Conjoncture et prévision Positionnement cyclique des économies par Jacques Anas et Laurent Ferrara Cet article récurrent de la revue Diagnostic(s) vise à fournir chaque trimestre une évaluation actualisée du positionnement cyclique des grandes économies. Nous rappelons quelques concepts méthodologiques utilisés pour obtenir une première datation des points de retournement récents et une détection rapide des points de retournement en cours ou imminents. L’article se clôt par un « focus » sur les caractéristiques du cycle classique. évaluation périodique du positionnement cyclique des économies est naturellement sujette à des incertitudes, même s’il s’agit d’une appréciation du présent et non d’une projection. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer que, même sur le passé, il existe une incertitude entourant la datation ex post que l’on peut faire des points de retournement cycliques. L’ La datation des cycles passés n’est réalisée « officiellement »1 que par quelques pays dans le monde comme le NBER aux EtatsUnis, l’IESR au Japon et l’ISAE en Italie. Encore faut-il préciser que seul le cycle classique est daté. Par contre, pour la grande majorité des pays et notamment pour la zone euro, il n’existe pas de datation « officielle ». Concernant la datation des cycles de la zone euro, il existe depuis 2000 de nombreuses études dont nous avons essayé d’extraire le consensus2 (une vingtaine de datations sont recensées). Coe-Rexecode, lui-même, propose des datations que l’on trouvera en page 15. Il est intéressant de constater une incertitude non négligeable d’environ un semestre sur les datations passées mais aussi des divergences d’appréciation sur l’existence de certains cycles. 1 2 Il n’y a pas en vérité de datation « officielle » mais des datations d’organismes publics à forte notoriété et dont la légitimité est reconnue des experts. Dans le cadre d’une étude pour le compte d’Eurostat. Dans le cas du cycle classique de la zone euro, on observe une divergence sur la datation du début de la récession liée au premier choc pétrolier : entre le premier et le troisième trimestre 1973. De même, la sortie de cette récession est localisée entre le premier et le troisième trimestre 1975. Ces divergences peuvent être dues aux méthodes ou aux bases de données (les séries officielles pour la zone euro remontent à 1990 et même à 1995 avec les nouvelles séries du PIB à prix chaînés). Il existe un débat sur l’existence d’une seule récession sur la période 1980-82 ou d’une double-récession. Le creux de la récession de 1992-93 est localisé entre le premier trimestre et le troisième trimestre 1993. Enfin, certains auteurs identifient une récession en 2001 et 2003, mais en se basant sur l’indice de production industrielle ou l’indice de confiance industriel, ce qui nous semble contestable (voir Bengoechea et al., 2006). Dans le cas du cycle de croissance de la zone euro, les datations sont moins nombreuses (moins d’une dizaine). Il existe une grande incertitude sur les premières années de la décennie 80 à cause, en particulier, de la reprise contra-cyclique en France due à la politique de relance économique après les élections de 1981. Le début des années 1990 est aussi difficile à dater du fait de la réunification allemande qui décale l’économie allemande par rapport au cycle conjoncturel de la zone euro. Même sur le pic de 2000 lié au ralentissement américain, on observe une 9 Conjoncture et prévision incertitude entre le deuxième et quatrième trimestre 2000. Sur la période récente, le creux de 2003 est très rarement identifié. Approche ABCD Le cycle économique peut être défini de plusieurs façons avec, pour chacune de ces définitions, une chronologie forcément différente des « points de retournement ». Dans le suivi empirique des cycles, on retient généralement trois définitions : le cycle classique, le cycle de croissance et le cycle d’accélération. Coe-Rexecode se concentre sur le suivi conjoncturel des pics et creux des deux premiers types de cycles, dans le cadre d’une approche intégrée dite ABCD. Depuis 1995, Coe-Rexecode a développé un système d’indicateurs mensuels probabilistes permettant de détecter en temps réel les pics et les creux des cycles classique et de croissance. Ainsi, les indicateurs avancés de retournement conjoncturel (IARC) permettent d’anticiper les points A et D du cycle de croissance. Ils sont calculés pour la France, l’Allemagne, l’Italie, la zone euro et les Etats-Unis. D’autre part, les indicateurs d’entrée et sortie de récession (IESR) fournissent une probabilité d’occurrence des points B et D, délimitant les phases de récession économique pour les Etats-Unis et la zone euro. Enfin, plus récemment, Coe-Rexecode a mis au point un indicateur statistique du rythme de croissance (IRC), qui fournit tous les mois une estimation instantanée de la vitesse de croissance de la France et de la zone euro. Nous rappelons rapidement la définition des trois types de cycles, représentés sur la figure de la page 12. Le cycle classique Le cycle classique (business cycle) reproduit le cycle du niveau d’activité global d’une économie. C’est la définition la plus répandue 10 dans la littérature. Les points de retournement (nommés B et C dans la figure page 12) de ce cycle délimitent les périodes de croissance négative, ou récessions, des périodes de croissance positive. Bien entendu, dans la réalité, une période de croissance négative sera reconnue comme une récession si elle obéit aussi à des critères minimum de durée et/ou d’intensité ainsi qu’à une diffusion suffisante au sein de l’économie. Par exemple, bien que la croissance en zone euro soit devenue négative en 2001 et 2003 dans plusieurs grands pays dans le sillage de la récession américaine de 2001, cet épisode n’a pas été suffisamment diffusé pour que l’on puisse parler de récession globale. Les pics et creux de ce cycle classique étant les moments où la croissance s’annule pour devenir négative ou positive, on les appellera respectivement entrées et sorties de récession. Le cycle de croissance Le deuxième cycle, très largement évoqué notamment en Europe, est le cycle de croissance (growth cycle). Ce cycle est défini comme l’écart de la série utilisée (généralement le PIB) à sa tendance de long terme. Ce cycle de croissance possède des points de retournement (nommés A et D sur la figure page 12) qui peuvent s’interpréter assez facilement. En effet, le pic A du cycle de croissance est le moment où le taux de croissance repasse au-dessous du taux de croissance tendanciel. De même, le creux C représente le moment où il repasse au-dessus. En effet, le pic est atteint lorsque la dérivée de l’écart à la tendance s’annule, donc lorsque la dérivée de la série (assimilable au taux de croissance instantané) égale la dérivée de la tendance (soit la pente de la tendance si celle-ci est linéaire). Comme il faut donner un nom aux phases baissières et haussières, nous parlerons respectivement de ralentissement conjoncturel et de reprise (ou rebond) conjoncturelle. De même, nous dénommerons les pics A et les creux D, les points de retournement conjoncturels. Positionnement cyclique des économies Le cycle d’accélération Le troisième cycle est le cycle d’accélération ou cycle du taux de croissance. Le pic du cycle d’accélération (point α sur la figure page 13) représente le maximum atteint par le taux de croissance, et le creux (point β sur la figure page 13) indique que le taux de croissance est passé par son point bas. Il est difficile de donner un nom aux phases de ce cycle. Il est en tout cas périlleux de parler de ralentissement lorsque le taux de croissance franchit un pic. Par exemple, lorsque la croissance trimestrielle du PIB de la France, passe de 4 % l’an à 3 %, on ne peut parler de ralentissement conjoncturel car le PIB continue de croître à un rythme se situant au-dessus de sa croissance tendancielle. Il est aussi contestable de parler de reprise conjoncturelle lorsque la croissance passe de – 2 % l’an à – 1 % : même si le taux augmente, il reste négatif, ce qui correspond à une baisse d’activité, donc à une période récessive. Paradoxalement, le cycle d’accélération est le plus populaire auprès des praticiens. Il est approché par le glissement annuel ou le taux de croissance trimestriel (du PIB en général). Datation des cycles La mise au point d’une chronologie officielle des points de retournements des cycles économiques d’un pays représente un outil d’une grande utilité pour les analystes économiques. Une telle chronologie permet par exemple de comparer des pays ou des zones dans une optique cyclique, ou bien de classifier des indicateurs conjoncturels en fonction de leur avance ou de leur retard par rapport au cycle de référence. A ce jour, peu de pays possèdent une chronologie officielle des cycles. La plus populaire est sans nul doute la datation du cycle classique des Etats-Unis, établie depuis 1854 et maintenue à jour par le comité de datation du NBER composé de sept experts. Leurs conclusions sur les dates d’entrée et de sortie des récessions américaines ont un impact fort sur les agents économi- ques, en particuliers les marchés financiers, la Federal Reserve ou les décideurs politiques. D’autres instituts américains s’intéressent également à la datation des cycles, tels que par exemple l’ECRI (Economic Cycle Research Institute) ou The Conference Board. Au Japon, le ESRI (Economic and Social Research Institute), organe du gouvernement, a également effectué une datation du cycle classique japonais. En Europe, où il n’existe pas encore de datation officielle des cycles, le CEPR (Center for Economic Policy Research) s’est inspiré de l’expérience du NBER et a formé en 2003 un comité de huit experts pour déterminer les dates du cycle classique de la zone euro. L’office européen de statistiques, Eurostat, s’est également penché sur la question et a engagé de nombreux travaux de recherche sur le sujet, mais sans encore publier de datation officielle. Enfin, un nombre croissant de travaux académiques ont également contribué à la mise au point de méthodologies