Institut de Formation de Profession de Santé 44, chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex Le refus de soins, une réalité dans la prise en charge de patients atteints de la maladie d’Alzheimer UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherches UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques UE 6.2 S6 : Anglais (rédaction de l’abstract du travail de fin d’études) Présenté par : BARONCHELLI Fanny HUTINET Mathilde MELOT Elodie MICHALET Andréa Promotion 2013/2016 Formatrice de guidance : Madame BOUSSOUR Rhila 1 REMERCIEMENTS La réalisation de ce travail de fin d’étude marque la fin de trois années de formation intense, riche en émotions et en apprentissage. C’est pourquoi nous voulons remercier toutes les personnes qui ont contribué à la conception de notre travail. Notre formatrice de guidance, Madame B., pour nous avoir conseillé et guidé lors de l’élaboration de notre travail de fin d’étude. Les professionnels de santé qui ont accepté de répondre à nos questions lors des entretiens afin de nous aider dans notre réflexion. Madame T., documentaliste, pour son aide quant à la mise en page de ce travail et aux différentes recherches effectuées au Centre de Recherche et de Documentation. Nos formateurs responsables des unités d’enseignement en lien avec le Travail d’Initiation à la Recherche de Fin d’Etude : Madame L., Madame S. et Monsieur D. Monsieur H. pour l’impression et la reliure de notre travail de fin d’étude. Pour finir nous tenons à souligner, la bonne cohésion et l’entente qu’il y a eu au sein de notre groupe, ce qui a permis la réalisation de notre travail dans une ambiance agréable. 2 SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................................................... 4 PARTIE 1 : SITUATION D’appel et emergence du questionnement ...................................... 6 1.1 La situation d’appel ...................................................................................................... 7 1.2 Emergence du questionnement .................................................................................... 8 1.3 La question de départ ................................................................................................... 9 Partie 2 : cadre de reference................................................................................................ 10 2.1 La maladie d’Alzheimer .............................................................................................. 11 a. Epidémiologie ........................................................................................................... 11 b. Définition, symptômes, facteurs de risque................................................................. 11 c. Evolution, diagnostic et traitement............................................................................. 12 d. Conséquences sur la prise en charge soignante ....................................................... 12 2.2 Les soins infirmiers ..................................................................................................... 13 a. Qu’est-ce que le soin ? ............................................................................................. 13 b. Qu’est-ce que le « care » et le « cure » ?.................................................................. 13 c. Les décrets qui encadrent la profession .................................................................... 14 d. Les soins IDE auprès des patients atteints de maladie d’Alzheimer .......................... 14 2.3 Le refus de soins ........................................................................................................ 15 a. Définition du refus de soins ....................................................................................... 15 b. Les lois relatives aux droits des patients ................................................................... 15 c. Les lois relatives aux décrets IDE ............................................................................. 17 2.4 La prise en charge de la maladie en institution ........................................................... 18 a. les plans de santé publique....................................................................................... 18 b. La formation des soignants ....................................................................................... 19 c. Les unités spécialisées dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer .............. 20 2.5 La conduite à tenir face à un refus de soins ............................................................... 21 a. Comprendre le refus de soins pour mieux l’appréhender .......................................... 22 b. La posture IDE face à un refus de soins ................................................................... 24 c. Refus de soins et pratique professionnelle ................................................................ 25 3 PARTIE 3 : METHODOLOGIE DE L’ENQUETE .................................................................. 27 3.1 Choix de l’outil ............................................................................................................ 28 a. Le terrain de l’enquête .............................................................................................. 28 b. Les objectifs attendus ............................................................................................... 28 c. Les professionnels choisis ........................................................................................ 29 3.2 Le déroulement de l’enquête et la grille d’entretien ..................................................... 29 a. Elaboration de la grille d’entretien ............................................................................. 29 b. Déroulement des entretiens ...................................................................................... 29 3.3 Exploitation des données ........................................................................................... 30 a. Le retour des soignants interrogés ............................................................................ 30 b. Analyse des entretiens.............................................................................................. 32 c. Limites et points forts ................................................................................................ 34 PROBLEMATIQUE .............................................................................................................. 35 CONCLUSION ..................................................................................................................... 37 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 39 ANNEXES ........................................................................................................................... 44 4 INTRODUCTION 5 Les méthodes thérapeutiques et l’allongement de l’espérance de vie ont entrainé un vieillissement de la population mondiale, conséquence également du « baby boom » débutant après 1945 et perdurant jusqu’au milieu des années 70. En 2013, selon un recensement de l’Insee1, 17,5% de la population française a plus de 65 ans, dont 9% a plus de 75 ans. Les instituts, tels que l’HAS2 et l’Insee, estiment que ce chiffre est amené à augmenter dans les prochaines années [1]. En 2011, le gouvernement français a engagé un débat national sur la question de la dépendance. En effet, l’allongement de l’espérance de vie entraine des conséquences sur la santé notamment avec la présence de polypathologies et de démences. La démence est définie comme étant « un syndrome, chronique ou évolutif, caractérisée par une altération de la fonction cognitive plus importante que celle que l’on pourrait attendre du vieillissement normal. Elle entraine une dégradation de la mémoire, du raisonnement, du comportement et de l’aptitude à réaliser les activités quotidiennes 3» [2]. A ce jour, on dénombre environ 47,5 millions de personnes atteintes de démence dans le monde, dont 7,7 millions de nouveaux cas chaque année [3]. Elle comprend diverses formes : telle que la démence vasculaire, à corps de Lewy, fronto-temporale ou la maladie d’Alzheimer. Cette dernière est la cause la plus répandue puisqu’elle serait à l’origine de 60 à 70% des cas de démence [4]. Il parait ainsi essentiel, en tant que futur professionnel de santé, d’appréhender et de comprendre cette pathologie afin d’être en mesure d’optimiser les prises en charge de patients qui en sont atteints. En effet, elle peut parfois susciter de l’incompréhension de la part des soignants et de l’entourage, entrainant une stigmatisation et des difficultés de diagnostic et de soins. Au cours de notre formation, rythmée par les périodes de stage, nous avons toutes été confrontées à la prise en charge de patients atteints de démence, notamment de la Maladie d’Alzheimer. Celle-ci nous a particulièrement intéressée, car il s’agit d’une pathologie rencontrée fréquemment dans les différents services de soins et dont le diagnostic est souvent mis en avant à tort par le grand public. Aussi le travail de fin d’étude nous a semblé être l’opportunité d’approfondir le thème de la prise en charge de cette maladie, plus particulièrement sur le refus de soins, situations fréquemment rencontrées au cours de nos stages. La première partie de ce travail est tout d’abord consacrée à l’énonciation de la situation d’appel et l’émergence du questionnement qui nous ont encouragées à traiter ce sujet. La deuxième partie aborde le cadre de référence en s’appuyant sur des données théoriques. La troisième partie est consacrée à la méthodologie d’enquête employée. Enfin la dernière partie fait état de l’analyse des résultats obtenus. 1 Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques Haute Autorité de Santé 3 Définition selon l’OMS. 2 6 PARTIE 1 : SITUATION D’APPEL ET EMERGENCE DU QUESTIONNEMENT 7 Lors de la première étape de notre TFE4, nous nous sommes concertées pour choisir la situation d’appel la plus pertinente en rapport à notre sujet d’étude. Nous avons choisi la situation de Fanny, c’est pourquoi le « je » est employé dans cette partie. 1.1 La situation d’appel J’ai effectué mon deuxième stage de première année dans un EHPAD5 en unité conventionnelle. Cet établissement est composé de 4 étages, divisé en secteur par les infirmières (étage 0-1 / étage 2-3). Pour ma part je suis affectée au premier étage. Lors de la 4° semaine de stage, l’IDE6 me demande de réaliser la réfection d’un pansement auprès d’une patiente que je ne connais pas, dont je n’ai pas eu le temps de consulter le dossier de soins. L’infirmière me présente succinctement la patiente et le soin que je dois réaliser. Madame B est âgée de 85 ans, elle est atteinte d’une démence apparentée à la maladie d’Alzheimer depuis de nombreuses années. Suite à une chute dans la structure survenue il y a 2 jours, la patiente présente une plaie au niveau du bras droit, de type érosion cutanée, d’environ 5 cm de longueur et 2 cm de largeur. Suite à un avis médical, un protocole est mis en place : réfection du pansement tous les 2 jours avec cycle Biseptine et pansement sec et évaluation de l’évolution de la plaie. Durant la matinée, je prépare le matériel afin de me rendre seule dans la chambre individuelle de la résidente. Lorsque j’arrive, elle est installée au fauteuil et le pansement est défait. En effet l’aide-soignante vient de terminer son accompagnement à la douche. En attendant la réfection du pansement, l’aide-soignante a pris la précaution de protéger la plaie sanguinolente à l’aide d’une bande et de compresses. Avant de débuter le soin, l’AS7 me demande de l’aide afin de couper les ongles de Mme B. En effet, face à l’agitation et l’agressivité de la patiente, l’AS éprouve des difficultés à réaliser le soin. Une fois celui-ci terminé, l’aide-soignante quitte la chambre, me laissant seule avec la patiente. Je commence par la rassurer en lui parlant calmement et en m’agenouillant près d’elle. Je lui explique le déroulement du soin et sa nécessité. Sa plaie saigne beaucoup et les compresses sont saturées, j’insiste alors pour effectuer la réfection du pansement comme le stipule le protocole. Mais elle s’agite et me repousse par des gestes violents et des propos agressifs, « foutez-moi la paix » dixit et insultes diverses, notamment lorsque j’enlève la bande et les compresses. Après un moment de conversation, je parviens à détourner son attention et à terminer le soin. Mais la résidente menace de « tout défaire » (dixit) et s’apprête à retirer la bande. J’interviens rapidement en posant ma main sur son bras et me sert de la sonnette pour appeler une aide-soignante. 