Eaux marines et milieux à marées Replats boueux ou sableux exondés à marée basse 1140 CODE CORINE 14 Cet habitat générique correspond à la zone de balancement des marées (estran), c’est-à-dire aux étages supralittoral (zone de sable sec) et médiolittoral (zone de rétention et de résurgence). Extrait du Manuel d’interprétation des habitats de l’Union européenne Remarques : - la zone de saturation en eau correspond à la partie émergée de l’étage infralittoral lors des basses mers moyennes et de viveseaux, elle sera traitée dans les « Bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine » (UE : 1110). - les formations de Zostères qui peuvent être exposées pour quelques heures pendant le cycle de marée sont de deux types : • les herbiers à Zostera marina, traités dans les « Bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine de l’infralittoral » (UE : 1110). • les herbiers à Zostera noltii, traités avec les « Estuaires » (UE :1130), car installés sur sédiment envasé. Version EUR 15-1999 PAL. CLASS. : 14 Sables et vases des côtes océaniques, des chenaux et des lagunes associées, non submergés durant la marée basse, dépourvus de plantes vasculaires, mais habituellement colonisés par des algues bleues et des diatomées. Ils ont une grande importance comme lieux de gagnage d’anatidés et de limicoles. Les diverses communautés intertidales d’invertébrés et d’algues qui les occupent peuvent servir de critères aux subdivisions du 11.27. Les formations de Zostères qui peuvent être exposées pour quelques heures pendant le cycle de marée ont été répertoriées sous le code 11.3 et la végétation des eaux saumâtres des mares permanentes peut être répertoriée par le code 11.4. Cet habitat est situé entre le niveau des pleines mers de vives-eaux (PMVE) et le niveau moyen des basses mers (BMm). Sa variabilité est liée à l’amplitude des marées, aux profils topographiques qui traduisent le mode (exposition aux forces hydrodynamiques, vagues et houles…). Selon le mode d’exposition (battu ou abrité), la taille du sédiment est très variable : des vases en milieux abrités aux milieux très battus représentés par des galets et cailloutis à proximité des falaises rocheuses, ou par des sables dans les zones de déferlement des houles (surf) le long des côtes dunaires (Aquitaine par exemple). Cet habitat est largement distribué sous ses différentes formes (habitats élémentaires) sur l’ensemble des côtes françaises. Note : les formations de Zostères (11.3) sont incluses dans ce type d’habitat. Des populations d’invertébrés très abondantes et diversifiées participent à l’ensemble de la production de l’écosystème littoral. Elles constituent les proies d’une faune aquatique (crabes et poissons) à marée haute, tandis qu’elles sont exploitées par les oiseaux à marée basse. Il existe dans cet habitat de très fortes potentialités de production secondaire. Sur le plan économique et social, ces milieux ont une vocation multiple et sans cesse renouvelée : halieutique (mytiliculture, vénériculture, cardiculture), touristique (plages), récréative (pêche à pied), sportive (chars à voile…). D’autre part, ils font aussi l’objet d’exploitations directes par extraction de sable (à des fins de construction, pour l’agriculture…). Parmi les menaces qui affectent cet habitat, on retiendra que les apports croissants de matière organique sur le littoral (eutrophisation) se traduisent non seulement par des proliférations suivies d’échouages massifs d’algues macrophytes (« marées vertes »), mais aussi par des modifications qualitatives des peuplements. Les effluents, traités ou non, les eaux usées, etc., participent aussi à ce type de modifications. Cet habitat souffre périodiquement d’échouages massifs d’hydrocarbures ou d’objet flottants de toute sorte (macrodéchets). Caractères généraux La définition de l’habitat selon le manuel d’interprétation EUR 15 (1999) est amendée ci-dessous en fonction des facteurs écologiques qui conditionnent les