IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Promotion 2013-16 UE 4.3 S4 : SOINS D’URGENCES CARACTÉRISTIQUE D’UNE SITUATION D’URGENCE : Urgence : Une situation à laquelle on doit remédier sans délai Urgence contextuelle (situation) : situation inopinée et soudaine (imprévue) ou en lien avec un risque connu, de détresse (physique, psychologique et/ou sociale) d’une personne, avec des conséquences dramatiques ou inacceptables, instable, empirant rapidement et qui tend vers une aggravation avec ou sans intervention. Urgence subjective (évaluation) : Nécessite une évaluation rapide (un jugement) de la situation Action immédiate : À mettre en œuvre selon l’évaluation pour tenter de remédier au problème. Temporalité : rapidité des différentes étapes, du recueil de données à l’intervention Différents types d’urgences : Vraies (vitales et fonctionnelles/ lésionnelles) et ressenties QUELQUES DÉFINITIONS ET NOTIONS : Urgent1 : Du latin urgere « presser », en français « qui ne souffre pas de retard. » Situation d’urgence2 : Une situation de détresse où le pronostic vital et/ou fonctionnel d’une personne est engagé, et à laquelle une réponse rapide et efficace doit être donnée en attendant une intervention médicale afin de garantir le maximum de chance de survie à cette personne. Cette réponse émane d’une prise en charge rigoureuse et organisée qui s’ancre dans la mobilisation de savoirs, savoirs techniques, savoirs relationnels et dans la coordination de l’équipe de soin. Urgence : le caractère de ce qui est urgent, une situation à laquelle on doit remédier sans délai (lien entre une situation et la nécessaire action immédiate à mettre en œuvre). La perception de toute situation empirant rapidement, ou susceptible de le faire, sans intervention médicale ou même avec. L’objectif des actions mises en œuvre, selon le degré de gravité de la situation, est : la réversibilité des atteintes déjà constatées, la prévention de l’aggravation, le sauvetage. Urgence vraie : C’est une situation associée à une pathologie, un traumatisme, mettant en jeu le pronostic vital ou fonctionnel 1 2 Dictionnaire étymologique et historique de la langue française, Le livre de poche, p810 BOISSART, Marielle (sous la direction de). Soins d’urgence. Paris : Vuibert, 2013, p9. Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences 1 IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Promotion 2013-16 Urgence ressentie : En l’absence de risque vital à court ou moyen terme, elle correspond à un moment de panique chez un patient lié à l’émergence d’un symptôme souvent isolé (douleur, fièvre, saignement, troubles digestifs…). Le patient demande avant toute chose à être rassuré. Urgence médicale : « Toute circonstance qui, par sa survenue ou sa découverte, introduit ou laisse supposer un risque fonctionnel ou vital si une action médicale n’est pas entreprise immédiatement. L’appréciation de l’urgence est instantanée et appartient autant à la victime qu’au soignant3. La notion d’urgence se définit par tout ce qui est à l’origine d’une situation clinique imprévue : douleur aiguë, malaise, traumatisme, détresse médicale, sociale ou psychologique. ». Urgence psychiatrique : « Une demande dont la réponse ne peut être différée : il y a urgence à partir du moment où quelqu’un se pose la question, qu’il s’agisse du patient, de l’entourage, ou du médecin. Elle nécessite une réponse rapide et adéquate de l’équipe soignante afin d’atténuer le caractère aigu de la souffrance psychique. » Détresse4 : Sentiment d’abandon, de solitude, d’impuissance que l’on éprouve dans une situation difficile (besoin, danger, souffrance). Selon la SFMU (société française de médecine d’urgence), l’urgence désigne à la fois une situation (urgence contextuelle), un jugement sur la situation (urgence subjective) et une action tendant, en fonction du jugement à remédier à cette situation (action immédiate). « L’urgence est d’ailleurs elle-même une notion aux contours enchevêtrés. Elle désigne à la fois, d’abord une situation (urgence contextuelle), ensuite un jugement porté sur une situation (urgence