1140 - Natura 2000 Picardie

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Eaux marines et milieux à marées
Replats boueux ou sableux exondés
à marée basse
1140
CODE CORINE 14
Cet habitat générique correspond à la zone de balancement des
marées (estran), c’est-à-dire aux étages supralittoral (zone de
sable sec) et médiolittoral (zone de rétention et de résurgence).
Extrait du Manuel d’interprétation
des habitats de l’Union européenne
Remarques :
- la zone de saturation en eau correspond à la partie émergée de
l’étage infralittoral lors des basses mers moyennes et de viveseaux, elle sera traitée dans les « Bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine » (UE : 1110).
- les formations de Zostères qui peuvent être exposées pour
quelques heures pendant le cycle de marée sont de deux types :
• les herbiers à Zostera marina, traités dans les « Bancs de sable
à faible couverture permanente d’eau marine de l’infralittoral » (UE : 1110).
• les herbiers à Zostera noltii, traités avec les « Estuaires »
(UE :1130), car installés sur sédiment envasé.
Version EUR 15-1999
PAL. CLASS. : 14
Sables et vases des côtes océaniques, des chenaux et des
lagunes associées, non submergés durant la marée basse,
dépourvus de plantes vasculaires, mais habituellement
colonisés par des algues bleues et des diatomées. Ils ont
une grande importance comme lieux de gagnage d’anatidés et de limicoles. Les diverses communautés intertidales
d’invertébrés et d’algues qui les occupent peuvent servir
de critères aux subdivisions du 11.27. Les formations de
Zostères qui peuvent être exposées pour quelques heures
pendant le cycle de marée ont été répertoriées sous le code
11.3 et la végétation des eaux saumâtres des mares permanentes peut être répertoriée par le code 11.4.
Cet habitat est situé entre le niveau des pleines mers de vives-eaux
(PMVE) et le niveau moyen des basses mers (BMm). Sa variabilité est liée à l’amplitude des marées, aux profils topographiques
qui traduisent le mode (exposition aux forces hydrodynamiques,
vagues et houles…). Selon le mode d’exposition (battu ou abrité),
la taille du sédiment est très variable : des vases en milieux abrités aux milieux très battus représentés par des galets et cailloutis
à proximité des falaises rocheuses, ou par des sables dans les
zones de déferlement des houles (surf) le long des côtes dunaires
(Aquitaine par exemple). Cet habitat est largement distribué sous
ses différentes formes (habitats élémentaires) sur l’ensemble des
côtes françaises.
Note : les formations de Zostères (11.3) sont incluses dans ce type
d’habitat.
Des populations d’invertébrés très abondantes et diversifiées
participent à l’ensemble de la production de l’écosystème littoral. Elles constituent les proies d’une faune aquatique (crabes et
poissons) à marée haute, tandis qu’elles sont exploitées par les
oiseaux à marée basse. Il existe dans cet habitat de très fortes
potentialités de production secondaire.
Sur le plan économique et social, ces milieux ont une vocation
multiple et sans cesse renouvelée : halieutique (mytiliculture, vénériculture, cardiculture), touristique (plages), récréative
(pêche à pied), sportive (chars à voile…). D’autre part, ils font
aussi l’objet d’exploitations directes par extraction de sable (à
des fins de construction, pour l’agriculture…).
Parmi les menaces qui affectent cet habitat, on retiendra que les
apports croissants de matière organique sur le littoral (eutrophisation) se traduisent non seulement par des proliférations suivies
d’échouages massifs d’algues macrophytes (« marées vertes »),
mais aussi par des modifications qualitatives des peuplements.
Les effluents, traités ou non, les eaux usées, etc., participent aussi
à ce type de modifications. Cet habitat souffre périodiquement
d’échouages massifs d’hydrocarbures ou d’objet flottants de
toute sorte (macrodéchets).
Caractères généraux
La définition de l’habitat selon le manuel d’interprétation EUR
15 (1999) est amendée ci-dessous en fonction des facteurs
écologiques qui conditionnent les possibilités de survie des
organismes à marée basse. En effet, les peuplements intertidaux
d’invertébrés qui occupent cet habitat se diversifient en fonction
de deux principaux types de critères :
- les caractéristiques du sédiment, liées à l’hydrodynamisme ;
cela va des sédiments fins aux graviers et cailloutis, ce qui
est au-delà de la définition sensu stricto (replats boueux et
sableux) ;
- la pente (profil) des plages, qui autorise une plus ou moins
grande capacité de rétention de l’eau à basse mer.
