M I S E A U P O I N T Le coût de la sclérose en plaques The cost of multiple sclerosis ● J. Grimaud*, P. Hautecœur** P O I N T S P O I N T S F O R T S F O R T S ■ Le coût de la sclérose en plaques est dominé par les pertes de productivité. ■ Le coût augmente de façon plus rapide que l’incapacité. ■ Les soins et aides informels sont quasi exclusivement apportés par l’époux(se). ■ Les coûts indirects apparaissent pour des niveaux d’incapacité plus faibles que l’augmentation des coûts directs. Mots-clés : Sclérose en plaques – Coûts – Emploi. SUMMARY SUMMARY This paper reviews the literature on cost evaluation of multiple sclerosis, with special focus on the French health system. Besides the personal suffering, the financial consequences for multiple sclerosis patients and their family and the economic burden for society are enormous. Keywords: Multiple sclerosis – Cost – Employment. Tableau. Comparaison des résultats des quatre principales études européennes concernant les coûts liés à la sclérose en plaques (exprimés en euros 2004). Italie Suède Royaume-Uni Allemagne 1996 1998 1999 1999 (Amato, 2002) (Henriksson, 2001) (Kobelt, 2000) (Kobelt, 2001) Coûts directs* 3 297 11 729 3 848 8 333 Coûts à la charge du patient 7 001 13 089** 10 031 9 635 et coûts des soins informels Coûts indirects 8 418*** 13 511 11 746 13 128 Coûts totaux (2004) 18 716 38 329 25 625 31 096 * : incluant les traitements par interférons et ajustés sur la fréquence nationale d’utilisation au moment de l’étude, sauf pour l’Italie, où ces traitements n’étaient pas encore disponibles au moment de l’étude. ** : incluant les tierces personnes mises au service des patients par les services sociaux. *** : incluant les pertes de revenu subies par les “aidants”. * Hôpital Louis-Pasteur, Chartres, et laboratoire d’analyse des systèmes de santé, université Claude-Bernard, Villeurbanne. ** Hôpital Saint-Philibert, Lomme. La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 es conséquences économiques de la sclérose en plaques (SEP) sont considérables à la fois pour les patients, les compagnies d’assurance maladie, la Sécurité sociale et la société. À ces coûts économiques doivent être ajoutés les coûts intangibles (pretium doloris). Ils sont mesurés par des méthodes d’observation [échelle de qualité de vie SEP-59] (1) ou par des méthodes expérimentales (pari standardisé, disposition à payer, arbitrage temporel), mais au prix d’hypothèses très restrictives concernant les préférences des patients. L COÛT GLOBAL En Europe, quatre grandes études médico-économiques ont été publiées. Il s’agit d’études transversales ou prospectives sur une courte période, comportant 500 patients ou plus, en Suède, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie (2-5). Il est important de noter que l’étude italienne a été réalisée en 1996, avant que les nouveaux et onéreux traitements ne soient commercialisés dans ce pays. Dans le tableau, nous reproduisons les résultats de ces quatre études, actualisés par G. Kobelt (6). Le coût total est compris entre 25 625 €/patient/an (Royaume-Uni) et 38 329 €/patient/an (Suède). Les coûts directs représentent respectivement 15 % à 31 % du coût total. Si le coût d’un QALY 1 était estimé à 30 000 € 2, le coût intangible de la SEP serait compris entre 10 000 et 15 000 €, c’est-à-dire entre un quart et un tiers du coût total. Toutes les études montrent que le coût augmente beaucoup plus vite que le niveau d’incapacité 3 (7). Les hommes ont un coût global supérieur à celui engendré par les femmes, à cause des pertes 1 Le QALY (Quality Adjusted Life Years) est une mesure de la durée de vie tenant compte de la qualité de cette vie. Cet indicateur est obtenu en multipliant la durée de la vie dans un contexte médical particulier par un chiffre estimant la qualité de vie associée à ce contexte. Un groupe de sujets ayant eu une durée moyenne de vie de dix ans et une qualité de vie estimée à 85 % d’une norme (qui tient souvent compte de l’âge et du sexe) donnerait un QALY de 8,5 ans. 2 Il a été avancé que le National Institute for Clinical Excellence (Royaume-Uni) évalue favorablement un traitement, une intervention ou une technologie si son coût (parmi d’autres paramètres) est inférieur à 55 617 €/QALY. Dans la sclérose en plaques, un ratio coût/QALY de 57 471 €, voire de 68 966 € serait approprié. 