Cancer, l`écologie de l`esprit (Partie 3/3)

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Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament »
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Cancer, l’écologie de l’esprit (Partie 3/3)
Author : Karine
Categories : Actualités, Anti-Stress, Blogs, Santé
Date : 2 juillet 2014
Le cancer est une maladie qui peut dépendre de nombreux facteurs. Dans le premier et le
deuxième article, nous avons vu qu’il existe des prédispositions génétiques mais que
notre environnement joue aussi un rôle protecteur crucial et plus particulièrement l’alimentation
et l’activité physique.
A cela s’ajoute notre capacité à savoir gérer les évènements difficiles de notre vie. En effet,
la manière dont nous rebondissons sur certains évènements de notre vie semble jouer aussi un
rôle important sur le développement du cancer.
Dans cette troisième partie, nous verrons comment la gestion du stress, si elle est inadéquate,
peut favoriser la carcinogénèse et la progression de la tumeur.
Stress et cancer, évidences scientifiques
Il est important de distinguer d’une part la relation entre la survenue d’un cancer et le stress et
d’autres part la relation entre le stress provoqué par le diagnostique d’un cancer et la mortalité
du cancer.
Concernant la relation entre la survenue d’un cancer et le stress de la vie quotidienne, de
nombreuses études faites sur les animaux montrent l’impact du stress sur l’immunité.
Le stress induit chez les animaux provoque une baisse de l’immunité cellulaire et des natural
killers (NK). Les cellules NK sont de véritables prédateurs hautement sélectifs qui en quelques
heures à peine tuent les cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines. Ce procédé
compose la réponse immunitaire dite TH1 qui est l’unique réponse efficace contre le cancer.
Toutefois jusqu’à ces dernières années, le niveau de preuves scientifiques de l’impact du stress
sur le cancer, chez l’être humain était relativement faible.
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Plus récemment une méta-analyse sur 165 études contrôlées, a conclu que le stress psychosocial est corrélé à une augmentation de l’incidence du cancer (1). La dépression semble être
un facteur clé pour ouvrir les portes de la maladie. Deux autres méta-analyses récentes relient la
dépression et l’isolement social à la diminution de la survie des malades cancéreux (2,3).
Une étude intéressante de David Spiegel montre que chez des femmes avec un cancer du sein
métastatique, celles dont la dépression a été traitée efficacement la première année, ont un taux
de survie deux fois meilleur que celles non traitées (Giese-Davis 2011).
Concernant l’impact du stress provoqué par le diagnostic de la maladie, les preuves
scientifiques semblent plus évidentes. De récents travaux ont montré que le stress
psychologique suite à l’annonce d’un cancer déprime l’immunité TH1 (notre immunité antitumorale). Toutefois cet impact peut être réduit par un support psycho-social adapté.
Une étude allemande a évalué les effets du soutien psychologique sur un groupe de malades
cancéreux comparé à un autre groupe contrôle de malades. A dix ans, la survie était
significativement meilleure dans le groupe avec soutien psychologique (21,3%) par rapport à
l’autre groupe (9,6%) (4).
Ce qu’il faut retenir de toutes ces études c’est que le stress, quelque soit son origine, provoque
une baisse de notre système immunitaire et en particulier de notre immunité innée TH1, celle qui
a un impact direct sur l’élimination des cellules de notre corps atteintes par une tumeur. Il est
donc important de ne pas minimiser l’impact du stress sur notre santé.
La gestion du stress permet d’augmenter la survie et réduire les
récidives
L’étude américaine de Barbara Andersen a inclut 227 personnes opérées d’un cancer du sein.
Le groupe de malade a été divisé de façon aléatoire en deux groupes avant de subir un
traitement (chimio, radiothérapie etc…) : le premier groupe a bénéficié de diverses approches
de gestion du stress, l’autre étant un groupe contrôle.
Le programme de gestion du stress était réalisé par petits groupes de 8 à 12 personnes. Il
comprenait une séance de gestion de stress d’une heure et demi par semaine les quatre
premiers mois puis une séance mensuelle les huit mois suivant. Chaque séance comprenait des
techniques de détente profonde, des discussions et des réflexions sur la recherche de solutions
liées aux problèmes psychologiques et pratiques tels que fatigue et douleurs. Les psychologues
ont également insisté sur les changements de style de vie incluant la nécessité d’une activité
physique régulière, d’une bonne alimentation et de l’utilisation de techniques de gestion du
stress.
La preuve de l’efficacité de ces stratégies a été confirmée jusqu’à 13 ans après le début
de la maladie, Plus de 80% des femmes qui avaient appris à gérer le stress ont survécu contre
60% dans le groupe contrôle (5).
La gestion du stress améliore le système immunitaire des malades,
l’exemple du programme de méditation mindfulness
Une autre étude particulièrement intéressante a été faite à l’université de Chicago chez 75
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femmes opérées d’un cancer du sein. Le groupe a été divisé en deux, comprenant un groupe
témoin et un groupe bénéficiant d’un programme de gestion du stress.
Le groupe traité a bénéficié d’un apprentissage de 8 semaines de techniques antistress et
méditatives de pleine conscience.
Avant de débuter l’expérience, le niveau de stress mesuré pas le dosage du cortisol et le
fonctionnement du système immunitaire (cellules immunitaires et cytokines) ont été évalués chez
chaque participante. Au départ, toutes les femmes avaient des valeurs perturbées avec des
valeurs de stress augmentées et une immunité affaiblie. Après les 8 semaines, les femmes qui
avaient appris à méditer avaient des scores de qualité de vie plus élevés et les niveaux de
cortisol étaient plus bas.
