CMUB. N° de version: 01 Date d'application: 01/03/2002 Procédure Médecins Réf.: CMUB - 010 Pagination: 1/5 pages COLLEGE DE MEDECINE D’URGENCE DE BOURGOGNE Procédure N° 010 Rédacteurs Dr A. LEURET, SAU Chalon sur Saône Date 02/10/01 Validation Dr BRESSOT, Endocrinologie, CH Chalon sur Saône Approbation Source L’acido-cétose. Prise en charge aux urgences. Réan. Urg 1995, 4, 97-108 Collège des Diabétologues des Hôpitaux généraux 2/01 Applicable Médecins des urgences DECOMPENSATIONS DIABETIQUES CHEZ L’ADULTE OBJET : Préciser la prise en charge et les thérapeutiques des décompensations diabétiques. premières mesures I – ACCIDENT HYPOGLYCEMIQUE C’est une urgence thérapeutique, car la souffrance cérébrale est précoce. Une erreur par défaut est catastrophique. L’existence de troubles de conscience rend impossible l’apport du glucose per os. Diagnostic par glycémie capillaire < 0,50 g/l (toujours suivie d’un prélèvement veineux chez le malade) Mise en place d’une voie veineuse périphérique si possible (coma calme, veines accessibles) : 2 à 4 ampoules de 10 mL de G 30% IVD Relais par perfusion de G 10 % à la dose de 500 mL sur 6 H + Repas sucres lents CMUB. N° de version: 01 Date d'application: 01/03/2002 Procédure Médecins Réf.: CMUB - 010 Pagination: 2/5 pages Si le patient est en coma agité avec veines inaccessibles : GLUCAGON : 1 ampoule en IM ou SC = GLUCAGEN® (1 ampoule 1 mg) au besoin à renouveler 10 minutes après une première injection. Remarques : les hypoglycémies survenant chez des patients traités par antidiabétiques oraux nécessitent une surveillance en milieu hospitalier pendant 48 heures en raison du risque de récidive, la survenue d’un coma hypoglycémique chez un DID n’entraîne pas obligatoirement l’hospitalisation. Le malade peut rentrer chez lui à un certain nombre de conditions : il est sorti de son coma et ne présente aucun déficit neuropsychologique, a du sucre dans sa poche, il ne vit pas seul chez lui et ne rentre pas seul, il a du GLUCAGON chez lui et une tierce personne saurait le lui injecter, il est bien éduqué et pratique l’auto-surveillance glycémique, il sait l’erreur qu’il a commise à l’origine de ce coma hypoglycémique, enfin, il reconsultera dans les jours qui suivent son médecin traitant ou son spécialiste. IL NE FAUT PAS INTERROMPRE MAIS AU CONTRAIRE POURSUIVRE LE TRAITEMENT HABITUEL DU MALADE CMUB. N° de version: 01 Date d'application: 01/03/2002 Procédure Médecins Réf.: CMUB - 010 Pagination: 3/5 pages II – DECOMPENSATION ACIDOCETOSIQUE Deux buts : corriger le déficit en insuline reconstituer le capital hydro-électrolytique A – Insulinothérapie Dès la confirmation du diagnostic, on procède à la mise en route de l’insuline : ACTRAPID 0,1 à 0, 2 Ul/kg en bolus puis 0,1 U/kg/H au PSE que l’on adaptera ensuite en fonction des dextros horaires selon le protocole suivant : Glycémie g/L (mmol/l) 0,8 – 1 (4.4-5.4) 1- 1,5 (5.5-8.2) 1,5 – 2 (8.3-11.0) 2 – 2,5 (11.1-13.7) 2,5 – 3 (13.8-30.2) 3 – 3,5 (30.3-19.2) 3,5 – 4 (19.2-22.0) Insuline U/H 0,5 1 1,5 2 2,5 3 4 B – Hydratation Le déficit hydrique à compenser est en moyenne de 6 à 8 litres (dont la moitié sur les six premières heures) ; il varie en fonction du terrain et de l’état du malade. On débute la réhydratation par du NaCl 0.9% qu’on remplacera par du G5% dès que la glycémie sera redescendue en dessous de 2,5 g/l (=13,75 mmoles). On peut proposer le schéma suivant : 1 litre en 1 heure puis 