4 Travail de Fin d’Etude Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes 6 Infirmière Diplômée d’Etat 7 Aide-Soignante 5 8 Celle-ci arrive rapidement et m’aide à mettre le gilet de Madame B afin qu’elle n’ait pas le pansement en vue. Nous la réinstallons confortablement au fauteuil. La patiente nous demande alors de partir, face à son agitation et ses cris, nous nous exécutons. 1.2 Emergence du questionnement Face à cette situation d’appel, de nombreux questionnements personnels ont émergé. C’est pourquoi nous avons débattu pour conserver les plus pertinentes au regard de notre sujet : - Peut-on parler de refus de soins dans cette situation ? - Quelle attitude adoptée, en tant qu’ESI8, dans cette situation et face aux comportements opposants de la patiente ? Quelles actions l’ESI aurait pu mettre en place afin d’améliorer le déroulement du soin ? - Une hospitalisation sur plusieurs années peut-elle avoir un impact sur la qualité des soins procurés au patient atteint de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? - Dans cette situation, peut-on parler de maltraitance ? Et si oui, à quel moment dans le soin? - Au contraire, peut-on dire qu’il y a eu bienveillance à l’égard de la patiente ? - Dans cette situation et lors de la réalisation du soin, quels sont les droits de la patiente ? - La connaissance de la personne soignée et l’établissement de la relation de confiance a-telle un impact sur la qualité de la prise en soins ? - Quelles sont les compétences nécessaires d’un soignant dans la prise en charge des patients atteints de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? - Existe-t-il des formations spécifiques à la prise en charge de personnes atteintes de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? - Quel est l’impact du refus de soins pour les soignants et les soignés ? - La communication était-elle adaptée ? - Quels sont les moyens de communication de la patiente ? L’opposition de la patiente estelle un moyen de communiquer ? - Comment la collaboration entre l’ESI et l’AS a-t-elle influencé la situation ? - Existe-t-il une différence entre troubles cognitifs et maladie d’Alzheimer ? 8 Etudiant en Soins Infirmiers. 9 1.3 La question de départ L’ensemble de ces interrogations nous ont ainsi amené à formuler la question principale de notre travail de fin d’étude : « Quels sont les facteurs qui interviennent dans la qualité de la prise en soins IDE dans un contexte de refus de soins auprès d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ? » 10 PARTIE 2 : CADRE DE REFERENCE 11 2.1 La maladie d’Alzheimer a. Epidémiologie La maladie d’Alzheimer est un réel problème de santé publique. En France environ 900 000 personnes en souffrent. Chaque année, 225 000 nouveaux cas sont recensés [5]. L’INSERM9 estime également, au vu de l’augmentation de l’espérance de vie, que cette pathologie concernerait près de 1,3 millions de personnes en France en 2020, soit près d’un patient sur 4 de plus de 65 ans. Cette pathologie touche essentiellement les sujets âgés et sa prévalence augmente avec l’âge. En effet, selon les chiffres de l’INSERM, moins de 2% des cas de maladie d’Alzheimer surviennent avant l’âge de 65 ans [5]. De plus, le risque de développer la pathologie double tous les 5 ans après 65 ans. b. Définition, symptômes, facteurs de risque Découverte en 1906 par Alois ALZHEIMER10, c’est une maladie neurodégénérative, d’évolution progressive et irréversible du tissu cérébral, aboutissant à un état de démence. Cette maladie se caractérise par une atrophie cérébrale, causée par une diminution des neurones et la formation de plaques séniles. Dans un premier temps, les altérations s’effectuent dans l’hippocampe, zone du cerveau qui régit la mémoire. Lorsque la maladie évolue, d’autres zones du cerveau sont touchées entrainant l’apparition de nouveaux symptômes en fonction de la zone atrophiée [6]. Du fait de ces troubles associés, la maladie d’Alzheimer se caractérise par des symptômes ayant un retentissement sur l’autonomie de la personne et dans les actes de la vie quotidienne, tels que des troubles de la mémoire antérograde (perte des souvenirs des plus récents aux plus anciens), de l’orientation spatio-temporelle, du langage (aphasie), des fonctions exécutives (difficultés à se concentrer par exemple), des gestes (apraxie), de la reconnaissance d’objets ou de personnes (agnosie), de la persévération, de la pensée, de l’humeur (dépression, anxiété, agitation). Les facteurs de risques de la maladie d’Alzheimer sont l’âge, le sexe (prédominance féminine), les facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension, diabète, hyperlipidémie, tabac), les antécédents familiaux, les antécédents de dépression (entrainant une diminution du volume de l’hippocampe), manque d’activité et l’isolement social. 9 Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale Psychiatre et neurologue allemand (1864-1915) 10 12 c. Evolution, diagnostic et traitement La vitesse et l’évolution de la maladie sont variables d’un individu à l’autre ; en moyenne elle aboutit au décès du patient entre 8 à 12 ans après l’annonce du diagnostic. Son évolution se caractérise par la présence de 4 stades [6] : stade 1 (apparition des premiers symptômes dont perte de souvenirs récents), stade 2 (accentuation des troubles), stade 3 (accentuation de l’amnésie associée à une perte des fonctions autonomes et à une altération du langage, des gestes et de la motricité), stade 4 (perte totale de l’autonomie engendrant systématiquement un état grabataire). Face à l’évolution irréversible de cette pathologie, il est important d’établir un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer afin de pouvoir mettre des aides en place et un accompagnement adapté. Le diagnostic doit être réalisé par une équipe pluridisciplinaire, composée de neurologues, psychologues et médecins traitants. Les équipes paramédicales ont une place importante dans l’élaboration du diagnostic au travers de l’observation clinique du patient. Pour se faire, il existe des tests neuropsychologiques qui aident au dépistage de la maladie. De plus, différents examens doivent être réalisés comme un IRM11, un bilan biologique afin d’éliminer un faux diagnostic (tumeur, carence…). Cependant, à ce jour il n’existe pas d’examens qui permettent de confirmer la pathologie. Seule une autopsie postmortem, consistant en l’analyse des tissus cérébraux, permet d’affirmer le diagnostic. Il est possible de freiner l’évolution de la maladie et des symptômes par une approche non médicamenteuse (rééducation, activités thérapeutiques, etc.) et médicamenteuse (neuroleptique, anticholinéstérasique, anxiolytique, etc.). A ce jour il n’existe pas de traitement curatif pour traiter cette pathologie. d. Conséquences sur la prise en charge soignante L’équipe soignante est indispensable dans la prise en charge du patient atteint de cette maladie. Les IDE interviennent auprès de cette population régulièrement, que ce soit à domicile, en institution, ou dans un service hospitalier. Mais la prise en charge d’une telle pathologie, si elle n’est pas reconnue ou comprise, peut être source de difficultés pour le soignant. Elle entraine des répercussions au niveau psychologique, comme le stress, l’anxiété, l’humeur dépressive, épuisement professionnel (voire le burn-out). Elle peut également avoir des conséquences sur les aptitudes du soignant et sur son exercice professionnel au travers d’une augmentation de la charge de travail, d’attitude de résignation de la part du soignant, d’une désorganisation, d’une attitude de négligence ou de maltraitance. 11 Imagerie par Résonnance Médicale 13 2.2 Les soins infirmiers Dans le cadre de notre TFE, il a semblé important d’aborder le concept du « soin » : qu’est-ce-que le soin ? Comment s’inscrit-il dans la démarche infirmière ? En effet, lors de la prise en charge d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer, l’IDE est soumis à son rôle sur prescription médicale et à son rôle propre qui occupe une place majeure. a. Qu’est-ce que le soin ? Le soin se définit par « des actes accomplis pour rendre la santé à un malade, les soins sont quotidiens : surveiller régulièrement la température, le pouls, la respiration, la tension, la courbe de diurèse, administrer les médicaments, faire la toilette et le lit du malade [7]». 12 Plus largement, les soins sont définis comme « des actes par lesquels on veille au bien-être de quelqu’un / des actes thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps / des actes qui visent à entretenir, préserver quelque chose ou quelqu’un [8] ».13 Le terme de « soin » a donc plusieurs définitions, qui se rejoignent dans le sens où le soin est un acte ou ensemble d’actes réalisés à autrui ou à soi-même, dans le but de préserver son bien-être et de maintenir, restaurer et promouvoir sa santé. Nous avons assisté à une conférence14 animée par M. Walter HESBEEN15, qui définit le mot soin comme « avoir le souci de », mais aussi comme « un ensemble d’actes et de tâches qui ponctuent le quotidien ». Pour lui, le soin n’est pas seulement de l’ordre du technique mais également du relationnel ; « prendre soin » se différencie de « faire un soin ». b. Qu’est-ce que le « care » et le « cure » ? Jean WATSON, infirmière américaine, évoque les soins à travers deux dimensions [9]. Elle a introduit la différence entre le « care » et le « cure ». Le Curing correspond à « apporter un soin » et s’applique à agir et traiter la maladie, soit l’aspect curatif du soin. Cet aspect est pour la plupart du temps, associé à la profession infirmière. L’autre dimension, le Caring, relève en grande partie du rôle propre infirmier et correspond d’avantage au « prendre soin de quelqu’un». Ces deux dimensions sont toutefois complémentaires. Cette nuance entre le « care » et le « cure » se retrouve dans la législation codifiant la profession infirmière au travers de ces deux rôles. 