Risque et conduite suicidaire

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Risque et conduite suicidaire
chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte
Dr Charles-Alban Vieillard
Psychiatre CHU de DIJON
6 mai 2016
D’après le Référentiel de Psychiatrie
Introduction
Définitions
Les conduites suicidaires comprennent :
* les suicides ;
* les tentatives de suicide ;
* les idées de suicide ;
* les équivalents suicidaires
Définitions
Suicide = acte délibéré d’en finir avec sa propre vie, entraînant le décès de
l’individu.
Suicidé = individu qui s’est donné la mort volontairement.
Suicidant = individu survivant à sa tentative de suicide.
Définitions
Attention :
Quand une personne décède par suicide, on parle de suicide « abouti » et pas
de suicide « réussi ».
Tentative de suicide = tout acte délibéré, visant à accomplir un geste de
violence sur sa propre personne (phlébotomie, précipitation, pendaison, arme à
feu, intoxication au gaz...) ou à ingérer une substance toxique ou des
médicaments à une dose supérieure à la dose reconnue comme thérapeutique.
Cet acte doit être inhabituel : les conduites addictives (alcool, drogues...) sont
donc exclues ainsi que les automutilations répétées et les refus de s’alimenter.
Les équivalents suicidaires sont des conduites à risque mettant en jeu la vie du
sujet sans qu’il en ait réellement conscience.
Définitions
Idées suicidaires = pensée de se donner la mort, élaboration consciente d’un
désir de mort qu’il soit actif ou passif.
Quand ces idées sont exprimées, on parle de menaces suicidaires
Le suicidaire = individu ayant des idées suicidaires et/ou exprimant
verbalement ou comportementalement des menaces suicidaires
La crise suicidaire
= Crise psychique dans un contexte de vulnérabilité avec l’expression d’idées
et d’intentions suicidaires.
Risque majeur = passage à l‘acte et décès
Il s’agit d’un moment donné (avec un début et une fin), dans la vie d’un individu,
où ses ressources adaptatives sont épuisées :
l’individu dont les mécanismes d’ajustement sont dépassés se sent dans une
impasse et les idées suicidaires vont en s’augmentant, avec l’échec des
différentes alternatives envisagées.
La crise suicidaire
Le suicide va progressivement apparaître à l’individu comme l’unique solution
permettant de sortir de l’état de crise dans lequel il se trouve.
Cette crise est réversible et temporaire et le suicide est une des sorties
possibles de cette crise qui en fait toute sa gravité.
La crise suicidaire
Cliniquement, la crise suicidaire peut se manifester initialement par :
* des symptômes non spécifiques du registre dépressif ou anxieux ;
* une appétence alcoolique et tabagique ;
* un retrait par rapport aux marques d’affection et au contact physique ;
* ainsi qu’un isolement.
La crise suicidaire
Puis cette crise peut se manifester par certaines idées et comportements
préoccupants :
* un sentiment de désespoir ;
* une souffrance psychique intense ;
* une réduction du sens des valeurs ;
* un cynisme ;
* un goût pour le morbide ;
* et une recherche soudaine d’armes à feu.
Au cours de l’évolution, une accalmie qui peut faire craindre un syndrome de
Ringel évoqué plus loin et un comportement de départ sont des signes de très
haut risque.
Epidémiologie
Analyse de différentes données :
* La mortalité est évaluée à partir des certificats de décès (CépiDc) mais le
suicide n’y est pas toujours reconnu comme tel (incertitude sur l’intentionnalité
de l’acte) et le phénomène sous estimé. Les instituts médicaux légaux,
impliqués dans la certification des décès ont aussi des données sur le suicide.
* L’autopsie psychologique correspond à la recherche post mortem de l’état
psychologique du patient décédé. Elle permet de documenter l’existence de
troubles psychiatriques ou non psychiatriques et le type de soins dont avait
bénéficié le patient.
