Rodolphe Maillard Libations et autres turpitudes 2 2 Rosse des sables Haut génie de la lampe Frottée tant et tend, La lumière vive à l’hampe Du cuivre t’épands. « Qui ose, qui me réveille, Qui trouble ainsi mon sommeil ? » « Le vent des sables ô Djinn, Fleurit ton humeur cacochyme. » « Sachez Zéphyr zélé À veiller ainsi ma douleur, Que j’éclos peu l’année, Mais toujours l’éon d’heures. » « Fort firent fi de ma bienvenue, Vos salutations matinales, Aigri et le dos perclus, Je vous laisse à votre bocal. » R.M 2 3 Considérations printanières Ô tonne de ta voix salvatrice, Tombe les feuilles du discours divin. Sur ton dais s’éteint la matrice, Et la lumière s’évanouit au lointain. Lits verts aux baldaquins bruns Se rappellent ces cimes, terre gelée Où s’échinent à germer de nouveaux voisins, Mais qui tardent toujours à se réveiller. « Je suis né d’un gland », se hausse la pousse Que saute en vitesse l’écureuil pressé. « Celui-ci est trop vert, qu’il sorte de la mousse, Alors je serai prêt à tout lui raser. » R.M 42 Diviniquité Ohé, tout beau nuage, de l’air ! Ne colle point trop mes cieux. Que l’on puisse voir toute cette misère Lever la tête, s’emplir les yeux. Cloués au sol, petits jésus !!! Point de salut, point de rémiges, Pour s’envoler des détritus, Boueux primates callipyges… La foultitude de crasse m’inonde Quand je contemple ce bocal. Je laisse les hommes immondes Loin de mes fosses nasales. La cale aux fesses, une main pendante Je le regarde se gausser. « Mon doux seigneur, la crasse pesante Ne m’empêche pas de penser. Car ce bourbier est un fardeau Où de bien jolies fleurs Éclosent de force sur ce terreau, Que vous cueillez avec bonheur. » R.M 2 5 Un jour le prince viendra… Les noces feras-tu peut-être, Tout en blanc des cheveux aux chevilles ? Qu’une chaussure pleine de rouge sur tes guêtres, Trahit bacchanales et harpies en famille. « Je te bénis, Ô non dupe, erre mon fils. Du sein, est-ce pris tout ce blanc Qui t’abîme, maculé de sang ? Sur quel corps as-tu teint ton lys ? » « D’une putain éventrée sur l’ordure, J’ai taché mes crochets sur son cou. Un collier lui ravit désormais sa bure, Qu’elle se plaigne de ces jolis trous ! » R.M 62 L’effleure du mâle S’esquisse un exquis esquif Au charbon de la toile sans pli. S’érige d’un trait le navire massif De sa coque aux voilures remplies. Les couleurs se chevauchent à la dunette, Le dessein a voulu qu’elle soit bien encrée. Je surcharge la poupe de la goélette D’où remontent jusqu’aux mâts de nombreux gabiers. Elle est sèche, la peinture en surface, Et déçu qu’elle ne soit pas divine, Je range mon trépied et cent traces Effleurent la croûte de ces vagues salines. R.M 2 7