3 Selon la classification de l’OMS, on définit : Déficience : toute perte de substance ou altération d’une structure ou fonction psychologique, physiologique ou anatomique. La déficience correspond à l’aspect lésionnel. Incapacité : toute réduction (résultant d’une déficience), partielle ou totale, de la capacité d’accomplir une activité dans les limites considérées comme normales pour un être humain. L’incapacité correspond à l’aspect fonctionnel. Désavantage (handicap) : résulte pour un individu donné d’une déficience ou d’une incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal (en rapport avec l’âge, le sexe, les facteurs sociaux et culturels). 173 M I S E A de productivité plus importantes. La survenue d’une poussée accroît le coût d’un facteur 1,1 à 2,0 par rapport à celui du niveau d’incapacité préalable à la poussée, à cause des hospitalisations et des traitements. Les traitements par interférons et acétate de glatiramère ont un rapport coût/utilité élevé. En termes de santé publique, ces chiffres sont habituellement jugés trop élevés pour qu’un tel traitement soit recommandé. En France, deux études ont calculé un coût “total” de la SEP. Les 90 patients français de l’étude de Murphy et al. (8) ont été recrutés dans les services des Prs É. Roulet (Paris) et C. Confavreux (Lyon) en 1995 et 1996. Le coût trimestriel de la maladie était de 1 928 dollars, 3 941 dollars et 5 678 dollars (américains), pour les patients dont le score d’incapacité était faible (1,0 ≤ EDSS ≤ 3,5), moyen (4,0 ≤ EDSS ≤ 6,0) ou sévère (6,5 ≤ EDSS ≤ 8,0). Ce coût incluait les hospitalisations, les consultations, les soins paramédicaux, les examens complémentaires, les équipements, les transports, les pertes de revenus (arrêts de travail), les aides médico-sociales, la monétarisation des aides informelles et du temps “perdu” par les patients pour recevoir leurs soins. Dans l’étude multicentrique française réalisée entre janvier 2002 et juillet 2004 chez 73 patients suivis en ville ou à l’hôpital et dont la maladie évoluait depuis moins de 3 ans, le coût était compris entre 50 € et 39 350 €/malade/an, avec un coût médian de 19 878 €/malade/an (9). Le coût annuel moyen était de 8 238 € pour les patients dont le score EDSS était inférieur à 4 et de 12 579 € pour les autres. Il incluait le coût des hospitalisations, des soins ambulatoires (consultations, pharmacie, examens complémentaires, soins infirmiers, orthophoniste et kinésithérapeute), de l’aide formelle et des équipements, les indemnités et la monétarisation de l’aide informelle et des soins paramédicaux informels (figure). U P O I N T COÛTS DU SECTEUR DE LA SANTÉ Les 157 patients de l’étude de P. Hautecœur et J.P. Marissal étaient suivis dans les services de neurologie de 4 hôpitaux de la région Nord-Pas-de-Calais [Lomme, Lens, Maubeuge et Valencienne] (10). Le coût annuel mesuré entre juin 1995 et décembre 1996 était de 21 834 francs (EDSS ≤ 3,0), 22 740 francs (3,5 < EDSS < 5,5) et 52 695 francs (EDSS ≥ 6,0), selon le niveau d’incapacité. Il incluait les coûts hospitaliers et ambulatoires (consultations de médecine générale et kinésithérapie), hors pharmacie et infirmières libérales. Dans l’étude multicentrique française réalisée chez des patients dont la SEP évoluait depuis moins de 3 ans (9), ce même coût était de 3 912 €/patient/an, c’est-à-dire voisin de celui de l’étude Nord-Pas-de-Calais. Il doublait presque lorsque étaient ajoutés les prix des soins paramédicaux (infirmiers et orthophonie), des examens complémentaires