effet, ou un être du même genre, est parce qu`il est un. Si on

publicité
TRAXTÉDES EUVRES DES SIX JOURS
145
effet, ou un être du même genre, est parce qu'il est un. Si
on le divise, il s'anéantit.
Semblablement, c'est de l'égalité de l'unité, qui fait que
l'homme subsiste, que procède la forme de l'homme.
Qu'on ajoute ou qu'on retire quelque chose à cette unité
par laquelle l'homme existe, et on ne peut alors parler d'humanité. Si, en effet, l'égalité de l'existence de l'homme, de
la pierre, ou de quelque autre créature n'existe pas dans
quelque matière, la chose elle-même ne peut exister en
aucune façon.
Donc, de même que l'égalité de l'unité contient à l'intérieur d'elle-même les notions des choses et les engendre
à partir d'elle-même, de même elle contient à l'intérieur
d'elle-même les formes de toutes les choses et elle les produit à partir d'elle-même. De même que l'unité crée à partir d'elle-même tous les nombres, l'égalité de l'unité produit
à partir d'elle-même toutes les proportions et inégalités de
toutes les choses. C'est e n elle que toutes les choses se
décomposent.
44. C'est de là que tirent leur existence les dimensions
des choses, leur poids, et absolument tout ce qui est. Toute
dimension, en effet, tient son existence de l'égalité ou de
l'inégalité. Dans un cas comme dans l'autre, elle est nécessairement à partir de l'égalité, puisque c'est à partir de celleci que l'inégalité elle-même tire son existence.
Bien plus : toute mesure est intermédiaire entre le plus
et le moins. Si c'est le plus, il dépasse la mesure. Si c'est le
moins, il est en deçà d'elle. Mais tout ce qui est entre le plus
et le moins est égalité. La mesure de toute chose est donc
l'égalité.
Mais la dimension de toute chose vient de la
mesure et, par conséquent, de l'égalité. Il faut raisonner de
même à propos des poids.
Et qu'en est-il des choses prises séparément ? On peut
affirmer, d'une façon générale, que c'est l'égalité de l'unité
qui est pour, les choses prises séparément, leur forme d'être.
On peut le concevoir si on est capable de saisir avec la vivacité de l'esprit la fuite des choses subtiles.
2'
a
CD.
146
THIERRY DE CHARTRES
45. En effet, si l'égalité de l'unité est l'égalité de l'existence, si l'égalité de l'existence d'une chose fait exister cette
chose, et si l'être de la chose est circonscrit et délimité par
une sorte de loi, qui est une règle éternelle de l'exister, il
n'est pas douteux que l'égalité de l'unité ne soit pour toutes
les choses la forme éternelle d e l'être et la cause formelle
selon laquelle l'artisan éternel a constitué pour toutes les
choses la mesure de leur exister.
Puisque l'égalité d e l'unité est l'égalité d e l'existence
- comme on l'a dit plus haut - il est évident que cette égalité est la vérité même d e la chose. Car la vérité de la chose
n'est rien d'autre que l'égalité de l'existence de la chose, en
sorte que l'esprit qui la saisit ne se maintient pas en deçà ou
ne s'échappe pas au-delà.
46. Si la compréhension de l'esprit vient à se situer audelà ou au-dessous, cela produit la fausseté, qui n'a aucune
substance, puisque la vérité, pour toutes les choses, c'est
l'être premier et la substance première. Celui qui dit la
vérité dit toujours ce qui est dans la chose. Celui qui dit la
fausseté s'échappe à l'extérieur de celle-ci.
Donc, lorsque l'égalité de la vérité est de la sorte qui a
été décrite plus haut dans ce traité, on peut en conclure
que, de toute évidence, cette même égalité est le Verbe de
la divinité. Le Verbe d e la divinité n'est rien d'autre, en
effet, que la définition éternelle de toutes les choses, fixée
préalablement par le Créateur, c'est-à-dire ce qu'elle est, sa
qualité, sa grandeur, sa manière d'être dans sa dignité, son
temps et son lieu. Mais cette sorte de définition préalable est
l'égalité d e l'existence des choses, en deçà et au-delà de
laquelle rien ne peut exister.
47. O r cette sorte d'égalité, c'est l'égalité de l'unité. La
vérité est la mesure éternelle des choses et tout ce que ce
traité a assigné plus haut à l'égalité de l'unité. Le Verbe de
la divinité est donc l'égalité d e l'unité. Or, l'unité, c'est la
divinité. Et l'unité elle-même engendre l'égalité de l'unité.