* La morbidité (tentatives de suicide) est évaluée à partir des causes
d’hospitalisation, d’enquêtes et par le réseau sentinelle
Epidémiologie
Concernant les idéations suicidaires :
* En 1994, dans la tranche d’âge des 15-19 ans, 23 % des garçons et 41 % des
filles ont déclaré avoir eu des idées suicidaires
* Un sondage SOFRES en 2000 évaluait la prévalence vie entière des idées
suicidaires autour de 13 % en population générale âgée de plus de 18 ans.
* Selon les données du Baromètre santé 2010, 3,9 % des personnes
interrogées ont déclaré avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers
mois.
Epidémiologie
* La chronicité de ces idées et l’élaboration d’un plan suicidaire sont des
facteurs de risque de passage à l’acte.
Concernant les tentatives de suicide (TS) :
* On estime entre environ 150 000 et 200 000 le nombre de tentatives de
suicides donnant lieu à un contact avec le système de soins en France.
* Il y a davantage de tentatives de suicide chez les femmes et surtout chez les
jeunes.
Le sex-ratio F/H est compris aux alentours de 4.
Epidémiologie
* En 2010, 5,5 % des 15-85 ans déclarent avoir tenté de se suicider au cours
de leur vie (7,6 % des femmes et 3,2 % des hommes) et 0,5 % au cours des 12
derniers mois (0,7 % des femmes et 0,3 % des hommes).
* La prévalence des TS est plus élevée entre 20 et 25 ans chez les hommes
(0,6 %) et entre 15 et 19 ans chez les femmes (2,0 %).
Le taux de TS au cours des 12 derniers mois tend ensuite à diminuer avec
l’âge.
Epidémiologie
* Les principaux modes utilisés dans les tentatives de suicide sont dans l’ordre
l’intoxication médicamenteuse volontaire et la phlébotomie.
* Concernant les récidives, 1/3 des personnes ayant déclaré avoir fait une
tentative de suicide en ont déjà fait plusieurs (22 % des hommes et 35 % des
femmes).
On estime à 40 % le taux de récidives dont la moitié dans l’année,
à 1 % la mortalité par suicide dans l’année qui suit une tentative de suicide (soit
de l’ordre de 50 fois plus que dans la population générale) et
à plus de 10 % le décès par suicide au cours de la vie après une première
tentative de suicide
Epidémiologie
Concernant les suicides :
* En France, le suicide reste une des premières causes de mort évitable : 10
314 décès en 2011 (CepiDC INSERM).
Les chiffres nationaux sont de 16,4 suicides pour 100 000 habitants (25,3 pour
les hommes et 8,0 pour les femmes).
Il y a une surmortalité masculine nette avec un sex-ratio H/F de l’ordre de 3.
* Le taux de mortalité par suicide augmente avec l’âge mais différemment selon
les sexes
* Le nombre de suicide est le plus élevé entre 35 et 54 ans, mais le taux de
suicide est maximal chez les hommes de 85 ans ou plus.
Epidémiologie
* Les taux de suicide sont plus importants, chez les veufs puis chez les
personnes divorcées. Les célibataires et personnes mariées ont des taux plus
faibles.
* Facteurs générationnels = les générations nées pendant l’entre deux guerres
ont une propension plus faible au suicide que celles nées après 1945.
* Le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 15-34 ans et la 1re cause de
mortalité chez les 25-30 ans.
Epidémiologie
* Les modes utilisés dans les suicides aboutis les plus fréquents sont dans
l’ordre :
la pendaison (en particulier chez les hommes),
les armes à feu
et les intoxications médicamenteuses volontaires (en particulier chez les
femmes).
* Les études d’autopsie psychologiques montrent que 95 % des suicidés
présentaient au moins un trouble mental au moment du décès.
=> mortalité par suicide à travers le monde = indicateur de santé mentale d’un
pays ou d’un territoire.