1 litre en 2 heures puis 1 litre en 3 heures puis le reste sur les 18 heures suivantes (soit 1 litre toutes les 4 heures). CMUB. N° de version: 01 Date d'application: 01/03/2002 Procédure Médecins Réf.: CMUB - 010 Pagination: 4/5 pages Remarque : on passera des macromolécules (hydroxyléthylamidon ou gélatines) (500 cc) en cas d’hypotension artérielle initiale. C – Alcalinisation Si le pH est inférieur à 7,10, ne pas administrer de HC03- sans l’avis du réanimateur. D – Apports ioniques Potassium La correction de la déplétion potassique (qui est accentuée par l’administration d’insuline) doit être débutée dès la 2ème heure. Elle sera fonction de la kaliémie initiale. On peut proposer le schéma suivant : kaliémie > 5,5 mmol/L : pas KCl entre 3,5 et 5,5 : 1,5 g/l de KCl kaliémie < 3,5 : 3 g/l de KCl (1g KCl = 13 mmoles) Sodium Le déficit sodé sera partiellement corrigé par l’apport de sérum salé les premières heures. L’administration supplémentaire de NaCl n’est pas systématique et doit tenir compte de la natrémie corrigée (= natrémie mesurée + {(glycémie en g/L ) x 1,6}). E – Traitement de la cause déclenchante à rechercher Problème infectieux, chirurgical, cardiologique… CMUB. N° de version: 01 Date d'application: 01/03/2002 Procédure Médecins Réf.: CMUB - 010 Pagination: 5/5 pages F – Surveillance Un bilan biologique sera réalisé toutes les 3 heures pendant les six premières heures, puis toutes les six heures, afin d’adapter l’apport hydroélectrolytique. Il comportera un ionogramme sanguin et une gazométrie artérielle (si acidose < 7,10). Parallèlement, on contrôlera toutes les heures la glycémie capillaire et une bandelette urinaire pour glycosurie – acétonurie sera effectuée à chaque miction. III – DECOMPENSATION HYPEROSMOLAIRE Le but premier est la correction rapide de l’hypovolémie liée à la déshydratation. Dans la seconde phase, l’apport liquidien très progressif assure la correction lente du déficit hydrique global, la normalisation de l’osmolarité et de la glycémie. 1 – Réhydratation En cas de collapsus : remplissage vasculaire par macromolécules + amines vasoactives (surveillance et diurèse horaire), avis du réanimateur. 1 à 2 litres de sérum physiologique NaCl 0.9% sont administrés (IV) en 1 ou 2 heures jusqu’à une reprise de diurèse, à surveiller systématiquement. Sur les 22 ou 23 heures restantes, on administre 6 à 8 litres, sous forme de sérum physiologique tant que la glycémie est > 2, 50 g/l (= 13,75 mmoles). L’administration de G 5% est alors débutée lorsque la glycémie est inférieure ou égale à 2,50 g/l. 2 – Administration de potassium Elle est nécessaire, selon des modalités identiques à celle du traitement de l’acidocétose. CMUB. N° de version: 01 Date d'application: 01/03/2002 Procédure Médecins Réf.: CMUB - 010 Pagination: 6/5 pages 3 – Insulinothérapie Elle est pratiquée selon les mêmes schémas que dans le coma acidocétosique : Glycémie g/L (mmol/L) Insuline U/H 0,8 – 1 (4.4-5.4) 0,5 1 – 2,5 (5.5-13.7) 0,05 U/kg/H > 2,5 (13.8) 0,1 U/kg/H Pas plus de 5 U/h si glycémie < 3 g/L Cependant, les doses initiales sont réduites (sujets habituellement non insulino-dépendants, plus sensibles à l’Insuline). Le maintien d’une glycémie voisine de 2,5 g/l est essentiel pour éviter le développement d’un œdème cérébral. 4 – Autres mesures thérapeutiques L’héparinothérapie doit être systématique à titre préventif (HBPM), en l’absence de contre-indication formelle.