12 Définition selon l’encyclopédie alphabétique Larousse. Définition selon le dictionnaire Larousse 14 Conférence du 05/04/2016 à 14 heures, à l’IFPS de Besançon 15 Infirmier possédant un doctorat en santé public et rédacteur en chef de « perspective soignante » 13 14 Comme l’explique M. HESBEEN faire des soins est différent de prendre soin : « Prendre soin n’est pas un métier, c’est une disposition à l’humain ». En effet pour faire des soins : « il faut une qualification et un statut professionnel ». c. Les décrets qui encadrent la profession Le rôle propre IDE est légiféré par les articles R. 4311-1 à R. 4311-5 du Code de la Santé Publique : « Relèvent du rôle propre de l’infirmier ou de l’infirmière les soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes. Dans ce cadre, l’infirmier ou l’infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge nécessaire conformément aux dispositions des articles R. 4311-5 et R.4311-6 : il identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. […] » [11] Le rôle infirmier sur prescription médicale est légiféré par les articles R. 4311- 7 du Code de la Santé Publique : « l’infirmier ou l’infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application avec une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin : […] » [12] d. Les soins IDE auprès des patients atteints de maladie d’Alzheimer Dans la prise en charge de cette maladie, le rôle de l’IDE est primordial. Il doit veiller à conserver l’autonomie du patient ainsi que ces facultés cognitives et mnésiques. Par exemple, en l’incitant à faire seule les gestes du quotidien et en lui donnant des repères spatio-temporels. L’IDE peut également mettre en place des activités individuelles et/ou collectives, à buts thérapeutiques. Celles-ci doivent être adaptées aux besoins et aux capacités du patient pour leur permettent à la fois de se distraire, de rompre son éventuel isolement, de garder un rythme de vie normal et de travailler sur sa mémoire. L’IDE a un rôle important de surveillance : il doit être en capacité de repérer les premiers symptômes de la maladie afin d’optimiser la prise en charge, de surveiller les traitements, leurs efficacités et leurs effets secondaires. Il doit être capable d’identifier les troubles cognitivo-comportementaux : évolution, fréquence d’apparition, intensité. Cette observation lui permet de mieux comprendre le comportement, d’adapter son attitude et sa prise en charge. La communication fait partie intégrante des soins infirmiers, car elle est à la base de la relation soignant/soigné. On peut donc se demander comment se passe cette relation lorsque la communication devient difficile voire impossible, en raison des troubles cognitifs. 15 Elle est également un moyen d’éviter plusieurs situations dérangeantes ou qui pourraient être un frein dans la relation soignant/soigné. Ces situations peuvent être les suivantes : comportement d’opposition, d’agressivité, de fugue, de repli sur soi, d’isolement et enfin de refus de soins. Si la personne n’est plus en capacité de s’exprimer, il ne lui reste que ces comportements pour se faire entendre. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont sensibles à la communication, mais également au non verbal que l’on peut exprimer malgré nous, il faut donc être vigilant à nos mots, nos gestes. « La maladie impose de penser autrement la communication avec la personne malade » [13]. Comment se positionner en tant qu’IDE, lorsque le patient s’oppose aux soins que l’on veut lui prodiguer ? La question est d’autant plus complexe concernant les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. En effet, si celle-ci se caractérise par des troubles cognitifs, il est légitime de se questionner quant à la nature du refus : celui-ci est-il compris par la personne ? 2.3 Le refus de soins a. Définition du refus de soins Le terme refuser, vient du latin « refutare ». Il se définit comme le fait de «ne pas accepter ce qui est proposé, présenté» [14]. Il se rencontre fréquemment chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer, ou maladies apparentées. Il est parfois expliqué comme le seul moyen pour le patient d’exprimer ce dont il a besoin, envie, ou de montrer son mécontentement. Le refus de soin peut s’observer de différentes manières [15] : -Explicite de façon verbale face à une sollicitation soignante : « non, je ne veux pas ». -Implicite exprimé de façon non verbale par des comportements d’agitation, de retrait, de colère, cris et parfois violence envers le soignant. Il peut s’exprimer ponctuellement ou de façon régulière, sur n’importe quel soin notamment face à la toilette, ou aux bilans sanguins jugés trop répétés et invasifs par les patients. b. Les lois relatives aux droits des patients La législation qui accompagne le refus de soin concerne avant tout ce qui est relatif aux droits du patient : notion d’information, de consentement, de patient acteur de son soin. En effet, ces notions sont aujourd’hui encadrées par des textes juridiques récents destinés à conserver au mieux la dignité de chaque personne hospitalisée en lui garantissant le respect de ses volontés [16]. 16 - La charte Alzheimer éthique et société de 2001 : « Les personnes souffrant d’une maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée […] doivent bénéficier des mêmes droits que tout citoyen dans l’accès à des soins compétents et de qualité, à la compensation de leurs handicaps, au respect de leur dignité, à l’écoute de leurs attentes ». - La Loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et de la qualité du système de santé. Cette loi a pour objectif de placer le patient au centre de ses soins c'est-àdire qu’il devienne acteur à part entière de son traitement. Cet objectif est indissociable d’une information claire et précise par le médecin de toutes les connaissances liées à la pathologie et aux traitements associés, ainsi qu’un consentement libre et éclairé de la personne soignée. - Le droit à l’information Art L.1111-2 : Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposées, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus. - Le consentement Art L1111-6 : L’obligation d’information a pour corollaire le droit au consentement pour le patient. Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et préconisations qu’il lui fournit, les décisions concernant sa santé. Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. - Le refus de soins Art L.1111-4 : Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix. Si la volonté de la personne de refuser ou d’interrompre un traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d’accepter les soins indispensables. Les principes de refus de soins et de consentement font appel directement aux capacités d’autonomie de l’individu, sa capacité à choisir pour lui ce qui est bon ou pas. Or, dans le cas d’une personne atteinte de maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, ces fondamentaux sont évidemment perturbés par l’apparition de troubles cognitifs : la personne comprend-elle les explications médicales ? Est-elle capable de donner un avis adapté à la situation ? Comprend-elle les conséquences d’un refus de soins, de traitements ? Peut-on se fier à son refus ou à l’acceptation des soins ? Autant de questionnements qui perturbent au quotidien la prise en soin des soignants de patients atteints de troubles cognitifs importants. Ces difficultés peuvent amener à un excès ou une insuffisance de soins et aboutir à certain cas de maltraitance, de malveillance. Elle peut aussi générer, chez l’équipe soignante, une grande culpabilité. 17 La recherche du consentement permet de préserver le respect de la personne en lui donnant accès aux connaissances qui lui permettront de prendre une décision. En effet, quel que soit l’état de santé de la personne, elle se doit d’être informée par le médecin de toute information la concernant de manière claire et précise sur sa maladie, ses traitements, ses conséquences. Enfin, chaque membre de l’équipe, qu’il soit médecin, infirmier, aide soignant, kinésithérapeute, doivent repérer tous signes d’une réponse de la personne. Le travail d’équipe permet un échange entre tous ces partenaires et contribue à la confrontation d’informations sur l’état de santé du malade, l’évolution de la pathologie, les signes de refus, de consentement pour que toute décision prise soit le plus proche possible du souhait du patient concerné. Les textes juridiques de ces vingt dernières années constituent un repère pour la personne soignée car ils permettent d’affirmer la place centrale du patient dans son soin. Celui-ci n’est plus passif dans l’attente des décisions médicales à son sujet mais c’est à lui que revient l’ultime décision du soin ou du traitement le concernant. On parle aujourd’hui d’alliance thérapeutique entre le soignant et le soigné. Cependant, lorsqu’il s’agit de patient atteint de maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés, l’application de la loi devient plus complexe. C’est là que s’installe une démarche de réflexion en équipe entre professionnels de santé et famille qui permet d’éclairer au mieux les souhaits du patient en matière de décision médicale. Cette démarche contribue également à la relation de confiance partagée entre le patient, ses proches et l’équipe soignante. c. Les lois relatives aux décrets IDE L’article R. 4312-26 du CSP16 stipule que « l’infirmier ou l’infirmière agit en toute circonstance dans l’intérêt du patient » [17]. Il nous semble légitime de se questionner sur l’ambiguïté de cet article concernant une personne atteinte de troubles cognitifs. En effet, si cette dernière possède une capacité cognitive altérée, est-elle en mesure de choisir par et pour elle-même en toute connaissance de causes ? La difficulté pour l’infirmier(e) et pour les équipes soignantes est alors de juger de l’intérêt du soin pour la personne. Est-ce que l’intérêt du soin prime sur le respect de son refus et ainsi de son autonomie ? De plus, l’article R 4312-29 affirme que « l’infirmier ou l’infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques […] » [12]. 16 Code de Santé publique 18 On peut alors se questionner quant au rôle de l’IDE face à un refus de soins lorsque celui-ci est prescrit ? L’IDE engage alors sa responsabilité à réaliser ou non le refus de soins. Dans le cas où l’IDE juge qu’il n’est pas nécessaire de réaliser le soin, il doit en informer le médecin prescripteur. 2.4 La prise en charge de la maladie en institution a. les plans de santé publique Compte tenu des données épidémiologiques exposées précédemment, la maladie d’Alzheimer est devenue au fil du temps un réel enjeu de société et un problème de santé publique. Elle entraine des conséquences sociales et économiques pour les patients, l’entourage et la société. C’est la raison pour laquelle les politiques publiques se sont impliquées dans la réflexion de cette maladie afin de trouver des réponses au travers de la mise en place de plan de santé publique. Le premier « plan Alzheimer » a débuté en 2001 face au nombre croissant de patients atteints de la maladie d’Alzheimer (350 000 patients diagnostiqués en 2001) [18]. Ce plan s’est terminé en 2005, et a été reconduit lors d’un second « plan Alzheimer » en 2004 face au besoin d’améliorer la prise en charge. Les objectifs de ces deux plans consistaient à faciliter le diagnostic, la prise en charge et à améliorer la qualité de vie des patients et leur entourage [19]. Un troisième « Plan Alzheimer et Maladies Apparentées 2008-2012»17, lancé le 1er février 2008, a souligné l’importance de la recherche au travers de la mise en place de moyens financiers et humains. A ce jour, nous sommes au quatrième plan de santé publique. Ce « plan maladies neurodégénératives 2014-2019 » poursuit le plan Alzheimer. A la différence que ce nouveau plan ne se concentre plus uniquement sur la maladie Alzheimer mais s’étend à d’autres maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson et la sclérose en plaque). Ce plan comporte 3 axes [20]: - Améliorer le diagnostic et la prise en charge des malades. - Assurer la qualité de vie des malades et des aidants naturels. - Favoriser le développement et la coordination de recherches. La nécessité d’une personnalisation de la prise en charge de cette pathologie, a entrainé la création de structures dédiées à la prise en charge de patients atteints de la maladie d’Alzheimer et à la mise en place de formation des différents professionnels de santé intervenant auprès de cette population. 