* En France : 1 suicide toutes les 40 minutes et une TS toutes les 4 minutes
Repérer la crise suicidaire
En fonction du terrain et de l’âge
Le repérage de la crise suicidaire s’articule autour de trois axes :
* L’expression d’idéations suicidaires ou d’intention suicidaire.
* Les manifestations d’une situation de crise psychique
* Le contexte de vulnérabilité
La crise suicidaire chez l’enfant et l’adolescent
La crise suicidaire chez l’enfant et l’adolescent
La crise suicidaire chez l’enfant :
Les enfants expriment rarement des idées et des intentions suicidaires
Indicateurs d’une crise psychique = des plaintes somatiques mal étiquetées, un
repli, un isolement, des troubles de la communication, des troubles des
apprentissages, une hyperactivité, une encoprésie, des blessures à répétition,
des préoccupations exagérées pour la mort, une tendance à être le souffredouleur des autres.
Facteurs de vulnérabilité = un isolement affectif, des bouleversements
familiaux, l’entrée au collège, un contexte de maltraitance.
La crise suicidaire chez l’enfant et l’adolescent
La crise suicidaire chez l’adolescent :
L’expression d’idées et d’intentions suicidaires n’est plus considérée comme
banale et est un motif suffisant d’intervention et de prévention.
Indicateurs d’une crise psychique comme une baisse des résultats scolaires,
une hyperactivité, une attirance pour la marginalité, des conduites excessives
ou déviantes, des conduites ordaliques (le sujet remet sa survie dans les mains
du « hasard »), des conduites d’anorexie et de boulimie, des prises de risque
inconsidérées (notamment au niveau sexuel), une violence sur soi et sur autrui,
des fugues.
Attention vulnérabilité = l’isolement affectif, les ruptures sentimentales, les
échecs (notamment scolaires), les conflits d’autorité.
La crise suicidaire chez l’adulte et l’âgé
La crise suicidaire chez l’adulte et l’âgé
La crise suicidaire chez l’adulte :
L’expression d’idées suicidaires est peu fréquente en dehors de la relation avec
le médecin ou de façon très manifeste dans la famille.
Indicateurs d’une crise psychique : l’ennui, les sentiments de perte de rôle,
d’échec, d’injustice, d’être en décalage, la perte d’investissement au travail, les
difficultés relationnelles, les difficultés conjugales, l’incapacité à supporter une
hiérarchie, les arrêts de travail à répétition, au contraire le surinvestissement au
travail, des consultations répétées chez le médecin pour des symptômes
aspécifiques (douleurs, sensation de fatigue...).
Facteurs de vulnérabilité : des statuts conjugal, social et professionnel
précaires, une ambiance délétère au travail avec ou sans harcèlement, une
toxicomanie, le sida, des situations de violence, une atteinte narcissique,
l’émigration.
La crise suicidaire chez l’adulte et l’âgé
La crise suicidaire chez l’âgé :
Les âgés n’expriment que rarement des idées suicidaires ou ont plus rarement
que d’autres l’occasion de les exprimer ; mais ils passent à l’acte. Lorsqu’ils en
expriment, elles ne doivent pas être banalisées.
Indicateurs de la crise psychique : un repli sur soi, un refus de s’alimenter, un
manque de communication, une perte d’intérêt pour les activités, un refus de
soin.
Facteurs de vulnérabilité : un état dépressif caractérisée, une affection
médicale générale potentiellement à l’origine de handicaps et de douleurs, des
conflits, un changement d’environnement, le veuvage.
La crise suicidaire chez un patient atteint d’une pathologie psychiatrique :
Les patients peuvent facilement exprimer des idées suicidaires ou, au contraire,
les dissimuler
La crise suicidaire est faite de moments à haut risque avec des moments
d’accalmie alternants sur un fond de variabilité permanente.
Certains signes parmi les signes de la maladie peuvent marquer une
augmentation du risque :
* Un isolement avec une décision de rompre les contacts habituels (par
exemple la visite de l’infirmier de secteur, etc.).