et des médicaments consommés en ambulatoire. Dans cette étude, la totalité des patients bénéficiaient de l’exonération du ticket modérateur. Ainsi, seule l’Assurance maladie supportait les coûts des soins médicaux et paramédicaux liés à la SEP. Parce que, dans l’étude de Murphy et al. (8), les coûts sont présentés en dollars (1996) et qu’ils incluent le coût des arrêts maladie, la comparaison est difficile. Le coût annuel pour la Sécurité sociale était estimé à 4 868 dollars pour les patients peu ou pas handicapés et à 9 296 dollars pour les patients dont le score EDSS était compris entre 4 et 6. Ce coût comportait les hospitalisations, les consultations médicales et paramédicales, les examens complémentaires, les dépenses de pharmacie et matériels médicaux, les aides formelles, les congés maladie et les frais de transport. COÛTS HOSPITALIERS Équipements Consultations Allocations compensatrices Examens complémentaires Hospitalisations Soins informels et aides informelles Pharmacie (ambulatoire) Soins paramédicaux D’après le collectif SEP des villes et SEP des champs : Dr A. Anguenot, Dr A. Barre-Coignet, Dr E. Berthier, Dr J.L. Brault, Dr B. Chassande, Dr E. Diot, Dr J. Grimaud, Dr A.M. Guennoc, Dr H. Hallak, Dr J. Leche, Dr L. Magy, Pr T. Moreau, Dr P. Neuschwander, Dr M.P. Noblet, Dr E. Pomet, Dr P. Rondepierre et Pr L. Rumbach. Figure. Distribution des constituants du coût de la sclérose en plaques (valeurs moyennes pour les 6 derniers mois, sauf pertes de revenus et de productivité). 174 Dans l’étude Nord-Pas-de-Calais (10), le coût annuel des hospitalisations était de 18 297 francs (EDSS ≤ 3,0), 16 882 francs (3,5 < EDSS < 5,5) et 39 337 francs (EDSS ≥ 6,0), selon le niveau d’incapacité. Ce coût hospitalier était fonction de la forme clinique (30 777 francs pour la forme secondairement progressive, 20 136 francs pour la forme rémittente et 12 611 francs pour la forme progressive primaire) avec un impact fort de la fréquence des poussées évolutives (nombre de poussées/an) et de l’incapacité (mesurée sur l’échelle EDSS). Dans l’étude multicentrique française (9), le coût des hospitalisations était en moyenne de 3 013 €/patient/an. Il représentait en moyenne 20 % des “dépenses du secteur de la santé” et 18 % du coût “total” de la sclérose en plaques (médiane = 0 %), hors perte de revenus et productivité. L’étude de Tissot et al. (11) concernait les biens médicaux (journées d’hospitalisation, examens biologiques et paracliniques, médicaments) consommés par 65 patients hospitalisés dans le service de neurologie du Pr L. Rumbach, au CHRU de Besançon. Le coût médical hospitalier moyen était de 1 962 €/patient/5 mois (IC95 : 1 132-17 558 €). Ce coût tendait à augmenter avec la La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 sévérité de la maladie. La part attribuable aux examens paracliniques et aux médicaments était respectivement de 12 % et 10 %. Ces résultats permettent d’évaluer, pour un hôpital universitaire français, le coût moyen de la SEP à 4 726 €/patient/an. Dans l’étude multicentrique française (9), le prix moyen des consultations médicales (25 €/patient/mois) et des soins paramédicaux formels (72 €/patient/mois) représentait respectivement 8 % et 3 % du coût (médiane) de la SEP, hors pertes de revenus et de productivité. COÛT DES MÉDICAMENTS EN AMBULATOIRE COÛTS INFORMELS En France métropolitaine, la prévalence et le coût de la SEP traitée par interférons ont été analysés par Kazaz et al. (12), à partir des bases de données de remboursements provenant de 128 Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM). Fin 2000, le nombre de patients sous interférons était estimé à 8 700 et la prévalence des patients traités par interférons était de 14,8 %. Elle était plus élevée chez les femmes (19,8 %) que chez les hommes (8,6 %). Elle était également plus élevée dans le Nord et l’Est de la France (26,1 % en Alsace, 25,8 % en Lorraine et 20,3 % dans