Douleur analg. (2009) Supplément 1: S19–S23 DOI 10.1007/s11724-009-0170-3 ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE Evaluation des syndromes dépressifs dans un cadre médico-juridique : empathie et objectivité Depressive disorders assessment in a medico-legal context: empathy and objectivity Dr Patrick Baud Résumé L’évaluation des états dépressifs dans un cadre médico-juridique se heurte à une contrainte née de l’affrontement de deux logiques : l’une probabiliste, l’autre normative. A cette difficulté s’ajoute celle due à la nature essentiellement subjective de ces troubles. Comment, dès lors, en donner une représentation « objective » et une appréciation quantifiée ? L’adoption d’une démarche rigoureuse, respectueuse de la complexité clinique et de la diversité évolutive des syndromes dépressifs, en est une condition nécessaire. Après avoir passé en revue les principales formes cliniques des syndromes dépressifs, souligné certaines difficultés diagnostiques et rappelé les limites de l’emploi des instruments psychométriques, l’auteur amorce une réflexion sur les relations entre empathie et objectivité, à la lumière de travaux récents en neurosciences sociales. Mots clés Evaluation . Dépression . Empathie . Objectivité Abstract The assessment of depressive disorders in a medico-legal context has to deal with conflicting logics, the probabilistic nature of medical thinking confronting the normative construct of legal concepts. Depressive symptoms being essentially subjective, an objective and quantitative account of these disorders requires to give careful attention to their clinical complexity and outcome diversity. Having shortly reviewed the main clinical presentations of depressive disorders and highlighted some diagnostic difficulties as well as the limits of the psychometric instruments, the author opens a reflection on the relationships between empathy and objectivity in the light of recent research in social neurosciences. I. Introduction Diagnostiquer un Episode dépressif majeur ne devrait guère soulever de difficultés. Ce syndrome est si commun1, les critères cliniques en sont si clairement définis par la CIM-10 et le DSM-IV qu’il ne saurait y avoir place pour le doute ou l’expectative. Il n’y aurait pas à se préoccuper de diagnostic différentiel, et nul besoin d’attendre que l’évolution clinique ne permette de trancher, comme ce peut être le cas en présence de tableaux complexes associant symptômes thymiques, manifestations psychotiques et abus de substances psychoactives. « Le sujet présente habituellement un abaissement de l’humeur, une diminution de l’intérêt et du plaisir, et une réduction de l’énergie, entraînant une augmentation de la fatigabilité et une diminution de l’activité », indique la CIM-10. On rencontre souvent « une diminution de la concentration et de l’attention ; une diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi ; des idées de culpabilité et de dévalorisation ; une attitude morose et pessimiste face à l’avenir ; des idées ou actes auto-agressifs ou suicidaires ; une perturbation du sommeil ; une diminution de l’appétit »2. Les critères du DSM-IV sont identiques, à quelques détails près : le ralentissement psychomoteur est signalé, ainsi que des symptômes atypiques comme l’agitation ou l’augmentation du sommeil et de l’appétit. II. Présentations cliniques de la dépression Etat de souffrance morale et d’altération du fonctionnement affectif et cognitif, la dépression peut être d’une durée et Keywords Assessment . Depression . Empathy . Objectivity Docteur Patrick Baud (*) Médecin adjoint Département de Psychiatrie, Hôpitaux Universitaires de Genève, Chemin du Petit Bel-Air 2, 1225 Chêne-Bourg 1 La prévalence de la dépression unipolaire (population générale, vie entière) se situe aux alentours de 20 % à 25 % pour les femmes, de 12 % à 14 % pour les hommes. 2 Classification Internationale des Troubles Mentaux et des Troubles du Comportement, Masson, 1994, p 106. S20 d’une intensité variables ; elle s’exprime par une sémiologie infiniment plus riche que ne le suggèrent les critères diagnostiques formels des systèmes de classification. Des caractéristiques relatives à la perception du temps, à la représentation de soi et d’autrui, du monde et de l’avenir, donnent à chaque syndrome dépressif une tonalité singulière. Relevant d’une expérience subjective, les symptômes ne manqueront pas de s’exprimer par des changements de comportement frappant l’entourage : altération visible de l’humeur, désintérêt pour les proches et les activités habituellement appréciées, manque d’énergie et de motivation, fatigabilité, ralentissement psychique et moteur, repli sur soi et clinophilie, réduction de l’activité allant