17 Cf. annexe 1 19 C’est ce que souligne le plan Alzheimer 2008-2012, qui a permis « la création d’outils de formation et d’information ainsi que le renforcement de la médicalisation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) », notamment au travers de mesures spécifiques telles que les mesures 1, 2, 16, 17 et 2018. b. La formation des soignants Le personnel soignant se retrouve souvent désemparé face aux troubles du comportement qu’implique la maladie d’Alzheimer, notamment lors des comportements d’opposition ou de refus de soins. En effet, la prise en charge de personnes dépendantes et présentant des troubles cognitifs et comportementaux peut être difficile pour les professionnels de santé, notamment pour les débutants. Cela peut alors entrainer l’apparition de situations d’incompréhension pour le soignant. Il est ainsi important que ce dernier sache s’adapter à chaque personne et à chaque situation et qu’il soit en capacité de comprendre les différents troubles du comportement afin d’adapter son attitude et sa prise en charge. C’est la raison pour laquelle le plan Alzheimer 2008-2012 reporté en 2013, affirme « que tous professionnels exerçant auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, doivent posséder les compétences approfondies d’autant plus qu’ils œuvrent auprès de personnes particulièrement vulnérables ». Il prévoit ainsi, au travers de l’objectif 6, de « valoriser les compétences et développer les formations des professionnels » en mettant en place un plan de développement de métiers et de compétences spécifiques pour la maladie d’Alzheimer, avec pour objectifs [21] : -La création d’une formation qualifiante pour les coordonnateurs -L’amélioration de la prise en charge des malades par la mise à disposition de compétences professionnelles nouvelles. -Un plan de formations spécifiques de l’ensemble du personnel intervenant dans les unités adaptées des EHPAD. En 2009, l’HAS recommande également que « tous les professionnels soient formés sur les troubles du comportement (facteurs de risques, symptômes, etc.) et leur prévention », afin qu’il soit en capacité de prendre en charge des situations difficiles en particulier lors des troubles du comportement. Ces formations prévoient une amélioration pour les professionnels de santé : augmenter le sentiment d’efficacité, limiter les risques de détresse ou d’épuisement, éviter les attitudes inadaptées face aux troubles du comportement. [22]. Un troisième organisme, l’ANESM19, a mis en place des recommandations de bonnes pratiques professionnelles en regard du plan Alzheimer 2008-2012 pour les établissements médico-sociaux accueillant et accompagnant des personnes atteintes de cette pathologie. 18 Cf. annexe 1 Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des Etablissements et Services sociaux et Médicosociaux. 19 20 Celles-ci prévoient que « l’ensemble des professionnels des établissements médicosociaux prenant en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou apparentées soit qualifié, spécifiquement formé et soutenu pour accompagner les personnes accueillies » [23]. La formation des professionnels de santé prévoit ainsi d’adapter et de compléter leurs connaissances et compétences au regard de la maladie afin d’assurer un accès aux soins et une prise en charge de qualité. Ces formations ont divers objectifs tels que [23] : l’actualisation des connaissances sur la maladie et sa prise en charge, son retentissement sur les capacités de la personne malade dans les actes de la vie quotidienne / la mise en place de stratégies adaptatives qui respectent la personne et son histoire / la compréhension et à l’évaluation des troubles psychologiques et comportementaux / l’anticipation et à la résolution des situations de crise / aux techniques de communication, «savoir-être» et «savoir-faire» / l’évaluation de la douleur, plus particulièrement chez les personnes non communicantes. c. Les unités spécialisées dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer La perte progressive d’autonomie engendrée par la maladie d’Alzheimer est un facteur responsable, à long terme, d’une institutionnalisation de la personne atteinte de cette pathologie. L’ANESM explicite que « la maladie d’Alzheimer représente une des principales causes d’entrée en institution » [23]. Outre la formation des soignants, nous nous sommes intéressées dans ce travail sur un autre facteur facilitant la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées ; la création d’unités spécialisées. A ce jour, il existe plusieurs structures spécifiques pour l’accueil des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elles ont pour objectifs d’accueillir des patients dans un cadre sécurisé et adapté à leur pathologie en proposant des prises en charge conforme à chaque résident suivant un projet de vie individuel, personnalisé et d’une collaboration étroite avec la famille. Ces structures ont été définies par le plan « Alzheimer et maladies apparentées 2008-2012 » qui a souligné l’importance d’améliorer l’accueil en établissement pour une meilleure qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, notamment au travers des mesures 16 et 1720. Ces mesures ont permis la création, au sein des structures existantes, des unités de soins spécialisées dans les prises en charge de patients présentant des troubles comportementaux. 20 Annexe 2 21 Ce plan prévoit ainsi différents dispositifs d’accompagnement dans le but de prendre en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées, que ce soit en EHPAD ou à l’hôpital, tels que [24] : Pôle d’Activités et de Soins Adaptés (PASA) Ce dispositif permet d’accueillir, durant la journée, des résidents d’un EHPAD exclusivement, ayant des troubles du comportement modérés. Cela leur permet de bénéficier d’activités sociales et thérapeutiques dans un environnement rassurant, spécialement aménagé et adapté à la déambulation. Ces activités, individuelles ou collectives, ont pour objectif le maintien ou la réhabilitation des capacités fonctionnelles ou cognitives restantes. Unité d’Hébergement Renforcée (UHR) Ce dispositif est destiné aux personnes ayant des troubles du comportement sévères. Il propose des soins et des activités sociales et thérapeutiques au sein d’un hôpital, d’un USLD ou d’un EHPAD, sur une période donnée. Unité Cognitivo-Comportementale (UCC) Ce dispositif permet l’accueil de patients présentant des troubles du comportement productifs sévères et venant du domicile, d’un EHPAD ou de l’hôpital. Il propose une hospitalisation de courte durée (moins de 30 jours en général) afin de permettre une stabilisation des troubles du comportement et une réhabilitation cognitive et comportementale, fondée sur l’écoute, la bienveillance et le respect du patient. Ce dispositif permet d’éviter un passage en service hospitalier pouvant fragiliser le patient. 2.5 La conduite à tenir face à un refus de soins Lors de la première année de formation, des cours théoriques concernant la prise en charge de patients atteints de la maladie d’Alzheimer nous ont été dispensés [6]. Ceux-ci avaient pour objectifs de définir la maladie et de nous transmettre des éléments clés de la conduite soignante à adopter lors de prises en charge de personnes atteintes de cette pathologie, tels que : Organiser des repères dans la vie quotidienne : répéter régulièrement dans la journée son prénom ou son nom, renommer ses proches et son entourage, laisser ses affaires à la même place, éclairer les lieux autorisés et laisser dans l’obscurité les lieux interdits (…). En effet, un changement de lieu, d’habitude de vie ou encore la présence d’un nouveau professionnel, peuvent majorer les troubles psycho-comportementaux, d’où l’importance d’éviter tous changements dans les habitudes du patient. 22 Rythmer la vie quotidienne : établir un ordre dans les activités de soins afin de permettre à la personne de s'habituer à une vie ordonnée. Chaque fois qu’un évènement de la vie en institution est modifié, le patient doit apprendre et à se réadapter. Accompagner le patient et respecter son autonomie. Proposer des activités occupationnelles ou de stimulation en fonction des centres d'intérêts et des capacités de la personne. De plus, l’HAS a établi des recommandations pour les soignants, que l’on doit adapter à chaque situation [22]. 21 Malgré ces moyens mis en place, nous nous sommes aperçues au cours de nos divers stages, que les situations de refus de soins restent fréquentes. C’est la raison pour laquelle nous avons orienté nos recherches sur la conduite à tenir face à un refus de soins et quelles stratégies pouvaient être mises en place. a. Comprendre le refus de soins pour mieux l’appréhender Le refus de soins pose souvent un problème de gestion au quotidien par l’équipe soignante. Outre le fait que s’opposer à un soin entraine une organisation complexe (perte de temps, de patience, impossibilité de faire les soins, etc.), les professionnels de santé se sentent souvent démunis face à un refus ne sachant pas quelle posture adopter. Il est donc essentiel pour le soignant d’être à l’écoute et de prendre le temps de comprendre l’origine, les causes, les facteurs qui contribuent au refus de soins : Pourquoi est-ce que, ce jour-là et à ce moment-là, la personne malade refuse l’intervention du soignant ? L’hypothèse apportée par certains professionnels et anthropologues, tel que F. BALARD serait que, pour préserver une identité déjà fragilisée par l’âge et/ou la maladie, l’individu préfère refuser l’aide, l’accompagnement, en bref tout ce qui pourrait révéler une dépendance [25]. C’est dans le refus qu’il prouve sa façon d’exister, qu’il est à même de décider seul de ce qu’il veut. Dans ces situations, la confrontation du soignant qui s’obstine dans le soin n’est évidemment pas conseillée puisqu’elle aggrave la situation de repli sur soi du patient. Les soignants qui travaillent avec des personnes atteintes de troubles cognitifs sont quotidiennement confrontés au refus de soins : refus de la toilette, de la prise de médicaments, de s’alimenter (…). Ces multiples refus sont d’autant plus difficiles à supporter qu’ils remettent en cause la pratique soignante ; l’identité propre du soignant qui est de porter assistance, aider, secourir, accompagner « Son intervention perd donc tout son sens si elle est vécue comme une agression par le malade. Alors la question suivante se pose : comment rester soignant dans ces circonstances ? » [25]. Pour comprendre un refus de soins, il est tout d’abord nécessaire d’en comprendre son origine : qu’est-ce qui est refusé ? Par exemple la toilette, l’heure de la toilette, les conditions du soin, etc. 21 Cf. Annexe 2 23 En effet, un refus de soins peut avoir diverses origines qu’il faut rechercher, telles que des causes organiques (douleur, inconfort, infection, etc.), psychologiques (dépression, des facteurs socio-environnementaux), environnementales (manque de confiance envers le soignant, changement des habitudes de vie etc.) Une fois que le soignant a identifié l’origine du refus, il est alors pertinent de se questionner sur sa signification au travers d’éléments de l’histoire de vie de la personne, avec l’aide de ses proches : est-ce une volonté du patient ? Cela a-t-il un rapport avec ses mœurs et sa religion ? Est-ce en rapport avec ses habitudes de vie ou encore un rapport avec les relations qu’il entretient avec un soignant ? En second lieu, le soignant se doit de réfléchir sur les conséquences de ce refus et sur la compréhension du patient. Si nous prenons pour exemple les soins d’hygiène, souvent négociés par les soignants, on peut se questionner sur le bon sens du patient qui refuse ces soins. Le manque d’hygiène a peu d’influence sur l’état de santé d’une personne mais peut avoir des conséquences sur sa vie sociale. A ce jour, les mentalités tentent à changer : si auparavant une douche par jour était le minimum, aujourd’hui les équipes prennent en compte le vécu des patients qui même dans leur vie active ne bénéficiaient pas toujours d’une douche quotidienne. Enfin, il est nécessaire de se questionner sur l’indication des soins. Par exemple, un patient peut se montrer réticent à prendre plus d’une dizaine de médicaments par jour. Le travail de collaboration avec le médecin est alors essentiel afin de l’interpeller sur la nécessité et sur l’indication de chaque traitement. Ces situations de confrontations permanentes peuvent amener le soignant à devenir malveillant, non pas de façon volontaire, mais dans la façon d’imposer son soin au patient. Cette malveillance intervient rarement pour maltraiter le patient mais plutôt par souci « de bien faire » et de remplir sa fonction principale de soignant qui est d’apporter le soin, l’aide, de guérir le malade. C’est dans ce contexte que l’on retrouve souvent dans le langage des professionnels « mais si il faut prendre vos traitements c’est important », « il faut se laver, vous serez mieux après une bonne douche ». Souvent, le refus de ces soins est vécu comme un échec pour l’équipe qui semble ne pas avoir tout fait pour le confort du patient, qui parfois se sent coupable de ne pas avoir rempli efficacement sa mission de soin. Enfin, la posture du soignant est aussi influencée par son vécu, sa propre vision du soin, de la perception qu’il a de lui s’il était hospitalisé. Ainsi, le soignant s’obstine à faire une toilette parce qu’il considère que lui-même ne supporterait pas de rester un jour sans se laver. Il peut forcer la prise de médicaments car elle garantit le maintien de la vie, qu’il considère comme primordiale. C’est dans ce contexte qu’il est important de rappeler que chaque individu est différent et que les professionnels de santé ne peuvent pas parler à la place de la personne hospitalisée. 