* Une réduction et un abandon des activités.
* Une exacerbation des différents signes de la maladie.
La maladie est en soi un facteur de vulnérabilité.
Evaluer la crise suicidaire
Evaluer la crise suicidaire
Il faut donc être attentif à repérer ces différents signes (assez aspécifiques pris
isolément) puisque leur association témoigne d’une crise suicidaire.
En tout cas, il ne faut pas hésiter à questionner le patient sur ses idées de
suicide
Cette attitude, loin de renforcer le risque suicidaire, ne peut que favoriser
l’expression des troubles.
Evaluer le risque
Les éléments suivants et leur intrication entre eux permettent l’évaluation du
risque :
* Individuels/personnels :
- Antécédents suicidaires personnels
- Diagnostic de trouble mental (troubles affectifs, troubles de la personnalité,
psychose), abus ou dépendance à l’alcool ou aux drogues.
- Estime de soi : faible ou fortement ébranlée.
- Tempérament et style cognitif de l’individu (impulsivité, rigidité de la pensée,
colère, agressivité).
- Santé physique : problèmes de santé physique qui affectent la qualité de vie.
Evaluer le risque
* Familiaux :
- Antécédents suicidaires familiaux
- Violence, abus physique, psychologique ou sexuel dans la vie de l’individu.
* Événements de vie :
- Élément déclencheur : élément récent qui amène la personne en état de crise.
- Situation économique : difficultés économiques.
- Isolement social : réseau social inexistant ou pauvre, problèmes d’intégration.
- Séparation ou perte récente qui affecte encore le patient.
- Difficultés dans le développement : difficultés scolaires ou professionnelles,
placement durant l’enfance/adolescence en foyer d’accueil, en détention.
- « Contagion » suite à un suicide : la personne est affectée par un suicide
récent.
- Difficultés avec la loi (infractions, délits).
- Pertes, échecs ou événements humiliants
Evaluer le risque
Les facteurs de protection sont aussi à envisager comme autant d’élément
préservant du passage à l’acte.
On peut citer :
- Du point de vue individuel, la résilience peut se définir comme la capacité à
fonctionner de manière adaptée en présence d’événements stressants et de
faire face à l’adversité, à continuer à se développer et à augmenter ses
compétences dans une situation adverse ;
- Du point de vue psychosocial, le soutien familial et social, le fait d’avoir des
enfants, des amis
Evaluer l’urgence
* Un niveau de souffrance du sujet élevé (désarroi, repli sur soi, isolement
relationnel, sentiment de dévalorisation ou d’impuissance ou de culpabilité).
* Un degré d’intentionnalité élevé :
- Le sujet envisage un scénario suicidaire et a pris des dispositions en vue d’un
passage à l’acte (préparation du matériel, etc.).
- Le sujet n’envisage pas d’autre alternative que le suicide (idées
envahissantes, ruminations anxieuses, recherche d’aide et attitudes par rapport
aux soins).
- L’intention a pu être communiqué à des tiers soit directement soit
indirectement.
* Des éléments d’impulsivité: tension psychique, instabilité comportementale,
agitation, attaque de panique, antécédents de passages à l’acte, de fugue ou
d’actes violents.
* Un éventuel facteur déclenchant contextuel.
* Un manque de soutien familial.
Evaluer la dangerosité
* La dangerosité létale du moyen considéré.
* L’accessibilité au moyen considéré.