subjective) et enfin une action tendant, en fonction de ce jugement, à remédier à cette situation (réaction immédiate). Ainsi, en poussant les choses à l’absurde, on en arrive à dire qu’une situation est urgente parce que, jugée urgente, elle appelle une réponse urgente. D’objective en première instance l’urgence est en réalité souvent subjective et en référence étroite au système de valeurs de la société ou de la personne qui énonce le jugement d’urgence. Il y a là un processus de glissement qui part d’une nécessité véritable justifiant une réponse rapide pour aboutir à une manière de faire plus ou moins systématique5. » 3 Site UPSA Le Petit Robert 5 AUBERT, Nicole. Le culte de l’urgence. Paris : Flammarion, 2003, pp36-37 4 Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences 2 IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Promotion 2013-16 SPECIFICITES DU MODELE DE RESOLUTION DE PROBLEME EN SITUATION D’URGENCE Recueil de données : hiérarchisé, à la recherche d’une atteinte du pronostic vital (bilan vital : respiratoire, cardiovasculaire, neurologique) et/ou fonctionnel/ lésionnel (bilan lésionnel et contextuel, organique, psychique, social). Dans un service d’urgences, il est réalisé par l’IOA (infirmier organisateur de l’accueil) Il est réalisé à partir d’une évaluation clinique (dont l’observation visuelle), d’un interrogatoire du patient, de son entourage, des témoins potentiels, des transmissions d’autres professionnels (pompiers, Samu, protection civile…) Paramètres vitaux (signes paracliniques) : Pression artérielle, fréquence cardiaque, température, fréquence respiratoire Glycémie capillaire Peak Flow Saturation en oxygène ECG Évaluation clinique : Recherche de signe de gravité. Signes de choc (marbrure, pâleur) par exemple. Fonctions cardiaques (tachy/bradycardie, hypo/hypertension artérielle, tension pincée) : qualité de la circulation périphérique (marbrure, pâleurs), palpation du pouls avec qualité (frappé, filant), régularité, rythme. Fonctions respiratoires (polypnée, bradypnée, tirage, marbrure) : facilité à respirer à l’inspiration et à l’expiration, rythme et amplitude, signes de lutte (tirage), cyanose et sueurs. Fonctions neurologiques : conscience/ vigilance. Score de Glasgow (entre 3 et 15) : ouverture des yeux, réponse verbale, réponse motrice. Évaluation : présence/ absence/altérée (discours cohérent mais désorienté, incohérent ou incompréhensible, somnolent qui ne réagit qu’à la parole et au toucher). Mobilité, motricité, apraxie, paralysie, paresthésie, fourmillements. Hémorragie (localisation, abondance) Plaie (site, étendue, profondeur, forme, aspect, avec ou sans corps étranger, tissu atteint) Douleur : localisation (exacte), mode d’installation et chronologie, type (brûlure, constrictive, coup de poignard), intensité (EN, EVA), irradiation (vers le bras, la mâchoire, descend dans la cuisse…) heure de début, caractéristiques (plaintes, pleurs, position antalgique, mimiques…) Prurit, démangeaisons, coloration anormale, érythème, brûlures Fonction élimination (anurie, absence de selles, ballonement abdominale) Fonction digestive (vomissement, hémorragie haute ou basse) Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences 3 IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Promotion 2013-16 Troubles du comportement, affectifs, cognitifs, contact, présentation (signes psychiatriques) Attitudes, ressentis, inquiétudes Interrogatoire (auprès du patient, de la famille, de témoins etc.) Motif de recours exprimé ou non par le patient Circonstance de survenues : début des symptômes (brutal, progressif, circonstances d’apparition, évolution, aggravation, signes associées, traumatismes) Antécédents pertinents (en lien avec le motif et allergies) Traitements spécifiques en cours Examens antérieurs réalisés Soins antérieurs réalisés Alimentation (apport de sucre, repas…) Moyens d’arrivée aux urgences (si secours non médicalisées, demander qui a appelé et pourquoi) Entourage prévenu Accident de travail Le diagnostic situationnel (ou problème) posé par l’infirmière sert à classer le niveau de