Les troubles anxieux chez les enfants et les adolescents

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4.07 – Les troubles anxieux chez les enfants et les
adolescents : Aperçu d'une prise en charge
interdisciplinaire.
2e Congrès biennal du C.Q.J.D.C.
Présenté par
Caroline Berthiaume, Clinique d’intervention
troubles anxieux (CITA), Montréal;
Geneviève Racicot, Clinique d’intervention
troubles anxieux (CITA), Montréal.
Présenté Vendredi 31 octobre 2008 11h00 - 12h15,
Les troubles anxieux
chez les enfants et les adolescents:
Aperçu d’une prise en charge interdisciplinaire
Caroline Berthiaume, Ph.D.
Psychologue et Coordonnatrice clinique
Geneviève Racicot, M.Sc.
Psychoéducatrice
Clinique d’Intervention-Troubles Anxieux, HRDP
Introduction
Domaine d’étude relativement récent
Troubles peu connus du large public
Forme la plus commune de détresse psychologique
chez les jeunes
Prévalence générale: 6% à 20%
(au Québec=15%)
Anxiété normale vs pathologique
Peur:
Réaction normale face à un danger réel
Anxiété:
Émotion normale face à une menace perçue (subjective)
Devient pathologique lorsque:
- Excessive
- Détresse
- Durée
- Difficile à contrôler
- Évitement
** lorsque les symptômes interfèrent avec le fonctionnement quotidien **
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COMPORTEMENTS
SENSATIONS
PHYSIQUES
PENSÉES
7 Troubles anxieux
Phobie spécifique
Trouble d’anxiété de séparation (TAS)
Phobie sociale
Trouble d’anxiété généralisée (TAG)
Trouble panique avec ou sans agoraphobie (TPA)
Trouble obsessionnel-compulsif (TOC)
État de stress post-traumatique (ÉSPT)
(Phobie scolaire)
Phobie spécifique
Peur intense, excessive et persistante à l’égard d’un objet
ou d’une situation spécifique
Les plus fréquentes phobies spécifiques: noirceur, animaux, hauteurs,
tonnerre et éclairs, vomir, etc.
Sensations physiques: les plus fréquentes
Pensées: impression d’être en danger, anticipation à l’idée d’entrer
en contact avec l’objet de peur
Comportements: évitement ou affrontement avec grande détresse
Dérange le fonctionnement quotidien
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Indices à observer
L’enfant a-t-il des réactions excessives devant un objet
ou une situation spécifique (+ intense que les autres de
son âge)?
Essaie-t-il d’éviter à tout prix d’être en contact avec
cet objet?
Jusqu’à quel point cette peur dérange-t-elle sa vie?
l’empêche de faire des choses?
Trouble d’anxiété de séparation
Peur excessive et inappropriée d’être séparé d’avec une
ou des figures d’attachement:
- Détresse dans les situations de séparation ou à l’anticipation de…
Sensations physiques: les plus fréquentes
Pensées: crainte qu’un malheur ne lui arrive ou qu’un malheur
arrive à une figure d’attachement et qu’ils doivent se séparer
Comportements: évitement ou affrontement avec grande détresse
Dérange le fonctionnement quotidien
Indices à observer
L’enfant réagit-il ainsi à la séparation:
pleure, s’agrippe à l’adulte, refuse de discuter, crie, fait des crises
de colère, supplie ses parents de ne pas le quitter, se plaint de
symptômes physiques (maux de tête, nausée...), se sauve, etc.
Est-ce qu’il appelle souvent ses parents lorsqu’il n’est
pas avec eux ?
Va-t-il dormir chez ses amis ?
Comment réagit-il si ses parents arrivent en retard ?
Accepte-t-il de se faire garder ? Si oui, par qui ?
A-t-il de la difficulté à quitter ses parents ?
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Phobie sociale
Peur intense et persistante d’une ou plusieurs situations
sociales ou de performance où l’enfant est exposé à
l’observation d’autrui
Sensations physiques: les plus fréquentes + plaintes somatiques
Pensées: Peur d’agir de façon embarrassante ou humiliante devant
les autres et d’être jugé négativement
Comportements: évitement ou affrontement avec grande détresse
Dérange le fonctionnement quotidien
Indices à observer
L’enfant évite-t-il le contact avec les autres?
Est-il très embarrassé lorsqu’on lui demande de parler en
classe? De faire des exposés? De lire à voix haute?
Refuse-t-il de participer à certaines situations sociales?
Remarquez s’il évite ou doit faire un effort considérable
pour faire face aux situations les plus évitées.
