé
ou disséminé non hémophagocytaire par le CCNU chez le chat.
38
D. Le sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin
Actuellement, la littérature ne rapporte qu’un cas de sarcome histiocytaire
hémophagocytaire (SHH) félin dans lequel l’origine macrophagique a été confirmée par
immunophénotypage (Friedrichs et Young, 2008). Cependant, plusieurs cas publiés sous le
terme d’ « histiocytose maligne » présentaient des caractéristiques s’apparentant à des SHH
(Court et al., 1993 ; Freeman et al., 1995 ; Fritz et al., 1999 : Friedrichs et Young, 2008 ; Ide et
al., 2009). En effet, si ces publications ne mentionnaient pas d’immunophénotypage des
histiocytes néoplasiques, les anomalies biochimiques, hématologiques, ou histologiques,
telles que l’érythrophagocytose majeure (Court et al., 1993 ; Freeman et al., 1995 ; Fritz et
al., 1999 ; Ide et al., 2009) étaient compatibles avec un sarcome histiocytaire
hémophagocytaire.
Compte-tenu de l’absence d’immunophénotypage des lésions dans la majorité des
publications, la classification de sarcomes histiocytaires félins en SHH a ici reposé
essentiellement sur des critères cliniques, biologiques et anatomo-pathologiques, inspirés
des caractéristiques du SHH canin. Ces cas doivent donc être considérés comme des cas de
SHH probables, non comme des cas avérés de SHH. Parmi les critères considérés comme
évocateurs de SHH félin, on compte la présence de signes cliniques systémiques, l’anémie
associée à une hémophagocytose marquée, la thrombocytopénie, l’atteinte splénique et/ou
de la moelle osseuse, et l’identification de macrophages par les auteurs (sur critères
morphologiques ou par l’utilisation de marqueurs tels que le lysozyme).
En prenant en compte ces critères d’inclusion, le nombre de cas de SHH félins
rapportés par la littérature s’élèverait à huit, avec la réserve que sept d’entre eux reposent
sur une forte suspicion clinique, biologique et anatomopathologique sans confirmation par
immunophénotypage.
1. Épidémiologie
Les cas de SHH supposés concernaient des animaux adultes, âgés de un à dix ans. À
l’heure actuelle, il semble que la forme hémophagocytaire du sarcome histiocytaire félin
touche des animaux plus jeunes que la forme non hémophagocytaire.
2. Présentation clinique
Les chats atteints de SHH manifestent des signes généraux peu spécifiques. Les plus
fréquents sont la perte de poids, la léthargie, l’anorexie et la pâleur des muqueuses. Des
vomissements intermittents et des muqueuses ictériques peuvent également être observés
(Court et al., 1993 ; Freeman et al., 1995 ; Friedrichs et Young, 2008 ; Ide et al., 2009 ; Kraje
et al., 2001).
39
3. Imagerie médicale
L’échographie et la radiographie mettent généralement en évidence une
hépatosplénomégalie diffuse, même si des masses spléniques peuvent être visibles à
l’échographie. D’autres signes tels qu’une adénopathie ou un épanchement thoracique ou
abdominal peuvent être observés (Kraje et al., 2001).
4. Anomalies hémato-biochimiques
a) Hématologie
Les animaux atteints de SHH félin présentaient une anémie, régénérative ou
arégénérative au moment du diagnostic. Une anémie hémolytique concomitante, mise en
évidence par un test de Coombs, peut également être observée (Freeman et al., 1995).
Les causes suspectées de l’anémie observée sont l’érythrophagocytose marquée des
érythrocytes et de leurs précurseurs, un envahissement médullaire par les histiocytes
néoplasiques, et un éventuel processus hémolytique auto-immun associé (Friedrichs et
Young 2008).
La majorité des cas décrits de SHH présentaient des troubles de l’hémostase, avec
une thrombocytopénie fréquente et/ou une augmentation des temps de coagulation (Kraje
et al., 2001). De même que pour l’anémie, une origine multifactorielle est suspectée pour
expliquer la thrombocytopénie observée, comprenant une phagocytose par les
macrophages néoplasiques. L’augmentation des temps de coagulation peut résulter d’une
coagulation intravasculaire disséminée.
b) Biochimie
Le SHH entraîne une hypoprotéinémie sévère associée à une hypoalbuminémie et
éventuellement à une hypoglobulinémie (Kraje et al., 2001). Une hyperbilirubinémie est
également fréquente, et s’accompagne ou non d’un ictère. Une augmentation des enzymes
de cytolyse hépatique a été rapportée dans un cas (Friedrichs et Young, 2008).
Les causes d’hypoalbuminémie ne sont pas élucidées à l’heure actuelle. Une étude
menée chez des chiens atteints de SHH a montré que l’hypoalbuminémie est associée à une
glycémie et urémie normales, ce qui exclut un défaut de synthèse globale lié à une
insuffisance hépatique (Moore et al., 2006). L’hypothèse retenue est celle d’une
hypoalbuminémie liée à l’augmentation de sécrétion par les macrophages de cytokines proinflammatoires, comme le TNF-α et l’IL-6, qui diminuent de façon plus ciblée la synthèse
hépatique. Cependant, il en résulte généralement chez le chien une hypocholestérolémie,
qui n’a jamais été mentionnée dans les cas supposés de SHH félin.
40
5. Caractéristiques anatomo-pathologiques
a) Caractéristiques macroscopiques
Les chats atteints de SHH présentent une splénomégalie et une hépatomégalie. Le
SHH canin, contrairement à la forme non hémophagocytaire, engendre des lésions diffuses
et tend à ne pas former de masses distinctes (Moore et al., 2006). Cette différence de
présentation entre les deux formes de sarcome histiocytaire semble moins nette chez le
chat. En effet, des nodules spléniques et hépatiques blanchâtres de 0,5 à 5 mm de diamètre
ont été observés chez plusieurs chats suspects de SHH félin (Court et al., 1993 ; Kraje et al.,
2001) (Figure 13), et un cas présentait deux masses spléniques sans autres anomalies
macroscopiques (Figure 14) (Ide et al., 2009).
D’autres lésions, telles qu’une adénopathie isolée (Friedrichs et Young, 2008) ou
généralisée, des nodules de la plèvre viscérale ou un épanchement abdominal ont été
rapportées (Kraje et al., 2001).
Figure 13 : Lésions macroscopiques de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin.
Vue latérale droite du thorax et abdomen d’un chat ictérique avec suspicion de SHH. L’examen
nécropsique révélait des nodules spléniques et hépatiques de un à dix mm de diamètre et
pulmonaires de un à cinq millimètres de diamètre, un épanchement abdominal jaunâtre et une
plèvre viscérale granuleuse, ainsi qu’une adénopathie sous-mandibulaire, sternale,
trachéobronchique et mésentérique (Kraje et al., 2001).
41
Figure 14 : Lésions macroscopiques spléniques de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin.
Présence de deux masses spléniques (têtes de flèche) chez un chat avec suspicion de SHH (Ide et al.,
2009).
b) Caractéristiques microscopiques
Les lésions de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin sont constituées de cellules
histiocytaires isolées ou en amas, rondes à fusiformes, au cytoplasme éosinophile abondant.
Les histiocytes présentent de nombreuses figures d’érythrocytose et hémosidérose (Figure
15) ainsi que quelques figures de leucophagocytose (Figure 16) et thrombophagocytose.