Ce type de milieu n’héberge pas d’espèces marines protégées
au niveau national. Dans une optique de gestion, on recherchera
donc dans la directive « Oiseaux » la liste des espèces concernées (ZICO), leur présence constituant un indice de qualité du
milieu.
Cet habitat n’est le plus souvent évalué que par la « Qualité
des eaux de baignade », ce qui est totalement insuffisant et
une méthode du type indice biotique doit être mise en œuvre
largement. Pour tous les projets concernant les aménagements
conchylicoles, il est nécessaire de réaliser des études d’impact.
71
Eaux marines et milieux à marées
Dessins : Michel Salaün (Océanopolis).
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Eaux marines et milieux à marées
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Déclinaison en habitats élémentaires
Le système de zonation évoqué ci-avant ne s’applique ni aux
vases ni aux sables fins envasés (boueux) toujours saturés
d’eau et habités par la communauté à Macoma baltica, telle
qu’elle est décrite en estuaire (UE : 1130). En effet, il n’existe
pratiquement pas de sédiments envasés intertidaux qui ne
soient pas soumis à des conditions de dessalure.
Selon les caractéristiques sédimentaires, six habitats élémentaires
sont identifiés en mer à marées, dont quatre ont leur équivalent
en Méditerranée. En effet, les vastes espaces de balancement des
marées (estran) n’ont pas d’équivalent en Méditerranée.
Mer à marées
Méditerranée
- Sables des hauts de
plage à Talitres
- Sables
supralittoraux avec
ou sans laisses à
dessiccation rapide
- Galets et les cailloutis des hauts de plage à
Orchestia
- Laisses à
dessiccation lente
Étage
supralittoral
- Estrans de sable fin
- Sables dunaires
Étage
médiolittoral
- Estrans de sables
grossiers et graviers
- Sédiments
hétérogènes envasés
- Sables
médiolittoraux
- Sédiments
détritiques médiolittoraux
Bibliographie
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Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Sables des hauts de plage à Talitres
(façade atlantique)
1140
CODE CORINE 14
Caractères diagnostiques de l’habitat
Habitats associés ou en contact
Caractéristiques stationnelles
Contact supérieur avec la végétation annuelle des laisses de
mer (UE : 1210).
Contact inférieur avec les sables infralittoraux (UE : 1110).
Cet habitat occupe la zone correspondant à la haute plage, constituée des sables fins qui ne sont humectés que par les embruns.
Il s’agit d’un sable sec fluide, soumis à l’action éolienne, ou d’un
sable plus ou moins compact voire bulleux. L’humidification
peut affecter la couche de surface la nuit et disparaît sous
l’action du soleil.
Répartition géographique
Partout sur le littoral Manche-Atlantique.
Cette zone de laisses de mer est alimentée par des matières
organiques d’origines diverses : végétaux d’origine marine
(algues, Zostères...) ou terrestre (phanérogames, troncs),
organismes marins morts, notamment d’origine planctonique,
transportés par le vent (Velelles, Janthines), objets divers, biodégradables ou non, appelés communément macrodéchets.
Variabilité
Cette laisse de mer se déplace en fonction des coefficients de
marée (morte-eau, vive-eau) et des tempêtes. Son extension est
très variable ainsi que la nature des apports.
Espèces « indicatrices » du type d’habitat
Les algues en décomposition fournissent un couvert
garantissant le maintien d’une humidité et constitue
une source de nourriture pour les crustacés amphipodes du genre Talitrus. Ces Puces de mer sont de
véritables éboueurs recyclant tous les détritus organiques.
Dissimulés le jour dans des terriers juste sous la surface, les
Talitres sont sauteurs, très actifs la nuit, et fuient la marée
montante. Leur localisation est donc fonction du coefficient
de marée.
Valeur écologique et biologique
Zone de transition entre les milieux aquatique et terrestre et de
recyclage du matériel organique en épave.
Les Talitres (Talitrus saltator) sont accompagnés d’autres
espèces d’amphipodes (Talorchestia deshayesi, T. brito,
Orchestia gammarella…) et de l’isopode Tylos europaeus.
