La psychopathologie de l'enfant.
Définitions :
La névrose infantile fait partie du processus de développement psychique. Exemple : la névrose
phobique du Petit Hans (S. Freud). On garde le terme de névrose (issu de Freud), alors que ce n’est
pas forcément pathologique. Si un enfant a peur du noir à 6 ans, c’est normal. En revanche, si les
symptômes persistent à 11 ans, ça devient pathologique.
Par contre, la névrose de l'enfant est une pathologie, c’est-à-dire une perturbation du
développement.
La névrose est une organisation symptomatique plus ou moins rigide. Elle devient un problème
quand elle empêche l’enfant de vivre. C’est un modèle de développement les symptômes (signes)
sont intégrés dans la vie psychique de l’enfant. Tous les symptômes entre 2 et 7 ans peuvent être
considérés comme normaux et que l’environnement familial peut supporter. L’enfant possède une
certaine plasticité qui lui permet de s’adapter et les symptômes peuvent disparaître à l’âge adulte.
On diagnostique une névrose quand les symptômes sont accompagnés de régressions du
développement.
Les difficultés de gestion de l’angoisse sont une difficulté d’inscription de l’enfant dans l’Œdipe.
Œdipe : accepter qu’on ne soit pas le seul objet d’amour d’un de ses parents. L’autre parent est
également aimé. Il s’agit de l’accès à l’ambivalence : je peux aimer mon père, et accepter l’amour
de mon père pour ma mère. Il s’agit d’aller au-delà de la toute-puissance infantile (enfant roi). Il
s’agit de se rendre compte qu’on peut aimer quelqu’un mais pas de manière absolue (il a ses défauts,
il fait des erreurs, on ne l’aime pas tous le temps : on ne l’aime pas quand il me dispute par
exemple).
Œdipe : ensemble des investissements amoureux et hostiles que l’enfant fait sur ses parents lors de
la phase phallique. Procès qui doit conduire à la disparition de ses investissements et leur
remplacement par des identifications. Le garçon vers 2/3 ans quand il devient conscient de son
pénis de manière voluptueuse veut posséder sa mère (1ère personne qui prend soin de lui) et hait
son père, dont il veut prendre la place.
Cas du Petit Hans de S. Freud :
Hans est le pseudonyme d’un enfant à propos duquel Freud expose ses vues sur la sexualité infantile
et la place de celle-ci dans l’histoire individuelle. C’est dans un article de 1909 que Freud expose
ses conceptions. Le surgissement d’une phobie dans l’histoire de cet enfant permet à Freud de
mettre en évidence le rôle du complexe d’Œdipe et la fonction subjective de castration, et par delà,
le rôle de la fonction paternelle dans le désir inconscient.
Hans est la première description d’un cas d’enfant faîte par Freud (130 pages). Freud suit un patient,
qui raconte l’état de son fils. Freud ne rencontre pas le petit Hans directement. C’est la première
fois qu’on s’intéresse à la pathologie d’un enfant. En effet, la genèse des troubles des adules se font
souvent dans l’enfance.
Définitions :
Symptôme : signe lié à un état psychologique qui permet de déceler l’état psychique en question
(symptômes objectifs : vu par le praticien/ symptômes subjectifs : décrit par le patient).
Syndrome : regroupement de plusieurs symptômes qui constitue une entité clinique reconnaissable.
Sémiologie : étude des symptômes.
Nosologie : discipline qui étudie les maladies.
Nosographie : description et classification des maladies.
Étiologie : réflexion sur la cause des maladies.
Pathogénie : études des processus par lesquels la maladie va s’installer.
Épistémologie : ensemble de concepts qui forment une théorie.
Les concepts de base de Freud :
Appareil psychique : (on a un corps et un psychisme) : l’ensemble est ce qu’on est.
Théorie des pulsions : Les pulsions nécessitent 3 éléments : source, objet, satisfaction. La pulsion
fait évoluer le sujet. Une pulsion est un état d’excitation corporelle qui demande satisfaction. La
notion de plaisir est associée à la pulsion. Ex : On commence à avoir soif. La soif/pulsion grandit.
La pulsion est associée au plaisir. Puis, on revient à un état normal.
Fantasme : scénario conscient et imaginaire où le sujet est présent. Dans un fantasme, il y a
toujours l’accomplissement d’un désir. Le fantasme peut être diurne ou inconscient (nuit).
Il y a un conflit psychologique entre le ça (plaisir faire tout ce qu’on veut quand on veut) et le
surmoi (il faut que). L’équilibre est à trouver dans un compromis acceptable. Exemple : il faut
travailler pour vivre (il faut). Et faire un travail qui nous plaît est un compromis puisqu’on trouve
une satisfaction (plaisir) par rapport à une contrainte.