Urgence faible
Bonne alliance thérapeutique
Veut parler et est à la recherche de communication
Cherche des solutions à ses problèmes
Pense au suicide sans scénario suicidaire précis
Envisage encore d’autres moyens pour surmonter la crise
N’est pas anormalement troublé mais psychologiquement souffrant
Urgence moyenne
Est isolé
A besoin d’aide et exprime directement ou indirectement son désarroi
Ne voit pas d’autre recours que le suicide
Envisage un scénario dont l’exécution est reportée
Envisage le suicide avec une intention claire
Présente un équilibre émotionnel fragile
Urgence élevée
Est très isolé
Complètement ralenti par la dépression ou au contraire
dans un état d’agitation,
Avec une souffrance et une douleur omniprésente ou complètement tue
A le sentiment d’avoir tout fait et tout essayé
A un accès direct et immédiat à un moyen de se suicider
Décidé, avec un passage à l’acte planifié et prévu dans les jours qui viennent
Coupé de ses émotions, rationalisant sa décision ou au contraire, très émotif,
agité ou anxieux
Principes de prévention
Les réseaux d’accueil et d’écoute, par exemple par téléphone sont un moyen
privilégié de prévention et peuvent intervenir à tout niveau.
La prévention passe aussi par la médecine scolaire et la médecine du travail
Prévention primaire
Elle concerne les sujets qui ne sont pas en crise suicidaire mais qui présentent
des facteurs de risques
La suppression des facteurs de risque et des facteurs de décompensation
auprès des populations à risque a prouvé son efficacité.
Par exemple traiter un état dépressif.
Prévenir aussi le passage à l’acte suicidaire chez les patients hospitalisés en
psychiatrie et donc à haut risque.
Prévention secondaire
Dépistage précoce de la crise suicidaire pour arrêter le processus suicidaire
avant un passage à l’acte.
Passe par le généraliste mais aussi le spécialiste : évaluation précédemment
décrite auprès du patient et de son entourage (risque, urgence, dangerosité).
Lorsqu’un risque suicidaire important est détecté, une hospitalisation,
éventuellement en SDT doit être proposée
Prévention tertiaire
La prise en charge des suicidants
Principes de prise en charge
Abord du patient
L’entretien doit se faire dans un endroit calme, en toute confidentialité et en
face à face = travailler l’alliance thérapeutique
Ne pas hésiter à laisser le patient exprimer ses émotions
Les idées suicidaires doivent être abordées par exemple avec des questions
comme « avez-vous des idées de suicides ? » ou « avez-vous envie de mourir
? ».
Une souffrance tolérable doit être écoutée, si intolérable (agitation, perplexité
anxieuse), il faut la soulager par des médicaments appropriés.
Il ne faut pas banaliser des conduites suicidaires qui sont une urgence
psychiatrique.
Abord du patient
À l’inverse, ne pas dramatiser la situation et les patients doivent se sentir libre
d’exprimer leur vécu et leurs idées
Il peut être utile de recevoir la famille pour expliquer la situation
L’examen médical du patient est indispensable et permet d’apaiser le patient et
d’entrer en relation.
On peut repérer des soutiens possibles dans l’entourage, proposer au patient
de les appeler et de les informer pour qu’ils puissent le soutenir.
La recherche de soutien sera faite en cas de prise en charge ambulatoire
comme en cas d’hospitalisation (HDT).
La participation du patient aux soins doit être évaluée
Il faut faire la distinction entre :
* Une crise suicidaire dans un contexte de crise psychosociale.
* Une crise suicidaire en rapport avec un trouble mental.
Conduite à tenir en urgence
Les urgences accueillent fréquemment des sujets en situation de crise
suicidaire, soit lors d’une TS ou lors d’une intoxication alcoolique ou lors d’une
attaque de panique, etc.
L’accueil doit se faire au calme dans un box en essayant de garder autour du
patient les mêmes interlocuteurs et doit contribuer à sécuriser le patient.
Après stabilisation du patient (moyens de réanimation adaptés), un avis
psychiatrique et/ou une hospitalisation brève en unité de crise sont
recommandés.
Conduite à tenir en urgence
L’urgentiste doit décider d’une hospitalisation :
* Pour stabiliser un patient au pronostic engagé du fait de sa tentative de
suicide.