Figure 15 : Examen cytopathologique d’un cas de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin.
Cas probable de SHH avec lésions spléniques. Cytoponction splénique obtenue par aspiration à
l’aiguille fine. Coloration May-Grünwald & Giemsa ; Objectif 100 (Ide et al., 2009). A) Histiocytes avec
granules magenta intracytoplasmiques et matériel brun doré compatible avec de l'hémosidérine. B)
Histiocyte néoplasique avec figure d'érythrophagocytose.
A
42
B
Figure 16 : Erythrophagocytose lors de sarcome histiocytaire hémophagocytaire félin.
Figure de leucophagocytose (flèches) par un histiocyte chez un chat suspect de SHH. Aspiration de
moelle osseuse. Barre = 10 μm (Ide et al., 2009).
Les histiocytes néoplasiques présentent peu d’anomalies cytologiques. Une
anisocytose et anisocaryose modérées sont observées, ainsi que quelques cellules
multinucléées et noyaux pycnotiques. Les figures de mitose sont rares.
Une des caractéristiques des macrophages du SHH canin est de présenter peu ou pas
d’atypies par rapport aux cellules dendritiques du sarcome histiocytaire. Les publications
récentes suggèrent davantage un asynchronisme entre les macrophages néoplasiques
spléniques et ceux de la moelle osseuse, ces derniers présentant en moyenne moins
d’anomalies que les macrophages spléniques (Moore et al., 2006).
À l’heure actuelle, il semblerait que les histiocytes néoplasiques du SHH félin tendent
également à présenter peu d’atypies. Cependant un éventuel asynchronisme entre les
histiocytes de la moelle osseuse et les histiocytes spléniques n’a pas été investigué.
La pulpe rouge splénique est infiltrée par une population dense d’histiocytes
néoplasiques oblitérant la pulpe blanche adjacente (Figure 17 et figure 18) (Friedrichs et
Young, 2008). L’observation de foyers de nécrose et d’hématopoïèse extra-médullaire est
fréquente (Ide et al., 2009). Quelques lymphocytes et plasmocytes isolés parmi les
histiocytes néoplasiques sont visibles.
43
Figure 17 : Lésions histopathologiques spléniques lors de sarcome histiocytaire hémophagocytaire
félin.
(A) Parenchyme splénique de chat sain. Coloration hémalun-éosine safran ; objectif 2,5 (Laboratoire
d’anatomie pathologique de l’ENVA). (B) Rate d’un chat atteint de SHH félin. L’architecture
splénique est effacée par les histiocytes néoplasiques. Coloration hémalun-éosine ; objectif 4
(Friedrichs et Young, 2008).
A
B
44
Figure 18 : Lésions histopathologiques spléniques lors de sarcome histiocytaire hémophagocytaire
félin.
(A) Parenchyme splénique de chat sain. Coloration hémalun-éosine safran ; objectif 40 (Laboratoire
d’anatomie pathologique de l’ENVA). (B) Rate d’un chat atteint de SHH félin. Histiocytes néoplasiques
infiltrant le parenchyme splénique. Quelques histiocytes présentent des noyaux multiples (flèches).
Coloration hémalun-éosine ; objectif 60 (Friedrichs et Young, 2008).
A
45
L’analyse histologique du foie révèle une augmentation du nombre d’histiocytes
sinusoïdaux, ainsi qu’une infiltration du parenchyme et des capillaires sinusoïdes hépatiques
par des histiocytes néoplasiques semblables à ceux observés au sein des lésions spléniques
(Figure 19) (Court et al., 1993 ; Ide et al., 2009). Des infiltrations des espaces portes par des
lymphocytes, plasmocytes et neutrophiles peuvent être observées (Ide et al., 2009).
Figure 19 : Lésions histopathologiques hépatiques lors de sarcome histiocytaire hémophagocytaire
félin.
(A) Foie de chat sain. Coloration hémalun-éosine safran ; barre= 50 μm (Laboratoire d’anatomie
pathologique de l’ENVA). (B) Foie d’un chat atteint de SHH félin. Noter la localisation dans les
capillaires sinusoïdes des histiocytes. Coloration hémalun-éosine ; objectif 20 (Friedrichs et Young,
2008).
A
B
46
La moelle osseuse des chats atteints présente une cellularité élevée. Une hyperplasie
érythroïde, associée à un ratio myéloïde/érythroïde diminué, est fréquente (Friedrichs et
Young, 2008). La moelle osseuse montre une infiltration modérée à sévère par des
histiocytes semblables à ceux observés dans les lésions spléniques et hépatiques, ainsi
qu’une érythrophagocytose majeure d’hématies matures et immatures (Kraje et al., 2001 ;
Friedrichs et Young, 2008).
L’aspect des nœuds lymphatiques infiltrés est variable. Un ou plusieurs amas
d’histiocytes néoplasiques peuvent y être observés.
Des infiltrations de l’interstitium pulmonaire, du cortex rénal ou encore de
l’encéphale par des histiocytes néoplasiques ont été rapportés (Court et al., 1993 ; Kraje et
al., 2001 ; Friedrichs et Young, 2008 ; K. Ide et al. 2009). Elles sont sans particularités.
c) Profil immunohistochimique
L’origine macrophagique n’a été confirmée que dans un cas supposé de SHH
(Friedrichs et Young, 2008). Dans ce rapport de cas, les histiocytes néoplasiques possédaient
un immunophénotype macrophagique CD18+/CD11b+/CMHII+. Cependant, aucun des
histiocytes néoplasiques n’était positif au marquage de CD11d, caractéristique des
macrophages spléniques, à l’origine du SHH canin. Ceci peut être dû à une mauvaise
conservation des antigènes ou à un manque de sensibilité des anticorps d’origine canine.
D’autres auteurs concluent à une origine macrophagique des cellules sur la base
d’une combinaison de marqueurs tels que le lysozyme, le Mac387, l’ α-1-antitrypsine et la
vimentine. Cependant, si ces marqueurs confirment la nature histiocytaire, ils sont moins
spécifiques que l’immunophénotypage CD18/CD11b/CMHII. Dans d’autres publications, les
arguments pour une origine macrophagique des cellules reposaient sur des critères
morphologiques purs, en microscopie optique ou électronique (Freeman et al., 1995), ou sur
l’exclusion d’une nature lymphomateuse par cytométrie de flux ou marquage CD3.
6. Pronostic
Le SHH est la prolifération néoplasique histiocytaire possédant le pronostic le plus
mauvais chez le chien, avec une moyenne de survie de sept semaines et une médiane de
survie de quatre semaines (Moore et al., 2006).
La forme féline possède également un pronostic très mauvais. L’euthanasie est
rapide et survient généralement dans les 15 jours suivant la présentation initiale (Court et
al., 1993 ; Fritz et al., 1999 ; Kraje et al., 2001).
47
La survie maximale rapportée dans la littérature est de 107 jours après la
présentation initiale, sur un cas non confirmé par immunophénotypage mais dont la clinique
était très évocatrice (Ide et al., 2009).
7. Traitement
La majorité des cas décrits a reçu un traitement à base d’antibiotiques (doxycycline
principalement) en association avec de la prednisone, suite à une suspicion d’anémie
hémolytique à médiation immune. Aucune amélioration clinique ou des paramètres
biologiques n’a été observée. Un traitement palliatif, constitué essentiellement de
transfusions, permettait une amélioration transitoire de l’état clinique. Le SHH félin semble
réfractaire aux molécules de chimiothérapies telles que la L-asparaginase ou la vincristine
(Fritz et al., 1999).