adaptées à la datation des cycles passés au sein de plusieurs pays et/ zones économiques. S’agissant du cycle de croissance, l’OCDE propose également une chronologie des cycles de croissance pour ses ressortissants. Coe-Rexecode propose de son coté ses propres datations des cycles classiques et de croissance pour différents pays ou zone. Pour effectuer ces datations, nous avons travaillé sur l’indice de la production industrielle (IPI) manufacturière et le PIB trimestriel, en se basant sur un algorithme simple de Bry et Boschan (1971), modifié par Harding et Pagan (1999). Par la suite, des mesures de sévérité du cycle, définie comme le produit de l’amplitude par la durée, ont permis d’éliminer certains faux cycles. De plus, pour la zone euro dans son ensemble, nous avons assuré la cohérence entre les cycles des pays et le cycle commun agrégé. S’agissant du cycle de croissance, il a été estimé à l’aide d’un double filtre de Hodrick-Prescott pour ne recueillir que les fluctuations de moyenterme comprises entre 1,5 an et 8 ans. 11 Conjoncture et prévision Les fluctuations de la production Cycle des affaires . . B A . .. β C D . α niveau tendance Cycle des affaires ou cycle classique (business cycle ), représenté par le niveau de la production. Cycle de croissance . A 0 . écart à tendance D phase de ralentissem ent phase de récession Cycle du taux de croissance . α . 0 B taux de croissance instantané Source : Coe-Rexecode 12 Cycle de croissance (growth cycle ou deviation cycle ), représenté par l'écart du niveau de la production à sa tendance. . β . C Cycle du taux de croissance ou cycle d'accélération (accelation cycle ), représenté par le taux de croissance instantané de la production. Positionnement cyclique des économies Principaux résultats Nous présentons les principaux résultats relatifs aux datations des cycles classiques et de croissance, issus des calculs de CoeRexecode, pour les Etats-Unis et la zone euro, depuis 1970 jusqu’au troisième trimestre 2006. Toutefois, il ne semble pas que la zone euro ait connu une récession au sens traditionnel du terme. Le débat sur la datation de la zone euro porte sur le second choc pétrolier qui aurait entraîné, selon les études, une seule longue période de récession de trois ans entre 1980 et 1982 ou deux périodes entrecoupées d’une phase de reprise. Pour notre part, nous plaidons plutôt en faveur du second scénario. Depuis le début des années 1970, les récessions sont des phénomènes rares. Jusqu’à ce jour, les Etats-Unis ont connu cinq périodes de récessions : le premier choc pétrolier (1973-75), le second choc pétrolier ayant entraîné deux récessions consécutives (1980 et 1981-82), la récession de 1990-91 et enfin en 2001, liée en partie à l’éclatement de la bulle boursière et au sur-investissement technologique. La zone euro dans son ensemble en a connu seulement quatre, retardées de quelques mois par rapport aux Etats-Unis, la dernière récession américaine ne s’étant pas propagée à la zone monétaire européenne. Certes, depuis fin 2000, plusieurs pays de la zone ont connu des épisodes récessifs, notamment l’Italie et l’Allemagne, entraînant à plusieurs reprises l’ensemble de la zone dans un climat économique quasi-récessif. S’agissant du cycle de croissance, les EtatsUnis ont connu depuis 1970 sept cycles de croissance, seuls les cycles de 1984 et 1994 ne s’étant pas transformés en récession. Le délai moyen entre un pic A et un pic B est d’environ sept mois, alors que ce délai est beaucoup plus court pour les sorties de cycle. On l’estime à environ un mois, sauf pour les deux dernières sorties de récession qui ont été marquées par une phase de croissance sans emploi. Sur cette même période, la zone euro a connu sept cycles de croissance, seuls les pics A de 1977, 1986, 1995 et 1998 n’ont pas été suivis par un pic B. Par comparaison avec les Etats-Unis, ceci montre que la zone euro est plus marquée par les ralentissements, qui ont tendance à persister, que par les récessions, soulignant ainsi une moindre amplitude cyclique (voir tableau page 15). Présentation de l’IRC L’indicateur de rythme de croissance (IRC) est un indicateur mensuel permettant d’évaluer, en temps réel, le « rythme de croissance » d’une économie. Il est calculé sur la base des enquêtes de conjoncture. Il a été calculé pour l’instant pour la France et la zone euro. Le « rythme de croissance » correspond à la croissance sous-jacente de l’économie. En effet, il apparaît que le taux de croissance trimestriel du Produit intérieur brut (PIB) publié par les différents instituts de statistiques officiels est bruité. De plus, celui-ci n’est disponible que trimestriellement avec un délai d’un à trois mois et parfois avec des révisions non négligeables. Il ne permet donc pas un suivi optimal, en temps réel, de la conjoncture. L’indicateur mensuel proposé a pour objectif de cerner chaque mois la pente « réelle » de la croissance et d’en repérer les inflexions. Il constitue donc un outil précieux pour valider les signaux des indicateurs avancés IARC. De plus, il permet de calculer chaque mois un acquis de croissance. Le rythme de croissance s’obtient par lissage de la variation trimestrielle glissante d’une estimation du PIB mensuel. Il est exprimé en rythme annualisé. Contrairement aux indicateurs de croissance publiés par d’autres organismes, l’’indicateur IRC ne vise pas à estimer la variation trimestrielle du PIB telle qu’elle est publiée par l’INSEE ou Eurostat, mais à évaluer le rythme de croissance sous-jacent qui, par définition, est moins volatil. Cependant, d’une année à l’autre, le bruit se compense, si bien que les taux de croissance annuels de l’indicateur de CoeRexecode et celui du PIB officiel sont proches. 