La France et le monde 1918 1932 : les désillusions de la paix

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La France et le monde 1918 1932 : les désillusions de la
paix.
1) Le lourd bilan d’une victoire française.
1 300 000 morts français, soit 10% de la population active, et presque autant d’invalides.
A ceci s’ajoute 100 000 morts de la grippe espagnole en 1918.
L’effet se sent à long terme.
Matériellement, le potentiel de production est détruit (baisse de 35% de la production
industrielle), même soi le bassin parisien s’est développé et que le retour de l’Alsace Moselle
est profitable.
Financièrement, la dette financière extérieure française a explosé : elle est passé de 33
milliards de francs or en 1914 à 219 en 1919, principalement à l’égard des USA.
L’inflation est de l’ordre de 400% par an.
2) Le traité de Versailles.
Objectif de Clemenceau et de la France : assurer la sécurité de la France contre toute menace
future engendrée par le militarisme allemand.
Il s’heurte au UK, qui souhaite éviter l’hégémonie française et aux USA (14 points de Wilson
dès janvier 1918)
Les Français obtiennent l’occupation temporaire de la Rhénanie et sa démilitarisation, mais
pas la dislocation du Reich.
Les Français obtiennent que la Sarre passe sous le contrôle de la SDN jusqu’à un référendum
en 1935
L’Allemagne, amputée du 7ème de son territoire et du 10ème de sa population, perd ses droits,
créances et privilèges acquis. Responsable de la guerre (art 231 du traité), elle doit verser 132
milliards de marks or aux alliés, dont la moitié à la France.
En conclusion, la France, pratiquant l’ « impérialisme du pauvre », a réussi à étouffer
l’Allemagne économiquement. Il s’agit d’un véritable diktat, qui a fait dire à Von Bülow :
« Jamais n’a été infligée à un peuple, avec plus de brutalité, une paix aussi accablante ».
3) La France isolée dans l’ « illusion de la puissance ».
En Europe, la France apparaît comme la principale puissance. Elle a la première armée du
monde et une cohérence morale renforcée.
Cependant, les alliés sont déjà divisés, et l’alliance prend fin après l’échec de l’intervention en
Russie fin 1918.
Significatif est le refus du Sénat de signer le traité de Versailles et d’intégrer la SDN. Les
USA se désengagent de l’Europe et signent un traité séparé avec l’Allemagne.
En fait, l’Allemagne reste supérieure à la France. Elle compte 60 millions d’habitants contre
40 millions de Français et son économie est moins détruite et plus efficace. Le signe de la
puissance allemande se voit d’ailleurs dans l’empressement français à signer des traités
d’alliance de revers avec la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie pour
essayer de garantir les nouvelles frontières.
4) 1919 1924 : La France s’enferme dans une politique d’exécution du traité.
La France, n’ayant pu obtenir de « frontière stratégique » sur le Rhin, ni de garantie de son
territoire par les USA, elle s’accroche à l’exécution du traité.
C’est un échec.
1920 : l’Allemagne obtient une réduction des ponctions.
Dès 1924, elle a retrouvé son potentiel sidérurgique, et c’est la France qui est dépendante de
ses livraisons (les réparations font partie intégrante du budget de l’Etat).
1923 : Occupation de la Ruhr par Poincaré, qui choisit l’épreuve de force afin d’obtenir le
remboursement de la dette allemande, dont il lie le sort au remboursement de la dette
française à ses alliés.
L’Allemagne, après une période de « résistance passive », cède.
Mais la France ne triomphe pas. Elle a montré son intransigeance et doit de toutes façons
demander un prêt aux Américains dès 1924, qui exigent et obtiennent l’évacuation de la Ruhr.
5) 1924 1929 : le choix de la sécurité collective
Suite à l’échec de sa politique d’exécution des traités, la France se lance dans une politique de
sécurité collective.
1924 : reconnaissance de l’URSS
Evacuation de la Ruhr, suite aux pressions américaines, sans contrepartie.
Dès cette année, Herriot propose un protocole pour le règlement pacifique des conflits, rejeté
par l’UK, qui refuse de mettre en œuvre des sanctions économiques et militaires.
Herriot estime que l’abandon de la politique d’exécution constitue le prix à payer pour que la
France puisse reprendre l’initiative internationale
« Couple » Stresemann Briand
Briand a compris qu’il doit adapter la politique française à ses moyens, faire la « politique de
sa natalité et de ses moyens financiers »
1925 : Pacte de Locarno :
Future entrée de l’Allemagne à la SDN (aussi un moyen de sécuriser les frontières orientales
de l’Allemagne)
Idée de l’évacuation future de la Rhénanie, mais démilitarisée
Reconnaissance des frontières orientales allemandes
1926 : entrée officielle de l’Allemagne à la SDN
Multiplications des collaborations franco allemandes : entente sur l’acier, traité de commerce
1926 : pacte Briand Kellogg, apogée de la sécurité collective. Les 15 puissances signataires
(dont USA, ALL et FRA) condamnent le recours à la guerre et s’engagent à rechercher des
solutions pacifiques.
1926 : accord verbal franco allemand de Thoiry ayant pour objectif le règlement immédiat des
réparations, en échange de l’évacuation de la rive gauche du Rhin, la fin du contrôle interallié
et la restitution immédiate de la Sarre. Pas de suite à cet accord verbal.
L’ « entente » franco allemande n’est cependant que de façade : les buts divergent totalement
et Stresemann fait tout en sous main pour déstabiliser Poincaré.
1930 : évacuation effective de la Rhénanie
6) Les limites de la détente.
- troubles dans les colonies : 1924 Guerre du Rif, 1925 révoltes au Liban et en Syrie, 1930
création du PC vietnamien
- détérioration des relations avec l’Italie après 1926 (question tunisienne notamment).
7) 1929 1930 : La fin de la sécurité collective.
1929 1930 : échec du projet d’union européenne
1929 : mort de Stresemann
1932 : Mort de Briand
1931 : première tentative d’Anschluss économique
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