jusqu’à l’apragmatisme, troubles cognitifs (mémoire, attention, concentration, prise de décision), manifestations dites « somatiques » (diminution de l’appétit, insomnie, baisse de la libido), propos pessimistes, expression de sentiments de culpabilité, d’indignité, de dévalorisation, de perte d’estime de soi, d’idées de suicide, etc. Selon l’état clinique, le niveau d’éducation et les compétences cognitives du sujet, ces symptômes seront rapportés à l’évaluateur de façon plus ou moins précise et systématisée. Ils pourront s’exprimer sur le registre de la retenue ou de la plainte, de la dissimulation (idées suicidaires) ou de l’exagération, en fonction de la nature et du contexte de l’entretien, des valeurs personnelles, de l’origine sociale et ethnique, des normes culturelles. Le tableau peut être atypique : l’accablement moral et l’effondrement de l’humeur laissent place à l’irritabilité, aux explosions de colère, aux manifestations d’agressivité. Les épisodes dépressifs marqués par l’irritabilité et l’hostilité se rattacheraient aux états mixtes [5] ; de même une symptomatologie caractérisée par l’hypersomnie et l’hyperphagie, par un ralentissement psychomoteur marqué, par une labilité et des changements rapides d’humeur suggère une dépression bipolaire [6, 13] et doit conduire à une investigation précise. Trop souvent en effet l’existence d’épisodes dépressifs récurrents conduit au diagnostic de trouble unipolaire, alors que la psychopathologie se rattache au spectre des troubles bipolaires [1]. Cette distinction est pourtant essentielle, car elle conditionne le choix des agents pharmacologiques et, dans un contexte médico-juridique, elle détermine l’évaluation des traitements instaurés et l’appréciation du pronostic. Les présentations somatiques (céphalées, douleurs diverses, fatigue, etc.) d’un syndrome dépressif, souvent associées à l’alexithymie, entraînent d’autres difficultés diagnostiques. Elles sont particulièrement fréquentes chez les sujets issus de cultures non occidentales, où l’expression clinique des syndromes dépressifs ne correspond souvent pas aux critères définis par le DSM-IV ou la CIM-10 [9]. Douleur analg. (2009) Supplément 1: S19-S23 Enfin, certaines comorbidités (dépendance à l’alcool, troubles de la personnalité, etc.) sont susceptibles de masquer la symptomatologie ou de lui donner un aspect particulier. III. La démarche diagnostique Qu’il se laisse aisément isoler dans son décours temporel ou qu’il prenne une forme indistincte et chronique, un état dépressif doit être situé dans l’histoire personnelle et familiale du sujet, inscrit dans une dynamique évolutive dont il faut saisir les principales articulations, par une anamnèse exhaustive, parfois difficile. L’existence de traumatismes (affectifs, physiques, sexuels) ou la présence d’affects dépressifs dès l’enfance, le nombre, la sévérité et la polarité des épisodes thymiques antérieurs doivent être investigués. Il sera utile aussi d’explorer l’expression des affects et des émotions dans le cadre familial, la nature des relations interpersonnelles, les thèmes émotionnels récurrents… Il s’agira enfin d’inscrire le trouble actuel dans une catégorie diagnostique (dysthymie à début précoce, épisode dépressif unique ou récurrent, dépression bipolaire, syndrome dépressif survenant dans le cadre d’une maladie somatique) et d’en caractériser la dynamique (dépression résistante aux traitements pharmacologiques, dépression chronique, évolution dépressive d’un trouble anxieux, d’un trouble de la personnalité, d’une addiction à l’alcool ou à des drogues…). IV. Mesurer la sévérité de la dépression : place des échelles psychométriques Des instruments psychométriques ont été développés dans le but d’évaluer le degré de sévérité de la dépression et de mesurer l’évolution du syndrome clinique en fonction du traitement instauré. Dans certains contextes, ces échelles peuvent faciliter le dépistage des états dépressifs, mais elles ne sont pas destinées à se substituer à la démarche diagnostique. Leur élaboration répond à une méthodologie stricte et leur emploi dans un autre cadre et/ou une autre population doit faire l’objet de validations complémentaires. Sans ces précautions, leur usage peut s’avérer inapproprié. Le tableau 1 définit les principaux critères de fiabilité et de validité d’une échelle psychométrique. Développée à la fin des années cinquante dans le but d’évaluer l’efficacité des premiers médicaments antidépresseurs lors d’essais cliniques, l’échelle de Hamilton [10] reste largement utilisée, mais trop souvent en dehors des contextes cliniques autorisant son emploi. Douleur analg. (2009) Supplément 1: S19-S23 Tableau 1 Critères de fiabilité et de validité d’une échelle