possibilités de survie des organismes à marée basse. En effet, les peuplements intertidaux d’invertébrés qui occupent cet habitat se diversifient en fonction de deux principaux types de critères : - les caractéristiques du sédiment, liées à l’hydrodynamisme ; cela va des sédiments fins aux graviers et cailloutis, ce qui est au-delà de la définition sensu stricto (replats boueux et sableux) ; - la pente (profil) des plages, qui autorise une plus ou moins grande capacité de rétention de l’eau à basse mer. Ce type de milieu n’héberge pas d’espèces marines protégées au niveau national. Dans une optique de gestion, on recherchera donc dans la directive « Oiseaux » la liste des espèces concernées (ZICO), leur présence constituant un indice de qualité du milieu. Cet habitat n’est le plus souvent évalué que par la « Qualité des eaux de baignade », ce qui est totalement insuffisant et une méthode du type indice biotique doit être mise en œuvre largement. Pour tous les projets concernant les aménagements conchylicoles, il est nécessaire de réaliser des études d’impact. 71 Eaux marines et milieux à marées Dessins : Michel Salaün (Océanopolis). 72 Eaux marines et milieux à marées CONNOR D.W., BRAZIER D.P., HILL T.O., HOLT R.H.F., NORTHEN K.O. et SANDERSON W.G., 1996 - Marine Nature Conservation Review : marine biotopes. A working classification for the British Isles. Version 96.7, Joint Nature Conservation Committee, Peterborough. 340 p. COSTA S. et PICARD J., 1958 - Recherches sur la zonation et les biocénoses des grèves de galets et de graviers des côtes méditerranéennes. Rapport et procès-verbaux des réunions CIESMM, 14 : 449-451. DAUVIN J.-C. (éd.), 1997 - Les biocénoses marines et littorales françaises des côtes Atlantique, Manche et mer du Nord. Synthèse, menaces et perspectives. Collection Patrimoines naturels, volume 28. Laboratoire de biologie des invertébrés marins et malacologie - Service du patrimoine naturel / IEBG / MNHN, Paris, 376 p. DAUVIN J.-C., BOUCHER P., GOFAS S., BOUDOURESQUE F. et BELLAN-SANTINI D., 1996 - Marine invertebrates of the french coasts and their conservation. Special issue of the Bern Convention, Colloquium on Conservation, Management and Restoration of Habitats for Invertebrates : enhancing biological diversity, Killarney, Ireland, 2629 May 1996. Strasbourg, 25 July 1996, T-PVS (96)51 : 5-19. DE BEAUCHAMP P., 1914 - Les grèves de Roscoff. Lhomme éd., Paris, 270 p. DEWARUMEZ J.-M., 1990 - Benthos subtidal. In Étude de surveillance écologique et halieutique du site de Gravelines (novembre 1988-octobre 1989). Rapport IFREMER pour EDF. DRO/90.12/ EL : 75-120. FAURE G., 1971 - Contribution à l’étude bionomique et écologique des peuplements des plages de l’île de Ré (côte atlantique française). Thétys, 3 : 619-637. GLÉMAREC M., 1994 - Classification of soft habitats in the Gulf of Gascony and English Channel. In Proceeding of a Biomar-Life workshop. Éd. K. Hiscock : 102-105. GLÉMAREC M. et HILY C., 1997 - Variabilité naturelle et perturbations anthropiques des écosystèmes sédimentaires - « De la tolérance à l’opportunisme ? ». In DAUVIN J.-C. (éd.), Les biocénoses marines et littorales françaises des côtes Atlantique, Manche et mer du Nord : 278-281. GUILLOU J., 1980 - Les peuplements de sables fins du littoral nordGascogne. Thèse de 3e cycle, université de Bretagne occidentale, Brest, 209 p. HILY C. et GUILLAUD J.-F., 1997 - Les rejets urbains en mer. In DAUVIN J.