* Devant un risque suicidaire imminent
* Devant une situation d’insécurité sévère dans les perspectives de sortie.
* Devant une perplexité anxieuse sans distanciation vis-à-vis de la souffrance
psychique.
But de l’entretien psychiatrique : réaliser l’évaluation de la psychopathologie, de
la crise suicidaire mais aussi la décision de la prise en charge :
Un traitement médicamenteux sera parfois à prescrire en urgence comme des
sédatifs ou des anxiolytiques en cas d’agitation ou d’anxiété importante.
Indications de l’hospitalisation
L’hospitalisation s’impose en cas de niveau d’urgence élevée
Dans les autres situations, elle sera à adapter à la situation du patient par
exemple en cas de pathologie psychiatrique sous-jacente, d’isolement social,
d’entourage potentiellement délétère, de refus d’aide médicale (refus d’un
entretien de réévaluation).
L’hospitalisation peut être faite sous le mode de l’hospitalisation libre ou de
soins à la demande d’un tiers.
Indications de l’hospitalisation
L’hospitalisation a les objectifs suivants :
* Protéger la personne en limitant le risque de passage à l’acte suicidaire
* Faciliter la résolution de la crise (alternatives) en mettant en place une
psychothérapie de soutien (relation de confiance, verbalisation de la
souffrance, travail de l’alliance thérapeutique, etc.).
* Mettre en place un suivi ultérieur en ambulatoire
* Mettre en place un traitement psychiatrique adapté à la pathologie en cause.
Indications de l’hospitalisation
L’hospitalisation n’empêche pas un patient de se suicider et de nombreux
suicides (5 %) ont lieu en établissement de soins.
Il faut prendre certaines précautions visant à limiter l’accès à des moyens
létaux (suppression des points d’appui résistant au poids du corps, inventaire
des affaires et retrait des objets dangereux) et à assurer une surveillance
rapprochée (chambre près de l’infirmerie).
Suivi ambulatoire
En cas de prise en charge ambulatoire :
* Un rendez vous au bout de quelques jours doit permettre de réévaluer la
situation
* L’entourage doit être proche et disponible: identifier les ressources
accessibles dans l’entourage et s’assurer qu’elles sont suffisantes pour soutenir
le patient.
La continuité des soins doit être envisagé et organisée dès le début de la prise
en charge de crise.
Modalités à adapter au stade évolutif de la crise, au moment de la prise en
charge, au contexte dans lequel elle s’inscrit et aux professionnels ou
intervenants sollicités.
Suivi ambulatoire
La prise en charge doit tenir compte du contexte familial et des entretiens
familiaux peuvent être proposés
Si plusieurs facteurs de risque : orienter le patient vers un suivi psychiatrique
en hospitalisation ou en ambulatoire.
Une psychothérapie peut être indiquée pour traiter les facteurs
psychopathologiques de vulnérabilité ou en diminuer les effets critiques.
Si absence de facteurs de risque : organiser une réévaluation après la crise.
L’assistant(e) social(e) joue aussi un rôle important en cas de crise
psychosociale.
Durant l’année qui suit le début de la crise, le risque de récidive important fait
recommander la plus grande vigilance
Attention :
Un moyen important de prévention du suicide est la mise à l’écart des moyens
suicidaires létaux comme par exemple les armes à feu.
Il faut y penser et en discuter avec le patient et son entourage.
Particularités liées au terrain et à l’âge
En plus des éléments précédemment décrits, il existe certaines particularités
liées au terrain, à prendre en compte
Particularités liées au terrain et à l’âge
La crise suicidaire chez l’enfant :
Lorsqu’une crise suicidaire est dépistée chez un enfant, par exemple par un
enseignant, les éléments suivants guident la conduite à tenir :
* Il ne faut pas chercher à résoudre le problème seul.
* Il faut parler avec l’enfant sans que cela soit intrusif.
* Il faut signaler les signes repérés à la famille.