psychométrique A. Fiabilité (reliability) 1. Fiabilité interne (chaque item se rattache à l’entité clinique définie, il en est un élément constitutif) 2. Fiabilité test-retest (l’administration répétée de l’instrument donne les mêmes résultats) 3. Fiabilité inter-juges (concordance des résultats obtenus par plusieurs évaluateurs) B. Validité (validity) 1. Contenu (correspondance entre les items et des caractéristiques connues du syndrome) 2. Convergence (niveau de corrélation entre deux instruments psychométriques mesurant le même syndrome) 3. Discrimination (capacité de l’instrument psychométrique à distinguer des diagnostics différents) 4. Capacité prédictive (capacité à déterminer un changement en fonction du traitement de manière statistiquement significative) 5. Analyse factorielle (obtention d’une même structure significative dans plusieurs échantillons) Une dérive progressive a conduit à la confondre avec un instrument diagnostique. Son usage est aujourd’hui mis en cause : ses propriétés psychométriques globales sont satisfaisantes, mais la fiabilité de certains items et/ou leur validité est insuffisante [3]. Par ailleurs, le système de cotation de la sévérité du trouble ne correspond pas aux exigences méthodologiques actuelles. Enfin cette échelle repose sur une conceptualisation des syndromes dépressifs qui n’a pas évolué depuis quarante ans et n’est plus en adéquation avec les critères des classifications actuelles. Certains auteurs conseillent de l’abandonner. L’inventaire de Beck (Beck Depression Inventory, BDI) a été très largement utilisé pour évaluer l’intensité de la dépression, mais aussi pour la dépister, en milieu psychiatrique et somatique (en particulier dans les syndromes douloureux chroniques), ainsi que dans des populations non cliniques. Ses propriétés psychométriques sont excellentes [4], mais certains symptômes dont nous avons souligné l’intérêt diagnostique – la tendance à l’hyperphagie, à l’hypersomnie et à l’agitation psychomotrice – ne sont pas pris en compte. Les analyses factorielles confirment l’existence d’un syndrome unique constitué de trois facteurs : attitudes négatives (tristesse, pessimisme, dévalorisation, culpabilité, etc.), difficultés dans les activités (perte d’intérêt, anhédonie, démotivation, manque de concentration, etc.) et troubles somatiques (manque d’énergie, insomnie, fatigue, baisse de la libido, etc.). Ces mêmes facteurs se retrouvent dans d’autres populations cliniques, notamment chez les patients souffrant S21 de douleur chronique, ce qui tend à justifier l’utilisation de cette échelle dans ce cadre [11]3. V. Evaluer les facteurs de chronicité et/ou de résistance au traitement L’évaluation des conséquences médico-juridiques d’un syndrome dépressif implique de rechercher d’éventuels facteurs de chronicité et/ou de résistance au traitement. C’est une condition nécessaire à la formulation d’un pronostic. Les comorbidités compliquent l’évolution des états dépressifs et constituent un facteur de résistance au traitement. La relation entre dépression et troubles comorbides est complexe : le syndrome dépressif peut être la conséquence d’un trouble préexistant (trouble de la personnalité, abus d’alcool et/ou de drogues, trouble obsessionnel-compulsif, état de stress posttraumatique, etc.), mais il peut aussi favoriser la survenue d’un autre trouble psychiatrique ou l’aggraver. L’association à des maladies somatiques (maladies cardiaques, neurologiques, endocriniennes, etc.) est une autre source de complication du traitement ; par ailleurs les dépressions survenant dans ces contextes cliniques ne sont souvent pas diagnostiquées. L’existence de traumatismes dans l’enfance, dont l’association au trouble borderline et au risque de conduites suicidaires est bien documentée, représente un facteur de chronicité de la dépression [17]. D’autres facteurs ont été identifiés, comme une réactivité neurobiologique élevée au stress (disposition au neuroticisme) ou la présence de stress psychosociaux pérennes (difficultés relationnelles, chômage, maladies de proches, deuils successifs, etc.) [15]. La maltraitance parentale associée à des relations interpersonnelles durablement conflictuelles à l’âge adulte constitue un facteur de chronicité de la dépression chez les femmes [7]. Enfin, de rares études visant à identifier des facteurs prédictifs d’une incapacité de travail en lien avec un syndrome dépressif soulignent l’importance de certaines caractéristiques cliniques (perte d’espoir, sévérité des répercussions fonctionnelles durant la phase aiguë de l’épisode, durée de la dépression) et sociodémographiques (âge, absence de formation professionnelle) [16]. La qualité des soins prodigués à la période aiguë de l’état dépressif est à cet égard cruciale. 