Mettre en place une canule de Guedel

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P RAT I Q U E E N I M A G E S
FMC
FMC
PAR LE D R ÉRIC TORRES, médecin urgentiste (SDIS 13 )
Mettre en place
une canule de Guedel
la technique
Destinée à être mise en place chez toute victime présentant un trouble de la
conscience grave, la canule de Guedel est un dispositif simple d’emploi et peu
onéreux qui devrait trouver sa place dans toute trousse d’urgence digne de ce nom.
LE PROBLÈME
La décision de mettre en place une canule de Guedel impose de
répondre préalablement à deux questions.
> La canule est-elle véritablement indiquée ? Le patient inconscient est particulièrement exposé au risque de chute de la langue
en arrière. La base de la langue peut alors prendre appui sur
l’épiglotte et obstruer les voies aériennes supérieures. C’est
pour éviter cette complication que la canule de Guedel doit être
utilisée chez toute victime dont l’état de conscience est suffisamment altéré pour que ce dispositif soit bien toléré. C’est le
cas lorsque la victime est dans le coma, c’est-à-dire lorsque son
score de Glasgow est inférieur ou égal à 8.
> Quelle taille de canule choisir ? La canule de Guedel est
disponible en différentes tailles : 00, 0, 1, 2, 3, 4 et 5. Le tableau
ci-dessous donne une idée du modèle le plus
adapté à la taille du patient. Il n’a cependant qu’une valeur informative puisque la
mesure de la distance entre la commissure
labiale et le lobe de l’oreille donne une information bien plus précise [photo 1].
Taille de la canule
en fonction de l’âge
Tranche
d’âge
Taille
Nouveau-né Nourrisson Enfant Adolescent Adulte
00 ou 0
1
2
3
4 ou 5
LES PIÈGES À ÉVITER
Avant de mettre en place une canule de Guedel, il convient de
toujours bien évaluer le rapport bénéfice/risque de l’opération.
En tout état de cause, il faut garder en mémoire un certain
nombre d’éléments.
> La canule ne doit jamais être fixée [photo 6]. Si le patient
cherche à l’extraire avec sa main ou à l’expulser spontanément,
c’est la preuve qu’elle n’est pas (ou plus) indiquée. Elle doit
alors être retirée immédiatement.
> Si la canule libère les voies aériennes supérieures, elle
n’assure en aucune manière leur protection contre les vomissements. Elle ne doit donc être considérée que comme une technique temporaire ou comme un acte devant être rapidement
complété par une prise en charge plus complexe (intubation)
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ou par un geste destiné à protéger les voies aériennes supérieures du patient (installation du patient en PLS, mise à
disposition de matériel d’aspiration).
> L’utilisation de la canule est strictement contre-indiquée en
cas de trismus ou de traumatisme facial violent à l’origine d’une
limitation d’ouverture buccale, en raison du risque de refoulement accidentel de la langue vers l’arrière lors de sa mise en
place. La macroglossie représente également une contre-indication relative à l’usage de ce dispositif.
LES TRUCS DU MÉTIER
> L’absence de réflexe ciliaire (absence de clignement des paupières à la percussion de la racine du nez) correspond approximativement à un score de Glasgow inférieur ou égal à 8. La
recherche de ce signe négatif permet de
vérifier rapidement que la mise en place
d’une canule de Guedel est bien indiquée,
sans avoir à évaluer précisément le score
de Glasgow.
> La mise en place d’une canule de Guedel
convient particulièrement lorsqu’une
ventilation assistée au ballon autoremplisseur doit être réalisée.
> La canule de Guedel est par ailleurs très
souvent utilisée chez le patient intubé pour éviter la morsure de
la sonde d’intubation en cas de trismus ou de réveil inopiné [voir
photo ci-dessus].
1. La taille de la canule utilisée doit être identique
2. La canule doit être introduite « à l’envers »,
3. La canule est enfoncée jusqu’à ce que sa progression
4. La canule est alors retournée à 180 degrés,
5. L’introduction est poursuivie jusqu’à ce que
6. La canule est laissée dans cette position.
à la distance mesurée entre le lobe de l’oreille
et la commissure labiale du patient. Trop courte,
elle se révèle totalement inefficace ; trop longue,
elle risque d’être à l’origine de vomissements
ou d’un laryngospasme.
soit gênée par l’entrée en contact de son extrémité
proximale avec le voile du palais.
c’est-à-dire en orientant sa concavité en direction
de la lèvre supérieure du patient, pour ne pas
repousser la langue vers l’arrière ou vers le bas.
En l’absence de contre-indications (suspicion
de fracture du rachis), elle doit être mise en place
après une bascule prudente de la tête
en arrière destinée à libérer les voies aériennes.
de manière à mettre sa concavité en contact avec
la langue du patient. Ce mouvement de rotation
permet de poursuivre sans forcer son insertion.
Guedel et COPA :
quelles différences ?
La COPA (Cuffed Oro Pharyngeal Airway) est un dispositif
dont la forme rappelle celle
d’une canule de Guedel mais
dont l’extrémité est munie
d’un ballonnet « basse
pression » de grand volume
[photo] dont le gonflement
soulève l’épiglotte et repousse le mur postérieur du
pharynx, assurant ainsi la
libération des voies aériennes. C’est un procédé
alternatif à l’intubation qui
permet de mettre en route
une ventilation d’attente
grâce au raccord standard de
15 mm (identique à celui des
sondes d’intubation) dont
est pourvue son
extrémité distale.
Comme la canule
de Guedel, la
COPA n’assure aucune protection des voies
aériennes. Au contraire, son
ballonnet favorise l’inhalation du contenu gastrique en
cas de vomissement. Ce
dispositif n’est donc destiné
qu’à être utilisé sur des
patients dont l’estomac est
vide (anesthésie réglée). Son
utilisation en situation d’urgence extrahospitalière est
donc – contrairement à la
canule de Guedel – extrêmement limitée.
PHOTOS É. TORRES
a canule de Guedel (ou de Mayo) est un dispositif oropharyngé dont la forme arrondie est conçue pour soutenir
la base de la langue afin d’éviter que sa chute vers l’arrière
n’obstrue le pharynx.
L
la partie distale et renforcée de la canule passe
entre les arcades dentaires et que sa garde
(ou collerette terminale) vienne au contact
de la face externe des lèvres de la victime.
Elle doit s’y maintenir spontanément
sans qu’il soit nécessaire d’utiliser
un quelconque dispositif de fixation.
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