Aucun traitement n’a montré d’efficacité sur le SHH canin. Le CCNU ou lomustine,
molécule ayant montré le plus d’efficacité sur le sarcome histiocytaire, ne semble pas avoir
d’effet sur la forme hémophagocytaire canine. En effet, une étude menée sur la réponse du
sarcome histiocytaire au CCNU a montré que les chiens présentant des signes associés au
SHH (anémie, thrombocytopénie ou hypoalbuminémie) avaient une médiane de survie de
l’ordre d’une vingtaine de jours contre 163 à 165 jours pour les autres animaux (Skorupski et
al., 2007).
Un essai de traitement au CCNU a été rapporté chez un chat. L’animal a présenté une
amélioration graduelle de la leucopénie et de la thrombocytopénie, mais aucune
amélioration de l’anémie. Des transfusions ont alors été réalisées en parallèle au traitement.
Cet essai de traitement au CCNU a conduit à une durée de survie de 107 jours, ce qui en fait
la survie plus longue après présentation initiale.
48
II. L’HISTIOCYTOSE PROGRESSIVE FÉLINE
Le terme « histiocytose progressive féline » a été introduit pour la première fois par
Affolter et Moore en 2006, lors de la description de 30 chats présentant des proliférations
histiocytaires cutanées. Le terme « progressive » fait référence à l’évolution lente de la
maladie et au développement, à terme, de lésions internes chez certains chats.
A. Épidémiologie
Compte tenu du faible nombre de cas avérés d’histiocytose progressive féline, les
données épidémiologiques actuelles sont basées essentiellement sur les cas publiés, et plus
particulièrement sur l’étude menée par Affolter et Moore.
L’histiocytose progressive féline affecte préférentiellement les chats adultes à âgés,
avec un âge moyen de huit ans, mais elle peut survenir dès l’âge de deux ans. Aucune
prédisposition raciale ou sexuelle n’a été observée (Day et al., 2000 ; Affolter et Moore,
2006).
B. Présentation clinique
L’histiocytose progressive féline se présente initialement sous la forme de nodules ou
papules cutanés, isolés ou multiples, atteignant préférentiellement la tête, le cou et les
extrémités. L’abdomen, le thorax ou le dos peuvent également être touchés (Affolter et
Moore, 2006 ; Reed et al., 2006 ; Gelberg, 2013). Les lésions initiales sont indolores, non
prurigineuses, et peuvent être alopéciques. Par la suite, on observe une augmentation de la
taille des nodules, et fréquemment une ulcération des lésions (Figure 20). La coalescence
des nodules en larges plaques est fréquente (Figure 21) (Affolter et Moore, 2006).
Figure 20 : Lésions cutanées tardives d’histiocytose progressive féline.
Noter les lésions alopéciques et érythémateuses sur la face (à gauche) et le doigt (à droite) d’un chat
de 15 ans (Day et al., 2000).
49
Figure 21 : Lésions cutanées faciales lors d’histiocytose progressive féline.
Nodules cutanés coalescents, partiellement alopéciques et ulcérés chez un chat atteint d’histiocytose
progressive féline (Moore, 2014).
La taille des lésions peut varier avec le temps, mais aucun cas de régression complète
n’a été rapporté.
Les lésions peuvent rester limitées à la peau jusqu’à trois ans après leur apparition.
Avec la progression de la maladie, certains chats développent des signes d’extension aux
organes internes, incluant perte de poids, anorexie, adénopathie, détresse respiratoire et
anémie. Les métastases atteignent les nœuds lymphatiques, les poumons, le pancréas, les
reins mais également le foie, le cœur ou encore les surrénales (Affolter et Moore, 2006).
C. Diagnostic différentiel clinique
Le diagnostic différentiel clinique de l’histiocytose progressive féline comprend les
dermatoses responsables de l’apparition de nodules et plaques cutanés. Ceci inclut plusieurs
tumeurs cutanées, telles que le mastocytome cutané (Figure 22A), certaines tumeurs
annexielles (trichoblastome, adénome canalaire apocrine félin), le fibrosarcome associé au
Feline Sarcoma Virus (FeSV), le mélanome ou encore le lymphome ; des dermatoses par
hypersensibilité, tels que le granulome éosinophilique ou la plaque éosinophilique, entrent
également dans les hypothèses diagnostiques. D’autres dermatoses telles que la
dermatophytose, la cryptococcose, les mycobactérioses, ou encore des réactions
inflammatoires suite à des piqûres de puces ou tiques peuvent également se manifester par
des lésions nodulaires, avec parfois ulcération des lésions (Figure 22B) (Gross et al., 2005 ;
Bensignor, 2008 ; Medleau et Hnilica, 2008).
50
Le diagnostic peut être affiné par la réalisation d’examens dermatologiques de
routine comme la culture mycologique, qui permettra d’exclure une mycose, ou le calque
cutané, qui peut suffire à exclure une lésion du complexe granulome éosinophilique félin.
Dans le cadre d’une suspicion de tumeur cutanée, la réalisation d’une cytoponction, qui
révèlera des granules caractéristiques lors de mastocytome ou mélanome pigmenté, peut
également orienter le diagnostic. Cependant, l’examen histopathologique est indispensable
pour établir un diagnostic de certitude et préciser le pronostic.
Figure 22 : Diagnostic différentiel clinique de l’histiocytose féline progressive.
Lésions de mastocytome félin (A) et lésions inflammatoires liées aux piqûres de puces (B). (A)
Nodules multiples alopéciques du front et des tempes compatibles avec des lésions précoces
d’histiocytose progressive féline (Medleau et Hnilica, 2008). (B) Nodule cutané lié à une dermatite
par hypersensibilité aux piqûres de puces (Bensignor, 2008). L’aspect ulcéré des lésions rappelle les
lésions tardives d’histiocytose progressive féline.
A
B
Le Tableau 4 résume les principales affections participant au diagnostic différentiel
de l’histiocytose progressive féline. L’épidémiologie, la localisation des lésions, ainsi que
l’aspect macroscopique et cytologique des lésions, y sont détaillés pour chacune des
affections.
51
Tableau 4 : Diagnostic différentiel clinique de l'histiocytose progressive féline (Scott et al., 2001 ; Medleau et Hnilica, 2008).
Affection
Histiocytose
progressive
féline
Tumeurs
annexielles
Fibrosarcome
associé au FeSV
Mastocytome
Dermatophytose
Mélanome
Lymphome
cutané
épithéliotrope
Lymphome
cutané non
épithéliotrope
Granulome
éosinophilique
Plaque
éosinophilique
Cryptococcose
52
Epidémiologie
Localisation des lésions
Description des lésions cutanées
Chat âgés
Tête, cou, membres
Nodules multiples érythémateux, parfois alopéciques et
ulcérés, souvent coalescents en larges plaques.
Chats âgés
Siamois, Persan
Tête, cou, thorax, partie
dorsale du tronc
Tronc, extrémité des
membres, pavillons
auriculaires.
Moins de 5 ans
Nodules isolés, surélevés, ronds, fermes ou fluctuants,
parfois ulcérés ou alopéciques.
Masse dermique ou sous-cutanée ferme, mal délimitée,
infiltrante. Parfois alopécique ou ulcérée.