Le Verbe est donc la divinité.
À propos d e cette génération, un grand philosophe a
dit : « Dieu a parlé une fois ),'. En s'expiimant de la sorte, il
a fait mention brève mais explicite d e l'unité et d u Verbe.
Voilà pour l'égalité d e l'unité. Il nous faut maintenant
expliquer, selon les disciplines indiquées plus haut comment la connexion d e l'égalité et d e l'unité procède de
l'une et d e l'autre'.
1. Ps 61,12.
2. Le traité s'interrompt ici.
Tractatus
43 Sicut autem unaqueque res ab unitate habet existere ita ab eius unitatis equaiitate forma modus mensura uniuscuiusque rei procedit. Homo
enim uel aiiquid taie ide0 est quia unum est. Si autem diuidatur intentum
incurrit.
Similiter ab eiusdem unitatis qua homo subsistit equaiitate forma ho- 30
minis procedit. Si autem ipsi unitati qua homo subsistit aiiquid apponatur
uel inde dirninuatur non est humanitas dicenda. Nisi enim equalitas
existentie hominis uel lapidis uel alicuius alterius creature in aliqua materia
existat ipsa res nuiio modo potest existere.
Sicut igitur ipsa equalitas unitatis rerum notiones et h t r a se continet 35
et ex se generat ita etiam iila eadem formas omnium rerum et intra se continet et ex se producit. Et sicut ipsa unitas omnes numeros ex se procreat
ita ipsa unitatis equahtas omnes proportiones et inequalitates omnium
rerum ex se producit. Et in ipsam eadem omnia resoluuntur.
Inde etiam rerum mensure et pondera et quicquid omnino est habet
existere. Mensura enim omnis uel ab equalitate uel ab inequaiitate habet
44
89 unitas igitur et cqualitas unitatis unum sunt on1 T.
84 quoquc cqualitatis: quoque unitatis C.
93 que proprictas est unitatis: quam proprietas est unitatis P. que est unitas AC.
esse que: a s c
95 idcntitatc: in dcitate AC.
(diuini) Ernald o i Bonneval, Libellw & donu 2;
quam P.
PL 189, 1593B: unde et divini quia divina doccnt.
9G apposucrunt: appdlauerunt C. athi99 hcc autem: huius aubucrunt PQ. 97 sccundum hoc: pcr hoc AC. secundum hoc est T.
1 igitur hanc: hanc AC.
3 citra quam ucl ultra quam: utra qucm uel ulL~aqucm
tcm AC.
AC. (;Y. Horace, S m . 1, 1, 106107. Hclinand, Scrnio 2; PL 212, 489D: I g i t u veritas est acqualit= uistentiac r e m i.c. modus infra uel ultra qucm niM omnino potat suhsistere. Nicholas of
Cusa, De docta ign. 1, 81 p. 17: Acqualitas vcro msendi est quod in rc ncquc plus neque minus est,
5 (figura)Heb. 1: 3.
6 modus: unitatis tetragonus uel modm AC.
iiihil ultra nihii infra.
I l ipsa igitu: ipsa AC. T. Gregory, Anim mundi 75.
qucm ipsa: que ipsa T.
13 citrauc: citraqucPS.
14 iste modus: ille modus AC.
16 citrauc: citraqueAc.
18 cnim
rci: cnim rerum C.
19 substitcrit: subsisterit PQ.
20 imaginatio: imago est C.
21
notioncm: notitiam C.
23 non ipsa: in ipsa ACS.
nec rei:
cxltcntic: existcntium Q.
hcc rci AC.
24 co quod: quod A. que C.
propria dmcriptio: descriptio AC.
26 sicut
28 aliquid tale: aliud tale AC. aliquod tale T.
autem: sicut cnim AC.
30 a b eiusdem:
cqualitas: qualitan T.
et intra se: in- sc
a b cius AC.
35 sicut igitur: sicut enim AC.
37 numeros ex se: numcros C.
38 ita ipsa:
36 formas: formas ucl naturaa AC.
AC.
in ipsam: in ipsa AC.
40 est habct ut39 et sicut ipsa ... produut om A.
ipsa ACS.
tcre: est AC. a t &tit RT.