-C. (éd.), Les biocénoses marines et littorales françaises des côtes Atlantique, Manche et mer du Nord : 206-211. HISCOCK K., 1991 - Benthic ecosystems in Great Britain : a review of current knowledge. Introduction and atlantic-european perspective. Marine Conservancy Council. CSD report n° 1171. MNCR/OR/1006. Peterborough, Nature Conservancy Council, 94 p. LAFON M., 1953 - Recherches sur les sables côtiers de la BasseNormandie et sur quelques conditions de leurs peuplements zoologiques. Annales de l’Institut océanographique, 28 : 140-161. LAGARDÈRE J.P., 1966 - Recherche sur la biologie et l’écologie de la macrofaune des substrats meubles de la côte des Landes et de la côte basque. Bulletin du Centre d’études et de recherches scientifiques de Biarritz, 6 : 143-209. LE MOAL Y., 1993 - Variabilité spatio-temporelle interannuelle des populations de Donax en baie de Douarnenez. Bulletin d’écologie, 24 : 75-77. MASSÉ H., 1971- Contribution à l’étude quantitative et dynamique de la macrofaune des peuplements des sables fins infralittoraux des côtes de Provence. Thèse d’État, université d’Aix-Marseille, 310 p. McLACHAN A. et TURNER I., 1994 - The interstitial environment of sandy beaches. PSZNI Mar. Ecol., 15 : 177-211. McLUSKY D.S., DESPREZ M., BRICHE N., DUHAMEL S., RYBARCZYK H. and ELKAIM B., 1996 - The benthic production of the Baie de Somme, France. In ELEFTHERIOU A., ANSELL A.D. et SMITH C.J. (eds), Biology and ecology of Shallow coastal waters. 28th EMBS Olsen & Olsen : 225-231. PÉRÈS J.-M. et PICARD J., 1964 - Nouveau manuel de bionomie benthique de la mer Méditerranée. Recueil des travaux de la station marine d’Endoume, 31 : 1-147. MÉNESGUEN A., PIRIOU J.-Y., DION P. et AUBY I., 1997 Les « marées vertes », un exemple d’eutrophisation à macroalgues. In DAUVIN J.-C. (éd.), Les biocénoses marines et littorales françaises des côtes Atlantique, Manche et mer du Nord : 212-218. SALVAT B., 1967 - La macrofaune carcinologique endogée des sédiments meubles intertidaux (tanaïdacés, isopodes et amphipodes), Ethologie, bionomie et cycle biologique. Mémoires du Muséum national d’histoire naturelle, Série A, Zoologie, 45 : 1-275. Déclinaison en habitats élémentaires Le système de zonation évoqué ci-avant ne s’applique ni aux vases ni aux sables fins envasés (boueux) toujours saturés d’eau et habités par la communauté à Macoma baltica, telle qu’elle est décrite en estuaire (UE : 1130). En effet, il n’existe pratiquement pas de sédiments envasés intertidaux qui ne soient pas soumis à des conditions de dessalure. Selon les caractéristiques sédimentaires, six habitats élémentaires sont identifiés en mer à marées, dont quatre ont leur équivalent en Méditerranée. En effet, les vastes espaces de balancement des marées (estran) n’ont pas d’équivalent en Méditerranée. Mer à marées Méditerranée - Sables des hauts de plage à Talitres - Sables supralittoraux avec ou sans laisses à dessiccation rapide - Galets et les cailloutis des hauts de plage à Orchestia - Laisses à dessiccation lente Étage supralittoral - Estrans de sable fin - Sables dunaires Étage médiolittoral - Estrans de sables grossiers et graviers - Sédiments hétérogènes envasés - Sables médiolittoraux - Sédiments détritiques médiolittoraux Bibliographie AMOUREUX L., 1966 - Étude bionomique et écologique de quelques annélides polychètes des sables intertidaux des côtes ouest de la France. Doctorat en sciences naturelles, université de Paris, 217 p. BACHELET G. et DAUVIN J.-C., 1993 - Distribution quantitative de la macrofaune benthique des sables intertidaux du bassin d’Arcachon. Oceanologica Acta, 16 : 83-97. BACHELET G., DESPREZ M., DAVOULT D. et DEWARUMEZ J.-M., 1997 - Substrats meubles intertidaux - Atlantique, Manche et mer du Nord. In DAUVIN J.-C. (éd.), Les biocénoses marines et littorales françaises des côtes Atlantique, Manche et mer du Nord, synthèse, menaces et perspectives. Laboratoire de biologie des invertébrés marins et malacologie - Service du patrimoine naturel / IEBG / MNHN, Paris : 57-64. BELLAN-SANTINI D., LACAZE J.C. et POIZAT C. (éd.), 1994 - Les biocénoses marines et littorales de Méditerranée. Synthèse, menaces et perspectives. Collections Patrimoines naturels, volume 19. Secrétariat de la faune et de la flore / MNHN, 246 p. BELLAN-SANTINI D., PICARD J. et ROMAN M.-L., 1984 Contribution à l’étude des peuplements des invertébrés des milieux extrêmes. II. Distribution des crustacés de la macrofaune des plages du delta du Rhône. Ecologia mediterranea, 10(3-4) : 1-7. BIGOT L., PICARD J. et ROMAN M.