Introduction à l'Analyse Économique Sujet de juin 2015 – deuxième session Eléments de correction des éléments techniques du cours Exercice 1. Les coûts de l'entreprise en courte période (8 pts) En courte période, le coût variable d’une entreprise de vente ambulante de glaces sur la plage ne varie qu’en fonction de la 3 2 quantité produite Q, selon la relation : CV(Q) = Q – 5Q + 10Q. L’entreprise supporte aussi un coût fixe CF = 1 euro. Le prix de vente d’un cône trois boules de 10 euros. 1. Donner les formules de calcul du coût total, du coût moyen, des recettes totales, du coût marginal, du profit et du coût variable moyen de l’entreprise. Donner l’expression de ces coûts en fonction de Q. 2 CVM(Q) = CV(Q)/Q soit ici CVM(Q) = Q – 5Q + 10 CT(Q) = CF + CV(Q) soit ici CT(Q) = Q – 5Q + 10Q + 1 R=p*Q soit ici R = 10 * Q Cm(Q) = dCT(Q)/dQ soit ici Cm(Q) = 3Q – 10Q + 10 CM(Q) = CT(Q)/Q soit ici CM(Q) = Q – 5Q + 10 + 1/Q Profit = R – CT(Q) soit ici Profit = 9 – Q + 5Q – 10Q 3 2 2 2 3 2 2. Compléter le tableau ci-dessous. Q 1 CV 6 CT 7 CM 7 Cm 2 CVM 6 R 10 Profit 3 2 8 9 5 4 4 20 11 3 12 13 4 12 4 30 17 4 24 25 6 26 6 40 15 5 50 51 10 46 10 50 -1 3. Tracer sur un même graphique les courbes de recettes et de coût total. A partir de quel niveau de production l'entreprise réalise-t-elle un profit positif ? Recettes totales, coût total et profit 120 100 80 60 40 20 0 -20 1 2 3 4 5 6 -40 -60 R Profit CT L’entreprise réalise un profit positif entre 1 et 4 unités de production incluses. 4. Tracer sur le graphique ci-dessous le coût marginal, le coût moyen et le coût variable moyen de l’entreprise. Coût variable, coût moyen et coût variable moyen 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 1 2 3 CM Cm 4 5 CVM 5. Commenter la forme des courbes de présentatives du Cm et du CM : Commentaire : cf. cours, transparents 29-32 (voir aussi Luzi p. 106-107). 6. Le responsable du vendeur ambulant souhaite que celui-ci réalise au moins 5 allers-retours avant de pouvoir aller se baigner. Déterminer, à l’aide d’un raisonnement à la marge, pour quel nombre d’aller-retours sur la plage l’entreprise maximise son profit. Que se passera-t-il pour l’entreprise si le responsable impose quand même 5 allers-retours à son vendeur ? Imaginons que l’entreprise produit une quantité de biens telle qu’elle commence à réaliser un profit positif, soit 1 unité de bien. A-t-elle intérêt à produire une unité supplémentaire ? = augmenter marginalement sa production ? Si elle produit cette unité supplémentaire et produit Q = 2, elle va - Gagner le prix de vente d’une unité supplémentaire = 10 Perdre le surcoût engendré par la production de cette unité supplémentaire, soit Cm(Q=2) = 2. A la marge, comme ses gains dépassent ses coûts, elle va produire l’unité supplémentaire, et donc produire 2 unités de bien. A ce stade, a-t-elle intérêt à produire une unité supplémentaire ? Si elle produit cette unité supplémentaire Q = 3, elle va - Gagner le prix de vente d’une unité supplémentaire = 10 Perdre le surcoût engendré par la production de cette unité supplémentaire, soit Cm(Q=3) = 7 A la marge, comme ses gains dépassent ses coûts, elle va produire l’unité supplémentaire, et donc produire 3 unités de bien. A ce stade, a-t-elle intérêt à produire une unité supplémentaire ? Si elle produit cette unité supplémentaire et produit Q = 4, elle va - Gagner le prix de vente d’une unité supplémentaire = 10 Perdre le surcoût engendré par la production de cette unité supplémentaire, soit Cm(Q=4) = 18 Comme le coût marginal devient supérieur à la recette marginale (le prix), il n’est pas intéressant pour l’entreprise de produire 4 unités de bien. La production optimale de l’entreprise est donc égale à 3 unités de bien et le profit maximal est égal à 17 euros. Si le responsable s’entête à vouloir imposer 5 allers-retours au vendeur, elle va réaliser un profit inférieur au profil maximal (qui sera même négatif ici), avec Q = 5, soit P(Q=5) = -1 euros. Exercice 2. Le coût d’opportunité (8 pts) Soient deux pays A et B qui produisent deux biens X et Y comme résumé dans le tableau suivant : Nombre d'heures de travail nécessaires pour produire... Pays A Pays B 1 unité de bien X 100 50 1 unité de bien Y 5 1 A. Situation initiale : autarcie Les deux pays vivent en autarcie (ils n'échangent pas entre eux). Il y a 1.000 heures de travail disponibles dans chaque pays. On suppose qu'ils en consacrent tous les deux la moitié à chaque secteur. 