Aire de nourrissage pour de nombreux oiseaux : Gravelots
(Charadrius hiaticula, C. alexandrinus), Bécasseau variable
(Calidris alpina), Pipit maritime (Anthus petrosus), Tournepierre
à collier (Arenar+ia interpres)...
Selon la contamination en matière organique, on trouve aussi
des oligochètes enchytraeidés, des diptères Dolichopodidés
(asticots et pupes) et des coléoptères (Bledius spp).
Tendances évolutives
et menaces potentielles
Confusions possibles avec d’autres habitats
Aucune.
Ces hauts de plage sont fortement affectés par les rejets anthropiques et les dépôts de toute nature où dominent les hydrocarbures,
les engins de pêches (filets de Nylon, flotteurs en liège ou en plastique…) et l’ensemble des objets flottants comme les bouteilles
de verre ou de plastique et tout autre type de container. Ces objets
sont rassemblés sous le terme de « macrodéchets ». Cette zone fait
l’objet de nettoyages mécaniques qui ne se limitent pas seulement à l’élimination des macrodéchets non dégradables.
Correspondances biocénotiques
Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : I.2.1
Typologie Marine Biotopes (1996) : LGS Tal
Typologie EUNIS (1999) : A2.5
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Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Potentialités intrinsèques de production
Inventaires, expérimentations,
axes de recherche à développer
Elles sont loin d’être négligeables, étant donné les apports
importants provenant du champ d’algues des massifs rocheux
(Fucus et Laminaires) qui sont recyclés au niveau de ces hauts
de plage grâce au travail des crustacés détritivores.
Les transferts d’énergie au niveau des hauts de plage sont rarement pris en compte.
Bibliographie
Cadre de gestion
BACHELET G. et al., 1997.
CONNOR D.W. et al., 1996.
FAURE G., 1971.
LAFON M., 1953.
LAGARDÈRE J.P., 1966.
SALVAT B., 1967.
Limiter les nettoyages aux seuls macrodéchets en évitant l’utilisation de moyens mécaniques lourds. Ces zones constituent également des lieux d’accès aux plages pour des engins motorisés
de loisir ou de travail (conchyliculture) ; la maîtrise des accès
des véhicules sur ces secteurs doit être organisée.
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Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Galets et cailloutis des hauts de plage
à Orchestia (façade atlantique)
1140
CODE CORINE 14
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles
Cet habitat subit fortement l’influence de la marée et se trouve le
plus souvent sous le vent des obstacles comme les affleurements
rocheux ou les brise-lames. Il est composé essentiellement de
galets des hauts de plage qui retiennent dans leurs intervalles des
débris végétaux rejetés en épaves et qui conservent toujours une
grande humidité. La zone n’est humectée que par les embruns et
par le haut des vagues lors de tempêtes.
Variabilité
Elle est liée aux sources de débris végétaux et aux tailles des
galets et des cailloutis. L’habitat peut descendre à des niveaux
inférieurs, à condition que les particules fines ne soient pas
importantes. Il peut être affecté par la dessalure.
Espèces « indicatrices » du type d’habitat
Valeur écologique et biologique
L’habitat est avant tout caractérisé par des populations très
abondantes d’amphipodes du genre Orchestia. Elles sont
accompagnées de deux espèces de gastéropodes pulmonés :
Ovatella bidentata et Truncatella subcylindrica.
Zone de transition entre les milieux aquatique et terrestre et de
recyclage du matériel organique en épave.
Aire de nourrissage des oiseaux : Tournepierre à collier
(Arenaria interpres), Grand gravelot (Charadrius hiaticula),
Bécasseau variable (Calidris alpina), Pipit maritime (Anthus
petrosus)...
Confusions possibles avec d’autres habitats
Avec les sables fins à Talitres (fiche : 1140-1) qui peuvent apparaître en continuum granulométrique.
Tendances évolutives
et menaces potentielles
Correspondances biocénotiques
Typologie Marine Biotopes (1996) : LGS Pec (Pectenogammarus
planicrurus)
Comme pour l’habitat élémentaire précédent, il s’agit d’une zone
d’accumulation des macrodéchets et les points d’échouages privilégiés du matériel flottant sont bien connus. Ce type de rivage
(grève) n’étant pas spécialement recherché par les touristes, il
ne fait pas l’objet d’un nettoyage systématique. C’est aussi une
zone de ruissellement d’eaux qui peuvent être polluées, témoin
des activités du milieu terrestre attenant.