Plus intéressant, était l’étude de leur immunité montrant une récupération d’un profil
immunitaire d’une personne saine, avec une immunité cellulaire anti-cancer performante. A
contrario, les femmes du groupe témoin avaient gardé des valeurs de stress et d’immunité
perturbées (6).
Les techniques de méditation de pleine conscience ou encore appelées mindfulness présentent
des bénéfices considérables sur notre capacité à gérer notre stress et à prendre du recul par
rapport aux évènements qui composent notre vie. Ces techniques sont également très
performantes pour « booster » notre système immunitaire et notamment notre immunité cellulaire
qui nous protège du cancer. Ce ne sont pas les ouvrages qui manquent pour vous apprendre les
bases de la pleine conscience. Néanmoins, vous pouvez lire autant de livres que vous voulez,
seule la pratique compte ! Les ouvrages proposant des CD sont donc les mieux adaptés. Afin
d’enrichir et de stimuler votre pratique vous pouvez faire partie d’un groupe de pratique en
veillant toutefois à bien choisir votre enseignant. Ceci afin d’éviter toute dérive sectaire qui
s’établit souvent lorsque certaines techniques sont « à la mode ».
Qu'est-ce que le stress ?
De nos jours, s’il existe un lien évident entre stress et cancer, pouvoir évaluer son niveau de
stress n’est pas toujours si facile. En effet, chacun se dit stressé sans pour autant connaître son
niveau de stress ni les répercussions sur son état de santé. Le stress désigne un état particulier
qui ébranle l’équilibre de notre corps et qui survient souvent lorsque l’on a de la peine à
s’adapter aux évènements de notre vie. Si cette réaction physiologique est importante pour
nous permettre de faire face à des situations ponctuelles, elle devient néanmoins néfaste si elle
perdure dans le temps. Il s’agit alors d’un stress chronique qui est souvent difficile à repérer
tant il fait partie de notre quotidien. Parler du stress pourrait faire partie d’un article à part entière
et ce n’est pas l’objet de cet article sur le cancer. Néanmoins, il semble important d’apprendre
à se connaître afin de repérer les éléments stressants et surtout à mettre en place dans sa vie
des stratégies anti-stress tel que la pratique sportive, la pratique de techniques visant à diminuer
notre état de stress (méditation, cohérence cardiaque…), modifier votre style de vie… Vous
pouvez mesurer votre état de stress grâce au test de Cohen.
Conclusion
Le cancer est une maladie qui fait peur et dont l’incidence augmente inexorablement dans notre
société. La prévention du cancer ne dépend pas de la médecine, il est illusoire de croire que les
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bilans médicaux et les check-up de toutes sortes vont nous protéger de la survenue de cette
maladie.
Cet article en trois parties sur le cancer a été écrit pour vous redonner le pouvoir d’agir sur votre
état de santé même quand la maladie vous frappe. Les études scientifiques de ces dernières
années nous permettent d’évaluer l’impact énorme sur notre santé de certains changements de
style de vie tels qu’une alimentation saine de type méditerranéenne riches en fruits et légumes,
une activité physique quotidienne et une gestion du stress efficace (méditation, relaxation,
cohérence cardiaque, etc…) Ces approches sont bénéfiques à tous les niveaux autant en
prévention, qu’après la survenue de la maladie en association avec un traitement médical
adéquat. Dans cet article sciemment, aucune médecine alternative n’a été évoquée ni aucun
produit miracle particulier. Les recommandations que vous venez de lire concernent le socle
essentiel d’une prise en charge respectueuse de votre écologie physique et psychique.
Cette prise de conscience est capitale pour que ces quelques recommandations santé puissent
être mises en pratique. Chacun a sa part de responsabilités à jouer. Ces recommandations aussi
simples soient-elles ont des conséquences pour notre santé importantes, au-delà même de tous
ces produits commercialisés aux multiples vertus anti-cancer. Il est important de pouvoir se faire
accompagner par des thérapeutes compétents pour vous aider à mettre en place certains
changements contribuant à l’amélioration de votre état de santé. Néanmoins la prudence est de
mise face à toutes ces thérapies souvent très chères et qui sont proposées par des charlatants
dont la pratique reste souvent douteuse.
Dr. D'oro
Références :
1) « Do stress-related psychocial factors contribute to cancer incidence and survival » Chida Y,
Nature clinical practice oncology 2008 5 :466-475
2) « Depression as a predictor of disease progression and mortality in cancer patients : a metaanalysis » Satin, JR Cancer 2009 115 ; 5349-5361
3) « Associations of social networks with cancer mortality : a meta-analysis » Crit Rev Oncol
Hematol 2010, 75(2) :122-37
4) « Impact of psychoterapeutic support for patients with gastrointestinal cancer undergoing
surgery :10 year survivals results of a randomized trial » Kuchler T. Journal of clinical oncology.
July 1, 2007
5) « Psychological intervention improves survival for breast cancer patients » Anderson BL,
Cancer 2008 113 :3450-8
6) « Effect of mindfulness based stress reduction on immune function, quality of life and coping
in women newly diagnosed with early stage breast cancer » Witek-janusek, Brain Behavior and
Immunity, 2008 22 : 969-981
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