13 Conjoncture et prévision Présentation de l’IESR L’indicateur probabiliste d’entrée et de sortie de récession construit par le COE est basé sur un modèle à changements de régimes markoviens. Il fournit en sortie une probabilité instantanée d’appartenance à un régime de récession de l’économie, connue comme étant la probabilité filtrée. C’est cette probabilité estimée que nous récupérons en sortie pour construire notre indicateur probabiliste. Le modèle de Hamilton est appliqué sur un nombre fini K de séries coïncidentes avec le cycle d’affaires de référence. Pour les Etats-Unis par exemple, les séries sélectionnées sont le taux de chômage, la production industrielle, l’indice des annonces d’offres d’emploi parues dans la presse et les dépenses de construction du secteur privé. A chaque temps t, on obtient ainsi en sortie K probabilités conditionnelles d’appartenance au régime de récession. Ces probabilités conditionnelles sont alors agrégées en tenant compte des risques de première et de seconde espèce estimés empiriquement par le nombre de faux signaux et de signaux manqués. A chaque temps t, l’indicateur instantané d’entrée et de sortie de récession est alors défini comme étant l’agrégation des ces probabilités. Le signal de changement de régime est donné lorsque l’indicateur franchit le seuil de 0,5. Présentation du IARC L'indicateur avancé IARC combine l'information fournie par des séries qui ont une avance sur le cycle (elles se retournent avant que l'économie globale ne passe par son point de retournement). Pour la zone euro par exemple, les cinq séries qui composent l'indicateur sont un indicateur synthétique des principales bourses en zone euro, l'écart de taux d'intérêt (taux de rendement des obligations d’Etat à dix ans moins EURIBOR à trois mois), l'indicateur avancé du cycle économique aux Etats-Unis, un indicateur des prix de vente prévus dans le commerce de gros (biens intermédiaires industriels) et une variable synthétique des enquêtes d’opinion mensuelles en zone euro dans l'industrie des biens intermédiaires (résumé des réponses sur la production passée et prévue, les carnets de commandes global et étranger et le niveau des stocks). Les séries ont été sélectionnées parmi un inventaire de séries qui se sont révélées avoir une capacité prévisionnelle des points de retournement. Les propriétés suivantes ont été prises en considération : avance, pertinence économique, obtention rapide des données, faiblesse des révisions et de la volatilité. Chaque mois est calculé la probabilité que chacune des six séries soit passée par un point de retournement, suivant la formule des probabilités séquentielles de Neftçi. L'hypothèse est faite que la probabilité d'occurrence d'un point de retournement est indépendante de la durée de la phase en cours qui s'est déjà écoulée. Ces probabilités sont ensuite agrégées avec une pondération qui tient compte, pour chaque série, du risque de faux signal ou de celui de rater le cycle économique. 14 Positionnement cyclique des économies Datation des cycles Zone euro Roy.-Uni Méthodologie Etats-Unis Japon 1997:01 1997:02 1997:03 1997:04 1998:01 1998:02 1998:03 1998:04 1999:01 1999:02 1999:03 1999:04 2000:01 2000:02 2000:03 2000:04 2001:01 2001:02 2001:03 2001:04 2002:01 2002:02 2002:03 2002:04 2003:01 2003:02 2003:03 2003:04 2004:01 2004:02 2004:03 2004:04 2005:01 2005:02 2005:03 2005:04 2006:01 2006:02 2006:03 La datation récente des points de retournement ne peut être que provisoire, comme cela a été souligné précédemment. Il est difficile a priori d’affirmer combien de temps il faut pour valider de manière définitive en « datation finale » ces points de retournement provisoires. En tout cas, si l’incertitude sur leur existence peut être levée assez rapidement, il n’en est pas de même pour la fixation de la date car les données sont souvent révisées et les effets de bord des filtres, lorsqu’ils sont utilisés, ajoutent une imprécision supplémentaire. Evaluation du passé récent La méthode non paramétrique de Bry et Boschan, complétée par une mesure de la sévérité (degré combiné de durée et d’intensité), est utilisée pour identifier les points de retournement provisoires sur le passé récent. Concernant le cycle de croissance, nous utiliserons en supplément d’appréciation, l’indicateur de rythme de croissance IRC (voir encadré page 13) qui permet d’apprécier