Typologie EUNIS (1999) : A2.5
Habitats associés ou en contact
Contact supérieur : cordons de galets avec la végétation
annuelle des laisses de mer (UE : 1210) et végétation annuelle à
Salicornia (UE : 1420).
Potentialités intrinsèques de production
Contact inférieur : sables infralittoraux (UE : 1110).
Elles sont réelles, étant donné que les organismes détritivores
recyclent la plus grande partie des macrophytes échoués et piégés sur ces sites caillouteux.
Répartition géographique
Partout sur le littoral Manche-Atlantique.
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Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Cadre de gestion
Bibliographie
Pour cette zone d’accumulation de macrodéchets, étant donné
la faible fréquentation touristique, la non-intervention est
recommandée. Dans certains cas, en effet, les traitements
après échouages s’avèrent plus destructeurs que les polluants
eux-mêmes.
BACHELET G. et al., 1997.
CONNOR D.W. et al., 1996.
FAURE G., 1971.
LAFON M., 1953.
LAGARDÈRE J.P., 1966.
SALVAT B., 1967.
Inventaires, expérimentations,
axes de recherche à développer
Les transferts d’énergie au niveau de ces hauts de plages sont
très mal connus.
77
Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Estrans de sable fin (façade atlantique)
1140
CODE CORINE 14
Caractères diagnostiques de l’habitat
Les sables moyens et grossiers du mode battu à amphipodes fouisseurs et Nephtys cirrosa. Ces sables sont
très mobiles et fortement drainés, ce qui explique la
quasi-absence de bivalves. Aux amphipodes du genre
Bathyporeia se joignent les représentants des genres
Pontocrates et Haustorius, ainsi que l’isopode Eurydice
pulchra. Trois polychètes tolèrent bien cette instabilité
sédimentaire : Nerine cirratulus (= Scolelepis squamata),
Nerine bonnieri, Nephtys cirrosa, auxquels se joint plus
rarement le bivalve Mesodesma corneum.
Caractéristiques stationnelles
Cet habitat se présente sous forme de vastes étendues sableuses
de très faible pente où les houles déferlent (littoral « rectiligne »
d’Aquitaine ou de Picardie). À l’opposé, lorsque ces estrans
relient des pointes rocheuses et sont d’étendue plus restreinte
(côte nord de Bretagne), la pente peut être plus accentuée
(littoral « festonné »).
L’estran passe par des alternances d’immersion et d’émersion en
fonction du régime marégraphique. À basse mer, l’eau descend
par gravité (« eau de gravité »), par contre « l’eau de rétention »,
adsorbée autour des grains de sable, peut être retenue. On assiste
donc à une importante circulation interstitielle qui est beaucoup
plus liée au profil de plage qu’au niveau même de la marée
(il s’agit bien du médiolittoral). Ce profil, défini par les conditions hydrodynamiques, varie saisonnièrement. Sa pente traduit
le mode d’exposition : battu ou abrité.
Confusions possibles avec d’autres habitats
Il n’y a pas de confusion possible.
Correspondances biocénotiques
Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : II.3.3, II.3.1
Il peut être brisé, et l’eau qui ruisselle sur la plage en continuité
avec la nappe phréatique (située sous le cordon dunaire) définit la
zone de résurgence, où la salinité est généralement inférieure.
Typologie Marine Biotopes (1996) : LMS Pcer, LMSAP Ang,
LGS AEur, LGS Apsco
Typologie EUNIS (1999) : A2.2
Plus bas sur la plage (au niveau des basses mers de morte-eau)
apparaît la zone de saturation qui, même à marée basse, garde
son eau de gravité et son eau de rétention. Ces conditions, même
en milieu intertidal, ne sont pas différentes de celles de l’étage
infralittoral (UE : 1110).
Habitats associés ou en contact
À la partie supérieure : contact avec les sables de hauts de
plage à Talitres (fiche : 1140-1).
À la partie inférieure : contact avec les sables infralittoraux
(UE : 1110).
Variabilité
Dans cette zone de rétention, la distribution des espèces est liée à
la stabilité sédimentaire : des sables fins légèrement envasés (de
2 % à 5 %) et bien stabilisés aux sables moyens mobiles et bien
drainés.