le Nord-Pas-de-Calais) que dans les régions du SudOuest (11,3 % en Région PACA, 11,2 % en Aquitaine et 10,4 % en Bretagne). La même étude (12) révèle que le remboursement des médicaments représentait 75,6 % de l’ensemble des dépenses de l’Assurance maladie, soit 10 429 €/patient sur l’année 2000. Le montant total des dépenses de soins remboursées aux patients de la population de l’étude était de 84,9 millions d’euros. Dans l’étude multicentrique française (9), le principal poste budgétaire était la pharmacie, avec 61 % du coût “total” médian de la maladie, hors perte de revenus et de productivité (médiane = 2 015 €/patient/an ; moyenne = 1 429 €/patient/an. Ce poids considérable était dû aux 60 % de patients qui recevaient un traitement par interférons . Presque tout le budget pharmacie était consacré à l’achat des interférons , avec un coût moyen de 2 140 €/patient/an. La part des traitements symptomatiques (moyenne = 55 €/patient/an) et des traitements non prescrits du type vitamines, compléments alimentaires et phytothérapie (moyenne = 8 €/patient/an) était minime. Comme aux États-Unis, les traitements les plus prescrits sont les antidépresseurs. Dans une étude suédoise réalisée à un stade plus avancé de la maladie, le budget pharmacie était de 5 830 €/patient/an (13)4. Quarante-deux pour cent des patients étaient traités par interférons , ce qui représentait 97 % du coût des médicaments (5 656 €). Le coût des autres traitements prescrits était de 132 €/malade/an. Les traitements non prescrits (automédication) représentaient 43 €/patient/an. COÛTS DES SOINS AMBULATOIRES Dans l’étude Nord-Pas-de-Calais (10), les coûts ambulatoires représentaient 24,6 % des recours en soins, dont 15,2 % pour les soins de kinésithérapie. Le coût ambulatoire le plus élevé était retrouvé pour les formes progressives primaires, et les variables discriminantes étaient l’incapacité (EDSS) et le score fonctionnel pyramidal. 4 Taux de change couronne suédoise/euro au 21 septembre 2000. La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 Les soins et aides informels représentent une charge parfois importante pour l’entourage du patient, au détriment d’autres activités professionnelles ou de loisirs. Les différentes études montrent que le conjoint supporte l’essentiel de la charge de soins. Pour les patients français de l’étude de Murphy et al. (8), la durée quotidienne de l’aide informelle reçue par un patient était en moyenne de 18 minutes (1,0 ≤ EDSS ≤ 3,5), de 42 minutes (4,0 ≤ EDSS ≤ 6,0) et de 2 h 12 (EDSS ≥ 6,5), selon le degré d’incapacité. Dans l’étude Nord-Pas-de-Calais (10), la proportion de patients qui avaient recours à une aide dans la réalisation des actes de la vie courante était de 13 % (EDSS ≤ 3,0), 30 % (3,5 ≤ EDSS ≤ 5,5) et 65 % (EDSS ≥ 6,0). Le principal “aidant” consacrait en moyenne 9 h 24, 18 h 12 ou 18 h 54 hebdomadaires selon que le score EDSS du patient était inférieur à 3,5, entre 3,5 et 5,5 ou supérieur à 5,5. Dans l’étude multicentrique française réalisée chez des patients dont la SEP évoluait depuis moins de 3 ans (9), 13 % des patients avaient recours à une aide ménagère (salariée) et 51 % à une aide informelle pour les actes de la vie quotidienne (à cause de la maladie). Le coût médian des soins informels et des aides informelles était estimé à 271,10 €/mois pour les seuls patients qui en avaient bénéficié, avec des extrêmes allant de 16,15 à 1 938 €/patient/mois. Il participait pour 28 % au coût “total” (médiane) de la SEP. Le nombre d’heures d’aide informelle n’était pas corrélé au niveau d’incapacité (EDSS). En revanche, il était en moyenne de 4,4 heures hebdomadaires pour les femmes contre 1,2 heure pour les hommes. Dans l’étude belge de Carton et al. (14), la durée de l’aide informelle était en moyenne de 19 h 25/patient/28 jours (0 ≤ EDSS ≤ 2), de 60 h 50 (3 ≤ EDSS ≤ 5), de 130 h 54 (6 ≤ EDSS ≤ 7) et de 336 h 13 (8 ≤ EDSS ≤ 9), selon le niveau