24 La présence de la famille, des proches devient alors essentielle afin que chaque indice permette de s’adapter au mieux à la vie et à la personnalité de la personne malade. Elle est nécessaire pour ne pas réduire l’individu à l’état de patient. Il est important de souligner que le patient, malgré la maladie et l’avancée des troubles cognitifs, reste libre de ses choix. Le travail d’équipe permet également une vision différente de prise en charge qui aide à ne pas enfermer le soin dans une seule vision professionnelle. b. La posture IDE face à un refus de soins En réponse au refus de soins, l’attitude du soignant est primordiale. L’IDE doit rester calme, adopter une attitude bienveillante et adapter son comportement. En effet, face à une attitude autoritaire, infantilisante, moralisatrice de l’IDE, le patient pourrait se sentir agressé, altérant la relation de confiance établie en accentuant ainsi les comportements d’opposition. De plus, il ne faut pas forcer la personne, quelque que soit le moyen employé (contention, chantage…). Il en va du devoir de l’IDE, comme le souligne la loi des incapables majeurs de 1968; « le consentement doit toujours être recherché et respecté, que la personne protégée soit lucide ou non » [26]. Face à un refus de soins, l’IDE doit vérifier que la personne a compris ce qui lui est proposé et donc ce qu’elle refuse. Mais, la pathologie entrainant une altération des fonctions cognitives, il est légitime de se questionner sur le degré de compréhension de la personne : est-elle en mesure de comprendre les informations transmises ? Est-elle en mesure de prendre une décision ? Face à cette difficulté de trouver une réponse à ces questions, l’IDE peut mettre en place des stratégies organisationnelles. Par exemple il est important d’essayer de décaler les soins autant que possible, respecter les habitudes et le rythme de vie des patients, prendre en compte l’avis de l’entourage, rechercher en équipe des compromis et accepter de laisser au patient des possibilités de choix, négocier avec la personne afin d’assurer les soins prioritaires (…). L’infirmière a un rôle important concernant la collaboration avec les autres professionnels de santé. Travailler en équipe permet d’optimiser les prises en soins en collaboration avec d’autres professionnels de santé. Cela permet de passer le relais dans les situations les plus complexes, en s’assurant que celui-ci relève de sa compétence. En effet, l’une des causes du refus de soins peut être le manque de confiance envers le soignant. Afin d’assurer la cohérence de la prise en charge, on retrouve dans les services des temps de paroles tels que les relèves, les réunions hebdomadaires et/ou les groupes de parole. Ces moments doivent permettre d’éviter la fatigue professionnelle et un sentiment d’isolement des soignants. Le professionnel de santé doit également être capable de se remettre en question en acceptant le refus et proposer des soins adaptés à chaque patient. 25 c. Refus de soins et pratique professionnelle Ce que l’on retrouve chez la majorité des professionnels de santé confrontés au refus de soin est une remise en cause perpétuelle de leur pratique, une réflexion quotidienne de leurs actions : ai-je bien fait ? Ai-je respecté le désir du patient ? Ainsi, chacun trouve dans sa prise en charge des « ruses », des moyens de s’adapter à chaque patient : passer plus tard dans la chambre, intégrer les médicaments dans les aliments, adapter la toilette en proposant un bain plutôt qu’une douche (…). Cela pousse le soignant à évaluer et à s’adapter, chaque jour et à chaque moment de la journée, à la personne hospitalisée. Cependant, en début de carrière, on retrouve souvent de jeunes professionnels adeptes du forcing ou de l’abandon n’ayant que peu d’expérience et peu de recul. Puis, avec des années de pratiques, une certaine souplesse et une adaptabilité apparaissent et grandissent avec le jugement personnel et le travail d’équipe qui permet l’échange des pratiques avec les différents professionnels. Outre ce partage d’expérience, le travail d’équipe est important, essentiel car il permet d’éviter des situations de frustration personnelle et professionnelle. En effet, la collaboration permet un relais lorsque le professionnel est en difficulté. Ainsi, le soignant ne reste pas seul et démuni devant un refus mais il a possibilité d’échanger avec l’équipe sur les manières d’appréhender le refus chez tel ou tel patient. Cela permet ainsi d’éviter un épuisement professionnel qui accroit le risque de maltraitance. Dans la prise en soin de personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, la difficulté consiste en le respect de la loi qui repose sur l’autonomie et sur la notion de jugement personnel (ce qui est bien pour moi), elle-même affectée par la maladie. Le soignant se retrouve face à un dilemme : il a appris à dispenser des soins pour le bien-être de la personne, mais doit-il ne plus les faire parce qu’il ne respecte plus la loi ? Quelle responsabilité endosse alors le professionnel s’il n’effectue pas des soins pourtant censés amener à la guérison ou du moins au confort du malade. C’est ce contexte complexe qui amène parfois les soignants à se trouver dépourvus de solutions, démunis face à la prise en charge de certains patients. La question du positionnement dans la responsabilité soignante face à un refus est alors fréquemment évoquée. Une autre difficulté qui subsiste est de considérer et préserver la dignité de la personne bien que la maladie la conduit parfois à des comportements jugés indignes d’un individu. Ainsi, le travail en soins de longue durée, intervient dans toutes les dimensions du quotidien : levé, repas, toilette, couché… Toutes ces occasions doivent permettre de mieux connaitre le patient et sa famille et contribuent à déterminer ce qu’il aime (préférence alimentaire, odeur) et ce qu’il n’aime pas (heure de la journée, organisation du soin). Ces facteurs aident à diminuer l’apparition de refus de soins car la prise en charge du patient repose en majorité sur son identité : son ancien rythme de vie, ses habitudes alimentaires qu’il avait chez lui (…). 26 Les troubles cognitifs engendrés par cette maladie, provoque une angoisse massive à laquelle doit répondre constamment l’équipe soignante. Elle concerne notamment les demandes répétées des patients en proie à la désorientation spatio-temporelle, l’équipe se doit d’aider les patients à acquérir un minimum de repères. Le soignant est donc confronté à la principale contrainte professionnelle de temps, le fameux dilemme qui oppose les règles institutionnelles (horaires de médicaments, horaires de toilette, pauses, relèves, réunions) et la volonté de tout mettre en place pour le confort d’un patient. Une autre question se pose dans cette démarche : accepter un refus est-ce toujours être soignant ? En effet, le refus ne doit pas être vécu comme un échec. Il permet de reconsidérer le patient en tant que personne qui affirme ces souhaits. Souvent celui-ci ne refuse pas un soin mais plutôt une attitude invasive qui survient à un moment difficile ou non approprié pour lui. La gestion du refus s’améliore en général avec le temps. L’hospitalisation en longue durée permet au patient une prise progressive de repères. Ainsi les soignants parviennent, peu à peu, à devenir l’entourage familier que le patient tend à accepter. Il est également important de valoriser le travail du soignant en lui démontrant qu’il contribue au progrès de la personne, même minime. Ainsi chaque petit gain d’autonomie (parvenir à prendre seul sa fourchette, effectuer seul la toilette de son visage), doit permettre de prévenir l’épuisement professionnel et de positiver sur sa pratique quotidienne. 27 PARTIE 3 : METHODOLOGIE DE L’ENQUETE 28 3.1 Choix de l’outil a. Le terrain de l’enquête Dans le but de répondre à nos questionnements et élargir notre réflexion dans le cadre de notre mémoire, nous avons choisi de mener des interviews auprès de professionnels directement concernés par le refus de soins, que sont les IDE. Cette approche nous a permis de nous confronter à la réalité du terrain, d'être au plus près des pratiques soignantes des services et de répondre à la problématique posée par notre TFE. Nous avons effectué trois entretiens s'inscrivant dans une méthode qualitative et semidirective au travers d'un questionnaire. Afin de réaliser cette enquête, nous avons décidé d’interroger trois IDE, exerçant au sein d’établissements différents : Service de gériatrie, CHRU de Besançon / Unité fermée spécifique maladie Alzheimer, Les Jardins d’Asclepios à Baume-les-Dames / Service conventionnel accueillant des personnes âgées démentes ou non, SSR des Tilleroyes. La diversité des services nous a paru pertinente pour comparer les moyens de prise en charge de la personne âgée atteinte de troubles cognitifs et pour observer les différents outils mis en place par l’établissement (formation des soignants, organisation des services, soutien aux professionnels…). Cette différence nous a permis de relever comment était appréhendé le refus de soin suivant les moyens, le personnel présent, l'organisation du service (…). En effet, nous avions pour objectif d'identifier les similitudes et les divergences entre services. Pour cela, nous avons choisi divers établissements en fonction de : - La population accueillie : nous souhaitions réaliser dans des établissements accueillants des personnes âgées. - La capacité d’accueil de l’établissement. A l’origine, nous avions le souhait de réaliser les entretiens auprès d’établissement possédant une capacité d’accueil similaire, afin que l’aspect organisationnel n’interfère pas dans le discours des professionnels. capacité d'accueil semblable - éviter les influences notamment par les professionnels exerçant à la fois dans une unité ouverte et une unité fermée. b. Les objectifs attendus Le but de cette démarche était d'obtenir le maximum d'information quant aux moyens utilisés lors d'un refus de soin, les ressources dont disposent les professionnels mais aussi leur vécu au quotidien ainsi que leur expérience face à ce genre de situations. Nous avons également comparé cette enquête à nos recherches théoriques établies précédemment. 29 c. Les professionnels choisis Le choix des professionnels s'est tourné vers des infirmier(e)s confrontées quotidiennement à des personnes âgées atteints de maladie d'Alzheimer ou de troubles apparentés, susceptibles d’être face à des situations de refus de soin. Pour les interviews, nous n'avons pas ciblé de critères particuliers (âge, années d'expérience, sexe…) pour ne pas avoir un professionnel « type » mais au contraire élargir les réflexions avec des soignants d'établissements différents. De plus, cela enrichi notre questionnement à travers des pratiques soignantes diverses d'un individu à l'autre. 