Dans des conditions d’hydrodynamisme décroissant : contact
avec les estuaires (UE : 1130).
Répartition géographique
Espèces « indicatrices » du type d’habitat
Partout sur le littoral Manche-Atlantique.
Les espèces se relaient le long d’un gradient d’hydrodynamisme
à ce niveau croissant sans qu’il soit réellement possible de séparer de véritables communautés. Pour illustrer ce gradient, il est
cependant possible de signaler les faciès les plus courants.
Les sables fins légèrement envasés à Cerastoderma edule
(bivalve) et petites polychètes (Spio martinensis, Scoloplos
armiger). En la présence d’Arenicola marina, ce faciès abrité
peut être en continuité directe avec les sédiments envasés
d’estuaires (peuplements à Macoma baltica). Il peut aussi
être recouvert par des herbiers de Zostère naine (Zostera noltii). Ceux-ci hébergent des espèces marines telles Littorina
littorea, Akera bullata, Bittium reticulatum (gastéropodes), Venerupis pullastra et Paphia (= Tapes) aurea
(bivalves), etc., et le crabe Carcinus maenas. Les sables
fins à amphipodes fouisseurs et Tellina tenuis des milieux
semi-abrités. Les amphipodes fouisseurs (à marée basse)
constituent l’essentiel du peuplement et appartiennent
à de nombreuses espèces, essentiellement des genres
Bathyporeia et Urothoe. Ces sables peu mobiles hébergent
des populations abondantes de bivalves (Tellina tenuis et
T. fabula). La présence des bivalves Donax trunculus et
D. vittatus signale que l’on passe au mode battu (sables de
déferlage).
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Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Les estrans de sables fins sont aussi le lieu d’implantation d’importantes installations mytilicoles (bouchots). Leur maintien et
leur développement peuvent être parfois source de conflits.
Valeur écologique et biologique
Habitat à forte valeur écologique et biologique étant donné le
nombre et l’abondance des espèces concernées. La base de la
chaîne trophique repose sur les multitudes de petits crustacés
trouvant une nourriture abondante dans la mince couche d’eau à
marée haute (phytoplancton, détritus…) et présentant un développement rapide. Les populations très abondantes de crustacés,
polychètes et bivalves constituent une source de nourriture
importante pour les poissons et les crustacés à marée haute et
les oiseaux à marée basse. Parmi ces derniers, deux espèces
sont très caractéristiques de cet habitat : le Bécasseau sanderling
(Calidris alba) et le Gravelot à collier interrompu (Charadrius
alexandrinus).
L’exploitation directe du sable à des fins d’amendements est
autorisé dans certaines régions (cultures de carottes…).
Les loisirs sportifs (char à voile, cerf-volant…) constituent des
menaces potentielles pour les oiseaux exploitant cet habitat.
Potentialités intrinsèques de production
Aire de nourrissage importante pour les juvéniles de poissons
plats à marée haute.
Tendances évolutives
et menaces potentielles
Cadre de gestion
Veiller à la compatibilité entre la préservation de l’habitat et les
activités humaines (aquaculture, tourisme).
Aujourd’hui, cet habitat est directement menacé par
l’eutrophisation qui se manifeste de manière plus ou moins
visible.
Mieux gérer les flux de contaminants venant des bassinsversants.
L’augmentation des apports de matières organiques sur le littoral,
d’origine urbaine et agricole, peut se traduire sur ces estrans par une
prolifération massive d’algues vertes (Monostroma, Ulva,
Enteromorpha…). Ces milieux sont le plus souvent baignés
d’eaux claires qui permettent aux algues de se développer une
fois détachées du fond. Leurs échouages, appelés « marées vertes », sont variables selon les années (pluviosité…) et selon les
coefficients de marée. Apparues au début des années 70, elles
sont de plus en plus abondantes et étalées dans le temps.
Organiser la circulation des véhicules sur ces zones.
Inventaires, expérimentations,
axes de recherche à développer
L’ensemble des phénomènes décrits sous le nom d’eutrophisation
mériterait d’être étudié de façon méthodique, d’autant plus que
l’évolution des impacts directs des marées vertes demeure très
mal connue.