Castration : le sentiment qu’on ne peut pas faire ce que l’on veut. Un être humain grandit par
l’angoisse de la castration. La frustration est le sentiment, et la castration est la conséquence.
Phallus : ce qui vous distingue des autres. Ex : investissement phallique de nos vêtements : aucun
ne porte les mêmes
Le continuum entre le normal et le pathologique.
Le normal n’existe pas de manière absolue. Il n’existe que par rapport à une norme sociale à un
moment donné.
Le pathologique existe. Le sujet n’arrive plus à vivre normalement sa vie. C’est un grossissement
du normal avec une souffrance adjacente.
Continuum normal/pathologique :
Il y a un continuum entre le normal et la pathologique, il n'y a pas une différence de nature. Quand
un enfant présente un problème, il faut toujours se demander si c'est normal ou pathologique.
L'enfant est un être en développement : du point de vue de son développement psychique, il y a des
différences selon l'âge de l'enfant. A chacun des âges de l'enfant, il y a des symptômes qui sont
normaux et pas pathologiques. Exemple : un enfant de 2 ans, frustré, se roule par terre, c'est normal.
A 10 ans, on peut se demander si c'est pathologique.
Pour être un bon psychologue, on doit connaître le développement normal de l'enfant puisqu'il y a
des symptômes normaux. L'absence total de symptômes peut être dû à une pathologie. Exemple :
l'enfant a des angoisses tellement importantes qu'il n'ose pas en parler, les met sous couvercle.
Souvent, cela explose à l'adolescence.
Toutes les consultations d'enfants sont avec un adulte et il peut arriver que l'adulte délègue à l'enfant
un problème qui lui est propre. Exemple : un enfant de 3 ans et ces 2 parents arrivent et disent que
jamais, depuis sa naissance, l'enfant ne dort. En discutant, les parents disent qu'ils ont déjà eu un
autre enfant, décédé de la mort subite du nourrisson, alors que la mère dormait dans la même
chambre que lui. Leur autre enfant a alors ressenti son angoisse et s'est protégé contre cette menace.
L'enfant est parfois porteur d'un symptôme appartenant aux parents.
Il est parfois difficile de savoir si c'est les parents ou l'enfant qui ne va pas bien.
Des fois, c'est la rencontre entre les deux.
C'est impossible de faire un diagnostic sans prendre en compte ce lien. Il faut toujours faire une
approche systémique.
Comment, chez l'enfant, s'exprime la souffrance psychique ?
Cela va être une expression par son corps, outil d'expression du psyché. Pour autant, le corps peut
souffrir lui aussi. Exemple : un garçon de 4 ans a tous les signes du trouble envahissant du
développement, seulement, 6 mois plus tard, il se fait hospitaliser pour une déshydratation et passe
un EEG. On s'aperçoit qu'il est épileptique asymptomatique (= sans que cela ne se voie). On lui
administre alors un traitement épileptique et il n'a plus aucune signe du trouble envahissant du
développement.
Face à un symptôme, le psychologue doit pouvoir se demander si ce symptôme n'est pas le signe
d'une maladie somatique. Le psychologie doit avoir dans l'idée que certains signes de souffrance
psychique sont des signes de souffrance physique.
70% des consultations chez l'enfant sont demandées pour des garçons.
70% des consultations chez l'adulte sont demandées pour des femmes.
Pourquoi ?
La souffrance psychique se manifeste de façon plus problématique sur le plan social que
chez les filles (coup de poing vs larmes).
L'expression de la souffrance psychique est culturellement et familièrement construite. Les codes de
l'expression de la souffrance sont très sexués.
(hypothèse) On fait plus attention aux garçons qu'aux filles.
(hypothèse) Le rapport mère-fils fragilise plus que celui mère-fille car il est confronté dès sa
naissance à la différence des sexes.
Pourquoi on consulte plus pour l'aîné ?
(hypothèse) La famille a moins d'expérience.
(hypothèse) Il a tout le poids de l'adulte sur le dos. La fratrie permet à l'enfant de pouvoir
exprimer leur agressivité.
(hypothèse) Il passe de toute l'attention parentale à une attention partagée, ce qui peut le
fragiliser.
Quelle est la définition de la norme qui permet aux adultes de dire ça c'est normal, ça non ; il faut
consulter ou non ?
La norme sociale : s'adapter à l'environnement.
La majorité des enfants font comme ça.
Des médicaments créent des pathologies (cf la ritaline).