Chats âgés
Mâles Siamois
prédisposés
Jeunes chats
prédisposés
Face dorsale du tronc, base
de la queue
Chats âgés
Tête, museau, truffe et cou
Chats âgés
Tête, cou
Chats âgés
Tronc, tête, extrémités
Nodules dermiques ou sous-cutanés multiples,
fréquemment alopéciques et parfois ulcérés.
Tous âges
Face, face caudale des
cuisses, langue et palais.
Partie ventrale de
l’abdomen, face ventrale
des cuisses.
Lésion papuleuse ou nodulaire, ferme, érythémateuse,
alopécique, érodée ou ulcérée.
Plaques circonscrites uniques ou multiples de 0,5 à 7 cm
de diamètre, prurigineuses, surélevées, érythémateuses
et ulcérées
Face, truffe
Multiples papules et nodules, indolores. Ulcération
possible.
Tous âges
Rare
Tête et cou
Nodules intra-dermiques isolés de 0,5 à 5 cm de
diamètre, pouvant être alopéciques, ulcérés ou
prurigineux.
Présentation peu commune : nodules sous-cutanés
uniques ou multiples, souvent ulcérés.
Nodule unique dermique alopécique, de couleur foncée,
mesurant de 0,5 à 4 cm de diamètre. Peut avoir une
apparence pédonculée.
Dermatite érythémateuse, exfoliative, alopécique et
croûteuse.
Des plaques ou nodules érythémateux sont plus rares.
Cytologie des lésions cutanées
Histiocytes : noyau hyperchromatique,
cytoplasme abondant éosinophile à
basophile et vacuolisé. Nombreuses atypies.
Cellules épithéliales rondes à cubiques,
cytoplasme basophile peu abondant
Fibroblastes : cellules fusiformes, ovales ou
étoilées parfois multinucléées, au
cytoplasme basophile.
Mastocytes : cellules rondes présentant des
granulations cytoplasmiques basophiles.
Inflammation pyogranulomateuse avec
hyphes et/ou spores
Mélanocytes contenant des granules
contenant des pigments verts à noirs.
Lymphocytes néoplasiques
Lymphocytes néoplasiques
Granulocytes éosinophiles et neutrophiles
+/-bactéries
Granulocytes éosinophiles, neutrophiles +/bactéries
Inflammation pyogranulomateuse, levures
étroites, bourgeonnantes, à paroi fine,
entourées de capsules claires et
réfringentes.
D. Caractéristiques anatomo-pathologiques
1. Caractéristiques macroscopiques des lésions
Les lésions initiales sont des nodules ou des plaques de consistance ferme, pouvant
être alopéciques, généralement mal délimitées. Certaines lésions peuvent être ulcérées
(Affolter et Moore, 2006).
2. Caractéristiques microscopiques des lésions
Les lésions d’histiocytose progressive féline sont des masses ou nodules dermiques
mal délimités et non encapsulés. Elles sont constituées par une population dense
d’histiocytes ronds à polygonaux, aux contours flous, présentant un cytoplasme abondant
faiblement éosinophile et un noyau central arrondi ou indenté, contenant une chromatine
mottée et marginée (Figure 23) (Affolter et Moore, 2006).
Figure 23 : Caractéristiques histopathologiques de l’histiocytose progressive féline.
Il s’agit d’un nodule constitué d’une population dense d’histiocytes, présentant un cytoplasme pâle
abondant et un noyau rond à ovoïde. Noter l’anisocytose et anisocaryose. Coloration hémalunéosine ; barre = 50 μm (Affolter et Moore, 2006).
L’infiltration histiocytaire s’étend du derme superficiel au derme profond, et atteint
parfois l’hypoderme. On note également au sein des lésions la présence de neutrophiles et
de lymphocytes réactionnels dispersés, dont le nombre est variable d’un cas à l’autre
(Affolter et Moore, 2006).
Deux formes d’histiocytose progressive féline sont distinguables à l’examen
histologique. L’une est épithéliotrope, caractérisée par la présence au sein de l’épiderme
d’histiocytes isolés ou en amas comparables aux histiocytes observés dans le derme (Figure
53
24). Dans la seconde forme, dite non-épithéliotrope, les histiocytes atteignent la lame basale
mais épargnent l’épiderme (Figure 25) (Gross et al., 2005 ; Affolter et Moore, 2006).
Figure 24 : Caractéristiques histopathologiques de l’histiocytose progressive féline, forme
épithéliotrope.
Noter la présence d’un amas épidermique de cellules histiocytaires (délimité par les flèches),
caractéristique de la forme épithéliotrope. Coloration hémalun éosine ; barre = 50 μm (Affolter et
Moore, 2006).
Figure 25 : Caractéristiques histopathologiques de l’histiocytose progressive féline, forme non
épithéliotrope.
Les histiocytes atteignent la membrane basale, mais ne sont pas retrouvés dans l’épiderme.
Coloration hémalun éosine ; barre = 50 μm (Affolter et Moore, 2006).
54
Les histiocytes des lésions cutanées précoces d’histiocytose progressive féline
présentent peu d’atypies. Les anomalies telles que des cellules géantes multinucléées, une
anisocytose, une anisocariose, un index mitotique important ou des figures de mitose
anormales sont majoritairement observées sur les lésions cutanées tardives (Figure 26).
Figure 26 : Comparaison des anomalies cytologiques au sein des lésions cutanées précoces et
tardives d’histiocytose progressive féline.
Les cellules des lésions tardives (B) présentent une anisocaryose marquée, avec noyau
hyperchromatique (flèche longue) et des figures de mitose anormales (flèche courte). Ces
caractéristiques ne sont pas retrouvées dans les lésions précoces (A). Coloration hémalun-éosine
(Moore, 2014).
B
A
Les lésions internes sont caractérisées par un effacement et un remplacement du
parenchyme normal par des masses étendues et infiltrantes, constituées d’une population
dense d’histiocytes. Le degré d’anisocytose et anisocaryose ainsi que l’index mitotique des
lésions internes sont similaires à ceux des lésions cutanées tardives (Affolter et Moore,
2006).
3. Profil immunohistochimique
Les cellules constitutives des lésions d’histiocytose progressive féline expriment le
CD1a, le CD1c (Figure 27), le CD18 (Figure 28) et le CMHII, soit un profil caractéristiques des
cellules dendritiques. Sur l’ensemble des cas d’histiocytose progressive féline rapportés,
seuls trois présentaient une expression de l’E-cadhérine, spécifique des cellules de
Langerhans. L’expression sporadique de CD5 par des histiocytes a été rapportée dans la
moitié des cas (Affolter et Moore, 2006).
55
Figure 27 : Expression de CD1c par les histiocytes lors d’histiocytose progressive féline.
Coupe histologique d’un nodule cutané chez un chat atteint d’histiocytose progressive féline après
immunomarquage pour le CD1c. Les cellules épidermiques marquées peuvent être des histiocytes
néoplasiques isolés ou des cellules de Langerhans épidermiques (Affolter et Moore, 2006).
Figure 28 : Expression de CD18 par les histiocytes lors d’histiocytose progressive féline.
Coupe histologique de lésions cutanées chez un chat atteint de la forme épithéliotrope de
l’histiocytose progressive féline, après immunomarquage pour le CD18. Présence d’un foyer intraépidermique de cellules néoplasiques (Gelberg, 2013).