Ces dépôts d’algues en décomposition modifient le peuplement
originel au bénéfice de polychètes opportunistes et au détriment
des amphipodes. Il est possible de décrire des épisodes d’anoxie
mortelle pour la faune accompagnés de dégagements ultérieurs
d’hydrogène sulfuré (Ménesguen et al., 1997).
Sur chaque site, la capacité nutritive du milieu devrait
être étudiée. On a en effet déterminé des seuils à partir desquels l’aquaculture induit pour elle-même et pour
les autres activités des effets négatifs. De ce fait, il existe des
schémas départementaux visant à limiter les quantités d’animaux en culture pour qu’elles soient en rapport avec la capacité
nutritive du milieu.
Au-delà de ces manifestations très voyantes de l’eutrophisation, les apports excédentaires de matière organique peuvent se
traduire par une modification qualitative des peuplements beaucoup plus insidieuse, avec perte d’espèces sensibles au bénéfice
d’espèces opportunistes (Glémarec et Hily, 1997).
Par ailleurs, l’habitat est exposé à d’autres types de menaces
dont les plus immédiates sont présentées ci-après.
Bibliographie
Ces estrans font l’objet d’une exploitation par la pêche à pied.
Deux sont concernés : les coquillages – Coques et Donax (Olives
de mer) – et les vers utilisés comme appâts pour la pêche à la
ligne – Arénicoles, Gravettes (Nephtys), etc. La destruction des
tubes et des galeries provoque une déstructuration de l’habitat et
une modification des équilibres géochimiques.
DAUVIN J.-C., 1997.
GLÉMAREC M. et HILY C., 1997.
HILY C. et GUILLAUD J.-F., 1997.
MÉNESGUEN A. et al., 1997
79
Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
Sables dunaires (façade atlantique)
1140
CODE CORINE 14
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles
Dans la zone intertidale, le courant de marée crée, des accumulations de sables de type dunaire où le drainage est intense. Ces
sables mobiles peuvent être façonnés de ripple-marks de taille
variable. Ce sont des substrats très mous dans lesquels l’homme
s’enfonce.
Ces dunes forment des reliefs sur les plages de sable fin
uniformes ou apparaissent comme des zones d’accumulation
dans les méandres de chenaux de marée.
Variabilité
La nature granulométrique du substrat est variable : sables fins,
moyens et grossiers.
Espèces « indicatrices » du type d’habitat
Cet habitat est caractérisé par des polychètes fouisseurs très
mobiles, les Ophéliidés, dont les représentants varient selon
la granulamétrie du sédiment :
Valeur écologique et biologique
- sables fins : Ophelia ratkei ;
Habitat présentant une très faible diversité, mais une grande originalité. Il héberge des espèces qui ne vivent que dans ce type
de sédiment particulier. Certains poissons plats comme le Turbot
(Psetta maxima) y trouvent leur nourriture.
- sables moyens : Ophelia bicornis ;
- sables grossiers : Ophelia neglecta, Travisia forbesi.
A ceux-ci peuvent se joindre l’amphipode Haustorius arenarius, le Lançon (Ammodytes tobianus), le crabe Thia scutellata et le bivalve Spisula spisula.
Tendances évolutives
et menaces potentielles
Confusions possibles avec d’autres habitats
Habitat très original ne présentant aucun risque de confusion,
étant donné la grande spécificité des espèces qui le caractérisent.
Étant donné la mobilité des grains de sable les uns par rapport
aux autres, cet habitat ne peut être détérioré, sauf s’il fait l’objet
d’une exploitation directe.
Correspondances biocénotiques
Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : II.3.2
Cadre de gestion
Répartition géographique
Modes de gestion recommandés
Habitat rare et très localisé, de taille restreinte, connu sur le
littoral Manche-Atlantique. Amoureux (1966) dresse la liste des
sables dunaires moyens à Ophelia bicornis pour l’ensemble de
du littoral Atlantique.
Compte tenu de son originalité, cet habitat élémentaire mérite
une attention particulière. Si la pêche au Lançon (Ammodytes
spp.) ne présente pas de risque pour ce type de milieu, l’exploitation directe du sable est à interdire.
Inventaires, expérimentations,
axes de recherche à développer
Recherche de cet habitat sur l’ensemble du littoral, les dunes de
sables fins et de sables grossiers sont, en effet, très peu inventoriées à ce jour.
Bibliographie
AMOUREUX L., 1966.
CHASSÉ C., 1972.
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