-L., 1982 - Contribution à l’étude des peuplements des invertébrés des milieux extrêmes. I. La plage et les dunes vives de l’Espiguette (Le Grau-du-Roi, Gard). Ecologia mediterranea, 8(3) : 3-29. BIGOT L., PICARD J. et ROMAN M.-L., 1984 - Signification des peuplements d’invertébrés des plages et dunes du delta du Rhône. Délimitation des domaines marin et terrestre. Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, tome 298, série III, n°1 : 5-7. BIGOT L., PICARD J. et ROMAN M.-L., 1987 - Conséquences pour les milieux naturels des interventions humaines sur le littoral sableux du delta du Rhône. Bulletin d’écologie, 18(2) : 209-212. BODIN P., 1977 - Les peuplements de copépodes harpacticoïdes (Crustacea) des sédiments meubles de la zone intertidale des côtes charentaises (Atlantique). Mémoires du Muséum d’histoire naturelle, Paris, 104 : 1-120. CHASSÉ C., 1972 - Économie sédimentaire et biologique des estrans meubles des côtes de Bretagne. Thèse d’État, faculté des sciences de Paris, 289 p. 73 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Sables des hauts de plage à Talitres (façade atlantique) 1140 CODE CORINE 14 Caractères diagnostiques de l’habitat Habitats associés ou en contact Caractéristiques stationnelles Contact supérieur avec la végétation annuelle des laisses de mer (UE : 1210). Contact inférieur avec les sables infralittoraux (UE : 1110). Cet habitat occupe la zone correspondant à la haute plage, constituée des sables fins qui ne sont humectés que par les embruns. Il s’agit d’un sable sec fluide, soumis à l’action éolienne, ou d’un sable plus ou moins compact voire bulleux. L’humidification peut affecter la couche de surface la nuit et disparaît sous l’action du soleil. Répartition géographique Partout sur le littoral Manche-Atlantique. Cette zone de laisses de mer est alimentée par des matières organiques d’origines diverses : végétaux d’origine marine (algues, Zostères...) ou terrestre (phanérogames, troncs), organismes marins morts, notamment d’origine planctonique, transportés par le vent (Velelles, Janthines), objets divers, biodégradables ou non, appelés communément macrodéchets. Variabilité Cette laisse de mer se déplace en fonction des coefficients de marée (morte-eau, vive-eau) et des tempêtes. Son extension est très variable ainsi que la nature des apports. Espèces « indicatrices » du type d’habitat Les algues en décomposition fournissent un couvert garantissant le maintien d’une humidité et constitue une source de nourriture pour les crustacés amphipodes du genre Talitrus. Ces Puces de mer sont de véritables éboueurs recyclant tous les détritus organiques. Dissimulés le jour dans des terriers juste sous la surface, les Talitres sont sauteurs, très actifs la nuit, et fuient la marée montante. Leur localisation est donc fonction du coefficient de marée. Valeur écologique et biologique Zone de transition entre les milieux aquatique et terrestre et de recyclage du matériel organique en épave. Les Talitres (Talitrus saltator) sont accompagnés d’autres espèces d’amphipodes (Talorchestia deshayesi, T. brito, Orchestia gammarella…) et de l’isopode Tylos europaeus. Aire de nourrissage pour de nombreux oiseaux : Gravelots (Charadrius hiaticula, C. alexandrinus), Bécasseau variable (Calidris alpina), Pipit maritime (Anthus petrosus), Tournepierre à collier (Arenar+ia interpres)... Selon la contamination en matière organique, on trouve aussi des oligochètes enchytraeidés, des diptères Dolichopodidés (asticots et pupes) et des coléoptères (Bledius spp). Tendances évolutives et menaces potentielles Confusions possibles avec d’autres habitats Aucune. Ces hauts de plage sont fortement affectés par les rejets anthropiques et les dépôts de toute nature où dominent les hydrocarbures, les engins de pêches (filets de Nylon, flotteurs en liège ou en plastique…) et l’ensemble des objets flottants comme les bouteilles de verre