* Il faut signaler au médecin scolaire qui fera le lien avec le médecin généraliste
et/ou le médecin spécialiste
En cas de crise suicidaire avérée, une hospitalisation est nécessaire pendant
quelques jours pour débuter une prise en charge médico-pédopsychiatrique
adaptée
Particularités liées au terrain et à l’âge
La crise suicidaire chez l’adolescent :
Lorsqu’une crise suicidaire est dépistée chez un adolescent, par exemple par
un enseignant, les éléments suivants guident la conduite à tenir :
* Il faut créer un climat d’empathie avec le jeune qui va permettre son
accompagnement vers les professionnels de l’établissement (médecin,
infirmière, psychologue ou assistante scolaire), la famille et le médecin traitant
* Il faut avoir recours aux réseaux spécialisés existants
Particularités liées au terrain et à l’âge
En cas de crise suicidaire avérée et en particulier en cas de tentative de
suicide, la prise en charge hospitalière est favorisée
Le suivi ambulatoire sera à mettre en place dès la sortie.
En cas de non venue aux rendez-vous de suivi, on peut mettre en place des
visites à domicile quand cela est organisable ou reprendre une hospitalisation
si le risque persiste.
Il faut s’avoir là aussi s’appuyer sur des intervenants extérieurs (éducateurs,
paramédicaux, etc.).
Particularités liées au terrain et à l’âge
La crise suicidaire chez l’adulte :
Lorsqu’une crise suicidaire est dépistée chez un adulte, par exemple par
l’entourage proche, les éléments suivants guident la conduite à tenir :
* L’entourage proche doit essayer d’établir un lien et une relation de confiance
en adoptant une attitude de bienveillance, d’écoute, de dialogue et d’alliance.
* À partir de ces attitudes, l’entourage peut accompagner le patient vers les
différents réseaux d’aide et au soin.
Particularités liées au terrain et à l’âge
La crise suicidaire chez l’âgé :
Lorsqu’une crise suicidaire est dépistée chez un sujet âgé, par exemple par le
généraliste, les éléments suivants guident la conduite à tenir :
* Une dépression doit être plus particulièrement recherchée car elle est
quasiment constante.
* L’existence d’un éventuel changement comportemental doit faire envisager
une douleur physique et/ou une maltraitance.
En cas de crise suicidaire avérée la prise en charge doit particulièrement veiller
à rechercher des moyens de mort violente et les enlever du domicile
Particularités liées au terrain et à l’âge
La crise suicidaire chez un patient atteint d’une pathologie psychiatrique :
Lorsqu’une crise suicidaire est dépistée chez un patient déjà suivi en
psychiatrie, les éléments suivants guident la conduite à tenir :
* Il faut prendre contact avec le ou les thérapeutes habituels.
* Il faut assurer la sécurité par rapport à des objets ou des médicaments
dangereux.
En cas de crise suicidaire avérée la prise en charge s’appuie généralement sur
l’hospitalisation
Conclusion
La crise suicidaire est une crise psychique réversible et temporaire, dans un
contexte de vulnérabilité.
Les ressources adaptatives de la personne sont épuisées.
Le suicide est une des sorties possibles de cette crise qui en fait toute sa
gravité (environ 10 300 par an en France).
L’entretien psychiatrique a pour but l’évaluation du risque (recherche de
facteurs de risque et de facteurs de protection), de l’urgence (niveau de
souffrance élevé et degré d’intentionnalité élevé) et de la dangerosité (létalité
du moyen considéré et facilité d’accès à ce moyen).
L’hospitalisation (libre ou sous contrainte) s’impose en cas de niveau d’urgence
élevée.
Il faut penser à la mise à distance des moyens létaux.
En cas de soins ambulatoires, l’entourage doit idéalement être proche et
disponible.
On prévoira une réévaluation rapide.
Merci de votre attention
Source : Référentiel de Psychiatrie, 2014
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