56
L’immunophénotype des cellules au sein des lésions évoque donc une origine
dendritique interstitielle de l’histiocytose progressive féline. Cependant, l’épithéliotropisme
des lésions dans 13 des cas répertoriés n’exclut pas que les cellules de Langerhans ou leurs
précurseurs puissent être à l’origine de l’histiocytose progressive féline. De plus, l’expression
de E-cadhérine diminue suite à l’activation des cellules de Langerhans, ce qui expliquerait
l’absence de l’E-cadhérine dans les lésions de la majorité des chats atteints.
L’expression de CD5 par des histiocytes lésionnels, observée dans la moitié des cas
recensés par Affolter et Moore, est actuellement mal comprise. L’expression de CD5 a été
observée sur des cellules dendritiques plasmocytoïdes de rats ; cependant, ce sous-lignage
de cellules dendritiques n’a à ce jour pas été identifié chez les carnivores domestiques. À
l’heure actuelle, l’expression sporadique de CD5 au sein des lésions d’histiocytose
progressive féline est attribuée à une dérégulation de l’expression des molécules
membranaires par les cellules dendritiques tumorales (Affolter et Moore, 2006).
En conclusion, même si l’histiocytose progressive féline semble dériver de cellules
dendritiques interstitielles, une origine langerhansienne ne peut être écartée.
La recherche de granules de Birbeck en microscopie électronique ou la recherche
d’une expression de CD90, normalement exprimé par les cellules dendritiques dermiques et
non les cellules de Langerhans, pourrait permettre de mieux identifier le sous-lignage
histiocytaire à l’origine de l’histiocytose progressive féline (Affolter et Moore, 2006).
E. Diagnostic différentiel histologique
Le diagnostic différentiel histologique de la forme non épithéliotrope de
l’histiocytose progressive féline comprend le lymphome non épithéliotrope, le mélanome
achromique, le xanthome cutané, les tumeurs à cellules de Merkel, le mastocytome et le
plasmocytome. La forme épithéliotrope de l’histiocytose progressive féline est à différencier
du lymphome épithéliotrope et du mélanome achromique (Gelberg, 2013).
L’aspect histologique de ces différentes tumeurs cutanées peut parfois être proche,
et l’immunophénotypage est alors indispensable pour établir un diagnostic de certitude.
Le tableau 5 rappelle les caractéristiques morphologiques et l’immunophénotype des
cellules pour chacune des affections du diagnostic différentiel histologique de l’histiocytose
progressive féline.
57
Tableau 5 : Diagnostic différentiel histopathologique de l’histiocytose progressive féline.
Critères morphologiques et immunophénotypiques de l’HPF et des lésions du diagnostic différentiel
(Scott et al., 2001 ; Gross et al., 2005).
Immunophénotype
Affection
Morphologie des cellules
CD1
CD3
CD11 CD18 CD45 CD79 CMHII
Cellules de grande taille,
Histiocytose
cytoplasme faiblement
éosinophile, noyau central
+
+
+
+
+
progressive
féline
arrondi ou en fer à cheval,
hyperchromasie
Figures de phagocytose,
Xanthome
dépôts lipidiques
+
+
cutané
extracellulaires
Lymphome
Rapport noyau/cytoplasme
+
+
cutané
élevé
Cellules rondes, au
cytoplasme éosinophile
Mastocytome
+
contenant des granules
éosinophiles à grisées
Cellules rondes en nids ou
Plasmocytome
+
+
cordons
Membrane basale épargnée
Agrégats de cellules rondes
Mélanome
accompagnés de cellules
achromique
fusiformes
Agrégats de cellules rondes,
Tumeur à
au cytoplasme éosinophile et
cellules de
au noyau rond à ovoïde,
Merkel
entourés d’un stroma.
F. Traitement
Du fait de la description récente de la maladie et du faible nombre de cas rapportés,
il n’existe pas à l’heure actuelle de protocole thérapeutique destiné aux chats atteints
d’histiocytose progressive féline.
Les rares données concernant la réponse de l’histiocytose progressive féline aux
traitements proviennent des historiques des cas décrits dans la littérature.
1. Traitement chirurgical
La littérature recense neuf cas d’exérèse chirurgicale des lésions cutanées. Parmi eux,
quatre ont présenté une récidive locale des lésions, et tous ont développé de nouvelles
lésions à distance du site d’exérèse (Day et al., 2000 ; Affolter et Moore, 2006 ; Gelberg,
2013).
58
Une amputation a été réalisée chez un chat atteint, suite au développement de
lésions sur le tarse gauche. De nouvelles lésions cutanées se sont développées sur le dos, le
flanc et l’autre membre postérieur 44 jours après la chirurgie (Teshima et al., 2012). Le
traitement chirurgical n’est donc pas curatif en cas d’histiocytose progressive féline.
2. Traitement médical
Les publications rapportent l’utilisation de corticostéroïdes, antibiotiques, interféron,
rétinoïdes, vincristine, vinblastine, cyclosporine A, lomustine, leflunomide et L-aspariginase.
Quels que soient les traitements, tous les chats ont présenté une progression des lésions
cutanées.
G. Pronostic
Les lésions internes et cutanées tardives d’histiocytose progressive féline sont
similaires à celles observées lors de sarcome histiocytaire félin. De plus,
l’immunophénotypage suggère une origine dendritique interstitielle, comme lors de
sarcome histiocytaire canin. De ce fait, l’histiocytose progressive féline est actuellement
considérée comme une forme de sarcome histiocytaire d’évolution lente, initialement
localisé à la peau (Affolter et Moore, 2006 ; Moore, 2014).
Le pronostic à long terme de l’histiocytose progressive féline est mauvais, mais
aucune médiane de survie n’est actuellement décrite dans la littérature.
Les animaux présentant des signes systémiques sont rapidement euthanasiés du fait
de l’absence de réponse au traitement (Affolter et Moore, 2006). L’absence de régression
des lésions cutanées, ainsi que l’inconfort généré par leur ulcération peuvent également
constituer un motif d’euthanasie, même en l’absence de signe d’extension des lésions aux
organes internes. De ce fait, il est difficile d’estimer la prévalence de la dissémination
métastatique dans les cas d’histiocytose progressive féline.
59
60
III.
L’HISTIOCYTOSE LANGERHANSIENNE PULMONAIRE FÉLINE
L’histiocytose langerhansienne pulmonaire (HPL) féline est une prolifération
histiocytaire féline décrite en 2008 à partir de trois cas (Busch et al., 2008). Depuis, aucun
autre cas n’a été répertorié dans la littérature. Pour chacun des cas décrits, il s’agissait d’un
diagnostic post mortem. Cette affection représente la seule forme de prolifération
histiocytaire maligne issue de cellules de Langerhans chez les carnivores domestiques.
A. Épidémiologie
Les cas d’HLP décrits concernaient des chats âgés de 10 à 15 ans. Aucune
prédisposition raciale ou sexuelle n’est connue du fait du nombre très faible de cas décrits
(Busch et al., 2008).
B. Présentation clinique
Les signes cliniques d’HLP sont des troubles respiratoires peu spécifiques, incluant
tachypnée, efforts respiratoires augmentés et respiration gueule ouverte. Les signes
respiratoires sont associés à une perte de poids, une léthargie et une dysorexie. Sur les trois
cas décrits, deux présentaient une forme chronique évoluant respectivement depuis deux et
sept mois. Le dernier souffrait de dyspnée aigüe, avec néanmoins un historique
d’amaigrissement chronique (Busch et al., 2008).