De sex dierum operibus 44-47
existere. Utrum autem horum fuerit a b equalitate esse necesse est quoniam
ipsa inequalitas ab equalitate existit.
Amplius : modus omnis medium est inter maius et minus. Si enim
maius est excedit modum : si autem minus infra modum est. At omne id45
quod inter maius est et minus equalitas est. Modus igitur omnium rerum
equaiitas est. At mensura rei omnis ex modo est. Igitur ex equalitate.
Idem de ponderibus ratiocinandum est.
Et quid per singula ? Immo uniuersaliter affirmandum est ipsam unitatis equalitatem esse singulis rebus essendi formam. Quam rem satis 50
assequitur si quis fugas subtilium rerum uelocitate ingenii potest comprehendere.
573
modi prefinitio equalitas existentie rerum est intra quam uel ultra quam nequit aliquid consistere.
47 .4t huiusmodi equalitas unitatis equalitas est. Ueritas est modus rerum eterilus et cetera que superior tractatus assignauit equalitati unitatis.
Kerbum igitur deitatis unitatis equalitas est. At unitas deitas. Et ipsa uni- 75
tas equalitatem unitatis gignit. Deitas igitur Uerbum.
De qua generatione quidam magnus philosophus ita dicit semel locutus
est deus. Ecce iste unitatis et Uerbi mentionem breuiter et aperte fecit.
Hactenus de equalitate unitatis. Nunc quomodo conexio equalitatis
et unitatis ab utraque earum procedat explicandum est secundum disci- 80
plinas propositas.
45 Si enim equalitas unitatis est equalitas existentie et equalitas existentie
rei facit ipsam rem existere et ipsum esse rei circumscribit ac terminat quasi
quedam lex et existendi eterna regula, non est dubium quin ipsa unitatis 55
equalitas sit rebus omnibus forma essendi eterna ac formalis causa secundum
quam artifex eternus modum existendi omnibus rebus constituit.
Cum autem unitatis equalitas sit existentie equalitas - ut predictum
est - manifestum est eandem cquaLitatem esse ipsam rei ueritatem. Nichil
enim aliud rei ueritas quam ipsius rei existentie equalitas ita ut animus 60
ipsam comprehendens nec citra permaneat nec ultra euagetur.
46 Si autem ultra uel infra animi comprehensio extiterit inde falsitas
oritur cuius nulla est substantia cum ueritas rebus omnibus sit primum
esse et prima substantia. Semper enim qui dicit ueritatem id quod est in
re dicit. Qui autem falsitatem, extra rem euagatur.
65
Quando igitur ueritatis equalitas est huiusmodi qualem superior
tractatus expressit inde manifestissime colligitur eandem ipsam equalitatem
esse Uerbum deitatis. Nichil enim aliud est esse Uerbum deitatis quam eterna creatoris de omnibus rebus prefinitio : quid quale quantum sit unaqueque
earum uel quomodo se habeat insuadignitate uel tempore uel loco. ,4t huius- 70
43 equalitate existit: equalitare descendit et existit AC. equalitate consistit R.
44 medium est:
45 omne id quod: omne id T.
49 uniuersi enim: si autem AC.
medius est AC.
50 equalitatem esse: equalitates esse R.
rem satis: res satis PQRST.
saliter: uisibiliter C.
53 enim equalitas: enim quaiitas T.
existentie et equaiitas existentie: existentie ACPQ.
56 omnibus rebus: rebus RT.
60 rei ueritas: rei ueritas est ACQ. Helinand, Serrrii 2; PL 212,
489D: Nam ueritas cuiuslibet rei nichil aliud est quam equalitar essentie ,eius.
ut animus: ut
animus ipsam comprehendis T.
animaljus R.
înimus ipsam conprehendens: animus AC.
61 nec citra: nec infra ipsam AC.
62 uel infra: uel et infra AC.
extiterit: existit C.
63 cum ueritas rebus omnibus sit pnmum esse et prima substa~itiaom R.
64 (id quod in re
id dicit quod interest C.
est dicit) id dicit quod interest. .Amen. Explicit liber pnmus .4.
69 sit unaqueque: sit unumquodque RS.
End of AC.
72 consistere: existere QR.
77 (magnus philosophus) Ps. 61 : 1 1 .
philosophus RST.
80 ab utraque: ab utroque PQS.
78 ecce iste: ecce iste
Téléchargement