Anticoagulants oraux et interactions alimentaires IL n'existe pas d'interdit alimentaire particulier pour les patients sous antivitamines K. Ils doivent cependant veiller à diversifier leur alimentation. CONSEILS AUX PATIENTS SOUS AVK • avoir une alimentation diversifiée, • connaître les principaux aliments riches en vitamine K, • ne consommer qu'une portion par jour d'aliments riches en vitamine K, sachant que des apports de l'ordre de 500 µg/j modifient peu l'activité des AVK. ∎ Les anticoagulants ont pour bût de diminuer la coagulabilité sanguine dans des circonstances très précises, avec des objectifs précis d'INR (index normalisé = TP dû patient/TP témoin). Lors d'un traitement par antivitamines K (AVK), il est hautement souhaitable que l'INR soit stable pour une dose donnée. Ces AVK sont donc administrées de façon dose dépendante en vue d'inhiber la synthèse de prothrombine dans la fourchette fixée par les objectifs à atteindre. Or le taux de prothrombine est un paramètre qui peut varier de façon importante chez un même patient en fonction du temps et, plus encore, l'action des AVK peut être considérablement modifiée par certains médicaments ou par certains aliments. Ainsi, un apport important exogène de vitamines K par l'alimentation va réduire l'efficience des AVK et entraîner une augmentation du taux de prothrombine qui compromet l'équilibre de la coagulation. ALIMENTS RICHES EN VITAMINES K Choucroute égouttée = 1500-3000 µg/100 g Persil thé vert = 600,900 µg/100 g Chou rouge, chou frisé choux de Bruxelles 700 µg/100 g Foie (volaille ou porc) 400-800 µg/100 g Volailles (poulet, canard, dinde) = 30¬400 µg/100 g Épinards, choux-fleurs, brocolis, avocats = 200-400 µg/100 g Graines de soja = 200 µg/100 g Pas plus d'une portion par jour d'aliments riches en vitamines K En pratique, on estime actuellement qu'une alimentation standard n'entraîne pas de variation de l'action des AVK à condition que cette alimentation soit diversifiée et non répétitive. A titre d'exemple, la consommation durant trois jours d'une grande quantité de végétaux comme la choucroute très riche en vitamine K, suivie de l'arrêt de cette consommation, peut entraîner des variations de l’action des AVK. En revanche, l’effet d’une consommation modérée et occasionnelle de choucroûte s’avère négligeable. C’est pourquoi on recommande actuellement aux patients sous antivitamines K de ne pas consommer plus d’une portion par jour d’aliment riches en vitamines K (en particulier les végétaux tels que la choucroute, les choux, les épinards, les brocolis, les avocats) et de varier la nature des aliments d’une journée à l’autre. Selon la littérature, des apports en vitamines K de l’ordre de 500 µg/j ne semblent guère modifier l’activité des AVK. De même, le thé vert, qui est également riche en vitamine K, doit être consommé régulièrement mais modérément plutôt qu’occasionnellement en quantité importante. La consommation importante de boissons alcoolisées susceptibles d’entraîner des affections hépatiques avec perturbation de la synthèse de prothrombine peut aussi moduler l'action des AVK. Un apport important de graisses peut augmenter l'absorption de la vitamine K qui est liposoluble. Les acides gras en oméga 3 contribuent, de façon additive, non pas à anti coaguler mais à fluidifier le sang. Dans ce sens, ils peuvent éventuellement favoriser un risque hémorragique plus important. Dr Martine André . sources : D'après un entretien avec le Pr Jean-Louis Schlienger, chef du service de médecine interne et de nutrition, CHRU de Hautepierre, Strasbourg.