si la pente de croissance a croisé ou non la pente tendancielle, ce qui est le signe d’un changement de phase. Notons dès à présent la difficulté à identifier les « trous d’air » qui ne sont que des pauses dans la croissance et qui se caractérisent par le caractère « transitoire » du croisement de la pente tendancielle. Trou d’air Ralentissement conjoncturel Récession Evaluation en temps réel Source : Coe-Rexecode Positionnement cyclique Il s’agit dans cette partie d’évaluer, dans le cadre de l’approche ABCD, le positionnement cyclique des Etats-Unis et de la zone euro. Dans un premier temps, nous rappelons la méthodologie utilisée pour mener à bien cette évaluation et notamment les indicateurs cycliques de Coe-Rexecode. La détection en temps réel s’appuie sur des indicateurs élaborés sur la base d’une modélisation non-linéaire à changement de régimes (pour plus d’information, voir Anas et Ferrara, 2004). Pour anticiper les points A et D du cycle de croissance, nous utilisons l’indicateur avancé de retournement conjoncturel (IARC) créé par le COE en 1996. Pour détecter en temps réel les points B et C du cycle d’affaires (il est difficile de trouver un indicateur avancé pour les récessions), 15 Conjoncture et prévision Etats-Unis 12000 Produit intérieur brut en milliards de dollars 2000, CVS Zone euro 1900 Produit intérieur brut en milliards d'euros 2000, CVS 1700 10000 1500 8000 1300 6000 1100 900 4000 3000 700 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2500 FBCF totale en milliards de dollars 2000, CVS 1970 400 2000 350 1500 300 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2000 2005 2000 2005 FBCF totale en milliards d'euros 2000, CVS 250 1000 200 500 150 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 140 Emploi salarié non agricole en millions de personne, CVS 1970 140 1975 1980 1985 1990 1995 Emploi total en millions de personne, CVS 135 120 130 100 125 120 80 115 60 110 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Source : Coe-Rexecode 16 1970 1975 1980 1985 1990 1995 Positionnement cyclique des économies nous utilisons l’indicateur d’entrée-sortie de récession (IESR) créé par le COE en 2000, à partir d’un modèle à changements de régimes markoviens. Pour la zone euro, une mesure du degré de diffusion et de synchronisation des mouvements cycliques peut expliquer pourquoi au niveau global on identifie ou non un changement de phase du cycle classique ou de croissance. Il est possible que des sous-ensembles cycliques persistants empêchent l’européanisation du cycle (voir par exemple Bovi, 2005) A un niveau international, il est intéressant d’examiner la diffusion et la synchronisation cyclique (voir les papiers de Harding et Pagan, 2005, ou Chauvet et Yu, 2006). Position cyclique des Etats-Unis Il existe en ce début d’année 2007 un large consensus sur l’hypothèse d’un ralentissement en cours aux Etats-Unis (d’après le Consensus Forecast de janvier 2007, la croissance annuelle reviendrait à 2,4% en 2007). La question est de savoir quel en sera le degré. Pour cela, il est possible d’envisager d’ores et déjà des projections économiques basées sur des modèles ou des raisonnements. Pour notre part, nous nous appuyons sur le suivi de nos deux indicateurs cycliques : le IARC et l’IESR. Indicateur avancé de retournement conjoncturel aux Etats-Unis (IARC) 100 Etats-Unis Indicateur d'entrée-sortie en récession 1.0 IESR Récession 0.5 Non-récession 0 2004 2005 2006 Source : Coe-Rexecode L’indicateur avancé de retournement conjoncturel IARC a émis un signal de ralentissement en mars 2006 lorsque le seuil de 80 a été largement franchi, impliquant alors un retour de la croissance en-dessous du rythme tendanciel estimé à 3,1%. L’indicateur avait flirté avec ce seuil depuis la mi-2004, indiquant que la croissance était revenue aux abords de cette croissance tendancielle. Le renversement de conjoncture sur le marché immobilier initié fin 2005 en a été l’élément déclencheur. De fait, la croissance du PIB américain a été de 2,6% en rythme annualisé puis de 2,0%, respectivement aux deuxième et troisième trimestres 2006. Ce ralentissement peut être temporaire. S’il ne l’est pas, on pourra l’identifier comme une nouvelle phase baissière du cycle de croissance. Dès lors, trois scénarii sont envisageables : 80 60 40 20 0 -20 -40 -60 -80 -100 2004 2005 Possibilité de retournement Forte probabilité de retournement Source : Coe-Rexecode 2006 - Le ralentissement est léger et n’est pas durable. C’est, semble-t-il, le nouveau scénario de plusieurs institutions dont le Conference Board même si leurs indicateurs avancés pointent toujours vers une croissance molle dans le futur proche. Dans ce cas, il n’y aura pas de remise en cause de la phase haussière du cycle de croissance et l’économie rebondira vite audessus de son taux de croissance tendanciel estimé à 3,1%. 