C. Imagerie médicale
La radiographie thoracique montre une opacité broncho-interstitielle sévère, diffuse,
nodulaire à miliaire, étendue à l’ensemble du champ pulmonaire (Figure 29).
Le diagnostic différentiel radiographique de l’HLP est large et comprend les affections
susceptibles de produire une opacité broncho-interstitielle d’aspect similaire. Parmi elles, on
compte les métastases pulmonaires, le lymphome, les bronchites allergiques et virales, la
fibrose pulmonaire, les pneumonies parasitaires et fongiques (aelurostrongylose,
blastomycose), les œdèmes péribronchiques, les hémorragies ou encore la dirofilariose.
61
Figure 29 : Lésions radiographiques d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
Radiographie thoracique d'un chat atteint d’histiocytose langerhansienne pulmonaire. On observe
une opacité pulmonaire broncho-interstitielle miliaire diffuse sur l'ensemble du champ pulmonaire
(Busch et al., 2008).
D. Caractéristiques anatomo-pathologiques
1. Caractéristiques macroscopiques
Les poumons des chats atteints d’HLP sont fermes, et leur parenchyme est infiltré de
manière diffuse par d’innombrables nodules coalescents de 2 à 5 mm de diamètre et de
couleur brune à rosée (Figure 30). Ces nodules coalescents effacent de larges plages de
parenchyme pulmonaire et s’étendent jusqu’à la plèvre viscérale (Busch et al., 2008).
Des nodules d’apparence similaire peuvent être présents dans des organes internes,
avec des adénopathies satellites associées. L’examen nécropsique des trois cas rapportés
révélait une extension des lésions au rein et/ou pancréas, associée à des adénopathies
trachéo-bronchiques, mésentériques et hépatospléniques (Busch et al., 2008).
62
Figure 30 : Lésions macroscopiques pulmonaires d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
Examen nécropsique d’un thorax de chat atteint d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
L’ensemble des lobes pulmonaires est infiltré par des nodules coalescents clairs (Busch et al., 2008).
2. Caractéristiques microscopiques
L’examen microscopique des lésions d’HLP montre une infiltration de la paroi des
voies respiratoires terminales par des histiocytes. Les bronchioles terminales affectées
présentent une oblitération partielle ainsi qu’une lumière comblée par des histiocytes. Les
infiltrats s’étendent aux canaux et sac alvéolaires contigus. De larges plages de parenchyme
pulmonaire adjacent aux bronchioles terminales se retrouvent effacées.
Les bronchioles concernées présentent une hyperplasie des muscles lisses. On
observe un épaississement fibrotique de l’interstitium alvéolaire. L’hyperinflation peut
entraîner une dilatation des voies respiratoires proximales aux bronchioles infiltrées (Busch
et al., 2008).
Des amas de lymphocytes et plasmocytes peuvent être mêlés aux infiltrats
histiocytaires, plus particulièrement en région péri-vasculaire, sous-pleural et péribronchique, mais une répartition plus diffuse des lymphocytes peut être observée.
Dans l’HLP féline, les histiocytes ont des contours cellulaires flous, ce qui contribue à
donner un aspect cohésif aux infiltrats présents dans les voies respiratoires. Les histiocytes
montrent une anisocaryose et anisocytose marquées. Les histiocytes des infiltrats cohésifs
présentent un cytoplasme éosinophile homogène, tandis que les histiocytes isolés possèdent
un cytoplasme richement vacuolisé (Figure 32). L’index mitotique est nul à modéré (jusqu’à
2 mitoses par champs au grandissement 400) (Busch et al., 2008). Des infiltrats histiocytaires
semblables sont retrouvés dans les autres organes atteints.
63
Figure 31 : Lésions histologiques pulmonaires d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
Comparaison d’un parenchyme de chat sain et d’un chat atteint d’histiocytose langerhansienne
pulmonaire. (A) Parenchyme pulmonaire d’un chat sain. Coloration hémalun-éosine safran
(Laboratoire d’anatomie pathologique de l’ENVA). (B) Chat atteint d’HLP. Le canal alvéolaire est
oblitéré par un infiltrat histiocytaire cohésif qui s’étend jusqu’à la plèvre viscérale. Noter
l’hyperplasie des fibres musculaires lisses de la paroi du canal alvéolaire (flèches). Coloration
hémalun-éosine ; barre = 100 μm (Busch et al., 2008).
A
B
64
Figure 32 : Infiltrats histiocytaires pulmonaires d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
Noter l’homogénéité du cytoplasme des histiocytes des infiltrats cohésifs (à gauche) et le cytoplasme
vacuolisé des histiocytes isolés (flèche). Coloration hémalun-éosine ; barre = 50 μm (Busch et al.,
2008).
3. Profil immunohistochimique
Dans tous les organes atteints lors d’HPL féline, les histiocytes expriment le CD18,
mais pas les CD3, CD20 ou CD79, ce qui confirme leur nature histiocytaire. Les infiltrats
histiocytaires pulmonaires expriment par ailleurs l’E-cadhérine, ce qui a permis de les
identifier comme des cellules de Langerhans (Figure 33) (Busch et al., 2008).
Figure 33 : Expression de CD18 et de l’E-cadhérine par les histiocytes lors d’histiocytose
langerhansienne pulmonaire.
Marquages immunohistochimiques CD18 (à gauche) et E-cadhérine (à droite). Barre = 50 μm. (Busch
et al.,2008).
65
L’expression de l’E-cadhérine au sein des lésions hépatiques, pancréatiques, rénales
ou des nœuds lymphatiques est en revanche restreinte à quelques histiocytes, entourés
d’autres histiocytes exprimant peu ou pas l’E-cadhérine. Seuls les nœuds lymphatiques
trachéo-bronchiques et médiastinaux d’un des trois cas rapportés montraient une
expression de l’E-cadhérine comparable à celle observée dans les infiltrats pulmonaires.
Actuellement, on suspecte que l’extinction de l’expression de l’E-cadhérine dans les autres
organes résulte de l’activation et de la migration des cellules de Langerhans (Busch et al.,
2008).
La présence de granules de Birbeck (Figure 34) en microscopie électronique,
caractéristiques des cellules de Langerhans, est en revanche aussi bien retrouvée au sein des
infiltrats histiocytaires pulmonaires que extra-pulmonaires (Busch et al., 2008).
Figure 34 : Cellule de Langerhans de chat atteint d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
Cellule contenant des granules de Birbeck, observée au microscope électronique à transmission. La
flèche indique la région du cadre. Noter la forme en raquette caractéristique des granules de Birbeck.
Barre = 100 nm (Busch et al., 2008).
E. Traitement et pronostic
Les données concernant la réponse au traitement de l’HLP se limitent aux historiques
des trois chats décrits dans la littérature. Les publications rapportent l’administration chez
les chats atteints de glucocorticoïdes, de furosémide et de théophilline, sans amélioration de
l’état clinique des animaux.
66
Le pronostic de l’HLP féline est très mauvais. La gravité des signes cliniques au
moment du diagnostic et l’absence de réponse au traitement mènent rapidement à
l’euthanasie de l’animal.
Si la littérature ne répertorie actuellement que trois cas d’HLP, il est possible que son
incidence soit fortement sous-estimée. Il est en effet probable que la présentation clinique
et les caractéristiques radiographiques de l’HLP conduisent à une euthanasie sans qu’un
diagnostic anatomopathologique définitif ante ou post mortem ne puisse être posé.