3.2 Le déroulement de l’enquête et la grille d’entretien a. Elaboration de la grille d’entretien Nous avons, après des recherches en amont, formulé un questionnaire comprenant douze questions relatives à la prise en charge et au refus de soins des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés22. b. Déroulement des entretiens Le premier entretien s'est déroulé au service conventionnel du SSR des Tilleroyes avec une infirmière que l'on nommera IDE 1. Cette IDE a 44 ans, elle est diplômée depuis 2005 (11 ans) et a toujours travaillé dans cette structure, ce qui est pour elle un choix. L'interview a duré 13 minutes, temps assez bref car l'IDE était pressée par le temps. Cet échange écourté, nous a paru être une limite à l’entretien. Nous avons réalisé cet entretien dans une salle, où nous étions seules avec l’IDE et dont le climat était propice à l’échange (pas d’interférence). Le second entretien s'est déroulé en unité fermée dans l'EHPAD Les Jardins d'Asclepios, avec une infirmière de 28 ans que l'on nommera IDE 2. Cette structure spécialisée accueille des personnes âgées atteintes d’une ou plusieurs démences. L'IDE 2 est diplômée depuis 6 ans et demi (2009) et travaille dans la structure depuis 3 mois. Auparavant elle a exercé en EHPAD et a eu un an d’expérience en tant qu’infirmière libérale. L’entretien a duré environ 11 minutes et s’est déroulé dans une salle que la cadre de santé nous a laissée à disposition. Nous étions ainsi seules avec l’IDE, sans interférence. Elle s’est montrée disponible et intéressée par le sujet. Le dernier entretien s'est déroulé avec un infirmier âgé de 27 ans, que l'on nommera IDE 3. Cet IDE exerce au sein du service de gériatrie (2 Aile Nord) au sein du CHRU de Besançon. Il est diplômé depuis 5 ans (2011) et a toujours travaillé dans ce service. 22 Cf Annexe 3 30 L’entretien a duré environ 16 minutes au sein d’une salle réservée à cet effet. Il était ouvert et intéressé par le sujet. 3.3 Exploitation des données a. Le retour des soignants interrogés Nous avons débuté notre interview par une présentation brève des IDE : nom, prénom, âge, parcours professionnel, année d’expérience. Les trois infirmiers nomment l'expérience professionnelle comme un facteur important qui permet nettement d'améliorer la qualité de PEC des patients : « Oui, on se nourrit des expériences précédentes et de nos astuces, enfin ce qu'on a déjà fait avec d'autres patients ». L'IDE 2 explique, par exemple, que le choix de travailler en EHPAD a toujours été un souhait car c'est un public qu'elle apprécie. Elle mentionne que l'équipe est habituée à travailler avec des personnes âgées ce qui facilite nettement la prise en soin. Lorsque l'on aborde la question de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés, les principales difficultés rencontrées durant les PEC sont l'opposition, l'agressivité, trouver des activités adaptées, connaître les souhaits des patients, la déambulation fréquente (majorée par le risque de fugue), les perturbations de l'organisation du service (contrainte de temps) ainsi que les conflits avec les autres résidents. Tous s'accordent à évoquer que la difficulté principale reste le refus de soins. Les trois infirmiers interrogés définissent le refus de soins comme « Ne pas vouloir faire, le fait de dire non... ». C'est la réponse immédiate qui survient lorsque l'on demande d'expliquer le refus de soin. Bien que cette définition paraisse claire, on suppose, en approfondissant le sujet, que les professionnels semblent en difficultés à repérer ces refus : « Est-ce qu’ils sont d’accord ou pas ? Ca on n’en sait probablement rien. » IDE 3. Ce doute est d'autant plus marqué par la présence de troubles cognitifs «Des fois on ne sait pas vraiment si c'est un refus ou s'ils ne souviennent pas... » IDE 1. A la question n°7 « Existe-t-il une organisation spécifique », les IDE 1 et 3 relatent une absence d’organisation spécifique au sein du service dans la PEC de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Par exemple, l’IDE 1 évoque pour sa part des contraintes de temps, d’effectifs et d’organisation, ce qui ne permet pas de respecter les habitudes du patient et de proposer une organisation spécifique pour les personnes démentes :« Comme le soir, on a 30 patients et un tour de cachets qui dure 1 heure, donc si on commence par parlementer pour prendre un Doliprane avec le 1er patient et qu’on voit l’heure tourner (pause)… ». En revanche l’IDE 2 nous parle d’une organisation spécifique qui permet de s’adapter aux habitudes du patient. « On a une unité, donc unité 2 qui plutôt heu… on va dire lourde entre guillemets heu… physiquement, donc ils sont plus dépendants physiquement et l’autre unité où c’est plus psychologiquement. » 31 De plus, il s’agit d’une unité fermée (à l’intérieur comme à l’extérieur), ce qui permet au patient de pouvoir déambuler en sécurité. Cette organisation permet aux soignants d’être plus disponibles et de proposer diverses activités, adaptées au patient. Diverses stratégies sont évoquées pour appréhender un refus de soins. Tous évoquent la négociation. Comme l’explique l’IDE 2 face à patient récalcitrant : « du coup on a essayé de négocier avec lui ». Les IDE 1 et 2 évoquent la ruse notamment en dissimulant les traitements dans la nourriture et/ou en détournant l’attention. Cette stratégie nous a interpellée, notamment de la part de l’IDE 2 qui travaille en unité spécialisée et où nous n'aurions pas supposé de telles pratiques. De plus, les propos de l’IDE 1 nous ont étonnés « Mentir au patient et après on se dit ' que c’est pour leur bien». Cela nous interroge sur les notions de bienveillance et notamment du respect des codes éthiques de la profession. De plus, qui sommes-nous pour juger du bien-être d'un individu ? L'IDE 2 parle de délégation, de la notion de relais entre les soignants de l'équipe pour éviter l'épuisement et l'énervement de l'infirmière confrontée au refus. Elle évoque également le fait « d'entrer dans le délire » pour permettre d'apaiser certains patients agités. Elle cite pour exemple, une patiente qui s’énerve tous les jours vers 16 heures. Sa pathologie l’amène à revivre son adolescence où elle rentrait les vaches à la même heure, explication donnée par les enfants lors de l’entretien avec l’équipe. Les professionnels parlent aussi de répétition dans leur sollicitation c'est à dire qu'ils n'hésitent pas à réitérer leurs demandes face à un échec par rotation des personnels. Une autre stratégie évoquée par les IDE 1 et 3 est la collaboration avec les médecins mais de façon différente. Si pour l'IDE 1 il est important de prévenir le médecin par le biais de réunion collégiale ou simplement pour se protéger dans ses pratiques professionnelles, pour l'IDE 3 c'est plutôt un recours, parler en équipe pluridisciplinaire lors de PEC difficile pour trouver des solutions. En complément de l'expérience, comme vu précédemment dans les apports théoriques, chaque professionnel a l'opportunité de participer à des formations concernant la PEC de personnes âgées atteintes de troubles cognitifs. Cette participation reste basée sur le volontariat. Cependant, l’IDE 1 se sent moins formée que les soignants des services spécialisés. Face au refus de soins, les professionnels s'accordent à dire que la connaissance du patient est le facteur primordial de leur PEC. Elle permet de mieux cerner le malade par la connaissance de ses habitudes de vie et de sa personnalité, moyen évoqué par les trois IDE. Les réactions du patient sont également mieux appréhendées : moments de la journée où il paraît irrité, ce qu'il préfère comme organisation (douche, bain...), ces préférences alimentaires. Ce qui influe également la PEC est le temps d'hospitalisation, énoncé par les IDE 1 et 3. 32 Effectivement, un temps d'hospitalisation de longue durée permet d'être identifié par le patient comme un individu de l'entourage, puisque le soignant intervient dans les actes de la vie quotidienne, et donc d'instaurer une relation de confiance. L'IDE 2 nous parle aussi de l'importance du recueil de données effectué à l'entrée du patient par la neuropsychologue. Ce recueil se réalise avec les familles lors d'entretien d'accueil et se trouve très utile pour adapter les soins et les activités quotidiennes aux personnes. Enfin, nous avons interrogé les IDE sur les compétences nécessaires pour prendre en charge un patient atteint de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. Pour deux d’entre eux (IDE 2 et 3), il s’agit plus de valeurs que de compétences. Cependant, si l’IDE 1 aborde la question sous le sens de compétences, elle mentionne, comme les deux autres, le patient en premier lieu. Ils font tous mention de tolérance, de collaboration : « le fait de savoir passer le relais », d’empathie, d'écoute et de transfert. L’IDE 2 évoque également l’importance de la remise en question du professionnel « être capable de dire qu’on y arrive plus » et éviter de s’obstiner. b. Analyse des entretiens Dans l’optique d’analyser les résultats des différents entretiens menés, nous avons réalisé un tableau regroupant les principaux éléments de réponse classés par thème. Grâce aux interviews, nous avons comparé nos représentations à la réalité. En interrogeant des professionnels infirmiers exerçant dans des structures différentes (SSR, CHRU, Unité fermée), nous prouvons que l'on retrouve cette pathologie dans la majorité des services de santé. Ainsi, chaque soignant, sera, au cours de sa carrière, amené à prendre en charge ce public. Les principaux refus de soins évoqués par les interviewés restent l'opposition à la toilette, aux repas et aux traitements. Nous supposons qu'il s'agit des soins les plus évoqués car ce sont ceux les plus rencontrés dans les structures : peu de soins techniques en EHPAD. Concernant les démonstrations d'un refus de soins, tous évoquent une expression verbale. Seul l'IDE 3 ajoute la communication non verbale pour exprimer une opposition aux soins, en prenant l’exemple des patients qui arrachent plusieurs fois leurs cathéters veineux périphériques. De ce fait, nous nous demandons si les IDE 1 et 2 considèrent un refus de soins par sa démonstration non verbale. Ces interviews ont ainsi corrigé nos représentations car nous pensions à tort que les professionnels exerçant au sein des structures spécialisées étaient en obligation de détenir une formation spécifique. Cela dépend des établissements, comme nous le confirme l’IDE 1 : « Mais c’est vrai qu’à l’UCC ils ont une formation spécifique et obligatoire pour travailler dans le service. » 33 En ce qui concerne les origines du refus de soins, seul l’IDE 3 nous explique qu’il tente de rechercher la source de l'opposition. Cette réponse nous a interpellé car nous pensions que l’IDE 2, de par son exercice en structure spécialisée, serait plus à même d'émettre des hypothèses quant au refus de soins. C’est également dans l’interview de l’IDE 3 où l’on ressent le plus la notion de respect du choix du patient. C’est ce qu'il nous explique, en parlant au nom de l’équipe, que lorsque qu’un patient refuse un soin, il n’insiste pas. Le respect du refus de soins est une notion abordée dans les deux autres interviews, lorsque les stratégies mises en place en amont ne sont pas fonctionnelles. Comme évoqué précédemment, les professionnels abordent la collaboration avec le médecin. Après analyse des entretiens, nous nous sommes questionnés sur l'intérêt pour l'IDE d'en échanger avec le médecin : se protéger, rechercher une solution, débriefer ? (…). Par ailleurs, la notion de travail d'équipe nous paraît essentielle pour étoffer la recherche de solutions face à une PEC difficile. Outre la collaboration avec les médecins, l’IDE 2 énonce également l’importance d’un travail en