3 Une version plus courte, excluant les aspects somatiques de la dépression, aurait aussi des propriétés psychométriques satisfaisantes [14]. Douleur analg. (2009) Supplément 1: S19-S23 S22 VI. Evaluation et empathie : quelques considérations L’évaluation des répercussions d’un syndrome dépressif (ou de tout autre trouble psychiatrique) sur la capacité de travail suppose l’établissement d’une relation se conformant à certaines règles éthiques (attitude neutre et respectueuse, absence de préjugés, prise en compte du contre-transfert, etc.). Quel est le rôle de l’empathie dans une telle relation ? Définie comme une forme d’inférence psychologique permettant à un individu de comprendre l’expérience subjective d’autrui, de se représenter sa souffrance morale ou physique, l’empathie repose sur divers processus cognitifs et affectifs dont le substrat neurobiologique fait l’objet de recherches en neurosciences sociales [12]. Son importance dans le cadre de la compréhension des phénomènes psychopathologiques a été soulignée [8]. Nous nous limiterons à quelques considérations. Notre capacité à comprendre l’autre comme un agent intentionnel ne repose pas seulement sur nos aptitudes mentales et linguistiques, elle se fonde aussi sur la nature relationnelle de nos interactions avec autrui, qui met en jeu des mécanismes préréflexifs. Des travaux consacrés à l’empathie à la douleur ont montré que la perception de la souffrance d’autrui active, chez celui qui en est le témoin, le même réseau neuronal (pain network) que chez celui qui souffre. Les caractéristiques de cette réaction d’empathie sont modulées par plusieurs facteurs : intensité de l’émotion ou de la douleur éprouvée (ou manifestée) par le sujet, évaluation cognitive et affective de la situation, caractéristiques de la personne exprimant sa souffrance (loyauté, fiabilité) et caractéristiques propres au sujet « empathique » [12]. Parmi celles-ci, des traits stables de personnalité seraient susceptibles de moduler l’empathie éprouvée [2]. L’étude des corrélations entre les scores obtenus à des échelles psychométriques définissant les qualités d’empathie d’un sujet4 et l’intensité de l’activation de structures cérébrales – essentiellement le cortex cingulaire antérieur et la partie antérieure de l’insula, mais aussi le cortex préfrontal dorso- et ventro-médian – permet de mettre en évidence des différences interindividuelles. 4 L’échelle de Davis (Interpersonal Reactivity Index) comporte deux sous-échelles explorant les composantes cognitives de l’empathie, et deux autres mesurant d’une part la tendance à éprouver de la sympathie et de la compassion pour autrui (empathic concern), d’autre part la tendance à ressentir un sentiment de détresse devant la souffrance d’autrui (personal distress). VII. Conclusion L’évaluation des syndromes dépressifs dans un cadre médicojuridique exige la prise en compte de la diversité clinique et évolutive de ces états, qui se rattachent à différents troubles et sont souvent compliqués par la présence de comorbidités. Conduite à la lumière des connaissances actuelles, elle se doit d’être exhaustive et empathique, mais aussi sensible aux discordances, aux contradictions et aux incohérences. Il est nécessaire d’investiguer également les facteurs de chronicité et/ou de résistance au traitement. Les échelles psychométriques contribuent à l’appréciation de la sévérité du trouble, mais la quantification de la psychopathologie ne transforme pas pour autant un récit de nature subjective en un tableau objectif : l’appréciation reste celle du sujet, directement ou par le biais des réponses qu’il donne au cours d’un entretien dirigé. L’évaluation médico-juridique des troubles psychiatriques est essentiellement de nature intersubjective, elle met en jeu les dispositions cognitives (adoption d’une perspective « en troisième personne ») et affectives de l’expert, qui doit s’efforcer de conjuguer empathie et objectivité. Désormais objet de recherches en neurosciences sociales, l’étude des différences interindividuelles dans la capacité d’empathie ouvre de passionnantes et troublantes perspectives et pourrait renouveler les interrogations éthiques en ce domaine. Références 1. Angst J, Cassano G (2005) The mood spectrum: improving the diagnosis of bipolar disorder. Bipolar Disorders, 7 (suppl. 4):4-12 2. Avenanti A et al. (2009) The pain as a model in the personality of an onlooker: Influence of state-reactivity and personality traits on embodied empathy for pain. Neuroimage, 44:275-283. 3. Bagby RM et al. (2004) The Hamilton Depression Rating Scale : Has the Gold Standard Become a Lead Weight ? 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