Le symptôme peut avoir 3 significations :
Être parfaitement normalement.
Être le signe d'une pathologie.
Être le signe d'une réorganisation. Exemple : un enfant propre qui, une fois à l'école, n'est
plus propre → il régresse pour consolider les bases.
Quand on reçoit un enfant, on doit se poser la question : quels symptômes pour quelles raisons ?
Attention, il ne faut pas normaliser systématiquement. Voir les familles maliennes qui ont des
traditions et des coutumes différentes des nôtres et qui n'entraînent pas systématiquement des
pathologies.
Le diagnostic oriente le pronostic :
Le diagnostic permet d'avancer dans la conception de l'aide apportée à l'enfant.
La clinique du symptôme, c'est écouter ce que l'enfant et les parents disent du symptôme/
Parler à l'enfant est très important car :
On ne peut pas soigner l'enfant sans lui.
Les parents ne sont pas les seuls responsables.
1) On fait l'histoire du symptôme : depuis quand ? (naissance ou moment précis) et comment ?
(évolution ou non). Connaître l'évolution est très importante car quand il y a augmentation du
symptôme cela veut peut être dire que :
- L'enfant va plus mal.
- L'enfant essaie de dire quelque chose, on ne l'entend pas, donc il en
rajoute.
2) On met toujours le symptôme en relation avec l'âge de l'enfant.
3) On essaie de voir comment le symptôme est perçu dans la famille ; comment il résonne.
4) En général, il y a plusieurs signes en même temps. On les rassemble et on voit si cela ne
rentre pas dans un syndrome.
5) On fait ensuite une hypothèse diagnostique.
Différents modèles de l'émergence de la pathologie : (aucun modèle ne permet d'expliquer toute la
pathologie) SCHEMA
1er modèle : le modèle environnemental.
Il veut que la psychopathologie soit dû à une défaillance de l'environnement de l'enfant. Celui-ci est
victime d'un environnement pathogène.
2ème modèle : le modèle développemental.
La psychopathologie témoigne soit d'un ralentissement du développement de l'enfant, soit d'un
développement hétérogène. Il y a asynchronie des lignes de développement. C'est une anomalie
dans le développement linéaire de l'enfant.
3ème modèle : le modèle lésionnel.
On part de l'idée qu'il est possible que toute difficulté psychique ait un substrat somatique. (cf la
théorie des humeurs.). Aujourd'hui, on est dans une situation où revient l'idée qu'une grande partie
des pathologies psychiques ont un substrat quelconque (génétique, somatique...). Pour autant, on se
dit que cette pathologie a une conséquences psychique et qu'on peut donc la traiter.
4ème modèle : Le regroupement syndromique (DSM-IV).
Il vise uniquement et seulement à décrire les pathologies via ce qu'en est observable. On ne se
soucie pas du tout de la clinique du symptôme.
Intérêt → Communication améliorée entre les chercheurs, avec des noms universels.
Faiblesse → Ne prend pas en compte l'âge, l'environnement.
5ème modèle : L'approche structurale.
L'idée que l'enfant, quand il grandit, ne fait pas que se développer sur une ligne fixe, mais que son
appareil psychique se structure : plus ça va, plus il acquière des éléments pour mettre en lien des
événements qu'il ne pouvait pas relier avant. Exemple : à 1 mois, le bébé a faim donc il hurle. A 6
mois, le bébé se calme quand il voit le biberon. Plus l'enfant grandit, plus la structure psychique
devient complexe. La pathologie va venir d'une faille dans la structuration.
Un enfant prématuré est plus à risque si sa mère est SDF que professeur.
Le milieu socioculturel est un facteur de vulnérabilité, de risques. Toutefois, un facteur de risque
permet parfois de mieux s'en sortir que d'autres qui ne sont pas soumis à ce facteur. Exemple : un
enfant est atteint de cécité total et s'en est mieux sorti que ces 5 frères car il avait des aides, une
scolarité spécialisée et un statut particulier.
Les facteurs de risque, c'est ce qui va mettre en difficulté ce qui, sans lui, ne l'est pas.
SCHEMA (p2, fig 5)
La pathologie a un lien avec la vulnérabilité, les facteurs de risque.
L'expression des troubles et la conséquence de plusieurs facteurs.
En 2013, il y a une pression énorme sur la responsabilité des parents sur le psychisme de l'enfant.
Seulement, c'est dû à une multitude de facteurs et faire culpabiliser les parents, c'est contre-
productif.
Aucun soin à l'enfant ne peut se dispenser sans une alliance thérapeutique avec l'enfant et la famille.
