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ZOOM PEDAGOGIQUE N°1
DESIGNER LES JUIFS
Ces documents des Archives départementales de la Nièvre sont facilement utilisables en classe :
chaque professeur fera son propre questionnaire. Le thème en est l’exclusion des juifs en France entre
1940 et 1944.
Bibliographie :
Serge KLARSFELD, Le calendrier de la persécution des juifs en France, Paris, 1993.
Renée POZNANSKI, Etre juif en France pendant la Seconde guerre mondiale, Paris, 1994 (« La vie
quotidienne »).
Maurice VALTAT, Les Juifs de la Nièvre : une communauté dans la tourmente (1939-1945), Nevers, 2010.
Document N°1
8ème ordonnance allemande du 28 mai 1942 (999 W 840).
Voici la circulaire d’application de l’ordonnance allemande obligeant les juifs de plus de six ans à
porter l’étoile jaune dans la zone occupée. Les Allemands auraient préféré une loi mais l’Etat français s’y
refuse arguant du choc que cela provoquerait dans l’opinion publique, ce en quoi il n’avait pas tort.
Le 4 mars Eichmann a décidé lors d’une réunion à Berlin l’imposition de l’étoile jaune en France,
Pays Bas, et Belgique. Depuis 1940 la situation des juifs en zone Nord n’a cessé de s’aggraver mais cette
ordonnance marque un tournant avec l’application en France de la « solution finale » dont les modalités
ont été définies le 20 janvier 1942 à la conférence de Wannsee. Sont concernés par cette ordonnance les
juifs français, les apatrides et les juifs étrangers originaires de pays où une mesure analogue existe
(Allemagne depuis septembre 1941 puis Gouvernement général, les territoires de l’Est, la Slovaquie, la
Croatie, la Roumanie, la Yougoslavie puis en juillet les Hongrois et en septembre les Bulgares). En sont
donc exclus les juifs des pays neutres, ceux de nationalité anglaise et tous les juifs d’Amérique.
Les étoiles imprimées sur tissu jaune sont hâtivement préparées. L’échange se fait dans les
commissariats de police sur la base d’un point textile pour trois étoiles. Sur 100 455 juifs astreints au port
de l’étoile selon les prévisions de la préfecture de Paris, 92 600 viennent la retirer. Les internés doivent
aussi la porter.
Quels sont les buts de cette mesure ?
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C’est un préalable à l’application de la « Solution finale ». On impose aux juifs en France ce qui
se fait ailleurs dans les territoires soumis au Reich. Cette mesure s’inscrit dans un calendrier
général à l’ouest de l’Europe nazie.
Rendre les juifs visibles de tous pour les humilier et surtout encourager l’antisémitisme. Ne
jamais oublier le racisme fondamental du nazisme.
Faciliter les arrestations, la déportation. Permettre de les mettre en infraction (c’est très facile,
tout leur est interdit ou presque) et de les reconnaître. Arrestations individuelles puis collectives :
les grandes rafles (rafle du « vel d’hiv »,16-17 juillet.)
En attendant leur déportation programmée, leur rendre la vie quotidienne la plus difficile
possible sinon impossible en les confinant dans un « ghetto » quotidien.
L’objectif visé auprès des civils non juifs semble avoir échoué. Malgré le déchaînement de la
presse collaborationniste, la population semble plutôt choquée. Instruites par l’expérience des Pays Bas six
semaines auparavant, les autorités allemandes exercent envers ceux qu’ils appellent les « amis des juifs »
une répression très ferme.
L’étoile jaune a comme conséquence rapide pour la communauté juive une visibilité qui leur
interdit quantité de lieux (métro sauf un wagon en queue, parcs, musées, monuments, lieux de spectacle,
de course, de sport, cafés, piscines, cinémas, théâtres, bibliothèques, magasins – sauf de 15 à 16 heures,
jusqu’au PMU et aux cabines téléphoniques) l’essentiel des lieux publics, en fait.
Document N°2
Carte d’identité (999 W 4560)
Il ne reste aux Archives de la Nièvre qu’une carte marquée JUIF. C’est une carte d’identité
d’étranger, qui n’a pas été retirée par son propriétaire, un juif de nationalité « ex-autrichienne », bien avisé
en l’occurrence. La carte a été annulée le 15 octobre 1942 et conservée. C’est exceptionnel car les cartes
ont été échangées et la plupart détruites dès la fin de l’année 1944.
La carte d’identité unique et standardisée n’est instituée en France qu’en octobre 1940 par l’Etat
français.
Auparavant, il y avait eu des ébauches :
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en 1917 une carte obligatoire « d‘identité des étrangers »
en 1921 dans le département de la Seine la première « carte d’identité préfectorale ».
en 1935,la carte préfectorale est étendue à tout le territoire par le gouvernement de Pierre Laval
mais en 1939, une grande confusion règne.
En octobre 1940 , dans la zone Nord à laquelle appartient Nevers, les juifs sont recensés et le
signe JUIF apposé. A Paris le préfet de police est prié de « prendre toutes les mesures nécessaires pour
que les cartes d’identité soient reconnaissables par des signes particuliers. A cet effet , sur la face de la carte
d’identité, il faudra porter un cachet rouge, JUIF ou JUIVE, aux dimensions de 1,5 cm sur 3,5 cm ».
Instructions renouvelées le 15 avril 1942 : les Allemands exigent que tous les juifs renouvellent
leur carte d’identité marquée JUIF avant le 1er octobre 1942. Comment ne pas voir dans cette mesure une
mesure complémentaire de celle sur l’étoile jaune et la préparation de la solution finale en France ?
Document N°3
Décret de l’Etat français du 11 décembre 1942 relative à l’apposition de la
mention JUIF sur les titres d’identité délivrés aux israélites français et étrangers (115 W 83).
Comme on le voit , à la différence de l’étoile jaune et à la grande satisfaction des Allemands, l’Etat
français n’a aucune réticence à étendre cette mesure à toute la France, certes totalement occupée à
présent, par le décret du 11 décembre 1942 (pour les cartes d’identité et pour les cartes d’alimentation).
Cette mesure correspond tout à fait l’antisémitisme administratif de l’Etat français et à sa dérive avec
Pierre Laval. Elle facilite le travail des Allemands en 1943 et 1944, lors de la déportation de tous les juifs
sans distinction de nationalité.
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