1. Définir la notion d'avantage absolu. Dans cet exemple, l'un des deux pays dispose-t-il d'un tel avantage ? Un pays dispose d'un avantage absolu dans la production d'un bien par rapport à un autre pays s'il peut le faire plus efficacement (avec moins de facteurs de production). Ici, le pays B dispose d'un avantage absolu dans la production des deux biens car il lui faut 50 heures de moins que le pays A pour produire le bien X et 4 heures de moins que le pays A pour produire le bien Y. 2. Compléter le tableau et donner niveau de production mondial. Tableau 2.2. Production totale [AUTARCIE] Pays A Pays B Total Quantité de bien X produite 500/100 = 5 500/50 = 10 15 Quantité de bien Y produite 500/5 = 100 500/1 = 500 600 105 510 615 TOTAL Le niveau de production mondial est : 15 unités de bien X et 600 unités de bien Y. 3. Définir la notion de coût d'opportunité. Le coût d'opportunité donne la valeur d'une alternative exprimée en termes de la meilleure autre alternative possible. Ici, le coût d'opportunité d'une unité de bien X dans un pays donné est la valeur engendrée par le fait de consacrer les ressources nécessaires à la production de ce bien à la production du bien Y. En l'absence d'étalon monétaire, il s'exprime en termes de la quantité de bien Y que le pays considéré pourrait ainsi produire. 4. Calculer le coût d'opportunité des deux biens pour chacun des deux pays. Pour le pays A, produire 1 unité de bien X "coûte" 100h de travail alors que produire 1 unité de bien Y "coûte" 5 h de travail. Le 100 coût d'opportunité du bien X est donc de 𝐶𝑂𝑋𝐴 = = 20 unités de bien Y. Le coût d'opportunité du bien Y est de 𝐶𝑂𝑌𝐴 = 1 𝐴 𝐶𝑂𝑋 5 = 5 100 = 0,05 unités de bien X. Pour le pays B, le coût d'opportunité du bien X est de 𝐶𝑂𝑋𝐵 = Le coût d'opportunité du bien Y est de 𝐶𝑂𝑌𝐵 = 1 𝐵 𝐶𝑂𝑋 = 1 50 50 1 = 50 unités de bien Y. = 0,02 unités de bien X. Tableau 2.3. Coût d'opportunité Pays A Pays B Du bien X 20 50 Du bien Y 0,05 0,02 5. Expliquer le principe de l'avantage comparatif. Le principe de l'avantage comparatif établit que lorsque deux pays peuvent échanger, chacun a intérêt à se spécialiser dans la production du bien où, relativement à l'autre bien, il est plus efficace que l'autre pays. 6. Dans la production de quel(s) bien(s) chacun des deux pays dispose-t-il d'un tel avantage ? Ici, le pays B dispose d'un avantage comparatif dans la production du bien Y car 𝐶𝑂𝑌𝐵 < 𝐶𝑂𝑌𝐴 . À l'inverse, le pays A dispose d'un avantage comparatif dans la production du bien X car 𝐶𝑂𝑋𝐵 > 𝐶𝑂𝑋𝐴 . B. Spécialisation des deux pays et échange On suppose que les deux pays se spécialisent selon le principe des avantages comparatifs. 7. Quelle quantité de travail chaque pays doit consacrer à la production de chaque bien ? Complétez le tableau ci-dessous. Tableau 2.4. Temps consacré à la production de chaque bien 8. Pays A Pays B X 1000 0 Y 0 1000 Quelle est le nouveau niveau de production mondiale des deux biens ? Comparer par rapport à la situation initiale. Que pensez-vous de cette nouvelle situation ? Tableau 2.3. Production totale [SPECISATION 1] Pays A Pays B Total Quantité de bien X produite 1000/100 = 10 0 10 Quantité de bien Y produite 0 1000/1 = 1000 1000 TOTAL 10 1000 1010 La production totale mondiale augmente (elle passe de 615 unités produites à 1000 unités produites). La spécialisation selon le principe des avantages comparatifs permet l’augmentation de la production mondiale ; d’un point de vue agrégé, elle est donc bénéfique. Cependant, des inégalités distributives peuvent émerger, avec, par exemple ici, une diminution du nombre total de biens X produits et de la production du pays A. D’autres questions de nature dynamique peuvent se poser, comme la pertinence de la spécialisation durable dans des biens à faible valeur ajoutée (donc rémunération) ainsi que la gestion de la transition après spécialisation dans un monde en concurrence imparfaite où, notamment, le travail n’est pas un facteur de production mobile.