ou de plastique et tout autre type de container. Ces objets sont rassemblés sous le terme de « macrodéchets ». Cette zone fait l’objet de nettoyages mécaniques qui ne se limitent pas seulement à l’élimination des macrodéchets non dégradables. Correspondances biocénotiques Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : I.2.1 Typologie Marine Biotopes (1996) : LGS Tal Typologie EUNIS (1999) : A2.5 74 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Potentialités intrinsèques de production Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer Elles sont loin d’être négligeables, étant donné les apports importants provenant du champ d’algues des massifs rocheux (Fucus et Laminaires) qui sont recyclés au niveau de ces hauts de plage grâce au travail des crustacés détritivores. Les transferts d’énergie au niveau des hauts de plage sont rarement pris en compte. Bibliographie Cadre de gestion BACHELET G. et al., 1997. CONNOR D.W. et al., 1996. FAURE G., 1971. LAFON M., 1953. LAGARDÈRE J.P., 1966. SALVAT B., 1967. Limiter les nettoyages aux seuls macrodéchets en évitant l’utilisation de moyens mécaniques lourds. Ces zones constituent également des lieux d’accès aux plages pour des engins motorisés de loisir ou de travail (conchyliculture) ; la maîtrise des accès des véhicules sur ces secteurs doit être organisée. 75 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Galets et cailloutis des hauts de plage à Orchestia (façade atlantique) 1140 CODE CORINE 14 Caractères diagnostiques de l’habitat Caractéristiques stationnelles Cet habitat subit fortement l’influence de la marée et se trouve le plus souvent sous le vent des obstacles comme les affleurements rocheux ou les brise-lames. Il est composé essentiellement de galets des hauts de plage qui retiennent dans leurs intervalles des débris végétaux rejetés en épaves et qui conservent toujours une grande humidité. La zone n’est humectée que par les embruns et par le haut des vagues lors de tempêtes. Variabilité Elle est liée aux sources de débris végétaux et aux tailles des galets et des cailloutis. L’habitat peut descendre à des niveaux inférieurs, à condition que les particules fines ne soient pas importantes. Il peut être affecté par la dessalure. Espèces « indicatrices » du type d’habitat Valeur écologique et biologique L’habitat est avant tout caractérisé par des populations très abondantes d’amphipodes du genre Orchestia. Elles sont accompagnées de deux espèces de gastéropodes pulmonés : Ovatella bidentata et Truncatella subcylindrica. Zone de transition entre les milieux aquatique et terrestre et de recyclage du matériel organique en épave. Aire de nourrissage des oiseaux : Tournepierre à collier (Arenaria interpres), Grand gravelot (Charadrius hiaticula), Bécasseau variable (Calidris alpina), Pipit maritime (Anthus petrosus)... Confusions possibles avec d’autres habitats Avec les sables fins à Talitres (fiche : 1140-1) qui peuvent apparaître en continuum granulométrique. Tendances évolutives et menaces potentielles Correspondances biocénotiques Typologie Marine Biotopes (1996) : LGS Pec (Pectenogammarus planicrurus) Comme pour l’habitat élémentaire précédent, il s’agit d’une zone d’accumulation des macrodéchets et les points d’échouages privilégiés du matériel flottant sont bien connus. Ce type de rivage (grève) n’étant pas spécialement recherché par les touristes, il ne fait pas l’objet d’un nettoyage systématique. C’est aussi une zone de ruissellement d’eaux qui peuvent être polluées, témoin des activités du milieu terrestre attenant. Typologie EUNIS (1999) : A2.5 Habitats associés ou en contact Contact supérieur : cordons de galets avec la végétation annuelle des laisses de mer (UE : 1210) et végétation annuelle à Salicornia (UE : 1420). Potentialités intrinsèques de production Contact inférieur : sables infralittoraux (UE : 1110). Elles sont réelles, étant donné que les organismes détritivores recyclent la plus grande partie des macrophytes échoués et piégés sur ces sites caillouteux. Répartition géographique Partout sur le littoral Manche-Atlantique. 