Alliance thérapeutique :
1) les parents doivent avoir la certitude qu'on ne les blesse pas plus qu'il ne le sont déjà => la
bienveillance.
2) le psychologue saura s'adapter et accompagner les parents lors des changements qu'ils
demandent => respect absolu de là où ils sont avec les enfants
3) il faut assurer les parents que l'on ne sera pas un traqueur de leurs défauts car ils arrivent
souvent en consultation avec un listing de leurs défauts. Il faut plutôt lister leurs compétences car un
parent dénigré voit ses compétences diminuer.
4) le psychologue ne doit pas prendre la place des parents
5) il faut assurer qu'on a les compétences pour aider l'enfant
Alliance thérapeutique avec l'enfant :
1) je ne vais pas prendre le place de tes parents et prouver que tes parents sont des mauvais
parents (pour ne pas qu'il culpabilise)
2) le contrat de confidentialité de tout ce qui est dit mais aussi dire ce qui se passe, c'est-à-dire
lui dire clairement que le test passé par exemple, est un test de Q.I. Il faut le dire clairement et aussi
dire que si c'est très important, on va pouvoir répéter ce qu'il a dit à ses parents ou à son supérieur...
Il ne faut surtout pas faire quelque chose avec ce qu'a dit l'enfant sans l'avoir averti au préalable.
(Ce cours est sous le signe du modèle choisi par la professeur.).
Chaque étape de la vie de l'enfant va se caractériser par 3 éléments essentiels qui vont être différents
à chacun des stades de développement :
1er élément : quelle est la zone du corps investi de façon privilégié ?
2ème élément : quel type de défense sont les plus actives à ce moment là ?
3ème élément : le type d'angoisse.
A chaque étape du développement de l'enfant, ces éléments vont différer.
Le développement de l'enfant est un continuum, ce n'est pas du tout linéaire. Chaque étape est une
évolution plus ou moins réussie avec des retours en arrière lors de traumatisme. Dans cette
évolution, il y a des points de fixation. Par exemple, si l'enfant traverse le stade oral avec un
problème et qu'une fois à un autre stade, il y a un traumatisme, l'enfant régresse et revient à ce
problème. Seulement, ce n'est pas forcément pathologique : exemple, quand l'adolescent est
angoissé, il peut revenir au stade oral et manger, ou avoir envie de vomir...
Dans le développement, on passe du temps T (il n'y a pas d'autres, que le nous), puis il y a
l'émergence du non-moi, puis une différenciation des sexes...
(cf poly) :
0-3 mois : 2 zones sont privilégiées, la bouche avec l'ensemble du système digestif et toute la peau.
L'enfant va érotiser tout ce qui passe par le souffle, en plus de la bouche. Cette zone privilégiée
donne le type de pathologie qu'on a rencontrer (anorexie du nourrisson, eczema, pelades, problèmes
liés au souffle, à l'endormissement, au cri...). Il n'y a pas de différence soi/autre. Le bébé, pour
exister, a un besoin ontologique à la source de l'autre, sinon il meure. Pourquoi ? Car quand il naît,
il est dans une dépendance absolue à l'autre.
« Un bébé ça n'existe pas à moins qu'on y rajoute sa mère » Winnicott
Le bébé va prendre progressivement conscience qu'il n'y a pas un nous, mais un je/tu.
« L'objet naît dans la haine » Freud, c'est-à-dire que l'enfant prend conscience de l'autre dans la
haine. C'est parce que l'objet frustre l'enfant qu'il doit prendre conscience de l'autre.
« La mère doit être juste suffisamment bonne » Winnicott
La mère ne doit pas apporter trop ou pas assez d'attention. L'enfant va supporter la frustration de
mieux en mieux au fur et à mesure des expériences et qu'il se représente la satisfaction.
Conditions pour amener l'autre :
quelqu'un qui le comprenne suffisamment pour qu'il sache s'il a faim/chaud/sommeil... sans
qu'on le lui dise
la représentation de la satisfaction
Cette bonne entente adulte/bébé tient des deux parties et pas d'un seul. Un même bébé peut être
penser braillard chez une famille et tonique chez une autre. C'est souvent la rencontre des deux qui
est difficile.
Il y a des bébés très faciles à comprendre et d'autres moins communicatifs. C'est toujours une dyade
ou une tryade singulière.L'angoisse ultime est celle de la peur de l'abandon.
3-6 mois : le « sourire-réponse » naît dans cette phase. Ce n'est plus un sourire aux anges.C'est le
premier signe que l'enfant arrive à reconnaître l'autre, mais comme objet partiel et non pas comme
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