Trouble d’anxiété généralisée
Caractérisé par la présence chronique d’inquiétudes
excessives et incontrôlables
Sensations physiques: Maux de ventre, problèmes de sommeil,
irritabilité, agitation, difficultés de concentration, tension musculaire
Pensées: tourbillon d’inquiétudes concernant la performance, la
famille, les relations sociales, la santé, les problèmes dans le monde,
les situations nouvelles ou incertaines
Comportements: évitement ou affrontement avec grande détresse
Dérange le fonctionnement quotidien
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Indices à observer
L’enfant semble-t-il être toujours inquiet de quelque chose?
Est-ce que l’enfant rapporte un ensemble de pensées,
d’images et de doutes qui s’enchaînent?
Est-ce que l’enfant verbalise des inquiétudes portant sur
des conséquences potentiellement négatives?
Cherche-t-il constamment à se faire rassurer?
Semble-t-il rassuré?
Pose-t-il souvent les mêmes questions ?
Trouble panique avec agoraphobie
Présence de fréquentes attaques de panique et surtout,
craintes des conséquences liées à ces attaques
Sensations physiques = Attaque de panique (AP)
AP: Période de peur intense qui se manifeste par une variété de
symptômes physiques: tremblement, palpitations cardiaques,
étourdissement, difficulté à respirer, sueurs…
Pensées: Crainte persistante d’avoir d’autres AP et préoccupations à
propos des conséquences de l’attaque (peur de mourir, de perdre le
contrôle, de devenir, de s’évanouir, etc.)
Comportements = Agoraphobie
Anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations
d’où il pourrait être difficile ou gênant de s’échapper ou dans lesquelles
il pourrait ne pas trouver de secours en cas d’AP
Dérange le fonctionnement quotidien
Indices à observer
L’enfant a-t-il déjà vécu une AP?
A-t-il peur d’avoir quelque chose de grave?
Y a-t-il des endroits qu’il évite parce qu’il a peur d’être
soudainement pris d’un malaise et de ne pas avoir d’aide?
À la question: qu’est-ce qui te fais peur?
la réponse doit être liée aux symptômes physiques et
leurs conséquences et non pas à une situation ou à un
objet spécifique
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Trouble obsessionnel-compulsif
Caractérisé par la présence d’obsessions et de compulsions
difficiles à contrôler
Sensations physiques: voir les plus fréquentes
Pensées = Obsessions
pensées, images ou impulsions intrusives, récurrentes et persistantes
que l’enfant ne désire pas avoir en tête
Comportements = Compulsions
comportements répétitifs ou actes mentaux que l’enfant ressent
comme un besoin urgent d'accomplir, selon des règles inflexibles, afin
de chasser la pensée obsédante et l’anxiété
Dérange le fonctionnement quotidien
Indices à observer
L’enfant fait-il des gestes ou des actions de façon
répétée et/ou ritualisée?
L’enfant devient-il très anxieux lorsqu’on l’empêche
d’exécuter ces actions?
État de stress post-traumatique
A: Exposition à un événement jugé traumatisant…
lors duquel sa vie ou celle de quelqu’un d’autre a été en danger ou
encore lors duquel son intégrité physique ou celle de quelqu’un
d’autre a été menacée
B: Reviviscence de l’événement
flashbacks de l’événement, cauchemars, avoir l’impression que l’incident
est en train de se produire de nouveau, etc.
C: Évitement des stimuli associé au traumatisme et
émoussement de la réactivité générale
éviter les conversations, les personnes et les endroits qui rappellent ce
qui est arrivé, difficulté à exprimer tout type d’émotion, avoir
l’impression que l’avenir est « bouché », etc.
D: Activation neurovégétative
difficulté de concentration, problèmes de sommeil, hypervigilance,
réaction exagérée de sursaut, etc.
Dérange le fonctionnement quotidien
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Indices à observer
Le comportement de l’enfant a-t-il subitement changé?
L’enfant a-t-il vécu un événement difficile dernièrement?
Répète-t-il cet événement à travers des jeux ou des
dessins?
Refuse-t-il de parler de ce qui est arrivé ?
A-t-il des difficultés de concentration depuis que
l’événement est arrivé (ou autres symptômes d’activation
neurovégétative)?
Phobie scolaire
Plainte à propos de l’école, résistance à fréquenter l’école
allant jusqu’à un refus total d’aller à l’école ou à y rester
Pas dans DSM-IV
Ce terme ne nous informe en rien sur ce que l’enfant craint
On doit donc parler d’un « REFUS SCOLAIRE » qui lui, est
associé à un trouble anxieux
Paramètres d’intervention
(JAACAP, février 2007)
Traitements psychologiques
4)
Privilégier une approche thérapeutique multimodale.