76 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Cadre de gestion Bibliographie Pour cette zone d’accumulation de macrodéchets, étant donné la faible fréquentation touristique, la non-intervention est recommandée. Dans certains cas, en effet, les traitements après échouages s’avèrent plus destructeurs que les polluants eux-mêmes. BACHELET G. et al., 1997. CONNOR D.W. et al., 1996. FAURE G., 1971. LAFON M., 1953. LAGARDÈRE J.P., 1966. SALVAT B., 1967. Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer Les transferts d’énergie au niveau de ces hauts de plages sont très mal connus. 77 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Estrans de sable fin (façade atlantique) 1140 CODE CORINE 14 Caractères diagnostiques de l’habitat Les sables moyens et grossiers du mode battu à amphipodes fouisseurs et Nephtys cirrosa. Ces sables sont très mobiles et fortement drainés, ce qui explique la quasi-absence de bivalves. Aux amphipodes du genre Bathyporeia se joignent les représentants des genres Pontocrates et Haustorius, ainsi que l’isopode Eurydice pulchra. Trois polychètes tolèrent bien cette instabilité sédimentaire : Nerine cirratulus (= Scolelepis squamata), Nerine bonnieri, Nephtys cirrosa, auxquels se joint plus rarement le bivalve Mesodesma corneum. Caractéristiques stationnelles Cet habitat se présente sous forme de vastes étendues sableuses de très faible pente où les houles déferlent (littoral « rectiligne » d’Aquitaine ou de Picardie). À l’opposé, lorsque ces estrans relient des pointes rocheuses et sont d’étendue plus restreinte (côte nord de Bretagne), la pente peut être plus accentuée (littoral « festonné »). L’estran passe par des alternances d’immersion et d’émersion en fonction du régime marégraphique. À basse mer, l’eau descend par gravité (« eau de gravité »), par contre « l’eau de rétention », adsorbée autour des grains de sable, peut être retenue. On assiste donc à une importante circulation interstitielle qui est beaucoup plus liée au profil de plage qu’au niveau même de la marée (il s’agit bien du médiolittoral). Ce profil, défini par les conditions hydrodynamiques, varie saisonnièrement. Sa pente traduit le mode d’exposition : battu ou abrité. Confusions possibles avec d’autres habitats Il n’y a pas de confusion possible. Correspondances biocénotiques Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : II.3.3, II.3.1 Il peut être brisé, et l’eau qui ruisselle sur la plage en continuité avec la nappe phréatique (située sous le cordon dunaire) définit la zone de résurgence, où la salinité est généralement inférieure. Typologie Marine Biotopes (1996) : LMS Pcer, LMSAP Ang, LGS AEur, LGS Apsco Typologie EUNIS (1999) : A2.2 Plus bas sur la plage (au niveau des basses mers de morte-eau) apparaît la zone de saturation qui, même à marée basse, garde son eau de gravité et son eau de rétention. Ces conditions, même en milieu intertidal, ne sont pas différentes de celles de l’étage infralittoral (UE : 1110). Habitats associés ou en contact À la partie supérieure : contact avec les sables de hauts de plage à Talitres (fiche : 1140-1). À la partie inférieure : contact avec les sables infralittoraux (UE : 1110). Variabilité Dans cette zone de rétention, la distribution des espèces est liée à la stabilité sédimentaire : des sables fins légèrement envasés (de 2 % à 5 %) et bien stabilisés aux sables moyens mobiles et bien drainés. Dans des conditions d’hydrodynamisme décroissant : contact avec les estuaires (UE : 1130). Répartition géographique Espèces « indicatrices » du type d’habitat Partout sur le littoral Manche-Atlantique. Les espèces se relaient le long d’un gradient d’hydrodynamisme à ce niveau croissant sans qu’il soit réellement possible de séparer de véritables communautés. Pour illustrer ce gradient, il est cependant possible de signaler les