17 Conjoncture et prévision Etats-Unis Cycle des affaires (milliards $ 2000, CVS) 12000 11000 A B 10000 D C 9000 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2005 2006 Cycle de croissance en % 2 A 1 0 -1 D -2 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Cycle du taux de croissance en % 6 α α 4 α 2 β 0 β -2 1999 2000 2001 Source : Coe-Rexecode 18 Taux de croissance tendanciel Taux de croissance du PIB (mm3) 2002 2003 2004 2005 2006 Positionnement cyclique des économies pèse négativement sur la probabilité. Le seuil de 0,5 doit être franchi pour signaler une entrée en récession. Mais, comme l’approche ABCD le signale, avant d’avoir un signal de récession (point B), il faudra diagnostiquer un pic du cycle de croissance (point A), correspondant au deuxième scénario évoqué ci-dessus. Indicateur avancé de retournement conjoncturel de la zone euro 100 creux du cycle de croissance 80 60 40 20 0 -20 -40 -60 -80 -100 2003 2004 2005 2006 Possibilité de retournement Forte probabilité de retournement Source : Coe-Rexecode - Le ralentissement est plus intense et durable, la croissance repassera en-dessous de 3,1 % de manière plus nette. Le suivi de l’indicateur IARC dans la recherche du prochain creux conjoncturel permettra de dire si l’on sort rapidement de la phase actuelle ou non. La dernière valeur du IARC vaut - 42 en décembre contre - 40,8 en novembre. Même s’il s’en rapproche, il est donc encore éloigné des seuils de - 60 et - 80 dont le franchissement indiquerait une sortie du régime bas actuel. Des premiers signent positifs existent toutefois pour trois des composantes du IARC : l’indicateur ISM manufacturier a rebondi au-dessus de 50, la confiance des ménages est repartie à la hausse, sans toutefois susciter encore un retournement, et la bourse n’a jamais perdu de sa vigueur, signe d’un optimisme des marchés sur la conjoncture future. - Le ralentissement s’approfondit pour déboucher sur une récession. Ce scénario, envisagé par certains économistes il y a quelques mois, semble moins d’actualité. En effet, l’indicateur IESR n’indique pas d’entrée en récession de l’économie américaine. Cet indicateur, développé en 2001 au COE est un indicateur probabiliste coïncident permettant de repérer rapidement l’entrée en récession aux Etats-Unis. Après une légère tension jusqu’à l’automne dernier (0,34 en octobre), il est revenu à 0,28 en novembre. C’est surtout la composante relative aux dépenses de construction qui En conclusion, si l’on se fie au cycle de croissance tel qu’il peut être calculé actuellement, il est trop tôt pour confirmer l’occurrence d’un pic à la mi-2006. D’ailleurs, les données peuvent être révisées et les effets de bord des filtres nous incitent à la prudence. Il faut rappeler que les récessions sont devenues plus espacées et moins intenses aux Etats-Unis. Une analyse historique de Romer avait indiqué que les récessions faisaient toujours suite à une hausse des taux à court terme suscitée par des tensions inflationnistes, mais cela n’a pas été le cas lors de la dernière récession américaine de 2001. Ainsi, plus que les fièvres inflationnistes, il semblerait que les dérapages excessifs des prix des actifs constituent un des principaux déterminants des récessions. Position cyclique de la zone euro Trois indicateurs permettent de suivre et évaluer le positionnement cyclique de la zone Indicateur de rythme de croissance de la zone euro 6 rythme annuel, en % IRC taux de croissance tendanciel 4 2 0 -2 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Coe-Rexecode 19 Conjoncture et prévision Zone euro Cycle des affaires (milliards d'euros 2000, CVS) 1900 1800 A D 1700 1600 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2005 2006 Cycle de croissance en % 2 A 1 0 D -1 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Cycle du taux de croissance en % 6 α Taux de croissance tendanciel Taux de croissance du PIB (mm3) 4 α α 2 β 0 β β -2 1999 2000 2001 Source : Coe-Rexecode 20 2002 2003 2004 2005 2006 Positionnement cyclique des économies Zone euro Indicateur d'entrée-sortie en récession 1.0 IESR Récession 0.5 Non-récession IARC est repassé en-dessous de ce seuil, suggérant ainsi qu’il n’existe aujourd’hui aucun signe de retournement pour le futur proche. Ceci ne veut pas dire que la croissance ne va pas diminuer mais signifie qu’elle restera en tout cas supérieure à son taux de croissance tendanciel estimé actuellement à 1,5% l’an. D’ailleurs, l’indicateur du rythme de croissance IRC de la zone euro, même s’il a légèrement reculé ces derniers mois, est estimé à 2,8% en décembre 2006, soit bien au-dessus du rythme tendanciel. 