d’incapacité. Un quart des patients de l’étude suédoise de Henriksson et al. (13) bénéficiait d’aides informelles. La durée moyenne était de 30 heures hebdomadaires, c’est-à-dire environ 4 heures/jour. Le coût des soins informels était de 6 967,51 €/patient/an, soit 19,5 % du coût global (sauf perte de productivité). EMPLOI ET PRODUCTIVITÉ En France métropolitaine, parmi les 6 151 patients atteints de SEP et traités par interférons recensés par l’Assurance maladie au cours de l’année 2000, 24 % percevaient une pension d’invalidité, 36 % des indemnités journalières et 6 % avaient reçu suc175 M I S E A U cessivement les deux prestations (12). Quatre-vingt-quinze pour cent des patients étaient en affection longue durée, la moitié depuis au moins 3 ans. Sept pour cent bénéficiaient de la CMU5, avec de grandes disparités régionales (3 % en Alsace et 12,9 % en Aquitaine). Ce pourcentage est inférieur à celui de la population générale de même âge (8,5 %), mais s’explique par le fait que, si les patients perçoivent des allocations compensatrices comme l’allocation adulte handicapé, ils ne peuvent bénéficier de la Couverture médicale universelle (CMU). Dans l’étude conduite dans la Région Nord-Pas-de-Calais (10), 83 % des actifs eurent au moins un arrêt de travail durant l’année. Seuls 30 % des patients dont le score EDSS était inférieur à 3,5 déclaraient n’avoir subi aucune conséquence de la maladie sur leur vie professionnelle, contre 24 % pour les patients dont le score EDSS était compris entre 3,5 et 5,5, et 11 % pour les patients avec un EDSS supérieur à 5,5. La durée de la maladie pour chacun des trois groupes était respectivement de 6, 12 et 14 ans. Les pertes cumulées de salaire s’élevaient en moyenne à 482 029 francs sur 7 ans6. Près de la moitié des patients étaient inactifs (âge moyen 42 ans), dont 11 % en longue maladie et 27 % en invalidité. Pour les patients français de l’étude de Murphy et al. (8), le nombre de journées de travail perdues à cause de la SEP était en moyenne de 18,8 par patient et par trimestre pour les patients dont le score EDSS était compris entre 1 et 3,5 et de 44,3 par patient et par trimestre pour les patients dont le score EDSS était compris entre 4,0 et 6,0. U U T T O O - É É V V I. Lequel de ces 5 facteurs contribue le plus au coût total de la sclérose en plaques : a. un traitement par interféron b. le score d’incapacité EDSS c. la fréquence des poussées d. le sexe e. la durée de la maladie II. Quelles sont les affirmations exactes : a.le coût de la forme rémittente serait voisin de celui de la forme progressive,à niveau d’incapacité et de fréquence de poussées égal O I N T Dans l’étude multicentrique française (9), les trois quarts des patients s’étaient absentés à cause de leur maladie, avec une moyenne de 64 jours/an pour les patients actifs (médiane = 26), alors que leur maladie évoluait depuis moins de 3 ans. Plus du tiers des patients déclaraient avoir vu leurs revenus diminuer à cause de leur maladie, en particulier ceux dont le score d’incapacité EDSS était le plus élevé. L’incapacité physique est la première cause de chômage pour environ la moitié des patients. L’âge, le sexe, la durée de la SEP, la fatigue et l’existence de troubles cognitifs augmentent aussi le risque de perte d’emploi. CONCLUSION La comparaison des études médico-économiques est rendue difficile par les différences méthodologiques ainsi que les différences de prix et d’organisation médico-sociale d’un pays à l’autre. Leurs résultats convergent sur au moins quatre points. Le coût de la SEP est dominé par les coûts extérieurs au système de soins, notamment les pertes de productivité (congés maladie, retraites anticipées) et les soins informels apportés par les proches, le plus souvent le conjoint. Il augmente de façon plus rapide que l’incapacité. L’augmentation des coûts indirects apparaît pour des niveaux d’incapacité plus faibles que l’augmentation des coûts directs. L’adéquation entre l’importance des aides médico-sociales et le niveau de dépendance est insuffisante. ■ 5 La Couverture médicale universelle (CMU) est un dispositif permettant à toutes les personnes résidant en France et ne disposant pas de droits d’être affiliées à un régime obligatoire, et donc d’être prises en charge comme tous les assurés (Couverture maladie universelle de base : CMU de base) et de bénéficier, en cas de faibles ressources, d’une couverture complémentaire (CMU complémentaire) qui remplace l’aide médicale (AMD et AME) et d’une dispense d’avance des frais. 