l’urgence et son délai de prise en charge. Il concourt au diagnostic médical, posé exclusivement par un médecin. DIFFÉRENTES CLASSIFICATION : TRIAGE INFIRMIER : APHP6 Tri 1 Rouge : Urgence vitale absolue Tri 2 Orange : Urgence relative (pathologie nécessitant une prise en charge rapide) Tri 3 Vert : Consultation urgente (pathologie pour laquelle la prise en charge peut-être différée) Tri 4 Violet : Consultation sans rendez-vous (prise en charge différée de quelques heures) Tri 5 Bleu : Ne relève pas de l’urgence. En fonction de la cotation, les patients seront pris en charge plus ou moins rapidement, les urgences vitales passant en priorité. Par exemple pour un tri 2, la prise en charge ne doit pas excéder 20 minutes. L’infirmière organisatrice de l’accueil décide ensuite du lieu de soins le plus adapté, en collaboration avec le médecin sénior. Par exemple, les patients 1 à 2seront transférés en salle de déchoquage, tandis que les autres iront dans les box de consultation. Ils peuvent ensuite rester en unité de surveillance rapprochée, être transférés dans une unité d’hospitalisation de courte durée… ou tout simplement retourner à leur domicile, avec ou sans traitement. 6 http://www.aphp.fr/urgence/infirmiere-daccueil-aux-urgences/ Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences 4 IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Promotion 2013-16 DÉLAI D’ACTION7 : Délai = 0 : détresse vitale majeure avec pronostic vital engagé à très court terme Action : centrée sur le support d’une ou des fonctions vitales, interventions médicales et paramédicales immédiates Délai < 20mn : atteinte d’un organe vital ou lésion traumatique avec pronostic vital ou fonctionnel engagé dans les heures suivantes ou symptôme intense ou anomalie d’un paramètre vital justifiant une action spécifique rapide, indépendante du diagnostic Action : centrée sur le traitement de la fonction vitale ou lésion traumatique. Intervention paramédical immédiate, médicale avant 20 mn. Délai < 60mn : Atteinte lésionnelle ou fonctionnelle susceptible de s’aggraver dans les 24 heures ou situation médicale complexe justifiant l’utilisation de plusieurs ressources hospitalières en urgence Action : multiples, centrées sur l’évaluation diagnostique et pronostic en complément du traitement Délai < 120mn : Atteinte lésionnelle ou fonctionnelle stable, non complexe, mais justifiant l’utilisation d’au moins une ressource hospitalière en urgence Action : Consultation avec acte diagnostic et/ou thérapeutique limité Délai < 240mn : Pas d’atteinte lésionnelle ou fonctionnelle justifiant l’utilisation d’une ressource hospitalière Action : Consultation sans acte diagnostic ou thérapeutique 7 Selon la CIMU (classification infirmière des malades d’urgences) Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences 5 IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Promotion 2013-16 MODELE D’ACTION INFIRMIER EN SITUATION D’URGENCE psychique urgences domicile Caractéristiques Sociofamiliale Lieu physique hôpital Détresse sociale rue ENVIRONNEMENT SUJET Connu CONTEXTE ÉVÈNEMENT PROBLÈME DE SANTÉ SITUATION IMPRÉVUE Inconnu Aucun Aucun ÉVALUATION CLINIQUE Connu RECUEIL DE DONNÉES Inconnu HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUE S INTERROGATOIRE Hiérarchisé Tient compte de l’évolution Recherche de signes de gravité et d’aggravation PARAMÈTRES VITAUX Vitales ANALYSE Mort imminente Urgences vraies CLASSEMENT (TRI) JUGEMENT Urgences ressenties Incapacité Fonctionnelles/ lésionnelles Invalidité DIAGNOSTIC SITUATIONNEL HIÉRARCHISATION DÉLAI D’ACTION (SELON CLASSEMENT) ACTION IMMÉDIATE TYPE D’ACTIONS Sur prescription ou protocole Traitements Rôle propre ORGANISATION Acteurs Informations transmissions Matériel Médicaux Chariot d’urgence Orientation (lieu) médecine chirurgie Examens Surveillances/ Soins paramédicaux Soins Installation administratifs Intubation/ ventilation SAMU Déchocage Sortie AMÉLIORATION EVOLUTION Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences STABILISATION AGGRAVATION 6 IFSI Pitié Pitié-Salpêtrière Ue 4.3 S4 : Soins d’urgences Promotion 2013-16 7