Retentissement psychique de la maladie grave Dr Vianney Mourman EMSP GH Lariboisière Fernand Widal Définition de la souffrance psychique : se sentir mal… Sentiment pénible, désagréable de la pensée Expression d’un trop, d’un insoutenable de la pensée Sentiment en rapport avec la difficulté à renoncer Une des composantes de la souffrance, qui est : Médicale Psychologique Sociale Spirituelle Attention à ne pas projeter nos propres valeurs sur les souffrances du patient Le Normal / Le Pathologique Le normal est ce qui est adapté à la situation Justifie un accompagnement Le pathologique est inadapté Justifie d’un traitement Être confronté à la maladie grave, c’est … Être confronté à la PEUR De souffrir De perdre De mourir Être confronté à la TRISTESSE (la perte) Perte de temps Perte de ses capacités Perte de son intégrité Perte des liens Perte de la vie … Peur – Anxiété - Angoisse Peur : l’objet est présent Ex : j’ai peur du serpent qui est face à moi Anxiété : l’objet est représenté Ex : j’ai peur d’aller dans le bois car il y a des serpents dedans Angoisse : pas d’objet représenté mais une représentation inconsciente, attente d’un trauma qui ne serait que la répétition d’un autre trauma antérieur Ex: j'éprouve une panique à aller dans le bois, je ne sais pas pourquoi. Sans m’en souvenir on m’a raconté que mon grand père a été mordu par un serpent dans un bois Tristesse - Dépression Tristesse : Sentiment associé à la perte La personne s’habitue à cette perte Dépression : sentiment associé à la perte sans capacité pour l’individu à l’intégrer, à l’élaborer psychiquement Accompagné d’un sentiment de dévalorisation de soi Accompagné d’autres symptômes : Perte de l’élan vital Perte de l’appétit Perte du sommeil Envie de mort Asthénie … Voire au maximum la mélancolie Les mécanismes de défense Lorsqu’il y a trop d’angoisse, notre psychisme détourne la pensée de l’événement angoissant Tout le monde a des mécanismes de défense : Le patient L’entourage Les soignants Intérêt de sa reconnaissance : Mieux repérer l’angoisse Mieux comprendre la réaction de chacun Ce n’est pas pour mettre la personne dans une « case » Que faire des mécanismes de défense ? S’ils sont protecteurs : les respecter Attention casser un mécanisme de défense met le patient face à ce qu’il cherche à éviter… risque de crise de panique, de confusion… S’ils mettent le patient en danger : y travailler… Pour les soignants : les travailler Réactions psychiques à la maladie grave Face à la maladie grave, il est normal d’être triste et inquiet Cela permet d’intégrer les modifications liées à la maladie Cela permet au patient de s’adapter à sa situation Rappel : la souffrance psychique : difficulté à renoncer… Comment les diagnostiquer? L’installation Le comment être L’empathie L’écoute La reformulation … Que faire de cette souffrance psychique ? L’entendre et l’accompagner si elle est adaptée Elle n’est pas une maladie La traiter si elle est pathologique Et provoque un arrêt de la vie psychique Elle est une maladie Attention aux pièges… Des symptômes physiques peuvent faire évoquer des symptômes psychiques … Alors qu’ils sont directement en lien avec la maladie somatique Ex : perte de poids, asthénie, agitation,… Des symptômes psychiques peuvent être masqués par les symptômes physiques… L’absence d’affect est inquiétant… Peut être en lien avec un mécanisme de défense? Risque de décompensation : panique, mélancolie, confusion,… Le moment de la mort : Un moment d’une grande intensité ! On ne sait qu’une chose, c’est qu’on ne sait pas ce qui arrive Les croyances aident éventuellement à s’en protéger Le moment de l’exacerbation de toutes les ambivalences de la vie et de la relation Le temps du mourir Pour le patient La perte de ce qu’il a construit, de la vie, des siens, … Réaction de colère, de tristesse, de peur, de replis, … Désinvestissement progressif de la sa vie et de la relation Amadou Hampaté Bä : « en Afrique, un vieux qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » Pour la famille Ambivalence : celui qu’on aime, celui qu’on déteste, celui qui souffre, … Conflit interne entre l’amour, le désir de mort, le désir de soulagement, … De ce fait la famille peut être aux extrêmes très demandeuse ou très absente Attention à ne pas juger mais à accompagner … Pour les soignants Confrontation à notre mort, à celle de nos proches, à celle de nos patients, … Le Deuil Intégrer la perte … Investir de nouveaux objets … Pour continuer à vivre… Modification du rapport de soi aux autres Le deuil se vit dans sa tête, dans son corps, dans ses liens Un deuil réveille les deuils précédents Ce que l’on a ressenti à l’époque vient s’ajouter à ce que l’on ressent maintenant Le deuil « normal » Différentes étapes : Sidération Recherche de l’objet perdu restructuration Le temps du deuil Importance des rites Exemples de deuils pathologiques Le deuil anticipé Vivre prématurément la perte Il devient difficile d’investir ce qui reste à vivre Ex : famille parlant au passé d’u patient qui est dans la chambre à côté Le deuil pathologique Réaction inadaptée à la perte Personne délirante, confuse, mélancolique, reconstruisant les événements,… Augmenté par la brutalité du décès, la proximité avec le défunt et les deuils précédents non résolus Deuil des soignants Attention à la récurrence Risques Blindage, amenant à des soins inhumains Burn out (épuisement professionnel) atteinte de la vie psychique du soignant avec répercutions somatique, sur la vie privée, sur l’humeur, …