6 L’estimation des pertes cumulées de salaire est déduite en multipliant l’écart entre le salaire actuel du patient (les inactifs non représentés se voient affectés à un salaire nul) et le salaire dont il disposait au moment des dernières répercussions de sa maladie sur son activité professionnelle par le temps écoulé depuis cette dernière modification. A A P R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Vernet D, Gerbaud L, Biolay S et al. Qualité de vie et sclérose en plaques : validation de la version française francophone d’un auto-questionnaire, la SEP-59. Rev Neurol (Paris) 2000;156:247-63. A A L L U U A A T T I I O O N N b. les coûts informels sont plus élevés pour les femmes que pour les hommes c. dès les trois premières années de la sclérose en plaques, la moitié des patients a recours à des aides informelles d. les coûts intangibles de la sclérose en plaques peuvent être mesurés par l’échelle de qualité de vie SEP-59 e. les coûts intangibles représenteraient un quart à un tiers du coût total de la sclérose en plaques Résultats : 1 : a ; II : a, b, c, d, e. 176 La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 2. Kobelt G, Lindgren P, Parkin D et al. Costs and quality of life in multiple sclerosis. A cross-sectional observational study in the United-Kingdom. EFI Research Report. Stockholm: Stockholm School of Economics, 2000;n°398. 3. Kobelt G, Lindgren P, Smala A et al. Costs and quality of life in multiple sclerosis. A cross-sectional observational study in Germany. Health Econ Prevent Care 2001;2:60-8. 4. Henriksson F, Fredrikson S, Masterman T, Jönsson B. Costs, quality of life and disease severity in multiple sclerosis: a cross-sectional study in Sweden. Eur J Neurol 2001;8:27-35. 5. Amato MP, Battaglia MA, Caputo D et al., for the MuSIC Study Group. The costs of multiple sclerosis: a cross-sectional, multicenter cost-of-illness study in Italy. J Neurol 2002;249:152-63. 6. Kobelt G. Economic evidence in mutiple sclerosis. Eur J Health Econom 2004; (Suppl. 1):S54-S62. 7. Patwardhan MB, Matchar DB, Samsa GP et al. Cost of multiple sclerosis by level of disability: a review of literature. Mult Scler 2005;11(2):232-9. 8. Murphy N, Confavreux C, Haas J et al. and the Cost of Multiple Sclerosis Study Group. Economic evaluation of multiple sclerosis in the UK, Germany and France. Pharmacoeconomics 1998;13:607-22. La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 9. Grimaud J. Évaluation médico-économique de la prise en charge initiale des patients atteints de sclérose en plaques. Thèse : Méthodes d’analyses des systèmes de santé. Université Claude-Bernard-Lyon 1, 2005;n°108:300. 10. Marissal JP, Hautecœur P. Les répercussions économiques de la sclérose en plaques. Pathol Biol (Paris) 2000;48:139-50. 11. Tissot E, Rumbach L, Limat S et al. A cost-of-illness study of multiple sclerosis from a hospital’s perspective: preliminary results. Rev Neurol (Paris) 2000; 156(Suppl. 3):3S180. 12. Kazaz ES, Grisouard R, Zanni JL et al., le groupe médipath. Revue médicale de l’Assurance maladie 2003;34(3):147-56. 13. Henriksson F, Fredrikson S, Masterman T et al. Costs, quality of life and disease severity in multiple sclerosis: a cross-sectional study in Sweden. Eur J Neurol 2001;8:27-35. 14. Carton H, Loos R, Pacolet J et al. 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