faciès les plus courants. Les sables fins légèrement envasés à Cerastoderma edule (bivalve) et petites polychètes (Spio martinensis, Scoloplos armiger). En la présence d’Arenicola marina, ce faciès abrité peut être en continuité directe avec les sédiments envasés d’estuaires (peuplements à Macoma baltica). Il peut aussi être recouvert par des herbiers de Zostère naine (Zostera noltii). Ceux-ci hébergent des espèces marines telles Littorina littorea, Akera bullata, Bittium reticulatum (gastéropodes), Venerupis pullastra et Paphia (= Tapes) aurea (bivalves), etc., et le crabe Carcinus maenas. Les sables fins à amphipodes fouisseurs et Tellina tenuis des milieux semi-abrités. Les amphipodes fouisseurs (à marée basse) constituent l’essentiel du peuplement et appartiennent à de nombreuses espèces, essentiellement des genres Bathyporeia et Urothoe. Ces sables peu mobiles hébergent des populations abondantes de bivalves (Tellina tenuis et T. fabula). La présence des bivalves Donax trunculus et D. vittatus signale que l’on passe au mode battu (sables de déferlage). 78 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Les estrans de sables fins sont aussi le lieu d’implantation d’importantes installations mytilicoles (bouchots). Leur maintien et leur développement peuvent être parfois source de conflits. Valeur écologique et biologique Habitat à forte valeur écologique et biologique étant donné le nombre et l’abondance des espèces concernées. La base de la chaîne trophique repose sur les multitudes de petits crustacés trouvant une nourriture abondante dans la mince couche d’eau à marée haute (phytoplancton, détritus…) et présentant un développement rapide. Les populations très abondantes de crustacés, polychètes et bivalves constituent une source de nourriture importante pour les poissons et les crustacés à marée haute et les oiseaux à marée basse. Parmi ces derniers, deux espèces sont très caractéristiques de cet habitat : le Bécasseau sanderling (Calidris alba) et le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus). L’exploitation directe du sable à des fins d’amendements est autorisé dans certaines régions (cultures de carottes…). Les loisirs sportifs (char à voile, cerf-volant…) constituent des menaces potentielles pour les oiseaux exploitant cet habitat. Potentialités intrinsèques de production Aire de nourrissage importante pour les juvéniles de poissons plats à marée haute. Tendances évolutives et menaces potentielles Cadre de gestion Veiller à la compatibilité entre la préservation de l’habitat et les activités humaines (aquaculture, tourisme). Aujourd’hui, cet habitat est directement menacé par l’eutrophisation qui se manifeste de manière plus ou moins visible. Mieux gérer les flux de contaminants venant des bassinsversants. L’augmentation des apports de matières organiques sur le littoral, d’origine urbaine et agricole, peut se traduire sur ces estrans par une prolifération massive d’algues vertes (Monostroma, Ulva, Enteromorpha…). Ces milieux sont le plus souvent baignés d’eaux claires qui permettent aux algues de se développer une fois détachées du fond. Leurs échouages, appelés « marées vertes », sont variables selon les années (pluviosité…) et selon les coefficients de marée. Apparues au début des années 70, elles sont de plus en plus abondantes et étalées dans le temps. Organiser la circulation des véhicules sur ces zones. Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer L’ensemble des phénomènes décrits sous le nom d’eutrophisation mériterait d’être étudié de façon méthodique, d’autant plus que l’évolution des impacts directs des marées vertes demeure très mal connue. Ces dépôts d’algues en décomposition modifient le peuplement originel au bénéfice de polychètes opportunistes et au détriment des amphipodes. Il est possible de décrire des épisodes d’anoxie mortelle pour la faune accompagnés de dégagements ultérieurs d’hydrogène sulfuré (Ménesguen et al., 1997). Sur chaque site, la capacité nutritive du milieu devrait être étudiée. On a en effet déterminé des seuils à partir desquels l’aquaculture induit pour elle-même et pour les autres activités des effets négatifs. De ce fait, il existe des schémas départementaux visant à limiter les quantités d’animaux en culture pour qu’elles soient en rapport avec la capacité nutritive du milieu. Au-delà de ces manifestations très voyantes de l’eutrophisation, les apports excédentaires de matière organique peuvent se traduire par une modification qualitative des peuplements beaucoup plus insidieuse, avec perte d’espèces sensibles au bénéfice d’espèces opportunistes (Glémarec et Hily, 1997). Par ailleurs, l’habitat est exposé à d’autres types de menaces dont les plus immédiates sont présentées ci-après. Bibliographie Ces estrans font l’objet d’une exploitation par la pêche à pied. Deux sont concernés : les coquillages – Coques et Donax (Olives de mer) – et les vers utilisés comme appâts pour la pêche à la ligne – Arénicoles, Gravettes (Nephtys), etc. La destruction des tubes et des galeries provoque une déstructuration de l’habitat et une modification des équilibres géochimiques. DAUVIN J.-C., 1997. GLÉMAREC M. et HILY C., 1997. HILY C. et GUILLAUD J.-F., 1997. MÉNESGUEN A. et al., 1997 79 Replats boueux ou sableux exondés à marée basse Sables dunaires (façade atlantique) 1140 CODE CORINE 14 Caractères diagnostiques de l’habitat Caractéristiques stationnelles Dans la zone intertidale, le courant de marée crée, des accumulations de sables de type dunaire où le drainage est intense. Ces sables mobiles peuvent être façonnés de ripple-marks de taille variable. Ce sont des substrats très mous dans lesquels l’homme s’enfonce. Ces dunes forment des reliefs sur les plages de sable fin uniformes ou apparaissent comme des zones d’accumulation dans les méandres de chenaux de marée. Variabilité La nature granulométrique du substrat est variable : sables fins, moyens et grossiers. Espèces « indicatrices » du type d’habitat Cet habitat est caractérisé par des polychètes fouisseurs très mobiles, les Ophéliidés, dont les représentants varient selon la granulamétrie du sédiment : Valeur écologique et biologique - sables fins : Ophelia ratkei ; Habitat présentant une très faible diversité, mais une grande originalité. Il héberge des espèces qui ne vivent que dans ce type de sédiment particulier. Certains poissons plats comme le Turbot (Psetta maxima) y trouvent leur nourriture. - sables moyens : Ophelia bicornis ; - sables grossiers : Ophelia neglecta, Travisia forbesi. A ceux-ci peuvent se joindre l’amphipode Haustorius arenarius, le Lançon (Ammodytes tobianus), le crabe Thia scutellata et le bivalve Spisula spisula. Tendances évolutives et menaces potentielles Confusions possibles avec d’autres habitats Habitat très original ne présentant aucun risque de confusion, étant donné la grande spécificité des espèces qui le caractérisent. Étant donné la mobilité des grains de sable les uns par rapport aux autres, cet habitat ne peut être détérioré, sauf s’il fait l’objet d’une exploitation directe. Correspondances biocénotiques Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : II.3.2 Cadre de gestion Répartition géographique Modes de gestion recommandés Habitat rare et très localisé, de taille restreinte, connu sur le littoral Manche-Atlantique. Amoureux (1966) dresse la liste des sables dunaires moyens à Ophelia bicornis pour l’ensemble de du littoral Atlantique. Compte tenu de son originalité, cet habitat élémentaire mérite une attention particulière. Si la pêche au Lançon (Ammodytes spp.) ne présente pas de risque pour ce type de milieu, l’exploitation directe du sable est à interdire. Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer Recherche de cet habitat sur l’ensemble du littoral, les dunes de sables fins et de sables grossiers sont, en effet, très peu inventoriées à ce jour. Bibliographie AMOUREUX L., 1966. CHASSÉ C., 1972. 80