F. Éléments de pathologie comparée : l’histiocytose langerhansienne
pulmonaire humaine
1. Présentation
Plusieurs proliférations histiocytaires pulmonaires ont été répertoriées chez
l’Homme. Parmi elles, une seule implique des cellules de Langerhans. L’histiocytose
langerhansienne pulmonaire est une maladie kystique pulmonaire causée par l’infiltration
des bronchioles terminales par des cellules de Langerhans activées.
2. Épidémiologie
Elle survient chez les jeunes adultes âgés de 30 à 40 ans, et principalement chez les
jeunes fumeurs, qui représentent 90 % des individus atteints. Si l’atteinte est limitée aux
poumons dans la plupart des cas, 4 à 20 % des adultes atteints présentent également des
lésions osseuses kystiques, et des cas d’infiltration de l’encéphale, l’hypophyse, la peau, les
nœuds lymphatiques médiastinaux ou l’intestin sont rapportés.
Une histiocytose pulmonaire peut également survenir chez des enfants dans un
contexte d’histiocytose systémique à cellules de Langerhans avec atteinte pulmonaire. De
même, l’HPCL peut être confondue avec une manifestation isolée d’histiocytose systémique
à cellules de Langerhans chez l’adulte.
3. Présentation clinique
Comme dans le cas de l’HLP féline, les signes cliniques incluent dyspnée, toux,
douleur thoracique et parfois hémoptysie.
4. Imagerie médicale
Les rad iographies thoraciques révèlent une atteinte pulmonaire bilatérale et
symétrique, principalement des lobes supérieurs et moyens, associée à un volume
pulmonaire normal à augmenté. Les images montrent une infiltration réticulo-nodulaire lors
67
des stades précoces, et des lésions kystiques lors des stades avancés (Juvet et al., 2010 ;
Sundar et al., 2003).
Figure 35 : Radiographie d’un fumeur de 55 ans atteint d’histiocytose langerhansienne pulmonaire.
Patient consommant 3 paquets de cigarettes par jour. Noter les innombrables nodules mal définis. Le
diagnostic d’HLP a été confirmé par biopsie pulmonaire (Sundar et al., 2003).
5. Pathogénie
L’étiologie de l’HLP humaine n’est pas connue actuellement. Si un processus tumoral
n’est pas exclu, l’absence d’anomalies génomiques des cellules de Langerhans lésionnelles
est davantage en faveur d’une histiocytose réactionnelle (Abla et al., 2010).
La pathogénie suspectée de l’HLP est celle d’une cascade cytokinique : le tabagisme
entraîne une altération de l’épithélium trachéo-bronchique et le relargage de peptide
bombesin-like, qui stimule la production de TNFα, GM-CSF par les macrophages. Ces
cytokines recrutent et activent les cellules de Langerhans. Les cytokines attirent également
d’autres leucocytes et fibroblastes. La combinaison de l’inflammation des voies respiratoires
profondes et du remodelage entraîne la formation de kystes pulmonaires (Suri et al., 2012).
Actuellement, la cause de survenue d’HLP chez les non-fumeurs n’est pas élucidée,
mais on suspecte des facteurs génétiques, environnementaux, des infections virales ou
encore une immunosuppression iatrogène (Suri et al., 2012). La figure 36 résume la
pathogénie proposée de l’HLP humaine.
68
Figure 36 : Pathogénie de l'HLP humaine (Suri et al., 2012).
Facteurs génétiques
Virus
Facteurs environnementaux
Augmentation de
l’activité des
métalloprotéases
Ostéopontine
Cellules dendritiques/de Langerhans
Dommages épithéliaux et
relargage d’auto-antigènes
Recrutement de lymphocytes et
éosinophiles
Activation des fibroblastes
aa
Dommages auto-immuns des
cellules épithéliales par les
cellules dendritiques et/ou
les lymphocytes T
Lésions nodulaires centrées sur les voies
respiratoires
Remodelage et fibrose des voies
respiratoires
Emphysème prématuré
6. Caractéristiques anatomo-pathologiques
Les lésions précoces d’HLP sont une infiltration et une destruction de l’épithélium et
des parois des bronchioles respiratoires et terminales par des cellules de Langerhans ne
présentant pas d’anomalies cytologiques, ainsi que par des lymphocytes, macrophages,
éosinophiles, plasmocytes et fibroblastes (Juvet et al., 2010). Ces infiltrats s’étendent jusqu’à
former des nodules centrés sur les bronchioles terminales, nodules qui deviennent cavitaires
avec l’évolution de la maladie. Avec la progression de la maladie, le nombre de nodules et de
granulomes cavitaires augmente. Les lésions deviennent acellulaires et des cicatrices en
étoile, dues à l’infiltration par des fibroblastes, apparaissent (Juvet et al., 2010) (Figure 37).
69
Figure 37 : Caractéristiques histopathologiques d’une lésion tardive d’histiocytose langerhansienne
pulmonaire humaine.
Noter la cicatrice en étoile, hypocellulaire, et les cavités kystiques adjacentes, entourées par du
parenchyme pulmonaire sain. Coloration hématoxyline-éosine (Juvet et al., 2010).
7. Pronostic
Les issues possibles de l’HLP sont la résolution spontanée ou la stabilisation dans la
majorité des cas, ou encore une insuffisance respiratoire dans de rares cas. L’hypertension
pulmonaire associée est un facteur pronostic négatif. L’arrêt du tabagisme entraîne
généralement la résolution des symptômes, même si quelques rares cas évoluent en
insuffisance respiratoire associée à une létalité élevée (Tazi, 2006 ; Juvet et al., 2010 ; Suri et
al., 2012).
8. Perspectives pour la prise en charge de l’HLP féline
Les manifestations cliniques et radiographiques de l’HLP féline et humaine sont
similaires. Cependant, du fait du caractère réactionnel et non néoplasique de l’HLP humaine,
les connaissances concernant la prise en charge thérapeutique de la forme humaine ne sont
pas transposables à l’HLP féline. Néanmoins, les techniques utilisées pour le diagnostic de
l’HLP humaine pourraient être envisagée chez le chat. En effet, du fait de l’euthanasie rapide
des chats atteints, tous les diagnostics d’HLP féline ont été faits sur examen nécropsique, et
aucune méthode de diagnostic ante-mortem n’a été décrite dans la littérature.
À l’heure actuelle, le diagnostic de certitude de l’HLP humaine passe par la biopsie
pulmonaire par thoracoscopie ou thoracotomie (Tazi, 2006 ; Suri et al., 2012). Les biopsies
transbronchiques, moins invasives, présentent une sensibilité médiocre (10-40 %) (Tazi,
70
2006). La biopsie pulmonaire chirurgicale serait sans nul doute la méthode la plus fiable pour
le diagnostic de la forme féline, cependant le coût et l’importance de l’intervention peuvent
constituer un frein à sa réalisation.