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Coe-Rexecode euro : les indicateurs IARC, IESR et IRC. Une question préalable reste celle de la convergence des cycles en zone euro. Si cette convergence avait eu tendance à s’accroître à la fin des années 1990, en vue notamment de l’application des critères de Maastricht, il est probable qu’elle a diminué depuis 2001 avec des performances cycliques différenciées suivant les pays, notamment parmi les plus grands pays de la zone. Plusieurs études ont tenté d’analyser ce phénomène, en particulier dans des documents de travail de la Banque centrale européenne (voir par exemple Giannone et Reichlin, 2006). Cependant, nous continuons de soutenir l’hypothèse qu’une convergence suffisante est atteinte pour pouvoir continuer de parler d’un cycle agrégé zone euro, que ce soit pour le cycle de croissance ou le cycle classique. L’indicateur avancé de retournement conjoncturel IARC de la zone euro est utilisé depuis fin 2005 pour anticiper le prochain pic du cycle de croissance. Pendant trois mois, de juillet à septembre 2006, il avait dépassé le seuil de 60, ce qui indiquait une possibilité de retournement conjoncturel à la baisse dans les neuf mois. Mais, depuis octobre, le Depuis la fin de l’année 2000, l’économie de la zone euro a frôlé, mais évité, une récession à deux reprises, fin 2001 et début 2003. D’ailleurs, l’indicateur IESR s’est stabilisé autour de 0,5, seuil d’entrée en récession, pendant quelques mois fin 2001. Au cours de cette période, on note l’occurrence d’une récession industrielle qui pourtant, dans le passé, s’était toujours transformée en une récession globale. On observe également plusieurs épisodes récessifs dans certains pays de la zone, dont l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas. S’il n’existe pas de récession perceptible lorsqu’on s’intéresse à la zone euro dans son ensemble, c’est parce que les récessions qui ont touché certains pays membres ne se sont diffusées que partiellement au sein de la zone et qu’elles n’étaient pas parfaitement synchrones. Actuellement, l’indicateur d’entrée et sortie de récession (IESR) de la zone euro se situe à son seuil minimal de zéro depuis déjà trois ans, impliquant ainsi une probabilité nulle d’une entrée en récession. Achevé de rédiger le 23 janvier 2007 Jacques Anas [email protected] Laurent Ferrara [email protected] 21 Conjoncture et prévision Focus sur les caractéristiques du cycle classique Les travaux originaux menés au NBER, depuis sa création en 1920, sur les méthodes descriptives des cycles économiques, en particulier par Burns et Mitchell (1946), ont permis de définir des concepts sur les cycles qui restent encore aujourd’hui d’actualité. Ainsi, le cycle classique, ou business cycle, est défini comme la succession des phases de récession et d’expansion économiques, délimitées par des pics (plus haut niveau d’activité, i.e. point B dans l’approche ABCD utilisée par Coe-Rexecode) et des creux (plus bas niveau d’activité, i.e. point C dans l’approche ABCD). Les auteurs ont souligné trois caractéristiques principales de ce cycle : la durée, l’amplitude et la diffusion au sein de l’économie. C’est la règle dite des « 3D » : Duration, Depth et Diffusion. D’autres caractéristiques du cycle classique ont également été mises en évidence telles que la forme du cycle, par exemple plus ou moins abrupt, ou le comportement asymétrique des phases. Dans ce focus, nous revenons sur ces caractéristiques, en laissant de côté le phénomène de diffusion qui fait appel à un cadre multivarié auquel nous nous intéresserons ultérieurement. Faits stylisés La durée d’une phase d’expansion correspond au temps entre le creux d’activité, qui marque la fin de la récession, et le pic d’activité, qui marque la fin de la phase d’expansion. La durée d’une phase de récession est définie inversement. Dans leur définition séminale, Burns et Mitchell notent que les phases du cycle doivent durer au moins quelques mois, sans préciser cependant de durée minimale. Par exemple, dans l’algorithme de Bry et Boschan (1971), la durée minimale d’une phase est de cinq mois et la durée minimale d’un cycle complet, de pic à pic ou de creux à creux, est de quinze mois. On retrouve généralement ces valeurs empiriques 22 dans certains papiers de recherche ou des articles de presse qui considèrent qu’un pays est en récession si le taux de croissance de son PIB reste négatif deux trimestres de suite. De nombreuses études (voir Diebold et Rudebush, 1999) se sont posé la question de savoir si la probabilité qu’une phase s’achève augmentait avec le temps, c'est-à-dire si le cycle présentait la propriété de dépendance à la durée (duration dependence). A partir de données américaines depuis 1946, il semblerait que seules les phases de récession présentent cette propriété. L’amplitude d’une phase d’expansion correspond à l’écart entre la valeur de la série (qui peut être prise en logarithmes) au creux et celle au pic d’activité. L’amplitude d’une phase de récession est définie inversement. Pour être reconnue comme telle, une phase de récession doit avoir une amplitude suffisante mais, là encore, il n’existe pas de valeur minimale théorique. Certains auteurs ont proposé d’utiliser une combinaison de la durée, notée Di, et de l’amplitude, notée Ai, pour caractériser une phase i du cycle. Par exemple, la sévérité Si d’une phase est définie comme le produit 0,5 x Ai x Di, cette valeur est aussi connue comme « l’approximation triangulaire des mouvements cumulés » (triangle approximation to the cumulative movements). La sévérité d’une récession mesure la perte totale en supposant que cette phase est