5)
La sévérité des symptômes et le degré d’interférence
devraient être pris en considération lors de l’élaboration
du plan d’intervention.
6)
La psychothérapie devrait toujours faire partie du
traitement des troubles anxieux.
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Thérapie cognitive-comportementale
Devrait être privilégiée en premier lieu
Possède les appuis empiriques les plus nombreux
Stratégies reconnues efficaces:
-
Psychoéducation (faire de l’éducation…)
Techniques de gestion de l’anxiété
Restructuration cognitive
Stratégies par exposition
Prévention de la rechute
Importance de tenir compte du modèle théorique
spécifique à chacun des troubles anxieux
Faire de l’éducation
Expliquer, en des termes concrets, les
facteurs qui déclenchent et maintiennent l’anxiété
- Reprendre ce qui a été identifié lors de l’analyse fonctionnelle du
comportement
- Faire ressortir le rôle de l’évitement et des pratiques parentales
Expliquer ce que l’on connaît du TA et des traitements
reconnus efficaces
- Surtout les critères diagnostiques et les biais cognitifs les plus
fréquents
Expliquer les composantes de l’anxiété et donner un aperçu
des moyens pour les gérer
Stratégies pour gérer les sensations
physiques
1) Identifier les réactions physiologiques
associées à l’anxiété
2) Démystifier les sensations physiques
liées à l’anxiété
3) Techniques de gestion de l’anxiété
- Respirations abdominales
- Relaxation musculaire
- Autres activités relaxantes
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Stratégies pour gérer les pensées
catastrophiques
1) Identifier les pensées catastrophiques (PC)
- Grilles d’auto-observations
- Qu’as-tu peur qu’il arrive? Quel est le pire
qui puisse arriver?
2) Confronter ces pensées à la réalité
- Poser des questions: y a-t-il d’autres possibilités?
As-tu tendance à exagérer? Et si le pire arrivait, que
pourrais-tu faire?
3) Utiliser des pensées aidantes (PA) pour se
rassurer
- Attention à la pensée positive
- On recherche des pensées réalistes
** Résolution de problèmes
Stratégies pour gérer les
comportements
1) Identifier les comportements d’évitement
- Grilles d’auto-observations
- Expliquer le rationnel de l’évitement et de
l’exposition
2) Élaborer une hiérarchie d’exposition
- Importance de la collaboration des parents
3) Faire des exercices d’exposition graduée
- Importance de renforcer chacun des efforts
- Valorisation des progrès
Psychoéducation
Rôles auprès du jeune
1) Psychoéducation en individuel ou en
groupe
2) Généralisation des stratégies dans le
milieu de vie
- Établissement d’objectifs réalistes
- Élaboration des étapes d’exposition
- Observation et évaluation continue
Rôles auprès des collaborateurs
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Interventions familiales
Selon le JAACAP (2007)…
Privilégier interventions auprès des parents de façon
concomitante à celles auprès du jeune
Miser sur les stratégies suivantes:
- Enseigner le processus de résolution de problèmes
- Réduire l’anxiété parentale
- Amener le parent à renforcer son enfant lorsqu’il opte pour des
stratégies d’adaptation efficaces
Utiliser une approche psychodynamique
- surtout lorsque les parents ont de la difficulté à appliquer les stratégies
compte tenu d’événements traumatiques du passé
Paramètres d’intervention
(JAACAP, février 2007)
Traitements pharmacologiques
7)
Privilégier les ISRS en premier lieu.
8)
Médications autres que les ISRS peuvent être utilisées.
9)
Considérer la présence des comorbidités.
- troubles de l’humeur, TDAH, abus des substances…
Dernière recommandation de l’AACAP
10) Faire le lien avec les collaborateurs externes, en
particulier avec l’école.
Défis liés au travail en équipe
interdisciplinaire
Chaque intervenant connaît les troubles
anxieux et est au fait des données probantes
Ouverture aux points de vue des autres
Discussions d’équipe statutaires et régulières
Capacité de remise en question
Connaissance de ce que l’autre intervenant fait
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Pour référer un enfant…
S’il y a soupçon d’un trouble anxieux :
1)
2)
3)
4)
En parler avec les parents et l’enfant
Solliciter un professionnel de l’école (pour compléter l’évaluation)
Considérer les ressources disponibles dans le quartier
S’il y a présence d’un trouble anxieux complexe (qui dérange
énormément le fonctionnement quotidien):
- Référence à la Clinique d’Intervention-Troubles Anxieux (CITA) de
l’Hôpital Rivière-des-Prairies
- Référence médicale nécessaire
- Les parents téléphonent au Guichet Unique de Pédopsychiatrie
(GUP):
514-323-3GUP
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