équipe paramédicale, notamment lors du besoin de passer le relais. Elle évoque l’importance d’une équipe soudée : « c’est vrai qu’on a toujours une collègue qui est là ». Après la lecture de ces entretiens, nous avons ressenti une certaine fatigue professionnelle pour les IDE 1 et 2, notamment avec la notion de répétition évoquée par l'IDE 2, et l’éventuel énervement qui en surgit. Comme l'expliquent l’IDE 1 et l’IDE 2 : « Ben c’est agaçant en fait (1)», « ça dépend aussi de nous, de notre état de fatigue », « sentiment de perte de temps et d’impact sur le travail (2)». Leur vécu complexe et les notions négatives, telle que l’agacement, la perte de patience ou l’irritabilité, énoncés par les professionnels sont souvent traduits par des pauses lors de l’interview. Face à ces intonations et aux postures observées lors des entretiens, on suppose que évoquer leurs difficultés paraît tabou pour les professionnels car elles sont trop facilement associées à de la maltraitance envers des personnes vulnérables. Nous avons relevé une contradiction dans le discours de l'IDE 2 : malgré la certaine fatigue professionnelle qu’elle évoque, à la question « quelles difficultés éprouvez-vous dans la PEC au quotidien », elle répond « il n’y a pas de grandes difficultés ». Nous supposons que les refus soins font partie du quotidien de l’IDE, essentiellement dans un service spécialisé. L’IDE 3 n’évoque pas de difficultés au travail ou d’impact sur son activité. Nous nous sommes questionné sur le lien avec les réunions collégiales, mises en place toutes les 2 semaines. Parler de ces limites permet-il de soulager les conséquences des prises en charge difficile au travail ? Ce que nous avons également ressenti lors des entretiens, c’est que la PEC dépend de la dynamique de l’équipe. Comme l’explique l’IDE 3, il existerait une influence des différents collaborateurs : « l’arrivée du nouveau chef de service très impliqué, à améliorer les PEC au travers des réunions collégiales, des questionnements éthiques ». 34 Cependant, à la suite de l‘analyse de ces entretiens, nous relevons qu’aucun professionnel n’aborde la question de la communication. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’elle est la base du soin, et les soignants ne pensent pas à la mentionner parce qu’elle est évidente. c. Limites et points forts Nous avons trouvé plusieurs limites à ces entretiens : - Les interviews ont duré moins longtemps que prévu initialement. - Les réponses des IDE étaient parfois brèves, peu étoffées et difficilement exploitables. Nous avons éprouvé des difficultés à relancer le débat, de part notre faible expérience en interview. -Après relecture des différents entretiens, nous avons réalisé qu’il nous manquait certains éléments de réponses et que nous aurions pu explorer d’autres pistes lors de ces rencontres. Des questions supplémentaires nous sont apparues lors des analyses des interviews. Les points forts des entretiens : - Pour chaque entretien, nous étions attendus et une salle était disponible pour l'interview. - Chaque IDE était informé de notre venue par la cadre de santé. - Mise à part le premier entretien, les IDE 2 et 3 n'avaient pas de contraintes de temps et se sont montrés très intéressés par le sujet. 35 PROBLEMATIQUE 36 Au cours de ce travail, nous avons recueillis différents éléments. Des éléments « théoriques », que nous avons étudiez lors de notre formation et grâce à nos recherches ; et des éléments « pratiques », lors de nos différents entretiens avec les professionnels de santé. Ce travail a enrichi nos recherches et notre réflexion ce qui nous a mené à une problématique. L’analyse de notre travail nous a permis de nous rendre compte à quel point la communication est importante dans la relation soignant-soigné. Néanmoins, nous avons pu remarquer que cette relation peut être difficile lorsque le patient est atteint de troubles cognitifs, surtout en cas de refus de soins. Comme nous l’avons dit dans notre travail, la communication est également un moyen d’éviter plusieurs situations dérangeantes ou qui pourraient être un frein dans la relation soignant/soigné. Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer s’expriment souvent grâce à une communication non verbale. Il est donc nécessaire que le soignant soit en capacité de remarquer ces signes afin d’améliorer sa prise en charge, de s’adapter au patient grâce à sa communication. Pour une prise en charge IDE d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer de qualité, nous nous posons la question suivante : « En quoi la communication du soignant envers un patient atteint de la maladie d’Alzheimer influe la qualité de la prise en charge ? » 37 CONCLUSION 38 Nous arrivons au terme de notre étude. A partir des questionnements qui ont découlé de notre situation d’appel, nous avons pu réaliser des recherches théoriques et rencontrer trois IDE, afin de dégager les points clés dans la prise en charge de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de troubles apparentés. Nous rappelons que nous avons axé notre travail sur la recherche de facteurs susceptibles d’améliorer la qualité de la prise en charge de la personne atteinte de cette pathologie, notamment lors des refus de soins. Cette notion nous a paru importante à aborder. En effet, au vu de nos expériences de stage, nous retrouvons ces situations dans la majorité des services, ce qui nous prouve que c’est une réalité incontestable du métier infirmier. C’est la raison pour laquelle nous devons approfondir nos connaissances sur la pathologie et les avancées médicales en lien. Tout d’abord, nous avons dégagé des facteurs communs à l’ensemble des professionnels soignants, tels que les formations spécifiques à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer et la création d’unités spécialisées au sein des structures existantes. Par ailleurs, concernant le rôle IDE, nous avons repéré des éléments essentiels à concilier avec l’accompagnement d’un patient atteint de cette pathologie. D’une part dans la prise en charge globale de la personne et d’autre part l’attitude spécifique au refus de soins. Le mot d’ordre général et primordial est la notion d’adaptabilité. En effet, l’IDE doit ainsi s’adapter à chaque situation et patient, de part leur singularité. De plus, l’attitude de l’IDE occupe une place importante ; face au refus de soin, il est essentiel que le soignant cherche le dialogue et évite la confrontation. Sa posture et sa réflexion professionnelle doivent l’amener à une remise en question perpétuelle car il doit adapter ses connaissances à chaque individu, qui défend ses propres valeurs, besoins, envies et refus. Cette remise en question doit assurer une bonne relation soignant/soigné en laissant au patient le besoin d’être entendu. Tous ces éléments évoluent avec le temps, l’expérience professionnelle ainsi que les pratiques réflexives qui découlent des situations interpellantes. Ce travail nous aura permis d’approfondir nos connaissances législatives concernant l’exercice de la profession infirmière et nous aura permis de nous interroger sur nos conceptions du professionnelle. soin et de la relation soignant/soigné afin d’améliorer notre pratique 39 BIBLIOGRAPHIE 40 -[1] Haute Autorité de la Santé. Note méthodologie et de synthèse documentaire. Prendre en charge une personne âgée polypathogique en soins primaires [en ligne]. Disponible sur : <http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201504/note_methodologique_polypathologie_de_la_personne_agee.pdf> (consulté le 12/04/16). -[2] La Démence, Aide-mémoire n°362, avril 2012. -[3] OMS - Organisation Mondiale de la Santé. La démence [en ligne]. Disponible sur : <http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs362/fr/> (consulté le 17/02/16). -[4] Selon l’Organisation Mondiale de la Santé. La démence [en ligne]. Disponible sur : <http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs362/fr/> (consulté le 17/02/16). -[5] INSERM – Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale. Accueil. Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie. Dossiers d’information. Alzheimer [en ligne]. Disponible sur : <http://www.inserm.fr> (consulté le 20/04/2016). -[6] Cours IFSI – Institut de Formation en Soins Infirmiers. 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Santé Mentale, n°161, octobre 2011. p.2. -Refus de soins est maladie d’Alzheimer. Gérontologie sans frontière, n°162, avril 2012. pp. 14-24. -Refus d’aide et de soins : réflexion partagée. Gérontologie sans frontière, n° 162, avril 2012. pp. 14-24. 43 -Le refus de soins de la personne âgée à son domicile. L’aide-soignante, n°163, janvier 2015. pp. 17-19. -L’aide-soignante, le refus de soins et l’obstination déraisonnable. L’aide-soignante, n°163, janvier 2015. pp. 10-12. -Alzheimer : changer le regard de la société. Gérontologie, n° 119, mars 2001. pp. 50-51. -Quelles attitudes adopter face à un refus de soins. Gérontologie, n° 119, mars 2001. pp. 30-33. -Ethique médicale et gériatrie. Gérontologie, n° 119, mars 2001. pp. 8-20. 44 ANNEXES 45 Annexe 1 Les objectifs et mesures du plan Alzheimer 2008-2012 AXE I. AMELIORER LA QUALITE DE VIE DES MALADES ET DES AIDANTS Objectif n°1 - Apporter un soutien accru aux aidants. Mesure n°1 Développement et diversification des structures de répit Mesure n°2 Consolidation des droits et de la formation des aidants Mesure n°3 Amélioration du suivi sanitaire des aidants naturels Objectif n°2 - Renforcer la coordination entre tous les intervenants. Mesure n°4 Labellisation sur tout le territoire de « portes d’entrée unique » les « Maisons pour l’Autonomie et l’Intégration des malades Alzheimer » (MAIA) Mesure n°5 Mise en place de « coordonnateurs » sur l’ensemble du territoire Objectif n°3 - Permettre aux personnes atteintes et à leurs proches de choisir le soutien à domicile. Mesure n°6 Renforcement du soutien à domicile, en favorisant l’intervention de personnels spécialisés Mesure n°7 Amélioration du soutien à domicile grâce aux nouvelles technologies Objectif n°4 Améliorer l’accès au diagnostic et optimiser le parcours de soins. Mesure n°8 Elaboration et mise en œuvre d’un dispositif d’annonce et d’accompagnement Mesure n°9 Expérimentations de nouveaux modes de rémunération pour les professionnels de santé Mesure n°10 Création d’une carte d’information « Maladie d’Alzheimer » pour chaque malade Mesure n°11 Création des consultations mémoire dans les zones non pourvues Mesure n°12 Création de « centres mémoire de ressources et de recherche » dans les zones non pourvues Mesure n°13 Renforcement des consultations mémoire à forte activité Mesure n°14 Surveillance des accidents iatrogènes médicamenteux Mesure n°15 Amélioration du bon usage des médicaments 46 Objectif n°5 Améliorer l’accueil en établissement pour une meilleure qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer Mesure n°16 Création ou identification, au sein des EHPAD, d’unités adaptées pour les patients souffrant de troubles comportementaux Mesure n°17 Création d’unités spécialisées au sein des services de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR), pour malades atteints d’Alzheimer Mesure n°18 Hébergement des malades jeunes Mesure n°19 Identification d’un « centre national de référence pour les malades Alzheimer jeunes» Objectif n°6 Valoriser les compétences et développer les formations des professionnels. Mesure n°20 Un plan de développement de métiers et de compétences spécifiques pour la maladie d’Alzheimer AXE II. CONNAITRE POUR AGIR Objectif n°7 Fournir un effort sans précédent pour la recherche Mesure n°21 Création d’une fondation de coopération scientifique pour stimuler et coordonner la recherche scientifique Mesure n°22 Développement de la recherche clinique sur la maladie d’Alzheimer et amélioration de l’évaluation des thérapies non-médicamenteuses Mesure n°23 Allocations doctorales et post-doctorales Mesure n°24 Postes de