décrite par un triangle rectangle dont la base est la durée et la hauteur l’amplitude ; la perte est ainsi l’aire de ce triangle. Cependant, les vrais mouvements cumulés de la phase i, notés Ci, diffèrent généralement de la sévérité Si. L’écart entre ces deux valeurs constitue une mesure de la forme de la phase. Harding et Pagan (2002) proposent d’utiliser comme indicateur l’excess cumulated movements défini par : Ei = (Si–Ci+0,5xAi) / Di. Cette valeur per- Positionnement cyclique des économies met de mettre en évidence des phases concaves et convexes. Dans des expansions convexes et des récessions concaves, on observe une évolution lente au début suivie d’une pente plus abrupte, alors que le contraire prévaut dans des expansions concaves et des récessions convexes. L’asymétrie du cycle classique se caractérise par un comportement différent selon la phase du cycle. Par exemple, aux Etats-Unis depuis 1970, la durée moyenne d’une phase de récession est de un an et celle d’une phase d’expansion est de seize ans. De même, depuis 1970, la durée moyenne d’une phase de récession dans la zone euro est de un an et celle d’une phase d’expansion est de vingt-huit ans. On souligne ainsi l’asymétrie au niveau de la durée des phases d’expansion et de récession. De même, une asymétrie entre les phases existe au niveau de l’amplitude, les phases d’expansion étant, heureusement, plus amples. Enfin, il semble que le phénomène de dépendance à la durée soit présent uniquement dans les phases de récession, ce qui se traduit par le fait que la probabilité de sortir de la récession augmente au fur et à mesure que cette phase avance dans le temps, mais pas celle de sortir d’une expansion. Méthodes de mesure Bien évidemment, le choix des pics et des creux conditionne la mesure des caractéristiques du cycle. Dans la littérature, il existe deux types de méthodes pour mettre en évidence ces pics et ces creux : d’une part des méthodes de type non-paramétrique et, d’autre part, des méthodes de type paramétrique basé sur des modèles de séries chronologiques non-linéaires. Les méthodes non-paramétriques découlent des méthodes graphiques de recherche des maxima et minima locaux. Il existe plusieurs algorithmes de reconnaissance de forme permettant de traduire une simple inspection graphique, mais le plus connu est sans nul doute celui proposé par Bry et Boschan (1971), utilisé dans les offices statistiques ainsi que dans de nombreux travaux académiques. Cet algorithme a été largement plébiscité grâce à sa facilité d’utilisation et à sa transparence, le rendant ainsi reproductible par d’autres personnes, sur diverses données. Trivialement, si on note Y(t) la série d’intérêt à la date t, sur laquelle on aura déjà procédé à des traitements statistiques adéquats, l’algorithme détecte un pic à la date t si : { Y(t) > Y(t-k) , Y(t) > Y(t+k) , k=1,…, K }, et un creux à la date t si : { Y(t) < Y(t-k) , Y(t) < Y(t+k) , k=1,…, K }, où K=2 pour des séries trimestrielles et K=5 pour des séries mensuelles. Les méthodes paramétriques sont principalement basées sur des modèles non-linéaires de séries chronologiques, issus des récents développements en économétrie et statistique. En particulier, les modèles à changements de régimes markoviens, popularisés en économie par James Hamilton en 1989, ont prouvé être bien adaptés à la mesure des caractéristiques des cycles et ont donné lieu à des extensions assez raffinées permettant de prendre en compte la plupart des caractéristiques du cycle observées sur les données. Ce modèle fournit à chaque instant la probabilité d’appartenance à un régime ainsi que la probabilité non conditionnelle de passer d’un régime à l’autre, ce qui permet d’inférer sur les caractéristiques des phases. En particulier, Clements et Krolzig (2003) ont proposé des tests de mesure des caractéristiques du cycle basés sur un tel modèle. 23 Conjoncture et prévision Références Anas J. et Ferrara L., (2004), « Detecting cyclical turning points: the ABCD approach and two probabilistic indicators », Journal of Business Cycles Measurement and Analysis, Vol. 1, n° 2, OCDE. (disponible sur www.coe.ccip.fr sous avis experts /contributions colloques). Bengoechea P., Camacho M., Perez-Quiros G., (2006), « A useful tool for forecasting the Euro-area business cycle phases », International Journal of Forecasting, vol. 22, n° 4, pp. 735-749. Bovi M., (2005), « Economic clubs and European commitments. A business cycles race », Working Paper, ISAE. Bry G. et Boschan C., (1971), « Cyclical analysis of time series: Selected procedures and computer programs », Technical Paper, n° 20, NBER. Burns A.-F. et Mitchell W.-C., (1946), Measuring Business Cycles, Columbia University Press, NBER. 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Harding D. et Pagan A., (2002), « Dissecting the Cycle: A Methodological Investigation », Journal of Monetary Economics, vol. 49, n° 2, pp. 365-381. Romer C., (1999), « Changes in business cycles: Evidence and explanations », Journal of Economic Perspectives, vol. 13, n° 2. 24