La bronchoscopie ne permet pas de diagnostiquer l’HLP humaine, car les voies
aériennes explorables ne présentent généralement pas d’anomalie. Cependant, cet examen
peut être envisagé pour exclure d’autres affections pulmonaires ou pour la réalisation d’un
lavage broncho-alvéolaire. Le lavage broncho-alvéolaire peut également constituer une
méthode de diagnostic par marquage des cellules obtenues avec CD1a. En effet, un
comptage de plus de 5 % des cellules identifiées comme cellules de Langerhans présente
une bonne spécificité pour le diagnostic de l’HLP humaine. Néanmoins, la sensibilité de cette
méthode est médiocre car proche de 25 %. L’intérêt de l’utilisation de marqueurs
supplémentaires tels que la langerhine reste à prouver chez l’homme (Juvet et al., 2010).
Le lavage broncho-alvéolaire pourrait ainsi constituer une méthode diagnostique
potentielle pour la mise en évidence de l’HLP féline, cependant la faible disponibilité des
immunomarqueurs félins compromet la mise en pratique de cette méthode.
71
72
CONCLUSION
Les proliférations histiocytaires félines sont rares et la documentation se limite à
quelques descriptions de cas. La faible disponibilité des immunomarqueurs félins constitue
actuellement le principal obstacle au diagnostic des proliférations histiocytaires félines.
À l’heure actuelle, trois proliférations histiocytaires félines ont été identifiées. Au vu
des données actuelles, ces affections seraient d’origine néoplasique. Elles sont associées à
un mauvais pronostic et ont été réfractaires à toutes les tentatives de traitement
rapportées.
Le sarcome histiocytaire félin est une prolifération agressive d’évolution rapide, et
dont les caractéristiques rappellent le sarcome histiocytaire canin. En effet, le sarcome
histiocytaire félin rejoint son équivalent canin sur plusieurs points. Tout d’abord, le sarcome
histiocytaire félin présente, comme le sarcome histiocytaire canin, trois formes : l’une
localisée, la deuxième disséminée non hémophagocytaire et la dernière disséminée
hémophagocytaire. De plus, les premières données concernant l’immunophénotypage des
lésions de sarcome histiocytaire félin suggèrent des origines cellulaires comparables à celles
observées chez le chien ; le SHH félin semble dériver des macrophages, tandis que les formes
localisées et disséminées non hémophagocytaires semblent provenir des cellules
dendritiques interstitielles. Cependant, seule une généralisation de l’immunophénotypage
des sarcomes histiocytaires félins permettra de confirmer ces apparentes similitudes entre
les formes canine et féline. Si ces similitudes sont confirmées, les connaissances liées au
pronostic et aux possibilités thérapeutiques pourraient être transposées du chien au chat.
L’histiocytose progressive féline résulte de la prolifération de cellules dendritiques
interstitielles néoplasiques CD1a+/CD11b+/CD18+/CMHII+ (et CD5+ dans 50 % des cas). Elle
s’apparente à un sarcome histiocytaire d’évolution lente initialement localisé à la peau, et se
manifeste par des nodules souvent coalescents en larges plaques cutanées, associées ou non
à une extension aux organes internes.
L’HLP se caractérise par une dyspnée sévère consécutive à l’envahissement du
parenchyme pulmonaire par des cellules de Langerhans néoplasiques CD1a+/CD18+/Ecadhérine+ et présentant des granules de Birbeck. Les signes cliniques et radiographiques
peu spécifiques associés à l’HPCL en compliquent le diagnostic. Plusieurs techniques, telles
que l’immunomarquage sur lavage broncho-alvéolaire, sont actuellement utilisées pour la
mise en évidence de l’HLP humaine et pourraient être envisagées pour le diagnostic ante
mortem de l’HLP féline.
Les proliférations histiocytaires félines demeurent des affections mal connues. En
effet, très peu de données existent concernant leur étiologie, leur pronostic ou encore les
options thérapeutiques. La progression des connaissances concernant les proliférations
histiocytaires félines et la recherche de traitements efficaces nécessitent le développement
de nouveaux marqueurs félins et une plus grande disponibilité de l’immunophénotypage.
73
74
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Les proliférations histiocytaires du chat :
synthèse bibliographique
NOM et PRENOM : BENZIMRA Caroline
RESUME :
Les histiocytes forment une vaste population de cellules dont les représentants sont les
macrophages, les cellules dendritiques interstitielles et les cellules de Langerhans.
Les proliférations histiocytaires canines sont des affections bien décrites dont la
classification a été récemment précisée grâce aux techniques d’immunomarquage.
Inversement, les proliférations histiocytaires félines sont des affections de description
relativement récente, beaucoup plus rares, et qui demeurent méconnues. A l’heure actuelle,
relativement peu d’informations sont disponibles quant à leur épidémiologie, leur pathogénie
et leur traitement.
A ce jour, trois formes de proliférations histiocytaires félines ont été décrites. La
première est le sarcome histiocytaire, qui peut être localisé ou disséminé selon le nombre
d’organes atteints. Il est caractérisé par un potentiel métastatique élevé et une évolution
rapide. La seconde forme, appelée histiocytose progressive féline, est un sarcome histiocytaire
cutané d’évolution lente et trouvant son origine dans les cellules dendritiques interstitielles. Il
peut, en fin d’évolution, s’étendre aux organes internes. La dernière forme, l’histiocytose
langerhansienne pulmonaire féline, se manifeste par une détresse respiratoire résultant d’un
envahissement du parenchyme pulmonaire par des cellules de Langerhans. Actuellement
considérée comme tumorale, cette prolifération peut s’étendre à d’autres organes internes.
L’objectif de ce travail bibliographique était d’établir une synthèse des connaissances
actuelles concernant non seulement les proliférations histiocytaires félines mais également les
histiocytes, dont la définition a beaucoup évolué au cours des dernières années.
MOTS-CLES : HISTIOCYTE / HISTIOCYTOSE / CELLULE DE LANGERHANS /
CELLULE DENDRITIQUE / MACROPHAGE / CANCEROLOGIE / CHAT / TUMEUR.
JURY :
Président :
Directeur : Dr E. REYES GOMEZ
Assesseur : Dr E. BENSIGNOR
Feline histiocytic disorders: a literature review
NAME and FIRSTNAME: BENZIMRA Caroline
ABSTRACT:
Histiocytes form a large population of cells that encompasses macrophages, interstitial
dendritic cells and Langerhans cells.
Canine histiocytic disorders (i.e. proliferations) have been widely documented and
recent immunophenotyping led to an uptade of their classification. Unlike their canine
counterpart, feline histiocytic disorders have only been recently described. They are very rare
and thus remain widely unknown, with very few data available regarding their epidemiology,
pathogenesis, treatment and prognosis.
Three feline histiocytic disorders have been described so far. Feline histiocytic
sarcoma is a neoplasm with a high metastatic rate and an aggressive clinical course. It can be
localized or disseminated, depending on the number of affected organs. Feline progressive
histiocytosis is a slowly progressive cutaneous form of histiocytic sarcoma which may
ultimately spread to internal organs. Pulmonary Langerhans cells histiocytosis represents a
pulmonary proliferation of Langerhans cells that leads to respiratory distress. It is believed to
be neoplastic and can spread to other internal organs.
The aim of this work was to establish a review of actual knowledge concerning both
histiocytes, which definition has strongly evolved over the years, and feline histiocytic
disorders and proliferations.
KEYWORDS: HISTIOCYTE / HISTIOCYTOSIS / LANGERHANS CELL / DENDRITIC
CELL / MACROPHAGE / ONCOLOGY / CAT / TUMOR.
JURY:
President:
Director: Dr E. REYES GOMEZ
Assessor: Dr E. BENSIGNOR
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