chefs de clinique assistants et assistants hospitalouniversitaires Mesure n°25 Recherche en sciences humaines et sociales Mesure n°26 Soutien de groupes de recherche sur des approches innovantes Mesure n°27 Soutien de groupes de recherche en méthodologie et Sciences Humaines et Sociales Mesure n°28 création d’un ventre de recherche sur le traitement automatisé de l’image Mesure n°29 Études et suivi dans le temps d’importantes populations de malades (cohortes) Mesure n°30 Génotypage à haut débit Mesure n°31 Exploitation du séquençage du génome du microcèbe Mesure n°32 Formation à l’épidémiologie clinique 47 Mesure n°33 Développement des liens entre la recherche publique et l’industrie Objectif n°8 Organiser un suivi épidémiologique Mesure n°34 Mise en place d’un suivi épidémiologique AXE III. SE MOBILISER POUR UN ENJEU DE SOCIETE Objectif n°9 Informer et sensibiliser le grand public Mesure n°35 Mise en place d’un numéro unique et d’un site Internet d’information et d’orientation locale Mesure n°36 Tenues d’assises régionales pour accompagner la mise en œuvre du plan Mesure n°37 Connaissance du regard porté sur la maladie Objectif n°10 Promouvoir une réflexion et une démarche éthique Mesure n°38 Création d’un espace de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer Mesure n°39 Lancement d’une réflexion sur le statut juridique de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer en établissement Mesure n°40 Organisation régulière de rencontres autour de la thématique de l’autonomie de la personne souffrant d’une maladie d’Alzheimer Mesure n°41 Information des malades et leurs proches sur les protocoles thérapeutiques en cours en France Objectif n°11 Faire de la maladie Alzheimer une priorité européenne. Mesure n°42 Inscription de la lutte contre la maladie d’Alzheimer comme priorité de l’Union Européenne lors de la présidence française Mesure n°43 Valorisation et promotion de la recherche au plan européen Mesure n°44 Tenue d’une conférence européenne à l’automne 2008 48 Annexe 2 Selon has : Les attitudes de soins suivantes sont données pour exemple et sont à adapter à chaque cas: Eviter de faire à la place du patient ce qu’il est encore capable de faire : rechercher les capacités restantes et les stimuler Installer une routine adaptée à ses habitudes (ne pas l’obliger à prendre un bain s’il a l’habitude de se doucher, etc.) Laisser au patient la possibilité de faire ses choix (par exemple pour les plats ou pour les vêtements). Ces capacités diminuent en fonction de l’évolution de la maladie Simplifier le quotidien au fur et à mesure de l’évolution de la maladie (par exemple, préférer les vêtements faciles à enfiler, éviter les plateaux-repas ou les tables trop encombrés, etc.) Décliner les différentes tâches en plusieurs étapes (par exemple après le choix des vêtements, les présenter dans l’ordre de l’habillage) Préserver l’intimité pour les soins et l’hygiène personnelle Aider pour les soins d’hygiène corporelle, qui peuvent être un moment de tension : veiller à la température de la salle de bains et de l’eau, préparer les objets de toilette à l’avance (savon, gant, brosse à dents, etc.), respecter le besoin de pudeur du patient, lui donner une instruction à la fois, le prévenir avant de lui faire un soin comme lui laver le visage Chercher des alternatives lorsqu’un soin peut être à l’origine d’un trouble du comportement Rassurer et réconforter la personne régulièrement lors d’un soin Laisser faire les comportements qui ne dérangent pas, à condition qu’ils ne soient pas dangereux Proposer une activité ou des alternatives qui ont une signification lorsqu’il existe certains troubles : pour une déambulation qui dérange proposer une autre activité répétitive comme plier le linge ; pour une agitation, proposer d’écouter de la musique ou regarder l’album photo personnel du patient, etc. Ne pas insister lorsque le patient ne veut pas faire l’action demandée, ne pas le raisonner Laisser le patient se calmer lorsqu’il existe une agressivité verbale ou physique déclenchée par la présence de l’aidant. 49 Annexe 3 Questionnaire : 1. Pouvez-vous vous présenter succinctement (âge, année d’expérience, parcours professionnel, période d’exercice dans la structure ?) Il s’agit d’une entrée en matière. Nous posons tout d’abord cette question pour obtenir des informations sur la personne interrogées. Cela nous permettra, par la suite, d’avoir des éléments afin de comparer les réponses des différents professionnels (comparaisons éventuelles par rapport aux années d’expériences, à l’âge, au parcours professionnel antérieur…) 2. Depuis quand travaillez-vous dans l’EHPAD ? 3. Est-ce un choix de votre part de travailler dans cet établissement et auprès de cette population ? La question a pour objectif de renforcer le cadre de présentation. Nous cherchons ici à savoir si le fait de vouloir ou non travailler auprès de cette population peut avoir un impact sur la prise en charge et sur le refus de soins des patients pris en charge. 4. Quel type de population et pathologie récurrente retrouvez-vous au sein de la structure ? Etes-vous amener à prendre en charge des patients atteints de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? Il s’agit d’une question que l’on pose au service conventionnel pour vérifier la présence ou non de personnes atteintes de démences au sein de la structure et leur fréquence de prise en charge. Nous poserons cette question uniquement dans les structures conventionnelles. 5. Quelles difficultés éprouvez-vous au quotidien dans la prise en charge des résidents ? Cela va nous permettre d’entrée dans le sujet. Nous avons décidé de poser cette question avant d’aborder la notion de refus de soins pour voir si les professionnels de santé interrogés abordent le sujet d’eux-mêmes et si c’est fréquent. Dans le cas où le professionnel n’évoque pas le refus de soins, nous serons amenées à aborder cette notion avec lui. Cette question nous permettra également de voir si nos difficultés rencontrées lors des stages sont partagées par les professionnels de santé interrogés. 50 6. Pour vous, qu’est-ce qu’un refus de soins ? Comment le définissez-vous ? Cette question a pour objectif de savoir si les professionnels de santé sont au clair avec la définition même du refus de soins. En effet, il nous parait important en premier lieu de comparer ces éléments de réponse. 7. Y-a-t-il une organisation de prise en soins spécifique pour les personnes atteintes de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer dans le service ? OUI NON Si oui laquelle : C’est une question axée sur l’organisation même du service, afin de savoir si des actions collectives sont mises en place et savoir comment le service répond à la nécessité d’une prise en charge spécifique concernant les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. 8. Avez-vous déjà été confronté au refus de soins avec une personne atteinte de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? OUI NON Cette question a pour but de vérifier la présence du refus de soin auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leur fréquence 9. Si oui, quelle est votre attitude face à un refus de soins ? Quelles stratégies mettezvous en place pour améliorer la prise en charge ? Question axée sur les actions mises en œuvre par le soignant lors d’un refus de soins. Elle pousse le soignant à se questionner sur sa pratique professionnelle. Cela nous permettra, par la suite, de confronter les différentes stratégies mises en place face à un refus de soins. 10. Avez-vous reçu une formation spécifique à la prise en charge de patients atteints de troubles cognitifs pour travailler dans cette structure ? OUI NON Au vu des recherches réalisées en amont, nous souhaitons, au travers de cette question, savoir si les formations concernant la prise en charge de patients atteints de la maladie d’Alzheimer sont dispensées dans les services. Et nous souhaitions également savoir si ces formations ont un impact positif pour la prise en charge des patients déments. 51 11. Pour vous, la connaissance du patient et de ses habitudes peut-elle avoir un impact sur la qualité de prise en charge d’un patient atteint de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? Nous voulons savoir, au travers de cette question, si le fait de connaître le patient améliore la qualité de prise en soins. Cela permettra de confronter les réponses entre une structure spécialisée et des unités conventionnelles dont la durée de prise en charge est généralement plus courte. 12. Selon vous, quelles sont les compétences nécessaires d’un soignant dans la prise en charge des patients atteints de troubles apparentés à la maladie d’Alzheimer ? Ici, nous cherchons à savoir quelles sont les compétences requises pour améliorer la qualité de prise en soins afin de répondre à une partie de la question de départ. Quels sont les facteurs individuels, propres à l’IDE, nécessaires afin d’améliorer la qualité de prise en charge d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés qui refusent un soin. 52 Le refus de soins chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. De nos jours, la maladie d’Alzheimer constitue un réel enjeu de santé publique. En 2015, 47,5 millions de personnes sont atteintes de cette pathologie dans le monde, dont 900 000 en France. Cette maladie peut entrainer des situations de refus de soins, parfois difficilement vécues par les équipes soignantes. Le but de ce travail consiste à identifier les facteurs qui influencent la qualité de prise en charge infirmière des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Pour répondre à ce questionnement, 3 infirmières exerçant dans des structures différentes et auprès d’une population âgée ont été interrogées. Cet entretien qualitatif a permis de comparer différentes prises en charge concernant le refus de soins chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer et les différentes pratiques professionnelles. Les résultats principaux ont démontré que les professionnels interrogés s’accordent à définir une prise en charge semblable malgré les différents lieux d’exercices. Cependant, des facteurs organisationnels et personnels interviennent. En conclusion, il existe différents facteurs influençant la qualité de prise en charge. Notamment des facteurs communs à l’ensemble des professionnels de santé (formation des soignants et création d’unités spécialisées) ainsi que des facteurs individuels (le travail d’équipe, la relation soignant/soigné, les émotions du soignant...). Mots clés : maladie d’Alzheimer, santé, refus de soins, prise en charge, infirmière. Denial of medical treatment in people with Alzheimer's disease Alzheimer's disease is nowadays a serious public health issue. In 2015, 47.5 million people around the world had this disease, including 900,000 in France. The disease can lead to the patient denying medical treatment, which is not always easy for the healthcare team to handle. This work aims to identify the factors influencing the quality of nursing care for people with Alzheimer's disease. To address this issue, three nurses working with elderly people in different facilities were questioned. This qualitative interview enabled the comparison of both different types of patient management for people with Alzheimer's disease denying medical treatment and the various professional practices. The key results showed that the questioned professionals tend to manage their patients similarly, irrespective of the workplace. However, organisational and personal factors are involved. To conclude, there are several factors influencing the quality of care, whether they are common to all healthcare providers (training of the staff and creation of specialised units) or individual (teamwork, provider-patient relationship, patient's feelings...). Key’s word: Alzheimer’s disease, health, denial of medical treatment, healthcare, nurse.