Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives.rfg.revuesonline.com NOTE DE LECTURE Management international Des pratiques en mutation Ulrike Mayrhofer et Sabine Urban Pearson Education France, 290 p., 32 € À l’heure où les organisations sont confrontées, dans un contexte instable de décloisonnement des espaces économiques, à une ouverture internationale dont les opportunités comme les menaces évoluent sans cesse, Ulrike Mayrhofer et Sabine Urban, s’attachent à une nécessaire délimitation et à une analyse approfondie du champ du management international. Ce champ spécifique de l’enseignement et de la recherche en gestion, intéresse, en effet, l’ensemble des disciplines qui s’y rattachent ; lesquelles comportent, chacune, une composante internationale, qu’il convient de relier à celle des autres, tout en dégageant ce qu’il y a de propre à cette dimension, désormais essentielle et, de plus en plus, motrice, du développement des organisations. Leur ouvrage contribue, à ce titre, à en conforter la légitimité, à l’image de celle qui lui est reconnue de longue date, notamment dans les pays anglo-saxons et dans l’Europe du Nord. L’approche multidisciplinaire et transversale qu’elles retiennent intéresse non seulement la gestion, mais invoque, également, les différentes sciences humaines et juridiques susceptibles de procurer des clés de lecture permettant une meilleure compréhension de l’évolution d’un environnement international en constante mutation et à éclairer les prises de décisions des acteurs qui y opèrent. Elles sont ainsi soucieuses d’associer à des réflexions de fond sur cette évolution les références théoriques fondatrices du domaine, comme les contributions les plus récentes, n’en négligeant pas, pour autant, la réalité des opérations internationales, telles que les pratiquent les organisations engagées hors frontières, en se réfé- Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives.rfg.revuesonline.com 166 Revue française de gestion – N° 220/2012 rant, notamment, aux procédures et aux outils qui leurs sont spécifiques. Les étudiants, tout comme les praticiens, y trouveront donc leur compte. D’emblée est introduite dans l’analyse une dimension humaniste, avec le souci très marqué de faire prendre en compte les valeurs, l’éthique, la morale, l’importance de l’histoire, tout autant que les évolutions politiques et réglementaires, économiques et sociales, comme technologiques, en les reliant aux racines de l’ouverture internationale, comme en les resituant dans le cadre des situations les plus actuelles dans lesquelles s’impliquent les acteurs de toute nature – entreprises, ONG, autorités et institutions régionales, nationales, internationales. – qui y sont associés. Cette volonté d’intégration s’affirme tout au long des dix chapitres de l’ouvrage, audelà de l’introduction générale qui vise, à partir d’une définition sémantique du champ, à identifier les problématiques d’internationalisation auxquelles il conviendrait d’apporter des réponses, en mettant en évidence, à travers les objectifs de chacun d’entre eux, les différentes dimensions du management international. Les développements s’organisent alors en trois groupes de chapitres qui structurent la démarche retenue : – le premier groupe – correspondant aux quatre premiers chapitres –, axé sur l’environnement et les aspects contextuels de l’ouverture internationale, fournit les éléments nécessaires à la compréhension des mutations du cadre dans lequel se déploie l’activité internationale des acteurs, et, en particulier, des « ruptures » qui le caractérisent depuis plus de vingt-cinq ans : celles qui procèdent des processus de globalisation comme de l’instabilité accrue – le « tourbillon international » –, génératrices de changements de repères pour les acteurs, tout comme celles que suscitent l’innovation, mais, aussi, la recherche de nouvelles règles de comportement qui devraient progressivement modeler les relations d’affaires dans l’ensemble économique et géographique de plus en plus large, où, désormais, s’effectuent les transactions et où se développent les flux d’échanges et d’investissements ; – le second groupe, auquel se rattachent les quatre chapitres suivants, se concentre sur les modalités de développement international des organisations ; soit, tout d’abord, la définition des stratégies d’internationalisation, puis leur mise en œuvre – à travers le choix des modes d’entrée –, avec, ensuite, du point de vue, en particulier, des firmes multinationales –, la détermination des structures susceptibles de les soutenir et, enfin, le déploiement géographique des activités et la manière dont les différentes politiques fonctionnelles de l’entreprise – R&D, achats, production, marketing, finance – peuvent se décliner ; – le troisième groupe, constitué par les deux derniers chapitres, est consacré à deux aspects clés, déterminants pour assurer la cohésion et la cohérence des organisations engagées dans le processus d’internationalisation : en premier lieu, le management de la diversité culturelle, se référant aux principales grilles de lecture proposées par la littérature, pour lequel sont mis en évidence les domaines opérationnels dans lesquels il doit être maîtrisé ; en second lieu, les modalités du contrôle de gestion international, prenant en compte les contraintes nouvelles dégagées dans les chapitres précédents, qui doivent combiner, au sein de structures étendues et, souvent, hétérogènes, dans des Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives.rfg.revuesonline.com Note de lecture contextes et des situations de plus en plus complexes, des outils et des méthodes appropriées, sans perdre de vue la qualité et l’efficacité dont elles sont les garantes. Couvrant donc de manière large et exhaustive, à la fois conceptuelle et opérationnelle, tour à tour holiste et focalisée, ce champ du management international, cet ouvrage parvient à mettre en évidence les paradoxes et, parfois, les dilemmes, auxquels se trouvent confrontées les organisations dans le cadre d’une ouverture, tout à la fois exploitée et subie, sans jamais perdre le contact avec la réalité : de nombreux cas, mini-cas et exemples viennent illustrer les développements et conduire le lecteur à se poser les bonnes questions. Ils concernent une gamme très large d’organisations, relevant d’une grande variété de secteurs, à différents stades de leur développement international et suivant des cheminements très divers, allant de l’internationalisation progressive 167 de proximité – géographique ou culturelle, comportant une faible « distance psychique » –, telle qu’analysée par les pionniers du champ, à une époque caractérisée par des évolutions plus lentes dans un cadre plus cloisonné, aux processus d’internationalisation accélérés des « born global » actuelles et des multinationales adaptant constamment leur déploiement géographique et leur portefeuille d’activités. Ce sont donc bien les « pratiques », confrontées aux « mutations », qui sont au cœur de cet ouvrage qui donne au Management International, à ceux qui l’étudient, comme à ceux qui le pratiquent, les repères aujourd’hui nécessaires pour mieux en appréhender la dynamique et en maîtriser les défis. Jean Paul LEMAIRE ESCP Europe, Atlas, Association francophone de management international Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives.rfg.revuesonline.com